Une tête bien faites, rencontrée dans le bouiboui du haut de Ménilmontant, le Lapin Blanc, un certain Jérémie F. Bartomeu, émigré chez les Helvètes pour fuir la police macroniste, tout en rêvant que je lui accrochasse « le poireau » au revers de son bourgeron révolutionnaire, sur Face de Bouc, a fait de la réclame pour un nectar qui pue, millésime 2019, baptisé Potlatch.
Ce vin nu est l’oeuvre « du compagnon Mathieu Léonard, spécialiste de la Première Internationale, activiste du CQFD Mensuel, vigneron à Rasteau. » Éditions Libertalia (12, rue Marcelin-Berthelot 93100 Montreuil. Les éditions Libertalia éditent des livres de critique sociale (histoire, littérature, rock'n'roll...) et animent une librairie à Montreuil.)
Voici ce qu’il écrit sur sa page Face de Bouc :
Nous y sommes.
Le millésime Potlatch 2019 est dans les quilles, prêt à rencontrer ses buveuses et buveurs.
Tout ça est évidemment encore très nouveau pour moi, et rien n’aurait été possible sans la transmission de Jean-Claude Leyraud, vigneron retraité très actif, qui m’a d’abord laissé deux parcelles de vieilles vignes en fermage à Rasteau et à Tulette il y a deux ans « pour me faire la main » et a laissé à ma disposition une partie de son outillage et sa cave à Rasteau, tout en me distillant expérience et savoir-faire au fur et à mesure du processus. La commercialisation de cet ouvrage commun se retrouve désormais sous l’étiquette Potlatch. Naguère, le vin de Jean-Claude portait le nom de Le Serre des pins.
Pour l’esprit et la pratique, je ne peux que m’inscrire dans la démarche qui est la sienne depuis plus de trente ans.
Comme la définir ?
Celle d’un discret artisan en vin vivant, peut-être… En tout cas, Jean-Claude a toujours cultivé la simplicité. Comme il l’écrivait dans CQFD :
« Alors que l’artisan savait s’effacer derrière le produit de son savoir-faire, on en est venu à survaloriser le vigneron, certes méritoire, en lui accordant un statut d’artiste. [...] Alors qu’il s’agit tout simplement de vrais vins, de bons vins, que l’on reconnaît surtout en bouche au fait qu’ils passent avec fluidité, et laissent une impression d’harmonie. »
(« Vin naturel: dynamique ou produit fini ? », paru dans le dossier « Vins libertaires et bières sociales », CQFD n°122, mai 2014.) ICI
Pour autant, les amateurs savent immédiatement reconnaître et apprécier l'exceptionnelle personnalité du vin de Jean-Claude.
Dans cette continuité, Potlatch est donc un vin rouge issu de raisins cultivés sans recours aux produits chimiques de synthèse et récoltés à la main. Un vin « tout raisin » élaboré dans la rusticité, sans intrants, sans technologies œnologiques, sans sulfites ajoutés ni levures artificielles, sans filtrage, sans machine à la cave – le fouloir, le pressoir, la pompe à piston, la boucheuse sont manuels –… et sans autre mystère que celui de l’alchimie du vin.
Issu de terroirs côtes-du-Rhône Villages, l’assemblage est 60 % grenache, 20 % carignan, 15 % syrah et 5 % mourvèdre.
Sa robe est de couleur pourpre profond. Ample et long en bouche, il libérera des arômes intenses de fruits rouge et noir, avec une note cerise confite.
Il chiffre à 15 % vol.
C’est donc un aliment tannique et puissant mais parfaitement digeste.
Ah oui au fait, pourquoi « Potlatch » ?
Sans doute en référence à de vieilles lectures ethnographiques et au bulletin éponyme de l’Internationale lettriste. Le potlatch en soi fait référence à une cérémonie chez les Indiens de l’Ouest de l’Amérique du Nord reposant sur le don ostentatoire et la destruction de richesse. Cette fête était aussi un rituel de défi entre chefs indiens – la prodigalité des uns obligeant les autres à une surenchère. Peu de temps après m’être arrêté sur ce choix de nom, je lisais dans l’ouvrage de Christelle Pineau, "La Corne de vache et le microscope" (La Découverte, 2019) que l’esprit du don qui prévaut dans le milieu des vins nature – et que j’ai rencontré chez Jean-Claude Leyraud – « exclut toute notion de potlatch [car] la dimension d’honneur et de supériorité n’intervient pas dans ce type d’échange qui reste amical et égalitaire. »
Caramba, ce n’est pas faux, néanmoins j’ai souhaité garder ce nom parce qu’il sonne bien et qu’il ouvre à d’autres discussions – ce qui me semble un des objectifs du boire-ensemble.
Sa signification n’est donc pas à prendre au cep…euh, au pied de la lettre. J’espère juste que ce vin saura accompagner de belles fêtes comme des moments intimes ou de convivialité tout aussi mémorables.
Si tout cela vous a mis la pépie, reste la question de la distribution.
Si vous connaissez des cavistes, cantines, épicemars corrects, Amap, lieux collectifs ou librairies (une ou un bonne librairie est forcément une libraire qui boit du vin) qui seraient intéressés pour distribuer Potlatch, faites passer le mot.
Mathieu « Matéo » Léonard
Face aux Dentelles de Montmirail, « où il n’y a pas de repli, seulement une patience millénaire sur laquelle nous sommes appuyés » (René Char).
J’ai établi son prix public de lancement à 12 euros.