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3 mars 2007 6 03 /03 /mars /2007 00:02

Chers lecteurs,
Dimanche dernier, le coeur gros, après avoir longtemps hésité, mais comme mes personnages ne m'appartiennent pas, ils vivent leur vie - si je puis m'exprimer ainsi à propos de Marie qui elle vient de la perdre - j'ai du me résoudre à précipiter Benoît dans le malheur et, par le fait même, à clore le premier chapitre de cette histoire, publiée le week-end, que j'écris au jour le jour, en direct.
Certains d'entre vous me disent - ceux que je rencontre - que le format rend la lecture un peu décousue. Alors, pour le chapitre 2, que je commence aujourd'hui, je vous propose une livraison journalière, en sus de la chronique normale, sans message pour vous en prévenir afin de ne pas encombrer vos messageries, sauf les week-end où mes écrits romancés continueront de constituer le billet du jour.
Bonne lecture pour les fidèles, afin de faciliter votre lecture les chroniques du chapitre 2 seront numérotées de 1 à ... Pour le chapitre 1, je suis en train de le défaire de quelques scories et, si certains d'entre vous, souhaitent en recevoir livraison d'ici quelques temps je pourrai leur faire parvenir sous forme de pièce jointe à leur adresse e-mail...

 

Je lâchai prise, coupai tous les ponts, mais sans fuir. Sonné, KO debout, je me laissai glisser, comme ça, sans réagir, doucement, les yeux grands ouverts. Ce fut une glissade un peu raide mais toujours contrôlée, bien maîtrisée. Je savais ce que je voulais, mourir, mais à petit feu. Mon but, aller au bout de mon chemin, sans contrarier la nature, en me contentant de contempler ma déchéance. Simple spectateur de ma vie. Emmuré dans le chagrin, mes yeux restaient secs. Pleurer c'était prendre le risque de fendre ma carapace, de m'exposer à la compassion. Pour tenir je devais faire bonne figure. Alors, j'allais et venais, affrontant l'intendance qui suit la mort avec le courage ordinaire de ceux qui assument les accidents de la vie. Mon masque de douleur muette, souriante même, me permettait de cacher, qu'à l'intérieur je n'étais plus que cendres. La mort rassemble. Autour de la grande table chez Jean, le soir, nous parlions. Nous parlions même d'elle. J'acceptais même de parler d'elle. Nous buvions aussi. Le vin délie les langues et allège le coeur. A aucun moment nous étions tristes. Marie, couchée dans le grand lit de Jean, nous imposait son silence éternel.

On prit mon emmurement serein pour du courage. Aux yeux des autres, mes proches, mes amis, ceux de Marie, ses parents, j'étais admirable. Non, j'étais déjà mort. Seul Jean pressentais mon délitement intérieur. Il bougonnait, tournait en rond, maudissait le ciel et me pistait comme un vieux chien fidèle. Les mots des autres filaient sur moi sans y laisser de traces, alors que les miens, précis, menaient leur dernier combat. On me laissait faire. Avec Jean, nous décidions de porter nous-mêmes Marie en terre au cimetière de Port-Joinville. Qu'elle restât sur notre île, sans fleurs ni couronnes, relevait pour nous de la pure évidence. Ca ne se discutait pas. Le maire obtempérait, et c'est dans notre C4, au petit matin, avec Achille coincé entre nous deux, que nous sommes allés jusqu'au trou béant. De la terre remuée et ce ciel pur, cette boîte en chêne vernis à poignées argentées, un moment j'aurais voulu qu'on chantât le Dies Irae. Des mains serrées, quelques pelletées, des baisers, des étreintes, des sanglots étouffés, encore des mots échangés et nous sommes allé au café. Là, j'aurais bien voulu pleurer.

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