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7 janvier 2007 7 07 /01 /janvier /2007 00:04

Pendant que je pataugeais avec Marie dans le bonheur, le 25 mai, rue de Grenelle Pompidou veut reprendre la main, être de nouveau le maître du jeu. Il joue son va-tout. L'important pour lui c'est de lâcher du lest sur les salaires pour neutraliser la CGT de Séguy. Le falot Huvelin, patron d'un CNPF aux ordres suivra en geignant. Les progressistes de la CFDT, bardés de dossiers, assistent à un marchandage de foirail. Comme un maquignon sur le marché de St Flour, baissant les paupières sous ses broussailleux sourcils, tirant sur sa cigarette, roublard, tendu vers l'immédiat, le Premier Ministre ferraille, main sur le coeur en appelle à la raison, pour lâcher en quelques heures sur tout ce qui avait été vainement demandé depuis des mois, le SMIG et l'ensemble des salaires. Le lundi, chez Renault, à Billancourt, Frachon et Séguy, se feront huer. Chez Citroën, Berliet, à Rodhiaceta, à Sud-Aviation et dans d'autres entreprises, même hostilité, même insatisfaction. Le "cinéma" des responsables de l'appareil cégétistes à Billancourt n'a pas d'autre but que de blanchir les négociateurs, de mettre en scène le désaveu de la base.


La semaine qui s'ouvre est décisive. Pompidou sur la pente savonneuse, la célèbre "voix" jusque-là infaillible semble douter après le bide de sa proposition de référendum, Mendès le chouchou de l'intelligenstia, qui le considère comme l'homme providentiel, consulte, mais comme d'habitude attend qu'on vienne le chercher. Le 28 mai sous les ors de l'hôtel Continental Mitterrand, avec sa FGDS, se pose en recours. Tous les camps s'intoxiquent. Le vrai s'entremêle au faux. On parle de mouvement de troupes au large de Paris. La frange barbouzarde des gaullistes mobilise. On affirme que les membres du SAC ont déballé dans leur repaire de la rue de Solférino des armes toutes neuves. Le Ministère de l'Intérieur révèle la découverte de dépôts d'armes dans la région lyonnaise, à Nantes, dans la région parisienne, ce qui ajoute du piment à une situation déjà quasi-insurrectionnelle. Ce qui est vrai, c'est que depuis plusieurs jours certains membres de la majorité ne couchent plus chez eux. Avec Marie nous décidons de nous joindre au cortège qui se rend à Charléty.


Dans la foule : Mendès-France. Le PC et la CGT ont refusé leur soutien. Dès la mise en place du cortège, au carrefour des Gobelins, il est évident pour les organisateurs que la manifestation rencontre un vrai succès populaire. Des drapeaux rouges et noirs flottent au-dessus de la foule. Le service d'ordre de l'UNEF nous encadre. A Charléty, nous nous installons dans les gradins. "Séguy démission". André Barjonet, en rupture de ban avec la centrale lance " La révolution est possible." Geismar annonce qu'il va donner sa démission du SNESUP pour se consacrer à ses tâches politiques. Pierre Mendès-France n'a pas pris la parole. Aux accents de l'Internationale nous quittons calmement le stade. La manif est un succès mais elle nous laisse sur notre faim. Le mouvement est frappé d'impuissance et ce n'est pas la prestation de Mitterrand le lendemain qui va nous ouvrir des perspectives. A sa conférence de presse, l'un des nôtres, lui a demandé s'il trouvait " exaltante la perspective de remplacer une équipe qui n'a plus d'autorité depuis dix jours, par une équipe qui n'a plus d'autorité depuis dix ans..." Le député de la Nièvre, pincé, répliquera " je me réserve de vous montrer que vous avez peut-être parlé bien tôt et avec quelque injustice..." La suite allait prouvé que le vieux matou avait vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué.  

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