Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
Août 2001, nous avions décidé de suivre le sentier Stevenson dans les Cévennes, de le faire bien sûr avec un âne pour compagnon, en l'occurrence comme pour Robert-Louis une ânesse prénommée non pas Modestine mais Sarriette. Je venais de remettre mon rapport au Ministre et ... c'est une autre histoire. Ce matin je vous offre un extrait du Journal de route en Cévennes de R.L. Stevenson.
Vendredi 4 octobre Adieu Modestine !
Examinée le matin du 4 octobre, Modestine fut déclarée inapte à voyager. Il lui fallait au moins deux mois de repos, d'après le palefrenier (...) je résolus de vendre mon amie et de partir par la diligence cet après-midi-là (...) Notre marche de la veille, avec le témoignage du charretier qui nous avait suivis dans la montée de Saint-Pierre, fit une bonne réputation sur les aptitudes de mon ânesse. Des acheteurs éventuels furent au courant d'une occasion sans pareille. Avant dix heures, j'avais une offre de vingt-cinq francs ; et avant midi, après une rude discussion, je la vendis avec la selle et tout le reste pour trente-cinq francs (...)
Encore une chose à noter. Le phylloxera a ravagé les vignobles dans le pays, et au petit matin, sous les châtaigniers près de la rivière, j'aperçus un groupe d'hommes travaillant à un pressoir de cidre. Comme je ne compris pas tout de suite ce qu'ils faisaient, je demandai à l'un d'eux de m'expliquer : " On fait du cidre " dit-il, " oui, c'est comme ça. Comme dans le nord ! ". La voix vibrait, sarcastique : le pays allait au diable.
Du Monestier, près du Puy, jusqu'à Saint-Jena-du-Gard, aux alentours d'Alès, Robert Louis Stevenson emprunte les chemins de traverse pour tenter de trouver un dérivatif à la tristesse qui l'a envahi après le départ de Fanny, la femme aimée. Entre le 22 septembre et le 4 octobre 1878, en compagnie de Modestine, l'ânesse achetée au départ, il fuit les routes fréquentées, trop directes et trop rapides. La lenteur du trajet lui convient, elle lui permet de s'incorporer aux lieux et de restituer les tonalités changeantes de l'automne dans les Cévennes. Que le lecteur soit assis dans un confortable fauteuil ou engagé sur le G.R. dans les pas de Stevenson, ce récit précis et admiratif devant les beautés de la nature offre un point de vue original et poétique sur les paysages traversés.
J’ai vécu 4 ans dans les bois, plus précisément dans le pavillon d’honneur de l’ancien château de Georges Halphen transformé en hôtel de luxe : Le Mont Royal, à la Chapelle-en-Serval où se rejoignent les voies menant à Chantilly et Senlis, le plus beau bouchon des week-ends des parisiens en mal de forêts.
Senlis est qualifiée de ville des pilotes d’Air France, chic et chère dans ses pavés et ses vieilles pierres, on y tourne beaucoup de film dit d’époque.
Aujourd’hui c’est « Le Roi de cœur » (1966)
Pourquoi ce film ?
Parce que tel est mon bon plaisir. Mais aussi parce que ce film a enchanté mes années d'école buissonnière. Mais aussi par ce que c'est l'un des plus beaux flop de l’histoire du cinéma français et d'un sympathique réalisateur aux très nombreux succès par ailleurs.
Quelle est l’histoire ?
Pour une fois laissons la parole à Wikipédia qui résume parfaitement le scénario :
« Fin 1918, les Allemands abandonnent Marville après l'avoir piégé en y cachant un blockhaus rempli de bombes qui doivent exploser à minuit quand l'armée britannique aura libéré la ville. Un soldat britannique, Charles Plumpick, est chargé de localiser la machine infernale et de la désamorcer avant qu'elle n'explose. Sur place, il découvre une cité bien évidemment désertée par ses habitants, à l'exception des pensionnaires de l'asile d'aliénés. Ceux-ci l'accueillent à bras ouverts ; ils reconnaissent en lui - par un rocambolesque concours de circonstances - leur roi (« roi de cœur », cousin du « duc de Trèfle Brialy). Intronisé comme il se doit lors d'une cérémonie officielle à la cathédrale de la ville, Plumpick se laisse séduire par ses nouveaux compagnons, qui ont pour noms, Xénophon, duc de Trèfle précédemment cité, la duchesse Marie-Charlotte et leurs enfants, Brunehaut, Gontran et Albéric , le Général Géranium, l'évêque, Monseigneur Marguerite, monsieur Marcel, le coiffeur,) et la tenancière de la maison close, madame Églantine et l'une de ses pensionnaires, la jolie Coquelicot. Il n'en oublie pas sa mission pour autant.
Réalisation
Philippe de Broca, avant « Le Roi de Cœur » avait à son actif les immenses succès populaire que furent « Cartouche » (1962) « L’homme de Rio » (1964) et « Les tribulations d’un chinois en Chine » (1965), avec Jean Paul Belmondo acteur fétiche qu’il retrouvera avec « Magnifique » (1973) et « L’Incorrigible » (1975). C’est dire le savoir-faire du bonhomme quand, en 1966 il se laisse aller à « commettre » un sujet qui lui tient à cœur. Malgré une distribution de rêve réunissant parmi les plus grands noms de la scène française ce fut un bide retentissant, tant publique que critique. Il en fut profondément affecté mais poursuivi néanmoins sa carrière, allant de succès en succès avec, toujours des grands noms. Ainsi « Le diable par la queue » (1969) ou « Le Bossu » (1997). C’est le cinéaste de la joie de vivre. Il n’aimait rien tant que le tournage en équipe mêlant acteurs et techniciens. Il adorait les acteurs dont il disait reprenant les mots d’un de ses ainés qu’ils étaient comme du papier de soie. Tu les froisses et c’est fini à jamais. Il a été porté sur les fonds baptismaux par de grands ainés dont il a été l’assistant tels Henri Decoin, Claude Chabrol, François Truffaut ou Pierre Schoendoerffer. Aujourd’hui, dit-on, les jeunes générations de cinéaste font référence à son oeuvre qui apparaît comme moins frivole ou superficielle qu’elle n’en a l’air. Elle apparaît comme le reflet de la société de la deuxième moitié du XXe siècle.
Qui fait quoi
Vous les connaissez tous et il est amusant de les voir presque à leur début. Amusant également de voir comment leur carrière, ceux qui sont restés des (excellents) second rôle ou devenu des « flèches » a évolué
Alan Bates :
Et oui, « Alan Bates » cependant je ne saurais dire si ma passion pour cet acteur date de ce film. - Il est Charles Plumpick, le roi de Cœur
Geneviève Bujold :
Actrice canadienne qui a su se faire un nom sur la scène internationale et française puisqu’elle tournée deux film avec le fidèle de Broca – elle est Coquelicot
Pierre Brasseur :
Truculent acteur, volubile, exubérant, jamais dans l’outrance même s’il s’en approche souvent. Je me souviens de lui, quand jeune homme je fréquentais les théâtres Strasbourgeois car c’était aussi un fabuleux comédien. Une personnalité telle qu’il a évité d’être dans le dictionnaire, défini simplement comme « père du précédent » : son fils Claude
Si ma mémoire est bonne, grand déconneur, Belmondo, sur un tournage, le voit descendre l’escalier de l’hôtel une valise à la main, sans passer par la salle des petits déjeuners. Bebel l’apostrophe et Brasseur de lui avouer que ses déconnades l’ont fait renvoyer du tournage. Bebel ne dit rien mais, valise à la main il rejoint Brasseur qui attend un taxi. Affolement chez les producteurs qui souhaitent comprendre. Bebel, imperturbable leur répond : « Lisez mon contrat. Je joue avec Pierre Brasseur. Pierre s’en va, je pars avec lui. » Bien sûr Brasseur fut réintégré et essaya d’être sage - il est le général Géranium
Jean-Claude Brialy :
On ne présente plus cette vedette du cinéma français tant sa filmographie parle pour ce virevoltant et/ou précieux acteur plein de fantaisie ou de gravité selon ce qu’i est amené à jouer - il est Xénophon, duc de Trèfle
Julien Guiomar :
Un de ces seconds rôles dont l’apparition à l’écran est toujours un régal. Comment va t il nous faire ça ce coup-ci ? - il est Mgr Marguerite
Michel Serrault :
Tellement vrai qu’on a l’impression qu’il a fait ça toute sa vie ou que ce fût son métier avant que d’être acteur (ce qui est le cas de Fabrice Luchini) Pour ma part j’ai l’impression que c’est un rôle qu’il endossa de nombreuse fois alors qu’il n’y en a eu que deux - il est M. Marcel, le coiffeur
Jacques Balutin :
Second rôle très typé avec un bel abatage. Il joua beaucoup de pièces de boulevard - il est le sergent Mc Fish
Daniel Boulanger :
Daniel Boulanger écrivain et scénariste (notamment sur ce tournage avec de Broca) est aussi le dialoguiste. Cela mérite d’être souligné comme la fidélité du metteur en scène avec ses partenaires, ainsi Michel Audiard autre dialoguiste régulier - il est le colonel von Krack
Philippe de Broca :
Il aimait tellement rire et s’amuser qu’il ne rechignait pas à jouer dans ses propres films - il est le caporal Adolf Hitler
Georges Géret :
Encore un second rôle avec une bouille bien à lui qui tourna quelques quarante films ou sa tête de dur ou de bougon a été fort bien employé. On se souviendra de sa composition dans Z (1969) de Costa-Gavras - il est un soldat avec Mc Fish
Yves Robert : le général Baderna
Remarque
Le film a été tourné à Senlis. Cette ville est tellement photogénique qu’à la fin de la projection on a envie de s’y rendre sur le champ ou à la première occasion. Il peut être amusant de comparer ce qu’est devenue cette ville cinquante-cinq ans plus tard.
Ce film joue sur deux tableaux. La poésie et le burlesque avec beaucoup de finesse et d’élégance dans les situations et les images et/ou les dialogues.
Le burlesque nous rappel parfois ce grand succès qu’a été Hellzapoppin (1941) Un film traitant, sur un mode burlesque justement, des us et coutumes des milieux du spectacle, du théâtre et du cinéma américains. On y trouve des incongruités hilarantes et des quiproquos à profusion.
Le « flop »
De « Cartouche » tourné en 1962, producteur. La consécration internationale est acquise avec aux « Tribulations d’un chinois en Chine » en 1965 en passant par « L’homme de Rio » en 1964, qui lui vaut une consécration internationale curieusement « Le Roi de Cœur » est un échec critique et commercial. Il arrive que le public se rue sur un film décrié par la critique. L’inverse existe également. Critique louangeuse et public absent. Là, c’est les deux.
Bref, un petit tour aux oubliettes jusqu’en 1978. Les droits, vendus aux Américains, donne un second souffle à l’œuvre. Au panthéon des films curieux il devient même culte. Aujourd’hui il est considéré, ben voyons, comme son chef d’œuvre. Les jeunes générations le revendiquent comme un Maître.
Malgré l’échec de 1966, des 1969 il tourne « Le diable par la queue » Énorme succès sur lequel nous reviendrons certainement. C’est en tout cas une belle illustration de sa motivation profonde à faire des films : « parce que le rire est la meilleure défense contre les drames de la vie. »
Les facéties de Ciné papy
Monter le volume sonore de sa télé ne rend pas les sous titres plus lisibles
Le Botteleur (d'après Millet)", 1889, huile sur toile, de Vincent Van Gogh.(Musée Van Gogh, Amsterdam)
MEULES DE FOIN EN PROVENCE, 1888 DE VINCENT VAN GOGH
5 octobre 2010
Gigot d’agneau de Pauillac au foin AOC de la Crau... « Boudie pour les bêtes c'est aussi bon que pour vous le Châteauneuf du Pape !ICI
Lorsqu’au temps d’Henri Nallet, Ministre de l’Agriculture, nous décidâmes de mettre le focus de la présidence française de l’UE sur les AOC et que le dépoussiérage des textes législatifs devint une nécessité, nous découvrîmes, sous la houlette de Marie-Hélène Bienaymé de l’INAO, dans les mille-feuilles de l’ensemble des AO autres que vinicoles des produits aussi exotiques que le foin de la Crau et la porcelaine de Limoges par exemple.
Dans la plaine de la Crau, un foin français qui vaut de l’or
Il n’y a pas que le champagne et Chanel : la France est aussi le pays d’un foin de luxe. Cultivé dans le Sud, destiné aux chevaux de course, il se vend partout sur la planète. Mais plusieurs menaces planent sur cette manne, très consommatrice d’eau.
Il va y avoir de la pluie. Les nuages noirs l’annoncent. La pluie est l’ennemie de David Doulière. Elle ruine le foin et le prix auquel il se vend. Si l’herbe fraîchement fauchée à l’odeur si forte et si florale qui repose dans le pré prend l’humidité, comment fera-t-il pour la vendre comme le meilleur foin au monde ?
“Ce serait dramatique*”, déclare-t-il. Il jette un coup d’œil au ciel. Dans sa course contre la pluie, il a passé tout l’après-midi sur son chariot élévateur à s’affairer dans les prairies qui entourent le château de Vilpail, une des meilleures adresses pour le foin, ici, à Crau, dans le sud de la France. Frénétique mais routinier, il enfourche une balle après l’autre, les empile sur son camion de 44 tonnes et fonce au grand hangar, vite, rentrer la récolte. Toujours pareil, toujours le même processus, tant que le temps reste sec en cette journée de printemps. Si ça sent le roussi, David Doulière, 59 ans, a beau être marchand, il met la main à la pâte. Ses collaborateurs parcourent les champs alentour en tracteur et font la même chose que lui. Il descend du chariot élévateur et soulève une touffe d’herbe coupée. “Il est d’un beau vert, déclare-t-il, mais il est déjà trop humide !”
Pour que le foin atteigne les 14 % d’humidité promis au client, il faudrait qu’il y ait du mistral, ce vent de terre sec qui vient du nord. Or voilà des jours que le vent souffle de la Méditerranée. “Si ça continue, l’année 2021 sera une mauvaise année”, confie Doulière. La première coupe, en mai, détermine le prix, ainsi que la deuxième et la troisième, qui ont lieu plus tard. C’est la première qui contient le plus de fibres. Elle est vendue aux propriétaires de chevaux de course de grande classe du monde entier – Allemagne, Grande-Bretagne, Émirats arabes unis ou Sainte-Lucie, une île des Caraïbes.
Le foin de Crau est du pur luxe français. Un produit soigneusement fabriqué pour chevaux gourmets et propriétaires connaisseurs. Ce grand cru de l’alimentation animale a droit depuis 1997 à l’appellation d’origine protégée, qui s’applique également aux vins et aux fromages à pâte molle. Il a été le premier produit non destiné à la consommation humaine à recevoir ce label tant convoité. Il se vend actuellement 200 à 250 euros la tonne, aussi cher que le maïs. Beaucoup d’argent pour de l’herbe sèche. Le foin allemand est un tiers meilleur marché. “Il y a le champagne, il y a Chanel et il y a le foin de Crau”, déclare Doulière. Il ne manque pas de confiance en lui.
Un oasis de prairies et de haies
Son or vert pousse pourtant dans une région plutôt oubliée, méconnue. Toute l’attention va aux paysages de rêve qui l’entourent : à l’ouest, la Camargue, le pays des lagunes étincelant dans le contre-jour et des flamants roses. À l’est, la Provence, ses villages pittoresques et ses célèbres champs de lavande. La plaine de la Crau, toute plate, se trouve juste entre les deux. Elle a deux visages très différents : du côté de la mer, c’est un désert sec, une steppe où l’air vibre et où rien ne pousse à part du thym rabougri. Au nord, en revanche, on trouve une herbe luxuriante : les 2 000 kilomètres de canaux d’irrigation qui apportent de l’eau des Alpes depuis le XVIe siècle font de la Crau humide une oasis de prairies et de haies, qui ressemble plus à un comté anglais qu’à un paysage méditerranéen. C’est là, sur 13 500 hectares, que les producteurs récoltent leur précieuse marchandise.
Tout pourrait donc être idyllique. David Doulière et les [près de] 300 autres membres du Comité du foin de Crau, l’association locale du foin, pourraient vaquer tranquillement à leurs activités si le site n’était pas menacé de tous les côtés, par exemple par les cinq oléoducs qui courent sous les prairies ou par les nouvelles autoroutes qui grignotent la plaine. Et si le dérèglement climatique ne faisait pas du foin de luxe lui-même un problème.
Certes, les producteurs n’ont pas besoin de pluie, mais il leur faut tout de même d’énormes quantités d’eau, que les canaux détournent de la Durance : 300 millions de mètres cubes par an, selon Foindecrau, ce qui correspond à 2,5 milliards de baignoires. Or l’eau se fait de plus en plus rare dans le sud de la France.
Doulière et ses collègues sont de plus en plus confrontés à des questions critiques : toute cette eau juste pour que la steppe soit bien verdoyante, est-ce défendable ?
Un régal pour animaux de luxe peut-il justifier cette consommation ?
Ou est-ce décadent ?
Le conflit ne fait que commencer. “Il ne faut rien changer à l’irrigation, déclare Doulière. Ce serait dramatique*.” Bien sûr. D’après lui, ce ne sont pas seulement des intérêts économiques et environnementaux qui sont en jeu mais un paysage de près de 500 ans. Vincent Van Gogh avait peint la récolte du foin en 1888 quand il vivait à Arles, à côté.
En 2021, la récolte ne se fait plus avec râteaux et chars à bœufs mais avec botteleuses automatiques et chariots élévateurs. Doulière continue à se démener dans les prés. Plus les nuages se font menaçants, plus vite il ramasse les lourdes balles de foin comme si c’étaient des petits cubes en bois. À 19 h 30, tout s’arrête : il pleut comme vache qui pisse. Doulière a rentré un tiers de la première coupe. Le reste va devoir attendre au moins cinq jours sans pluie sur le sol avant de pouvoir être ramassé.
Produire du foin, c’est tout un art dans la plaine de la Crau. Des règles précises, le soleil, le mistral et un apport en eau maîtrisé donnent ses lettres de noblesse à ce produit apparemment banal. De mars à septembre, les prairies sont inondées tous les huit à dix jours grâce à de petites écluses. Pendant dix heures, pas plus, sinon l’herbe pourrit. L’eau qui ne s’infiltre pas dans le sol s’écoule par les rigoles. L’eau de la Durance nettoie l’herbe et lui apporte des nutriments, ce qui permet trois récoltes par an. La première va aux chevaux, les deux autres aux vaches et aux moutons, ce sont les prémices de bons fromages français.
Le seul engrais, ce sont les déjections des moutons qu’on mène sur les prairies en hiver. Les règles de l’AOP interdisent les pesticides.
Le foin de Crau contient jusqu’à 32 sortes de plantes, d’herbes aromatiques et de fleurs ; cinq d’entre elles doivent obligatoirement y figurer, parmi lesquelles le fromental. Une fois liées, les balles ne doivent pas passer la nuit sur les champs. Les producteurs sont d’ailleurs de véritables pros du marketing en matière de conditionnement : l’authentique foin de Crau est lié avec une ficelle spéciale rouge et blanc, elle aussi protégée.
Les autorités chargées de la répression des fraudes enquêtent régulièrement sur des contrefaçons. Un faux foin de Crau venant en fait du Canada a été retiré de la circulation en Irlande. Des imitations ont été repérées en Allemagne.
S’il y en a un qui apprécie particulièrement le fourrage français en Allemagne, c’est Klaus Hart, un négociant de Bochum. Il fait partie des rares personnes qui importent du foin de Crau, “pour les chevaux de course de première catégorie”. Il n’achète plus de foin allemand : il contient trop de sucre, est trop humide et trop souvent mêlé de terre. C’est comme comparer le rôti de porc à la salade provençale. “Avec le foin de Crau, les chevaux sont en forme, pas gros. Il contient des sels minéraux et est riche en protéines, s’extasie-t-il. Il est sec mais pas poussiéreux.” Ce qui est important pour les poumons des stars de l’hippodrome : la présence de terre dans le fourrage peut faire la différence entre la victoire et la défaite.
Sur le bureau de David Doulière, dans la zone d’activité de Saint-Martin-de-Crau, la capitale du paradis du foin, se trouvent des photos de deux de ses meilleurs clients : Trêve, une jument spécialiste du plat, et Timoko, le champion de trot. Ils ont remporté chacun plusieurs millions d’euros – grâce à son superfoin entre autres, d’après Doulière.
“Je fournis de la très haute qualité”, déclare-t-il. Si un client n’est malgré tout pas satisfait, il fait jouer la garantie. Doulière le rembourse ou lui fournit du nouveau foin. Un client suisse a récemment trouvé de la sétaire verte dans son foin. C’est mauvais : la sétaire provoque des inflammations dentaires chez les chevaux. “Notre foin est un produit naturel pas un produit de synthèse, explique Doulière. Ça peut malheureusement arriver.”
Défenseurs de la terre
C’est aussi ce qu’a découvert l’émir de Dubaï. Mohammed ben Rachid Al-Maktoum a un jour fait venir Doulière spécialement de France par avion, une véritable convocation, car ses palefreniers avaient trouvé de petits os dans le foin de Crau. “Il y avait eu un lièvre dans l’herbe au moment de la récolte, raconte le producteur. Je lui ai expliqué ce qu’était une prairie, qu’il y avait des animaux sauvages qui vivaient dedans.” L’émir, qui avait payé 500 euros par tonne de foin, s’est calmé. Doulière continue à approvisionner la cour.
Oui, la prairie vit. Dans sa partie sud, la plaine de la Crau est toujours une steppe couverte de pierres. D’après le poète antique Eschyle, Héraclès s’y retrouva un jour pressé par les Ligures et Zeus fit pleuvoir des pierres pour contraindre ses ennemis à la fuite. Ça, c’est la légende. Du point de vue géologique, ces cailloux sont les vestiges de l’ancien delta de la Durance, qui s’est jetée dans la mer à cet endroit jusqu’au dernier âge de glace. Et cette steppe pierreuse vit aussi.
Prionotropis hystrix rhodanica, par exemple, une sauterelle qu’on ne trouve qu’ici, est un aliment vital pour de nombreux oiseaux, par exemple le ganga cata. Tous deux, la sauterelle comme le ganga cata, sont menacés d’extinction. Ces animaux ont été vus pour la dernière fois sur le site d’une piste d’essais automobiles de BMW.
L’homme utilise cette étendue de terre pour des choses qu’il n’aime pas avoir à proximité. Par exemple la base aérienne d’Istres, une usine de dynamite, les monceaux d’ordures de Marseille. Et pour les oléoducs. L’éclatement de l’un d’entre eux a pollué 46 000 tonnes de terre en 2009.
Là où la plaine de la Crau touche la Méditerranée s’élèvent les cheminées polluantes des raffineries de Fos-sur-Mer. Le foin ne présente cependant pas de taux inquiétant de substances toxiques, à en croire les mesures de l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions. Cela tient du miracle.
Une petite partie de la plaine de la Crau est réserve naturelle nationale depuis 2001. Cela ne freine pas la menace que les producteurs de foin craignent le plus : les autoroutes se multiplient et les hangars poussent comme des champignons parce que c’est là que se croisent les chemins qui partent du port de Marseille pour aller en Espagne et dans le nord de l’Europe. Or le grignotage des surfaces se fait surtout au détriment des prairies à foin. Doulière et l’association des producteurs de foin se considèrent comme les défenseurs de ces terres. Il est furieux qu’on reproche à leur entretien de ce paysage gourmand en eau d’être antiécologique. “On n’est pas des gaspilleurs.”
Un écosystème menacé
Annick Mièvre voit les choses différemment. Directrice de la délégation Paca-Corse de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, elle trouve que les producteurs ponctionnent trop d’eau de la Durance. Le fleuve n’alimente pas seulement la plaine de la Crau mais fournit de l’eau potable à 3,5 millions de personnes en tout. “La ressource se raréfie”, déclare-t-elle. L’écosystème du fleuve risque de se retrouver déséquilibré. Les modèles climatiques pour la période allant jusqu’à 2065 prévoient beaucoup moins de neige en hiver et un niveau très faible en été. “La solution, c’est d’économiser l’eau”, conclut-elle. Elle fait pression pour que la production de foin ne prélève dans le fleuve que ce dont elle a vraiment besoin – d’autant qu’une grande partie des volumes destinés à l’irrigation s’écoule sans être utilisée. L’agence a déjà multiplié par deux le prix de l’eau depuis 2012.
L’association des producteurs de foin a consenti à ce que la part d’eau qu’elle tire d’un lac de retenue situé sur le cours supérieur de la Durance soit réduite pendant les mois d’été au profit de la production d’électricité. Sinon, elle rappelle que l’eau des prairies s’infiltre dans la nappe phréatique et contribue donc à l’approvisionnement de la population.
Eau potable, production d’électricité et arboriculture fruitière – il y a beaucoup d’intérêts opposés au foin pour chevaux de course dans la bataille de l’eau de la Durance. Doulière croit cependant savoir comment son secteur pourra sortir de la défensive : “Nous devons demander à intégrer le patrimoine culturel de l’humanité de l’Unesco. Nous préservons un paysage culturel et la biodiversité.” De plus, d’après ses calculs, 4 000 hectares de prairie à foin retiennent chaque année 65 000 tonnes de CO2. Alors qu’on ne lui parle pas de réchauffemement climatique !
En tout cas, son entreprise va continuer à croître. Elle avait quelque peu souffert à cause du coronavirus. Comme il y avait moins de courses de chevaux, certains entraîneurs nourrissaient leurs bêtes avec du foin bon marché. Cependant, la demande repart. Doulière s’est acheté aux États-Unis, et moyennant 2 millions d’euros, une machine qui comprime le foin au maximum et l’assemble en petites balles très denses. “Ça facilite l’exportation”, se réjouit-il.
Klaus Hart, l’importateur de la lointaine Bochum, réfléchit lui aussi au moyen de gagner encore davantage avec le foin de Crau. Il s’est mis à en vendre à des propriétaires de cochons d’Inde. Les cochons d’Inde sont eux aussi des animaux sensibles. “Ça marche très bien, confie-t-il. Les gens sont prêts à payer très cher.” Il demande 6 euros pour un kilo de foin de Crau pour cochons d’Inde. Soit 6 000 euros la tonne.
Il s’agit du premier aliment pour animaux à obtenir un tel label de qualité, et encore le seul aujourd’hui. Ce résultat est le fruit d’une reconnaissance et d’une organisation très ancienne qui a débuté à la fin du XIXe siècle et qui se poursuit encore de nos jours.
La démarche qualité pour le Foin de Crau assure une garantie supplémentaire pour les clients. Ce foin est reconnaissable grâce à sa ficelle rouge et blanche.
Il vaut mieux avoir l'air conditionné que l'air stupide : I love Jean-Loup Chiflet buveur chic ICI
Dans le cadre de ma nouvelle politique du « moins j’en fais mieux je me porte » j’externalise sans délocaliser. Aujourd’hui je vous branche sur un papier de Jean-Loup Chiflet qui « ne manque ni de livres ni d'humour, la preuve, c'est qu'il est éditeur et aussi auteur d'une cinquantaine d'ouvrages sur l'humour et la langue, dont le fameux Sky my husband! Ciel mon mari! Il se définit lui-même comme « spécialiste, ancien élève et grammairien buissonnier ».
Pourquoi ?
2 raisons : la première c’est que j’adore sa chronique que je dédie aux accros de la grammaire, la seconde c’est que c’est un buveur chic ou du moins je le présume.
Donc Jean-Loup Chiflet écrivait le 14/07/2011 « Il vaut mieux avoir l'air conditionné que l'air stupide »
Vous allez enfin tout savoir sur les détails intimes, croustillants et émouvants de la vie de nos grands écrivains : caractéristiques physiques, animaux de compagnie, lieux de résidence, vie sexuelle, secrets de famille, tics, obsessions, phobies etc... Ce petit ouvrage aurait très bien pu s'appeler "Miscellanées" mais nous lui avons préféré un titre emprunté à un magazine encyclopédique très en vogue au XIXe siècle, le Magasin pittoresque.
Dans ce pêle-mêle littéraire, vous allez tout savoir sur les détails intimes, croustillants et émouvants de la vie de nos grands écrivains (animaux de compagnie, vie sexuelle, secrets de famille, obsessions, phobies...).
Ainsi vous apprendrez, entre autres choses, que le chien d'Emile Zola s'appelait Hector et le chat de Perec Delo, que Maupassant mourut fou à 43 ans, que Colette utilisait des vélins bleu lavande, que Jean-Claude Carrière ne pouvait pas écrire sans son crâne mexicain fétiche, que Montaigne souffrait de calculs rénaux, que Cocteau était opiomane, et qu'il y a en France 2 370 rues ou avenues Victor-Hugo et seulement 330 rues Gustave-Flaubert.
« Je prends relâche, je repose mes yeux, je rêve à d'autres choses, je me remets à neuf »
Alain, Propos, 1924, p. 615
À celles et ceux qui, gentiment, me demandent : « Tu pars quand en vacances ? » je réponds « Je suis en vacances éternelles ! »
20 juin 1936
Le Front populaire généralise les congés payés ICI
Un mois après son arrivée au pouvoir, le Front Populaire généralise les congés payés en France. La loi est votée à l'unanimité par les députés le 11 juin 1936 et promulguée le 20 juin 1936. Elle prescrit un minimum de deux semaines de congés par an pour tous les salariés français liés à leur employeur par un contrat de travail.
En 1942, Léon Blum a contribué à forger ce mythe en déclarant devant ses juges du procès de Riom : « Je ne suis pas souvent sorti de mon cabinet ministériel mais, chaque fois que j'en suis sorti, j'ai traversé la grande banlieue parisienne et j'ai vu les routes couvertes de ces théories de tacots, de motos, de tandems, avec des couples d'ouvriers vêtus de pull-overs assortis, et qui montraient que l'idée de loisir réveillait, même chez eux, une sorte de coquetterie naturelle et simple; tout cela me donne le sentiment que, par l'organisation du travail et du loisir, j'avais malgré tout apporté une espèce d'embellie, d'éclaircie dans des vies difficiles, obscures; qu'on ne les avait pas seulement arrachés au cabaret, qu'on ne leur avait pas seulement donné plus de facilité pour la vie de famille, mais qu'on leur avait ouvert la perspective d'avenir, qu'on avait créé chez eux un espoir. »
État providence
De ce point de vue, les bourgeois conservateurs ont fait preuve de lucidité. Keynes, l'un des précurseurs de l'Etat providence avec Lord Beveridge, était un grand bourgeois. Il écrivait en 1931, à propos de la doctrine communiste : « Comment puis-je adopter une doctrine qui, préférant la vase au poisson, exalte le prolétariat crasseux au détriment de la bourgeoisie et de l'intelligentsia - qui, en dépit de tous leurs défauts, sont la quintessence de l'humanité et sont certainement à l'origine de toute oeuvre humaine? »
Bismarck fut le premier, dans l'Allemagne des années 1880, à faire voter les grandes lois ouvrant la voie de l'Etat providence. Il n'avait certes rien d'un socialiste, et écrira dans ses Mémoires : « Messieurs les démocrates joueront vainement de la flûte lorsque le peuple s'apercevra que les princes se préoccupent de son bien-être. »
La Rochefoucauld-Liancourt, en juin 1790, déclarait devant le Comité de mendicité : « Nous savons tous que si la propriété est la base des sociétés politiques [...à, il est de l'intérêt public de prévenir les désordres et les malheurs où seraient conduits un grand nombre d'hommes sans ressources qui, maudissant les lois dont ils n'avaient jamais senti les bienfaits, pourraient, par l'excès de leur misère, être entraînés d'un moment à l'autre à servir les entreprises des ennemis de l'ordre public; ces considérations politiques se réunissent aux cris impérieux de l'humanité pour qu'un gouvernement sage compte au rang de ses premiers devoirs le soulagement de la pauvreté. »
L'histoire lui a donné raison. La pression populaire seule n'explique pas le développement de l'Etat providence. La découverte, au XXVIIIe siècle, des lois de la probabilité permit la maîtrise des risques et la naissance des systèmes d'assurance et de sécurité sociale. Mais ses véritables promoteurs se trouvent au sein de la bourgeoisie éclairée, depuis longtemps convaincue que ces conquêtes ouvrières deviendraient le meilleur rempart de l'ordre social.
Bref, si je touche une belle retraite c’est que j’ai à la fois cotisé au régime général dit de répartition et à des régimes complémentaires par points.
Ma seule activité étant l’érection journalière de chroniques sur mon blog, je vais cette année innover en faisant relâche jusqu’au début septembre.
Pour autant vous n’aurez pas forcément un écran blanc mais sans doute de vieilles chroniques ou des chroniques brèves mijotées avant mon départ.
1966, l’année de mes 18 ans, je viens de boucler ma première année de Droit à la Fac à Nantes. Ma bourse plate me permet tout de même de me gaver de me gaver de cinéma au Katorza où le tarif étudiant : 3 francs c’est le prix de 2 sandwiches au jambon. Beaucoup d’entre nous vivions de peu mais nous étions fichtrement heureux de goûter à la liberté. Nous faisions la fête, fréquentions assez peu les amphis, commencions à refaire le monde.
S’il est un film qui a éveillé en moi les premières questions sur l’amour conjugal, le carcan de la fidélité, c’est bien le film de de Pierre Granier-Deferre « Paris au mois d’août »
Dans le roman, René Fallet dit que son personnage ressemble à Charles Aznavour. Pierre Granier-Deferre ne se l’est pas fait dire deux fois. En adaptant Paris au mois d’août, il confie le rôle principal à l’acteur de Tirez sur le pianiste. C’est un été en noir et blanc. Il fait beau. Sa femme et ses enfants sont en vacances à Concarneau. Plantin travaille au rayon pêche de la Samaritaine. Ce petit vendeur en blouse grise a l’air de sortir d’un dessin de Sempé. Il rêve, se promène mains dans les poches, tombe sur une touriste anglaise qui cherche le Panthéon. C’est parti.
Patricia est blonde, mannequin. Elle balance son sac au bout du bras, se demande à quoi sert l’Académie française, s’interroge: «Qu’est-ce que c’est, un brin?» Ils se promènent dans le VIe arrondissement et leur errance rappelle celle du Feu follet.
Le grand écrivain Amos Oz, récemment disparu, s’est intéressé à la figure du traître toute sa vie – comme son œuvre romanesque en témoigne. Dans un discours prononcé à Berlin en 2017, il a voulu revenir sur le plus célèbre d’entre eux, et réfléchir au rôle qu’a joué la prétendue trahison de Jésus par Judas dans la naissance de l’antisémitisme chrétien. Il se fait conteur en nous présentant une version alternative de l’histoire connue, et en nous interrogeant sur les liens entre les deux grandes religions monothéistes que sont le judaïsme et le christianisme. Sa réflexion est iconoclaste, irrévérencieuse, romanesque, mais toujours nourrie d’une connaissance profonde des textes fondateurs des deux religions.
Cet ouvrage, le premier inédit publié depuis le décès d’Amos Oz en décembre 2018, condense une certaine philosophie du dialogue qui était au cœur de l’œuvre et de l’engagement d’Amos Oz. Sa parole demeure d’une actualité brûlante.
En préambule, la rabbin Delphine Horvilleur s’adresse directement à l’auteur disparu, dans une émouvante lettre. Elle nous offre un éclairage passionnant de la conférence d’Amos Oz, en nous parlant des prophètes et des traîtres, du rôle de la littérature dans nos vies, et du besoin de dialogue pour surmonter les fanatismes de toute sorte.
Amos Oz : « Judas, le seul, le premier et l’unique chrétien »
Jeudi 27 Octobre 2016
Du maître écrivain israélien Amos Oz, Gallimard publie Judas, un livre qui bouscule des idées reçues et fait grincer des dents ici et là-bas. Entretien.
- Ce livre semble autant un roman qu’une parabole. Peut-on utiliser ce mot ?
Sitôt posé le pied à terre, je lui ai fait le coup, dans le style tonitruant de Gabin dans la traversée de Paris avec son Jambier, de le héler ainsi « Jancou ! »
Ça faisait un sacré bail qu’on ne s’était vu, 3 ans pile poils, depuis mon passage au café des Alpes à Chatillon-en-Diois.
8 août 2018
Brèves de comptoir au café des Alpes : Pierre Jancou prend Racines à Chatillon-en-Diois… Le Taulier toujours le premier ! ICI
Le ciel, ce dimanche 8 août, en milieu d’après-midi, hésitait, des échancrures de bleu offraient au soleil un peu d’espace, le vent charriait des masses grises de nuages, alors je décidai de traverser Paris sur un chemin tant de fois emprunté au temps du Pavillon des Canaux puis ces derniers temps pour d’autres amours. Je passai la Seine sur le Pont d’Austerlitz, longeai le bassin de l’Arsenal, Bastille, Richard Lenoir et je stoppai mon fier destrier noir face à la Chambre Noire.
Accolade, joie des retrouvailles, Pierre, toujours aussi chaleureux, me présente au boss de la Chambre Noire : Oliver Lomelli et à la belle Johanna qui met avec lui la main à la pâte. Nous papotons en terrasse, mais je ne vais pas vous en parler, c’est entre nous.
Je m’installe.
La suite en images :
Prendre le temps, observer les clients, je commence toujours par les grolles, ici les filles sont très birkenstock, les garçons tennis, décontraction, la terrasse est blindée, je suis un peu pompette mais la nourriture est savoureuse, goûteuse, et les vins sont tellement nus que je serais prêt à prendre un abonnement à La Chambre Noire pour y puiser de nouvelles découvertes. Ce dimanche soir était le dernier service avant la coupure aoûtienne. Je reviendrai dès la réouverture en septembre.
L’air était doux, je me laissai aller à ma satiété lorsque trois charmantes jeunes femmes survinrent, il n’y avait plus de places, je leur proposai de se poser à me table car j’allais lever l’ancre. Ce qu’elles firent. C’étaient des modeuses. Nous papotâmes. Elles me soumirent à un interrogatoire très féminin. Je me fis un plaisir de dézinguer les influenceuses de la Toile. Lorsque je pris congé, elles me dirent d’être prudent, je les rassurai. Bises à Pierre et Johanna, et c’est reparti pour une nouvelle traversée de Paris.
Retour cool Raoul, Paris au mois d’août est serein, je pédale le cœur léger, ce fut vraiment une belle soirée.
En 1962, les Soviétiques proposent un marché aux Américains : Rudolf Abel, considéré comme un héros en Union soviétique - son visage sera plus tard immortalisé sur des timbres en Russie - pourrait être échangé contre Francis Gary Powers. C'est le même James B. Donovan qui va mener les négociations avec les Soviétiques, aux côtés de l'avocat de la CIA, Milan C. Miskovsky. Pour libérer Abel, il faut aussi l'intervention du président John Fitzgerald Kennedy, qui commue la peine de prison infligée à l'espion.
Le pont aux espions
L'échange se déroulera sur le pont de Glienicke, surnommé le "pont aux espions", reliant Berlin Ouest à l'Allemagne de l'Est. Le 10 février 1962, Rudolf Abel est "troqué" contre Francis Gary Powers et un étudiant américain, Frederic Pryor, emprisonné en Allemagne de l'Est depuis août 1961.
Aujourd’hui c’est « Le pont des espions » (2015)
Pourquoi ce film
Parce que c’est un excellent film classé assez haut dans les justifications alambiquées des films préférés de Ciné papy et que cela devrait suffire. Mais aussi parce que ce film illustre assez bien la chronique du Taulier du 18 juin 2021.
Et puis, il y a Tom Hanks qui fait plus que son petit bonhomme de chemin au firmament des stars, et cela en toute discrétion.
Le sujet
C’est un « biopic » c’est à dire un film illustrant la vie ou un moment de la vie d’un individu.
Il s’agit du tournant de carrière de l’avocat d’affaire James B.Donovan que son sens profond de la justice amène à préférer les êtres humains plus que les honoraires aussi pharamineux que juteux des grands cabinets d’avocats américains. Du temps ou le monde était plus simple et ou Cinépapy, essayait de s’adapter, on disait film d’espionnage
Quelle est l’histoire ?
Rudolph Abel, espion soviétique, vient d’être découvert et arrêté par le FBI. Il doit passer en jugement et sa condamnation à mort ne fait pas de doute. Il doit cependant avoir un procès apparemment équitable. C’est Donovan qui s’y colle.
Commence alors les embêtements. Campagne de presse déchainée contre ce « communiste » cet « anti américain ». Les violences s’amplifient, avec menace de mort pour lui et sa famille, attaque armée de sa résidence. Donovan fait face.
La défense d’Abel est radicale. Donovan refuse catégoriquement de livrer à la CIA le contenu de ses entretiens avec son client.
Comme de bien entendu Abel est condamné à mort. Subtilement Donovan obtient, par ses démarches, que la sanction soit commuée en prison à vie avec un argument suprême. Il s’agit de garder une poire pour la soif, car soyez assuré, un des nôtres ne tardera pas à être découvert.
Avec l’affaire de l’avion espion U-2 de la CIA, le pilote Gary Powers dont l’avion a été abattu est fait prisonnier. Donovan sur instruction de la CIA part pour Berlin en vue de voir ce qui peut être fait en matière d’échange. Lorsqu’il arrive sur place les soviétiques et la RDA sont en train d'ériger le mur. À cette occasion, un étudiant américain, au mauvais endroit au mauvais moment, est arrêté en Allemagne de l'Est.
Donovan, à l'ambassade d'URSS, le KGB lui présente le procureur général de la RDA lequel lui indique être disposé à échanger Prior contre Abel. La RDA est à la recherche d’une reconnaissance internationale. Il espère ainsi, dans les faits, obtenir cette reconnaissance de l'existence de la RDA parmi les nations.
La CIA, n'a rien à faire de Prior, et insiste pour que Donovan se consacre uniquement à l'échange Abel contre Powers. Donovan s’entête et obtient, avec le concours plein d’humanité d’ Abel l’échange de deux contre un sans que la RDA y gagne quoi que ce soit
A son retour aux États Unis l’avocat est reconnu officiellement comme l’agent organisateur de cet échange. Il est alors, fêté comme tel.
Réalisation
C’est Steven Spielberg qui s’y colle. On ne présente plus ce réalisateur de grand talent comme le montre la liste de ses succès. C’est avant tout un faiseur de film à la recette éprouvée mais sans la moindre parcelle de génie. Il maîtrise à fond les effets spéciaux. C'est un excellent artisan mais sans plus. Au contraire, avec Spielberg, disparaît le cinéma d'auteur au profit du cinéma de studios et/ou producteurs. Il est « le Roi » du divertissement mot qui traduit mal le concept américain de « l’Entertainment » Il est reconnu comme tel par la profession. II sait apprécier ce qui va plaire au public. Par les mêmes « professionnels de la profession » comme rigolait Godard, Steven Spielberg « est régulièrement cité comme le meilleur représentant de l'industrie cinématographique hollywoodienne dont il a promu, sur le plan mondial, l'efficacité technique, la science du grand spectacle et le pouvoir illusionniste. » selon Wikipédia
Ses « produits » sont prémâchés, prêt à consommer. Une fois visionné et dehors, seule se pose la question de savoir comment c’est fait. On ne rêve quasiment pas à ce qui a été montré. Chapeau pour les dinosaures de jurassique Park mais il me semble que l’utilisation des Varans de Komodo dans Le « Voyage au centre de la Terre » (1959) avec James Mason prête plus à la rêverie. Dans le même ordre d’idée, me plait plus les scènes du Berlin et du Check P
Avec les effets spéciaux spielbergien on est loin de Marcel Pagnol qui trouvant ses équipes bloquées leur administra une leçon de simplicité. On avait besoin d’un « ciel étoilé » et les idées les plus saugrenues fusaient sans convaincre personne. Derrière une grande toile tendue Pagnol fit installer un projecteur et avec un poinçon commença à percer la toile de trous de différentes tailles. Et voilà dit-il et c’est ce « ciel étoilé » qui fut utilisé.
Spielberg a enterré les films d’auteurs. Ciné papy y reviendra, c’est sûr. Mais l’enterrement n’est pas total ni définitif comme le montre, tous les jours encore, des « petits films » au succès plus que d’estime et, on l’aura compris qui ont ma préférence
Qui fait quoi
Tom Hanks :
Il est James B. Donovan. Là encore on ne présente plus cet immense acteur prolifique, profondément humain avec une carrière jonchée de succès. Il est deux fois oscarisé et il reçut nombreuses fois d’autres récompenses. Il est, entre autre, l’acteur fétiche de Spielberg et n’en perd pas son âme pour autant.
Mark Rylance :
Il est Rudolf Abel. Je ne connais pas cet acteur mais il est sacrément convaincant dans son interprétation. Quand je pense au film je ne peux dissocier Hanks de Rylance. Il y a d’autres acteurs inconnus de Ciné papy dans ce film. Par exemple celui qui tient le rôle de l’agent brouillon de la CIA, totalement dépassé par ce qui se passe et qui n’a qu’une hâte c’est d’en finir. Le rôle est marquant, l’acteur moins, désolé pour lui.
Temps forts et remarques
Les dialogues pleins de complicité entre Donovan et Abel ponctué de « Moujiks »
Les interrogations récurrentes d’Abel en guise de réponses à Donovan : « Pourquoi, ce serait mieux ? »
La solidarité que montre Abel qui, à quelques minutes d’être échangé, à l’égard des exigences de Donovan qui, au grand dam de la Cia, ne procédera à l’échange qu’après la certitude que le jeune otage occidental de la RDA soit également à nouveau à Berlin Ouest
Le « minuscule » Abel par rapport à Powers caricature du jeune, sain et fort Américain blanc, gendre rêvé pour toutes « bonnes » mère américaine. Alors Monsieur Spielberg on distille sa propagande ?
- Le pont, à cause de la marée, et puis il y avait du monde à Bouin alors j’ai bifurqué par St Gervais. Là j’ai pris Saint-Urbain et j’ai filé vers la Barre-de-Monts et enfin l’Océan.
- Je ne sais pas si c’est mieux, mais peu importe, nous sommes là.
- Oui nous y sommes, sur notre chère île de Noirmoutier. »
Frédérique Decré, Delphine Boju et Agathe StefaniGoûts du Gois les éditions de l’épure ICI
8 mai 2009
Les bonnes adresses de l’Amicale du Bien Vivre : Goûts du Gois et la Bonnotte du 5 mai… ICI
21 mai 2009
Mesclun de l’Océan aux Bonnottes de Noirmoutier confites et le vin qui va avec… ICI
Noirmoutier n’est plus une île mais il lui reste son Gois, son mimosa et elle peut toujours faire son cinéma… depuis César et Rosalie ICI
La Bonnotte, la pomme de terre de luxe de Noirmoutier
LA VENDEE DANS NOS ASSIETTES (1/8) Tout l'été, Les Echos vous emmènent à la découverte des produits locaux vendéens. Premier volet de la série : la pomme de terre Bonnotte, qui a échappé de justesse à la disparition, grâce à des agriculteurs, aidés de l'Inrae et de Monoprix. Elle est aujourd'hui un symbole de l'île de Noirmoutier.
Par Olivia BASSI
Publié le 3 août 2021
Elle a bien failli disparaître de nos assiettes. Aujourd'hui, la Bonnotte, une pomme de terre ronde, à la peau très fine et au goût iodé, cultivée sur l'île de Noirmoutier, s'exporte jusqu'au Japon ou à Dubaï. Le tubercule n'a dû son salut qu'à la détermination, à la fin des années 1980, d'une coopérative de producteurs, soutenus par l' Inrae et Monoprix. Ensemble, ils décident de sauver cette variété fragile, qui ne peut être plantée et ramassée qu'à la main, rendant la mécanisation de sa culture impossible.
La pomme de terre la plus chère du monde ?
Sa production reste d'ailleurs limitée à 100 tonnes, qu'il faut vendre vite, la primeur, récoltée entre le 8 et le 20 mai, ne se conservant qu'entre trois et six jours. Pas étonnant dès lors qu'elle a été déclarée pomme de terre la plus chère au monde lors d'une vente à Drouot !
A Noirmoutier, la production de pommes de terre ne se limite pas à la Bonnotte. Avec son microclimat, sa terre sablonneuse, nourrie de goémon et naturellement salée par les embruns, l'île offre des conditions idéales - il y gèle rarement - pour obtenir des pommes de terre hâtives et primeur. Récoltées tous les jours, sept variétés se succèdent sur l'île, du 15 mars au 15 juillet : Sirtéma, Lady Christ'l, Zen, Bonnotte, Laurette, Anna lisa, Iodea.
Marins patates
« La pomme de terre est une tradition à Noirmoutier depuis le XIXe siècle. Aliment complet pour les familles, elle était produite jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale par des « marins patates ». Des Noirmoutrins à la fois pêcheurs, sauniers, éleveurs et agriculteurs selon la saison », explique Nicolas Paille, directeur de la coopérative agricole de Noirmoutier.
En 1945, pour s'affranchir de l'intermédiaire des courtiers agricoles, 350 de ces « marins patates » se regroupent en coopérative pour conditionner et vendre en commun leur production. Mais aussi se défendre face à la pomme de terre bretonne, préférée car moins coûteuse, par la grande distribution. Pour faire face, les producteurs décident de se faire connaître et d'investir, à la fin des années 1980, 5 % de leur chiffre d'affaires dans de grandes campagnes de pub. Leur combat paie. La pomme de terre primeur de Noirmoutier est finalement reconnue par un arrêté réglementaire et, en 1996, fait son grand retour sur les étals.
Label Rouge et IGP
De quoi encourager toute la filière locale, qui poursuit sa montée en gamme et obtient, en 2018, un label rouge obtenu pour quatre des sept variétés, et deux ans plus tard, la précieuse Indication Géographique Protégée (IGP). Sous l'impulsion du cahier des charges de l'IGP, les producteurs sont aujourd'hui engagés dans une démarche d'agriculture durable et zéro pesticide pour une partie de la production. « Limités en termes de périmètre par l'insularité et l'IGP, nous avons trouvé un équilibre économique. Sur 12 tonnes produites, un tiers de la production est réservé aux restaurateurs, aux maraîchers et aux grossistes en fruits et légumes et les deux-tiers vont en grande distribution ». En saison, la coopérative emploie 80 personnes pour le conditionnement et la vente des pommes de terre et 150 en comptant les renforts chez les producteurs.
Votre Taulier ne rechigne jamais, même pendant les mois d’été, à explorer les plis et les replis de la libido du buveur. Mais, comme il est aussi un fieffé ramier, il ne crache pas sur le recyclage de chroniques anciennes. Pour sa défense, celle que je...
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Sur la Toile faut s’attendre à tout lorsqu’on est comme moi un VB, vieux blogueur, un VC, vieux con, un VD, vieux débile qui crache sa bile comme dirait l’immense Mimi, mais un qui a aussi le bras très long, un influenceur de Première League, un gars...
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