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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 00:09

Les Français adorent les minorités au cinéma, en témoigne le succès de deux films populaires : Bienvenue chez les Ch’ti et les Intouchables. Dans la réalité c’est une autre paire de manches et une palanquée de vautours nationaux planent au-dessus des ressentiments. N’ai vu ni l’un ni l’autre mais je ne crache pas sur le succès : toute œuvre qui rencontre son public doit être respectée. Mon propos initial n’est là que pour introduire un fromage méconnu dans l’univers des « qui puent » : le Maroilles qui fut tiré de son oubli par le facteur ch’ti qui le consommait au petit déjeuner trempé dans son café.


Et pourtant, dès 1961, autant dire un temps que les moins de 20 ans ne connaissent que par les sixties, le père Maurice Lelong o.p., plongeant dans les miettes d’une vie antérieure, celle de son enfance picarde, avait commis une célébration du fromage en une Homélie sur le fromage de Maroilles.

Buoux-075.JPGAvant de vous donner quelques bouchées il faut que vous sachiez que « Quand on n’est pas du côté de chez Marcel Proust mais du versant de la plèbe, l’odeur d’un certain fromage pourrait bien faire l’office de ces délicatesses fades et distinguées.

C’est d’abord un bruit assourdissant qui monte du fond des âges avec ce parfum mâle et puissant.

Ma petite enfance picarde a été bercée au rythme fracassant des jacquards –en vérité, nous disions toujours : métiers-jacquards. »

Plongée dans les odeurs de l’enfance « le marchand de maroilles qui s’en venait ainsi de Levergies, au pas flegmatique de son cheval roux traînant une carriole à bâche verte, s’appelait Octave. Car le seul fromage qu’il vendait était, bien entendu, le maroilles, tout de même que Marie Pameu, la marchande de poisson au visage grêlé par la variole, était vouée, et nous avec elle, au hareng.

Octave avait plusieurs sortes de maroilles, celui des riches et des jours de fête, qu’on découpait en fines tranches, pour le faire durer, et le modèle populaire, à croûte épaisse, pour les petites bourses, qui n’avait pas volé son nom de « Puant » « Plus il pue, meilleur il est », disait rudement le vulgaire. Sur la croûte d’acajou, des brins de seigle étaient incrustés, en témoignage des longs et savants recueillements dans les hâloirs et les caves d’affinage ; comme une certaine poussière, qui est l’œuvre inimitable des ans, manifeste l’expérience du temps et la noblesse de souche des bouteilles vénérables. »

3366_1.jpg 

Donc le 28 mai 1961, des années-lumière avant Dany Boon, notre prêcheur retrouvait la Thiérache picarde de son enfance et « l’antique et vénérable village de Maroilles, Maro Ialo ou « Grande Clairière » des Gaulois, au pays d’Avesnes... » qui « fêtait ce jour-là le millénaire du fromage qui avait fait sa célébrité » et « embaumé les souvenirs d’enfance » du père Lelong. Le Maroilles sent « les pieds du bon Dieu » selon un mot de Léon-Paul Fargue.

Buoux-077.JPG

Deux extraits de l’homélie pour finir cette belle célébration du fromage, la première toujours d’actualité « mangez Français ! »  Buoux 078

et l’autre plus tourné sur notre versant vin ce qui me fait penser, qu’en dehors de la bière qui servait à laver ce  fromage « à croûte lavée, que peut-on bien boire avec ce fromage qui pue les « pieds de Dieu » ? Serez-vous d’accord avec les « accords parfaits » du père Lelong ? Monsieur Alleosse www.fromage-alleosse.com m’a indiqué, lorsque j’ai acheté un Maroilles chez lui pour Noël (une merveille), qu’il était toujours lavé à la bière et qu’autrefois les mineurs glissaient leur Maroilles dans un bas de leur femme et il le plongeait dans la bière pour le conserver. Fromager-affineur, un vrai Philippe Alleosse.

 

« De même que certains coteaux privilégiés reçoivent, du Maître de toutes choses, le soleil qu’il faut pour que la vigne donne un cru qui n’a pas son pareil au monde, ainsi la vallée de l’Helpe possède les pâturages qui fournissent, de mai à juin et de septembre à octobre, les hâloirs orientés au nord-est et les caves d’affinage exposées au sud-est, qui leurs envoient de la mer les vents propices chargés d’humidité. A l’instar des vins de marque, le fromage de grande classe connaît des années fastes et les années les plus ordinaires. Le maroilles tient au sol et au climat non moins intimement que les grands vins avec lesquels il trouve des accords parfaits : Beaune, Châteauneuf-du Pape, Côte Rôtie, Morey Saint-Denis, et je ne me retiens pas de citer, au-delà même des Côtes-du-rhône, dans un des paysages les plus fins et les plus spirituels de Provence, un certain Bandol rouge dont il forme un contrepoint idéal avec lequel je rêverais d’un jumelage qui serait le signe le plus émouvant de l’unité, de l’harmonie et de la santé de la France. »


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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 17:00

En fin d’année, sur les télés, fleurissent les bêtisiers. Sur la Toile, quelques blogueurs ont distribués soit des palmes à certains de leurs confères, soit des volées de bois vert à ceux qu’ils ne peuvent pas piffer. La RVF organise cette semaine, le Grand Prix de la RVF : les Hommes de l’année 2012 au Bristol. Le top blogs vins d’e-buzzing fait bander qui vous savez. Nous adorons, et tout particulièrement le monde du vin, les médailles, fussent-elles en chocolat, les classements de ceci ou de cela : vive les GCC, les notes sur 20 plutôt que celles sur 100 : sacré Bob, les hiérarchies, les titres nobiliaires : vive la baronne G, les châteaux…

Rassurez-vous, mon ironie n’est pas ici à sens unique, elle vise aussi mes propres médailles et mon goût parfois immodéré de moi-même, il n’empêche que, dans ce monde de brutes où, de la Syrie à la Corée du Nord en passant par une flopée d’États, des tyrans bâillonnent, égorgent, mitraillent leur propre peuple, savoir saluer un beau message de paix et d’amour relève de la santé publique.

 

Celui d’Alice et Olivier de Moor pour la nouvelle année 2012 me va comme un gant. Je vous le livre :

 

Heureuse année deux mille douce

 

Et puis, cerise sur le gâteau, le message est accompagné d’une très belle photo de la campagne toscane.

toscane-octobre-2011.jpg

Je profite de cet Afterwork de paix pour déclarer la guerre aux nuisibles qui ont « hacké » le site d’Antonin : Vindicateur. Je joins ma voix à celles d’Eva link, de Guillaume link et d’Olif link pour dire que sans la liberté de parole celle-ci est serve. Le ton choisi importe  peu, celui de notre basque qui grimpe facilement sur le mur à gauche, est incisif, ironique, léger, libre… c’est heureux dans un monde convenu et comprimé. Du courage, du courage Antonin : les copains d’abord ! À bientôt sur la belle ligne de vins d’Alice et Olivier de Moor, pour une heureuse année deux mille douce…

de-Moor-002.JPG

 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 00:04

En ce temps de surendettement où le grand public découvre la dette souveraine placée sur les fameux marchés financiers alors qu’autrefois c’était le bas de laine des rentiers qui se plaçait en Bons du Trésor pour la financer, je trouve que le langage dans l’univers du vin est un grand emprunteur. L’analogie qui est un rapport de ressemblance partielle et non essentielle entre deux choses, est la règle. Nous nageons donc dans l’approximation, la métaphore, l’association, la similitude… Bien sûr ça laisse la porte ouverte à la poésie, à la fantaisie, aux figures libres et souvent au n’importe quoi.


Ainsi certains se réfèrent au profil d’un vin. Qu’est-ce donc : son profil aromatique, gustatif, organoleptique, sensoriel ? Je ne sais mais l’analogie ici se réfèrerait soit au profilage de type criminel ou à celui que les militaires se servaient au temps des centres de sélection pour le service militaire. Sinon, le langage ne pourrait être que celui d’une fiche analytique fraichement sortie d’un laboratoire d’œnologie. Alors rien que pour voir j’ai « renseigné » sur Google : profil d’un vin. Et voilà ce que j’ai trouvé en seconde position. C’est titré : le profil d’un vin et c’est sur le site d’un vigneron. Je vous le livre.


« ll est des terroirs comme des instruments de musique. Suivant l’interprète, la partition, la salle de concert,… le résultat obtenu, le son qui en sortira, sera différent. Une question de style que l’on retrouve également dans le vin. Ainsi, si le terroir est le même, nos deux vins rouges, les cuvées A et B, proposent chacun une façon différente d’appréhender l’AOC C...
Le travail sur les parcelles de la cuvée A, de par sa précision, constitue une volonté d’avancer vers l’excellence, vers la recherche d’une quintessence aromatique. La vendange en vert, le passage sur table de tri, la longue macération sont des exemples de méthodes employées pour tirer le meilleur de nos vignes. Cette cuvée se marie parfaitement avec des plats élaborés, des viandes en sauce ou un morceau de gibier.
La cuvée B se rapprocherait d’une mélodie accrocheuse qui garde en elle la même ligne de conduite, le même air de famille, la même « façon de jouer ». Une macération volontairement plus courte permet d’obtenir un vin alliant fruit et fraicheur. Il permet de découvrir notre terroir avec gourmandise. Pourquoi ne pas l’associer avec une belle entrecôte ?
Ces deux cuvées du L… permettent ainsi au dégustateur d’apprécier des essences et des arômes propres à notre terroir. Maintenant, il ne vous reste plus qu’à les déguster… »
 

Pas très convaincant tout ça, sauf que la seule référence précise, incontestable, est la main du vigneron. Alors comme je suis un esprit facétieux je vous propose de substituer à la notion floue de profil du vin celui de profil du vigneron.
 

  Démonstration ci-dessous à partir d’une étiquette :
-    J’ai masqué le nom du vigneron qui apparaît au bas de l’étiquette.
-    Prix du flacon 8,84€ au Franprix
-    Si ça vous chante vous pouvez bien sûr mettre un prénom et un nom sur ce profil de vigneron connu en Beaujolais.
-    Un indice pour les profiler viniques : j’ai chroniqué sur lui…
-    Pour la dégustation j’attends de me retrouver avec des spécialistes du profil d’un vin.

photoJPB.jpg

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 15:33

 

L'auteur portugais Manuel António Pina commente : « Violez les femmes, parce qu'elles le méritent »

 

« Quand il s’agit de l’intolérance, l'Eglise espagnole n'a de leçon à prendre de personne… Maintenant que le [Premier ministre] Mariano Rajoy, proche de l'Eglise, a annoncé son intention d'éliminer « la corruption de la loi laïque sur l'avortement » que le gouvernement de son prédécesseur Zapatero a fait adopter, je me suis fait remettre l’homélie de Noël de l'archevêque de Grenade, Javier Jimenez, dans laquelle il affirme « qu'une femme qui a avorté donne à un homme la licence absolue, sans restriction pour abuser de son corps, parce qu’elle a commis un péché comme si elle avait le droit de commettre ce péché'. … Pour l'archevêque, les crimes d'Hitler et ceux de Staline (il a oublié Franco) sont « moins épouvantables que l'avortement ». Dans ces moments-là, même un athée voudrait qu’il y ait un dieu pour condamner ces personnes. »


(Source: express.be) link pour voir la vidéo

 

L'homélie intégrale de l'archevêque est ici (texte en espagnol) :

 link

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 07:00

Mimmo, un ouvrier de la sellerie de chez Alfa m’attendait au dehors. C’est lui qui devait m’aborder. Chloé lui avait donné ma photo et j’exhibais comme convenu une écharpe rouge et je tenais un numéro du journal Le Monde à la main. Il faisait frisquet et je frissonnais : mon blouson de jean et ma nuit presque blanche n’arrangeaient rien. Mon attente ne fut pas très longue, un type frisé, râblé, empoignait mon sac de marin sans même me saluer et m’entraînait jusqu’à une petite moto garée au milieu d’un paquet de vélos. Avant que je prenne place derrière lui Mimmo se contentait de me dire, en français, « faut qu’on se grouille car ça chauffe en ce moment chez Alfa... » J’opinai. Putain que j’avais froid, je me pelais sur des petites routes où nous prenions le plus souvent un sale petit vent glacé de face.  Lorsque nous prîmes enfin la grande avenue devant l’Alfa d’Arèse les ouvriers de l’équipe de nuit sortaient déjà par les grilles de l’usine. Mimmo gara sa moto devant un café tout en m’expliquant, toujours en français, qu’hier les mecs de l’atelier de peinture avaient déclenché sans prévenir personne une grève sauvage qui avait foutu la direction en rogne. Tout le monde à la maison avait-elle décrétée ! Les camarades du Collectif, de l’assemblée autonome et de Lotta Continua qui n’attendaient que ce signal pour reprendre la lutte étouffée par les bureaucrates du syndicat étaient sur le pont. Guido, du collectif, qui venait de nous rejoindre exultait « maintenant que le conflit est ouvert nous allons harceler le syndicat qui a enterré la revendication du passage automatique des ouvriers non qualifiés au niveau supérieur. »

 

Mimmo avait rejoint devant le portail un groupe d’ouvriers de son atelier. Ils tentaient sans grand succès de retenir les partants. Guido me donnait un passe-montagne et des mitaines pour que je l’aide à distribuer des tracts. « On attend les mecs de la peinture pour qu’ils nous mettent au parfum puis on se barre au péage de l’autoroute pour faire un barrage et ramasser du blé de solidarité... »  Pour un baptême du feu c’en était un : sans transition je piquais la tête la première dans le bain des luttes. Pendant que nous tractions se pointait depuis l’usine un petit sarde volubile qui déclenchait sitôt un attroupement autour de lui. « Nous, rien qu’à huit, nous avons bloqué l’usine... » Il se rengorgeait « Ras-le-bol, ces connards avec l’accord du syndicat, ont encore augmenté les cadences. Maintenant les carrosseries prêtes à peindre se pointent à la queue leu leu, plus le temps de souffler ! Les 4 qui sont en cabine, entre deux vapos, en prennent plein les poumons.  Ça suffit, nous on devient dingues et, à partir d’aujourd’hui, c’est nous qui décidons combien de bagnoles on peint par jour ! »  Brouhaha, des groupes se forment, les revendications fusent. Guido va d’un groupe à l’autre pour entretenir le feu sous la marmite. Le souk bordel, tout ce que le syndicat refuse. Le syndicat c’est la FIOM (Federazione Impiegati Operai Metallurgici l’équivalent de la CGT) . Un ouvrier intervient pour affirmer qu’il a eu une prise de bec avec un délégué de l’exécutif du comité syndical qui voulait se désolidariser de l’action des gus de la peinture mais qu’un délégué de la FIM (Federazionz Italiana Metalmeccanici, l’équivalent de la CFDT) l’en a dissuadé. Mimmo en rajoutait une couche « Les militants du PCI ont beau jeu de monter les ouvriers contre nos actions spontanées car lorsqu’un atelier bloque la production la direction met tout le monde en chômage technique et attend que ça pourrisse... »

 

J’avais un peu de mal à suivre les échanges vu l’état de mon italien mais je m’accrochais. Arrivait alors un grand maigre sanglé dans une canadienne en cuir. « C’est Toto l’un des meneurs de Lotta Continua » me soufflait Guido. Il ne disait pas Lotta Continua mais LC, l’enfer des sigles des groupuscules commençait. Sûr de lui il tranchait « si demain la direction lock-out à nouveau on engage des manifs à l’intérieur de l’usine. Attention, nous ne voulons pas comme la dernière fois des sabotages ou des déprédations. Soyons solidaires, évitons de nous battre en désordre. Je vais tenter de persuader les militants de l’Avanguardia Operaia même s’ils ne font rien sans en référer au syndicat. Quand au deux connards du Manifesto (groupe issu du PCI) laissez-les en dehors du coup sinon ils iront cafter à la FIOM...» Ici, comme à l’Ile Seguin bastion de la CGT les gauchistes filaient le grand amour avec les syndicalistes sauf qu’ici l’extrême-gauche tenait les ateliers. Le petit sarde de l’atelier Peinture trouvait son miel dans ce discours ferme « Demain, nous la première équipe on bloque encore, et si la direction remet ça, on embraye en interne, on vire les petits chefs, les mouchards, les briseurs de grève. Quand on aura fait place nette on se barre sur l’autoroute de Varèse pour faire des barrages... » Mimmo bichait, l’odeur excitante du bordel le mettait en transe. Pendant que nous discutions les cars de la deuxième équipes repartaient pleins. La direction pour « problèmes techniques » avait lockouté. Quelques minutes après la fin des palabres nous repartions avec Mimmo pour Milan. Je posais mon sac chez lui puis nous nous rendions dans un café où nous attendaient Guido et quelques camarades.

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 00:09

lluis-llach.jpgUn de mes fidèles lecteurs m’a demandé gentiment de mettre en ligne une chronique dominicale et musicale consacrée au chanteur catalan Lluís Llach et comme j’ai une petite anecdote à raconter sur les circonstances où je l’ai découvert je me suis dit qu’il était simple de le satisfaire.

 

C’était au temps du Service National, que j’ai effectué, en tant que VSNA, sitôt ma soutenance de thèse à l’Université de Constantine. J’enseignais le Droit comme maître-assistant à raison d’une petite poignée d’heures par semaine. Beaucoup de temps libre donc mais l’austère Constantine n’offrait guère de loisirs. Alors, la « colonie » des coopérants civils et militaires, parquée dans des logements sociaux tout neufs dans une zone à peine viabilisée : la cité de la SONATIBA (nom de la nième société nationale du régime « socialiste » de Boumediene. La plaisanterie, lorsque nous faisions la queue pour obtenir notre bouteille de gaz en compagnie des algériens stoïques, c’était « pour qui Sonelgaz ! ») passait le temps en se recevant. Nous refaisions le monde en picolant la cuvée du Président.

 

Quelques privilégiés, les « fonctionnaires internationaux » tout particulièrement, logeaient dans les beaux immeubles coloniaux en ville. C’était le cas de Jean-Louis Argelliès, médecin à l’OMS. Comme ses collègues étaient tous des vieux briscards de l’institution et que leur préoccupation première était la commande mensuelle de bouffe et d’alcools, Jean-Louis et sa jolie femme Vérène s’était retourné vers la colonie de la Sonatiba. Nous avons sympathisé et comme Jean-Louis jouait de la guitare et chantait en catalan, c’est ainsi que j’ai découvert avec lui Lluís Llach. Jean-Louis était le fils de René Argelliès, adjoint radical du maire de Perpignan, le papa de l’actuel. Bref, nous causions politique, picolions et Jean-Louis alternait son répertoire de carabin avec celui de la Catalogne. Esprit original, anticonformiste, ombrageux mais aussi très chaleureux, il avait fait sa thèse de doctorat sur Médecine et Surréalisme, Jean-Louis devint un bon ami. Comme souvent la vie nous a ensuite séparés, nous nous sommes revus et puis petit à petit nos liens se sont distendus et tout ce que je sais c’est qu’il a terminé sa carrière dans l’Hérault comme médecin de Santé Publique.

 

Je n’aurai pas l’outrecuidance de vous conter la vie de Lluís Llach i Grande, dit Lluís Llach. Simplement, comme lui, je suis né en 1948, lui le 7 mai 1948 à Gérone en Catalogne et lorsque l’ami Pousson, dans son adresse à nos amis vignerons d’au-delà des Pyrénées, a cité les paroles de l’Estaca j’ai pensé à l’ami Jean-Louis Argelliès et sur Internet j’ai découvert qu’il était l’auteur d’une somme, publiée en 1988, La formation des médecins: systèmes, institutions et acteurs : archéologie du pouvoir en médecine (1374 pages).

 

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7 janvier 2012 6 07 /01 /janvier /2012 14:16

Le « Charle’s bar » rue d’Aboukir, aujourd’hui disparu, fut tout un temps mon repaire. J’y mangeais parfois au déjeuner dans la salle du fond et le soir il m’arrivait de m’accouder au bar, derrière lequel s’affairait une grande anglaise languide, bien en chair, yeux de biche triste, longs cheveux roux, jeans et tee-shirt au-dessus du nombril, une grande belle tige. Le lieu, en dépit de son petit périmètre, accueillait en fin de semaine des micro-concerts de rock et, pour tirer un sourire de celle que je prénommerai Mary, il suffisait de la brancher sur le sujet. Tout en essuyant les verres, avec son accent cockney des faubourgs de Londres, elle s’animait et j’en arrivais à oublier qu’elle se gavait de la lecture de tabloïds. Elle était très fleur bleue, sans doute par la suite groupie de la princesse Diana, et je n’ai jamais tout à fait compris pourquoi elle vivait à Paris.

 

Le « Charle’s bar » c’était un bar à tout, un bar tout court, peu de pochtrons, des habitués, des gens de passage, Mary derrière son bar, le jeune patron et ses santiags, un petit bout d’humanité. Ce lieu, où les vins de comptoir étaient banalement tristes, avait une âme, une vie intérieure, j’y ai puisé l’inspiration d’un polar que j’ai commencé d’écrire sur une Underwood achetée aux puces de Montreuil et terminé sur un des premiers petits Macintosh portable dans ma maison nichée dans la forêt d’Ermenonville. Par bonheur le manuscrit de ce truc mal foutu dort dans un carton dans ma cave. Le jour où, de passage rue d’Aboukir, j’ai constaté la disparition de mon « Charle’s bar » ce fut comme si un petit bout de ma vie venait de se détacher, de disparaître. Nulle tristesse ni nostalgie c’est la vie… ainsi le boulanger de Lumières et le boucher de Goult ont pris leur retraite sans être remplacé alors tout change pour que rien ne change.

 

Fort bien me direz-vous mais pourquoi encore une nième chronique sur mes souvenirs de bord de bar ?  Tout bêtement parce que le Wine blog Trophy du futur Salon des Vins de Loire fait un appel à la population des bloggueuses&bloggueurs : « Nous rappelons que les participants doivent, avant de s'inscrire, poster sur leur blog un article en rapport avec le thème 2012 « Mon bar à vins, les Vins de Loire et Moi » : la rencontre d’un gérant, un coup de cœur pour un lieu ou la découverte d’une bonne bouteille dans un bar à vins. Tous les prétextes sont bons ! » Fort bien, je fréquente les bars à vins, je bois aussi des Vins de Loire, mais j’avoue que je n’ai pas le tour de main pour monter la mayonnaise donc j’aurais dû m’abstenir d’écrire cette chronique.

 

Sauf que, comme je ne peux m’empêcher de décoconner, je vais vous proposer un bar à eau : Colette Water Bar 213, rue Saint Honoré dans le premier, au sous-sol, où je suis allé une fois pour boire du vin. C’était en 2006 link et j’y étais allé déguster lubie qui est un petit flacon de vin, en alu, capsule type beer noire, décor minimaliste : deux gris, en facial la marque sur un timbre fond vert, en bas sur le fond gris souris, en blanc : SAUVIGNON. Sur le flanc droit : Appellation Bordeaux Contrôlée, 11,5%, 25 cl. Sur le flanc gauche : Vin blanc, se boit très frais. Mais, même si Colette c'est le haut-lieu de la branchitude consumériste parisienne, où des jeunes gens payés au SMIC vous regardent comme si vous étiez un extra-terrestre parce que vous vous risquez à trouver les prix très hot : le téléphone portable Vertu à 4750 euros, la montre Jacob&Co à 38000 euros ou une veste grunge à 2250 euros, je ne puis faire un tel choix puisqu’il me faut faire la promo des vins de Loire.

 

Réflexion faites mon choix se portera donc sur le Baratin «  rue Jouye-Rouve dans le XXe et ce pour 3 raisons dont 2 n’ont ni rimes ni raisons : la première c’est que je préfère un Baratin à un bar à vins (désolé !), la seconde c’est que baratin rime avec ligérien, et enfin parce que c’est au Baratin qu’avec Sébastien Demorand ont s’est liché des lignes de Chenin de la Loire. Lesquels ? Je ne sais plus mais sur la carte de Philippe Pinoteau les vins de Loire « nature » y sont bien représentés. Mais pour terminer sur une énième décoconnade je ne puis m’empêcher de promotionner un beau vin né dans la Loire mais qui n’est qu’un vin de France : Les Rouliers 2010 de Richard Leroy. link  

carte-des-vins-012.JPG

Avouez que ce n’est pas avec ça que je vais décrocher la timbale du Wine Blog Trophy mais, comme disait Pierre de Coubertin, l’important c’est de participer et comme j’ai voté pour la chronique d’Eva ça suffira largement à mon bonheur…

587px-Underwood-overview.jpg

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7 janvier 2012 6 07 /01 /janvier /2012 00:09

Pierre Dukan, nutritionniste star, fait le Buzz avec sa Lettre ouverte au futur président de la République, publié au Cherche-Midi, où il propose une option « poids d'équilibre » au bac, qui favoriserait les élèves capables de conserver, entre la seconde et la terminale, un indice de masse corporelle compris entre 18 et 25. Dans les colonnes du Parisien, Pierre Dukan explique, sans rire, que son livre vise à « donner un peu de solennité » au sujet du surpoids dont, en bon fils de pub, il affirme que  « l'on a tendance à prendre à la légère ». Bien sûr, cette sommité de pacotille frappe à la porte de l’étage le plus élevé pour que les politiques se penchent sur cette « grande cause nationale ». Ras-le-bol de ces charlatans que l’on gratifie du titre de Professeur et qui jouent dans le même registre que le célèbre Crozemarie. Dukan « la joie », avec son option à la con « poids d’équilibre » veut faire le bonheur de notre progéniture en les sensibilisant à l’équilibre alimentaire. Je rêve et comme le lui ont rétorqué certains forums : « Les anorexiques, ils ont la mention d'office ? »

 

Pitoyable ! Dire que ce type a prêté le serment d’Hippocrate. Le voici, tel qu'il est prêté à l'Université Montpellier 1 « En présence des Maîtres de cette École, de mes chers condisciples et devant l'effigie d'Hippocrate, je promets et je jure, au nom de l'Être suprême, d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité dans l'exercice de la médecine. Je donnerai mes soins gratuits à l'indigent et n'exigerai jamais un salaire au-dessus de mon travail. Admis dans l'intérieur des maisons, mes yeux n'y verront pas ce qui s'y passe ; ma langue taira les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime. Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je rendrai à leurs enfants l'instruction que j'ai reçue de leurs pères. Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes confrères si j'y manque. »

 

Par bonheur ce matin ce cher François Morel dans sa chronique de France Interlink a remis la pendule de ce Dukan « la joie » à l’heure avec beaucoup plus de talent que je ne le ferais moi-même. Nous ne devons pas nous laisser faire car ce type de charlatan qui vend du régime au mètre  www.maboutiqueregimedukan.com parce qu’il est représentatif à l’extrême de la tendance dominante, de Diafoirus post-moderne, à vouloir régenter notre vie sous tous ses aspects. Profitant de la religion de la minceur, de la forme, de l’apparence, ces marchands du Temple, et Dukan en est un lorsqu’il ose proposer outre son bac version régime, que l'État « s'empare du marché » des produits non gras, et notamment du « son d'avoine », ingrédient-clé de sa méthode, en lançant un « appel national à projets ». Pour faire bon poids il assure avec un humour pachydermique qu’ « Il y a là un futur marché qui pourrait créer beaucoup de richesses pour notre pays et renflouer les caisses de la France." Avec pour ambassadrice l'ensemble de la population féminine française. « La France, connue dans le monde entier pour ses femmes belles et minces, pourrait exporter son savoir-faire à l'étranger. » 

 

Comme l’écrit avec une ironie cinglante Marina Carrère d’Encausse.  « En gros, le régime crétois, oui ! Les régimes crétins, non ! » A quand le délit de « sale gros ou de sale grosse » ? Ben oui Dukon, pardon Dukan, tu fais de la discrimination physique mais sans doute ta suffisance est telle que ça ne t’as pas effleuré l’esprit. Certes tout cela n’est que du buzz, du fric mais n’oublions pas que des milliers de gens suivent ou vont suivre les préconisations du régime Dukan et que nous les bons vivants, les défenseurs indéfectibles du Bien Vivre nous nous devons de dire, d’écrire, de gueuler « Merde à Dukan ! »

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 00:09

La période qui s’ouvre va être faste pour les Instituts de sondage. Bien évidemment les candidats en lice jureront leur grand Dieu qu’ils ne leur accordent aucun crédit, surtout lorsque la tendance sera baissière. Mais comme on sonde en permanence sur tout ce matin je vais aborder un sujet que j’avais traité en janvier 2009 link et qui a fait la Une d’Aujourd’hui en France (Le Parisien) sous le titre « Les pots en entreprises ne connaissent pas la crise »

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Tout est parti d’un sondage réalisé d  29 novembre au 8 décembre sur un échantillon de 401 dirigeants d’entreprise et du 1 au 2 décembre auprès de 493 salariés par l’IFOP pour le compte de l’Association Promotion et suivi de la sécurité routière en entreprise (PRSE).
 

 

Voici les conclusions de l’enquête (pour les détails voir link
 

 

Les salariés sont davantage exposés à des pots d’entreprise mais l’alcool y est moins présent qu’il y a 3 ans, et les alcools forts sont un peu délaissés.
 

 

Près d’1/4 des salariés et 1/3 des chefs d’entreprise ont déjà relevé des incidents liés à une consommation excessive d’alcool lors de ces pots.
 

 

Les 2/3 des chefs d’entreprise ont mis en place des dispositions à l’égard de la consommation d’alcool en entreprise, soit une progression de 25 points par rapport à 2008.
 

 

Pour autant, les salariés se montrent davantage réfractaires à ce type de disposition aujourd’hui : 6/10 y seraient opposés au sein de leur entreprise (+9 points).
 

 

Commentaire du journaliste d’Aujourd’hui en France Aurélie Lebelle
 

 

« Friands de ces moments de détente, la fréquentation est même en hausse, et ces rendez-vous de convivialité, de plus en plus appréciés.
 

 

Besoin de décompresser
 

 

Selon le sondage, 27% des salariés trinquent au bureau plusieurs fois dans le mois. Ils n’étaient que 17% en 2008. Plus de 30% le font une fois tous les deux ou trois mois (+ 3% par rapport à 2008) et le dernier tiers arrose un événement moins de quatre fois par an. Alors que la crise bat son plein, que 900 usines ont fermé leurs portes ces trois dernières années en France, que le chômage atteint des sommets, que le pays menace de perdre son triple A, que les banques ne sont plus prêteuses, le besoin de se serrer les coudes est plus fort que jamais. Et cela dépasse largement la sphère privée. Cette enquête le prouve, face à l’adversité, les salariés doivent décompresser de journées intenses. Et l’apéro devient plus que nécessaire.»
 

 

MOT : « Faire un pot » Le mot pot vient de l’ancien allemand et caractérisait au XIIe siècle la rondeur. D’où le terme potelé introduit en France à cette époque. Par analogie, il désigne rapidement un ustensile de ménage destiné à contenir liquides et aliments. Puis plus particulièrement au Moyen Âge un récipient que l’on remplit de vin ou de bière, d’où l’expression « pot-de-vin » qui désigne dès cette époque de l’argent versé secrètement et illégalement pour corrompre. C’est au début du XXe siècle, autour de 1910, que les étudiants s’approprient le mot pour parler plus généralement d’une boisson alcoolisée et tout le rituel qui va avec. Rituel qu’ils prolongent après leurs études, dans les entreprises qui les ont embauchées. »
 

 

Dans son châpo à la Une le journal souligne « Besoin de se détendre, de se serrer les coudes, les pots au travail augmentent en cette période de crise. Ils sont de plus en plus surveillés pour éviter les dérapages liés à l’alcool. » mais pour moi, petit observateur de ce type d’approche, le fait nouveau par rapport au précédent sondage au début de 2008 (où il n’était pas question de crise) c’est qu’il n’est plus question de les interdire. En effet, comme en témoignait mon titre de l’époque « Le vin banni des pots d’entreprise ? On en parle... », c’était le cas en 2008. Il faut savoir que pour le code du travail il est « interdit à toute personne » ainsi qu’à « tout chef d’établissement (…) et en général à tous ceux ayant autorité sur les ouvriers et employés, de laisser introduire ou de laisser distribuer dans les établissements pour être consommées par le personnel, toutes boissons alcooliques autres que le vin, la bière, le cidre, le poiré… » donc toutes les boissons spiritueuses.
 

 

Pas simple donc pour l’employeur, et je l’ai été dans une entreprise où les produits étaient à portée de mains, mais tout à fait gérable sur la base de règles simples et faciles à appliquer. Bien sûr les prohibitionnistes, jamais en reste d’une nouvelle interdiction, prônent la stricte observance. C’est inepte et les réponses, et des employeurs, et des salariés, démontrent que proscrire purement et simplement ce type de convivialité va à l’encontre d’un réel besoin. Des règles connues, consenties, assumées permettent d’éviter la viande saoule, les bagarres, le harcèlement sexuel et bien sûr les accidents de la route. Exercice de responsabilité tout à fait à la portée de l’encadrement et des chefs d’entreprise. À force d’enserrer dans un réseau d’interdictions les citoyens les pouvoirs publics se donnent bonne conscience à bon compte et surtout ne laissent plus aucune marge à l’exercice de la responsabilité à un niveau où il est tout à fait possible de la voir s’exprimer et où l’on peut prévenir efficacement les excès préjudiciable au bien public.

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 17:00

J’avoue humblement que, jusqu’à il y a quelques jours, j’ignorais qu’il existât une AOP fromagère : Fourme de Montbrison. Celle d’Ambert, oui je connaissais, mais sa cousine germaine nichée dans le Forez n’avait jamais eu l’honneur de mes plateaux de fromage. Je n’ai pas coutume de mélanger mes activités professionnelles avec ma seconde vie de chroniqueur mais, sans vraiment faire une réelle exception, je vais ce soir faire la promotion de la Fourme de Montbrison. Pourquoi ce soudain intérêt me direz-vous ? La réponse tient en une forme de communiqué « l’Entreprise Forez-Fourme (10.5 Ml et 70 producteurs va être mis en liquidation judiciaire et depuis le 31 décembre leur lait n’est plus collecté. » Je n’entrerai pas dans le détail du dossier car ce n’est pas ici le lieu d’en parler mais sachez que cette entreprise produisait 150 tonnes de Fourme de Montbrison sur les  500 tonnes de cette AOP.

Fourme-005.JPG

 

C’est dans le TGV du retour de ma réunion à Lyon mardi dernier (pour les Nuls en Géo le Forez se situe dans le département de la Loire qui fait partie de la Région Rhône-Alpes) que m’est venue l’idée de faire une chronique de fin de journée sur la Fourme de Montbrison. Comme vous le savez pour moi fromage rime avec Alleosse donc sitôt rentré je fonds sur mon clavier www.fromage-alleosse.com et je découvre que la Fourme de Montbrison fait partie de l’achalandage de Philippe et de Rachel Alleosse. Petit e-mail nocturne, réponse au matin et passage au magasin le soir pour photo et part de Fourme de Montbrison pour dégustation. Ce qui fut fait au dîner : excellent fromage à pâte fine persillée, fondante, proche du Stilton, un vrai délice plus tome en texture que les fromages persillés traditionnels. Bien sûr Philippe Alleosse est un maître affineur et sa Fourme de Montbrison est au top. Il s’approvisionnait chez www.fourme-tarit.fr l’entreprise qui vient d’être mise en liquidation judiciaire. Philippe Alleosse m’a indiqué que les japonais raffolaient de la Fourme de Montbrison, alors beau produit AOP s’il est bien affiné mais en manque de notoriété.

photoFdeM.jpgJe vous propose donc un geste simple : dès que vous irez chez votre fromager vous lui demanderez « comme un seul homme » : une part de Fourme de Montbrison. S’il n’en n' a pas : tant pis mais peut-être, si vous un bon client, ça lui donnera l’idée d’en commander. Bien sûr ma plume brûle de vous donner plus d’explications mais vous comprendrez que je ne puis, pour l’instant, aller au-delà de ce minuscule coup de pouce à la notoriété de la Fourme de Montbrison. Mais, pour faire simple, si nous voulons que des producteurs « s’accrochent » à certains territoires difficiles, il est vital, qu’en l’occurrence dans le cas présent, leur lait soit valorisé au mieux par les produits transformés. Une AOP ne suffit pas en elle-même à générer cette valeur si le consommateur n’est pas au rendez-vous. Bien sûr celui-ci est en droit de demander, en contrepartie, d’en avoir pour son argent. C’est un « cercle vertueux » qu’ont su construire certaines AOP fromagères, à nous consommateurs de contribuer à donner leurs chances à ceux qui souhaitent s’engager sur ce difficile chemin. Pas simple dans une conjoncture où le facteur prix et le mode de distribution donne le la à la consommation.

 

Comme nous sommes ici sur un site dédié aux vins que le taulier, tire de temps à autre vers d’autres sujets, je vous propose d’accompagner votre Fourme de Montbrison avec un vin des Côtes du Forez ou un vin de pays d’Urfé : www.vins-g-bonnefoy.com Je demande aussi aux experts dégustateurs lecteurs de nous tuyauter sur le bon choix.

300px-Vignoble_du_Cotes-du-forez_.jpgEn quelques mots sachez que la Fourme de Montbrison est un fromage au lait de vache à pâte persillée (moisissures internes) originaire de Montbrison, chef-lieu d'arrondissement du département de la Loire dans la région Rhône-Alpes mais est proche culturellement de l'Auvergne avec les parfums de fleurs de bruyère et de gentiane. C’est un fromage cylindrique de 20cm de hauteur et de 14cm de diamètre de 2,1 à 2,7 Kg avec une durée d’affinage de 1 à 3 mois.

 

L’histoire de la Fourme de Montbrison se calquait sur celle du pays avec en point d’orgue : l’estive. De mai à octobre les bêtes étaient menées vers les plateaux des Hautes Chaumes à  plus de 1000 mètres d’altitude. Coupés du monde pendant la moitié de l’année, dans leur jasserie, une construction qui leur servait à la fois d’habitation, d’étable, d’atelier de fabrication de la fourme et de cave, des hommes et des femmes ont donné ses lettres de noblesse et son authenticité à la Fourme de Montbrison.

 

Le mot Fourme vient du grec « formos » puis du latin « Forma » (récipient où on caillait le lait). De cette racine, sont nés, en vieux français «fourmage» et «formage» devenus ensuite «fromage». La fourme est certainement un des fromages à pâte persillée les plus anciens. « L’origine de la Fourme se situe aux premières époques de la féodalité au VIIIe ou IXe siècle. Une preuve irréfutable démontre qu’au IXème siècle la fourme était connue et appréciée. A La Chaulme, 7 pierres taillées bien conservées surplombent la porte d’entrée de la chapelle féodale. L’œil reconnaît immédiatement le beurre, le saucisson, le jambon, les œufs, le foin, les céréales et… la Fourme. » L’histoire de la Fourme de Montbrison s’inscrit dans celle de ce versant ligérien des monts du Forez où les conditions de vie ont toujours été difficiles. Au milieu du XXe siècle au mode agro-pastoral de l’estive a succédé, avec l’irruption de l’exode rural, les citernes de ramassage du lait. « Dès 1945, à la demande de la société d’amélioration des produits laitiers de Pierre sur Haute, un premier décret légalise la première définition du produit. Modifiées en 1948 puis en 1953, les décrets définissent la méthode de fabrication et d’affinage. Ils autorisent 3 dénominations : « Fourme de Montbrison », « Fourme d’Ambert » et « Fourme de Pierre sur Haute ». Au niveau européen, la Fourme de Montbrison est aujourd’hui protégée par une Appellation d’Origine Protégée (A.O.P.). »

 

Fabrication de la Fourme de Montbrison.

Chaque Fourme nécessite 20 à 25 litres du lait de vache. Sa fabrication suit les étapes traditionnelles (voir Vidéo) : le travail en cuve, le moulage, l’égouttage, le salage, le piquage et l’affinage. Son bleu, au goût si original, naît du salage réalisé en cours de moulage. Sa belle croûte orangée se développe lorsque la fourme est couchée sur les chéneaux d’épicéa. Là, durant huit jours, les maîtres fromagers la retourne d’un quart de tour toutes les 12 heures. Ensuite, les Fourmes sont placées en cave d’affinage durant plusieurs semaines. Les affineurs les piquent avec de longues aiguilles afin d’encourager le développement des marbrures bleutées. »

 

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