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30 juin 2023 5 30 /06 /juin /2023 12:48
Comme Macron m’a raclé ma CSG sans m’exonérer de ma taxe d’habitation je suis au regret de ne pouvoir mettre mon blé dans l’opportunité unique d'investir dans une maison de Champagne digitale Alain Edouard

Sur la Toile faut s’attendre à tout lorsqu’on est comme moi un VB, vieux blogueur, un VC, vieux con, un VD, vieux débile qui crache sa bile comme dirait l’immense Mimi, mais un qui a aussi le bras très long, un influenceur de Première League, un gars un peu lu.

 

Je vous livre, brut de décoffrage, sans commentaires, ça vaut mieux, le gars ne doit pas me lire, la dernière proposition, qu’on vient de me faire, elle est tombée à 9 h 32 le 2 octobre

 

Bonjour Jacques,

 

Je me permets de vous contacter afin de vous soumettre un projet unique et atypique d'investissement : le champagne Alain Edouard !

 

**il reste mois d'1 mois pour participer à ce tour de 1,2M€, dont 800K€ sont commit (liste des investisseurs plus bas) **

 

Née au coeur du vignoble Champenois, où le grand père d'Edouard créa une coopérative familiale, c'est la marque de champagne digitale valorisant le terroir, socialement engagée et mettant en lumière un savoir-faire de grande qualité - Jean-Michel Deluc (maître sommelier) a d'ailleurs attribué 17/20 à ce champagne !

 

La stratégie digitale d'Alain Edouard couvre 2 axes forts :

 

  • la traçabilité de sa production : pour répondre aux attentes de transparences et de consommation responsable des consommateurs qu'ils visent, les raisins sont issus d'une viticulture raisonnée et les 85 vignerons partenaires sont clairement identifiés

 

  • la distribution vers les 20-40 ans (cœur de cible) : présence marketing sur les réseaux sociaux (déjà 2100 followers instagram, 2500 fans FaceBook), stratégie de contenue (bien accompagnés, ils ont une vision claire de ce que doit être la maison de Champagne de demain), stratégie de distribution digitale (à travers une offre différenciante et des partenariats tel que celui passé avec Alibaba) et positionnement de produit lors d'événements prestigieux avec Accor-Hôtels, au Festival de Cannes et à l'Opéra Garnier.

 

La commercialisation a débuté en 2017 et 3000+ bouteilles ont été vendues (30€ pièce, 8€ de marge sur les ventes), à 120+ clients et déjà 80% de récurrence.

 

Les objectifs commerciaux de la société pour 2023 sont ambitieux : vendre 344k bouteilles pour un CA monde avoisinant 7M€. Cette ambition repose sur une stratégie de développement en France et à l'export en adressant les principaux marchés que sont les USA, le Japon, la Chine, le UK et l'Afrique.

 

Afin d'être en mesure de réaliser sa stratégie commerciale (développement de la marque, et déploiement à l'export via le digital) ainsi que sa stratégie produit (gamme unique sur le marché, positionnement premium avec un champagne de qualité supérieure), Alain Edouard s'est entourée des meilleurs :

 

Edouard Roy, CEO : fils et petit-fils de vigneron, anciennement Co-founder Head of Sales digital de you2you (startup digitale) et co-fondateur du fond immobilier Epicur Investment

 

Jérôme Queige, DG & Dir. Commercial : Directeur commercial du Champagne Jacquart pendant 14ans et responsable du développement du Champagne Nicolas Feuillatte (leader marché FR)

 

Stéphane Puschmann, Dir. Export : ex Directeur Europe du groupe Distell, Directeur Export du Champagne Jacquart

 

Richard Dailly, Maitre de Cave : référence sur le marché, spécialisé sur le travail du Chardonnay

 

Cette 1ere levée de fonds de 1,2M€, 700k€ déjà commit, permettra à la société de staffer ses équipes (Chef Marketing, sales ainsi que des recrutements en gestion de projet et opération) et d'accélérer la mise en place de ses les canaux digitaux au cœur de la stratégie.

 

De nombreux investisseurs sont déjà convaincus : Xavier Niel (via Kima Venture), Cedric Sire (Webedia), l'ex PDG de la maison Bollinger, Cedric Sellin (Aruba), Laurent Dumas (Emerige), Laurent Benhamou (Monelib), François Poupard (Famille Mulliez), Olivier Rameil (BPI), Alexis Pantazis (Ex-Executive Director chez Goldman Sachs & Co-fondateur Hellas Direct), George Saliaris-Fasseas (Google et serial entrepreneur), Cyrille Reboul (Webedia)... !

 

Comme précisé il reste 1 mois pour se positionner sur ce beau dossier qui valorise le savoir-faire français et propose une marque nouvelle génération, respectant à la fois la qualité des produits, le savoir-faire associé et les valoir champenoise.

 

Je suis à votre disposition pour organiser une rencontre avec Edouard et/ou vous envoyer BP et LOI !

 

Très bonne journée,

 

Bien à vous,

 

Florian

En annexe un document de 32 pages en PDF

Petite relance :

Mer. 3 oct. 15:38

Bonjour Jacques,

 

Désormais 950k sont commit, 150k de plus depuis lundi.

Nous cherchons encore 250k€ pour compléter ce tour d'1,2M€ dont le closing est prévu fin octobre.

 

Je me tiens à votre disposition pour organiser un call avec Edouard - avant qu'il ne soit trop tard !

 

Très bonne journée à vous,

A bientôt j'espère,

 

Florian

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23 juin 2023 5 23 /06 /juin /2023 12:41

Dans un article du quotidien algérien El Watan de mai 2009, Mohamed Naïli, constate un brin nostalgique « La production nationale ne figure même pas sur le classement mondial effectué annuellement par l’OIV (Office International de la vigne et du vin), dont le seuil minimum de production requis est de 100 000hl. La production de l’Algérie n’atteint pas ce niveau et reste très loin derrière des pays comme la France, l’Italie ou l’Espagne qui, jadis, représentaient les principaux clients du marché algérien du vin. »

 

En 1935, le vignoble couvrait 396 000 ha (plus qu’en Espagne) et produisaient 18 millions d’hl dont 98% étaient vendus en métropole. Ce vignoble qui ne couvrait en 1861 que 6500 ha est l’enfant des « déportés du phylloxéra » majoritairement des viticulteurs de l’Hérault, du Gard et de l’Aude qui vont affluer à partir de 1880. Très vite les grandes propriétés vont absorber les exploitations des petits colons et le vin va devenir le premier revenu de l’Algérie. En 1903 à Bercy « les cours des vins algériens dépassent pour la première fois ceux du Midi. » Cet expansionnisme n’aurait pas eu de limite si la CGVM ne s’y était opposé en faisant voter une loi interdisant toutes nouvelles plantations. « Un million et demi de foyers d’agriculteurs français se sacrifient aux nouveaux seigneurs de la vigne algérienne » dénonçait-elle. En 1945 des primes encourageront l’arrachage mais comme l’écrit un expert « les cépages rigoureusement sélectionnés, les progrès de la vinification en pays chaud, les traitements anticryptogamiques associés à une main d’œuvre nombreuse et peu chère, tous ces paramètres font que l’Algérie prend une avance d’un quart de siècle sur le Languedoc. Au Concours Général agricole de 1930 les dégustateurs « ne purent faire la différence entre certains crus algériens et d’authentiques Bordeaux. » et « Des grandes dynasties agricoles prennent des allures de négociants bordelais. » Alger, Oran prennent des allures de comptoirs de vin ; la Mitidja semble n’être qu’un seul vignoble ; la cave coopérative de Boufarik loge 60 000 hl et ne compte pas en rester là. L’Algérie est alors le 4e producteur mondial et la vente de ses vins représente 45 % de la valeur de ses exportations.

 

Si vous souhaitez pousser plus avant ce rappel de la situation du vignoble algérien avant l’indépendance je vous invite à lire un document «  Les Vins Algériens » édité par le Gouvernement Général en 1953-55 et qui décrit très bien l’encépagement, les différents types de vins produits sur la base d’une classification : vins de plaine, vins de coteaux et vins de montagne (ces derniers étaient depuis 1945 classés VDQS). S’y ajoute un tableau synoptique par grande zone de production avec : appellation, aire de production cépages autorisés, degré minimum, caractère et production moyenne en hl.

 

Très instructif, jetez-y un œil... link

 

Dernier détail, lorsque je suis arrivé à l’Office des Vins de Table en 1978 j’ai découvert dans des rayonnages le cadastre viticole algérien qui faisait la fierté de Monsieur Blanchet l’infatigable rédacteur du Code du Vin (abrogé en 2003)

 

En 2009, selon les statistiques du Ministère de l’Agriculture et du Développement le vignoble occupe 22200 ha, 90% du potentiel national est situé dans les wilayas de l’Ouest du pays comme Tlemcem, Mascara, Aïn Timouchent et Sidi bel Abbas, les 10% restant sont localisés au centre du pays : Médéa, Bouira et Aïn Delfa. Les viticulteurs sont regroupés en caves coopératives mais comme l’écrit Mohamed Naïli « sur l’échiquier de la filière vitivinicole ONCV (Office National de commercialisation de produits vitivinicoles) occupe une place prépondérante en intervenant en simultanée au niveau de la production du raisins, de la mise en bouteille et de la commercialisation du vin, tant sur le marché national qu’à l’exportation » Le problème c’est que dans cet article l’auteur écrit aussi un peu plus loin que la mise en œuvre du Plan (PNDA) a permis la progression du vignoble de cuve de 60 000 à 82000ha ce qui n’est pas très raccord avec les chiffres cités précédemment (la confusion vient de la double fin : raisin de table/raisin de cuve). Le pauvre est excusable car ayant sollicité l’ONCV il note « que le directeur-général de l’ONCV ne semble pas être à son bureau depuis trois semaines pour répondre aux questions qui lui ont été posées  et que le responsable du service technique de l’Institut, refuse de donner suite à la même demande malgré son engagement verbal au téléphone. Cette attitude cache, en tout cas, la volonté des responsables en question à ne pas dévoiler les tares d’une filière en mal de perspectives. »

 

Délices de la bureaucratie qui n’aime rien tant que les missions à l’étranger et l’accueil d’experts d’organisations internationales venant porter la bonne parole et élaborer des projets ou de bureaux d’études vendant clé en mains des équipements nazes. Bienheureux les développeurs, les spécialistes et les chargés de mission qui font trois petits tours et puis s’en vont. Pendant mon séjour dans la willaya de Constantine j’ai pu les croiser, les plus géniaux furent ceux qui voulaient implanter une étable de 300 vaches laitières avec tout le toutim pour les traire alors que le « domaine autogéré d’anciens moudjahidines » n’avait pas l’électricité et pas grand-chose pour les nourrir. Bref, ayant lu quelques articles d’El Watan seul journal indépendant de ce pays, j’ai comme le sentiment que l’ordre des choses n’a guère changé puisque l’Algérie en 2008 ce journal écrivait « Notre pays est toujours dangereusement dépendant des marchés internationaux. L’Algérie se classe parmi les dix premiers pays les plus grands importateurs de céréales. Il en est de même pour d’autres produits agricoles tels que le lait en poudre, les huiles, le sucre et le café. Cette situation aurait été moins intenable si l’Algérie arrivait à exporter ce que ses terres produiraient afin d’équilibrer sa balance commerciale agricole. Mais seulement une quantité marginale de dattes, de vin et de quelques produits maraîchers a pu se frayer une petite place dans les marchés étrangers ».

 

Pour la viticulture, l’encépagement est à côté de la plaque « par exemple à Témouchent, premier centre viticole avec 50% de la production nationale, sur les 9100 ha en production 85% sont occupés par le Cinsault et le Merseguerra et 15% pour les cépages nobles. » ; les outils de transformation sont vétustes et « appartiennent en théorie aux viticulteurs mais sont en réalité détenus par une minorité » ; pour la vendange la venue du Ministre de l’Agriculture lui permettra selon l’auteur de « s’apercevoir que celle-ci s’effectue selon un processus qui défie les normes en vigueur dans les pays viticoles » Je vous épargne l’horreur de la description car les beaux esprits vont me taxer de néo-colonialisme . Dans l’article l’auteur appelle de ses vœux l’éclosion d’une génération de vignerons et note que l’année 2004 a vu naître le premier vigneron algérien à El Amria. Et si nos grands journalistes du vin allaient faire un petit reportage pour dénicher ce pionnier et voir s’il a essaimé ce serait du vrai journalisme ça et non la nième récusée d’un papier sur je ne sais quel GCC. Bref, et si demain une Algérie libérée pacifiée sortait de sa phase décollectivisation un nouvel acteur du vin pourrait s’inviter à la table des Vins du Nouveau Monde... Je sais ce n’est pas pour demain matin mais avec la vigne voir loin ne nuit jamais...

  

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18 mai 2023 4 18 /05 /mai /2023 12:32

 

En notre beau pays qui se dit la patrie du vin nous proclamons que nous n’aimons que les grands vins et les beaux petits vins de vignerons mais nous nous insurgeons dans le même mouvement sur le peu de cas que nos dirigeants font de l’importance économique du secteur du vin, de son poids dans l’économie du pays, de sa contribution à la balance commerciale : les fameux équivalents Airbus, de son rôle essentiel dans la vitalité de nos territoires… Ce grand écart entre d’une part une poignée de vins, produits de luxe à laquelle il faut ajouter une belle brassée de vins d’artisans, et d’autre part le gros de la troupe qui génère les millions d’hectolitres, semble ne troubler personne.


Sans verser dans la provocation facile, si j’avais du temps, je tenterais de chiffrer en hectolitres mis sur le marché le poids des divers guides français du vin. Le résultat, j’en suis persuadé, permettrait de remettre les pendules à l’heure. Ce constat, qui ne remet pas en cause la validité des guides qui, très normalement font des sélections pour des amateurs, aurait au moins le mérite de bien sérier les problèmes qui se posent à notre secteur et de souligner son hétérogénéité. Passer allègrement au-dessus de nos soucis de volumes pour ne s’intéresser qu’à l’analyse de la valeur générée essentiellement par des produits spécifiques champagne, Cognac et GCC, grands vins de Bourgogne c’est méconnaître la réalité de notre viticulture. Je comprends aisément que les grands amateurs, les grands dégustateurs, les revues spécialisées ne fassent que peu de cas de ces vins volumiques mais de grâce qu’ils ne nous assènent pas leurs raccourcis faciles.


Ces vins que personne ne veut voir ou déguster existent. Ils peuplent les linéaires de la Grande Distribution ou ils alimentent le développement du vrac à l’exportation. C’est la réalité. Que cette réalité chagrine les amoureux du vin je veux bien mais soit face à elle soit nous choisissons de laisser faire par d’autres ces vins : ce qui équivaut à une forme de délocalisation et nous arrachons le vignoble qui leur est dédié ; soit nous assumons leur existence en acceptant de bien clarifier l’origine et la ressource de ces vins. C’est l’alternative claire qu’avait posé le groupe stratégique dans Cap 2010 : les défis du vin français. Je ne vais pas revenir sur ses propositions mais je suis frappé que certains découvrent que l’irruption des vins sans Indication Géographique : Vin de France avec cépage et millésime dans la paysage viticole français risque de mettre à mal beaucoup de vins IGP, anciennement Vin de Pays, et certaines AOP dites génériques. À ne vouloir que défendre des prés carrés, des cotisations syndicales on se tire des balles dans les pieds.


Continuer à cultiver l’ambiguïté est une attitude commode car elle permet d’afficher une forme d’unité de façade mais les faits sont têtus et fuir la réalité ne la change pas. Quand nous avions préconisé la création d’un espace de liberté, non pour céder aux sirènes de la dérèglementation, nous donnions à chacun la possibilité de choisir entre des appellations retrouvant leur socle originel, des vins à Indication Géographique permettant d’élaborer des vins sur la base de règles moins contraignantes, et des vins des cépages de France permettant, sur la base de partenariats production-négoce de générer des marques. Loin de tuer nos belles appellations ou de détruire certains vins de pays de grande zone nous  posions les bases d’une viticulture française en capacité de s’adapter à la nouvelle donne du marché.

 

À ces choix clairs il a été préféré un statu quo préservant de la fiction de notre soi-disant modèle d’une viticulture fondée sur l’exploitation individuelle  agrégée dans des ODG et bien sûr les pompeuses de CVO : les Interprofessions. Belle avancée dont nous mesurons à peine les effets. Alors, pour nous rassurer, nous célébrons nos terroirs, dont le nombre tient d’une liste à la Prévert, mais nous sommes bien incapables pour nos grands lacs de vins AOP de les identifier autrement que par la géographie : c’est du pain béni pour les gnomes de l’OMC et leurs alliés de la Commission. Quant aux cépages internationaux accolés aux grandes IGP, une surtout, fruit de l’histoire de la reconversion d’une grande région, ne seront-ils que des leurres dans le barnum de la mondialisation ? Nos stratèges professionnels n’aiment rien tant que les lignes Maginot et prisent assez peu les emmerdeurs comme le soulignait pompeusement Vitisphère du 31 août 2001 Le rapport Berthomeau sonne la fin de l’été… « Le rapport de J. Berthomeau tombe à pic. A la manière du colonel Charles de Gaulle qui en 1936 suggérait de créer des régiments de chars d’assaut, pour résister aux "panzers divisions allemandes", J. Berthomeau propose le renforcement des entreprises, la création de marques, une politique contractuelle entre les producteurs et les opérateurs commerciaux pour contrer les stratégies de conquête des pays concurrents… » (Sic)


Et oui nous ne sommes pas au pays de Candy ou dans la Petite Maison dans la prairie mais dans un vaste monde où notre belle viticulture d’artisans faiseurs de vins peut s’épanouir mais quid des gros bataillons ? Cachez moi ce vin que je ne saurais voir ! Préconisons comme l’éminent professeur Pitte de le laisser produire dans d’autres pays dit neufs soit par des financiers défiscalisant leurs profits, ou par les va-nu-pieds que l’on paye avec des coups de pieds dans le cul. C’est un choix. C’est un choix qui tourne le dos à notre histoire. C’est un choix que ne font pas nos voisins italiens et espagnols. C’est un choix qui implique que nous abandonnons à d’autres tout un segment du marché du vin, y compris en notre beau pays. Et que l’on ne vienne pas m’opposer l’industrialisation de notre viticulture. C’est inepte quand on sait le poids de la Coopération dans cette part de notre viticulture. Bien sûr pour nos beaux esprits la Coopération n’est qu’une grande trémie dans laquelle se déversent des raisins et que c’est une horreur et que seuls les vins de vignerons sont dignes d’intérêt. Vision entravée par des œillères. Bien sûr, depuis peu de temps ils concèdent à certaines un brevet de bonne conduite mais oublient qu’en soi, pour des vins d’entrée de gamme, la vinification en commun vaut bien le massacre opéré par des producteurs individuels.


Pour autant il ne s’agit pas de tomber dans un productivisme débridé mais au contraire de mieux gérer ce vignoble pour qu’il puisse générer de la valeur conquérir et consolider des parts de marché sur les pays demandeurs. On ne peut vouloir une chose et son contraire, les inflexions liées aux contraintes environnementales, à la gestion de l’eau, à une viticulture de précision, ne sont pas hors de notre portée et une vision d’un vignoble tout bio est aussi suicidaire que celle du tout AOC qui prévaut dans certains vignobles. Dans le domaine agricole, surtout pour une plante pérenne comme la vigne, les inflexions ne sont jamais radicales et brutales, elles s’insinuent lentement dans les mentalités et deviennent des évidences. Entre la publication de mon rapport où je proposais de mettre les questions d’environnement en priorité n°1, sans susciter le moindre intérêt, et la situation actuelle que de chemin parcouru ! D’expérience j’ai toujours constaté que les extrémistes des deux camps opposés s’épaulaient, se confortaient en prenant appui sur les outrances et le refus de reconnaître les avancées.


Les pires ayatollahs sont chez les urbains bien installés dans leur confort, leurs certitudes et souvent dans leurs fonds de commerce et dans les entreprises ou les institutions qui tirent profit du système tel qu’il fonctionne actuellement. Dans mon métier de médiateur j’ai coutume de dire aux plus obstinés ou butés que l’on ne fait la paix qu’avec ses « ennemis » et que ce sont les bons compromis qui font bouger les lignes. Bien sûr il est plus commode de se congratuler dans les petits cercles que de se coltiner cette putain de réalité. Ma ligne de conduite de toujours, au-delà de mes préférences personnelles, de mes inclinaisons, a été de m’adresser à tous, de jamais  me faire le porte-parole de quiconque, mais de tenter de jeter des ponts, de développer des lieux de dialogue. En écrivant cela je ne cherche pas à m’attribuer des satisfécits qui, au stade où je suis de mon parcours ne m’intéressent pas, mais à inciter ceux qui sont en charge de la viticulture à ne pas se cantonner dans les seuls combats syndicaux du type de celui du retour des droits de plantation dans l’OCM communautaire. Sur cette question, ni avant la négociation, ni pendant, ni au moment du vote, le problème a été bien posé et analysé laissant le champ libre à la Commission. Notre incapacité à parler d’une seule voix en ce moment décisif a eu pour conséquence que la France, qui présidait l’UE, a voté  le texte de la Commission.


Oui je sais je vous casse les pieds avec mes plaidoyers récurrents mais quand je lis ce que je lis, j’entends ce que j’entends, j’ai l’outrecuidance de penser que la chose publique ne se traite pas au bout de micros tendus à des soi-disant experts ou à des consultants de ceci ou de cela, mais dans le cambouis du quotidien et dans la capacité des décideurs à mettre en avant des choix qui en sont. Comme le dit souvent Marc Parcé « on ne fait pas du vin avec des mots » et bien pour le pour le débat qui nous intéresse « on ne fait pas des choix en disant tout et son contraire… » soit nous nous replions sur une viticulture réellement artisanale, soit nous revisitons notre viticulture généraliste pour qu’elle garde sa place dans la donne du marché mondial.  

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21 janvier 2019 1 21 /01 /janvier /2019 06:00
Outing : oui j’ai fumé par plaisir, oui je bois du vin, de la bière un peu, des spiritueux peu, par pur plaisir… pour autant, c’est vérifié, je ne suis pas alcoolique…

Le jour où les grands esprits de la Santé Publique auront le courage et l’honnêteté de m’expliquer comment on devient alcoolique je prêterai à leur discours soit prohibitionniste, soit hypocritement hygiéniste ou carrément moralisant, une oreille très attentive.

 

Celui qui a le mieux décrit les démarches addictives, le craving est, ou était un brillant médecin, devenu alcoolique : Olivier Ameisen.

 

Le craving est un terme importé des États-Unis, venant du verbe « to crave » qui signifie « avoir terriblement besoin », « avoir très envie », « être avide de ». Le craving convoque donc le désir, la pulsion, le besoin, l’envie, toujours doublé d’un caractère irrépressible et irrésistible.

 

Très bien décrit dans la littérature par des auteurs dépendants à l’alcool comme Jack London dans « John Barleycorn » ou Malcolm Lowry dans « Au-dessous du volcan », le craving a fait et fait toujours l’objet de multiples recherches pour tenter de démonter son mécanisme. De très nombreux modèles théoriques ont été élaborés.

 

ICI 

 

Tous les alcoologues patentés, ceux de l’ANPAA et les blouses blanches de l’INCA, ont moqué Ameisen, son combat pour le baclofène, qui lutte contre le craving, qui n’est pas un médicament miracle mais un moyen utile pour surmonter le sevrage. Ils débitent toujours les mêmes antiennes pour masquer leur échec face au fléau de l’alcoolisme, font de la lutte contre la publicité l’arme fatale : franchement à qui fera-t-on croire que c’est le vecteur primordial du passage à l’acte et plus encore de l’addiction ? On va me balancer les jeunes, perméables, sensibles aux postures pour s’affirmer, mais est-ce vraiment le flacon, quel qu’il soit qui les mène à boire plus que de raison ? La réponse est non.

 

Alors, faute d’intelligence, je ne suivrai pas tout ce beau monde, qui dit se soucier de ma santé, sur son terrain biaisé. Ce ne sont pas, loin s'en faut, les meilleurs du corps médical, je suis bien aise de ne pas avoir eu besoin de leurs brillants services.

 

J’ai passé le cap des 70 balais sans être addictif à l'alcool ou au tabac et je n’ai pas à subir leur catéchisme.

 

Pour autant, je ne suivrai pas non plus le discours un peu simpliste de l’actuel Ministre de l’Agriculture, en effet on peut devenir alcoolique en buvant du côtes-du-rhône ou du vin à deux balles acheté en GD pour ceux qui n’ont pas les moyens ou des vins plus onéreux pour ceux qui boivent pour lutter contre leur stress au boulot ou le burn-out  ou en glissant vers l’addiction sous le couvert de la dégustation ou de leur goût pour les grands vins.

 

Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, l’ingestion massive ou répétée d’alcool de quelque nature qu’il soit peut mener à l’alcoolisme. Au cours de ma longue carrière, dans ou au contact du monde du vin, j’ai croisé nombre d’alcooliques qui ne se vivaient pas comme tels.

 

Ceci écrit, je ne réfute pas que la consommation du vin, dans beaucoup d’occasions, relève de la convivialité, de la sociabilité, et qu’il existe dans notre vieux pays une culture du vin. C’est vrai je ne bois jamais seul  mais je ne vois pas au nom de quoi, surtout de la fameuse modération, je ne m’offrirais pas le plaisir de l’ivresse qui ne débouche pas sur le caniveau ou d’affreuses gueules de bois.

 

Le cas célèbre d’Hervé Chabalier, le fondateur de l’agence CAPA, qui se lichait lorsqu’il était au sommet de son addiction alcoolique jusqu’à 3 litres de vin blanc par jour est là pour tempérer les emballements.

 

30 septembre 2009

L'accusé le ballon de petit blanc de Chabalier s’en sort blanchi ICI 

 

Les causes de l’alcoolisme d’Hervé ne tiennent pas à une attirance particulière pour le vin mais à des accidents de la vie : la mort de sa petite sœur en Afrique suite à une vaccination contre la rage à la suite de la morsure d’un chien qu’il avait imposé à ses parents où il se découvre égoïste et coupable ; sa vie de grand reporter qui l’entraîne souvent au bord des bars ; son tempérament impérieux, égotique, de patron d’une grande agence de presse... Bref, oui l’alcoolisme est une maladie qui peut toucher n’importe qui et, tous, autant que nous sommes, ne pouvons rester indifférent au lot de souffrance qu’elle entraîne pour l’alcoolique lui-même et ses proches.

 

Oui, le plaisir, j’ai aussi fumé, des cigarettes roulées, des cigares, des biddies, par plaisir et parce que le tabac est un excellent excitant intellectuel : n’en déplaise aux gilets jaunes travailler sous les ors de la République ce n’est pas une partie de plaisir. J’ai arrêté de fumer car je n’y trouvais plus, justement, du plaisir.

 

Les cigarettes des grandes marques sont bourrées de substances favorisant l’addiction et mon récent séjour dans le service de pneumologie  de l’hôpital Cochin m’a fait mieux encore comprendre les ravages du tabac.

 

Je suis né dans un pays, la Vendée, ravagé par le fléau de l’alcoolisme, inconsciemment j’en ai été vacciné, immunisé, mais j’ai pu aussi constater l’inefficacité des ligues de vertu, de l’approche purement médicalisé. L’alcoolisme puise ses racines dans le terreau de notre société, dans tous les milieux, il n’y a pas de parcours unique menant à l’alcoolisme.

 

Pierre Mendès-France avait raison, dans l’Eure dont il était l’élu, le Calva faisait des ravages.

 

J’ai, au titre du cabinet du Ministre de l’Agriculture, suivi pas à pas l’élaboration de la loi Evin qui doit bien peu de chose au Ministre mais tout à Claude Got. Entre parenthèses, Jérôme Cahuzac n’est pour pas grand-chose dans cette loi, sauf son soutien indéfectible au groupe des 5.

 

C'est Got qui parle : «  Moi j'ai envie d'être efficace. Et aujourd'hui, rien ne se fait sans les médias. C'est pour cela que nous avons adopté un travail de lobbying. »

 

Étonnant travail, en effet ! Pour la première fois en France, un aréopage de médecins s'est constitué en groupe de pression. À l'américaine. Un groupe efficace, à moitié clandestin, organisé et sachant user de tous les relais. Un groupe qui a une longue histoire derrière lui.

 

Voir ICI  

31 mars 2008

La stratégie du Go de Claude GOT 

 

En ce temps-là, les gens du vin n’était guère soucieux de Santé Publique, appuyés qu’ils étaient non sur un lobby du vin mais sur ce que Roland Barthes a appelé dans Mythologies :

 

«  Le vin est senti par la nation comme un bien qui lui est propre, au même titre que ses trois cent soixante espèces de fromages et sa culture. C'est une boisson totem, correspondant au lait de la vache hollandaise ou au thé absorbé cérémonieusement par la famille royale anglaise. Bachelard a déjà donné la psychanalyse substantielle de ce liquide, à la fin de son essai sur les rêveries de la volonté, montrant que le vin est suc de soleil et de terre, que son état de base est, non pas l'humide, mais le sec, et qu'à ce titre, la substance mythique qui lui est le plus contraire, c'est l'eau. »

 

Ce faux-débat, où chacune des parties campe sur des positions irréductibles, est très représentatif de l’incapacité qu’il y a dans notre pays à affronter la réalité, à sortir de son entre-soi,  à traiter les problèmes avec sérénité et efficacité, on se fait plaisir, on se congratule, on se balance des statistiques brutes, des études plus ou moins faisandées, on se réfugie dans des images d’Epinal, on agite des peurs légitimes, sans pour autant faire reculer de façon significative la maladie qu’est l’alcoolisme.

 

C’est toujours la faute des autres.

 

Je trouve ça très gilets jaunes.

 

Même le Vatican s'y met ce dimanche :

 

Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures du deuxième dimanche du temps ordinaire année C.

 

Le récit des noces de Cana nous est familier. De manière étonnante, l’évangéliste Jean ne se focalise pas sur les mariés, mais plutôt sur un point très pratique des festivités : le vin de la fête risque de manquer. Du coup, nous sommes conduits à regarder non pas les mariés, mais Jésus et sa mère (car c’est Marie qui alerte Jésus en lui disant : « ils n’ont pas de vin ») ainsi que les serviteurs (car ce sont eux qui, en suivant les instructions données par Jésus (« remplissez d’eau les cuves » puis « maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas ») sont les témoins privilégiés du signe que Jésus accomplit : l’eau est changée en vin ! 

Une déclaration qui tache

21 janvier 2019BrèveSociété

Le ministre de l’agriculture et de l’alimentation, Didier Guillaume, a déclaré sur un plateau de télévision que le vin « n’est pas un alcool comme les autres ». Tant pis si tous les professionnels de santé dénoncent depuis des années les mythes qui relativisent la dangerosité de la consommation quotidienne de cette boisson alcoolisée.

On ne sait s’il avait trop bu ou reçu trop de pots-de-vin pour débiter de telles âneries. Il suivait peut-être seulement les recommandations de la conseillère à l’agriculture de l’Élysée, Audrey Bourolleau, qui dirigeait encore récemment Vin & société, un des principaux lobbies du monde viticole.

Pour peu que ces derniers insistent, ce bon Didier Guillaume et ses collègues du gouvernement, finiront par dire que le pinard devrait être obligatoire dès le biberon, pour que vive la France

 

« La démission gouvernementale face à l’alcool est scandaleuse »

Le plan national adopté fin 2018 conforte les pires craintes concernant la complaisance, si ce n’est la complicité, des pouvoirs publics et du lobby des alcooliers, déplorent plusieurs médecins dans une tribune au « Monde ».

Par Collectif Publié hier à 19h00, mis à jour à 06h36

 

Tribune. Entre Noël et Nouvel An, après dix mois de tergiversations, la publication en catimini du Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 conforte les pires craintes sur l’inertie des pouvoirs publics en matière de consommation d’alcool.

Malgré les 49 000 morts par an et le coût de 120 milliards d’euros infligé chaque année par ce produit aux Françaises et aux Français, le plan de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), au terme d’une analyse brillante et incontestable, s’arrête brutalement au seuil de l’action, perdant toute ambition de réussir.

Alors que la politique de lutte contre le tabac montre qu’une action constante et ­résolue obtient des résultats (baisse historique des ventes de cigarettes de 10 % en 2018), la démission gouvernementale face à l’alcool est insupportable et scandaleuse. Ce fardeau pour la société française est dû à une des plus fortes consommations au monde.

Aucune ­mesure d’encadrement

Le plan est plein de contradictions. Après avoir reconnu, comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS), que la fiscalité est un des moyens les plus efficaces pour freiner la consommation, il ne propose aucune mesure en ce sens. Malgré les engagements de la ministre des solidarités et de la santé Agnès Buzyn lors des débats au Parlement, les « prémix » à base de vin échappent même à toute mesure.

Le vin bénéficie aujourd’hui d’une quasi-exemption fiscale (3 centimes de taxe par bouteille), ce qui laisse une marge énorme qui aurait permis d’abonder un fonds de prévention alcool. Au ­contraire, le plan a préféré squatter le Fonds tabac, diluant ainsi ses capacités d’action.

Le plan s’alarme du marketing pour piéger les jeunes dans la consommation d’alcool mais se contente de cette inquiétude. S’il constate la pression publicitaire pour l’alcool sur tous les médias, il ne propose aucune ­mesure d’encadrement, même pas la limitation de l’affichage autour des écoles. Aucun calendrier, aucun objectif chiffré n’est fixé.

Malgré l’engagement solennel pris le 6 septembre 2017 par la ministre et le président de la Mildeca de rendre le pictogramme d’avertissement « femme enceinte » plus visible, la taille du pictogramme n’est toujours pas arbitrée ; c’est pourtant une décision simple et à coût nul pour les finances publiques.

Il est vrai que le lobby de l’alcool ­considère qu’informer les femmes serait « anxiogène », sinon « mortifère ». Quel aveu et quel cynisme ! Ce mépris pour la prévention de la première cause évitable de handicap mental chez l’enfant est honteux et impardonnable, qu’il ait pu influencer les choix gouvernementaux est absolument scandaleux. L’information sur le nombre de calories des boissons ­alcoolisées est aussi reportée à des temps meilleurs ; pourtant, un verre de vin apporte 80 à 100 calories !

Nous connaissons les raisons de cette ambiguïté et de cette inaction. Le plan de la Mildeca a été caviardé après avoir été pris en otage par le lobby alcoolier qui a imposé une « contribution » uniquement destinée à préserver ses intérêts économiques au détriment de l’intérêt général. Sa demande a été entendue puisqu’aucune contrainte ne ­pèsera sur le secteur de l’alcool.

Pour le gouvernement, la responsabilité ne ­repose que sur les victimes et non sur l’industrie (producteurs, distributeurs, annonceurs) qui les pousse à consommer. Au moment où même le Conseil économique, social et environnemental préconise clairement d’écarter le lobby alcoolier de la politique de santé, le gouvernement lui fait la part belle.

Complaisance à rebours de l’opinion

Cette complaisance est d’autant plus coupable qu’elle va à rebours de l’opinion, car 60 % des Français souhaitent une taxation plus forte et 70 % une ­interdiction de la publicité pour les boissons alcoolisées (sondage de la ­Ligue nationale contre le cancer de juin 2018).

Il est également vrai que les Français sont désabusés car deux sur trois d’entre eux pensent que les producteurs empêchent la mise en place d’une politique de santé efficace. (NDLR ça sort d'un chapeau messieurs et la dame, grosse fake new) Ils ont hélas raison. On peut se demander qui, aux plus hautes sphères de l’Etat, s’emploie à faire échouer toute mesure efficace pour réduire les risques et dommages de l’alcool en France.

Et les récentes déclarations du ministre de l’agriculture Didier Guillaume sur la différence totalement fantasmée entre le vin et les autres alcools pour la santé ne peut qu’alimenter la suspicion.

Refusant toute référence à un hygiénisme d’un autre temps, nous affirmons notre attachement aux institutions. Dans cet esprit, nous en appelons solennellement au président de la République afin qu’il cesse de sacrifier les intérêts supérieurs de la santé des Français au profit d’intérêts particuliers.

Nos concitoyens, et particulièrement celles et ceux qui dénoncent l’absence de considération à leur égard et qui sont les premières victimes de décisions fondées sur le marché, sont en droit d’espérer une politique de santé à la hauteur de nos ambitions.

Bernard Basset, médecin de santé publique, vice-président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa) ; Amine Benyamina, professeur de psychiatrie et d’addictologie, université Paris-XI ; Gérard Dubois, professeur de santé publique, Académie nationale de médecine ; Claude Got, professeur honoraire, université René-Descartes ; Serge Hercberg, professeur de nutrition, université Paris-XIII ; Catherine Hill, épidémiologiste ; Albert Hirsch, professeur de pneumologie, université Paris-VII, administrateur de la Ligue nationale contre le cancer (LNCC) ; Mickael Naassila, professeur de physiologie, président de la Société française d’alcoologie (SFA) ; François Paille, professeur de thérapeutique et d’addictologie, président du Collège universitaire des enseignants en addictologie (Cunea) ; Michel Reynaud, professeur de psychiatrie et d’addictologie, université Paris-XI, président du Fonds actions addictions ; Nicolas Simon, professeur de médecine Aix-Marseille Université, président de l’Anpaa.

 

 

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15 janvier 2019 2 15 /01 /janvier /2019 06:00
Trop tard Bertrand Girard ! Ancien PDG de Vinadeis et d'InVivo Wine. « Les batailles perdues se résument en deux mots : trop tard. »

Dans ma petite boîte à malices, mon smartphone, j’ai reçu un SMS de vœux émanant de Bertrand Girard. «Excellente année 2019. Cordialement, B. Girard»

 

C’était une première.

 

Mais qui est donc Bertrand Girard ?

 

La réponse est tapie dans mes prolifiques œuvres :

 

25 mai 2018

La folie des grandeurs : InVivo Wine ou la petite histoire de 2 squales dans le même marigot !

 

Et Bertrand Girard vint, les génies de Vitisphère et de la Vigne réunis l’élurent  « homme le plus influent de la filière » après qu’il se fut pacsé avec l’ambitieux Blandinières.

 

La suite ICI 

 

Toujours aussi pertinents les gens de Vitisphère !

 

Et moi je suis impertinent :

 

Le communiqué de Thierry Blandinières est à son image, plein empathie et d’humanité :

 

« Je vous informe d'un changement dans l'organisation d'InVivo Wine avec le départ de Bertrand Girard. Je reprends en direct la direction de cette activité pour une période transitoire qui permettra d'accélérer la dynamique du projet vin en France et à l'international »

 

Quitte à se ramasser la gueule vaut mieux accélérer...

 

Bien sûr Bertrand Girard est aux abonnés absents…

 

Et bien je me trompais, il pensait à moi l’auteur de ce fichu rapport vieux de 18 ans.

 

J’assume totalement ce que j’y écrivais mais tout ça est maintenant à classer au rayon des vieux papiers, des occasions perdues, vendangées par l’incapacité des grands chefs du vin à sortir de leur petit marigot, de leurs ambitions à courte vue.

 

« Les batailles perdues se résument en deux mots : trop tard. » Douglas MacArthur

 

Alors lorsque je lis, toujours dans Vitisphère, Bertrand Girard calls for the industry to “think French” je me dis que le type de discours ci-dessous relève de la méthode Coué car les mêmes causes produisent les mêmes effets.

 

Avant de se lancer à l’assaut des marchés internationaux sur le segment de vins qui s'articule autour d'habitudes de consommation «détendues, amicales, agréables et partageables», « Mettre l'accent sur le modèle think French » priorité pour « le tiers le plus faible de la pyramide dans certaines régions viticoles », il faut que la ressource soit maîtrisée par les grosses coopés. Celles qui constituent le socle d'InVivo Wine.

 

Tel n’est pas le cas !

 

Bref, on peut toujours rêver, psalmodier les bonnes vieilles recettes du marketing mais pour qu’il soit efficace il faut engloutir des sommes considérables. Donc gagner un pognon de dingue pour le réinvestir pendant des années pour tailler des croupières à ceux de nos concurrents déjà bien installés.

 

Et du pognon y’en a pas, fermez le ban.

 

Former CEO of Vinadeis and InVivo Wine, Bertrand Girard has decided to make full use of his complete freedom of speech now that he is no longer a member of the company. In an article published on Linkedin on December 28, he discusses French business strategy, starting out by setting the record straight regarding the country’s export performance. France is undeniably a world leader in terms of value sales, but much less so when it comes to volumes. Bertrand Girard insists that figures for the French wine trade are not as flourishing as they may seem, because if revenue generated by Champagne, top Bordeaux and Burgundy is removed... “only 2 billion euros are left”. And the revenue stems from “affordable, accessible, good value for money wines, exported for young consumers, who are either not very affluent or not yet affluent”. By way of comparison, comments Bertrand Girard, exports of Californian wines total... 2 billion dollars.

 

The model is stalling

 

He believes that it is a “major” mistake not to focus on this segment of wines that revolves around “relaxed, friendly, enjoyable and shareable” drinking habits. “Focusing on the ‘think French’ model” should be a priority for “the weakest third of the pyramid in certain wine regions”, he claims. He believes this ambition is within reach, if efforts are directed towards quality and consumer-driven marketing: “There is room to develop a value-generating model for all with good control and transparency along the value chain if, and only if, the dogmas and self-centred fears or inabilities of some leaders evolve to make way for a simple system”.

 

Bertrand Girard: “There is room to develop a value-generating model for all with good control and transparency along the value chain”.

 

traduction automatique :

 

Ancien PDG de Vinadeis et d'InVivo Wine, Bertrand Girard a décidé de tirer pleinement parti de sa liberté d'expression totale, maintenant qu'il n'était plus membre de la société. Dans un article publié sur Linkedin le 28 décembre, il discute de la stratégie commerciale de la France, en commençant par mettre les choses au clair en ce qui concerne les résultats du pays à l’exportation. La France est indéniablement un leader mondial en termes de ventes à valeur ajoutée, mais beaucoup moins en termes de volumes. Bertrand Girard insiste sur le fait que les chiffres du commerce du vin français ne sont pas aussi florissants qu'ils le paraissent, car si les revenus générés par la Champagne, les hauts Bordeaux et la Bourgogne sont supprimés ... "il ne reste que 2 milliards d'euros". Et les recettes proviennent de «vins abordables, accessibles et d'un bon rapport qualité / prix, exportés pour les jeunes consommateurs, qui ne sont pas très riches ou qui ne le sont pas encore». À titre de comparaison, commente Bertrand Girard, les exportations de vins californiens totalisent ... 2 milliards de dollars.

 

Le modèle cale

 

Il estime que c'est une erreur «majeure» de ne pas se concentrer sur ce segment de vins qui s'articule autour d'habitudes de consommation «détendues, amicales, agréables et partageables». "Mettre l'accent sur le modèle" think French "" devrait être une priorité pour "le tiers le plus faible de la pyramide dans certaines régions viticoles", a-t-il déclaré. Il estime que cette ambition est à portée de main si les efforts sont orientés vers un marketing de qualité axé sur le consommateur: «Il est possible de développer un modèle générant de la valeur pour tous, avec un bon contrôle et une transparence tout au long de la chaîne de valeur, si et seulement si les dogmes et les peurs égocentriques ou les incapacités de certains dirigeants évoluent pour laisser la place à un système simple ».

 

Bertrand Girard: «Il est possible de développer pour tous un modèle générateur de valeur, avec un contrôle et une transparence adéquats tout au long de la chaîne de valeur».

 

Comme je suis poli « Meilleurs vœux Bertrand Girard, que 2019 soit pour vous une belle année où les 100 fleurs de vos projets vont enfin éclore… »

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1 janvier 2019 2 01 /01 /janvier /2019 06:00
Les années en 9 sont-elles dangereuses ?

Je ne suis pas superstitieux, lorsque je portais le maillot de la Vaillante mothaise j’avais le n°13, je passe sous les échelles, les chats noirs me laissent de marbre.

 

Nous quittons une année en 8, de celles où je change de décennie depuis 1948, elles me parlent et certaines ont marqué le siècle :

 

1958 de Gaulle et la Constitution de la Ve République

 

1968 le mois de mai

 

1978 je tombe dans le vin de table

 

1988 je me coltine la direction d’un cabinet ministériel

 

1998 je suis en chemin pour écrire mon rapport

 

Dans le nouveau siècle 2018 s’est caractérisée par une fréquentation assidue du lit.

 

Et voilà une année en 9 qui naît sous de mauvais auspices, je me souviens soudain de 1929, la crise, et de 1939, la guerre, d’abord drôle puis dramatique.

 

Alors je me dis, vas donc sur la Toile pour voir.

 

Et que vois-je ?

 

Que lis-je ?

 

De la Seconde Guerre Mondiale à la chute du Mur de Berlin, les années en 9 ont été décisives.

Charlotte Pudlowski — 31 décembre 2009 à 0h00 — mis à jour le 31 décembre 2009 

 

1929, année fertile: naissance de Sergio Leone, Martin Luther King, Jacques Brel, Audrey Hepburn, Grace Kelly. Et Edouard Balladur (seul encore en vie de la liste...)

 

Ah oui, et puis bien sûr, la crise. La première du siècle. La grande dont tout le monde parle depuis que la première de ce siècle a débuté. Celle qui, en quelques mois, ravage les États-Unis, se propage en Europe, accouche des Raisins de la Colère, et un peu du fascisme en Europe. Dans un pays où l'optimisme régnait, les villes sont soudain parcourues par des familles errantes: plus de travail, plus de toit, plus d'argent. Chacun cherche la rue au coin de laquelle la prospérité est censée se trouver. Sans la trouver.

 

C'est l'interprétation de cette crise qui débouchera sur les accords de Bretton-Woods, qui pendant des décennies régiront le système financier mondial, fonderont le FMI et la Banque mondiale.

 

C'est cette même crise qui contribuera à nourrir la volonté renouvelée de forger l'Union européenne. Plus seulement l'idée d'Europe napoléonienne, «l'esprit européen», mais bien une union forte qui permettrait de s'unir à l'avenir, face à de nouvelles crises éventuelles.

 

Sans compter que 1929 a compté pour les pays colonisés, fournissant aux mouvements indépendantistes une justification supplémentaire: puisque le modèle des colonisateurs échouait, quelle suprématie avaient-ils ?

 

1939. C'est probablement la date que tous les écoliers retiendraient s'il ne devait en rester qu'une. 1939 et son pendant : 1945. Ce n'est pas là que tout commence, puisqu'Hitler a pris place en 33, que les déclarations antisémites se sont déjà faites entendre, que déjà les accords nauséabonds de Munich, signés en 38 étaient de mauvais augure. Mais en 1939 tout devient réel.

 

Tout devient réel le premier jour de septembre, lorsqu’en dépit du pacte de non-agression de la Pologne, les troupes allemandes envahissent le pays. Tout devient réel à 4h45 du matin, à l'issue d'intenses bombardements, lorsque la Wehrmacht enfonce les défenses polonaises jusque dans les plaines centrales. Alors l'Angleterre, qui jusqu'au dernier moment avait espéré un compromis, une paix fragile, se résout à déclarer la guerre: c'est le 3 septembre, et la France la suite de quelques heures. On connaît la suite.

 

En marquant le début de la Seconde Guerre mondiale, et pour ce que fut cette guerre (une série de crimes contre l'humanité), 1939 suffirait à être la date la plus importante du siècle. Mais cette guerre fut aussi ce qui forgea les équilibres économiques, et politiques des cinquante années à suivre, de la suprématie des Etats-Unis à la volonté d'indépendance réaffirmée de tous les pays vivant sous le joug des puissants.

 

Pour les autres années en 9 c’est ICI

 

Alors que conclure de ce retour en arrière ?

 

Rien !

 

Simplement je me dis que former des vœux en ce début d’année 2019 c’est prendre la position du sociologue, engeance très active ces derniers jours, ne pas confondre avec la position du missionnaire, et courir le risque d’être contredit par les faits, la réalité quoi. Mieux vaut faire comme nos sociologues en chambre, attendre et voir pour mieux se ruer, accoucher de savantes analyses a posteriori.

 

Allez, bonne année 2019 quand même !

 

 

 

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27 décembre 2018 4 27 /12 /décembre /2018 06:30
Fondation Louis Vuitton exposition consacrée à Egon Schiele (1890-1918)

Fondation Louis Vuitton exposition consacrée à Egon Schiele (1890-1918)

ADC : Que pensez-vous de la vogue des vins dits « nature » ?

 

  • Ça n’existe pas ! La nature ne fait pas du vin, mais du vinaigre : le vin est une invention de l’homme. Le vin nature est une offense à l’esthétique, une offense au terroir, car le vin nature exprime rarement le terroir. Sans parler des défauts : oxydation, reprise de fermentation, autolyse des levures… Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le vin qui désoiffe mais celui qui inspire.

 

« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés »

 

C’est la cinquième demande du Notre Père que j’ai si souvent rabâché, débité à toute blinde comme on se débarrasse d’une corvée.

 

« Demander le pardon, écrivait Sainte Thérèse d’Avila, c’est reconnaître notre faiblesse, notre péché, nos résistances à l’accueil de l’amour de Dieu, et ainsi nous ouvrir à la grâce. »

 

Je n’ironiserai pas sur le sens de l’esthétique de nos winemakers goulus, ces stakhanovistes de l’extraction, ces mondialistes de vins sans âme, formatés, tripatouillés, maquillés, la quintessence du faux luxe pour les nouveaux riches, les oligarques.

 

C’est la culture Louis Vuitton !

 

Quand à ce pauvre terroir, invoqué, jamais défini, leurre absolu, il est bien plus offensé par tout ce qu’on y balance, avec la complicité des consultants indifférents, depuis des décennies que par l’érection des vins dit nature.

 

Cette charge outrancière, bien plus aigre que ce fameux vinaigre si souvent invoqué par ces pharisiens des chais, c’est le marketing du buzz.

 

Posture, imposture, les plus ardents défenseurs de l’art officiel, celui des grands vins à la mode winemakers, même lorsqu’ils se disent rock-and-roll, ex-mauvais garçon, on peut aimer Tom Waits tout en n’étant guère borderline, ne sont que la queue de comète d’une société d’hyperconsommation où la distinction se mesure à l’épaisseur de son compte en banque.

 

Faut assumer les mecs !

 

115 domaines en France et 19 à l’étranger, des États-Unis à la Syrie, c’est du taylorisme moderne.

 

Votre suffisance est un vrai signe de faiblesse.

 

Remettez votre nez dans vos éprouvettes et laissez-nous le soin d’exprimer nos goûts qui, ne vous en déplaise, sont tout aussi respectables que les vôtres.

 

Vos vins ne m’inspirent pas, sans doute suis-je trop peu cultivé, je n’ai pas fait la LPV, je préfère les vins du défunt Henry-Frédéric Roch à vos vins sans âme, fruit de calculs, photoshopés,  je ne vois pas au nom de quoi vous vous érigez en juge des élégances.

 

Vous l’êtes, si peu, élégants.

 

La nature ne fait rien, même pas du vin, ni du vinaigre d'ailleurs, c’est la main de l’homme qui fait, alors de grâce à l’image de ces confesseurs impérieux listant nos fautes, cessez de nous emmerder avec celle des prétendus défauts des vins nature, bien sûr qu’il y a des vins nature imbuvables mais que dire des vins de faux-luxe assis sur une masse à 2 balles qui peuple les rayons de la GD ?

 

Rien, les œnologues et les marchands de poudre de perlin pinpin, alliés aux marqueteurs, ont  habillé le vin populaire avec les fringues des bourgeois, certains winemakers y posent leurs signatures pour quelques euros de plus.

 

Les affaires sont les affaires, je n’ai rien contre, bien au contraire, mais de grâce ne venez pas du haut de votre chaire nous donner des leçons d’œnologie.

 

On s’en branle de votre tambouille mais n’affirmez pas que vous n’en fassiez pas !

 

Sur votre lisse tout glisse, morne plaine, ennui, vous tentez de nous faire accroire que vous sculptez des vins alors que vous ne faites que des décalcomanies.

 

Comme le Père Noël le vin nature n’existe pas mais, même si ça vous énerve, il est bien présent, se vend, s’exporte, prend place sur des belles tables, fait découvrir le vin à des néo-consommateurs, joie et bonne humeur dans les bars à vin, tout le contraire des airs compassés de vos master-class.

 

Que « Tu parles Charles… » ne vienne pas ramener sa fraise pour me taxer d’aigreur, je ne fais que répondre, avec mesure, à un propos outrancier.

 

Et puis, cerise sur le gâteau, voilà t’y pas que les récupérateurs de tendance, le Grand Gégé en tête, se ruent, comme la vérole sur le bas-clergé, sur la dénomination nature pour fourguer leur jaja de GD.

 

Reste le péché mortel, l’horreur absolue, celui qui te jette dans la géhenne, les affres des feux de l’enfer, mais qui, d’un petit coup de machine à laver plus blanc que blanc, la confession, un acte de contrition, 2 pater et un ave, te remet sur pied, te redonne ta virginité.

 

Il en est ainsi de nos winemakers en transit dans les hubs d’aéroport, c’est leur storytelling, ils sont les rebouteux modernes, ceux par qui les vins bancals remarchent, les vins malades guérissent, les vins mal foutus se refont une beauté pour défiler sur les podiums.

 

C’est un métier, pas un sacerdoce, alors merci de cesser de nous faire la morale. Allons, allons, les gars, y'a pas de filles ou peu,  si le génie se nichait dans la technique ça se saurait depuis le temps.

 

En buvant ce je bois je n’offense ni l’esthétique, ni le terroir, je bois, je me donne du plaisir, je partage, je n’ai à implorer aucun pardon pour mes fautes de goût auprès des gardiens du temple, qui ne sont d’ailleurs que des marchands du temple, je suis un vieil homme indigne vos boulevards ne sont pas les miens, je préfère les chemins de traverse, la nature quoi !

 

 

 
Tom Waits !
 
Une gueule d'enfer, sombre, une dégaine de bagnard sorti du film de Jim Jarmuch Dawn by Law, un déglingué distingué, une voix de gorge, shaker de Rock et de Blues,  remplie d'effluve d'alcool et de tabac Jockey full Bourbon, un déjanté radical, un iconoclaste drôle, un décalé tout droit sorti des Bas-fonds de Chicago, un mec qui chante pour les paumés et les égarés de la vie...
 
 
Waits possède une voix reconnaissable entre tous, décrite un jour par le critique Daniel Durchholz  comme trempée dans un fut de Bourbon séchée et fumée pendant quelques mois, puis sortie et renversée par une voiture. Encore un grand Monsieur du Rock !
 
 

C'est également un grand acteur qui a joué dans Short Cuts deRobert AltmanDracula de Francis Ford CoppolaCoffee and Cigarettes, Down by Law de Jim Jarmush dont il a écrit la bande son qui est une petite merveille  

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26 décembre 2018 3 26 /12 /décembre /2018 06:00
Le repas de Noël en famille : ma brioche et gaufre perdues, crème anglaise, glace vanille de Tahiti, crème de marrons de l’Ardèche, chantilly…

Avec mon ami Julien Boscus, jeune et prometteur chef étoilé, nous discutions souvent à propos de ses fournisseurs, qui souvent étaient les miens. Comme en toute chose, tout commence à l’origine – ne riez pas, c’est ainsi – le cep pour le vin, le maraîcher, l’éleveur, le pêcheur, le poissonnier, le boucher, l’épicier… pour les mets.

 

Bien acheter est la condition nécessaire, et non suffisante, pour gratifier ses invités d’une cuisine goûteuse.

 

1ière étape : bâtir son menu en fonction de la saison, de ses invités, de l’étroitesse de sa cuisine.

 

  • Une entrée avec des noix de Saint Jacques sur salades variées.

 

  • Le plat principal : des filets de sole et des rougets barbet

 

  • Un risotto de la mer

 

  • Plateau de fromages

 

  • Pour le dessert je ne sais pas encore mais pas de bûche.

 

2ième étape : passer à l’achat  

 

  • À terroirs d’avenir : les salades, des fruits, des olives, les fromages.

 

  • Chez le poissonnier de la rue Daguerre : les noix de Saint Jacques, des grosses langoustines, des moules, des filets de sole et de rouget barbet.

 

  • Chemin faisant je repense à ma chronique sur le pain perdu : et si je faisais un dessert à base de brioche perdue et de gaufre perdue ? Je phosphore : achat de brioche tranchée et de gaufres.

 

  • À l’épicerie achat de lait frais bio, de crème fleurette, d’œufs, de cassonade…

 

3ième étape : essai de mon dessert de brioche et de gaufres perdues.

 

  • L’avant-veille j’expérimente mon pain perdu à la cassonade, essai concluant.

 

  • Je décide d’ajouter des boules de glaces ; je brasse donc une glace à la vanille de Tahiti et une glace à la crème de marrons de l’Ardèche Faugier.

 

  • J’ajouterai un fond de crème anglaise et un pschitt de crème Chantilly.

 

4ième étape : préparation la veille

 

  • Cuisson des noix de Saint Jacques, des langoustines, des moules dans un bouillon herbes et cédrat.

 

  • Noix et queues de langoustines au frais.

 

  • Constitution du bouillon avec les jus de cuisson pour faire le risotto. (au frais)

 

  • Cuisson des cubes de carottes et des petits pois pour le risotto. (au frais)

 

5ième étape : le matin du repas préparation

 

  • Confection des tranches de brioche et gaufre perdue (mise au chaud dans mon four à chaleur tournante 50°)

 

 

  • Confection des roulades de filets de sole en vue de leur cuisson à la vapeur juste avant service (au frais) puis cuisson au beurre salé des filets de rougets sur peau à la poêle (mise au chaud au four 50°)

 

  • Préparation des feuilles de salade pour l’entrée et mise en assiette (au frais)

 

  • Persil et ciboulette taillés.

 

  • Riz carnaroli pesé.

 

 

6ième étape : le repas

 

  • Assaisonnement de la salade : citron et huile d’olive

 

  • Lancement de la cuisson du risotto

 

  • C’est parti : disposer les noix de Saint Jacques et les queues de langoustines dans les assiettes de salade, saler, poivrer, herbes et filet d’huile d’olive. Service.

 

  • Lancer la cuisson des filets de sole vapeur.

 

  • Mise en place d’un nouveau jeu d’assiettes pour accueillir les filets, assaisonnement, filet d’huile d’olive. Service.

 

  • Le risotto en petites soupières.

 

  • Le plateau de fromages est prêt : camembert Champ Secret, bleu d’Auvergne, Ossau Iraty, Tomme des Bauges et bûche de brebis des Aldudes, Comté accompagnés de miel en bûche toutes fleurs.

 

 

 

  • Le dessert : mise en assiette des tranches de brioche et de gaufre perdue sur fond de crème anglaise, deux boules de glace et chantilly. Service.

 

​​​​​​

 

  • Café

 

Mes deux petites filles avaient un menu spécial, du saumon sauvage pommes dauphines, elles qui selon leur mère ont des appétits d’oiseaux, deux parts et dessert.

 

C’était bon, la présentation acceptable, j’avais prévu très large et je n’ai eu aucun reste.

 

Nous avons débuté par un champagne Suisse-Laval à l’apéritif qui a accompagné le repas avec un Myosotis arvensis 2014 de Claire Naudin Bourgogne Hautes-Côtes de Nuits.

 

 

Je n’avais pas prévu d’écrire cette chronique donc je n’ai pas pris de photos, faute de temps aussi, mais je me dis en conclusion que si on m’avait viré, suite à mon rapport, j’aurais ouvert un bouiboui, travaillé de mes mains. « Y’a pas de sots métiers, rien que des gens qui ne savent que se plaindre… »

 

 

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24 décembre 2018 1 24 /12 /décembre /2018 06:00
Mon tweet de la nuit de Noël

Je déteste les réveillons.

 

J’aime les ânes.

 

Doux et tendre, serein et courtois, organisé et montrant avec ses congénères un sens certain de la convivialité, l'âne est aussi intelligent.

 

J’ai conduit pendant une semaine une ânesse sur le sentier Stevenson dans les Cévennes, elle s’appelait Sarriette. J’étais bien triste lorsque j’ai dû la quitter.

 

 

L’âne n’est pas têtu parce qu'il n'avance plus ou lent parce qu'il est hésitant, son comportement traduit en réalité prudence, attention et circonspection. Sarriette allait à son pas, posant avec précaution ses petits sabots pour nous guider sur des sentiers escarpés, une fin de journée alors que fourbus nous avions hâte de fondre dans le village de la vallée où nous devions faire halte, elle refusa de tirer au droit, et elle avait raison car la prairie était une tourbière, je lui laissai l’initiative, et en des bonds gracieux, elle nous guida à pieds-sec.

 

Intelligence, prudence et personnalité font de l'âne un insoumis, un vrai. Il fait ce qu'on lui demande parce qu'il le veut bien, pour le plaisir de partager, il s'intéresse à ce qu'il fait, il est attentif et prudent, pour lui-même et aussi pour nous.

 

 

Buffon

 

« Pourquoi tant de mépris pour cet animal si bon, si patient, si utile ? Les hommes mépriseraient-ils jusque dans les animaux ceux qui les servent trop bien et à peu de frais ? ...

 

Si l’âne n’avait pas un grand fonds de bonnes qualités, il les perdrait en effet par la manière dont on le traite : il est le jouet, le plastron des rustres, qui le conduisent le bâton à la main, qui le frappent, le surchargent, l’excèdent sans précautions, sans ménagement. On ne fait pas attention que l’âne serait par lui-même, et pour nous, le premier, le plus beau, le mieux fait, le plus distingué des animaux, si dans le monde il n’y avait pas le cheval. Il est le second au lieu d’être le premier et par cela il semble n’être plus rien. C’est la comparaison qui le dégrade : on le regarde, on le juge, non pas en lui-même, mais relativement au cheval ; on oublie qu’il est âne, qu’il a toutes les qualités de sa nature, tous les dons attachés à son espèce ; et on ne pense qu’à la figure et aux qualités du cheval, qui lui manquent, et qu’il ne doit avoir. »

 

Je n’ai jamais cru au Père Noël pour une bonne et simple raison c’est qu’à la maison il était interdit de séjour, nous devions croire au Petit Jésus.

 

Bien sûr, il y avait une crèche à la maison comme dans l’église mais comme j’étais, sous mes airs de petit saint, un apprenti mécréant, je le trouvais un peu cucu la praline le Petit Jésus, rose bonbon, sourire de ravi, alors mon favori c’était l’âne.

 

Dans la crèche familiale, dans le creux de la grotte, formée de papier rocher modelé dans une caisse de carton, je plaçait l’âne, le nôtre comme le bœuf était en position couché, du côté de Saint Joseph car ce pauvre charpentier jouait les utilités, une fois passé les rois mages et la fuite en Egypte, à la trappe le Joseph alors que la Marie y’en a ensuite que pour elle, même une montée au ciel sans ascenseur et des retours inopinés comme à Massabielle devant Bernadette Soubirous.

 

Selon le Protévangile de Jacques, récit qui relate notamment l’enfance de Jésus écrit au IIe siècle, Marie a fait le voyage entre Nazareth et Bethléem sur un âne. Un âne gris commun, qui symbolise la loyauté dans l’Ancien Testament, «fidèle à son maître, alors que le peuple de Dieu ne l’est pas». On prête aussi à cette bête de somme les qualités de douceur, de patience et d’humilité. «La paix aussi, car il s’agit de la monture des patriarches Abraham, Isaac et Jacob», ajoute François-Xavier Nève. Et c’est ce même âne qui aurait permis à la Sainte Famille de fuir la persécution d’Hérode pour rallier l’Egypte, et sur le dos duquel Jésus entra dans Jérusalem le jour des Rameaux. 

 

Bref, ce soir, vu l’ambiance qui règne dans notre vieux pays, j’irai me coucher de bonne heure et je plongerai dans mes rêves d’enfant.

 

Je tweeterai.

 

Heureux d'être ce soir l'âne dans la crèche à Bethléem, ça me va comme un gant, la paille, la paix sur la Terre les étoiles retrouver un cœur d'enfant #Palestine #Noel #Israël #paix #amour #Beauté #fraternité #liberté

 

Les élus qui récupèrent la crèche en la plaçant dans leurs mairies sont minables récupérateurs…

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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 06:00
ÉPLUCHURES

Ce n’est rien qu’un petit texte griffonné au début des années 90, le temps des grands plans sociaux, les charrettes de pré-retraités, le début de la fin de la sidérurgie, la liquidation de l’industrie textile, le Nord des Corons, l’Est des tristes vallées peuplées de filatures… 30 ans de déclin de la classe ouvrière… Et l’on s’étonne, on fait semblant de découvrir l’ampleur des dégâts, on tape à tour de bras sur l’État, il faut, y’a ka…

 

Sur la toile cirée y’a des rogatons

L’éponge lèche ses fleurs fanées

Les yeux de mes chiares

Puits sans fond

Bouffent ce qui me reste d’espoir.

 

J’suis un dégraissé

Épluchure

Entre quatre murs

De mon clapier

Bloc 4 escalier D

Au haut de la barre

Grise.

 

Depuis que j’suis petit

J’sais que bosser

Comme un âne bâté

Cul sur ma chaise

Devant mon café

J’suis mal à l’aise

De plus rien branler.

 

Les gens d’en haut

Y m’ont mis sur la liste

Comme un de trop

J’prends le chemin

D’être érémiste

Comme un de rien.

 

Tien y’a le Lucien

Qui fait pisser son chien

Et ma Lucette

Qui part bosser

Sans un baiser

J’sais pas pleurer

Alors j’fais rien.

 

J’pue plus

L’huile de vidange

J’cocotte l’ennui

Et là t’as pas de rechange

Ça te colle jour et nuit.

 

Ils en ont rien à traire

Les types d’en haut

Y font leur sale boulot

En pondant un plan

Où ton nom propre

Chiure de mouche

Rimera avec licencié.

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