A Paris on est toujours pressé alors, si l'on veut faire des découvertes, il faut savoir lever le nez. Que de fois en allant au ciné suis-je passé rue Delambre, devant cette vitrine de caviste, sans m'arrêter pour lever le nez. Je ne sais ! Samedi dernier, j'étais pourtant pressé, j'allais au ciné, je l'ai fait et, surprise, l'enseigne annonçait : mi-fugue mi-raisin. Alléché, j'ai pris le temps de jeter un coup d'oeil circulaire sur la vitrine : effectivement entre nos dives bouteilles on présentait des CD de musique dite classique. En coup de vent je suis entré. Accueilli par la musique, et une jeune homme charmant, ça m'a donné envie d'y revenir. C'est ce que j'ai fait hier après-midi avec la ferme intention d'acheter le CD qui m'accueillerait et, bien sûr, quelques flacons de pur jus. La boutique se situe à l'angle d'Edgar Quinet, une petite enclave pleine de vie, de cafés, de commerces, pas tout à fait un village mais encore un quartier tout proche du Montparnasse défiguré.
Mi-fugue mi-raisin existe depuis décembre 2006, fondé par deux amis : Serge et Pierre, le premier vient de l'industrie du disque, l'autre est un homme du vin, les deux des passionnés. Plus que le mariage de la musique et de notre divin nectar, toujours possible bien sûr, ce qui fonde la démarche des deux compères c'est le concept de label indépendant. Je le trouve pertinent aussi bien pour le vin que pour la musique : on soutient, on promeut, ceux qu'on aime, les coups de coeur, ceux qui ont une âme, loin des grosses machines à vendre. La proximité, le commerce de quartier y retrouve sa raison d'être car, chez mi-fugue mi-raisin, musique aidant, on a envie de prendre son temps pour découvrir, d'abord les vins bien sûr, à des prix abordables et, pourquoi pas, parmi les 500 références, le coup de coeur musical. Et puis, arriver chez des amis, ou chez sa petite amie, ou chez soi avec, comme je l'ai fait, sous le bras, une jolie boutanche Les Copines Aussi * et La Senna Festeggiante de Vivaldi *, vous me le concéderez, c'est un bon plan. Comme le vin et la musique adoucissent les moeurs : un peu de douceur dans ce monde de brutes c'est toujours bon à prendre et nos amis de mi-fugue mi-raisin me semblent être dans le bon tempo pour séduire ces urbains, jeunes ou moins jeunes, si pressés, si stressés.
* Pour Les Copines Aussi c'est un Gamay vendanges 2006, wine table, issu de raisins bios, pas chaptalisé, ni levuré. J'adore le texte de l'étiquette, tout comme le visuel (si ma petite machine accepte de charger la photo vous pourrez juger par vous-même). Donc va pour le texte : " Les lampions brillent à la guingette. L'accordéon nous rend polisson c'est le rendez-vous des copains avec qui on refait le monde autour d'un verre en toute amitié. Le vin est source de convivialité " et c'est signé Christine et Joëlle Ménard.
* Pour La Senna Festeggiante, d'Antonio Vivaldi, elle était sur la platine à mon arrivée et, comme je me l'étais promis je l'ai acheté et, comme vous commencez à me connaître, écrire sur la musique est pour moi encore plus difficile que de le faire sur le vin, donc rideau, place à cet opéra miniature pour le plaisir, un verre à la main...