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27 mai 2021 4 27 /05 /mai /2021 06:00

 

Son importance est pourtant évidente, alors que la gauche française reste singulièrement muette sur cette implication française au Rwanda. Et que le Parti socialiste semble toujours déchiré sur le droit d’inventaire de l’héritage de François Mitterrand durant cette période cruciale de «l’histoire rwandaise de la France», pour reprendre une expression formulée dans le rapport Duclert.

 

«Décision incohérente»

 

En 1998, Rocard est donc invité à s’exprimer devant la mission parlementaire d’information (MIP) mise en place pour examiner les interventions militaires françaises au Rwanda entre 1990 et 1994. La MIP est présidée par un socialiste, Paul Quilès. Mais le 30 juin 1998, son «camarade» Michel Rocard ne sera apparemment pas autorisé à lire la déclaration qu’il a rédigée, selon ce qu’il avait déjà révélé à l’époque à Libération.

 

Qu’est devenue cette longue déclaration, nourrie par une visite au Rwanda l’année précédente? Malgré les mots forts utilisés, elle n’est pas mentionnée dans les annexes, pourtant abondantes, des travaux de la MIP, celles qui sont accessibles à tous. C’est déjà curieux.

 

Elle doit bien figurer dans les archives complètes de la MIP abritées par l’Assemblée nationale. Mais de façon encore plus surprenante, la commission Duclert s’en verra refuser l’accès. La lettre de mission du président Macron annonçant la création de cette commission en avril 2019 précisait bien que les chercheurs seraient pour la première fois autorisés à examiner tous les fonds d’archives français sans exception. Le bureau de l’Assemblée nationale, présidé par Richard Ferrand, ancien socialiste et désormais membre du parti présidentiel, en décidera autrement. Sans jamais justifier cette décision incohérente.

 

Le refus d’accès aux archives de la mission Quilès opposé à la commission est décidément bien troublant», confie aujourd’hui Vincent Duclert à Libération. Regrettant que son équipe de chercheurs ait été «privée de la connaissance du témoignage écrit de l’ancien Premier ministre. Alors même que ce document révèle le questionnement critique d’un ancien chef de gouvernement doublé d’un leader de gauche».

 

Que révèle donc de si sulfureux cette déclaration, finalement retrouvée dans les archives personnelles de Michel Rocard?

 

Il rappelle d’abord comment, en tant que Premier ministre, il avait été totalement écarté de la décision d’intervenir au Rwanda en 1990, lorsque le régime en place sollicite l’aide de la France pour contrer une rébellion d’exilés rwandais venue d’Ouganda. Le chef du gouvernement de François Mitterrand apprend «par la presse» le lancement de l’opération Noroît qui va consacrer un engagement durable, et toujours croissant, en soutien à l’armée rwandaise.

 

En réalité, «du Rwanda, je n’entendrai jamais parler», souligne encore Rocard, qui dénonce dans sa déclaration une politique africaine essentiellement fondée sur des accords d’assistance militaire. Celui qui lie la France et le Rwanda a été scellé «au cours d’un safari» par Valéry Giscard d’Estaing en 1975, rappelle-t-il avant d’ajouter : «Le régime Habyarimana affiche déjà à l’époque une référence raciste marquée, mais s’il persécute, il tue encore peu.»

 

Valeur de testament

 

Et c’est bien là qu’il déconstruit un storytelling imposé durablement par l’Elysée, puis par ceux qui soutiennent encore la politique de la France au Rwanda, et qui voudrait faire du président Juvénal Habyarimana un partenaire acceptable pour la France, acculé face à une rébellion considérée comme «étrangère». Or, Rocard, qui s’est rendu au Rwanda après le génocide en 1997, perçoit la nature réelle du Front patriotique rwandais (FPR). Non pas un mouvement «ougando-tutsi», comme le définit l’entourage de Mitterrand, mais bien «une armée faite de citoyens rwandais exilés». Et qui s’oppose à un «régime oppresseur», devenu peu à peu «totalitaire mais légalement installé». Avec une certaine modestie, il pose également un certain nombre de questions : «Quel a été le rôle exact des conseillers militaires français de l’opération Noroît 

 

Les accords de paix d’Arusha, signés en août 1993 entre le FPR et le pouvoir en place, ont-ils réellement été facilités par la France ? Les interprétations divergent, constate-t-il. «En tout cas, à son retour d’Arusha, Habyarimana, contrairement à ce qu’il vient de signer, durcit son régime», note l’ancien Premier ministre.

 

«Quand ont pris fin les dernières livraisons d’armes françaises à Habyarimana ?» s’interroge encore Rocard. La question reste entière, vingt-deux ans après qu’elle a été ainsi posée. A cette époque, il émet aussi le souhait de «desserrer les contraintes économiques et politiques qui pèsent encore sur le Rwanda», confirmant qu’en 1998, la France restait hostile à un pays dominé par le FPR, vainqueur inattendu à l’issue de cette tragédie.

 

Ce souhait d’un rapprochement à la fois géopolitique et mémoriel est désormais assumé par Emmanuel Macron. Il se heurte encore à des résistances. Notamment à gauche, dans les rangs des anciens ténors du PS.

 

«N’oublions pas que Michel Rocard est l’homme qui, en 1958, jeune inspecteur des Finances, réalise un rapport historique sur l’impact de la guerre pour les populations locales, plaçant les socialistes devant leurs responsabilités face à l’histoire», souligne Vincent Duclert. Cette déclaration posthume pourrait-elle avoir le même effet ? Elle a en tout cas presque valeur de testament au moment où les tabous se trouvent ébranlés par un rapprochement historique entre les deux pays.

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26 mai 2021 3 26 /05 /mai /2021 08:00

LE VOLEUR - JEAN PAUL BELMONDO 1967 - BOX OFFICE STORY

Même si Ambrose pratiquait encore l’escrime, le fleuret, à la salle d’armes Coudurier, la plus ancienne salle d’armes en activité à Paris, avec Maître Pinel de la Taule, 6, rue Gît-le-Cœur, maîtrisait l’art de l’esquive, de toutes les parades, de l’estoc, allait-il devoir, ôter son masque, ses protections, se livrer à un exercice à haut risque, sans se battre la coulpe, ni  se justifier, lever le voile sur le fameux biseness « Faire proprement un sale boulot… ». Sans aucun  doute ça allait écorner auprès d’elle sa belle image. Ambrose, se donna encore du temps « Mon bel amour, je vais à Zoug tout simplement voir mon Louis, ça un bail que…

 

- Pipeau, le tout simplement c’est l’autre facette d’honnêtement, tu me racontes des craques mon Ambrose, il y a anguille sous roche…

 

- Ce n’est pas une anguille ma belle mais un alligator, une vieille affaire qui  remonte à la surface du marigot, il nous faut l’étouffer dans l’œuf.

 

- En prononçant ces propos vaseux Ambrose captait illico, dans son logiciel en défense, l’une des maximes de Talleyrand « Il faut se garder des premiers mouvements, parce qu’ils sont toujours honnêtes »  Plus question de se confesser, de dire la vérité, qui n’est jamais bonne à dire, mais de l’habiller, de la ripoliner, faire de leur histoire une forme d’épopée post-moderne de deux cinquantenaires joueurs qui, dans le nouveau monde impitoyable des oligarques ex-rouges, se vautrant dans le fric, le stupre, les clubs de foot et l’art contemporain, s’étaient offert, à leurs risques et périls, des parties de poker menteur. Leur petite entreprise, grâce aux liens noués, au temps de l’URSS, avec la nomenklatura du Parti, avait surfé sur le tsunami des années Eltsine, l’incroyable dilapidation des joyaux de l’empire, le casse du siècle, non pour mettre du beurre dans leurs épinards, leurs épinards baignaient déjà dans le beurre, mais pour mordre la ligne jaune, sans jamais franchir les frontières de la légalité, en se glissant dans les failles des lois, en appliquant à leur profit la stratégie des multinationales, être au bon moment, au bon endroit, rien que des facilitateurs, des porteurs de burettes d’huile pour lubrifier des transferts de gros paquets de capitaux vers l’eldorado londonien.

 

Pas de quoi pavoiser bien sûr, mais ce ne fut rien qu’un choix, celui de se mouler dans l’esprit des cambrioleurs à l’ancienne, tel Georges Randal, dans le film de Louis Malle, dandy vengeur qui se tourne vers la rapine, qu'il pratique sans état d'âme, avec une haine considérable pour les valeurs morales d'une société qu'il méprise. Rien d'un Arsène Lupin donc : un brise-fer, un fracasseur de meubles précieux, un saccageur qui rêve « de désosser la carcasse bourgeoise ». Rien non plus d'une bonne âme progressiste : la destruction lui tient lieu de cause, avec la conscience paradoxale de tirer subsistance de ce qu'il veut détruire. Randal est l'effroi fait homme, le pur symptôme d'une société gangrenée par l'hypocrisie, le mercantilisme, la corruption, la démagogie.

 

Louis et lui, des corsaires, des flibustiers, tirant des bords dans les eaux troubles de l’ex-Empire, essorer des profiteurs, leur piquer un max pognon, pure œuvre de salubrité publique face à des biens mal acquis. Plaidoyer pro-domo ? No ! Nous avons trempé nos pognes dans de l’argent sale, le fric a-t-il été un jour propre ? « Nous avons fait une rechute de soixante-huitard chouchou, nous nous sommes offerts une folle parenthèse, un pied-de-nez à l’esprit de sérieux, sans goût de lucre, pour le fun, l’adrénaline… » Et, de rebasculer dans le ciné : Georges Randal-Belmondo, sec comme l'effraction, froid comme un pied-de-biche, rapide et laconique comme une mise à sac, flanqué dans ses œuvres d’une clique édifiante d'un curé nihiliste : Julien Guiomar, d'un monte-en-l'air cynique : Paul Le Person, d'un truand anarchiste Charles Denner, grandiose et d'une cohorte de femmes plus charmantes, manipulatrices et ensorceleuses les unes que les autres Marie Dubois, Geneviève Bujold, Bernadette Laffont, Françoise Fabian...

 

- Tu es un virtuose Ambrose, le Paganini des joueurs de pipeau, j’adore !

 

Tu es dure avec moi chouchou…

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26 mai 2021 3 26 /05 /mai /2021 06:00

 

Aujourd’hui c’est « La Rose et la flèche » (1976)

 Ephémères : Des films qui marquent - 13 - "La rose et la flèche" de Richard  Lester

Comment ce film est entré dans ma vie de cinéphage je ne saurais le dire ?

Ce qui est sûr, c’est  que depuis, il occupe la toute première place. Il est suivi de très près par quelques autres films  enchanteurs mais sa place d’enfant chéri est solide. Certains, autour de moi, ont du mal à  comprendre mon intérêt pour ce qu’ils croient être une bluette. Quand je signale à ma fille son  prochain passage sur l’une ou l’autre chaîne, elle me remercie et avec un rire de connivence me rappelle quand même qu’elle va pleurer. 

 

De quoi s'agit-il ?

 

Le roi Richard Cœur de Lion est de retour de croisade, assez déconfit. Robin des Bois et Petit  Jean, fidèles d’entre les fidèles, sont toujours à ses côtés. Pour un caprice de roi, qui explique  peut-être pourquoi après ses années d’errance ans il est dans cet état, il meurt à Châlus. Robin et Petit Jean, libérés de leurs serments, rentrent à Nottingham et sa forêt de Sherwood. Ils retrouvent leurs vieux complices ainsi que l'amie de Robin, Marianne, tous vieillis et fatigués. Marianne est devenue abbesse et, à la suite des démêlés entre le roi Jean et le pape,  doit quitter l'Angleterre. Elle refuse. Le shérif a été chargé de l'arrêter. 

 

Robin rouvre donc les hostilités en s'opposant à l'arrestation de Marianne, qu'il emmène de  force en forêt. Là bas, Marianne apprend que le shérif a fait prisonnières les nonnes. Robin et  Jean se chargent de les délivrer, même si c'était un piège du shérif pour les capturer. 

 

Pendant ce temps, les habitants pauvres de Nottingham, jeunes et vieux pour la plupart, ont  rejoint Sherwood pour combattre à nouveau sous la bannière de Robin. Lorsque le shérif  arrive à la tête de ses hommes à l'orée de la forêt, il fait monter son campement et attend la  réaction de Robin. Celui-ci, galvanisé par la troupe qu'il a rassemblée et entraînée, et malgré  les réticences de Marianne, décide d'affronter le shérif en combat singulier, lui promettant la  soumission de ses hommes en cas de défaite. Bien que Ranulf représentant du Roi Jean s'oppose à sa décision, le shérif promet lui aussi le départ de ses troupes s'il venait à  succomber. 

 

Mais, Robin est moins jeune qu'il ne voudrait le croire, et le shérif en meilleure forme que lui. Bien que ce dernier l'exhorte à se rendre plutôt que mourir, Robin arrive in extremis à le tuer.  Ranulf et ses troupes en profitent pour charger les compagnons, qu'ils n'ont aucun mal à tuer  ou à neutraliser. 

 

Jean et Marianne arrivent tout de même à sauver Robin du champ de bataille et l'emmènent à l'abbaye où Marianne pense pouvoir le guérir.

 

Pendant que les compagnons sont tués ou capturés, Marianne s'empoisonne puis fait ingurgiter le poison à Robin, à son insu. Lorsque ce dernier comprend, il est trop tard.  Marianne se justifie en lui disant qu'elle l'aime plus que tout et qu'elle ne supporte pas qu'il se  berce encore d'illusions sur les exploits qu'il peut encore accomplir. Robin accepte sa mort  prochaine et demande à Petit Jean de les enterrer, lui et Marianne, là où sa dernière flèche se plantera. Puis il bande une dernière fois son arc. 

 

Les bons moments 

 

Ils sont plusieurs

 

L’enlèvement de Marianne par Robin, façons enlèvement des Sabines 

 

Escalade d’un mur de forteresse où l'on perçoit rhumatismes et raideur de Robin et Petit Jean  qui n’ont plus vingt ans. 

 

Les grandes chevauchées à travers prés et champs accompagné par la superbe musique qui  revient tout au long du film 

 

La confiscation de la carriole du colporteur pour permettre à Robin et Petit Jean d’entrer dans  la ville fortifiée. 

 

Marianne et Robin qui retrouvent leur ancien camp et la place de leur ancien logement. Elle se prend au jeu et demande à Robin qui envisage de rebâtir le camp et la cabane. Il y aura un  plancher demande-t-elle ? Et j’aurai une armoire ?

 

Robin qui se réveille et se brosse les dents avec un rameau. 

 

Les nonnes qui ne comprennent pas que Robin est venu les délivrer 

 

Ce sont presque tous des moments drôles pour escamoter le côté fin de vie et l’impasse  prévisible de l’histoire. Il n’y aura plus de Grand Jour. 

 

Les moments forts 

 

Il y en a deux. 

 

Robin est toujours en train de courir après son Grand Jour, alors que Marianne a compris que  ce n’est plus le Robin d’autrefois qui est de retour mais il garde toutes ses illusions. Marianne se rapproche de Petit Jean plus lucide et lui demande de l’aider à convaincre Robin. Ils sont assis côte à côte chacun regardant devant lui. Petit Jean ne répond pas à la demande. Marianne déclare : 

 

- Vous ne m’aimez pas Petit Jean

 

- ... 

 

- Vous ne m’aimez pas…

 

 Petit Jean regardant toujours devant lui :

 

- Si vous aviez été à moi Marianne, jamais je ne serai parti en croisade…Déchirant aveux d’un amour, tu depuis toujours par fidélité à l’amitié et au Roi. D’autant plus déchirant que pour cet amour, Petit Jean aurait renié cette amitié et sa fidélité 

 

Marianne a récupéré le corps blessé de Robin. Elle l’a installé dans une tour haute du couvent. Sur son lit, il parle et parle de ce que fut son grand combat contre le shérif qu’il a finalement tué alors qu’il était prêt à succomber. Il ne sent plus ses jambes.

  

Au lieu de lui administrer une potion, Marianne l’a empoisonné. Il comprend et appelle Petit  Jean au secours. Mais Marianne lui explique et lui dit les plus beaux mots qu’une femme peut dire à un  homme et qu’un homme peut avoir la chance d’entendre de la bouche d’une femme.  Bouleversant ! 

 

Petit Jean fait irruption alors que Marianne qui a bu également le poison, commence à faiblir.

 

Laisse Petit Jean dit il, tout va bien. Donne moi mon arc. Robin tire une dernière flèche par la  fenêtre et dit, va enterre nous ensemble là ou la flèche s’est plantée en terre. Et la scène se termine avec un long plan sur deux petites pommes en train de flétrir, sur le  rebord de la fenêtre. On ne peut s’empêcher de penser à des pommes semblables évoquées par  Rilke dans « Testament » nous faisant assister, là aussi, à un moment de grande émotion. 

 

Qui a fait quoi 

 

Richard Lester est le metteur en scène. C’est un cinéaste éclectique, réalisant des films  souvent un peu déjantés. 

 

 

Audrey Hepburn est Marianne. Elle revient à l’écran après huit ans d’absence. Le couple  qu’elle forme avec Sean Connery est superbe de complicité. 

 

La Rose et la flèche (Robin and Marian - Richard Lester, 1976) - Le Monde  de Djayesse

 

Robert Shaw est le shérif de Nottingham. C’est un acteur à forte personnalité à qui ont été  confié de grand rôle. Dans « l’Arnaque » par exemple ou « Bon baisers de Russie » Il est  souvent affecté à des rôles de méchant, pas vraiment méchant mais méchant quand même.  L’ambiguïté lui va bien. 

 

La Rose et la Flèche – Richard Lester – KinoScript

 

J’avais dit que Ciné Papy ne s'étendrait pas sur les castings. C’est l’occasion de préciser, sauf  s’il présente un intérêt particulier pour le film et qu’il y a des acteurs que j’aime particulièrement. 

 

Ainsi Richard Harris qui est Richard Cœur de Lion. Petit rôle assez court au début du film  mais qui laisse quand même percer le talent d’un acteur à la filmographie impressionnante. Il  m’est cher car il faisait partie d'une génération turbulente d'acteurs irlandais et britanniques  avec Albert Finney, Richard Burton et Peter O'Toole.

 

Enfin last but not least, il faut souligner la musique de John Barry qui fait beaucoup pour le  côté enchanteur voir envoûtant du film 

 

Le mot fin apparaît sur l’écran. La lumière s’allume dans la salle On reste dans son fauteuil. “ Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes.” disait Henri Calet… 

Pax 

Prochainement « Un homme pour l’éternité »

 

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25 mai 2021 2 25 /05 /mai /2021 08:00

La cigale et la fourmi : de la conception de l’autoroute en France et en Suisse… gardez la gauche ! Je roulais vers un paradis…

Elle ignorait tout de la période Zoug, en dépit de ses question, elle adorait les questions, il noyait le poisson, Ambrose lui servait la version officielle : 68-78 il faut que jeunesse se passe, 81-86 les années Tonton, 86-90 les années Doumeng-Louis Dreyfus, 90-2000 les années biseness, puis rideau. Ambrose, esquivait, très disert sur leurs jeunes années de petits sauvageons campagnards, les années 68, de Marie bien sûr, du temps des frelons de la GP, de leur virée au Chili d’Allende puis des années de plomb en Italie, l’écurie du présidentiable de Conflans, les joyeusetés du déclin de l’Empire Soviétiques puis, rideau… L’Omerta. Elle, fine mouche, au lieu de lui  tirer les vers du nez, s’amusait à le piéger gentiment lorsque, le vin nu aidant, il se laissait aller à lui conter comment Louis négociait avec les oligarques, un maître du jeu de go, la patience, piéger leur ego, les mettre en confiance, les laisser venir sur son terrain, ne jamais se mettre en avant, ni briller, faire apparemment des concessions, déjouer les pièges fiscaux, savoir conclure sur la base d’un protocole gagnant-gagnant… « Et toi mon Ambrose tu étais quoi dans tout ça ?

 

- Le scribe, le porte-plume, nous travaillions à l’ancienne, pas d’ordinateur, d’e-mail, le bon vieux papier…

 

 

- Tu dois avoir plein d’archives dans ton coffre...

 

 

- La Suisse mon bel amour, la Suisse…

 

 

- À Zoug ?

 

 

- Bien sûr, mais dans le duo, j’étais la taupe, invisible mais pas sourd, les discussions se déroulaient en anglais, un très mauvais anglais type Delors, ce qui me permettait, puisque je suis polyglotte, d’entendre et de comprendre ces gros cons lorsqu’ils échangeaient en russe sans se douter que je le comprenais. Avantage déterminant.

 

 

- Tu as appris le russe comment ?

 

 

- Olga !

 

 

- La belle Ukrainienne…

 

 

- Oui !

 

 

L’amour de ta vie…

 

 

- N’exagères pas, amour de jeunesse…

 

 

- La mère de tes enfants…

 

 

- Oui, des enfants que j’ai élevés seul…

 

 

- Pourquoi t’a-t-elle quitté ?

 

 

- Le mal du pays allié à un jeune oligarque…

 

 

- Mon pauvre Ambrose tu es né pour être une mère poule…

 

 

- Moque-toi petite patate, mes 4 filles, pas celles du docteur March, elles sont belles, intelligentes, indépendantes, ma fierté…

 

 

- Tu devrais écrire un traité Ambrose, le pendant de l’éducation des femmes de Choderlos de Laclos qui, loin du conservatisme de Rousseau sur la question de l'éducation des jeunes  filles, dressa un portrait flatteur de la femme naturelle des sociétés  primitives.

 

 

- Tu sais je n’ai fait que reprendre les préceptes de nos mères pour notre élevage, l’école pour les connaissances, à la maison les bases du vivre ensemble, ma liberté s’arrête à celle des autres, portes et fenêtres grandes ouvertes à la créativité, de l’amour, du  respect, bien se nourrir, rire, chanter, danser, lire, même regarder la télé, fuir les psys, se supporter, vivre, aimer, garder un parfum d’enfance, tracer sa route, préférer les chemins de traverse. Mes oiseaux ont quitté le nid presque toutes en même temps, faut dire qu’avec Olga nous avions fait un tir groupé, ça m’a fait tout drôle, mais elles sont toujours là, elles savent que papa réponds toujours présent pour elles. Bref, chouchou, avec la tripotée de mes petits-enfants, c’est le prix Cognacq-Jay qu’il aurait fallu me donner. 

 

 

- Belle tirade mon grand, mais que vas-tu faire à Zoug ?

 

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25 mai 2021 2 25 /05 /mai /2021 06:00

Vin Mariani : Quand le Bordeaux était mélangé à de la coca ! - Mets et vin

C’est la guerre, une guerre internationale qui plus est, le genre Goliath contre David puisqu’elle oppose  Coca-Cola Company, multinationale à une micro entreprise insulaire Coca Mariani

 

1868.

C'est la date de création du nom Coca Mariani.

 

L'invention d'un apothicaire bastiais que tout le monde s'arrache

 

L'histoire Coca Mariani commence il y a plus d'un siècle. En 1863, dans son laboratoire parisien, un apothicaire de Bastia, Angelo Mariani, met au point un vin à base de vin blanc corse et d’extrait de feuille de coca de Bolivie.

 

Le succès est immédiat

 

Président de la République, hommes d'État, écrivains de renom comme Émile Zola, Jules Verne ou Colette vantent les mérites de cet élixir miraculeux. Et les imitations se multiplient. Aux États-Unis, un certain docteur Pemberton lance le French Wine Coca.

 

La prohibition interdit l'alcool. Le vin est remplacé par du soda... c'est la naissance du Coca-Cola. « Il faut remettre les choses dans leurs contextes. Le docteur Pemberton a copié les vins Mariani et il s'en est même vanté de dire : 'J'ai copié le meilleur' », raconte Christophe Mariani.

 

En 2014, l'actuel président de la société Coca Mariani, un autodidacte qui n'est pas un descendant d'Angelo Mariani relance le vin de coca. Il concocte une nouvelle recette : à base de vermantinu un cépage corse et le précieux alcool de coca, décocaïnisé, qui arrive directement de Bolivie. L'ancien président Bolivien, Evo Morales, rencontre même Christophe Mariani, et salue cette collaboration.

 

fabricant de vin tonique -

 

En 2019, la tuile.

 

Après avoir déposé la marque en France, la maison Coca Mariani effectue les démarches devant l'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle. Coca-Cola s'y oppose. La multinationale considère que le mot Coca, de la marque Coca Mariani présente un risque de confusion.

 

L'avocat du vin tonique corse, Me Antoine Chéron compte résister au géant américain. « Pour nous, le risque de confusion n'existe pas. L'histoire a montré qu'il n'y avait jamais eu de problème par le passé. Sauf qu'aujourd'hui le projet de Monsieur Mariani réactive des choses qui relèvent de l'histoire, réactive des boissons à base de feuilles de coca et on s'aperçoit que c'est Coca-Cola qui considère que c'est une problématique pour eux.

 

« C’est une injustice »

 

Christophe Mariani n’entend pas plier devant le géant mondial et fait valoir l’origine et le patrimoine corse dans le succès de la boisson américaine.

 

« On était là 25 ans avant eux. En 1885, John Pemberton, un Américain préparateur en pharmacie, décide de copier ce vin tonique Mariani, puis [en 1886] arrive la Prohibition [à Atlanta]. Il est alors obligé de changer sa formule, d’enlever le vin et de créer une boisson qu’on connaît aujourd’hui, qui s’appelle Coca-Cola », assure-t-il sur Europe 1.

 

« Sans Angelo Mariani et son histoire, ils ne seraient probablement pas là. C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité », dénonce-t-il.

 

L'entreprise américaine, de son côté, ne souhaite pas faire de commentaire. Le dossier est actuellement entre les mains de l'Office européen de la propriété intellectuelle mais la guerre des marques, elle, est bien ouverte entre la Corse et les Américains.

 

Le vin corse, ancêtre du Coca-Cola va t'il pouvoir garder sa marque en Europe face au soda mondialement connu ? Les protagonistes attendent la décision de l'office européen de la propriété intellectuelle. 

Alors le vin Mariani quésaco ?

 

Vin Mariani à la Coca de Peroum, plus simplement appelé Vin Mariani, était un «vin tonique» qui a été inventé en 1863 et a rapidement fait sensation dans le monde entier. Inventé par le chimiste français Angelo Mariani, originaire de Corse, ce breuvage est né de sa fascination pour les récentes études de Paolo Mantegazza sur la plante de coca et ses bénéfices perçus.

 

 

L’étude a incité Mariani à combiner des feuilles de coca moulues avec du vin rouge de Bordeaux, à raison de 6 milligrammes de coca par once de vin, et ainsi est né le vin Mariani.

 

Ne souhaitant rien laissé au hasard, ce pharmacien préconisait :

 

Deux à trois verres par jour, à prendre avant ou après les repas (réduction de moitié pour les enfants!).

 

Le produit était commercialisé sous forme de digestif, d’apéritif ou les deux… La délicieuse préparation promettait de guérir tout ce qui vous faisait mal et de donner l’énergie nécessaire aux actrices, aux inventeurs et aux travailleurs.

 

La suite ICI 

 

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24 mai 2021 1 24 /05 /mai /2021 08:00

Le dossier d’ADN n’éclairait guère ma lanterne, outre la liste des oligarques russes qui ne m’apprenait rien, il se résumait en un simple feuillet dactylographié sur lequel le Garde, à la suite d’un petit topo, auquel je ne compris goutte, de son humour féroce, il me conseillait, sic, de dépiauter l’affaire Lawyer X, avant d’aller respirer le bon air de Zug ! Le jeu de piste de ce bougre d’homme prenait l’allure d’un rébus.

 

L’affaire Lawyer X était partie du Conteneur 1250218 bloqué, le 22 juillet 2007, sur le port de Melbourne par les douanes. Celui-ci contenait une cargaison de métham-phétamines, plus connu sous le nom d’ecstasy, d’une valeur de 300 millions d’euros. Les commanditaires, des calabrais de ‘NDRANGHETA, après avoir cru à un simple retard, se rendent à l‘évidence le conteneur n’a pas été découvert par hasard lors d’un contrôle de routine mais ils ont été balancé.

 

Par qui ?

 

Là est toute la question…

 

Les calabrais sont mis à l’ombre le 8 août 2008, dans les procès qui suivirent la version de la police selon laquelle avertis par Europol de La Haye qu’une énorme cargaison, 4 tonnes 4, de drogue devait arriver à Melbourne mais qu’aucune saisie n’avait été prévue le 22 juillet 2007 fatidique.

 

Le hasard !

 

C’est le préposé des douanes, chargé des formalités de routine, qui selon la police avait eu des soupçons à la suite d’une contradiction sur les documents d’expédition, ce qui l’avait conduit à signaler le conteneur aux agents. Donc, pas d’espions ou d’infiltrés parmi les gangsters, pas de coups de téléphone anonymes, pas de fuites : seulement de vulgaires documents mal remplis. Emballé c’est pesé les commanditaires en prirent un maximum.

 

Mais c’était trop bien ficelé pour être vrai, en 2014, une enquête publiée en mars, par le Herald Sun, révèle qu’un pool secret de policiers aurait recruté, payé et accompagné un informateur au sein du groupe d’avocats chargés de défendre les différents parrains criminels de la ville.

 

Lawyer X a violé le secret professionnel pendant des années, affirme le journal, en fournissant à la police des informations confidentielles sur ses clients.

 

Scandale !

 

Les journalistes ne peuvent révéler le nom de l’avocat X en raison du veto imposé par la police, alors que l’État créé une commission d’enquête.

 

C’est la paranoïa : qui est Lawyer X ?

 

Qu’a-t-il fait exactement ?

 

Combien de personnes connaissent son identité ?

 

L’informateur était-il uniquement piloté par la police ou les juges étaient-ils au courant de cette opération illégale ?

 

À ce jour l’affaire Lawyer X n’est pas encore close et pourrait compromettre la carrière de hauts-fonctionnaires de police, d’hommes politiques et de juges.

 

Mais pourquoi diable ADN, avocat pénaliste de profession, me branchait-il sur une affaire n’ayant aucune ramification dans notre doulce France ?

 

Loin de me tranquilliser, cette absence de lien prenait des odeurs d’exemple pour décalque sur un sujet plus gaulois. La connexion avec Zoug me mettait plus encore la puce à l’oreille.

 

Pourquoi Zug ou Zoug ? À l'exception d'une première tour de 18 étages, dont la silhouette en biseau domine la ville, Zoug - 25 000 habitants -, catholique et de langue allemande, garde un charme d'avant-hier. Avec ses demeures du XIVe siècle, sa Zytturm (tour de l'Horloge), et ses rues étroites et tortueuses donnant sur un lac paisible. Mais en se glissant dans le hall des maisons bourgeoises, sous la plaque des avocats et des notaires s'alignent quelque 200 000 noms d'entreprises du monde entier.

 

« La spécialité de Zoug, c'est moins son lac, son marché aux taureaux et son alcool de cerises que ses privilèges fiscaux aux sociétés holdings. Leur capital n'y est taxé qu'à 0,02 pour mille. « Quant à l'impôt sur les bénéfices, les sociétés ne le payent que sur le chiffre d'affaires réalisé en Suisse. Comme elles gagnent essentiellement leur argent à l'étranger, elles ne payent rien, ou presque, à Zoug », constate Josef Lang. Historien de renom, il n'a curieusement pas trouvé de travail à Zoug, et doit enseigner à Zurich.

 

Glencore, le numéro un mondial des matières premières, qui emploie plus de 50 000 salariés dans le monde, est ainsi domicilié à Baar, une bourgade à côté de Zoug. Apparemment, les managers ne se réunissent pas très souvent au siège social : Baar ne compte qu'un modeste hôtel deux étoiles, donnant sur la gare... Même la Fraternité Saint-Pie X, fondée par monseigneur Marcel Lefebvre, n'est pas restée insensible à ce paradis fiscal. Elle a établi sa « maison généralice » à Menzingen, un autre village du canton de Zoug. Les offrandes peuvent être déposées à la Zuger Kantonalbank (la banque cantonale de Zoug). »

 

Au XIXe siècle, Zoug, canton presque exclusivement agricole, était l’une des régions les plus pauvres de Suisse. En 1860 encore, le canton présentait la dette par tête la plus élevée du pays et un rendement bien en dessous de la moyenne nationale.  C’est grâce à l’initiative d’entrepreneurs que Zoug a progressivement relevé la tête. En 1834, Wolfgang Henggeler construit la première fabrique du canton, une filature de coton à Unteraegeri, et en 1866, l’Américain George Ham Page implante à Cham la première usine de lait condensé en Europe. A la même époque Zoug est relié au réseau de chemins de fer, permettant au canton de se développer.

 

C’est cependant à partir des années 1950 que la région commence véritablement à prendre son envol. En 1956, dix ans après l’adoption d’une nouvelle loi fiscale, l’opérateur financier Philipp Brothers s’installe à Zoug. Un établissement qui est le premier d’une longue série; un taux d’imposition favorable ainsi que la proximité de l’aéroport de Zurich transforment alors Zoug en un centre financier et de courtage.

 

De nos jours, Zoug est le canton le plus riche de Suisse avec un taux de chômage d’à peine 1,9% et un produit intérieur brut que l’institut de recherches conjoncturelles BAK estimait à 117'000 francs par tête à la fin 2010.

 

Situé à 30 minutes du centre des affaires de Zurich et du pôle touristique que représente Lucerne, Zoug est depuis de nombreuses années stable, tant au niveau économique que politique, social et financier. Ses habitants ont en moyenne moins de 40 ans et plus de 10% sont au bénéfice d’un titre universitaire, un record suisse selon l’Office fédéral de la statistique.

 

Ce n’est pas par hasard si, Louis et Ambrose, lorsqu’ils décidèrent, dans les années fric, de se mettre à leur compte, firent de Zoug,  le « siège social » de leur petite entreprise qui ne connut pas la crise mais en profita. Des guillemets à siège social, l’affaire ne reposait sur aucun statut mais sur une enseigne : la galerie d’Art Contemporain de Clotilde Aebischer-Brändli domiciliée à Zoug, dont le chiffre d’affaires se générait essentiellement à Londres, Hong-Kong, Los Angeles. Le jour où, Clotilde Aebischer-Brändli et Louis convolèrent en 1986, un discret mariage civil, blanc comme la neige du Schnebelhorn, ils se firent mitonner par un cabinet de notaires franco-suisse un contrat de mariage aux petits oignons, qui se révéla fort utile en 1990 pour bâtir les fondations de la petite entreprise de Louis&Ambrose, sans objet social affiché, normal puisqu’il s’agissait de faire pour le duo « le sale boulot fait proprement ».Depuis qu’ils s’étaient rangés des voitures, Clotilde-Louis, résidaient 6 mois par an, les beaux jours, à Zoug.

 

Les dés roulaient sur le tapis vert du Craps, Ambrose savait pertinemment qu’il se fourrait dans un fichu guêpier, rien ne l’y obligeait, il pouvait laisser tomber, il ne devait rien à ADN,  du côté de Louis il en était moins sûr, l’injonction du Garde de se rendre à Zug confirmait cette crainte. Reconstitution de ligue dissoute, besoin d’adrénaline, folle envie de se remettre en tandem avec Louis, le poussaient inexorablement vers les emmerdements. Ambrose, prenait à son compte le « Peu me chaut !» que lançait Louis à ceux qui lui criaient casse-cou. Il pianota sur son smartphone « Chouchou, je pars à Zoug ! »

 

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24 mai 2021 1 24 /05 /mai /2021 06:00

 

Tribune de Genève

L’art de Plonk & Replonk ICI

Humour 

 

Confit dans l’irrévérence comme la poire dans son alcool, la triplette du Jura Plonk & Replonk a mûri un manuel de «Suissitude ultra moderniste» avec un patriotisme remarquable. D’autant que l’ouvrage est appelé à rayonner dans la capitale française, au sein de l’exposition «Modernités suisses» qui aura les honneurs prochains du musée d’Orsay. Les facétieux entendent reproduire le choc expérimenté avec «L’art d’en bas. En ces temps viraux, il faut se contenter du mince catalogue toilé pour mesurer l’ampleur d’une déflagration atomique propre à vitrifier le concept d’art moderne. Estampillé Prix des Gardes suisses, une vision irrésistible de Hodler et autres courants esthétiques tels les Vachistes ou Metouistes. 

Boutique France/Monde

Plonk & Replonk est un collectif d'éditeurs de La Chaux-de-Fonds, spécialisé dans les photomontages et les détournements de cartes postales Belle Époque. ICI

 

Exposition Lapsus Mordicus de Plonk & Replonk au Petit Echo de la Mode du 6 juillet au 22 septembre 2019, Châtelaudren-Plouagat (22).

 

Jacques Froidevaux, Hubert Froidevaux et Miguel-Angel Morales composent le collectif Plonk & Replonk, qui a vu le jour en 1995 dans les montagnes du Jura suisse. L’un est Plonk, qui plante le clou. L’autre est Replonk, qui l’enfonce. Le troisième, parfois surnommé Esperluette (&), tend le prochain clou au premier. Mais souvent, ils inversent les rôles.

 

 

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23 mai 2021 7 23 /05 /mai /2021 08:00

Interno - Photo de LE PIED DE FOUET, Paris - Tripadvisor

Le lieu était minuscule, bas de plafond, la cantine d’Ambrose depuis son arrivée à Paris avant la révolution ratée, son rond de serviette, son statut d’habitué auprès d’Andrée, petite bonne femme, poitevine, qui régentait le client : pas de réservation, on ne fume pas, on prend son café au bar, on se déplace si ça arrangeait la patronne pour placer de nouveaux arrivants. Tout le monde obtempérait dans la bonne humeur, certains étrangers en redemandaient. Au bar Martial le patron, placide, souriant, belge, forçant un peu sur le litron de Gamay de Marionnet, en cuisine, le chef un pays de la patronne, Hamid le plongeur algérien, officiaient dans 4 ou 5 m2. Le frichti familial, abondant, de qualité, goûteux, l'addition légère. On faisait la queue sur le trottoir. Je m’y sentis bien, comme un parfum d’enfance même si je ne pouvais s’empêcher de penser que le lieu aurait plu à Marie. Ambrose avait dû briffer la patronne, elle me traita comme un grand brûlé.

 

Ambrose ne me laissa pas le temps de souffler « Mon grand tu t’inscris en 3e année à Panthéon-Sorbonne…

 

- Moi je me serais bien vu à Vincennes…

 

- T’es louf, ça va être un repaire de chevelus, un dépotoir, une poubelle pour sociologues…

 

Tu as sans doute raison mais pour te faire plaisir je m’inscris aux deux…

 

Au lendemain du  « joli » mois de mai 1968, alors que les carcasses de voitures et les pavés parisiens jonchaient encore les artères du quartier latin, de Gaulle décida de réformer l’Université. Soucieux de ne plus voir son trône vaciller et son mandat présidentiel sclérosé par le mouvement estudiantin, le chef de l’État confia à son nouveau ministre de l’Éducation nationale, le sémillant et zozotant Edgar Faure, la rude tâche de gérer l’après mai. À commencer par l’éloignement des étudiants de gauche du centre de Paris et de ses ruelles propices à l’insurrection.

 

Décision prise de construire de nouvelles universités aux portes de la capitale pour accueillir les premières générations de baby-boomers et les « perturbateurs » gauchistes des facultés parisiennes. Résultat, en quelques semaines, sortirent de terre des milliers de mètres carrés de salles, d’amphis, de cafétérias, au cœur du bois de Vincennes. Cette faculté d’un nouveau genre, baptisée « centre expérimental » fut lancée avec l’appui du doyen éclairé de la Sorbonne Raymond Las Vergnas et sous l’impulsion d’Hélène Cixous, alors professeure à l’université de Nanterre2. « La contestation de Mai 68 était nécessaire, mais je savais qu’elle ne durerait pas. Qu’il faudrait que cela débouche sur quelque chose de durable. J’avais ce projet d’université en tête depuis quelque temps. Mai 68 a été l’occasion de le faire et du coup, avec l’aide de Jacques Derrida, j’ai créé Paris-VIII. » Ainsi, sous l’égide de cette spécialiste de la littérature comparée, une équipe d’une trentaine d’enseignants est bientôt constituée. Avec comme leitmotiv, rassembler ceux qui, au sein de l’université française, souhaitent un changement. « Les gens se connaissaient, on savait ce que pensaient les uns, les autres. Mais ils étaient disséminés un peu partout. Il fallait donc les réunir dans un même lieu et ça a été Vincennes. »

 

Ce n’était là que le hors-d’œuvre d’Ambrose, alors que nous attaquions le poulet au vinaigre, plat culte de la maison, il aborda la question cruciale de l’intendance, en prenant soin de ne pas me brusquer « Tout est réglé…

 

- Qu’est-ce qui est réglé ?

 

- Nous avons de quoi vivre sans soucis…

 

- Comprends pas…

 

- Tu me fais confiance ?

 

- Bien sûr que je te fais confiance !

 

- J’exécute les volontés du père de Marie…

 

- Qui sont ?

 

- Marie étant sa seule fille, il avait fait d’elle la présidente de sa fondation…

 

- Je sais.

 

- C’est toi qui la remplace.

 

- Pourquoi ?

 

- C’était la volonté de Marie.

 

- Elle avait prévu de mourir.

 

- T’es con, je voulais dire que ce serait la volonté de Marie.

 

- Encore une combine montée avec le papa…

 

- Et alors, tu as quelque chose contre ?

 

- Pas vraiment, j’accepte à une seule condition : c’est toi qui t’occupe de tout.

 

- Ça va de soi mon grand.

 

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23 mai 2021 7 23 /05 /mai /2021 06:00

Épinglé sur Cinerama

Bilan du confinement :

 

1949 : Riz amer

1971 : Mort à Venise

1972 : Ludwig ou le crépuscule des dieux 1ière partie

1973 : Ludwig ou le Crépuscule des dieux, 2ième partie

1987 : Les Yeux noirs

 

Dénominateur commun Silvana Mangano

 

Silvana Mangano | Actrice, Video musique, Girardot

 

Au risque  de surprendre les cinéphiles, dans Mort à Venise, Visconti qui excelle dans l'art de montrer les palais décrépits, les ruelles lépreuses, l'ocre des murs au moment de la mort, les palais dorés sous la lagune, c’est la beauté princière et irréelle de Silvana Mangano, ses voilettes, sa démarche altière, qui m’a fasciné, pourtant elle qui incarne la baronne Moes, mère de Tadzio, jeune adolescent androgyne, qui trouble, Gustav von Aschenbach, Dirk Bogarde, vieux compositeur en villégiature, très librement inspiré de Gustav Mahler, ne prononce que quelques mots insignifiants dans ce film.

 

Dans "Mort à Venise", la beauté et la vie se dérobent - L'Express

 

La dernière fois que je suis allé à Venise je me suis rendu au Lido où j’ai constaté que le Grand Hôtel des Bains n’était plus qu’un chantier entouré de viles palissades de bois, il n’était ni réduit en cendres, ni enseveli dans les sables de la lagune, mais tout bêtement vendu à un promoteur de Padoue, Est-Capital pour être découpé en appartements de luxe. C’est pire que tout que ce joyau Art nouveau en soit réduit à cette dégradation ignominieuse.

 

Mostra, les vestiges de la gloire

HÔTEL DES BAINS À VENISE

 

Silvana Mangano a littéralement « explosé » à l'écran dans Riz amer (1949), un film de Giuseppe de Santis, illustrant avec une conviction toute militante un conflit social dans les rizières du nord de l'Italie. Pour le réalisateur et pour les scénaristes, tous proches du Parti communiste, le film s'inscrivait dans le droit fil d'un cinéma de contestation, tout bardé d'idéologie, tel que les pères fondateurs du néo-réalisme l'avaient imaginé et théorisé sous l'éteignoir mussolinien.

 

Riz amer - film 1949 - AlloCiné

 

Mais il faut reconnaître qu'ils ont simultanément joué, avec une belle conviction, la carte de l'érotisme, imposée sans doute par un producteur soucieux de rentabilité. La Mangano, dans son improbable short d'improbable prolétaire, la cuisse musclée, le corsage tendu, le regard fier, a séduit l'Italie, puis l'Europe. Elle a conquis également le jeune producteur du film, Dino de Laurentis, qui l'a épousée l'année même de la sortie du film, en 1949.

 

Photo du film Riz amer - Photo 5 sur 8 - AlloCiné

Riz amer (Giuseppe De Santis, 1948) - La Cinémathèque française

 

À la fin des années 1940, le néo-réalisme se dissout doucement dans la comédie italienne et dans l'érotisme : les entreprises de production romaines, reconstituées après la débâcle du fascisme, recrutent des actrices pour leur physique, révélé dans les innombrables concours de beauté qui émoustillent la péninsule. Apparaissent ainsi, entre 1947 et 1949, Gina Lollobrigida, Sophia Loren, puis Silvana Mangano, parmi des centaines d'autres qui ne se sont jamais hissées au-dessus des rôles de figurantes ou des productions de seconde zone.

 

Silvana Mangano, fille d'un cheminot sicilien et d'une mère anglaise, fut élevée par son frère aîné Roy et ses deux sœurs cadettes, Patrizia et Natascia dans la pauvreté et la privation. Lors de la Seconde Guerre mondiale, la misère s'accentua. Elle découvre la danse à l'Opéra et, pendant sept ans, sa mère fera l'effort de lui payer des cours de danse chez Jia Ruskaya, à Milan.

Silvana devient mannequin à l'atelier Mascetti puis est élue  Miss Rome  à l'âge 17 ans. La même année, le metteur en scène Mario Costa la remarque et lui fait tourner un petit rôle dans L'Élixir D'Amour (1946) avec une jeune Gina Lollobrigida dans un registre musical. Elle tourne deux autres films comme figurante jusqu'à ce que De Santis la remarque.

 

Le 17 juillet 1949, elle épouse Dino De Laurentiis jusqu'à son décès le 16 décembre 1989. Ils eurent 4 enfants : Véronique, Raffaëlla, Federico et Francesca.

 

En 1949, il l'engage pour être la partenaire de Raf Vallone  dans Riz Amer. Elle n'obtient pas la tête d'affiche mais le troisième des quatre principaux rôles. Grâce à la publicité, Silvana devient une célébrité avant même la sortie du film. Les contrats affluents, elle signe avec la Lux-Films.

 

En 1950, les tournages s'enchainent : Anna  (1951) avec Raf Vallone, Mambo (1954) avec Shelley Winters, Ulisse (1955) avec Kirk Douglas et Anthony Quinn, This Angry Age (1958) et 5 Branded Women  (1960) avec Vera Miles et Van Heflin pour les plus connus.

 

Très soucieuse de l'éducation de ses enfants mais aussi de sa carrière, elle tourne une moyenne d'un film par an : chacune de ses apparitions sont des succès au box-office en Europe. Silvana, malgré sa beauté et son talent, ne suivra pas sa concurrente Gina Lollobrigida qui atteint la consécration aux États-Unis.

 

Son fils Frederico est décédé en le 15 juillet 1981 dans un crash d'avion en Alaska. Souffrant de la perte de ce fils, le couple commence à battre de l'aile et l'actrice tombe dans une profonde dépression, ils se sépareront en 1983 mais resteront mariés.

 

En 1987, elle tourne dans son dernier film " Oci Ciornie " dans un tout petit rôle.

 

Sa fille Rafaela est devenue productrice.

Silvana Mangano est décédée le 16 décembre 1989 d'un cancer des poumons à Madrid, en Espagne.

 

Gruppo di famiglia in un interno- di Luchino Visconti, 1974 Silvana Mangano  Foto di Mario Tursi – Archivio Enrico Appetito – A Shaded View on Fashion

Mort de Silvana Mangano La magicienne

Le Monde

Publié le 17 décembre 1989

 

 

Elle était belle comme une fille de la Terre, mystérieuse comme si elle se souvenait d'un autre monde. Elle a fasciné les plus grands cinéastes tout comme le public. Le temps, chez elle, n'avait rien altéré. Pourtant elle est morte à Madrid dans la nuit du 15 au 16 décembre. Elle souffrait d'un cancer et avait subi une opération le 4 décembre. Depuis, elle survivait dans un état de coma. Elle était âgée de cinquante-neuf ans.

 

En 1949, néoréalisme oblige, le monde a les yeux fixés sur le cinéma italien. Au Festival de Cannes, un film fait sensation : Riz amer, d'un réalisateur marxiste, Giuseppe De Santis, préoccupé de problèmes sociaux, et dont on connait déjà le style épique. La sensation ne vient d'ailleurs pas de là mais d'une jeune actrice (elle n'a pas encore vingt ans), Silvana Mangano, dans un rôle d'ouvrière saisonnière de repiquage du riz, dans la plaine du Pô, une mondine moulée dans un pull-over noir collant, portant un short qui laisse voir des cuisses généreuses, et des bas noirs déchirés roulés au-dessus des genoux. Voilà Silvana Mangano consacrée " bombe sexuelle " ou " Rita Hayworth du néoréalisme ", ce qui n'entrait absolument pas dans les intentions de Giuseppe De Santis, mais le malentendu devait durer quelque temps, et il y eut, même, des imitations italiennes de Riz amer. De toute façon, il revient à De Santis d'avoir révélé, sous ses aspects sensuels et son physique encore marqué d'adolescence, l'étonnante comédienne qui allait être la grande dame du cinéma italien.

 

Silvana Mangano naît à Rome, le 21 avril 1930, d'un père sicilien et d'une mère anglaise. La famille est pauvre et les privations de la guerre n'arrangent rien. Silvana a suivi des cours de danse pendant sept ans. En 1946, elle devient mannequin, modèle, est élue Miss Rome, ce qui lui vaut un bout de rôle dans l'Elexir d'amour, de Mario Costa... auprès de Gina Lollobrigida. Ni le Crime de Giovanni Episcopo, d'Alberto Lattuada (1947) ni Carrefour des passions, d'Ettore Giannini (1948) n'attirent l'attention sur elle. Mais, après Riz amer, la voilà vedette. Elle signe un contrat avec la Lux Films, tourne, en 1949, le Loup de la Sila, de Duilio Coletti et épouse Dino De Laurentiis, producteur en pleine ascension. Ils auront quatre enfants et il guidera sa carrière.

 

Soucieuse de ne pas altérer sa vie de famille par son statut de star, Silvana Mangano sera sans doute moins populaire que ses " rivales " de l'époque, Gina Lollobrigida et Sophia Loren, mais elle échappera très vite à sa réputation de bombe sexuelle (entretenue dans Mara, fille sauvage, de Mario Camerini, 1950, Anna, d'Alberto Lattuada, 1953, Mambo, de Robert Rossen, 1954). Et se révélera la comédienne dramatique, la femme au profil de vase crétois, mystérieuse, hiératique même dans les rôles de prolétaire et de paysanne, qui tourne avec les plus célèbres réalisateurs italiens. Le changement, déjà perceptible dans Anna et dans un sketch de l'Or de Naples (Vittorio de Sica, 1954), est éclatant avec Hommes et loups, de Giuseppe De Santis (1956), Barrage contre le Pacifique, de René Clément (1957), d'après le roman de Marguerite Duras, la Tempête, d'Alberto Lattuada (1958, d'après Pouchkine), la Grande Guerre, de Mario Monicelli (1959), Une vie difficile, de Dino Risi (1961), le Jugement dernier, de Vittorio De Sica (1962). En 1963, la Mangano tient, d'une manière remarquable, le rôle difficile d'Edda Ciano, fille de Mussolini, dans le Procès de Vérone, de Carlo Lizzani.

 

Intemporelle beauté

 

Avec la vogue de la comédie italienne, elle connait une légère éclipse ; puis relève le défi en interprétant les cinq rôles féminins des Sorcières, film à sketches réalisé par Franco Rossi, Mauro Bolognini, Pier Paolo Pasolini, Luchino Visconti et Vittorio de Sica (1966). Voici venues, pour elle, les années de majesté où elle restera intemporelle dans sa maturité, sa beauté royale, qui n'a souffert d'aucune standardisation. Pasolini en fait Jocaste dans son OEdipe roi (1967), puis la grande bourgeoise de Théorème (1968), " visitée " comme les autres membres de la famille, par l'ange Terence Stamp. Deux ans plus tard, c'est Mort à Venise, où Luchino Visconti recrée, à travers elle, l'image de sa mère. En 1971, elle est la Madone du Décaméron de Pasolini. En 1972, elle compose, avec la même classe, le même talent et les nuances psychologiques les plus subtiles, Cosima von Bülow, compagne de Richard Wagner, dans Ludwig, de Visconti, et une mère de famille vivant dans un bidonville romain, dans l'Argent de la vieille, l'un des plus grands films de Luigi Comencini. Elle retrouve Luchino Visconti en 1974, pour le rôle d'une bourgeoise ambiguë et quelque peu perverse dans Violence et passion.

 

Il émanait de Silvana Mangano une telle fascination qu'elle n'est jamais apparue antipathique, même dans ds rôles comme celui-là. On aurait volontiers, devant elle, plié le genou. Après Violence et passion, on ne l'a revue qu'en prêtresse au crâne rasé de Dune (David Lynch, 1984) et en épouse malheureuse de Marcello Mastroianni dans les Yeux noirs, de Nikita Mikhalkov (1986), film inspiré de Tchekhov. On espérait bien qu'elle n'en resterait pas là.

 

On n'a pas fini de regretter cette magicienne.

 

Le Monde

 

 

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22 mai 2021 6 22 /05 /mai /2021 08:00

Campagne à Paris

Notre périple sous terre, tels des lombrics entrelacés, teintait d'un plaisir malsain mon blues matinal. Ici, dans cette ville grouillante, indifférente, me fondre dans son magma serait un jeu d'enfant. Ma nouvelle vie de merde se présentait sous les meilleurs auspices. Pour la première fois depuis notre arrivée je souriais. Ambrose, ma mère poule, sentait que je me détendais, il en profitait pour m’annoncer : « Nous allons porte de Bagnolet dans un petit village au coeur de Paris. Tu vas voir nous t’avons préparé une belle surprise. » Je ne relevai ni le nous, ni l'indication de notre point de chute, ça m'importait peu, tel un Giovanni Drogo vieillissant face à la frontière d'où nuls envahisseurs n'avaient jamais surgi, je me sentais las. Aurais-je encore le courage de me colleter à la vie ? De le faire sans complaisance ni masochisme. De le faire, tout simplement, n’être qu’une insignifiante trace dans ces années de fric corrupteur. « T'es bien trop petit mon ami » chantait le pépé Louis. Une irrésistible envie d'envoyer valdinguer tout ce fatras de souvenirs me saisissait. Sortir ! Ne pas céder à la lassitude. Voir des gens. Les sentir. Les entendre. Leur parler. Avoir de nouveau la sensation d'être vivant.

 

Moche la porte de Bagnolet, rien qu’un nœud de bitume plein de bagnoles, de bruit, de pestilence sulfurée, Ambrose sur son petit nuage, me guidait, dissertait : « Oui mon ami, difficile de croire que nous sommes dans le XXe arrondissement, même si ça t’étonne, la Campagne à Paris, c’est bien le nom du quartier perché sur les hauteurs où nous allons nous installer ; un petit village créé, sur l’ancienne commune de Charonne, en une vingtaine d’années, au début du XXe siècle, un  îlot situé sur des anciennes carrières souterraines et composé d’une demi-douzaine de jolies ruelles, à l’origine organisé en coopérative : il permettait à la classe ouvrière d’accéder à une centaine de pavillons construits spécialement pour eux et proposés à des prix abordables. Feu la classe ouvrière ! Bien avant les bobos, comme à la Mouzaïa, ce fut le nec plus ultra des nouveaux bourgeois intellos parigots... » Nous montions des escaliers, une fois en haut des ruelles pavées, des petites maisons en brique ou en meulière, jardinets fleuris et verdoyants. Tout ce je trouvai à dire « C’est une annexe de la grande muette, y’a plein de capitaines : Ferber, Marchal… » Ambrose me prit par les épaules « Nous allons rue Jules Siegfried, un industriel havrais, préoccupé par le sort des plus pauvres qui chercha à promouvoir l’habitat social. Ainsi, la « loi Siegfried » du 30 novembre 1894 encourage la création d’organismes d’habitations à bon marché. C’est auprès de cet homme politique influent, « le plus représentatif de l’esprit havrais » selon René Coty, que ce dernier entama sa carrière politique. » Ambrose est ainsi, le roi du  détail, le champion de la logistique.

 

La surprise d’Ambrose : le père de Marie se tenait sur le perron d’un charmant pavillon, il m’enveloppa de ses grands bras « Mon fils : bienvenue au logis de Marie, c’était ma dot, comme on le dit chez les bourgeois, voici les clés, ce n’est pas un mausolée, Marie c’était mon bébé, l’amour de ma vie, un rayon  de soleil que tu as su capter, foin d’émotion mon garçon, gardes-là dans ton cœur c’est un ordre ! » Je balbutiai je ne sais plus trop quoi, Ambrose rayonnait « Comme tu es le roi de la brocante nous allons chiner pour la meubler » Nous fîmes le tour du propriétaire, le père de Marie et Ambrose s’entendaient comme deux larrons en foire, je planais. « En attendant votre installation je vous héberge ! » Nous repartîmes dans sa vieille Jaguar Mk2, aux fragrances de vieux cuir et de havane, conduite à  droite, éphèbe café crème à la manœuvre, moi à la place du mort, les deux comploteurs sirotant sur la banquette arrière un Cognac Delamain hors d’âge.

 

En pénétrant dans le grand penthouse de l’avenue de Breteuil, elle, partout, son rire, ses taquineries, ses allures de gazelle, son lit de jeune fille, des photos d’elle sur les murs blancs, je tanguais. Le grand homme, prévenant, flanqué d’un Ambrose plus mère poule que jamais, m’encadraient, silencieux. Se ressaisir. « Je vais prendre une douche… » Mon jeans, mon tee-shirt me collaient à la peau, mes Clarks cocotaient. Je les flanquais à la poubelle. Nu comme un ver je farfouillais dans ma maigre garde-robe, un pantalon ample de lin, un sweet-shirt, des tennis blanches. En m'enfournant dans le futal la rouille de mes genoux me rappelait à l'ordre. Je marmonnais « Si tu continues, mec, t'es bon pour Saint-Anne. Bouge ton cul ! » Le miroir de la salle de bains confirmait le diagnostic, en pire. Le désastre fondait sur moi. Un vrai naufrage. Me récurer. Tailler dans le poil. Sentir bon. Ambrose, au sortir de la salle de bains, ne me laissa pas le choix « Je t’invite à dîner au Pied de Fouet, nous avons à causer mon grand… » C’était à deux pas, au cul du jardin de l’hôtel Matignon, nous nous y rendîmes à pied.

© tasogareningen / Instagram

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