Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
J’ai toujours eu un faible pour Carrefour depuis que l’ami Jean-Louis Vallet, directeur général de Prodis, la filiale vins de Carrefour, membre du groupe stratégique Cap 2010, m’en a fait découvrir les arcanes avant de se faire virer pour cause de désaccords stratégiques.
15 mai 2009
CARREFOUR : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ * et vins compris. ICI
Incroyable : la nouvelle est tombée sur mes télescripteurs qui, face à l’énormité de celle-ci, d’abord en sont restés cois, abasourdis, et puis, comme pris par le tournis, ils se sont lancés dans une gigue de cliquetis. Chaude comme la braise la new, à prendre avec des pincettes, renversante, une forme à l’état pur du génie du Mammouth de la GD, un beau cas d’école de la réactivité : le fameux quart d’heure d’avance cher aux « Carrefouriens » des origines, une pépite quoi !
Je prends mon élan : comme chacun sait Carrefour est en perte de vitesse, il patine, il régresse donc. Alors, afin de combler son retard Carrefour va adapter ses hypermarchés au niveau de vie de la clientèle locale. Fort bien : c’est le B.A.-BA du métier d’épicier. Mais comme nous sommes, nous les gens d’en bas, un peu lourds d’esprit, les beaux esprits de Levallois-Perret, tapent sur notre petit clou, pour nous le river bien sûr, avec leur gros marteau. En effet, la reconquête va prendre son point d’appui sur l'hypermarché de la porte d'Auteuil, dans le XVIe arrondissement de Paris. Après quatre mois de travaux, ce magasin doit faire office de « laboratoire » pour le groupe. . Objectif : regagner les clients perdus en proposant une offre "sur-mesure", dixit Alain Souillard, directeur exécutif des hypermarchés Carrefour France (j’adore l’empilement des grandes volières : un directeur exécutif comme son nom l’indique c’est quelqu’un qui exécute les directives d’en haut, d’où l’extrême réactivité de ce type d’organisation).
Je ne suis jamais retourné au Carrefour de la porte d’Auteuil, ni dans aucun Carrefour d’ailleurs même si Carrefour-Drive s’est rapproché de moi, rue de la Santé, mais l’heure est aux bulletins de santé, celui de Carrefour, dopé par la Covid 19, est excellent et l’on comprend l’appétit du groupe canadien Couche-Tard
Résultats de Carrefour: « sa meilleure performance depuis 20 ans » ICI
RÉSULTATLa publication des résultats de Carrefour pour l’année 2020 vient de tomber. En France, tous les formats affichent une solide croissance, une première depuis près de longtemps selon le communiqué de l’enseigne. Le chiffre d’affaires groupe s’établit à 70,7 milliards d’euros HT.
L’année 2020 aura de quoi rassurer les actionnaires de Carrefour. En 2020, le chiffre d’affaires est en croissance de +7,8% en comparable (LFL), « Carrefour réalise sa meilleure performance depuis au moins 20 ans », assure le groupe par la voie d’un communiqué. En France (+3,6% LFL), tous les segments sont en croissance : hypermarchés (+1,0% LFL), supermarchés (+6,8% LFL) et proximité (+8,3% LFL). La très bonne dynamique se confirme en Espagne avec +7,1% LFL. Carrefour Brésil affiche une croissance record de +18,2%, portée tant par Carrefour Retail (+19,6% LFL) que par Atacadão (+17,6% LFL). «2020 a été une année décisive pour Carrefour. Dans une crise qui accélère les mutations en cours, notre groupe a franchi un cap. Il y a 3 ans, le plan Carrefour 2022 introduisait une première rupture pour notre Groupe. Aujourd’hui, ce modèle assure de façon pérenne le dynamisme de nos ventes et la profitabilité de notre Groupe, et nous permet de dégager d’importantes capacités de financement pour poursuivre notre développement. Nos résultats 2020 en sont la démonstration. Nous sommes confiants pour l’avenir, et traduisons cette confiance par de nouveaux engagements opérationnels et financiers. », a déclaré Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour.
Bilan chiffré de l'année 2020 :
En France, tous les segments sont en croissance, y compris les hypermarchés (+1%, dont +3,9% au quatrième trimestre). Les supermarchés ont progressé de 6,8% sur l'année, et les épiceries de proximité de 8,3%.
La croissance de l'activité e-commerce alimentaire a dépassé les 70% en 2020 à 2,3 milliards d'euros de GMV, contribuant dorénavant positivement à l'amélioration du ROC et du taux de marge opérationnelle.
En effet, la profitabilité de Carrefour est un autre point positif de cette publication, le résultat opérationnel courant (ROC) atteignant les 2,173 milliards d'euros, en ligne avec les attentes des analystes, et en hausse de 16,4% à changes constants. Cela inclut un ROC des activités de distribution en hausse de 630 millions d'euros.
Tout en bas du compte de résultat, le bénéfice net ajusté, part du groupe, ressort ainsi en hausse de 17,9%, à 1,011 milliard d'euros, conforme aux prévisions.
Sur le plan financier, Carrefour a fini l'exercice 2020 avec un cash-flow libre net de 1,056 milliard d'euros, contre 324 millions un an plus tôt. La dette nette est, elle, restée stable à 2,62 milliards d'euros.
Le distributeur a également annoncé une "normalisation" de sa politique de dividende, puisqu'après presque 10 ans d'option de dividende en titres, il proposera une rémunération de 48 centimes par action, versée intégralement en numéraire.
Enfin, Carrefour s'est engagé à réaliser 2,4 milliards d'euros d'économies de coûts additionnelles en année pleine à horizon 2023, l'objectif de 3 milliards d'euros à horizon 2020 ayant été atteint. Le groupe s'est aussi engagé à générer plus de 1 milliard d'euros de cash-flow libre net par an dès 2021. Sur le e-commerce, il vise une GMV de 4,2 milliards d'ici 2022.
A la mi-journée, le titre du distributeur gagne 1,15% à 14,89 euros, enregistrant l'une des meilleures performances du CAC 40.
La Force était exceptionnellement forte en Anakin Skywalker et son histoire est en fait celle de la lutte de tout Jedi entre le côté clair et le côté obscur de la Force.
Le vénérable Maitre Yoda « Il continua de conseiller et de transmettre son savoir à Obi-Wan jusqu’à sa mort de ce dernier en l’an 0 et reçu quelques survivants de la grande purge dans le plus grand secret afin de terminer leur formation.Il s'éteignit en l'an + 4 sur Dagobah de mort naturelle après 900 ans d'existence et la légende veut qu'il ne fasse plus qu'un avec la Force … »
Mes références sont celles de mon petit-fils Martin, avec qui, en juillet 2006, je visitai l’EXPO STAR WARS à la Cité Des Sciences de la Villette, il avait 5 ans et maintenant il est en Prépa, ça ne me rajeunit pas.
Me Jean-Yves Moyart, dit Me Mô, je ne l’ai jamais croisé dans les prétoires*, je le voyais voguer sur Twitter – cet océan sans limites trop souvent cloaque fangeux charriant tellement de boue, d’abjection, d’ignominie – tel une goélette, toutes voiles dehors, tirant des bords sous le vent, celui du Nord, son Nord, « y’en a même qui l’ont vu voler… », « Il était libre M… », arborant le pavillon noir, qui n’était pas de complaisance, le noir de sa robe, je le sentais plus pirate que corsaire, un boucanier, un chasseur d’injustice, un hors-norme cinglant loin des vents dominants.
Ma mémé Marie, elle aussi tout de noir vêtue, me disait « Mon p’tit gars, ce sont toujours le meilleurs qui partent les premiers… »
Mémé Marie et sa sœur la tante Valentine
Me Mô, n’était pas homme à aimer se voir couvrir de fleurs, face aux éloges, en levant sa fameuse coupette, emplie de vin de pays de la Marne, extirpant les Fonds de tiroir de Pierre Desproges, aurait rétorqué « Si c'est les meilleurs qui partent les premiers, que penser alors des éjaculateurs précoces ? »
*à propos de prétoire, ma première expérience en ce domaine fut d’accompagner en audience de comparution immédiate notre jeune coursier de l’Office des Vins de Table, auteur de menus larcins, c’était en 1980. J’assistai impuissant à une justice expéditive, défilé de pauvres hères, de paumés, j’en fus marqué à vie. Malheureusement récidiviste, il avait la première fois bénéficié d’un sursis, nous lui évitâmes d’aller en Taule grâce à une intervention de mon énarque de patron auprès d’un de ses collègues à l’Hôtel Matignon, Directeur des Affaires Criminelles et des Grâces à la Chancellerie. J’avoue sans aucune honte être fier de ce recours peu orthodoxe.
Me Mô fut, en son domaine, hétérodoxe.
Me Mô, avant Twitter, fut blogueur, un cher confrère ICI
Me Mô, c’était aussi un « humble géant de près de deux mètres, avec d’immenses oreilles pour écouter le pire et un regard d’enfant pour l’affronter. »
Un côté Christophe Salengro,1er, président de Groland pour l'éternité !
La face inversée de Philippe Gildas le « petit Breton aux grandes oreilles »
« C’était il y a deux ans, le cancer était déjà là, Jean-Yves Moyart avait peur mais Maître Mô voulait faire sourire encore. « Si un jour je meurs, ce qui m’étonnerait sincèrement, ne dites pas mes supposées qualités ou ne rappelez pas ce que j’ai fait ou dit ; dites que je vous manque, que vous aimeriez m’aimer encore ou rire avec moi, ou bien ne dites rien du tout. Enfin, sans vous commander », écrivait-il le 5 mars 2019 sur son compte Twitter. Jean-Yves Moyart, avocat au barreau de Lille depuis 1992, est mort samedi 20 février. Il avait 53 ans. »
le 16 décembre 2020
Étant incompétent pour aller au-delà, bravant le copyright, je confie ma plume à Pascale Robert-Diard et en lecture libre au célèbre Me Eolas et au buveur de quilles «nu» Me Morain.
Mais avant, comme je suis fou de Verdi pour ce bon vivant qu’était, disent ses amis, Me Mô je vous mets en ligne la scène 1 du premier acted’Ernani avec le célèbre chœurEvviva ! Beviam ! Beviam
En traduction libre ça donne :
Hourra ! Buvons ! Buvons !/Trouvons du plaisir au moins dans le vin !/Que reste-t-il d'autre au bandit, /évité par tous/S'il n'a pas un verre ?/Jouons, car l'or est un trésor inutile/ qui vient et qui part/Jouons, si la vie/n'est pas rendue plus agréable/par une beauté souriante/Dans les bois et sur les collines/nous avons nos seuls amis/le mousquet et le poignard/Lorsque descend la nuit/dans la triste grotte/qui nous sert d'oreiller/Soyons gais et buvons. Buvons !/Trouvons du plaisir au moins dans le vin.
Inscrit au barreau de Lille, l’avocat, qui faisait, sur son blog et dans des textes puissants, le récit de la justice ordinaire, s’est éteint samedi 20 février à l’âge de 53 ans.
C’était il y a deux ans, le cancer était déjà là, Jean-Yves Moyart avait peur mais Maître Mô voulait faire sourire encore. « Si un jour je meurs, ce qui m’étonnerait sincèrement, ne dites pas mes supposées qualités ou ne rappelez pas ce que j’ai fait ou dit ; dites que je vous manque, que vous aimeriez m’aimer encore ou rire avec moi, ou bien ne dites rien du tout. Enfin, sans vous commander », écrivait-il le 5 mars 2019 sur son compte Twitter. Jean-Yves Moyart, avocat au barreau de Lille depuis 1992, est mort samedi 20 février. Il avait 53 ans.
« Il y a les élégants, les talentueux, les généreux, les fêtards, les courageux, les fêlés laissant passer la lumière, mais je n’ai connu aucun autre avocat qui soit tout cela à la fois », a écrit l’un de ses confrères et plus proches amis, Eric Morain, en annonçant sa disparition sur le réseau social. Twitter pleure son Maître Mô, qu’il a tant aimé. Son compte affichait 70 000 abonnés. Ce n’est pas un chiffre, c’est une communauté. Il lui a tant donné.
Pour comprendre le chagrin, il faut remonter un peu plus de dix ans plus tôt. L’époque est aux blogs. Parmi eux, celui d’un jeune avocat du barreau de Paris connu sous le pseudonyme de Maître Eolas, constitue la référence absolue de tous les passionnés de droit. Dans un de ses billets, Eolas intime l’ordre à ses lecteurs d’aller toutes affaires cessantes découvrir le texte qu’un de ses confrères de Lille vient de publier sur son propre blog né au printemps 2008 et qui propose une « petite chronique judiciaire, ordinaire et subjective, alimentée quand elle le peut. » On clique. On est des milliers à cliquer. Le texte s’appelle Misérable.
« Elle est assise avec les autres sur son banc, prostrée, le regard vide et la bouche ouverte, son vêtement de pluie jaune vif et trop grand pour elle boutonné jusqu’au cou, tache de couleur dans l’océan de bleu des gendarmes des escortes, qui attire immédiatement le regard ; elle est beaucoup trop frêle, beaucoup trop jeune, beaucoup trop absente, beaucoup trop menottée ; on se dit d’emblée qu’elle ne devrait pas être ici. »
Une infinie tendresse
« Elle », c’est Odile, croisée par Me Jean-Yves Moyart lors d’une audience de comparution immédiate où elle était renvoyée pour une tentative de vol de chaussettes. On lit jusqu’au bout, on ne sait pas encore que ce n’est qu’un début.
Après Odile viendront Ahmed, Jade, Omar, Noël et tant d’autres. Toutes les histoires sont vraies, Maître Mô les puise dans son quotidien d’avocat. Il change un prénom, modifie quelques détails, maquille le lieu, mais garde l’essentiel : du brut de vie, du noir très noir, et une infinie tendresse pour les raconter.
A chaque fois, on en prend plein la figure. Au Guet-apens, l’un de ses plus beaux textes, l’un des plus âpres aussi sur le métier d’avocat et les claques que l’on y prend, donnera son titre au recueil que Jean-Yves Moyart publie à la Table ronde en 2011. « Tous les pénalistes d’une génération ont grandi en lisant les blogs de Maître Mô et de Maître Eolas », note l’un de ses abonnés. Le compteur de son blog explose, celui de son fil Twitter aussi.
Ceux qui le suivaient avaient compris. Derrière le pseudonyme devenu célèbre, le débatteur intrépide, le blagueur impénitent, le grand amateur de « coupettes », il y avait un humble géant de près de deux mètres, avec d’immenses oreilles pour écouter le pire et un regard d’enfant pour l’affronter. Un pénaliste ardent qui aimait plus que tout la cour d’assises, ce centre géographique du malheur, parce que disait-il, « c’est là qu’on y trouve le plus de vérité. » Un colosse fragile qui se consumait pour ceux qu’il défendait, portait la peine des autres et ne riait que de lui. Un avocat bienveillant et ce n’est pas un oxymore.
Jean-Yves Moyart, alias Maitre Mô, nous a quitté le 20 février 2021. Depuis l’annonce de sa disparition, les hommages se sont multipliés, et à raison.
Ce n’est pas faire dans l’emphase de dire que c’est un avocat d’exception qui est parti, que la perte pour le barreau est immense, et que le trou béant qu’il laisse dans le cœur de ceux qui l’ont connu et aimé (ce sont forcément les mêmes), incommensurable. C'est la pure vérité.
Jean-Yves avait la défense dans le sang, dans les tripes, dans chaque fibre de son être.
Un avocat qui meurt, c’est une voix qui disparaît et il était une des plus belles voix des avocats.
Jean-Yves Moyart, avocat au barreau de Lille, est mort le 20 février 2021. Il avait 53 ans. On le connaissait sous le pseudonyme de Maître Mô.
Une pluie d’hommages s’est abattue sur Twitter qui était son terrain de jeu et de mots.
Il n’était pas « vu à la télé ». Il était de ces avocats qui avaient investi un autre média, plus libre, plus frais, plus instantanée. Et paradoxalement plus incarné.
Je lis, je lis, et plus je lis plus je me lasse de certaines descriptions de lieux, d’immeubles, de rues, surchargées de détails dont on se tamponne, ça fait remplissage, ça n’apporte rien à l’intrigue, ça ne m’inspire pas, c’est lourd, indigeste. Il y a comme un côté Google Maps !
Vous m’objecterez queRené Lodge Brabazon Raymond dit James Hadley Chase, a écrit la plupart de ses livres en utilisant un dictionnaire d'argot américain, des cartes géographiques détaillées, des encyclopédies et des livres de référence sur les bas-fonds américains. L'action de la majorité de ses livres se déroule aux États-Unis, alors que Chase n'y a jamais résidé.
J’en conviens aisément mais ce n’était pas le souci du détail qui primait chez lui, Chase se constituait le terreau de son imaginaire, il ne cherchait pas à être vrai, à bien nous montrer l’étendue de ses connaissances, il tramait ses romans noirs.
Si j’en ai le courage dans une future chronique je tenterai de plus étayer mes dires, ce matin je fais dans la brièveté avec bow-window que certains auteurs placent régulièrement dans leurs descriptions.
Les fenêtres en arc, plus connues sous le terme bow-window, trouvent leur origine dans l'architecture gothique. Peu communes en France, elles sont bien plus répandues au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Également appelée fenêtre en baie, fenêtre oriel, fenêtre en avancée, fenêtre à l'anglaise ou fenêtre à encorbellement, la fenêtre en arc se compose de plusieurs pans vitrés les uns à côtés des autres, et formant un demi-cercle, un polygone, un rectangle ou un carré. Le plus souvent, elle comporte 3 fenêtres à 2 ventaux disposées en arrondi mais elle peut en compter plus, et à ventaux individuels.
Le concept bow-window peut également être appliqué, à la véranda et à la loggia.
Héritier lointain des anciennes échauguettes françaises, l'oriel peut aussi être désigné par l'anglicisme bow-window, terme qui sert à désigner actuellement pour les professionnels les châssis vitrés coulissants constitués d'ouvrants en portions de cylindres à vitres pouvant être planes ou cylindriques.
L'avantage de ce type de construction, en dehors de l'originalité artistique de la façade du bâtiment, est de pouvoir jouir d'un peu plus de clarté et de chaleur solaire, en plus d'une meilleure vue sur la rue (sa fonction militaire d'origine).
OrielICI(à voir pour les différentes formes illustrées par des photos)
Pour clore cette chronique, il est un mot que je placerai dans mon futur roman : moucharabieh
Les moucharabiehs sont des panneaux ajourés faits de petits morceaux de bois tournés et assemblés par emboîtement. Ils étaient utilisés originellement pour fermer les fenêtres et les balcons donnant sur l’extérieur. Ils étaient utilisés pour voir sans être vu ; ils laissent passer l’air tout en préservant des ardeurs du soleil. Les variations des moucharabiehs viennent des différentes formes géométriques obtenues lors du tournage du bois. Ils ont été inventés en Orient et sont attestés chez les Fatimides du Caire dès le 11ème siècle et se sont répandus ensuite en Afrique du nord.
Le mot viendrait de l’arabe al-moshrabiyya. Et dériverait de la racine "s.r.b." signifiant boire.
Presque tous les pays d'Islam en offrent des exemples à usage religieux ou profane. Dans certaines mosquées funéraires, le moucharabieh se présente sous la forme d'un grillage façonné et sert à isoler le cénotaphe d'un défunt vénéré ; il s'apparente alors à la maksoura qui est une grande cloison de bois ajourée. Les plus anciens exemples remontent aux cénotaphes ayyoubides du XIIIe siècle. Dans les maisons privées, ce sont des loggias, en surplomb sur la rue, d'où l'on peut voir sans être vu. Le terme désigne aussi les tourettes polygonales saillantes où l'on place les cruches poreuses servant à rafraîchir l'eau par évaporation. Le Victoria and Albert Museum, à Londres, en possède une fort belle collection.
Ornate patterns have been carved into the wooden screens that surround this lakeside villa in western Austria, designed by Viennese architect Alexander Diem
J’adore les petits livres, ceux que l’on peut glisser dans la poche de son pardessus afin de pouvoir les extraire à tout moment et en tout lieu pour lire.
Comme je suis reclus, lire est une thérapie indispensable, alors je suis à l’affut de tout ce qui se publie. Ainsi dans un article du Monde Séverin Mouyengo ou le « salopard de la Sape » par Joan Tilouine, publié le 17 janvier 2021, je découvre Ma vie dans la Sape, de Séverin Mouyengo, ed. Librairie Petite Egypte, 192 p., 17 €.
Alors, lors d’un raid à la Librairie Gallimard boulevard Raspail, je tends mon post-it sur lequel j’ai griffonné titre auteur et éditeur à l’un des gentils libraires qui s’empresse de pianoter sur son clavier d’ordinateur. Il cherche, en vain, mais il persiste pour découvrir que cet opus n’est disponible qu’à Librairie de la Petite Egypte qui l’a édité. Gentiment il transcrit l‘adresse : 25 rue des Petits Carreaux dans le 2ième arrondissement.
J’y fonce muni du parcours tracé par mon GPS pour découvrir à mon arrivée que cette librairie est à l’embouchure de la rue du Nil où je vais m’approvisionner en nourritures terrestres à Terroirs d’Avenir. Souvent je m’étais dit que je pousserais la porte de cette librairie mais chargé comme un âne corse j’y renonçais.
Ceci dit j’ignorais où se situait la rue des Petits Carreaux alors que je m’y engouffrais régulièrement, force de l’habitude du trajet, pour la librairie Petite Egypte ICI j’ai une excuse son enseigne ci-dessous n’indique pas son patronyme.
Séverin Mouyengo a voué cinquante années de sa vie à la mode.
Né à Pointe-Noire, fils d’une vendeuse de poisson salé et d’un fonctionnaire, il grandit à Bacongo, quartier populaire de Brazzaville. Il y observe intrigué les défilés des membres de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes. Initié à 15 ans, sa vie se raconte dès lors en vêtements : ses aventures amoureuses en costume gris anthracite de chez Balmain, sa scolarité « lourdement habillé », mais aussi ses tentatives depuis Pointe-Noire pour rejoindre Paris, la capitale de la mode, comme clandestin dans les cales de navires, habillé en col roulé, chaussures « clochard » et pantalon de laine vierge. Quand il fait son entrée dans l’administration des Eaux et forêts, c’est en gabardine jaune impérial. Dancings-bars et avenues de Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie deviennent podiums de mode et scènes de théâtre.
Mais saper n’est pas un long fleuve tranquille. Les milices de jeunesse du Parti congolais du travail traquent les sapeurs. Et quand en 1998 la guerre civile gagne les faubourgs de Brazzaville, Séverin est contraint de fuir en enterrant sa garde-robe. Il la retrouve huit mois plus tard dévorée par les insectes et les moisissures.
Séverin la reconstitue avec patience et organise ses albums photos. De là le désir d’écrire ses mémoires et de dépeindre le spectacle de la sape et ses coulisses.
Extraits :
Page 141-142
… C’est un fait très important que je voudrais signaler ici, le seul l’unique « Congo » dont la quasi-totalité des jeunes Japonaises et Japonais avait la connaissance était le Congo-Kinshasa… Le Congo-Brazzaville était méconnu d’une grande partie de la population japonaise. Pour toutes ces conférences de presse, débats télévisés et radiodiffusés, je mettais l’accent très particulier sur l’existence de deux « Congo », le Congo-Brazzaville colonisé par les Français et le Congo-Kinshasa colonisé par les belges. Ces deux pays, côte à côte avec leurs capitales Brazzaville et Kinshasa, les plus rapprochées du monde, séparées seulement par le large fleuve Congo, le plus profond de la planète, avec 250 mètres de fond. Ce petit cours d’histoire valait la peine d’être fait.
NDLR. Le titre de la chronique est donc parfaitement justifié Tintin au Congo c’était le Congo-Belge.
Page 86-87-88
Je dois vous dire que c’est dans ce night-club que j’ai eu pour la première fois l’occasion de causer et de danser avec une demoiselle blanche. C’était un jour de grande joie pour moi car, en aucune fois dans ma vie, je n’y avais pensé, ni rêvé que cela devait arriver un jour […] L’emplacement des chaises faisait que j’étais assis côte à côte du côté droit avec leur fille d’environ dix-sept ans. Tout le temps qu’on était là, je ne lui ai jamais adressé la parole et elle non plus. Je ne saurais dire si c’était par manque de courage ou par crainte de ses parents. Mais curieusement, à ma très grande surprise, quand le discothécaire balança la chanson « When a man love a woman », l’un des morceaux les plus connus de ce genre musical du chanteur soul américain Percy Sledge, après avoir chuchoté à l’oreille de son père, elle se retourna vers moi pour me demander si je pouvais bien aller danser avec elle. « Avec plaisir mademoiselle », lui dis-je. Aussitôt elle me saisit par la main droite et nous nous dirigeâmes sur la piste. C’était la première fois que j’allais danser avec une demoiselle mundele aux longs cheveux gris comme une sirène, et quelle danse ? Pas la rumba, mais leur dans à eux : le slow fox, dont je n’avais pas encore la maitrise. Ce n’était pas si facile que ça pour moi. Quand nous nous sommes retrouvés sur la piste, je ne savais pas par où commencer. Quelle position prendre, comment la tenir, et quel pied je devais engager en premier. Je tremblais déjà de tous mes membres comme une feuille de manioc, et je transpirais de tout mon corps comme un kangourou, pourtant la salle était climatisée. Les cinq premières minutes furent pour moi un calvaire, je n’arrivais pas à m’adapter à ses pas de danse, je déraillais à tout moment. Quand elle partait à gauche, je partais à droite, quand elle reculait d’un pas, je reculais aussi d’un pas, comme je le faisais souvent pour la rumba avec Marcelline « Mida » au dancing-bar Les 7-7 de Dany. Lorsque nous tournions sur nous-mêmes, mes jambes s’accrochaient et je perdais l’équilibre. Ce désaccord avait attiré l’attention des couples qui dansaient autour de nous, de qui d’ailleurs j’imitais avec un pied hésitant quelques phases de rotation. Elle commença à me dire à l’oreille, quelques minutes après que je m’étais adapté et que j’avais retrouvé l’équilibre, ces mots doux et câlins : « J’aime follement cette chanson et toi tu m’as plu énormément de par ton accoutrement, tu es très mignon. J’ai profitai de cette danse, poursuivit-elle, pour te l’avouer sincèrement. Je réponds au nom d’Annick Cériselle, j’ai seize ans d’âge. Et toi ? », dit-elle. « Mon nom est Mouyengo, le prénom c’est Séverin, j’ai dix-huit ans, aussi je suis très enchanté de faire ta connaissance », lui répondis-je. Et par la suite, c’était bien parti jusqu’à la fin de la chanson où nous avons rejoint nos places. Nous avons regagné la piste pour une deuxième fois avec la chanson de son choix : « Celui que j’aime » de Nana Mouskouri, et cette fois-ci, ayant assimilé la leçon, je me suis bien agrippé à elle comme une sangsue, nous étions bien collés l’un contre l’autre, jusqu’à sentir les battements de son cœur et la chaleur de son corps. Les fois suivantes ça marchait très bien, nous avons pris l’habitude tous les deux de ne pas danser avec quelqu’un d’autre à chaque fois qu’on se retrouvait là-bas en l’absence de ses parents, et très souvent sur rendez-vous. Nous sommes restés en amitié en entretenant plusieurs années durant une correspondance après son départ en France.
[…]
Vraiment un évènement, car au Congo-Brazzaville, il était rarissime de voir danser une fille mundele avec un nègre… Il y avait là comme une barrière, un tabou que j’avais brisé… j’étais jusqu’à preuve du contraire le seul garçon qu’ils avaient vi danser avec une nana mundele, ils n’en ont plus vue d’autres depuis.
Séverin Mouyengo et Lamam dans la parcelle de Lamam, quartier Château d’Eau, Makélékélé, Brazzaville, septembre 2018, photographie Manuel Charpy
Séverin Mouyengo ou le « salopard de la Sape » ICI
L’élégant Congolais retrace dans un livre l’histoire de ce mouvement vestimentaire longtemps combattu par les gouvernements. Il raconte également un Congo tourmenté, saigné par la colonisation, puis pillé par les réseaux de la Françafrique.
Séverin Mouyengo déambule dans les faubourgs de Brazzaville comme on défile. A 65 ans, il soigne toujours sa démarche, fière et parfois sautillante ; se faufile avec aisance entre les voitures, les motos et les badauds émerveillés ou rieurs. Une gestuelle de dandy agrémente sa composition vestimentaire m’as-tu-vu : costume griffé aux couleurs vives, chapeau en feutre vissé sur la tête, souliers brillants de préférence J.M. Weston, une canne à pommeau ou une pipe éteinte en guise d’accessoires. C’est sa manière à lui de se distinguer, de faire rêver, de provoquer aussi. Le « plaisir de paraître », telle est l’addiction de ce fonctionnaire à la retraite, figure de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (Sape).
Une « religion du tissu »
Cette coterie réunit des adorateurs d’étoffes raffinées qui s’habillent comme des aristocrates excentriques. « Un sapeur, c’est quelqu’un qui, avec peu de moyens, surprend celui qui le regarde », explique M. Mouyengo depuis sa modeste maison de Madibou, dans le 8e arrondissement de la capitale congolaise. Pour les membres de cette société aussi sélect que ritualisée, il est impératif de se montrer toujours « bien alluré », de soigner le « réglage » de sa tenue. Pas question de porter des « ntunga », ces vêtements confectionnés par des tailleurs de quartier. Il y a des fautes de goût à ne pas commettre. Non, mieux vaut se ruiner en piochant dans les collections de grands créateurs européens et japonais, et parfois même les porter avec les étiquettes affichant ostensiblement les prix en euros.
Pour un sapeur, s’habiller est un art. Cette « religion du tissu » ressemble à une folie sage et rebelle à la fois qui projette dans un univers de flamboyants ultra-matérialistes. Sur les rives du fleuve Congo se réinventent sans cesse des codes d’une élégance par des obsédés du style qui rêvent plus que tout d’exister socialement et qui ont fini par créer un mouvement de contre-culture, de frime et de résistance. « Par la sape, j’ai récupéré tout ce que j’avais perdu. Par elle, je trouve tout ce que je ne pensais pas avoir (...) C’est à elle que je dois toute mon existence et ma considération sociale », écrit M.Mouyengo dans son livre, Ma vie dans la Sape.
Séverin Mouyengo, en juillet 1973, à Pointe Noire. Collection personnelle de Séverin Mouyengo
La Sape comme mouvement de lutte
Cet ouvrage soigneusement édité par la librairie parisienne Petite Egypte exhume les mémoires d’un gamin rêveur né à Pointe-Noire et grandi dans les quartiers populaires de Brazzaville. « Le salopard de la Sape », son surnom, son « grade », comme il dit fièrement, raconte aussi un Congo tourmenté, saigné par la colonisation, puis pillé par les réseaux de la Françafrique et, jusqu’à ce jour, abusé par un clan au pouvoir qui s’accapare les richesses pétrolières et les rêves de sa jeunesse. Parfois réduite à tort à un folklore superficiel, la Sape incarne aussi, depuis sa genèse, une forme de contestation pacifique et esthétique.
D’abord contre la brutalité et l’humiliation coloniale dont l’administration surveille dés 1920 les habits des « indigènes », ridiculise les tenues vestimentaires « à l’européenne » de chefs traditionnels. Tout en s’inquiétant de voir certains Congolais s’habiller très élégamment, précise l’historien de la mode Manuel Charpy. « Les sapeurs s’habillent à la fois avec et contre tout cet imaginaire raciste et colonial », constate le chercheur au CNRS qui a édité les mémoires de M. Mouyengo.
« Le Sapeur, tout comme l’écrivain de la négritude, a la conviction de s’attaquer, lui aussi, au colon ». Alain Mabanckou, écrivain.
Pour l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, « la Sape est, dans une certaine mesure, l’antithèse de la beauté traditionelle africaine, celle du tissu local, de l’élégance des ancêtres ». Il poursuit sa réflexion dans la préface du beau-livre du photographe espagnol, Héctor Mediavilla, sobrement intitulé S.A.P.E (ed. Intervalles, 2013, 160 p.) : « le Sapeur, tout comme l’écrivain de la négritude, a cependant la conviction de s’attaquer, lui aussi, au colon : par les habits que celui-ci a fabriqués, ces habits qu’il ne sait pas porter et que lui, le Sapeur, sait mettre en valeur. L’élégance est de ce fait “negre”. »
Une clientèle pointue
Si les indépendances des années 1960 augurent aussi une libération des corps et des tenues, la Sape subit dans la décennie suivante une nouvelle forme d’autoritarisme mêlant un marxisme tropical et une politique de décolonisation culturelle. Au Zaïre voisin, Mobutu Sese Seko va tout simplement interdire le port du costume assimilé au colon. Au début des années 1970, il impose l’abacost (contraction de « à bas le costume »). Ce veston le plus souvent dépourvu de col et à manches courtes est aussi porté par les apparatchiks de Brazzaville.
Pas vraiment au goût de M. Mouyengo qui préfère « étudier » les styles de Claude François, Jacques Dutronc, Antoine et autres dans le magazine Salut les Copains. Marginalisée, méprisée et un temps proscrite, la Sape entre alors dans une sorte de semi-clandestinité. « Saper n’est pas un délit, pourtant nous ne bénéficions que d’un jugement défavorable du côté des responsables du pays, qui nous traitaient d’impérialistes, se souvient le « salopard de la Sape ». Nous n’étions pas des délinquants, mais plutôt des snobs. »
« Des responsables du pays nous traitaient d’impérialistes. Nous n’étions pas des délinquants, mais plutôt des snobs. » Séverin Mouyengo.
A Kinshasa, le chanteur Papa Wemba, le « roi de la rumba » également « prince de la Sape », chante les louanges de ces élégants, leur rend hommage et popularise le mouvement. A Paris et à Bruxelles, des membres de la diaspora, des étudiants boursiers et des « aventuriers », surnom donné à ceux qui tentent leur chance comme immigrés en Europe, lui donnent un nouveau souffle et l’internationalisent. Ils s’appellent Djo Balard, Bachelor...
Ils mettent à mal l’image de l’immigré, acheminent des vêtements au pays, répondent aux commandes exigeantes des sapeurs restés au bord du fleuve Congo. Des grandes maisons s’intéressent à ces dandys érudits en matière de mode et consommateurs frénétiques. Daniel Hechter, J.M. Weston et d’autres recrutent des sapeurs pour gérer cette clientèle si pointue.
Avec le créateur japonais Kansai Yamamoto
Au pays, la guerre civile éclate en 1993. Elle reprend ensuite en octobre 1997 durant cinq mois et enfin en décembre 1998. Cette dernière doit durer trois jours selon les soldats qui font évacuer les habitants de Brazzaville pour écraser les miliciens ennemis. Craignant les pillards, M. Mouyengo enfouit dans un trou creusé dans sa parcelle son trésor de sapeur : 203 costumes de grandes griffes, 30 de marques moins onéreuses, 302 chemises, 25 paires de souliers dont six de J.M. Weston, des bretelles, des lavallières « en nombre incalculable », des bijoux et des montres... Sauf que la guerre dure plus d’une année, tue des milliers de personnes dont cinq membres de sa famille. Les insectes et la pluie ont pulvérisé son butin. Il repart à zéro, reconstitue une garde robe avec l’argent qu’il n’a pas. Pas de quoi l’inquiéter. Il a le temps d’une vie pour cela.
Tokyo, avril 2016. Séverin Mouyengo parade aux côtés de son nouvel ami, le célèbre et exubérant créateur de mode Kansai Yamamoto. C’est son quatrième séjour dans la capitale japonaise où il a été invité par des artistes pour présenter la Sape. L’édition japonaise du magazine GQ saisit le moment et s’intéresse à ce duo délirant et fusionnel. « C’est au-delà des mots et en un clin d’oeil, je suis devenu si proche de lui », dit M. Yamamoto qui fait de M. Mouyengo son « conseiller » très spécial. « Il me consultait pour l’agencement des couleurs et des tissus », se souvient le Congolais.
Kansai Yamamoto s’est éteint en juillet 2020 et Séverin Mouyengo ne bouge plus vraiment de Brazzaville qu’il arpente, toujours tiré à quatre épingles. La Sape n’y est plus combattue depuis longtemps mais valorisée par le gouvernement. Des ministres ont été initiés ; des grandes marques, telles que Guinness, sollicitent les sapeurs pour des publicités ; des artistes comme Maitre Gims s’en inspirent et chantent leur élégance. Le samedi soir, le sexagénaire défile toujours dans le quartier populaire de Bacongo. Il retrouve jeunes et vieux sapeurs au bar « De Guy » pour se montrer et contempler. Il continue d’écrire et de vivre son histoire de la Sape.
Aux Congos, la Sape, c’est bien plus que se faire beau. La Société des ambianceurs et des personnes élégantes, c’est promouvoir un art de vivre et de voir le monde. C’est aussi un acte politique, alors que ce mouvement est né au début duXXe siècle contre les puissances coloniales.
Entre 2017 et 2019, je me suis rendu à Brazzaville, au Congo, et à Kinshasa, en République démocratique du Congo, pour rencontrer des familles entières desapeurs*, desapeuses*et de mini-sapes*en formation.
J’avais pour objectif de mettre en lumière le rôle que joue laSape* dans la lutte qu’elles mènent contre leur situation difficile, le contraste saisissant qui existe entre l’élégance de leur tenue et la dureté de leur environnement. Les Congos sont parmi les pays les plus pauvres du monde et les membres de la Société des ambianceurs et personnes élégantes – la Sape – offrent donc un spectacle extraordinaire.
Chaussettes de soie et pipes ornées
Les Congolais sont connus pour se soucier de leur apparence, mais la Sape porte l’art de bien paraître encore plus loin.Papa Wemba, le chanteur de rumba congolaise célèbrepour son élégance qui a popularisé le looksapeur[mort sur scène en 2016], confiait que son inspiration venait de ses parents, qui étaient“toujours bien mis, toujours très chics”dans les années 1960.
Les familles desapeurssont traitées comme des célébrités. Elles apportent espoir et joie de vivre à une population ravagée par des années de violence et de conflit. Il peut sembler frivole de dépenser de l’argent pour des pipes finement ornées et des chaussettes de soie dans un pays comme laRDC, où plus de 70 % de la population vit dans la pauvreté, mais la Sape fait davantage que permettre aux gens d’oublier leurs problèmes : elle est devenue une forme subtile de militantisme social, un moyen de prendre sa revanche sur le pouvoir et de se rebeller contre la situation économique.
Élément vital du patrimoine
Le mouvement remonte aux années 1920. Les jeunes hommes congolais commencèrent à porter et imiter les vêtements français et belges pour lutter contre la supériorité coloniale. Les boys rejetèrent les vêtements usagés de leurs maîtres et se mirent à consommer par provocation, à dépenser leur maigre salaire mensuel pour acquérir les dernières modes extravagantes de Paris.
Après l’indépendance en 1960, Kinshasa et Brazzaville devinrent des centres où se réunissait une nouvelle élite africaine francophone. Nombre de Congolais allaient à Paris et Londres et en revenaient avec des vêtements de marque. Pour reprendre les termes de Papa Wemba,
L’homme blanc a inventé les habits mais c’est nous les Congolais qui en avons fait un art.”
Malgré des campagnes visant à interdire lessapeursdans l’espace public dans les années 1980, la Sape connaît une résurgence depuis quelques années. Lessapeursde tous âges se réunissent pour danser, discuter et décider de qui est le mieux habillé. Et ils jouissent d’un grand respect – ils sont considérés comme un élément vital et stimulant du patrimoine culturel congolais.
Dans ces pays déchirés par le colonialisme, la corruption, la guerre civile et la pauvreté, les ambitions vestimentaires – et la courtoisie de gentleman – dessapeurspeuvent permettre d’apaiser les luttes internes.“Je ne vois pas comment quelqu’un de la Sape pourrait être violent ou se battre. La paix est très importante pour nous”,déclare Séverin, 62 ans, dont le père était aussisapeur
.
Un art qui se décline aussi au féminin
La vraiesapologie*, c’est plus que des étiquettes de luxe : le véritable art dusapeurréside dans sa capacité à se constituer une élégance unique, propre à sa personnalité.
Même si la tradition se transmet habituellement par les hommes, les femmes se mettent, elles aussi, aux vêtements de marque et à devenirsapeuses. Elles défient ainsi la société patriarcale, inversent la dynamique du pouvoir et reviennent aux origines de la Sape. La Sape est un mouvement en constante évolution. Les jeunes défavorisés utilisent la mode pour accompagner l’évolution de leur pays vers un avenir plus cosmopolite et chargé de plus d’espoir.
* En français dans le texte
[Cet article, publié parCNN, est un extrait du livre du photographe Tariq Zaidi,Sapeurs. Ladies and Gentlemen of the Congo, publié en septembre 2020 aux éditions Collector’s, non traduit]TARIQZAIDI
Dans ma boulimie de DVD je suis tombé sur une pochette copie conforme de la SÉRIE NOIRE : Le voyeur un film de Michael Powel. Inconnu au bataillon mais pourquoi pas.
Au générique je vois apparaître le nom de Karlheinz Böhm et sitôt ma mémoire me plaque l’image du mari de Sissi.
J’ai eu du mal à m’en défaire tout au long d’un film
Le Voyeur, chef d'œuvre scandaleux qui inspira Brian De Palma
25/05/18
Rejeté unanimement par le public et la presse à sa sortie puis interdit de diffusion, "Le Voyeur" de Michael Powell ressort ce 23 mai au cinéma. Retour sur cette oeuvre majeure, pionnière du cinéma d'horreur, qui influença notamment Brian de Palma et Dario Argento.
Le cinéaste britannique Michael Powell sortait le beaucoup plus méconnu Le Voyeur, deuxième film qu'il réalise sans son compère Emeric Pressburger (...) Depuis un certain temps, Powell s’intéresse à Freud et souhaite faire un film sur les travaux du psychanalyste. Un jour, Léo Mark, scénariste proche de Powell, lui rend visite et présente une histoire de guerre mais le cinéaste n'est pas emballé. Mark poursuit alors avec une idée qui le hante depuis longtemps : « Que diriez-vous de réaliser un film sur un jeune homme qui tue des femmes avec sa caméra ? ». Sans hésiter, Powell approuve le projet avec enthousiasme et engage Mark pour rédiger le scénario.
On y suit Mark Lewis un jeune homme mystérieux obsédé depuis son enfance par l'image. Officiellement, premier assistant opérateur dans un studio de cinéma, Lewis s'occupe de faire le point sur la caméra - soit symboliquement de faire passer un corps ou un visage du flou au net pour en révéler la vérité. Mais secrètement, Mark s'adonne à une expérience macabre : il rôde dans la nuit londonienne, la caméra au poing et traque la peur de la mort dans le visage de jeunes femmes avant de les assassiner. D'abord pressenti pour le rôle du tueur, Dirk Bogarde refuse.
La production choisit finalement la gueule d'ange de Karlheinz Böhm, connu pour son interprétation de l'empereur François-Joseph, amoureux de Romy Schneider dans Sissi. Anna Massey interprète Helen, personnage dont le tueur va s'éprendre (l'actrice retrouvera d'ailleurs un serial killer blond platine dans Frenzy d'Hitchcock en 1972).
L'acteur autrichien qui donnait la réplique à Romy Schneider dans le rôle l'Empereur François-Joseph d'Autriche s'est éteint à l'âge de 86 ans. Il fut également l'inquiétant Voyeur du film de Michael Powell
Par AFP agence et Eléonore Prieur
Publié le 30/05/2014
Il restera pour toujours l'éternel mari de Romy Schneider dans la trilogie Sissi. L'acteur autrichien Karlheinz Böhm, qui incarnait à merveilles le rôle de l'Empereur François-Joseph d'Autriche est décédé jeudi. Né en 1928 dans la ville allemande de Darmstadt (sud-ouest) d'une mère chanteuse d'opéra et d'un père chef d'orchestre mondialement connu, Karlheinz Böhm venait de souffler le 16 mars dernier ses 86 bougies.
Acteur en Allemagne, il est surtout connu pour son interprétation du rôle de l'Empereur François-Joseph d'Autriche dans Sissi. Après ce rôle de gendre idéal, il changera radicalement d'emploi pour se glisser dans la peau du terrible Voyeur, de Britannique Michael Powell. Inquiétant cousin de Norman Bates, son personnage de Mark Lewis est un jeune cameraman à l'enfance perturbée, qui traque et filme à la nuit tombée l'expression d'horreur sur le visage des femmes qui s'apprête à tuer. Ce rôle marquant finira par nuire à l'acteur et brisera en quelque sorte l'élan de sa carrière.
Dans les années 70, Böhm obtiendra également plusieurs rôles dans des films de l'Allemand Rainer Werner Fassbinder (dont Maman Küsters s'en va au ciel, en 1975).
Prix Balzan 2007 pour l'humanité, la paix et la fraternité entre les peuples ICI
À la suite d'un voyage effectué en Afrique dans les années 1970, le comédien se lance dans l'humanitaire. En mai 1981, dans le grand show de la télévision allemande Wetten dass...? également diffusé en Suisse et en Autriche, il défie le public: «Je parie qu'il n'y a pas un tiers des téléspectateurs qui feraient don d'un Schilling, d'un Deutsch Mark ou d'un Franc suisse pour venir en aide aux populations du Sahel», région d'Afrique alors touchée par une grave crise de famine.
Je n’avais nul souvenir de Jessica Lange née le 20 avril 1949 à Cloquet, dans le Minnesota, même si j’avais beaucoup aimé en 1989 : Music Box de Costa-Gavras.
Depuis que j’ai décidé d’écumer la bibliothèque de DVD je me tape, plutôt en fin de journée, en moyenne 2 ou 3 toiles par jour afin de rompre mon rythme de lecture, je découvre des films.
Tel fut le cas, samedi soir 13 février, du film de Bob RafelsonLe Facteur sonne toujours deux fois The Postman Always Rings
J’avais bien aimé Le facteur sonne toujours deux foisréalisé par Tay Garnett en 1946 avec Lana Turner, John Garfield, Cecil Kellaway
Tay Garnett ne fut pas le premier à porter à l’écran ce drame de la passion adultère. Avant lui, Pierre Chenal adapta le roman de James M. Cain, publié en 1934 qui remporta un grand succès, avec un Michel Simon tendre et pathétique, dans Le Dernier Tournant (1939). Et Luchino Visconti établit des liens entre cette histoire déchirante et le fascisme italien, dans Les Amants diaboliques (1943).
Alors que la première adaptation représentait plutôt une femme maléfique causant le malheur d’un homme faible, dans le style des “films noirs” très en vogue dans les années 40, la seconde version de 1981 par Bob Rafelson a plutôt recréé l’époque sociale où le roman a été écrit : l’Amérique de la Dépression et des coureurs de route cherchant un travail, un port d’attache même provisoire.
Avec ce film, le réalisateur Bob Rafelson en profite pour provoquer une Amérique prude : on y voit Jessica Lange, sous l’emprise d’un séducteur Jack Nicholson, l’un de ses grands rôles. Les parties de jambes en l’air entre Lange et Nicholson constituent un sommet de l’érotisme au cinéma.
« On pardonnera facilement à Franck (Jack Nicholson) ses égarements car le pauvre est certainement tombé, dans cette station essence paumée au fin fond de la Californie, sur une des actrices les plus torrides que le cinéma nous ait donnée. Jessica Lange irradie littéralement chacune des scènes où elle apparait et si Jack se consume à sa vue, il n'est pas le seul. Elle tient parfaitement sa place dans la grande famille des femmes fatales que le film noir américain a inventée. Mais là où Barbara Stanwyck dans Assurance sur la mort campe une garce vénéneuse, Jessica Lange offre une candeur, un rayonnement juvénile qui fait qu'il est difficile de lui reprocher jusqu'au meurtre le plus sordide. »
Deux énormes acteurs, Nicholson égal à lui-même et Lange une révélation.
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Comment Jessica Lange a acquis son panache légendaire
Deux oscars, trois Emmy Awards, cinq Golden Globes, un Tony Award et un SAG : la liste de récompenses de l'actrice est longue comme le bras. Aujourd'hui, après 41 ans de carrière, elle est reconnue pour son « chien » autant que pour ses talents d'actrice.
Publié leJEUDI, 20 AVRIL 2017
parAlexane Pelissou
Le dimanche après-midi le gris étant au rendez-vous, je pioche dans ma bibliothèque de DVD où je trouve Music Box de Costa-Gavras1989 et en consultant la pochette je découvre que le rôle d’Ann Talbot, l’avocate, la fille du monstre, est Jessica Lange.
J’enfourne immédiatement, sous le regard toujours intrigué du chat, le disque dans le lecteur. J’ai déjà vu le film, je connais donc l’épilogue, mais je le suis avec la même passion que lorsque je l’avais vu sur grand écran.
Télérama critique par Pierre Murat
Et si ça vous arrivait à vous ?
Et si vous découvriez que votre père, votre vieux père si gentil, a — peut-être — été un criminel nazi ?
L’un des plus beaux films de Costa-Gavras (Ours d’or au festival de Berlin 1990), parce que la thèse (la mémoire, la faute) se fond dans une intrigue romanesque subtile. Et aussi parce que l’héroïne qui mène l’enquête sur l’innocence ou la culpabilité du père est interprétée par Jessica Lange. Dont chaque mouvement, chaque regard, chaque intonation reflètent le doute, l’angoisse et la honte du doute et, donc, l’écroulement des certitudes. Costa-Gavras mélange le romanesque et le politique avec une maestria qui lui a, parfois, manqué.
On sait moins que, en fait, de très nombreux criminels de guerre (ils sont estimés à dix mille) se réfugièrent tout simplement aux Etats-Unis. Beaucoup d’entre eux (surtout ceux qui étaient originaires des pays baltes, d’Ukraine et de Biélorussie) collaborèrent, dès le début de la guerre froide, avec les services de renseignement américains : ils purent, en récompense, facilement s’installer aux Etats-Unis et y couler une forte paisible existence, dans l’oubli.
Parfois cependant, par les hasards de la justice, un dossier remonte à la surface de l’obscur océan des archives. Et celui qui pensait ne plus avoir à rendre des comptes se retrouve brutalement confronté au cauchemar de son propre passé. Un passé gravé dans la mémoire, ineffaçable, inoubliable comme la petite mélodie, douce et lancinante, d’une ancienne boîte à musique.
Tel est le thème de Music Box, le nouveau film de Costa-Gavras. Un thriller poignant, réalisé aux Etats-Unis et qui raconte, avec une formidable virtuosité narrative, l’histoire d’un émigré hongrois bien tranquille (remarquablement interprété par Armin Mueller-Stahl), accusé, quarante ans après, d’avoir été un tortionnaire fasciste, membre des Croix fléchées, collaborateur des nazis et assassin de juifs (plus de cinq cent mille juifs hongrois furent exterminés pendant la guerre). Il nie et demande à sa fille, brillante avocate (Jessica Lange), de le défendre, de prouver qu’on le confond avec un autre, qu’il est victime d’une machination.
Cas de conscience Dans " Music box ", de Costa-Gavras, Jessica Lange, avocate découvre les fautes pour lesquelles il ne peut y avoir prescription
Le Monde publié le 28 février 1990
Après le passage de ce film au Festival de Berlin et l'ours d'or qu'il y a reçu, après les commentaires qu'il a déjà suscités, on ne peut ignorer le sujet qu'il traite ou, plutôt, la situation qui sert de base au scénario : en 1989, à Chicago, Michael Laszlo, homme d'une bonne soixantaine d'années, hongrois émigré depuis quarante-cinq ans (Armin Mueller Stahl) est informé par le bureau des enquêtes spéciales que le gouvernement hongrois demande son extradition ; il est poursuivi comme tortionnaire au service des nazis, pour crimes de guerre. Michael Laszlo doit comparaitre devant la justice américaine ; il risque de perdre sa citoyenneté et d'être renvoyé en Hongrie. Sa fille, Ann Talbot (Jessica Lange), brillante avocate, décide d'assurer sa défense. Elle n'a aucun doute sur son innocence. Née aux Etats-Unis, elle ignore bien des choses sur le pays natal de son père.
En 1920, après avoir maté une révolution, l'amiral Horthy avait été nommé régent de Hongrie par l'Assemblée nationale. Onze ans plus tard, il gouvernait en dictateur. Après s'être rapprochée de l'Italie fasciste, puis de l'Allemagne nazie (surtout après l'Anschluss, qui lui valut des avantages territoriaux), la Hongrie entra en guerre aux côtés des nazis, en 1941. En mars 1944, Hitler fit occuper le pays qui, voyant la guerre perdue, cherchait un rapprochement avec les alliés. Horthy fut destitué et remplacé par Ferenc Szalasi, fondateur du sinistre parti pro-nazi des Croix-Fléchées, qui fit déporter et massacrer les juifs hongrois, et intensifia la guerre. Szalasi s'enfuit après la défaite allemande et la libération de la Hongrie par les Soviétiques. Il fut retrouvé, condamné à mort et exécuté en 1946.
Vérité historique
Ainsi, en 1944-1945, la Hongrie n'était-elle pas une nation innocente. Parmi les nombreuses " personnes déplacées " fuyant les troupes soviétiques et demandant l'assistance des alliés - ce fut vrai, d'ailleurs, pour toute l'Europe de l'Est, - se glissèrent des fascistes et des criminels de guerre. Les autorités américaines qui, à mesure que se précisait la " guerre froide ", avaient besoin de collaborateurs anticommunistes, ne furent pas très regardantes pour accorder les visas d'immigration.
Cette vérité historique, il faut la rappeler pour parler de Music-Box. Elle sous-tend le scénario de Joe Eszterhas, se révèle dans certains détails au cours du procès et déplace le suspense.
On ne se demande pas : Michael Laszlo est-il innocent ou coupable ?
Mais : comment Ann Talbot, citoyenne américaine, placée du côté de la loi, mère d'un petit garçon qui doit être préservé du mal, va-t-elle réagir lorsque la vérité – qui ne sort pas d'un puits au terme d'une troublante enquête – deviendra, pour elle, irréfutable ?
Armin Mueller-Stahl interprète avec une tranquille assurance le bon Américain qu'est devenu Laszlo, ouvrier, veuf et père de famille exemplaire (deux enfants qui ont chacun sa place dans la hiérarchie sociale, le fils ayant moins bien réussi) soudain poursuivi par un agent implacable, Jack Burke (Frederic Forrest excellent) lequel ne peut tout de même pas être soupçonné de participer, en 1989, à une machination communiste. Face à sa fille, aux juges, aux jurés, aux spectateurs du procès – et du film – Armin Mueller-Stahl est un bloc, un rocher. Cheveux blancs, yeux d'un bleu métallique qui n'expriment rien, phrases tranchantes du genre " Je n'ai pas fait cela ", " Ce n'était pas moi ", il donne froid dans le dos à cause de sa dualité devinée derrière le bon Américain qu'il est devenu.
La mise en scène cinématographique du procès est très forte : les dépositions des témoins passionnent jusque dans l'horreur et font basculer, non pas l'accusé, mais l'avocate, ébranlée à la fois dans son amour filial et dans l'idée qu'elle a, par nature, pourrait-on dire, de la démocratie américaine. Ce qui a été enfoui dans les " accidents de l'histoire" et les bonnes consciences remonte à la surface avec un remugle de charnier, d'horreurs pour lesquelles il ne peut y avoir prescription.
Un grand peintre psychologique
On voit toujours, avec raison, en Costa-Gavras, un cinéaste politique qui, depuis Z, s'est attaqué à tous les maux engendrés par les systèmes totalitaires, les diplomaties militaires et les phénomènes pervers de société. Mais Costa-Gavras est, aussi, un grand peintre psychologique dont le style classique, direct, sec parfois et toujours efficace, part des faits pour traduire les conflits intérieurs, les bouleversements et les choix de personnages amenés à remettre en question une certaine idée de l'ordre et de la morale.
Comme Jack Lemmon dans Missing, Jill Clayburgh dans Hannak, et Debra Winger dans la Main droite du diable, Jessica Lange est un personnage placé en face d'un débat, d'un problème individuel, soudain extrait, comme une noix de sa coque, de l'espace-temps historique. En avocate américaine "clean", peu à peu forcée d'imaginer et d'admettre des images de supplices, de meurtres et d'extermination – c'est comme un procès de Nuremberg dans sa tête – Jessica Lange casse son image d'actrice irréprochable, exprime la douleur et la détermination d'une femme qui ne se remettra jamais d'un traumatisme reçu, un jour, sur les bords du Danube et le pont des supplices de 1944. Ce voyage en Hongrie donne moins la solution d'une énigme que le déclic, tragique, d'un cas de conscience. Mais Costa-Gavras n'est-il pas le plus hollywoodien des cinéastes français ?
La Claire en question est Claire Touzard (chronique du matin) – j’en connais un qui a dû se faire des cheveux à la lecture de mon titre, le pauvre – la journaliste virée salement du magazine Grazia où j’ai découvert cette information capitale.
Mon vieux pote Jacques Séguéla, que j’ai croisé du côté de Perpignan au temps où il voulait racheter l’USAP et que je m’échinais sur la crise des VDN – ça c’est pour mon vieil addict Bof devenu Pierre – dirait « Si t’as pas ta paire de Birkinstock-Hermès à moins de 35 ans, c’est que t’as raté ta vie… »
Tout ça c'est New-York, l'idée vient du collectif MSCHF, un groupe artistique américain fondé en 2016 et basé à Brooklyn, réputé pour passionner les foules avec des projets mode un peu fous comme la «Jesus shoe», une paire de Nike aux semelles remplies d'eau bénite... vendue en seulement une minute ou une collection de tee-shirts baptisée L’impossible collaboration, qui a dévoilé une version très personnelle des sandales iconiques "Arizona" de Birkenstock, fabriquée à partir de luxueux sacs Birkin de la marque française Hermès.
Le collectif a dépensé 122.500 dollars en sacs, transformés en matière première, pour pouvoir mettre au point son projet, sans compter les semelles en liège de la griffe allemande. Et s'est lancé dans un travail de déconstruction du Birkin pour mettre au point sa claquette. «Le simple fait de découper un sac Birkin a effrayé tant de gens», a déclaré Lukas Bentel, directeur créatif de la MSCHF à CNN.
Les 2 marques n’ont pas donné leur accord pour ce genre de création comme le rapporte le New York Times.
Déclinées en trois couleurs, et disponible uniquement en édition limitée, ces claquettes "Birkinstock" d'un autre genre sont vendues entre 34.000 à 76.000 dollars selon le modèle. Le prix de chaque varie en fonction du sac utilisé pour fabriquer la pièce (cuir grainé noir ou blanc et cuir vernis bordeaux.
Pourquoi L'association Birkenstock-Chaussettes Est Un Combo Mode Au Sommet ?
13 août 2020
Par Chloé Maurin
Combo mode polémique qui faisait jadis frissonner d'effroi la fashion police, l'association des Birkenstock-chaussettes revient dans les bonnes grâces des filles stylées et se veut tendance ultime de la rentrée.
La recette de ce succès aux origines stylistiques douteuses ?
Un confort indéniable, une allure des plus casual et une ode à la "mode moche" : longtemps considérées comme l'apanage des touristes en short cargo beige et affublées du terme "ugly shoes", les sandales allemandes Birkenstocks - au même titre que le bob ou la banane - se sont vues récemment devenir le nouveau cool.
Et le toc au summum de la tendance pour les porter reste encore de les enfiler par-dessus des grosses chaussettes tricotées... Oui oui, nous parlons bien de cette vision qui nous a pourtant donné moultes sueurs froides dans le passé. Mais la mode est un éternel recommencement (et surtout un vaste terrain d'expérimentation où les Birkenstocks et les chaussettes peuvent finalement se retrouver pour le plus grand plaisir de nos pieds).
Dans ma dernière moisson de livres, au milieu des romans noirs ou blancs le « Sans Alcool » de Claire Touzard me provoquait, il faisait tache, en effet la photo sur le bandeau de son livre de cette journaliste, tout de blanc vêtue, n’a rien à voir avec celle d’une pochtronne abîmée par 22 ans de bitures et autres addictions. Dans l’une des interviewes qui suit elle s’en explique.
Depuis le témoignage d’Olivier Ameisen je suis attentif à celles et ceux qui sont tombés dans l’alcoolisme.
3 novembre 2008
« Le Dernier Verre » du Dr Olivier Ameisen : un témoignage qui dérange… ICI
« Je suis hanté depuis toujours par un sentiment angoissant d’inadéquation, d’imposture. Alors que je dégage – selon ce qu’on me dit – une impression de force et d’assurance et même, pour beaucoup, de charisme, je me sens en totale inadéquation avec cette image. Pour moi, cette personne dont le CV épate tout le monde n’a rien à voir avec la personne que je suis réellement. Je vis dans la crainte d’être découvert. Un jour, forcément, quelqu’un comprendra que tout ce que j’entreprends, tous mes succès ne sont qu’une escroquerie, et le château de cartes s’écroulera en quelques secondes. » Là est la racine de sa maladie. Ce livre vous devez le lire. Je ne vais donc pas vous le résumer mais vous confier, dans l’ordre chronologique, des passages que j’ai soulignés lors de ma lecture. »
9 janvier 2012
Portrait d’Olivier Ameisen dans Libération « Arrêter l’alcool, ce n’est rien. Découvrir la vie, c’est extraordinaire»
« Aujourd’hui, il se dit heureux comme jamais. «Arrêter l’alcool, ce n’est rien. Découvrir la vie, c’est extraordinaire», confie ce fana de marches en montagne. «Sans ma souffrance, je n’aurais jamais connu le bonheur. Je croyais poésie et souffrance indissociables et ne pouvais m’empêcher de pleurer en entendant Rachmaninov ou Barbara, en lisant Eluard ou Tolstoï.» Il ne pleure plus, puisqu’il ne boit plus. »
Et puis cette fois-ci c’est une femme qui témoigne, dans notre pays du soi-disant bien boire, les hommes sont en première ligne, affichant avec suffisance leur belle descente – combien ai-je côtoyé de soi-disant amateurs qui n’étaient en fin de compte que des pochtrons ? Beaucoup ! Et de très connus – alors que les femmes doivent cacher leur ivrognerie, « une femme saoule ce n’est pas beau » tranchent les gens bien comme il faut.
Baby-boomer, né dans un des départements les plus alcoolisé de France, la Vendée, à la Mothe-Achard, avec ses 60 points de buvaison pour 1300 habitants, j’en ai vu défiler des bourrés dans la cuisine familiale, beaucoup allait se désintoxiquer « aux fous » disait-on, l’hôpital psychiatrique de la Grimaudière. Ma distance avec l’alcoolisation y trouve son origine.
Claire Touzard pourrait être ma fille, j’aurai bientôt 73 ans, j’ai fumé un temps des Boyard maïs, puis des roulées, des biddies, un temps des Puros, le tabac était un excellent moyen pour se concentrer sur l’écriture, j’ai cessé un beau jour, et mon séjour en pneumologie à Cochin suite à mon accident de vélo, m’a fait toucher le calvaire des fumeurs. J’ai commencé à boire fort tard, à mon arrivée à Paris en 1976, les vins d’alors ne me plaisaient guère, j’en buvais peu et dans les lieux sociaux je laissais mon verre plein. Et puis, sur le tard j’ai découvert les vins nature au Lapin Blanc lieu improbable sur les hauts de Ménilmontant, j’y ai trouvé le plaisir alors, lorsque j’en bois, je ne déguste pas, j’en bois à satiété. Jeûner, ne pas en boire ne me pose aucun souci, je ne suis pas dépendant, ma seul addiction c’est la caféine.
Pour un blog qui affiche Vin&Cie aborder l’ivrognerie est déjà une provocation pour les tenants stupides du vin n’est pas un alcool comme les autres. Mais j’affiche aussi que c’est un Espace de liberté, alors l’autoportrait de Claire Touzard, fort bien écrit, y a sa place, à chacune et chacun de se faire son opinion même si ça déplaît à Saverot le rédac-chef de la RVF.
Un clin d’œil provocateur à l’attention de ceux, les frustrés qui se reconnaîtront, qui me reprochent de ne fréquenter que des filles :
Les femmes qui pensent sont dangereuses Stefan Bollmann GRÜND (26/09/2013)
L'autoportrait de François de La Rochefoucauld
Je suis d’une taille médiocre, libre et bien proportionnée. J’ai le teint brun mais assez uni, le front élevé et d’une raisonnable grandeur, les yeux noirs, petits et enfoncés, et les sourcils noirs et épais, mais bien tournés. Je serais fort empêché à dire de quelle sorte j’ai le nez fait, car il n’est ni camus ni aquilin, ni gros, ni pointu, au moins à ce que je crois. Tout ce que je sais, c’est qu’il est plutôt grand que petit, et qu’il descend un peu trop bas. J’ai la bouche grande, et les lèvres assez rouges d’ordinaire, et ni bien ni mal taillées. J’ai les dents blanches, et passablement bien rangées. On m’a dit autrefois que j’avais un peu trop de menton : je viens de me tâter et de me regarder dans le miroir pour savoir ce qui en est, et je ne sais pas trop bien qu’en juger. Pour le tour du visage, je l’ai ou carré ou en ovale ; lequel des deux, il me serait fort difficile de le dire. J’ai les cheveux noirs, naturellement frisés, et avec cela assez épais et assez longs pour pouvoir prétendre en belle tête. J’ai quelque chose de chagrin et de fier dans la mine ; cela fait croire à la plupart des gens que je suis méprisant, quoique je ne le sois point du tout. J’ai l’action fort aisée, et même un peu trop, et jusques à faire beaucoup de gestes en parlant. Voilà naïvement comme je pense que je suis fait au-dehors, et l’on trouvera, je crois, que ce que je pense de moi là-dessus n’est pas fort éloigné de ce qui en est. J’en userai avec la même fidélité dans ce qui me reste à faire de mon portrait ; car je me suis assez étudié pour me bien connaître, et je ne manque ni d’assurance pour dire librement ce que je puis avoir de bonnes qualités, ni de sincérité pour avouer franchement ce que j’ai de défauts.
Extrait du Recueil des portraits et éloges écrit en 1659.
Autoportrait donc, en relation avec autobiographie, confrontation de son image telle qu’on la voit avec celle du regard des autres.
EXTRAITS
NDLR :
Chère Claire,
Je n’ai jamais rien cherché dans le vin, je bois, de temps en temps, que des vins nu aujourd’hui, jamais seul, mais avec mon amie Claire caviste, mon absence d’addictions ne doit rien à un interdit social, moral, religieux, et j’aime danser, faire la fête, le bien-manger, mais tout bêtement à mon souci de ne jamais me retrouver privé de ma liberté, d’être contraint, enserré, tout comme le surendettement qui vous entraîne dans une fuite en avant. L’alcoolisme est une maladie et, comme Olivier Ameisen, je pense qu’il faut en traiter les causes, dont l’une d’elle est le craving. Le flacon, ou la dose, la clope, ne sont en rien responsables de l’addiction, même si je conteste le discours imbécile : le vin n’est pas de l’alcool et pire le vin est bon pour la santé.Je roule vers 73 balais, donc j’eus 20 ans en 68, nous y avons tenus des discours en béton, nous étions un peu cons, aujourd’hui on nous taxe d’être la cause de toutes les dérives que votre génération a connue, et pourtant la cause des femmes pesait aussi très lourd dans nos revendications. J’ai eu la chance de croiser, puis de travailler avec Michel Rocard, j’ai donc eu une belle vie, de beaux petits enfants, et je vous souhaite, sur le chemin difficile du sevrage, à vous aussi, une belle vie à la tête d’une petite entreprise que j’ai connue en son temps : élever et aimer son enfant.
Mais l’anxiété sociale, la timidité font partie des raisons qui me poussent à boire… page 109
Moi qui avait si peur du jugement des autres, j’avais livré mon autre visage : l’alcoolique vulnérable, et non la guerrière bravache (…) Je me suis déshabillée, j’ai enlevé les couches ; les belles pompes, la veste chic, le brushing, jusqu’à ce que l’on voit l’os, les sédiments. J’ai été à poil… page 111
C’est plutôt la qualité de l’ivresse que je jugeais : certains vins nature la rendaient douce et sereine, n’arrachais pas le crane le lendemain. Certains bordeaux étaient comme de petits cercueils érotiques, leur chaleur m’assourdissait, avant de me faire vriller tout à fait par leur lourdeur… page 113
ll y a un déchirement vif, entre cet imaginaire idyllique et exaltant que transporte l’alcool et cette arme assassine, chaotique et sanguine qu’il représente aujourd’hui pour moi. J’ai du mal à rompre avec le vin, comme j’ai du mal à me séparer d’un amour toxique. Comme avec les pervers, les sales types : on s’accroche toujours à l’illusion du plus beau, du plus grandiose, là où est en vérité sombre lorsqu’on a le bon filtre… page 115
la vérité est que boire mène toujours et irrémédiablement à un seul état : l’ivresse. Cela procure, certes un plaisir considérable, parfois quasi sexuel, mais reste une sensation relativement immédiate qui n’apporte pas d’élévation de l’esprit.
Il n’est en rien un art. Ni une philosophie. Il ne permet pas d’accéder à d’autres portes de compréhension du monde.
Il bourre la gueule. Point barre… page 116
J’ai toujours eu un caractère sensible et anxieux : l’alcool, comme la coke, et même le shit ou la weed, ont des effets toxiques et immédiats sur mon âme que je métamorphose sous leurs effets. Paradoxalement, ma sensibilité et mon anxiété sont les raisons profondes de mes addictions. Il s’agit là d’une association de malfaiteurs : jamais l’alcool ou la drogue ne seront pour moi des effets bénéfiques. Je dois me faire une raison… page 119
Existe-t-il des personnes qui boivent juste pour le plaisir serein, pour l’orgasme gustatif ? Cela me paraît impensable, puisqu’on ne peut dissocier la saveur ou l’usage du vin, de l’ivresse, et que dans la quête de l’ivresse, il y a une recherche d’évasion qui prouve le désamour du moment présent. J’ai la conviction que si l’on s’essaie à ces produits, c’est qu’inconsciemment on cherche tous à soigner un mal-être inconscient… page 121
Nous gueulions sur le système, mais nous n’en imaginions aucun autre. Nous ne créions aucune idéologie moderne. Notre époque a été particulièrement nihiliste et dépolitisée, et les artistes, intellectuels du moment, occupaient le terrain, noctambule à nos côtés… page 162
À la campagne, comme à la ville, l’alcool permet de tabasser la solitude, l’ennui, les contrariétés financières : il permet de tenir physiquement dans un ciel crevassé, avec des jobs parfois trop violents et sous-payés.
En Bretagne, comme dans beaucoup de régions en France, boire est incontournable. L’alcool est le psy inexistant, le Lacan des âmes torturées du village. Les aînés ne lésinent pas sur la bouteille. On vous y met le doigt dedans dès l’enfance… page 166
Tant que l’abstinence s’effile, plus que je ne l’aurais imaginé aux prémisses, je comprends que la dépendance naît d’un faisceau d’éléments, d’époques, comme des bouts de puzzle qui s’accordent au fur et à mesure du temps… page 194
Claire Touzard : « Arrêter de boire, c’est ça la vraie rébellion ! »
À 37 ans, après deux décennies de consommation excessive, Claire Touzard a décidé d’en finir avec l’alcool. Cette journaliste, qui a des attaches à Brest et Plouescat (29), savoure aujourd’hui une année de sobriété qu’elle décrit dans un livre confession, « Sans alcool », en forme de journal d’un sevrage.
« Beaucoup de femmes, comme moi, s’emparent de l’alcool pour son supposé rôle émancipateur. C’est évidemment un leurre », confie la journaliste Claire Touzard, auteur du livre témoignage « Sans alcool » (Photo Alexandre Tabaste)
Publié le 21 janvier 2021
Votre livre s’achève à la fin de l’été 2020. Où en êtes-vous de votre sevrage aujourd’hui ?
Je n’ai pas bu une goutte d’alcool depuis et puis je suis devenue maman à Noël ! J’ai le sentiment - même si je touche du bois - que le plus dur est vraiment derrière moi. Je ne pense plus du tout à boire de l’alcool. Un thérapeute m’a dit un jour qu’il était parfois possible de revenir à une consommation raisonnable, mais je n’en ferai rien : vu tout ce que j’ai gagné en arrêtant, c’est non.
Quel a été le déclic ?
J’ai eu envie que ma vie change. Je me rendais bien compte que j’allais trop loin. À l’époque, j’étais célibataire, je sortais, mais il m’arrivait aussi de boire seule, chez moi. Les jours « sans » étaient devenus très rares. Et puis, j’ai rencontré quelqu’un. Et la première fois où je me suis retrouvée ivre devant lui a agi comme un déclic : je devais arrêter.
Pourtant, votre physique ne disait rien de ces excès. Vous « présentiez bien », à l’opposé du cliché de la « pochtronne » négligée…
Oui, je remercie la génétique, mais il est vrai que j’ai un physique athlétique, une peau qui ne trahit pas mes excès. Au point d’ailleurs qu’après une interview en vidéo, des gens m’ont dit que ce que je racontais de ma consommation ne pouvait pas être vrai, que j’étais trop « fraîche » pour sortir de 22 ans d’alcool. Je pense juste que je me suis arrêtée à temps. Si j’ai pu cacher mon alcoolisme, c’est parce que je vivais seule, que mon boulot me faisait souvent voyager à l’étranger. Cela ne m’empêchait pas d’avoir honte de passer chez le caviste acheter une bouteille, en prétextant un dîner entre amis…
Beaucoup de gens pensent que l’alcool les inspire. Moi, je n’ai pas l’impression que ça rend intelligent. Tout ce que j’ai écrit bourrée, c’était très mauvais !
Vous dites que l’alcool vous aidait à échapper à une féminité un peu encombrante. Qu’est-ce à dire ?
J’ai toujours eu du mal avec la féminité. Pour moi, l’alcool servait d’arme pour casser les codes conventionnels de la féminité : j’avais l’impression que je m’émancipais en buvant trop, en buvant comme un mec. L’alcool, pensais-je, me rendait moins lisse, plus puissante. Beaucoup de femmes, comme moi, s’emparent de l’alcool pour son supposé rôle émancipateur. C’est évidemment un leurre.
Vous pensiez être plus forte sous alcool, alors que l’ivresse rend vulnérable, particulièrement quand on est une jeune femme…
Oui, je revois le film de tout ce que j’ai fait sous alcool pendant toutes ces années… Et tous ces lendemains où l’on réalise ce qu’il s’est passé la veille, ce regard de dégoût que l’on pose alors sur soi. Beaucoup de gens pensent que l’alcool les inspire. Moi, je n’ai pas l’impression que ça rend intelligent. Tout ce que j’ai écrit bourrée, c’était très mauvais !
Quels bénéfices retirez-vous après un an de sobriété ?
J’ai meilleure mine, j’ai perdu un peu de poids, mais surtout je suis en forme. Avant, j’étais en gueule de bois ou a minima fatiguée par la consommation de la veille, un jour sur deux. Et ça me rendait irascible. Beaucoup de mes angoisses ont disparu, aussi. Quand on boit, on pense que l’alcool est un bon moyen de déstresser, de décompresser. En fait, ça ne fait que mettre de l’acide sur nos plaies.
Les gens qui ne boivent pas d’alcool sont toujours les culs-bénis, les chiants. Dans l’imaginaire collectif, les bons vivants, les sympas, les drôles, les cools sont ceux qui boivent… C’est ce que je croyais aussi
Vous racontez que certains de vos proches ont été étonnés de votre annonce. La sobriété est parfois mal vue…
Oui, car quand on annonce qu’on arrête de boire, on tend un miroir à l’autre. On l’oblige à regarder en face sa propre consommation. Et puis, en France, les gens qui ne boivent pas d’alcool sont toujours les culs-bénis, les chiants. Dans l’imaginaire collectif, les bons vivants, les sympas, les drôles, les cools sont ceux qui boivent… C’est ce que je croyais aussi.
En fait, la sobriété, dites-vous, est bien plus subversive qu’on ne le pense.
Oui, arrêter de boire, c’est ça la vraie rébellion ! L’abrutissement, ce n’est pas subversif. Arrêter l’alcool, c’est vivre sous une forme plus pure. Je me redécouvre depuis un an. J’ai repris le pouvoir sur moi-même. Je suis connectée à mes émotions. L’alcool prenait trop de place, générait tant de honte, d’oublis, de fatigue et de nervosité… Vraiment, la liberté, c’est de ne plus boire.
Comment avez-vous géré les contrariétés de la vie sans alcool ?
Même quand j’ai eu des coups durs, je n’ai pas pensé à boire de vin. Vous savez, quand on boit, on pense qu’on a besoin de l’alcool comme d’un médicament. Mais en fait, aujourd’hui je me rends compte qu’affronter le réel, ce n’est pas plus dur que de le fuir comme je le faisais avant. En réalité, l’alcool, quand on ne va pas fort, ajoute au drame. C’est le plus mauvais des pansements. Aujourd’hui, ma vie est plus tournée vers la nature : son contact est devenu un besoin à travers la contemplation, la marche. Je sais qu’on peut aller se balader avec des amis plutôt que de prendre l’apéro, et c’est sympa. En plus, sans alcool, on a l’esprit plus aiguisé : les blagues sont meilleures ! La parole, l’écriture aident beaucoup aussi.
Née à Paris, vous avez ensuite grandi à Brest puis à Plouescat (29). Quelles sont vos attaches avec la Bretagne aujourd’hui ?
J’y passe encore beaucoup de temps. Une partie de mon livre a d’ailleurs été écrite depuis Plouescat, où vit ma famille. Je ne reste jamais très longtemps sans aller me balader baie du Kernic, dont j’aime par-dessus tout la lumière en hiver.
Les Bretons sont réputés pour « lever le coude ». Pensez-vous que cette réputation soit fondée ?
Ce qui est sûr, c’est qu’ils en rient eux-mêmes ! Bien sûr que les Bretons sont un peuple qui aime réunir sa tribu, qui apprécie la convivialité : l’alcool va avec. Mais est-ce bien différent ailleurs ? Le Pastis des Marseillais sert aussi à ça !
PORTRAIT. Claire Touzard, ancienne alcoolique : « L’alcool m’aidait à avoir l’air cool et rebelle »
Originaire de Morlaix, Claire Touzard s’est fait une place dans les milieux branchés parisiens. Elle révèle dans un livre ce que tout le monde, autour d’elle, avait déjà deviné : son alcoolisme.
Claire Touzard, journaliste, a cessé de boire le 31 décembre 2019 : « Ça faisait longtemps que je savais qu’il y avait un problème »
| DANIEL FOURAY, Ouest-France Texte : Thierry RICHARD.Photo : Daniel FOURAY. Publié le 26/01/2021
Une longue chevelure noire et épaisse, des yeux clairs, une peau diaphane, une silhouette athlétique… À bientôt 40 ans, Claire Touzard ne passe pas inaperçue. « Je présente bien », écrit-elle. On peine à croire qu’elle a pu être cette « pochtronne » qu’elle évoque dans son livre, sans rien cacher de ses frasques. « Vous ne pourriez le deviner, j’avance masquée », écrit-elle encore.
Claire Touzard a tombé le masque. Elle révèle aujourd’hui ce que tout le monde, dans son entourage, savait déjà. Elle est alcoolique. Ou plutôt « était ». Elle a arrêté l’alcool le 31 décembre 2019, après une énième soirée de beuverie, quand elle a vu dans le regard de son nouvel amoureux l’image de ce qu’elle était devenue, « la beurrée, la barrique ».
« Je buvais seule, de plus en plus »
Un an plus tard, elle raconte cette nuit d’ivresse dans le salon de son appartement parisien où elle vient d’emménager avec Alexandre. « Quand j’ai vu ses yeux sur moi, ce soir-là, je me suis dit : « Es-tu prête à perdre cette personne ? » J’avais foutu en l’air tellement d’amitiés à cause de l’alcool. Il était hors de question de le perdre lui. Il y a eu un déclic. Mais ça faisait longtemps que je savais qu’il y avait un problème. Je buvais seule, de plus en plus. »
Il faut se méfier des apparences. À l’époque, Claire Touzard est une journaliste en vue, rédactrice en chef d’un magazine branché, Grazia Hommes. Après une formation en journalisme à Rennes, elle a enchaîné les jobs à France Inter, Canal +, Paris Première, Libération, GQ… Un milieu cool et intello où l’on a le sens de la fête. Où l’on assène des vérités qu’on croit géniales en sirotant des grands crus.
Alcoolisme ? Sûrement pas. Éthylisme mondain, au pire. Rien à voir avec « ce type sans dents et sans emploi, qui carbure au pastis dès 10 h du matin au PMU ». Vraiment ? Un peu de lucidité : « Nous buvons pour les mêmes raisons et les dégâts physiques sont similaires. Le vin n’est ni plus gai ni moins dangereux parce qu’il est mieux sapé, plus cher, dans des meilleurs verres. »
Claire Touzard a grandi en Bretagne, près de Morlaix, dans le Finistère. C’est là-bas qu’elle a « appris » à boire sans modération, à 16 ans. « À l’adolescence, les amitiés se nouent très vite autour de l’alcool. Au lycée, on sortait beaucoup, on buvait énormément, jusqu’à se rouler par terre. C’était une sorte de concours de l’excès. Pour sortir de l’ennui peut-être. »
« En France, tout le monde boit »
Elle a compris, depuis, que l’alcool n’était pour elle qu’une sorte d’élixir d’immunité dans lequel elle croyait pouvoir dissoudre son mal-être. « Quand on est ado, l’alcool fait partie des armes qu’on a à sa disposition pour avoir l’air un peu plus fort, plus audacieux. Je suis très timide, l’alcool m’a beaucoup aidée socialement, il m’aidait à avoir l’air cool et rebelle. »
La fêtarde invétérée qu’elle est alors se trouve des excuses pour continuer à se mettre minable. « Je confondais l’alcool avec l’émancipation. » Elle se raconte des histoires en pensant que boire est un « geste politique, un pied de nez au statut de femme trop lisse que l’on m’obligeait à tenir ». Balivernes, évidemment. L’alcool, constate-t-elle, ne fait que renforcer la fragilité physique des femmes et la domination des hommes.
Mais pourquoi se priver d’un petit remontant quand la société tout entière nous y encourage ? « En France, tout le monde boit, c’est une norme sociale. » Pire : on pardonnerait beaucoup aux gens bourrés. « L’ivresse n’est pas un défaut, c’est une excuse nationale au manque de civilité. »
La faute aux lobbies du vin. Mais aussi à notre héritage culturel. « La France, c’est Gainsbourg, La Grande bouffe. Nous sommes une patrie épicurienne tournée vers les plaisirs de la table. Refuser un verre, c’est vu comme un rejet de cette culture. »
On peut passer une bonne soirée sans alcool
Claire Touzard l’a compris quand elle est sortie des brumes de l’alcool. Pour y voir clair, il lui a fallu la compagnie de cet homme, Alexandre, lui-même ancien alcoolique. Il lui a montré qu’on peut avoir la sobriété heureuse, que l’on peut être cool, moderne et drôle sans la boisson. Quand elle a arrêté de boire, Claire Touzard craignait de « devenir chiante », d’être exclue de la fête. Tout le contraire. « Je n’ai jamais été aussi drôle que depuis que je ne bois plus. »
Dans son appartement, il n’y a plus une seule goutte d’alcool. Quand les copains déboulent à l’heure de l’apéro, on trinque au kombucha, un thé fermenté. « Je n’achète pas d’alcool, mais je ne leur interdis pas de boire s’ils veulent venir avec une bouteille. En général, ils s’en passent. Ils voient qu’on peut passer une bonne soirée sans alcool. »
Claire Touzard a fait une pause dans sa vie. Elle a été licenciée sans ménagement du dernier magazine où elle travaillait, preuve que le sens de la fête ne mène pas bien loin. Aujourd’hui, elle élève son bébé. Et s’offre de grandes balades en forêt ou en bord de mer avec ses copines. « Avant, quand on se retrouvait, c’était pour prendre l’apéro. »
« A 20 ans, j’ai pris l’alcool comme une arme de puissance », raconte Claire Touzard
« 20 MINUTES »
AVEC Claire Touzard, journaliste et écrivaine de 38 ans, a arrêté de boire le 1er janvier 2020. Un an après, elle publie « Sans alcool » (Ed. Flammarion), un livre en forme de journal de sa sobriété
Armelle Le Goff
Publié le 22/01/21
Chaque semaine, 20 Minutes propose à une personnalité de commenter un phénomène de société dans son rendez-vous « 20 Minutes avec… ».
Ce vendredi, Claire Touzard, journaliste et écrivaine de 38 ans, autrice de « Sans alcool » (Ed. Flammarion) revient sur sa décision d’arrêter de boire et son rapport à la sobriété.
Remplir un vide. S’extraire du monde. Pour ces raisons et pendant longtemps Claire Touzard s’est alcoolisée avec l’objectif de chercher une liberté qu’elle considère aujourd’hui comme une illusion qui l’a abîmée. C’est avec la décision de sa sobriété que démarre son journal intitulé Sans alcool (Ed. Flammarion), qui explore son rapport à l’alcool comme une norme sociale avec laquelle elle a grandi puis comme une norme de transgression en tant que femme indépendante. Un cheminement passionnant qui lui permet d’aborder des questions qui le sont rarement et de parvenir à cette conclusion : être sobre peut aussi être subversif.
Le mois de janvier est marqué par la possibilité de faire le « Dry january ». Ce genre d’événements, pour vous, c’est de la communication ou pensez-vous que cela peut aider à faire le point sur sa consommation d’alcool ?
J’ai toujours été en faveur du dry january parce que cela permet de questionner notre consommation d’alcool. Mais personnellement, je ne l’ai jamais fait. Avant d’arrêter définitivement, je n’ai jamais réussi à arrêter. Je n’en étais pas capable, je buvais tous les jours ou quasi et depuis longtemps. Je suis issue d’une famille où l’alcool est très présent, très festif. Mais petit à petit et pour un faisceau de raisons je me suis auto-intoxiquée. J’avais une consommation qui était bien au-delà des seuils de l’OMS [deux verres par jour dont deux jours sans]. Pour autant, arrêter n’a pas été compliqué physiquement, mais psychiquement. L’addiction était surtout dans ma tête.
Vous expliquez qu’en buvant, vous aviez le sentiment de devenir une super héroïne, un peu comme une héroïne de série ?
Quand on est femme et que l’on boit, on est moins présentable, moins lisse et moins docile que ce que l’on attend de nous. Je pense que beaucoup de femmes, en tout cas, je l’ai observé autour de moi, s’alcoolisent pour cette raison-là. Pour casser l’image attendue qu’on a de la femme. A 20 ans, j’ai pris l’alcool comme une arme de puissance. Sans doute que dans mon esprit, de façon inconsciente, l’alcool était associé au masculin. Plus tard, je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule. Les personnages de série cool boivent, boivent trop et leur force et leur indépendance sont associées à l’alcool. Mais cette image de l’émancipation associée à l’alcool est évidemment fausse. L’alcool est une arme très ambiguë. L’alcool désinhibe, certes, donne un sentiment de puissance, mais, en réalité, les lendemains sont durs. En buvant, on cherche à mettre un filtre entre nous et la réalité, on cherche à transcender le quotidien. Mais la réalité nous rattrape toujours et, entre-temps, on s’est bien abîmé.
Vous écrivez que votre alcoolisme avait à voir avec un refus de votre genre, c’est-à-dire ?
Jeune, j’étais androgyne et sportive. Et j’avais du mal avec le fait d’être une femme. J’ai été anorexique et l’alcool a suivi pour me maltraiter un peu plus. J’ai découvert en rencontrant Fatma Bouvet de la Maisonneuve, qui est psychiatre et addictologue à l’hôpital Sainte-Anne, que c’est un parcours fréquent. En tant que femme, on est soumise à beaucoup d’injonctions et l’alcool permet soit d’exprimer notre colère, soit de nous éteindre. Cela permet de s’énerver entre nous pour des sujets dont on ne parle pas publiquement. Comme un pansement.
Comment avez-vous mis le doigt sur votre problème d’alcool ?
Je crois que j’ai toujours eu conscience de la place trop importante qu’occupait l’alcool dans ma vie. Mais le déclic a été de voir le regard de mon conjoint sur moi quand j’étais bourrée, lors d’une fête en Bretagne le 31 décembre 2019. Je comprends alors que je suis sur le point de le décevoir et peut-être de le perdre. Or, en 20 ans, l’alcool s’était trop souvent imposé dans mon rapport à l’autre, à l’amour, à la féminité. Et lui était tellement important, je me suis dit cette fois-ci ce n’est pas possible. Le lendemain, j’ai décidé d’arrêter l’alcool.
Qu’est-ce qui change avec la sobriété ?
Arrêter l’alcool c’est repenser son rapport à l’autre. En étant alcoolisé on montre une partie de soi qui n’est pas soi, en ce qui me concerne en tout cas. Avec l’alcool, j’étais dans une sorte de fuite par rapport à mon genre et à ce que je suis vraiment. Donc, en arrêtant l’alcool, il faut remettre les choses en place avec les autres. Avec les images du passé, les violences et les ruptures que cela a pu engendrer, qui reviennent aussi. Mais une fois que l’on a passé ce cap, c’est très fluide. Et les relations avec les autres n’en sont que meilleures. Cela permet d’avouer qu’on est bien avec quelqu’un comme on est vraiment.
Néanmoins, vous racontez qu’annoncer à votre entourage que vous arrêtiez l’alcool n’a pas toujours été bien reçu…
Quand on arrête l’alcool, on tend un miroir à l’autre sur sa propre consommation. Et souvent cela fait mal. On est dérangeant parce qu’on devient spectateur de l’ivresse des autres. Cela nécessite beaucoup de dialogues avec ses proches. Car individuellement notre consommation d’alcool est finalement quelque chose que l’on questionne peu.
L’alcool, dites-vous, est une sorte de norme, associé au fait de bien vivre.
Le cool c’est l’alcool. On ne nous laisse pas le choix. Et, en ce sens, c’est une norme. On est soumis à une obligation inconsciente de boire pour appartenir au groupe, pour faire partie de la fête. Mais ce n’est pas si festif de boire et pas si drôle non plus. Il y a vraiment une croyance populaire à remettre en question et un héritage culturel, qui va des écrivains à Gainsbourg.
La sobriété, c’est un autre rapport au monde ?
On est dans une telle période de questionnements sur le monde d’après, collectivement, individuellement… La sobriété est une valeur qui tant sur le plan de la consommation que sur le plan économique me paraît intéressante. C’est s’autoriser à être éveillé par rapport à nous-même et au monde qui nous entoure. Mais il nous manque des exemples de gens qui parlent de sobriété de façon positive. Honnêtement, j’avais des visions assez négatives des gens qui arrêtent de boire. Aujourd’hui, je trouve la sobriété assez subversive. Mais c’est parce que j’ai trouvé des exemples inspirants chez les Alcooliques anonymes, mais surtout auprès de mon conjoint, qui a lui-même a arrêté de boire. Cela donne l’élan nécessaire.
A la fin de votre livre, qui est un journal de votre sobriété, vous évoquez la possibilité de reprendre l’alcool avec parcimonie, est-ce toujours le cas ?
Non, plus maintenant, je n’ai plus envie de partir en arrière. L’alcool ne me manque pas
Le décryptage de Claire : Couche-t-on avec un métier ?
29 février 2016
Par Claire Touzard
Claire Touzard est journaliste à Grazia. Toutes les semaines, elle décrypte une question de société.
"Non mais, moi, une relation avec un photographe, no way." J'entendais cela dans une galerie. Un garçon accoudé, en bomber bleu, observait une de mes amies. Mais depuis l'énonciation de sa profession, elle préférait lui tourner le dos. Ce qui, en même temps, la positionnait face au champagne - rien n'est jamais perdu. "Le photographe, mauvais plan : il est obnubilé par son métier, il va chercher en toi cette image qui n'existera jamais." Je me demandais dans quelle mesure nous n'étions pas conditionnés par le CV. "Dis-moi quel est ton job, je te dirais comment tu baises", lâche mon amie. Peut-être que la crise a accentué cette vision-là. A force de mettre notre travail au coeur de notre vie, de se battre pour un CDD, il est devenu la grande définition par excellence. On est pieds et poings liés à lui, via les portables, les mails, les Instagram et les Facebook. On y est connecté à chaque instant : il est nous. Le job devient un élément de caractère. On ne dit plus "il est sensible" ou "il est colérique" mais "il est DJ". Quitte à en devenir un label qui se scotche sur l'ensemble de votre vie.
Ainsi je me souviens d'un ex-petit ami, extrêmement passif agressif, qui avait lâché cette belle phrase : "Ça ne m'étonne pas que vous, les journalistes, vous n'ayez pas de mecs, vous ouvrez tout le temps votre gueule." Journaliste : il s'agissait visiblement d'un label approuvé. Exploratrice, spirituelle, mais chieuse et mauvaise à marier. "Grand reporter de l'amour foireux, c'est un peu moi, tu me diras", me lance mon amie, qui exerce ce même travail intellectuel précaire. Sans doute aussi que nous passons tant de temps dans nos emplois que nous ne voyons plus les barrières entre ce qui est nous et ce qui est un nous formaté pour cette profession-là. Les réseaux sociaux mêlent les deux, grands shakers flous de nos différentes vies. Nous devenons des professionnelles de l'intime, et à l'inverse, le travail embrasse de plus en plus d'affect car il est fragile, il faut s'y arrimer plus que tout. On a lâché le mec en bomber bleu pour aller écouter Young Girls, des Sparks, chez une amie, en se demandant ce qui nous définissait au juste, loin de ce que l'on fait 90 % du temps. Un morceau aimé communément, une phrase qui nous ressemble, un refrain des Sparks. Qui sait.
Infos
Rédactrice en chef presse et TV. Reporter et réalisatrice.
Rédactrice en chef du magazine Grazia Hommes. Reporter, chroniqueuse, pour le magazine Grazia.
Anciennement rédactrice en chef de l’émission La Mode La Mode La Mode (Paris Première) et réalisatrice pour diverses émissions sur Canal +, Paris Première ou France 2.
Expérience
Flammarion Écrivain janv. 2020
Durée d’emploi 1 an 2 mois
Freelance: GQ, Les Echos, Air France, Rika Magazine
Dates d’emploi avr. 2019
Durée d’emploi 1 an 11 mois
Mondadori France
Durée totale 6 ans
Poste Rédactrice en chef Grazia Hommes
Dates d’emploi sept. 2016 – avr. 2019
Durée d’emploi 2 ans 8 mois
Poste Reporter et chroniqueuse société pour Grazia. Rédactrice en chef de l'appli "Grazia Daily" Cannes.
Dates d’emploi 2013 – avr. 2019
Durée d’emploi 6 ans
Paris Première
Rédactrice en chef de La Mode La Mode La Mode sur Paris Première
Dates d’emploi sept. 2012 – sept. 2013
Durée d’emploi 1 an 1 mois
Emission Avant-Première / France 2
Reporter et réalisatrice pour l'émission culture "Avant-Premières" sur France 2.
Dates d’emploi 2011 – 2012
Durée d’emploi 1 an
Libération Médias
Reporter pour Libération, Libération Next, Double Magazine, Technikart, GQ.
Dates d’emploi 2007 – 2012
Durée d’emploi 5 ans
Paris Première
Réalisatrice de sujets mode pour La Mode La Mode La Mode sur Paris Première.
Dates d’emploi janv. 2008 – janv. 2010
Durée d’emploi 2 ans 1 mois
Radio France
Chroniqueuse pour Le Mouv'.
Dates d’emploi 2010
Durée d’emploi moins d’un an
Emission Culturelle Ça Balance à Paris / Paris Première
Journaliste et réalisatrice pour "Ça balance à Paris" sur Paris Première.
Dates d’emploi 2008 – 2010
Durée d’emploi 2 ans
France Télévisions
Chroniqueuse télé en plateau et réalisatrice de sujets musique pour France 4.
Dates d’emploi 2007 – 2010
Durée d’emploi 3 ans
Louise contre-attaque... Les Francofolies 2011
Réalisatrice pour Culture Pub.
Dates d’emploi 2008 – 2009
Durée d’emploi 1 an
CANAL+
Réalisatrice société pour "Tentations 07" sur Canal +.
Dates d’emploi 2007
Durée d’emploi moins d’un an
Radio France
Assistante à la rédaction sur l'émission culture quotidienne Charivari sur France Inter.
Dates d’emploi 2005 – 2006
Durée d’emploi 1 an
CANAL+
Documentaliste image pour Le Grand Journal, sur Canal +.
Rassurez-vous, il ne s’agit pas du Jacques à la pipe et au solex qui fut un jour censuré ICI
Il s’agit tout bêtement de nippes.
Longtemps le matin, au temps où je nichais dans les bois, j’empruntais la ligne 2 du métro pour me rendre à la station Victor Hugo. Cette ligne, qui part de Nation pour se terminer à la Porte Dauphine, est encore emblématique des groupes sociaux qui habitent Paris, oui il reste du populo du côté de Stalingrad, Barbès, Pigalle, Blanche, et à partir de Montceau on file vers les quartiers huppés.
La ligne est aérienne, près de deux kilomètres en viaduc, soit environ 20 % de sa longueur. Quatre stations sont aériennes, dont celle de Barbès-Rochechouart qui surplombait le navire-amiral du magasin TATI.
Vous me connaissez, j’aime les fripes alors j’y suis allé fouiner, c’était à la fin des années 90.
L’immeuble historique de l’enseigne, situé dans le quartier de Barbès, dans le 18e arrondissement de Paris, est en vente. La municipalité veut y installer des logements sociaux et des commerces.
Juliette Garnier nous résume La fin d’une saga
La fermeture du Tati Barbès signe la fin d’une saga qui a débutée en 1948. Un entrepreneur d’origine tunisienne, Jules Ouaki, ouvre un petit magasin de blanc, c’est-à-dire une boutique de linge de maison, rue Belhomme dans le même arrondissement. Son nom est celui de l’anagramme de Tita, surnom de sa grand-mère Esther.
L’ancien sous-marinier de la France libre vend des lots ; il rachète au comptant des invendus, puis se fournit dans le quartier du Sentier, pour proposer des vêtements bon marché. L’entrepreneur a grandi dans le quartier de la Goulette à Tunis. A Barbès, il reprend la formule de vente au déballage, comme dans un souk. Les vêtements sont présentés en vrac dans des « cuvettes », sortes de bacs où les clients affluent pour trouver la bonne affaire. La formule du « Tati, les plus bas prix » séduit.
Jules Ouaki et son cabas imprimé en Vichy rose, inventé en 1962. Scoop, Gérard Géry, Paris-Match.
M. Ouaki impose son logo au vichy rose d’abord au 4, boulevard Rochechouart, puis sur les magasins voisins, toujours du côté pair. Exigeant, celui qui disait avoir pour devise « Deux yeux pour acheter et un pour vendre » est réputé pour « étrangler ses fournisseurs », rapporte un ancien de ses cadres.
Photo Pierre Boussel, AFP.
Puis Tati s’expatrie place de la République, en 1975, et, rive gauche, rue de Rennes, au rez-de-chaussée de l’immeuble Félix Potin. Dans ce quartier proche de Montparnasse, l’enseigne rencontre un grand succès. Simone Veil y achète « ses cadeaux de Noël », assure Pierre Génichon, un ancien de la maison. Les étudiantes du Quartier latin s’y fournissent en collants mousse à 2 francs. « Il fallait employer des femmes de ménage pour ramasser les sacs Tati dont les bourgeoises se débarrassaient dans la rue », rapporte-t-il.
Tati Barbès demeure cependant le magasin le plus fréquenté. « En 1975, on y vendait 1,5 million de blouses d’écoliers », selon M. Génichon.
A la fin des années 1970, après avoir racheté « les hôtels de passe voisins », rapporte un autre cadre, l’entreprise exploite près de 100 mètres du boulevard Rochechouart. La famille Ouaki met la main aussi sur Le Louxor, un cinéma qu’il veut transformer en magasin.
La folie des grandeurs, les pertes se creusent
Tati devient ainsi le cœur du carrefour Barbès-Rochechouart. C’est aussi un écosystème. M. Ouaki soigne « ses employés », à en croire les anciens. Rue Belhomme, à l’arrière du magasin de Barbès, une cantine sert à déjeuner à tous les salariés et « une tarte et une boisson », à l’heure de la pause. Des colonies de vacances gratuites sont proposées à leurs enfants, « dans le Cantal ou les Pyrénées », rapporte M. Génichon.
Mais, Tati, c’était aussi la « misère sociale », juge aujourd’hui Karl Ghazi, représentant de la CGT commerce de Paris, qui rappelle les conditions de travail « horribles », la « vétusté » des locaux, les salaires « très bas » et le clientélisme envers ses employés non syndiqués ou proches de la direction. Malgré tout, sur Facebook, les 476 membres des « anciens de Tati » échangent souvenirs, photos et vidéos pour évoquer « ce foutoir joyeux ».
En 1982, Jules Ouaki décède des suites d’un cancer. Il n’a pas préparé sa succession. L’un de ses fils, Gregory, reprend les rênes. Il meurt un an plus tard, d’un accident. Les frères de Jules Ouaki reprennent le flambeau. Puis se déchirent. Sa veuve assure la relève.
Le 17 septembre 1986 se produit l’attentat de la rue de Rennes qui fait sept morts. La fréquentation des magasins Tati dévisse, même si dans la France des années 1980, l’enseigne discount continue de faire parler d’elle. C’est rue de Rennes, que l’équipe de Madonna achètera les culottes que la star américaine jettera à la foule lors de son concert au parc de Seaux, le 29 août 1987. Quant au point de vente de Barbès, il reste le meilleur de ses magasins : en 1987, il attire 35 millions de visiteurs dans l’année. C’est alors quatre à cinq fois plus que le Musée du Louvre.
En 1991, à 33 ans, Fabien Ouaki, l’un des cinq enfants du fondateur prend la suite de sa mère. Et, très vite, celui qui aime chanter du rock et élever des chevaux de courses prétend « faire passer Tati du cheap au chic ». Tati ouvre une enseigne d’optique, une agence de voyages, une bijouterie sous le nom de Tati Or, en 1994, rue de la Paix. L’enseigne s’installe aussi en province, à Marseille, en 1997 et à l’étranger (Suisse, Turquie, Liban) et exporte ses robes de mariée à New York, en 1998.
Folie des grandeurs. Les pertes se creusent.
L’enseigne se déploie encore en province, à marche forcée mais, en avril 2017, le groupe Eram jette l’éponge
En 1999, l’entrepreneur obtient une indemnité d’éviction de la compagnie d’assurances AGF, son bailleur, pour quitter son emplacement de la rue de Rennes et laisser la place à Zara. Mais c’est insuffisant pour remettre sur pied Tati. En 2001, les pertes atteignent 6 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 150 millions d’euros. Cinq de ses trente magasins sont fermés. En 2003, Tati dépose le bilan. Presque un an plus tard, l’enseigne est reprise par Vetura, une filiale du groupe familial Eram. La famille Ouaki sort des affaires.
L’enseigne se déploie encore en province, à marche forcée mais, en avril 2017, le groupe Eram jette l’éponge. Au terme de mois de négociations, Tati tombe dans l’escarcelle du groupe GiFi. Son fondateur, Philippe Ginestet, a l’appui des salariés. Pour l’emporter, il promet de ne pas procéder à des licenciements pendant deux ans et surtout de continuer à exploiter le magasin de Barbès auquel les salariés et les élus du personnel se disent tant attachés. Il n’en sera rien. Les travaux de rénovation n’ont pas été entrepris, souligne une élue syndicale.
Le roi du discount est déchu, dépassé, concurrencé aussi par Internet et « Wish », cette application qui vend des articles à bas prix, juge le gérant d’une boutique voisine. Et, à en croire un ancien cadre, le génie des Ouaki n’anime plus l’immeuble. « On entre par une petite porte et on ressort par la grande, celle de l’angle. C’est exactement l’inverse de ce qu’il faut faire. »
Tati vit des dernières heures chaotiques. Le magasin situé à Paris dans le quartier de Barbès (18e arrondissement), ultime point de vente à porter son enseigne, devait initialement fermer ses portes courant janvier. Le groupe GPG (GiFi), qui détient l’entreprise depuis 2017, a annoncé, le 7 juillet 2020, le transfert de dix-huit de ses magasins sous son enseigne de déstockage KLO et la fermeture définitive du magasin historique situé à l’angle des boulevards Barbès et Rochechouart.
Depuis, alors que la crise du Covid-19 ravage le commerce parisien, le groupe fondé par Philippe Ginestet, créateur de GiFi, a discrètement mené des négociations avec les trente-quatre salariés du magasin pour assurer leur reclassement, leur départ à la retraite ou leur licenciement. Ses représentants ont aussi rencontré les élus du 18e arrondissement pour évoquer le sort des employés et celui de l’immeuble haussmannien qui demeure en copropriété entre la famille héritière du fondateur Jules Ouaki et le groupe GPG.
Tous deux ont convenu d’un bail précaire, à titre gratuit, le temps de vendre les 6500 mètres carrés. Ils ont donné un mandat au spécialiste de la transaction immobilière BNP Paribas Realestate, début 2021, pour boucler la cession « au cours du deuxième trimestre de 2021 », selon une source proche de la famille Ouaki, qui refuse de dévoiler le montant attendu.
Mais la municipalité parisienne vient de s’inviter dans le dossier.
Ça c’est une autre histoire qui ne m’intéresse pas.
Fabien Ouaki et Tati. Une affaire de famille
Fabien Ouaki a dirigé le groupe sans la ferveur de son père.
Encore tout récemment, il disait qu'il rêvait de contrôler une centaine de magasins à l'enseigne rose Vichy, multipliant par quatre le nombre de ses commerces. Et envisageait d'ouvrir un restaurant boulevard Rochechouart, à Paris, dans les coursives de la maison de Barbès. Il caressait également l'idée d'ouvrir boutique sur les Grands Boulevards de la capitale. Las, Fabien Ouaki, 46 ans, PDG de Tati, n'ira manifestement pas au bout de ses ambitions : la situation financière de la maison l'a conduit, vendredi, à déposer le bilan du groupe familial (lire ci-contre).
Vrac.
La faute à ce patron atypique ?
Son père Jules, lui, avait la «gniaque». Tout juste débarqué de Tunisie en 1948, il ouvre son premier magasin de 50 mètres carrés au 22 boulevard Barbès. C'est là qu'il invente un concept révolutionnaire dans le commerce français : la fringue en vrac. Il achète des lots soldés qu'il paye cash, fait tourner ses stocks à toute allure et reconstitue l'atmosphère du bazar où les clients peuvent toucher une marchandise à tout petit prix. Des culottes et des collants à 1 franc, des savons et des casseroles, et dès la fin des années 60, des robes de mariée à moins de 500 francs. Les immigrés du XVIIIe de Paris sont les premiers à faire sa fortune. L'idée improbable est devenue un énorme succès qui permet à Jules Ouaki de s'installer en grand à Barbès, puis à République et jusqu'à la rue de Rennes à Paris. Le «cheap» devient branché et les bourgeoises s'en entichent : Azzedine Alaïa, le célébrissime couturier tunisien, a donné à la marque ses lettres de noblesse en lui dessinant une collection. Quand Jules Ouaki disparaît en 1982, Tati semble là pour l'éternité.
Mais il y a un hic : depuis le décès du fondateur, toute la famille se mêle des affaires du groupe. Les deux frères de Jules, ses cinq enfants et son gendre Hubert Assous copilotent l'entreprise dans un joyeux foutoir. Il n'y a pas vraiment de stratégie mais plutôt une sorte de «Soviet Ouaki». Le tout s'accompagne d'embrouilles familiales interminables sous l'oeil impitoyable de la gardienne du temple «Madame Eléonore». En 1991, c'est elle qui propulse le plus jeune des cinq enfants à la tête du petit empire, histoire de mettre de l'ordre. «J'ai pris la direction à la demande de maman», raconte Fabien Ouaki. «Il fallait protéger l'entreprise de nos bagarres familiales. Je me suis retrouvé en première ligne et je devais faire gaffe : ça tirait dans les couloirs.»
Bon fils. Las, de son propre aveu, Fabien, benjamin de la famille, n'était pas un manager. Mais il choisit d'être un bon fils. Pourtant, ses centres d'intérêt sont ailleurs : le rock d'abord, avec le groupe qu'il a formé. Ouaki flirte aussi avec le spiritualisme et accroche pour de bon au bouddhisme du dalaï-lama avec qui il cosigne en l'an 2000 un ouvrage intitulé La vie est à nous. Et puis il y a les chevaux de course, une écurie d'une vingtaine de pur-sang qu'il fait courir aux couleurs du dalaï-lama, orange et bordeaux.
Le PDG de Tati n'en passe pas moins les années 90 à tenter de moderniser la vieille maison. Passer de l'ère des carnets à souche des vendeuses (qui ont perduré longtemps après l'âge d'or des années 60-70) au temps des codes-barres, organiser la logistique et les achats, diversifier les activités commerciales vers la bijouterie (Tati Or), les bonbons (Tati Bonbons), les lunettes (Tati Optique), les voyages... il aura tout essayé. Y compris d'aller s'installer, en 1998, sur la Cinquième Avenue à New York. Un flop terrible.
Concurrence. Et Fabien Ouaki a beau faire, la lourdeur de Tati se révèle trop pesante. La réactivité du groupe est beaucoup trop lente : les Zara et autres H & M lui taillent des croupières à coups de nouvelles collections permanentes. Et des coûts de fabrication ultra bon marché : pendant que Ouaki se perd dans la joaillerie et la confiserie, les autres grandes enseignes de la distribution font fabriquer en Asie des dizaines de milliers de pièces de confection qu'ils revendent à des prix de plus en plus bas. Tati ne peut bientôt plus concurrencer les Auchan (enseigne Kiabi) et autres Vivarte (La Halle aux vêtements) : là où Ouaki passe commande pour 5 000 ou 7 000 pièces en Thaïlande ou en Chine, ses compétiteurs cassent le marché en commandant des lots de 30 000 à 40 000 pièces.
Et puis il y a l'argent, qui commence à manquer. En 1995, Fabien s'est endetté avec deux de ses frères Albert et Sylvain et sa soeur Esther, pour racheter à leur mère la totalité du capital de la marque. Fabien devient premier actionnaire avec 57 % du capital, les autres recevant 14 % chacun. Mais pour devenir propriétaires, ces quatre Ouaki-là se sont lourdement endettés : en l'an 2000, ils devaient rembourser l'équivalent de 200 millions d'ici 2006 à leurs créanciers.
Poker menteur. Quatre ans plus tard, Ouaki est fatigué. Disputes familiales, affaires de moins en moins florissantes : le patron, finalement, aimerait bien quitter le navire. Contre l'avis de ses frères et soeurs, il décide de donner un mandat de vente de Tati à la prestigieuse banque Lazard. Ce qui ne va pas vraiment arranger les négociations, qui ressemblent de plus en plus à une partie de poker menteur. Un jour, Ouaki affirme à qui veut l'entendre qu'il a reçu une «offre ridicule» de 300 millions de francs, un autre qu'il a refusé une proposition à 600 millions.
Que s'est-il passé ?
La famille s'est-elle opposée à la vente ?
Lui laissait entendre qu'il faisait monter les enchères entre les acheteurs potentiels, notamment les frères Grosman, propriétaires de Celio. Et que la notoriété de la marque et les emplacements immobiliers de Tati, surtout à Paris, valaient de l'or : «Tati, c'est plus d'un milliard de francs de chiffre d'affaires, plus de 30 magasins, 25 millions de clients et des sites inestimable, disait-il à l'époque. Tout cela vaut de l'argent.» Un avis que n'ont jamais partagé les banquiers du secteur : «Cette maison est un vrai foutoir», affirmait l'un d'entre eux. «Il faut attendre que le prix demandé par Ouaki baisse. Et encore, même pas cher, je ne suis pas certain que cette affaire vaille la peine.» En désespoir de cause, Fabien Ouaki a fini par retirer son mandat à la banque Lazard. Et s'est mis à chercher du cash seul. Quitte à vendre le magasin de la place de la République à Paris, voici deux ans. «A un très bon prix», dit-il. Avant, en 1998, il y avait eu la vente en or massif du Tati de la rue de Rennes.
Partage. A bout de souffle, Ouaki est allé chercher un spécialiste de la grande distribution en 2001 pour en faire son directeur général, partageant pour la première fois le pouvoir avec un étranger à la famille. Redresseur de la marque Jacadi, Christian Raillard voulait redonner à Tati son statut de bazar de centre-ville. Et d'ouvrir deux magasins dans Paris intra-muros Italie 2 et rue Réaumur pour donner le ton. Raté. Toujours à court d'argent, Fabien Ouaki a fini par vendre à la Mairie de Paris l'ancien cinéma Le Louxor, boulevard Barbès, pour 1,3 million d'euros. Ça n'aura pas suffi.
Face à ce titre ne me dites pas : « Non, mais t’as bu l’eau des nouilles toi, toi ! »
En argot : « Tu racontes n’importe quoi »
Ni « ce qu’il peut être nouille ! » personne niaise et peu énergique.
Ou encore « Tu as le cul bordé de nouilles ! » être très chanceux ; avoir beaucoup de chance, c’est vulgaire.
Je vous fais grâce du « se toucher ou de s’astiquer la nouille ! »
Mon art, certes culinaire, ce dimanche s’apparentait au fameux « art nouille », façon péjorative de qualifier les éléments ornementaux de l'art nouveau.
« Au style‑nouille en architecture et en littérature correspond la morale‑nouille ». Paul Morand
« En France, l’Art nouveau est aussi appelé Style Nouille par ses détracteurs à cause des formes caractéristiques en arabesques, ou encore Style Guimard en référence aux bouches de métro parisiennes conçues par Hector Guimard en 1900.
Dans diverses disciplines, certains noms ne vont pas vous paraitre étrangers : Les célèbres frères Daum, Émile Gallé, Jacques Grüber, et d’autres artistes moins renommés dans le domaine de la verrerie. Un maitre verrier, bijoutier et joailler qui a fait rêver des générations : René Lalique. » ICI
La nouille, dans l’univers des pâtes, est le parent pauvre, et même, de nos jours, à ranger au rayon des oubliées. Et pourtant dans mon goût d’enfance la nouille occupe une place de choix car c’est par elle qu’est née mon addiction à la pasta, c’était des Rivoire&Carret dans leur petite boîte rectangulaire de 250 gcartonnée bleue, même que ma sœur et mon frère m’en offrirent 20 boîtes, soit 5 kg, en plein déjeuner de mon premier mariage, à l’hôtel-restaurant Cabanétos de la Mothe-Achard.
Enfin, pour clore mon chapitre nouille, et en cela je me rapproche de mon sujet du jour, Philippine de Rothschild, lors d’un déjeuner avec les journalistes amateurs de cigares, le CIJAC, nous fit découvrir son gratin de nouilles.
J’ai déjà commis le 11 octobre 2008 une chronique :
L’art d’accommoder les restes : le Gratin de nouilles à l’émincé de pot-au-feu ICI
Je ne vais donc pas vous refaire le match mais simplement vous poster les photos de mon plat du dimanche exécuté avec les restes de mon pot-au-feu queue de vache. ICI Il fait un temps de queue de vache direction Hugo Desnoyer arrosé d’un Grotte di Sole
Votre Taulier ne rechigne jamais, même pendant les mois d’été, à explorer les plis et les replis de la libido du buveur. Mais, comme il est aussi un fieffé ramier, il ne crache pas sur le recyclage de chroniques anciennes. Pour sa défense, celle que je...
Puisque certains n'ont pas compris mes conneries de la saison 1 ICI link j'en remet une louchée. C’est donc l’histoire d’un mec qui passait sa vie avec les bandits manchots dans les casinos. Il jouait à tout. Il pariait sur tout. Il grattait. Il se faisait...
Fenêtre sur cour, L’amour Est un crime parfait, Des mots noirs De désespoir Jetés sur un petit carnet. Mère au foyer sans foyer À nue Toute nue. Sur sa peau lisse tout glisse. Ses grains de beauté Fixés sur mes clichés volés. Sente blanche de ses hanches...
1- J'adore les mecs, le cul vissé sur le siège de leur scooter, qui m'invectivent parce que sur mon vélo je ne démarre pas assez vite aux feux tricolores... Bienheureux les beaufs ! 2- J'adore les nanas, les fesses posées sur le cuir des sièges de leur...
Sur la Toile faut s’attendre à tout lorsqu’on est comme moi un VB, vieux blogueur, un VC, vieux con, un VD, vieux débile qui crache sa bile comme dirait l’immense Mimi, mais un qui a aussi le bras très long, un influenceur de Première League, un gars...
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