Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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René Massuyeau : le second joueur debout à partir de la gauche en regardant la photo
Cette chronique ne va intéresser pas grand monde mais étant le seul maître à bord je la publie. Dans la nuit de mercredi à jeudi, un nom s’est inséré dans ma mémoire : René Massuyeau, et il ne m’a pas quitté.
La Vaillante Mothaise des années 50 ICI , la mienne c'était les années 60
Le fondateur, René Denis
À ce dernier, le club doit toutes ses fondations : René Denis le pharmacien, installé au bout de l'avenue Napoléon-Bonaparte dès 1947, dirigeant de la première heure du basket mothais, entraîneur, joueur au centre ou à l'avant, « il sera l'homme fort jusqu'à la fin des années 1980. Les équipes masculines évolueront en Ligue Poitou, puis Atlantique », commente Jérôme. Aujourd'hui disparu, on se souvient de sa haute silhouette pointant à un mètre 92, un dévouement infatigable à son club, toujours défiant l'impossible, « il allait chercher les jeunes devant la pharmacie pour les recruter ! », sourit Jacques Bernard.
René était grand, 1m95, un peu gauche, gentil, ses parents habitaient dans une impasse près du magasin du cordonnier, dont j’ai oublié le nom. Il était un peu plus jeune que moi, je jouais au basket à la Vaillante Mothaise, club de patronage – c’est-à-dire des curés – nous ne nous étions pas croisés à l’école car lui fréquentait l’école laïque. Bien évidemment, eu égard à sa haute taille, je me mis en quête de le faire jouer au basket, ce qu’il accepta. Nous passâmes de longs moments sous les panneaux pour qu’il assimile les rudiments du dribble, pas simple pour un grand, et surtout le positionnement dans la raquette, aussi bien en défense qu’en attaque, le rôle du pivot. Bref, mes souvenirs restent flous pour la suite de la carrière de René, je crois que par l’entremise du père Denis le pharmacien qui présidait le club, il fut envoyé en stage et entama une carrière de basketteur, il joua je crois à l’étendard de Brest puis, tout naturellement rejoignis le grand club vendéen : l’ESM Challans.
Ses différents noms
1936-1987 : Étoile sportive du Marais Basket Challans (ESM Challans)
1987-1988 : Challans Basket Club Vendée (Challans BCV)
« Depuis 1963, Challans a écrit de belles pages du basket. Moi qui ne suis pas Challandais, ni même Vendéen, je suis admiratif de ce club complètement atypique dans l'horizon hexagonal. Avec ses plongées vertigineuses, ses montées au courage, son public extraordinaire, ce club a su devenir une place forte du basket. Ce n'est pas seulement moi qui le dis, mais Gérard Bosc, un orfèvre en la matière. A partir des articles de journaux de ces cinquante ans que j'ai réécrits, j'ai recollé dans le détail cette aventure hors du commun. J'ai découvert la vie de ce basket et, loin de vouloir rallumer la querelle des Anciens et des Modernes ou de cultiver pour elle-même la nostalgie, je souhaite faire partager cela avec ceux qui le veulent. Rien de plus. A l'occasion de quelques affiches (Monaco, Bordeaux et d'autres encore) je raviverai le souvenir de ceux qui l'auront vécu et ferai connaître à ceux qui en ont envie ces instantanés qui font l'écume du jour d'un club de basket. Liront ceux qui les souhaitent et pour ceux qui s'en branlent, eh bien ils ne le feront pas. Ce n'est pas grave du tout. Il y a de la place pour que tout le monde puisse trouver son compte. »
Aujourd’hui, si Dieu lui a prêté vie, René devrait être septuagénaire, je l’espère…
Oui ce matin je me souviens de l’AS Denain-Voltaire
Du mythique Jean Degros
C’était au temps où à la Vaillante Mothaise je jouais au basket-ball
« Au nord c'était les corons
La terre c'était le charbon
Le ciel c'était l'horizon
Les hommes des mineurs de fond »
Hier au Palais Bourbon c’était une autre chanson
Basket-ball. N1M : Challans doit enchaîner à Angers pour continuer de se rassurer ICI
Après un beau succès à Tarbes, et la fin d’une série de trois défaites, le VCB veut continuer à regarder vers le haut en signant un sixième succès cette saison lors de son déplacement à Angers, mardi 9 février (20 h).
Ma chronique du 4 juillet 2010 ICI du commençait ainsi « Il est né, le 17 décembre 1931, à Colombières-sur-Orb dans l’Hérault, dans une famille de viticulteurs, tout ce que touche Jean-Claude Carrière : littérature, cinéma, théâtre, se transforme en « trésor ».
Il est mort lundi 8 février, à l’âge de 89 ans.
Jean-Claude Carrière en 2014 PHILIPPE MATSAS OPALE / LEEMAGE
Jean-Claude Carrière, scénariste et écrivain, est mort à l’âge de 89 ans
Le grand complice de Luis Buñuel a mis sa plume féconde au service des plus grands réalisateurs et metteurs en scène. Ce conteur né, passionné par les religions, est mort lundi 8 février.
Il se définissait comme un « encyclopédiste au temps des frères Lumière ». Le scénariste, dramaturge et écrivain Jean-Claude Carrière est mort lundi 8 février à l’âge de 89 ans, a annoncé sa famille à l’Agence France-Presse (AFP).
Né le 17 septembre 1931 à Colombières-sur-Orb dans l’Hérault, dans une famille de viticulteurs habitant une ferme sans eau courante, un milieu sans livres et sans images (il a raconté son enfance dans Le Vin bourru, Plon 2000), ce futur Arcimboldo des bibliothèques, d’instinct touche-à-tout du savoir, parle occitan jusqu’à 13 ans. Puis ses parents prennent la gérance d’un café à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), tandis que, boursier, il poursuit des études au lycée Voltaire, puis au lycée Lakanal de Sceaux (Hauts-de-Seine),, et à l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, d’où il sort titulaire de maîtrises de lettres et d’histoire.
Conteur né, pédagogue surdoué, passeur éclectique, Jean-Claude Carrière aura passé sa vie à rencontrer, explorer, communiquer, partager, rendre ce qu’il a reçu, griot des temps modernes mi-enchanteur mi-iconoclaste doté d’un sens inné de la clarté, voué à « pouvoir tout dire à tout le monde ».
Sollicité pour se présenter à l’Académie française, et dans d’autres glorieuses institutions, il a toujours décliné ces invitations, fidèle à son refus de ce type de notoriété.
Vivre de sa plume
Le rire fut l’une des boussoles de cet homme qui refoulait l’esprit de sérieux et ne voulait « rien de pontifiant ». Après avoir publié un premier roman en 1957, Lézard (l’histoire d’un fainéant), ainsi que quelques romans d’épouvante sous le pseudonyme de Benoît Becker, il fait la connaissance de Jacques Tati, pour lequel il doit écrire une novélisation des Vacances de Monsieur Hulot, puis de Mon oncle.
Griot des temps modernes mi-enchanteur, mi-iconoclaste, il est doté d’un sens inné de la clarté, voué à « pouvoir tout dire à tout le monde »
Devenu acolyte de Pierre Etaix, il cosigne le scénario de ses films, du Soupirant (1963) au Grand Amour (1969), complice de l’ex-assistant de Tati au point de faire le perchman, l’accessoiriste… Auteur de sketchs pour la télévision, plume et histrion des chansonniers Jacques Grello et Robert Rocca, et auteur du commentaire d’un documentaire sur le biologiste Jean Rostand et la vie sexuelle des animaux (Le Bestiaire d’amour, de Gérald Calderon, 1963), il a décidé de vivre de sa plume.
Le surréalisme est son dada. L’une de ses grandes complicités aura été celle qu’il entretint avec Luis Buñuel, qui cherchait un scénariste pour adapter Le Journal d’une femme de chambre, d’après Octave Mirbeau (1964). Les deux hommes ne se sépareront plus, jusqu’à Cet Obscur objet du désir (1977), cultivant dix-neuf ans une complicité d’irrévérences, amoureux des blagues, des délires de l’imaginaire, de l’irruption de l’irrationnel, de l’irrévérence et des récits bousculant la dramaturgie traditionnelle.
Très courtisé
Signant des scripts pour Louis Malle (Viva Maria en1965, Milou en mai en 1990), Jacques Deray (La Piscine en 1969, Un homme est mort en 1972), Jean-Claude Carrière devient un scénariste très courtisé.
Levé très tôt après sept heures de sommeil, il travaille le matin, écrivant debout sur une écritoire, à la main, comme un scribe ; lorsqu’il lit son travail à ses commanditaires, il joue tous les rôles, sans doute attiré par le métier d’acteur, qu’il pratiqua très épisodiquement, dans de brèves figurations ou lorsqu’il interprète lui-même le personnage principal de L’Alliance, de Christian de Chalonge, d’après son propre roman, la production manquant d’argent pour se payer un acteur connu (1971). Ou s’illustrant dans un long plan de six minutes dans Copie conforme, d’Abbas Kiarostami (2010).
Depuis qu’il avait découvert le théâtre à 16 ans, s’était abonné à la Comédie-Française et au Théâtre Marigny dirigé par Jean-Louis Barrault, Jean-Claude Carrière est un passionné des planches. Il écrit des pièces, parfois hantées par l’absurde, de L’Aide-mémoire joué par Delphine Seyrig en 1968 (énorme succès), à L’Audition en 2010, en passant par La Controverse de Valladolid en 1999, évocation d’un procès du XVIe siècle, opposant un moine dominicain (Las Casas) et un philosophe (Sepulveda) sur la façon de considérer (ou pas) les Indiens d’Amérique comme une race inférieure à coloniser.
Sans oublier ses adaptations, celle d’Harold et Maude, de Colin Higgins, qui sera jouée tour à tour par Madeleine Renaud, Denise Grey et Danielle Darrieux, ni toutes celles qu’il signa pour Peter Brook durant vingt-cinq ans, dont Timon d’Athènes, de Shakespeare (1974), La Conférence des oiseaux, du Persan Farid Al-Din Attar (1978), La Tragédie de Carmen, d’après Mérimée et Bizet (1983) et Le Mahabharata, longue fresque épique tirée de la mythologie hindoue (« La plus haute montagne que j’aie jamais gravie, pleine de merveilles, de découragements et de pièges »). Un travail de titan, qui fut décliné aussi en film.
Une fascination pour les religions, et surtout pour le bouddhisme, conduit cet athée à signer un livre d’entretiens pointus avec le dalaï-lama (La Force du bouddhisme, éd. Robert Laffont, 1994).
C’est dans le cinéma que sa plume fut la plus féconde
Tout Jean-Claude Carrière est dans cette fausse désinvolture avec laquelle il aborde tant de disciplines, sans avoir l’air d’y toucher mais en prouvant sa compétence, comme lorsque à l’époque où il passait son bac, il militait dans un ciné-club universitaire en tant que « délégué à la propagande » (c’est-à-dire en distribuant des tracts boulevard Saint-Michel). Carrière fit toute sa vie de la propagande éclairée.
Il dessine – son Dictionnaire amoureux de l’Inde est illustré par ses propres croquis (Plon, 2001) –, il affiche des passions impures (le bizarre, l’érotisme, la recension des perles de la bêtise et des « petits mots inconvenants »), il écrit des chansons (pour des films, pour Delphine Seyrig, pour Juliette Gréco, Brigitte Bardot, Jeanne Moreau, Hanna Schygulla), il décortique Einstein, interroge deux astrophysiciens sur la relativité, la mécanique quantique et les quarks (Conversations sur l’invisible, avec Jean Audouze et Michel Cassé, Belfont, 1988), il philosophe sur la mort (La Vallée du néant, éd. Odile Jacob, 2018).
Forman, Godard, Haneke…
Mais c’est dans le cinéma que sa plume fut la plus féconde. La liste des cinéastes pour lesquels il a écrit est impressionnante. Outre les susnommés, on y trouve Milos Forman (Taking off, 1971), Marco Ferreri (Liza, 1972), Jean-Luc Godard (Sauve qui peut (la vie), 1980, et Passion, 1982), Carlos Saura (Antonieta, 1982), Nagisa Oshima (Max mon amour, 1985), Michael Haneke (Le Ruban blanc, 2009).
Pour illustrer son goût de l’histoire, citons Le Retour de Martin Guerre, de Daniel Vigne (1982), Danton, d’Andrzej Wajda (1983), Les Fantômes de Goya, de Milos Forman (2007). Pour illustrer son goût de la littérature, des adaptations en nombre :Belle de jour, d’après Joseph Kessel (Buñuel, 1967), La Chair de l’orchidée, d’après J. H. Chase (Chéreau, 1975), Le Tambour, d’après Gunter Grass (Schlöndorff, 1979), Un amour de Swann, d’après Marcel Proust (Schlöndorff, 1984),L’Insoutenable légèreté de l’être, d’après Milan Kundera (Philip Kaufman 1988), Valmont, d’après Choderlos de Laclos (Forman, 1989), Cyrano de Bergerac, d’après Edmond Rostand (Rappeneau, 1990), Le Roi des aulnes, d’après Michel Tournier (Schlöndorff, 1996), Le Père Goriot, d’après Balzac, pour la télévision (Jean-Daniel Verhaeghe, 2004).
L’une des lignes directrices de cette… carrière aura été d’initier le public occidental à des cultures qu’il connaissait mal
Adepte du yoga, jamais pris en déficit de vivacité et de curiosité, Jean-Claude Carrière signait encore en 2015 le scénario d’un film sentimental de Philippe Garrel (L’Ombre des femmes), et en 2018, celui d’un film tonique de Louis Garrel (L’Homme fidèle).
Trois fois nominé à l’Oscar (pour des films de Luis Buñuel et de Philip Kaufman), célébré par un Oscar d’honneur en 2015, récompensé par un César pour le scénario du Retour de Martin Guerre en 1983 et, en 1969, par un Prix spécial du jury court-métrage au Festival de Cannes pour La Pince à ongles, dont il était l’autoréalisateur (histoire cocasse de la disparition de cet objet capricieux dans une chambre d’hôtel), par un Molière pour l’adaptation de La Tempête de Shakespeare en 1991, celui qui se félicitait d’être resté un « esprit libre » cumula en 2014 un Prix Henri-Langlois et le Grand Prix de la SACD. Il avait par ailleurs participé à la création de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 1969, et de la Fémis en 1986.
L’une des lignes directrices de cette… carrière aura été d’initier le public occidental à des cultures qu’il connaissait mal. Le testament de ce sage est peut-être dans ces lignes qu’il signa en 2011, dans L’Esprit libre (Entretiens avec Bernard Cohn, éd. Ecriture, 2011) : « Quand un auteur a eu la chance, comme moi, d’être né avec un certain talent (une certaine “disposition”, si on préfère, ou un “goût”), une santé solide, quand il a gagné, avec son seul travail, de quoi vivre, s’il continue à ne penser qu’à lui-même, à alimenter son compte en banque, à passer une autre couche d’or sur sa toute petite statue, il est foutu. Il finira dans la solitude et la dépression. (…) Quand je rencontre un “autre”, un différent, et même un opposé, voire un ennemi, je ne songe jamais à le ramener à moi, à l’apprécier, à le juger selon mes critères. Au contraire : j’essaie de trouver en lui ce qu’il y a d’intéressant, de rare, de surprenant, de beau. » Et de citer le Bouddha : « Ton ennemi est ton meilleur gourou. »
Jean-Claude Carrière en quelques dates
Né le 17 septembre 1931 : à Colombières-sur-Orb dans l’Hérault
Jean-Claude Carrière : mort d’un homme aux multiples talents ICI
Pierre Lepape
Publié le 08/02/
Écrivain, scénariste pour Luis Buñuel, Louis Malle ou Milos Forman, ou encore acteur pour Jacques Deray et Abbas Kiarostami, Jean-Claude Carrière s’épanouissait avant tout dans les œuvres collectives. Il est mort ce lundi 8 février, à l’âge de 89 ans.
Il savait tout faire et il le faisait bien: avec enthousiasme, avec intelligence. Le site de laBibliothèque nationale de France (BNF), qui recense les œuvres des auteurs, consacre cinq cent quatre-vingt-cinq entrées à Jean-Claude Carrière. Encore ne compte-t-il pas les apparitions de Carrière comme acteur, quand il se plaisait à apporter sa haute silhouette un peu massive et son accent rocailleux aux films de Luis Buñuel, de Philippe de Broca ou de Carlos Saura.
Dans la liste interminable de ses œuvres, pour le livre, la scène, les écrans, le disque, la plus belle part est donnée à la collaboration, au travail collectif. Jean-Claude Carrière était un homme généreux: il ne s’épanouissait totalement qu’en se frottant aux talents créatifs des autres. DansLe Vin bourru (2000), l’autobiographie de sa jeunesse, où il raconte son enfance de fils de viticulteurs, né en 1931 à Colombières-sur-Orb, un village proche de Béziers, il explique cette attirance par l’enchantement où le plongeaient les conteurs lors des soirées familiales: des auteurs qui inventent des histoires à partir d’histoires plus anciennes et qui invitent ceux qui les écoutent à se faire conteurs à leur tour. Les maillons d’une chaîne féerique…
Faire l’écrivain
Normalien, licencié de lettres, le jeune Carrière va donc très vite quitter le sillon universitaire, moins pour «faire l’écrivain» que pour donner à entendre des voix inconnues. Il a 26 ans, son premier livre s’intituleLézard (1957) et il est pour l’essentiel composé des récits entendus dans le bistrot que ses parents ont ouvert à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), quelques années auparavant. L’entreprise est assez réussie pour que Pierre Desgraupes invite son auteur sur le plateau de Lectures pour tous. L’humour et la verve du jeune Carrière y font merveille. Au point de séduire immédiatement deux maîtres du cinéma comique français, Pierre Étaix et Jacques Tati.
Avec Étaix, c’est un coup de foudre amical. Les deux hommes, qu’une commune passion pour le dessin et le comique visuel réunit, réalisent ensemble deux courts métrages, Rupture et Heureux Anniversaire, cependant que Carrière écrit les scénarios des chefs-d’œuvre d’Étaix:Le Soupirant (1963), Yoyo (1965), Tant qu’on a la santé (1966) et Le Grand Amour (1969). Pierre Étaix, qui avait été l’assistant de Tati pour Mon oncle (et le dessinateur de l’affiche), présente Jean-Claude Carrière au grand Jacques, lequel lui propose un défi: transformer en romanLes Vacances de M. Hulot et Mon oncle. Les deux livres paraissent en 1958 – avec des dessins de Pierre Étaix, évidemment.
Entre-temps, Carrière, toujours avide de terres à découvrir, s’était lancé, sous le pseudonyme de Benoît Becker, dans l’exploration du roman gothique et populaire, fabriquant pour la collection Fleuve noir une demi-douzaine de variations autour de Frankenstein puis, par goût des contrastes sans doute, il avait donné ses soins et son érudition de lecteur à une anthologie des plus belles lettres d’amour (1962), laquelle était suivie quelques mois plus tard par une anthologie de l’Humour 1900 (1963).
En 1963, la rencontre avec Luis Buñuel va élargir encore la palette de Jean-Claude Carrière. Le réalisateur espagnol, qui revient en France, où il n’a plus tourné depuis L’Âge d’or, en 1930, va trouver chez le scénariste français un véritable complice en invention, en imagination narrative et en dénonciation des mœurs bourgeoises. Cela commence en fanfare avec Le Journal d’une femme de chambre (1964), d’après Octave Mirbeau, cela se poursuit avec Belle de jour (1967), La Voie lactée (1969), Le Charme discret de la bourgeoisie (1972), Le Fantôme de la liberté (1974) et Cet obscur objet du désir (1977), la période la plus féconde, sans doute, de la filmographie du cinéaste espagnol.
Buñuel ouvre aussi à son ami les portes d’un nouveau monde, celui de la culture espagnole et latino-américaine. Carrière va s’y engouffrer avec la curiosité enthousiaste, le sens de la dramaturgie, l’exigence de réflexion critique et le goût raffiné des mots et des savoirs qui sont ses marques de fabrique. Cela donnera aussi bien le scénario de Viva María ! (1965), de Louis Malle, celui des Fantômes de Goya (2007), de Milos Forman, que la traduction du Clou brûlant, de José Bergamín, l’écriture pour le théâtre puis pour la télévision de La Controverse de Valladolid (1992),ou encore le magnifique Dictionnaire amoureux du Mexique (2009), dans lequel Carrière déclare son amour pour les contrastes violents de «cette terre de la douceur de vivre et de la mort si proche».
La découverte de l’Inde
Trop gourmand de savoirs et de sensations pour être l’homme d’une seule passion, Jean-Claude Carrière a publié aussi, en 2001, un autre dictionnaire amoureux consacré à l’Inde. C’est une femme, cette fois, qui lui a servi d’initiatrice: son épouse, Nahal Tajadod, écrivaine et poétesse iranienne. La découverte de l’Orient, de l’Inde et des civilisations asiatiques agit sur la pensée et sur l’imagination de Carrière comme un magnifique défi. Ses certitudes mentales basculent, son humanité s’élargit.
En 1982, il propose à Peter Brook une adaptation scénique du Mahabharata, l’immense poème épique de l’Inde ancienne. L’auteur et le metteur en scène font ensemble plusieurs voyages en Inde, d’où ils rapporteront un long (neuf heures!), étrange et envoûtant spectacle qui sera l’événement du Festival d’Avignon en 1989. Dès 1978, Carrière avait déjà proposé une version de La Conférence des oiseaux, le grand poème soufi du XIIe siècle. Plus tard, ce seront des traductions des poèmes d’amour de Rûmi, en collaboration avec Nahal Tajadod.
Cette révélation de l’Orient entraîne aussi Jean-Claude Carrière à faire retour sur lui-même et à préciser les contours de sa propre identité d’auteur. Pendant trente ans, la diversité de ses talents et son appétit de conteur l’ont fait courir de film en film, de scène en scène, de livre en livre. Il a écrit des chansons pour Delphine Seyrig, il a adapté Shakespeare pour Jean-Louis Barrault, Carmen pour Peter Brook. Ses propres pièces ont été jouées sur les plus grandes scènes, souvent avec succès.
Godard, Chéreau, Schlöndorff, Rappeneau…
Au cinéma, à la télévision, il a multiplié les scénarios, les adaptations et les dialogues: avec Louis Malle(Le Voleur, Milou en mai), Jacques Deray (Borsalino, Un homme est mort, Un papillon sur l’épaule), Jean-Luc Godard (Sauve qui peut [la vie]), Patrice Chéreau (La Chair de l’orchidée), Volker Schlöndorff (Le Tambour, Un amour de Swann), Daniel Vigne (Le Retour de Martin Guerre), Jean-Paul Rappeneau (Cyrano de Bergerac) ou Andrzej Wajda (Danton). Il a servi Flaubert et Choderlos de Laclos, Balzac et Zweig, Dostoïevski et Kadaré, Françoise Sagan et Gaston Leroux. Mais où se trouve-t-il, lui, dans cette multitude d’apparitions?
Jean-Claude Carrière commence à se livrer, prudemment d’abord, et sous le couvert de recueils et d’anthologies, d’histoires racontées par d’autres, de morceaux choisis. Son Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement, paru en 1965 et composé de deux mille cinq cents extraits de textes sélectionnés avec Guy Bechtel, se double en 1999 d’un Dictionnaire des révélations historiques et contemporaines, contenant des paradoxes sociaux et politiques, des errata de l’Histoire, des inventions osées, des doutes, des secrets, des prédictions sur le passé comme sur l’avenir, avec des élucubrations, des silences, du faux, de l’entre-deux et, ici et là, quelques balivernes. Les résultats d’une fascination très flaubertienne pour les infinies capacités de l’humanité à fabriquer des erreurs et à y patauger avec délectation.
Sagesse et fragilité
Peu à peu, Jean-Claude Carrière consent à se montrer, dans sa recherche d’une certaine sagesse. Cela passe par la publication de poèmes (Chemin faisant, 1982) et, dans les années 1990-2000, par des conversations avec des savants et des philosophes:Conversations sur l’invisible et Regards sur le visible, avec Jean Audouze et Michel Cassé, Entretiens sur la fin des temps, avec Umberto Eco, Jean Delumeau et Stephen Jay Gould;Entretiens sur la multitude du monde, avec Thibault Damour.
Sans la moindre parcelle de dogmatisme, persuadé que tout son savoir est ourlé d’ignorance, conscient de sa fragilité – Fragilité est d’ailleurs le titre qu’il donne à un essai publié en 2006 –, Jean-Claude Carrière se retire doucement des combats d’un monde dominé par la divinité de l’argent (L’Argent, sa vie, sa mort, 2014). À la recherche d’une nouvelle utopie qui ne soit pas une nouvelle illusion, un nouveau pieux mensonge, le vieux conteur se fait philosophe pour interroger une espérance universelle : La Paix (2016), dont les flots de réfugiés semblent montrer qu’elle se confond de plus en plus avec la guerre. La soif de comprendre de Jean-Claude Carrière était inépuisable.
Au risque de fâcher les écolos je ne suis pas très fan de Nicolas Hulot et de sa fondation, à force de trop vouloir prouver elle s’expose à recevoir une volée de bois vert à propos des chiffres qu’elle vient de publier (voir ci-dessous). Pour autant, les cris d’orfraies du couple Géraldine Woessner&Emma Ducros, me fait sourire, ces deux dames qualifient la fondation de lobby, oui c’est un lobby, mais je me permets de leur rappeler qu’elles-mêmes sont les « haut-parleurs » d’un autre lobby : la FNSEA. Je connais bien la grande maison du 11 rue de la Baume et la rouerie de Christiane Lambert sa présidente, elle sait y faire dans son combat d’arrière-garde pour freiner l’utilisation des pesticides.
La mise en avant de l’indépendance alimentaire de notre vieux pays est un leurre classique, celle-ci est intervenue dès les années 60, nos excédents de blé et de produits laitiers ont permis, via les restitutions, de nourrir les citoyens de l’ex-Union Soviétique, l’élevage hors-sol s’est gavé de PSC américain et de soja brésilien, nous importons des blés de force pour faire notre pain et nos biscuits, nous nous berçons d’illusions sur nos capacités d’exportations face à la productivité débridée des nouveaux arrivants. Les pesticides chers à ces dames polluent nos nappes phréatiques et nos rivières, mais de cela elles n’en parlent pas.
Nos voisins allemands, souvent mis en avant par ces dames, anticipent :
Agence France-Presse
Le gouvernement allemand a présenté aujourd'hui un projet de loi limitant drastiquement l'usage des pesticides autour des cours d'eau et dans les zones naturelles protégées afin d'enrayer le déclin massif des insectes #AFP voir plus bas.
Revenons chez les gaulois et gauloises :
La bataille fait rage autour des chiffres Le Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne) a révélé dans son rapport pour la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’Homme (FNH) ce mardi 9 février un chiffre alarmant sur l’utilisation des pesticides dans l’agriculture française. Le recours à ses produits aurait augmenté de 25 % en dix ans (jusqu’en 2018). Peu de temps après la publication du rapport, deux journalistes ont clamé sur Twitter la « malhonnêteté » des calculs et du bilan qui en est fait par la fondation.
Ces 2 journalistes Emmanuelle Ducros et Géraldine Woessner, sont régulièrement présentes dans les débats qui agitent le monde agricole, notamment pour des prises de position qui remettent en cause des données ou des études scientifiques, ou qui tentent d’en faire une interprétation différente. Ce fut par exemple le cas pour la réintroduction des néonicotinoïdes mais également pour le débat autour du glyphosate.
Chiffres de la Fondation Nicolas Hulot sur les pesticides : « c’est totalement politique, cette affaire » ICI
La fondation Nicolas Hulot a publié un rapport sur la hausse de l’utilisation des pesticides ces dernières années. Vrai ou faux ? Emmanuelle Ducros, journaliste à L’Opinion, spécialiste des questions agricoles et technologiques, était interviewée dans "le coup de fil du matin" sur Sud Radio le 11 février. "Le coup de fil du matin" est diffusé tous les jours à 7h12 dans la matinale animée par Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
Pesticides. Les chiffres du rapport de la Fondation Hulot très contestés ICI
Le récent rapport qui considère la politique française de réduction des pesticides comme un « échec » suscite de vives réactions.
Les chiffres du rapport de la Fondation Nicolas Hulot « caricaturent une réalité bien plus complexe qui ne peut s’accommoder d’une série d’affirmations à charge », déplore la FNSEA. | BÉATRICE LE GRAND, OUEST-France
Dans son rapport publié à la demande de la Fondation Nicolas Hulot le 9 février, le cabinet d’études Basic estime que, chaque année, seulement 220 millions d’euros, soit 1 % des 23,2 milliards d’euros d’aides publiques (politiques fiscales comprises) dépensées à destination de l’agriculture, ont « un effet positif sur la réduction de l’utilisation des pesticides ».
Ce décryptage a suscité de nombreuses réactions. En cause : le cabinet d’études, s’appuyant sur un rapport France Stratégies (institution liée à Matignon), retient uniquement les soutiens à l’agriculture biologique et les Mesures agro-environnementales et climatiques (Maec) « rotation, limon profond, et grandes cultures en zones intermédiaires » comme aides aux effets « avérés ».
Les soutiens publics liés à la conditionnalité de la Politique agricole commune (Pac) ou à la redevance pour pollution diffuse n’ont pas été retenus.
Le ministre conteste les chiffres
Dans ce même rapport, la Fondation Hulot a par ailleurs dénoncé le fait que l’agriculture française a connu « une augmentation de 25 % » de l’usage des pesticides de 2008 à 2018, à contre-courant de l’objectif fixé en 2008 par le Grenelle de l’environnement de réduire de moitié l’usage des pesticides en dix ans.
Le ministre de l’Agriculture a vivement contesté ces chiffres. « Arrêtons de faire croire que la transition n’est pas en cours ou que l’agriculture s’y opposerait ! C’est dégradant et c’est faux », a réagi sur Twitter Julien Denormandie, faisant état d’une baisse des volumes de ventes de pesticides de 36 % entre 2009 et 2019.
Pour rappel, en 2019, les ventes de pesticides ont été particulièrement faibles, après une année 2018 lors de laquelle elles ont explosé, les agriculteurs ayant eu tendance à stocker des produits phytopharmaceutiques afin d’anticiper la hausse d’une redevance pour pollution diffuse (RPD) appliquée aux pesticides.
Arrêtons de faire croire que la transition n’est pas en cours ou que l’agriculture s’y opposerait ! C’est dégradant et c’est faux.
Tout en dénonçant également des chiffres qui « caricaturent » la réalité, la FNSEA a prôné « de renforcer les accompagnements publics à la transition agro-écologique de tous les agriculteurs » ainsi qu’une « meilleure valorisation par les prix des bonnes pratiques ».
Bataille de chiffres pour discréditer le rapport sur les pesticides de la Fondation Nicolas Hulot ICI
10 février 2021
Les chiffres dévoilés par laFNHse sont pourtant pas nouveaux. Ils proviennent même d’un rapport d’évaluation gouvernementaldu plan EcoPhyto. Par ailleurs, les chiffres 2017-2018 sur l’évolution de la consommation des pesticides de l’agriculture françaiserendus publics le 7 janvierfaisaient déjà état d’une hausse de la consommation de 21% de ces produits en 2018 par rapport à 2017.
Cette bataille des chiffres et ce« doute »qui s’est installé dans le débat public masquent malheureusement les conclusions et les enseignements principaux du rapport de laFNH. LaCour des comptes, début 2020, tirait déjà le même bilan :« Ainsi, l’objectif initial de diminution du recours aux produits phytopharmaceutiques de 50 % en dix ans, reporté en 2016 à l’échéance 2025 et confirmé en avril 2019, assorti d’un objectif intermédiaire de - 25 % en 2020, estloin d’être atteint. »
Mardi matin, « l’empereur, sa femme et le petit prince sont venus chez moi, pour me serrer la pince… » désolé je me suis laissé emporter, mardi matin donc j’ai acheté un Munster de la maison Dodin.
Revenu dans mon lieu de confinement je suis souvenu qu’au temps où les blogs bénéficiaient de nombreux commentaires j’avais commis une superbe chronique qui sans nul doute n’était pas encore tombée sous les mandibules avides de la mouche du coche.
13 janvier 2011
Je déteste l’œnotourisme, les cahiers des charges, la qualité tout court, je préfère suivre les sentiers des marcairies du Munster ICI
En activité depuis 1908, la Maison DODIN affine toute sa production de munster à l’ancienne, c’est-à-dire entièrement à la main sur des planches en bois de sapin des Vosges. C’est avec une eau pure que chaque munster est frotté tous les 2 à 3 jours et retourné sur l’autre face durant les 21 jours nécessaires pour l’obtention de l’AOP.
1 A Rue du Dr Macker | 68650 LAPOUTROIE | 03 89 47 50 05
La zone de fabrication du Munster ou Munster Géromé occupe principalement les versants lorrains et alsaciens du massif des Vosges, région d’herbages.
Plus humide et sous l’influence des vents d’ouest dominants pour le versant lorrain à l’ouest, le climat est plus rude à caractère plus continental pour la montagne et les vallées du versant alsacien à l’est.
Chiffres-clés
Données INAO
- Aire géographique : 1 300 00 ha
- Nombre d'opérateurs :
1 370 environ dont :
1 280 producteurs de lait environ non fermier
83 transformateurs (80 fermiers +laitiers)
8 affineurs exclusifs
- Production AOC : 6 800 tonnes
Le Munster ou Munster-Géromé (AOC depuis 1969) ICI
- Munster laitier pasteurisé : 6800 T
- Munster laitier cru : 700 T
- Munster fermier : 600 T fabriqués par 100 producteurs fermiers
Extraits de la chronique :
Las de m’époumoner, de gaspiller ma précieuse salive, d’user ma belle plume, pour des combats perdus d’avance face à des poids lourds si lourds qu’ils ressemblent aux omnibus de notre SNCF entre Strasbourg et Port-Bou, ce matin je vais vous demander de me suivre sur les sentiers des marcaires de la vallée de Munster. Celle-ci, « des différentes vallées qui strient le versant du massif des Vosges (...) compte parmi les plus étendue. En aval de la vallée de Munster, elle va s’élargissant en direction de la plaine, vers Colmar. En amont, elle se divise en deux vallées secondaires divergentes : la Grande Vallée se déploie au sud, la Petite Vallée au nord. Celles-ci sont barrées à l’ouest par une succession rectiligne de montagnes imposantes dont la ligne de crêtes marque l’horizon et forme la limite avec les Hautes Vosges lorraines.
Contrastant avec les versants boisés, les sommets des montagnes qui enserrent la vallée de Munster sont couverts de vastes pâturages. Ouverts et entretenus par le marcaire, ou Melker (littéralement « celui qui trait »), ils sont autant de preuves d’une économie pastorale séculaire. »
Tout est presque dit, le fromage de Munster s’inscrit l’estive qui entraîne tout un système de déplacement plus ou moins complexe des vaches laitières. « Elle implique aussi une occupation temporaire ou permanente de bâtiments dispersés entre le village et les sommets : petite marcairie, étable-fenil de montagne ou grande marcarie sommitale. » Au printemps, le troupeau monte par étapes, se pose, avant d’atteindre à partir du mois de mai « les chaumes sommitales débarrassées de la neige pour estiver dans une grande marcairie privée ou communale. » À l’automne c’est la redescente vers les vallées.
Alors engagez-vous dans un Parcours du patrimoine sur les pentes de la vallée de Munster !
Fort bien mais je dois vous avouer que toute ma science matinale je la tire d’un précieux petit livre « Une architecture pour l’estive les marcairies de la vallée de Munster » réalisé par le Service de l’Inventaire et du Patrimoine de la Région Alsace édité par Lieux Dits. Il vous propose 4 circuits traversant les principales zones de l’estive. Ce sont des ballades dans la montagne vosgienne qui vit grâce à l’activité des marcaires et à l’existence des fermes-auberges. Il ne s’agit pas de réserves d’indiens mais de lieux chargés d’histoire où il y a de la vie.
Réindustrialisons, réindustrialisons, c’est la nouvelle chanson à la mode Covid 19, avec le fiasco de Sanofi-Pasteur dans la course au vaccin notre orgueil national en a pris un sérieux coup, le chœur des pleureuses déplore soudain le peu de cas de la puissance publique à fait à l’effort de recherche. Pour ma pomme ce n’est pas nouveau, il y a 10 ans, un très proche garçon, préparait sa thèse de doctorat ès-sciences dans une unité de l’Inserm sur l’Ébola, moyens dérisoires, perspectives de carrière et salariales peu attrayantes, chercheur brillant, iconoclaste, selon son directeur de thèse, son diplôme en poche, après un passage à l’ESSEC, il a pris la poudre d’escampette en Suisse pour travailler dans un job où il cherche des start-up en biotechnologie innovantes afin de les aider à lever des fonds.
En France, je vais choquer, nous entretenons une flopée de chercheurs en sciences sociales, c’est dans notre ADN, mais du côté de la recherche fondamentale c’est plutôt vaches maigres même si le niveau d’excellence de celle-ci reste encore bon. Pour revenir à l’industrialisation, c’est-à-dire le passage de la recherche au développement, les chercheurs français ont bien du mal à trouver des entreprises acceptant le risque.
Deux exemples :
Moderna, l’entreprise US qui a mis en œuvre l’ARN messager pour le vaccin Covid 19, est dirigée par Stéphane Bancel, ex-Mérieux, « Le patron de Moderna prône une réussite américaine, signe de sa fierté et de son ambition. "Beaucoup de risques, beaucoup d’argent". Voilà quelle serait, selon Vanity Fair, la phrase préférée de Stéphane Bancel pour résumer son activité. De fait, l’histoire récente de Moderna semble être celle d’un coup de poker. En mars dernier, le patron de 47 ans est à la Maison Blanche et il fait une promesse à Donald Trump : la petite biotech’ n’aurait besoin que de quelques mois pour créer un vaccin. De quoi conquérir le président et faire pleuvoir les financements. »
C’est le Royaume-Uni, et non la France, qui va être la première à bénéficier du vaccin anti-Covid mis au point par la société nantaise Valneva dont le premier actionnaire est le groupe choletais Grimaud. La présidente de la Région des Pays de la Loire déplore que la France ait raté cette occasion unique, met en cause le ministre de l’Industrie et parle d’un « terrible sentiment de gâchis ». ICI
Lorsque nous sortirons de la crise sanitaire le bas de laine des Français les plus aisés, qui a enflé démesurément : 2020, année record pour l'épargne des Français ICIpourrait trouverlà une bonne destination.
Je fais le grand écart entre la traduction des résultats de la recherche fondamentale en nouveaux produits et l’industrie de la mode qui elle n’a pas ce genre de soucis. À noter, que celle du vin, gros mot, ferait bien, du côté de Bordeaux et de la Bourgogne de se poser les bonnes questions plutôt que de vivre dans l’illusion.
Mais revenons aux fringues, qui ne sont pas l’apanage des nanas, 2 attitudes contradictoires se chevauchent : la recherche du moins cher du moins cher type H&M et la course aux marques type Calvin Klein payées au prix du caviar. Dans les 2 cas H&M et Calvin Klein se fond des couilles en or, le premier par le multiplicateur quantités vendues, le second par ses marges pharaoniques.
Il existe dans le choletais des entreprises de confection qui ont un savoir-faire reconnu ICI il serait intéressant de voir comment les paroles politiques post-covid seront traduites dans la réalité économique et comment les consommateurs régiront, auront-ils la mémoire courte.
En Ethiopie, les petites mains de H&M ou Calvin Klein gagnent 23 euros par mois ICI
Les Ethiopiens sont les travailleurs les moins payés de l’industrie mondiale du vêtement, loin derrière le Bangladesh.
Le Monde avec AFP
Publié le 08 mai 2019
Les salariés des usines de vêtements d’Ethiopie, qui travaillent pour des marques comme Guess, H&M ou Calvin Klein, sont les moins bien payés au monde, avec seulement 26 dollars (23 euros) par mois, selon un rapport rendu public mardi 7 mai.
L’Ethiopie, qui ambitionne de devenir le principal centre manufacturier du continent, a séduit les investisseurs en mettant en avant la disposition des salariés à travailler pour moins du tiers du salaire des travailleurs du Bangladesh, affirme le rapport du Centre Stern pour les affaires et les droits de l’homme de l’université de New York. Selon cette étude intitulée « Fabriqué en Ethiopie : les défis de la nouvelle frontière de l’industrie du vêtement », les salariés du Bangladesh, notoirement mal payés, gagnent 95 dollars par mois, ceux du Kenya 207 dollars et ceux de Chine 326 dollars.
« Plutôt que la force de travail docile et bon marché promue en Ethiopie, les fournisseurs basés à l’étranger ont rencontré des employés qui sont malheureux de leur rémunération et de leurs conditions de vie et qui veulent de plus en plus protester en cessant le travail ou même en démissionnant, déclare le directeur adjoint du centre, Paul Barrett. Dans leur empressement à créer une marque “made in Ethiopia”, le gouvernement, les marques mondiales et les fabricants étrangers n’ont pas prévu que le salaire de base était tout simplement trop faible pour que les travailleurs puissent en vivre. »
Grèves à répétition et fort turn-over
Selon le rapport, les salariés de la confection, parmi lesquels de nombreuses femmes, ont du mal à s’en sortir, sont très peu formés et des conflits culturels les opposent aux dirigeants des usines, originaires d’Asie. L’étude s’est penchée sur le parc industriel d’Hawassa (sud), l’un des cinq centres industriels inaugurés par le gouvernement depuis 2014, qui emploie 25 000 personnes et fabrique des vêtements pour des marques du monde entier. A terme, environ 60 000 personnes devraient y travailler. Des entreprises chinoises, indiennes et sri-lankaise ont ouvert des usines dans ce parc.
Le gouvernement espère que les exportations de vêtements, qui représentent actuellement 145 millions de dollars par an, vont grimper à environ 30 milliards. Un objectif qui « paraît irréaliste », selon le rapport, ne serait-ce que parce que les bas salaires ont entraîné une productivité médiocre, des grèves à répétition et un fort turn-over. Des usines ont remplacé l’intégralité de leurs salariés tous les douze mois en moyenne, indique le rapport.
L’Ethiopie est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, avec quelque 105 millions d’habitants qui vivent encore largement de l’agriculture et sont confrontés à des sécheresses et à la pauvreté. Le Centre Stern appelle le gouvernement éthiopien à instaurer un salaire minimum et à élaborer un plan économique à long terme pour renforcer l’industrie du vêtement.
Éthiopie : le chemin de croix des travailleurs du textile ICI
Pendant qu’Alessandra tout de bleu vêtue, le bleu du ciel de sa Ligurie, oui je n’invente rien, François Régis ose s’extasier avec des trémolos dans la voix sur « la sexualité des pâtes », même s’il ne va pas jusqu’à évoquer comme le font les Inrocks ICI « une recette de penne à la vodka hautement aphrodisiaque, capable de mettre n’importe quel individu dans votre lit pour y passer plusieurs heures de pur bonheur. Pire, cette recette se partagerait dans le plus grand secret des salons huppés des femmes célibataires de Manhattan, depuis une vingtaine d’années. C’est Cole Kadzin qui brisait l’omerta le mois dernier et révélait au monde son secret pour choper, sur le site féminin américain refinery29. Avec la recette détaillée des come fuck me penne, les “penne-viens-me-baiser” en bon français, désolé Alessandra ces étasuniens ne respectent rien !
La recette des come fuck me penne
Une gousse d’ail
Deux échalotes
Quelques feuilles de basilic
Une boite de sauce tomate fraîche
Un peu de poivre rouge
Un verre de vodka
Du parmesan
Du vin rouge pour accompagner
1/Emincer l’ail et l’oignon et les faire revenir doucement à la poële avec de l’huile ou du beurre.
2/Quand ils deviennent transparents, ajouter un tiers de verre de vodka, laisser évaporer. Quand la vodka est évaporée, ajoutez la sauce tomate et le basilic. Remuer doucement, à feu moyen.
3/Quand la sauce est épaisse, ajouter le reste de vodka et laisser mijoter à feu doux.
4/Faire cuire les penne comme indiqué sur le paquet. Une fois les penne cuits et égouttés, ajoutez le parmesan directement dans la passoire.
5/Laissez la sauce reposer dix minutes avant de mélanger aux pâtes
La culture du Citron de Menton voit véritablement le jour entre le XVIIème et le XVIIIème siècle, et son apogée va durer près d’un siècle. Jusqu’au milieu du XIXème, l’agrumiculture est la première activité économique de Menton. On estime sa production en 1860 à près de 2,8 millions de quintaux de fruits par an. Les maladies, les intempéries et la petite taille des exploitations auront raison de l’âge d’or de cet agrume. Avant qu’il ne renaisse sous l’impulsion de la ville de Menton dans les années 1990, jusqu’à obtenir une IGP des années plus tard !
Le citron d’Amalfi est un ingrédient irremplaçable dans la gastronomie de la côte, en effet, elle utilise du citron le jus, la pulpe, le zeste et aussi, les feuilles...
Le jus est utilisé pour aromatiser les plats de poisson et pour les fruits de mer, ou pour préparer des rafraîchissants citrons pressés et délicats sorbets, qui au Moyen Age venaient préparer en utilisant la neige…
La pulpe, coupée en rondelles, et assaisonnée avec une pincée de sel, du vinaigre, de l’huile et de la menthe, se transforme en une succulente salade de citrons, apprécié dessert, ou comme hors-d’œuvre…
Les feuilles sont utilisées pour préparer des délicieuses "frit telle di cecenielli"(alevins de morue ou d’anchois), ou pour aromatiser le "lapin alla conchese" ou petites "pro vole" cuites à la plaque en feuilles de citron…
Mais l’élément principal du Sfumato amalfitaino est le zeste épais et rugueux, riche d’huiles essentielles et d’alcool, utilisé en cuisine, et surtout en pâtisserie. La Tarte au citron, faite avec du pain de Gênes aromatisé au citron et recouvert de miel, les Délices au citron fourré de crème au citron et enfin le Baba trempé en sirop liquoreux au citron. Mais l’utilisation principale, reste sans aucun doute le fameux "Limoncello"…
Le prince George prépare le traditionnelChristmas puddingsous les regards amusés du prince William, de la reine Elizabeth II et du prince George.
Capture d’écran @kensingtonroyal / Instagram
Dans mes dégoûts d’enfance, la soupe de citrouille occupait la première place, tout en elle m’asirait : sa couleur, son odeur, sa fadeur sucrée, il fallait que ma sainte mère se gendarme pour me faire avaler, cuillérée après cuillérée, cette décoction de cucurbitacées.
Je n’en toujours pas très friand, la citrouille étant très tendance, mais j’en mange.
Comble d’ironie à la Mothe-Achard, juste au-dessus du Bourg-Pailler : depuis 1995, au-dessus des Mares, Michel Rialland y a installé son « Potager Extraordinaire » ICI Tout est parti de la gourde pèlerine qui n’est pas une fille de la Mothe mais une variété de cucurbitacée bien connus de nos ancêtres Vendéens. Le Jardin des Plantes de Nantes lui avait offert, « à la condition d’en faire quelque chose de bien » 320 variétés de de graines de cucurbitacées. Bref depuis les Mothais et les Mothaises, et bien sûr tous les amateurs n’en finissent plus de fêter la Citrouille à la Fête de la Citrouille et de concourir aux concours de cucurbitacées.
20 octobre 2012
À la Mothe-Achard lieu de naissance du Taulier les cucurbitophiles sont plus nombreux que les œnophiles ICI
Le Courrier des recettes.
Le pudding à la citrouille : salé ou sucré, rien de plus roboratif ICI
Publié le 23/01/2021 – OGONIOK - MOSCOU
Les Français méprisent ce plat indéfinissable d’origine britannique qu’on ne sait dans quelle catégorie ranger : recette festive ou en-cas du pauvre, comme chez Dickens ? Pour l’auteure de cette chronique gastronomique issue d’un magazine russe, ce plat qui s’adapte à tous les ingrédients est synonyme de spontanéité et de joie. C’est le troisième plat de notre rendez-vous hebdomadaire “Le Courrier des recettes”.
Le mot “pudding” nous transporte immédiatement en Angleterre, en Écosse ou en Irlande, dans les livres pour enfants, l’univers de Dickens et de Walter Scott. Pourtant, les Anglais eux-mêmes ne sauraient expliquer exactement ce qui constitue ce plat. Dans certains livres, il s’agit d’un gâteau de Noël, une recette festive ; dans d’autres, c’est au contraire un plat ordinaire, bon marché, qu’on mange dans la rue et que les plus pauvres peuvent acheter au marché.
Dans le court roman de James Greenwood La Véritable Histoire d’un petit va-nu-pieds, qui a eu une seconde vie en Russie, je me rappelle surtout cette phrase du héros : “Ils sont bons les puddings Blinkins, riches en saindoux.” Enfant, j’interrompais toujours ma lecture à ce moment-là pour aller me préparer un impressionnant sandwich que je boulottais en pleurant sur le sort du petit va-nu-pieds affamé.
Il mange son morceau de pudding enveloppé dans une feuille de chou, directement dans la rue. On comprend qu’il s’agit donc d’un gâteau salé et non sucré. Même si depuis le mot “pudding” a presque exclusivement été associé à un dessert. Plus personne ne cuisine des puddings à base de saindoux ou de suif de bœuf. Ceux qui perdurent dans les menus traditionnels portent leurs propres noms.
Un moelleux incomparable pour une vie heureuse
On retrouve l’origine salée du pudding dans son étymologie. Il proviendrait du français “boudin”, saucisson de sang. De toute évidence, le pudding fut autrefois un boudin. Les red pudding, black pudding et white pudding britanniques sont d’ailleurs bien des charcuteries à base de sang et d’abats. Certains puddings contiennent du pain, de la farine, de l’amidon, de la chapelure et Dieu sait quoi encore.
Les Français seraient heureux de se débarrasser de cette filiation tant le pudding leur paraît être un amalgame ignoble qui défie les principes de la gastronomie française. Chez Charles Dickens, une jeune héroïne prépare pour la première fois de sa vie un pudding et s’étonne de la consistance de la préparation, entre bouillie et gâteau. Une préparation qui débouchera sur une vie heureuse.
La recette est pleine de cette spontanéité et de cette joie dont seul Dickens avait le secret. Si vous êtes curieux de découvrir un pudding traditionnel, relisez Les Grandes Espérances, vous y découvrirez une description aussi précise que dans un livre de cuisine. Ainsi que l’état d’esprit qu’il faut avoir pour préparer ce plat.
Mais aujourd’hui, je cuisine un pudding inventé de l’autre côté de l’Atlantique, à partir d’un produit né lui aussi en Amérique, la citrouille. C’est de saison, et j’essaie de ne pas passer à côté de ce que la nature nous offre. La citrouille est l’ingrédient idéal pour un pudding : comme lui, elle se situe quelque part entre le salé et le sucré. Elle donne aussi à ce gâteau un moelleux incomparable.
Les épices sont là pour rappeler les origines ancestrales de ce plat : elles entraient déjà dans sa composition au Moyen-Âge. Le pudding à la citrouille peut être servi en dessert, saupoudré de sucre glace comme une perruque sous Louis XIV. Mais il est aussi capable de se transformer en plat de résistance nourrissant. Pour cela, il suffit de remplacer le sucre glace par du parmesan râpé et passer le plat sous le grill en fin de cuisson.
Pudding à la citrouille
1 kg de citrouille
700 ml de lait
3 œufs
200 g de sucre semoule
100 g de miel brun ou de mélasse
60 g de beurre plus un petit morceau pour beurrer le moule
3 c. s. de cidre
500 g de farine
2 c. c. de levure chimique
1/4 de c. c. de gingembre moulu
1/4 de c. c. de noix de muscade
1/4 de c. c. de sel
Éventuellement 50 g de parmesan râpé pour la présentation
1. Découpez 500 g de citrouille en cubes de 2,5 cm de côté, ce qui fait environ trois verres pleins. Dans une casserole à fond épais, mélangez le lait et les cubes de citrouille. Portez à ébullition et prolongez la cuisson jusqu’à ce que la citrouille soit moelleuse. Elle cuit rapidement, environ dix minutes. Videz le lait et laissez la citrouille quelques minutes dans la passoire pour éliminer tout le liquide, puis réduisez-la en purée et réservez.
2. Débitez l’autre moitié de la citrouille en fines lamelles. Puis, dans une grande poêle (on va avoir besoin de place), faites chauffer un demi-verre d’eau et un demi-verre de sucre. À feu moyen sans cesser de remuer. Le sucre fond et commence à dorer. Ajoutez alors progressivement de l’eau. Ce qui représentera en tout un verre et demi. L’eau va bouillir à gros bouillons. Plongez les lamelles de citrouille dans le caramel de sorte qu’elles ne se chevauchent pas. Si elles ne rentrent pas toutes, il vaut mieux répéter l’opération. La citrouille va cuire dans le caramel ; si la poêle devient trop sèche, ajoutez un peu d’eau jusqu’à ce que les lamelles soient moelleuses et caramélisées sur une face. Retournez-les et continuez la cuisson. La cuisson se prolongera environ dix minutes. La citrouille doit être cuite mais en gardant sa tenue, sans se réduire en purée.
3. Beurrez une seconde poêle, versez le caramel et déposez les lamelles de citrouille en une seule couche. Laissez reposer et occupez-vous de la pâte. Le succès de la recette va dépendre de la qualité de votre poêle. Choisissez une poêle à fond épais, de préférence en fonte, suffisamment grande et profonde pour y faire tenir toute la préparation.
4. Battez au mixeur le beurre et le reste de sucre. Ajoutez la mélasse, le miel ou du sirop d’érable. Lorsque la préparation devient lisse et homogène, incorporez les œufs un à un. Enfin, ajoutez le cidre et la purée de citrouille.
5. Mélangez à part la farine, la levure chimique, le gingembre et la noix de muscade et incorporez le tout à la préparation. Versez la pâte dans la poêle sur les lamelles de citrouille en répartissant à l’aide d’une spatule pour qu’elle adhère aux parois et enfournez à 180 °C. Le pudding va cuire pas moins de quarante minutes, piquez-le à l’aide d’un cure-dent pour vérifier la cuisson. Une fois sorti du four, laissez refroidir puis retournez la poêle sur une assiette.
Le pudding est prêt, il est recouvert de lamelles caramélisées. Sucre ou fromage, à vous de choisir. Et n’oubliez pas : la bonne humeur est le principal ingrédient d’une vie heureuse.
C’est une nouvelle guerre, un nouveau front, ici le stop au Covid a laissé la place au stop au camembert Président, et ce ne sont pas les anti-Macron qui ont encore frappé mais les défenseurs du lait cru. Depuis le 1er janvier, il faut bénéficier de l'appellation AOP pour inscrire « Fabriqué en Normandie » sur l'étiquette de son camembert.
Jocelyne pousse son chariot vers le rayon. S’exclame : « Le Président ? Je le laisse à l’Élysée. Moi, je n’achète que de l’AOP, c’est un gage de qualité et je sais d’où vient le lait. » Son choix s’est porté sur deux boîtes de Réo. Fabriqué à Lessay, dûment estampillé. « Je sais que c’est le meilleur. »
Elle n’en finit pas, cette « guerre du camembert » depuis qu’en 1926, la cour d’appel d’Orléans a fait du mot « camembert » un terme générique.
Deux camps se sont longtemps opposés : d’un côté, les petits producteurs normands défenseurs du Label Rouge (1968), puis de l’Appellation d’origine protégée (AOP en 1983) ; de l’autre, les fabricants qui ont fait le choix de ne pas entrer dans le cahier des charges contraignant de l’AOP et vendent près de 90 % de la production.
En 2007, sous l’égide de l’Institut National des appellations et origines (INAO), les deux parties avaient fait des efforts et adopté un cahier des charges permettant la création d’une « grande AOP normande » qui concilie quantité et qualité.
Ce compromis aurait accordé à partir de 2021 la dénomination «Camembert AOP de Normandie» à tout fromage, y compris les industriels au lait pasteurisé, fabriqués dans une zone définie en Normandie, à condition que les industriels s’engagent à avoir plus de vaches de race normande dans leur cheptel. Une autre étiquette portant la mention « Véritable camembert de Normandie » aurait réuni les puristes du lait cru.
Mais, en début d’année 2020, l’assemblée générale des professionnels du camembert de Normandie a finalement rejeté l’ensemble du projet. Et les étiquettes « Fabriqué en Normandie » ont continué à fleurir dans les rayons.
Lait cru ou lait pasteurisé ?
La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a réagi et, le 9 juillet 2020, ordonné aux industriels de se mettre en conformité avant le 31 décembre 2020 et de ne plus arborer cette mention « Fabriqué en Normandie » sur un fromage ne répondant pas aux règles de l’AOP.
Le 21 décembre, le Syndicat normand des fabricants de camemberts (SNFC), qui rassemble notamment Lactalis (devenu propriétaire de nombreux petits fabricants), Savencia, Isigny Sainte-Mère, Gillot…, a demandé au Conseil d’État de suspendre cet avis. Selon lui, l’avis portait atteinte aux droits des fabricants de camembert hors AOP en offrant une protection trop forte à la dénomination « camembert de Normandie » et introduisait une rupture d’égalité avec les fabricants qui élaborent leurs produits dans une autre région ».
Le juge des référés liberté a admis que « durant quelques années, l’administration n’a pris aucune mesure à l’égard des camemberts étiquetés « fabriqués en Normandie », afin de laisser à l’ensemble des producteurs concernés la possibilité de s’entendre sur un aménagement du cahier des charges de l’AOP.
Mais pour autant, cela n’a pas entériné le droit d’entretenir la confusion avec l’AOP « camembert de Normandie ». Le Conseil d’État signale au passage que rien n’interdit aux fabricants de camembert hors AOP d’assortir leur produit d’une indication d’origine géographique dès lors que celle-ci ne mentionne pas la Normandie et n’introduit donc aucune rupture d’égalité ». La requête du SNFC est donc rejetée.
Pour l’heure, l’étiquette « Fabriqué en Normandie » devra disparaître des rayons. Les consommateurs devront donc alors choisir entre un simple « Camembert », dont le lait peut être pasteurisé et provenir de diverses origines et un « Camembert de Normandie » AOP au lait cru produit selon un strict cahier des charges dans l’aire d’appellation (Calvados, Manche, Eure et Orne).
Mais qu’on se rassure, le syndicat des industriels n’a pas dit son dernier mot et entend poursuivre le combat.
Privé de la mention fabriqué en Normandie pour son camembert Président, Lactalis contre-attaque et y appose désormais la ligne suivante: Fabriqué dans l'Orne,le département normand où se situe l'usine de production de sa vedette du rayon frais des supermarchés.
Bien moins vendeur que le "made in Normandie", le groupe laitier joue la carte de l'offensive en faisant la promotion de sa nouvelle appellation dans une publicité diffusée dans le quotidien Ouest-France.
60.000 tonnes jusqu'alors nommé "Fabriqué en Normandie vs. 6000 tonnespour les camemberts AOP
Le Président n'est pas seul: on peut désormais lire :
Fromagerie de Ducey – Manche sur l'étiquette du Cœur de Lion
Fabriqué dans le Pays d'Auge sur celle du Lanquetot, qui appartient aussi au groupe Lactalis
ou tout simplement "fabriqué en France" voire "lait français" pour les marques de distributeurs. Ce changement d'étiquette n'est pas anodin: on compte chaque année 60.000 tonnes de camembert jusqu'alors nommé "Fabriqué en Normandie", contre 6000 tonnes pour les camemberts AOP.
L’AOP camembert de Normandie c’est de la merde vs le défunt Jean-Pierre Coffe, les vaches de toutes races bouffent de l’ensilage maïs, pissent du lait, même cru ça n’a rien à voir avec le terroir, il n’y a qu’un seul camembert authentique : celui-ci
Périco Légasse en compagnie des sénatrices normandes Sonia de la Provosté et Catherine Morin-Desailly...
Le sujet de la discorde - ou du « débat intensément républicain », selon les termes du critique gastronomique Périco Legasse, est un accord conclu l’an dernier pour que cesse la guerre entre le camembert normand « de Normandie » (au lait cru, moulé à la louche) protégé par l’Appellation d’origine protégée, et son avatar industriel, « fabriqué en Normandie », au lait pasteurisé.
Conséquence de cet accord, à partir de 2021, la mention « fabriqué en Normandie » disparaîtra, et l’AOP « de Normandie » pourra être au lait pasteurisé. En échange, ses conditions de production sont durcies : il devra comporter au minimum 30 % de lait de vaches normandes nourries majoritairement à l’herbe dans une zone couvrant la Manche, l’Orne, le Calvados et une partie de l’Eure.
Remis en cause par M. Ramos et la présidente de l’association Fromages de Terroir, Véronique Richez-Lerouge, l’accord a été défendu au Sénat par Patrick Mercier, président de l’organisme de défense et de gestion du camembert de Normandie, comme une « solution » qui permet aux productions artisanales comme aux fabrications industrielles de « trouver leur place ».
« Oui, c’est une concession. On laisse l’AOP "de Normandie" aux industriels », a admis Périco Legasse, mais avec « une compensation énorme », a-t-il assuré : « la création d’une dénomination "véritable Camembert de Normandie" ».
AOP À DEUX VITESSES
La crème du camembert en quelque sorte, est exclusivement au lait cru, avec une production comportant 66 % de vaches normandes, mais aussi l’absence totale d’OGM dans leur alimentation.
« La guerre du camembert est finie », veut croire M. Mercier. Mais Mme Richez-Lerouge, qui a assisté à la conférence de presse, n’a pas désarmé. Selon elle, l’introduction de « deux niveaux de gammes » dans une AOP « va créer une instabilité juridique ». Et de défendre, face au buffet odoriférant agrémenté de bouteilles de jus de pomme, cidre et Calvados, la mise en place d’une Indication géographique protégée, en lieu et place d’une AOP à deux vitesses.
En Argentine, l’analyse chimique des vins issus de cépage malbec a montré que le terroir viticole peut être détecté dans différents millésimes.
Voilà qui réjouira les amateurs de vin sans pour autant les étonner : les vins issus de cépage malbec de différents vignobles argentins ont une signature chimique spécifique que des chercheurs ont pu détecter.
Leur analyse, dont les résultats sont présentés le 3 février dans Scientific Reports ICI , valide ainsi le concept de terroir, l’idée selon laquelle la géologie du lieu où poussent les ceps de vignes combinée au climat local et aux pratiques viticoles d’un exploitant donnent aux vins leur goût unique et associé à un endroit précis.
Les chercheurs ont utilisé la chromatographie – une méthode physico-chimique qui sert à séparer les différentes substances présentes dans un mélange – sur les vins obtenus à partir de raisins cultivés sur 23 parcelles différentes. Ils y ont cherché la présence de 27 composés différents qui interviennent dans la sensation en bouche et la couleur du liquide. La concentration de plusieurs d’entre eux a pu être reliée à certaines parcelles.
Déterminer la signature chimique d’autres cépages
Les auteurs de l’étude espèrent que leur travail constituera un point de départ pour mieux définir le terroir pour le malbec argentin mais aussi pour d’autres cépages et régions du monde.
« Il est terriblement difficile de déterminer les facteurs qui interviennent dans le terroir et leur importance relative, assure à l’hebdomadaire Alex Maltman, de l’université d’Aberystwyth (Royaume-Uni), qui n’a pas participé à l’étude. Même si je suis un peu étonné qu’ils soient arrivés à trouver ces corrélations malgré tous les caprices des vignobles naturels et de la vinification, ce travail me paraît très intéressant. »
De son côté, Charles Spence, de l’université d’Oxford, qui n’a pas non plus été impliqué dans ces travaux, estime qu’ « étant donné le succès très limité de l’analyse chimique pour prédire l’expérience des consommateurs en termes de saveurs, ce [travail] constitue une utilisation pertinente des données de l’analyse chimique », puisqu’il a l’avantage de permettre de relier un vin à un lieu. Il ajoute :
Croisons les doigts et espérons que cela mettra fin aux scandales des vins vendus sous de fausses appellations.”
Cluster analysis with data from 23 Malbec parcels by using concentrations of PCs from three vintages (2016, 2017, and 2018). The figure was generated using Adobe Illustrator, version 22.1.0 (https://www.adobe.com/products/illustrator.html) and R-package factoextra and R-package factoextra—‘factoextra’.
La Ve, particularité française dans l’UE, c’est un exécutif à deux têtes mais c’est Macron qui représente la France au sommet européen à côté de la chancelière Merkel et les autres chefs de gouvernement .
Avec Macron l’exécutif a toujours deux têtes mais celle du Président Jupiter transforme, plus encore, la seconde, Castex, en valet de pied.
Sous la Ve le 1er Ministre n’est que le premier des Ministres, alors que sous la IVe, avec un Président inaugurant les chrysanthèmes, c’était le président du Conseil.
Du Conseil des Ministres, et sous la Ve il y a toujours un Conseil des Ministres présidé par le Président de la République, le mercredi, salon Murat. Y assiste tout le temps les Ministres de plein exercice. En dépit des promesses électorales le nombre des Ministres va croissant afin de récompenser les fidèles.
Et pourtant, seuls les Ministres dit régaliens, Défense, Justice, Intérieur, Affaires Etrangères, Economie et Finances, et ceux plus politiques, Agriculture, Santé, Culture, Environnement… pèsent et existent, les autres souvent « dirigent » des coquilles vides.
Il serait donc possible, sans risques de perturber la machine administrative, de réduire le nombre des Ministres à 15 maxi.
Un Ministre est à la fois, un politique en charge de la mise en œuvre de la politique du gouvernement et le patron d’une administration. Cette seconde fonction n’intéresse guère les politiques c’est le cambouis. Afin, de servir de courroie de transmission avec la haute-administration le Ministre dispose d’un cabinet qui chapeaute les grandes directions. Sous la Ve les politiques de premier plan sont d’anciens hauts-fonctionnaires, la consanguinité entre les patrons des administrations, les membres de cabinet, souvent poussés en avant par ces derniers, permettait, en dépit de cet empilement, une prise de décision et son exécution relativement fluide.
Les Ministres passent, la haute-administration reste !
La haute-administration est structurellement conservatrice, j’en sais quelque chose celle de l’Agriculture avec ses ingénieurs, ses vétérinaires, n’est pas un modèle d’imagination, elle a besoin d’être prise en main. Les hauts-fonctionnaires, bien commandés, obéissent, il y a peu de rebelles en leur sein.
Face à cet immobilisme, 2 éléments nouveaux sont apparus avec le coup de torchon de Macron et la gestion de la crise sanitaire :
Les nouveaux élus LREM, issus pour la plupart de nulle part, des bleus en politique, sauf quelques poids lourds : Le Maire, Le Drian, Philippe… lorsqu’ils ont été nommés Ministres, sans grande connaissance des us et coutumes de la haute-administration, ont vite été phagocytés par elle. Les techniciennes Buzyn et Pénicaud se sont plantées aussi.
L’irruption du Conseil de Défense sanitaire a accentué plus encore le côté chambre d’enregistrement du Conseil des Ministres. Celui-ci installé à l’Elysée dans le salon Murat (le lieu habituel du conseil des ministres), ce cénacle rassemble des responsables politiques, des hauts fonctionnaires, des spécialistes… Avec généralement une dizaine ou une vingtaine de participants. Bien moins que le conseil des ministres. En dehors des inamovibles – tels le premier ministre, le ministre des armées ou le ministre de l’intérieur –, d’autres membres du gouvernement peuvent y être conviés pour aborder un sujet précis.
Ce que je propose pour simplifier, rendre plus efficace notre machine administrative accusée dans la gestion de la crise sanitaire, à torts ou à raison, de lourdeur, de lenteur, d’absence d’anticipation : masques, tests, vaccins :
Que 15 Ministres forment le Conseil des Ministres, ils fonctionnent suivant le système antérieur sous la houlette du valet de pied en chef mais seront en prise directe avec Dieu.
Pour les autres Ministères, la nomination à leur tête d’un Secrétaire-Général du même type que celui qui, à Matignon, SGG, gère l’interministériel. Ces SG seront placé sous la tutelle du 1er Ministre, un peu moins valet de pied.
Ces SG seraient issus d’un vivier citoyen, ouvert à tous les citoyens, dont les membres volontaires auraient bénéficié d’une longue et lourde formation sur le fonctionnement de l’État, les règles de la haute-administration, ses rouages, ses subtilités, ses arbitrages… Lors de l’élection présidentielle, les membres de ce vivier déclareraient, sous le sceau d’un anonymat préservé, leurs préférences politiques.
Élu le nouveau Président de la République pratiquerait le spoil system en puisant dans ce vivier citoyen.
Notez bien que ma proposition est adaptée à une Constitution constante, je ne suis pas persuadé que la majorité des électeurs soit friands d’une VIe République et de l’instauration de la proportionnelle intégrale.
Quelques explications :
Le grand regret d'Emmanuel Macron
Le président s'en veut. Il se mord les doigts de ne pas avoir pratiqué un vrai « spoil system » à l'américaine lorsqu'il est arrivé aux commandes en 2017. Le « spoil system », c'est le remplacement de toutes les directions d'administration, ou presque, pour bien s'assurer de leur loyauté vis-à-vis du nouveau pouvoir. Macron l'avait annoncé pendant la campagne, mais une fois à l'Elysée, il ne l'a pas fait, ou très partiellement. Aujourd'hui, il le regrette amèrement et le confie parfois, en privé.
Par exemple, lors de ce déjeuner au mois de juillet avec tous les présidents de groupe parlementaires de l'Assemblée nationale. A l'époque, le chef de l'Etat s'exaspère, entre autres, du bazar des tests. Il reconnaît, devant des patrons de groupe d'opposition interloqués, qu'il aurait mieux fait de ne pas épargner à l'administration cet électrochoc de début de mandat, le « spoil system ».
Sans doute cela aurait-il permis de secouer le cocotier et d'atténuer les réflexes procéduraux qui sont apparus de manière si criarde tout au long de la crise sanitaire. Emmanuel Macron a-t-il été freiné par le fait qu'il est lui-même issu de la haute administration (inspection des finances) ou bien, peut-être aussi parce que son Premier ministre de l'époque, Edouard Philippe, vient du Conseil d'Etat ? Quoi qu'il en soit, il est rare (mais cela arrive) qu'un responsable politique admette un regret.
Si Emmanuel Macron y consent c'est parce qu'il sait que l'impression d'inefficacité offre, sur un plateau, du carburant à Marine Le Pen. Il est persuadé que si les Français devaient nourrir le sentiment qu'il n'a pas su efficacement (adverbe-clé) les protéger, alors elle pourra l'emporter en 2022. On comprend, dans ces conditions, qu'il puisse s'en vouloir.
Avec Macron, une valse des hauts fonctionnaires modérée
Depuis son arrivée à l’Elysée, le président a changé 66 % des directeurs d’administration centrale, soit moins que ses prédécesseurs, selon les données recueillies par « Le Monde ».
On s’attendait à un grand coup de balai dans la haute administration. Cela fait deux ans que le président de la République Emmanuel Macron répète qu’il veut des directeurs totalement engagés dans la mise en œuvre de sa politique.
Pourtant, visiblement, il n’existe pas de spoils system « à la Macron », une pratique, notamment utilisée aux Etats-Unis, qui consiste pour un gouvernement à remplacer les fonctionnaires en place par des fidèles. Du moins si l’on s’en tient aux seuls chiffres. Selon les statistiques inédites recueillies par Le Monde, le chef de l’Etat a en effet changé moins de directeurs d’administration centrale (DAC) que ses prédécesseurs.
De mai 2017 à septembre 2019, 128 de ces hauts cadres de l’Etat ont été déplacés. Sur un total de 194, cela représente une proportion de 66 %. Deux tiers, ce n’est pas rien. Mais le mouvement avait été plus ample lors des deux quinquennats précédents. Sur la première moitié de son mandat (2007-2009), Nicolas Sarkozy avait procédé au remplacement de 80 % des DAC – soit 177 sur 221 ; le taux fut de 82 % (160 sur 196) pour François Hollande, entre 2012 et 2014.
« Il n’y a pas de renouvellement massif. Parler de spoils system “à la Macron’’, ou sous Macron, me paraît erroné », constate Jean-Marc Sauvé, ancien secrétaire général du gouvernement et ancien vice-président du Conseil d’Etat, tandis qu’un autre haut fonctionnaire suivant ces mouvements de près s’étonne, sous couvert d’anonymat, du profil des directeurs nommés : « Je constate que contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, le recrutement de profils classiques, lisses, accommodants, est préféré aux profils disruptifs. »
Ne se préoccuper que du fond
Ce bilan à mi-mandat est donc étonnant. Début 2017, le candidat Macron avait prévenu : « Je changerai ou confirmerai l’intégralité des postes de direction dans la fonction publique » dès les premiers mois du mandat. Dans son esprit, les DAC doivent en effet « porter la politique du gouvernement ». Tant et si bien que certains s’inquiétaient même de l’édification d’un « Etat Macron », comme furent jadis brocardés « l’Etat-RPR » ou « l’Etat-PS ».
En juin de cette année, la porte-parole du gouvernement en remettait d’ailleurs une couche. Soulignant la nécessité que les DAC soient « à l’aise avec la feuille de route des ministres », Sibeth Ndiaye annonçait une nouvelle vague de nominations. « Il y a des endroits où cela ne se passe pas très bien », avait-elle justifié.
Des nominations ont eu lieu pendant l’été, mouvements habituels à cette période de l’année. Mais pas au point de mettre le chef de l’Etat à l’étiage de ses prédécesseurs. L’entourage du premier ministre Edouard Philippe rappelle néanmoins qu’« il y a très peu d’organisations qui changent leur top management à hauteur de deux tiers en deux ans ».
Pour le reste, Matignon défend une approche nouvelle, dépassionnée. A l’inverse des quinquennats précédents où l’alternance politique a influencé le changement des cadres, la nouvelle majorité gèrerait cette question en ne se préoccupant que du fond. « Nous avons beaucoup de ministres qui viennent de la société civile, poursuit-on. Ils ont à cœur de prendre le temps de travailler avec leurs directeurs avant, éventuellement, de les changer. »
Et « notre idée n’était pas de virer tout le monde ! Il a été demandé aux ministres de se poser ces questions : êtes-vous en confiance avec vos directeurs ? Ont-ils l’expertise et la compétence pour mener nos politiques ? Ont-ils toujours l’énergie nécessaire pour le poste ? » Ce qui n’empêche pas le pouvoir de débarquer sans ménagement les cadres considérés comme insuffisants. Plusieurs préfets en ont fait l’expérience.
Tension terrible
Il ne faut pas confondre « mise sous tension de l’appareil d’Etat », comme Emmanuel Macron l’a promis, et grand ménage. « A chaque conseil des ministres, confie-t-on encore chez Edouard Philippe, il est rappelé qu’il n’est pas seulement important de faire voter des lois, mais qu’il faut également aller voir jusqu’au dernier kilomètre si la réforme se déploie ou pas. »
« Il faut des résultats, et l’administration en est comptable », assurele ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire. Et Emmanuel Macron veut que les Français voient les réformes dans leur quotidien. Les présidents qui se succèdent depuis le début du siècle ont connu la même urgence, car « ils ont la juste perception que le quinquennat est une machine à perdre l’élection présidentielle », note Jean-Michel Eymeri-Douzans, professeur de sciences politiques à Sciences Po Toulouse.
Entre l’installation et la campagne présidentielle de fin du mandat, le « temps utile » est court. Les présidents sont pris dans un vortex où l’impatience des citoyens, la frénésie des chaînes d’info et des réseaux sociaux, l’immanquable impopularité sondagière, les élections en cascade et, dans le même temps, la lenteur de mise en œuvre des réformes créent une tension terrible. « Le rythme politique est devenu hectique, estime M. Eymeri-Douzans. Le président de la République veut être le “maître des horloges”. Or, celles-ci échappent de plus en plus à sa maîtrise. Cela le pousse à exercer toujours davantage de pression sur son administration. »
A sa façon, Emmanuel Macron s’inscrit donc bien dans la tradition française : depuis 1981, en effet, la haute fonction publique est constamment renouvelée. Parfois massivement. En 1981, lorsqu’il accède à l’Elysée, François Mitterrand, premier président socialiste, trouve une administration marquée par vingt-trois années de gaullo-giscardisme. En un an et demi, il changera la moitié des préfets et des DAC.
Dilemme
Pour autant, malgré la coloration politique parfois évidente de ces mouvements, il est délicat de parler de spoils system. Pour M. Eymeri-Douzans, cela n’a rien à voir avec ce qui se pratique « aux Etats-Unis, ou plus encore en Europe centrale », où des milliers de fonctionnaires changent d’affectation après une alternance.
« Le président de la République, note le politologue, veut juste que ça marche, que ça aille vite. Il souhaite que les hauts fonctionnaires soient loyaux aux contenus, aux objectifs de sa politique, et non pas à sa personne. »
D’ailleurs, souligne Bruno Le Maire, avec le quinquennat, « je trouve que ce serait extrêmement risqué » de mettre en place un vrai spoils system. « Aux Etats-Unis, quand vous avez un nouveau président élu, il a quasiment un an à attendre avant que les directeurs soient changés, que l’administration soit opérationnelle. » Efficacité à court terme ou loyauté à long terme ? Une autre façon de résumer le dilemme de chaque président en début de quinquennat...
Covid-19 : le Conseil de défense, où se décide la gestion de crise, est prisé par Emmanuel Macron et décrié par l’opposition
Depuis mars, le président a fait de cette vieille instance un lieu-clé dans la prise des décisions. Pour certains, elle illustre le manque de transparence du gouvernement.
C’est une vieille instance longtemps restée dans l’ombre qui a émergé de la crise sanitaire. Depuis mars, les arbitrages qui y sont pris rythment la vie des Français. En quelques mois, Emmanuel Macron a fait du Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN) le lieu-clé dans les prises de décision les plus sensibles de l’exécutif, son principal outil de gestion de crise, lequel se réunit à un rythme quasi hebdomadaire.
Jeudi 12 novembre, une nouvelle réunion de ce type est prévue le matin, autour du chef de l’Etat, afin d’évaluer les options possibles pour freiner l’épidémie de Covid-19 – avant une conférence de presse du premier ministre, Jean Castex, l’après-midi. Un rituel. En l’espace d’un mois, ce sera le cinquième conseil de défense convoqué par le chef de l’Etat. A chaque fois pour décider d’annonces fortes, comme le couvre-feu ou le reconfinement.
Installé à l’Elysée dans le salon Murat (le lieu habituel du conseil des ministres), ce cénacle rassemble des responsables politiques, des hauts fonctionnaires, des spécialistes… Avec généralement une dizaine ou une vingtaine de participants. Bien moins que le conseil des ministres. En dehors des inamovibles – tels le premier ministre, le ministre des armées ou le ministre de l’intérieur –, d’autres membres du gouvernement peuvent y être conviés pour aborder un sujet précis.
Depuis le début de la crise du Covid-19, le ministre de la santé, Olivier Véran, et le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, y sont présents en permanence. « C’est une ambiance de réunion de travail, explique un participant. Les sujets sont pris les uns après les autres : tests, traçage, mesures de gestion. Le président ou les ministres peuvent poser des questions – parfois précises – aux ministres et aux responsables d’administration. » Avec une constante : à la fin, c’est toujours le chef de l’Etat qui tranche.
« On peut tout s’y dire. Et cela ne fuite pas »
Ce cadre restreint, à l’abri des regards, est prisé par M. Macron, qui en apprécie le caractère « très opérationnel », selon son entourage. Cela lui permet de prendre des décisions rapides, sans s’embarrasser de la lourdeur des discussions inhérentes au fonctionnement normal d’un gouvernement. « Le Conseil de défense, c’est une organisation efficace dans notre système présidentiel. Tu peux aller sur le fond du fond d’un sujet », défend une source gouvernementale.
Le chef de l’Etat en apprécie la confidentialité des échanges ; ses participants étant tenus au secret-défense. « Il y a besoin d’un endroit où l’on puisse tout mettre sur la table », justifie un ministre. « L’avantage, c’est que l’on peut tout s’y dire. Et cela ne fuite pas », complète un autre. D’autant qu’à la différence du conseil des ministres, il n’y a pas de compte rendu.
Sauf que le recours croissant à cet organe jugé opaque suscite des critiques au sein de l’opposition. A gauche comme à droite, on dénonce un supposé manque de transparence de l’exécutif. M. Macron « décide seul avec quelques conseillers », s’est indigné l’écologiste Yannick Jadot, en plaidant pour la création d’un « Conseil de sécurité sanitaire » élargi aux « forces vives du pays ».
D’autres, comme le sénateur Les Républicains (LR) Philippe Bas, accusent l’exécutif d’avoir détourné le Conseil de défense de son usage en l’utilisant pour trancher des questions de santé publique ou concernant la transition écologique, alors qu’il est à l’origine consacré à la stratégie militaire et à la sécurité. Faux procès, selon les macronistes. « La gestion de la crise implique des prises de décision qui concernent tous les enjeux de sécurité, notamment sanitaires », rétorque un conseiller du chef de l’Etat.
Le secret-défense, « cela n’empêche pas les poursuites »
Mais le plus virulent est sans nul doute Jean-Luc Mélenchon. Ces derniers jours, le chef de file de La France insoumise a multiplié les attaques, comparant le Conseil de défense à un « comité secret » autour de M. Macron, lequel permettrait à ce dernier de « se protéger judiciairement ». « Pourquoi une invention pareille a-t-elle fini par se substituer à quasiment tous les organes constitutionnels de prise de décision ? », a-t-il demandé, en soulignant « le problème grave que soulève la direction du pays » par un organe « tenu au secret-défense ». « Autrement dit, [cet organe] ne rend compte à personne et n’informe personne des décisions qu’il a prises », permettant à ceux qui le composent d’être « placés hors de tout recours ».
Des accusations sans fondement, aux yeux du constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier. « Le président de la République n’a pas à se servir du Conseil de défense pour se protéger de la justice puisqu’il bénéficie d’une immunité totale dans l’exercice de ses fonctions », corrige-t-il.
Quant au secret-défense, « cela n’empêche pas les poursuites, sa levée pouvant être demandée par un juge », rappelle ce professeur de droit public, en soulignant que le précédent premier ministre, Edouard Philippe, ou encore l’ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn sont aujourd’hui « tenus de rendre des comptes » quant aux décisions prises dans le cadre des conseils de défense tenus au moment de la première vague. « Le code de procédure pénale prévoit des dispositions sur la levée du secret-défense et le Conseil de défense n’en fait pas exception », souligne l’exécutif.
Pour les macronistes, présenter le Conseil de défense comme « antidémocratique » serait donc un non-sens. « Ce n’est pas une instance d’exception. Ses décisions impactant les libertés publiques doivent toujours être adoptées par le conseil des ministres, souligne le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Quand le président a tranché sur le couvre-feu, par exemple, c’est évidemment le conseil des ministres qui l’a acté par décret. »
Le conseil des ministres supplanté
Ces dernières années, alors qu’il était président de la République, François Hollande avait régulièrement recours à cette instance pour faire face à la menace terroriste – une habitude reprise par son successeur.
Lors du premier conseil de défense organisé après l’attentat contre Samuel Paty, le 18 octobre, chaque ministre présent était invité à venir avec des solutions opérationnelles à proposer. Ce conseil terminé, l’Elysée a ainsi pu annoncer des actes « concrets », comme des visites domiciliaires chez des membres de la mouvance islamiste. Depuis, deux autres conseils de défense ont été organisés sur ce même thème. Ou comment donner à voir à l’opinion l’image d’un pouvoir en pleine action, alors que la défiance grimpe quant à la capacité de M. Macron à répondre au défi terroriste.
Peu à peu, le Conseil de défense en vient à supplanter le conseil des ministres, lequel devient de plus en plus souvent une simple chambre d’enregistrement, avec un déroulé très codifié et protocolaire. Lors de sa réunion du 28 octobre, M. Macron n’a ainsi rien laissé filtrer de son choix d’annoncer le soir même aux Français le retour du confinement. Seul comptait à ses yeux le conseil de défense sanitaire organisé quelques heures plus tôt. « Le président sait la confidentialité d’une réunion à quarante personnes, ironise un ministre. Il y avait [la] nécessité de créer un effet de “blast”. »
Il est à noter que depuis mars et le début de la crise sanitaire, le fonctionnement normal des conseils des ministres n’a jamais été retrouvé, ces derniers se déroulant toujours en visioconférence pour ce qui est de certains participants. De quoi déclencher un trait d’humour de l’ancien ministre de la santé Xavier Bertrand, qui, lors de son audition du 22 septembre par la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de l’épidémie, avait lancé : « Le haut Conseil de défense, c’est ce qui est en train de remplacer le conseil des ministres, en ce moment, c’est ça ? »
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Soyons joueurs ! On peut jouer bien sûr à saute-mouton comme à cache-tampon mais jouer pour du beurre c’est sympathique mais pas forcément très excitant. L’adrénaline vient, monte, lorsque l’on prend le risque de perdre sa culotte avec l’espoir de rafler...
Chers tous, Comme l'indique ma messagerie Orange, je suis parti dans les vignes. Je vous manque ? Vous aussi me manquez, ainsi que nos rendez-vous quotidiens. Grâce et avec vous, je ne me suis pas vu vieillir, ni j'ai vécu ce qu'on appelle la retraite...
À ce rythme d’emmerdements à répétition pour sûr que mon hébergeur va me rendre chèvre avec ses serveurs qui chauffent, qui se plantent, avec ses bugs comme s’il en pleuvait. Absence des messages d’annonce des chroniques, impossibilité d’inclure des photos...
KEYSTONE
Moi bien sûr, la guerre froide, le KGB, la CIA, j’ai 24 ans, les échecs ne sont pas ma tasse de thé, pas assez intelligent, peu porté sur le maniements de stratégies ICI Bref, ce qui me passionnait c’était le bras de fer entre le bloc soviétique...
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