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3 février 2023 5 03 /02 /février /2023 17:54

- Tu montes, cariño?

- C'est combien?

- 100/100…

 ou le Jumillagate d'Uncle Bob…

 

« Ce n’est pas très compliqué, si tu vis une grande expérience, tu t'exclames WOOOW! Un bon film porno ou un grand vin, je sais les reconnaître sans difficulté! ». Jolie profession de foi qu'on imagine volontiers auréolée de rires gras… Enfin bon, c'est ainsi que, le 17 janvier dernier, à Barcelone, le pédo-psychologue américain Jay Miller, plus connu désormais pour ses talents de dégustateur, définissait son imparable méthode-à-Mimile. Car cet élégant bipède se doit d'être infaillible, il a droit de vie ou de mort sur une bonne partie des cuvées fabriquées spécialement pour aller égratigner le compte en banque des nouveaux (et riches) œnolâtres des pays émergents. Pour le compte de son ami de 30 ans, Robert Parker Jr, le “gourou” himself, Dr Jay Miller note les vins espagnols, sud-américains, grecs et australiens du Wine Advocate. La suprême touche d'élégance, la classe ultime, le petit plus, c'est son truc…

JayMiller.jpg

Allez, pas de langue de bois! Jay Miller, surnommé Jabba the Hut par des blogueurs américains, est un personnage assez peu ragoûtant que le Mondovino chouchoute et caresse jusqu'à plus soif, auquel on fait des risettes puis sur lequel on vomit discrètement dès qu'il a le dos tourné. Sur son compte a circulé bon nombre de rumeurs concernant de prétendues malversations, des ardoises laissées ici et là, des corruptions jusqu'à présent jamais avérées et toujours soigneusement désamorcées par Uncle Bob. Mais voilà, depuis la semaine dernière, se balade en Espagne un document compromettant: un email, envoyé aux domaines de la DO Jumilla dans lequel l'ASEVI, l'association des entreprises viticoles de ladite DO, monnaye purement et simplement les bons services de Dr Jay. Le coût de sa visite dans l'appellation y est estimé à 29000 €. Pour mériter sa noble présence, il faut donc payer: 200-300€ par échantillon goûté, 500€ pour chaque vin goûté en public et 1000€ en plus pour une visite à la bodega. Que voulez-vous, l'impartialité a un prix!

Email12 

Dès lors, plusieurs questions se posent, dont la première, comment est « sorti » ce document? C'est évidemment un des nombreux vignerons destinataires qui est à l'origine de la fuite. Apparemment, il y a des mauvaises habitudes qui commencent à agacer dans le mundillo ibérique du vin, du coup naîtraient des envies de ménage et l'on nous laisse entrevoir ce qui pourrait n'être que la partie émergée de l'iceberg. Et à cet égard, la cible ne serait pas tant Jay Miller lui-même (et à travers lui la World Company parkerienne dont il est le plus gros distributeur de 100/100) que son âme damnée espagnole, Pancho Campo. PanchoCampo

Jay Miller et Pancho CampoPancho Campo et Jay Miller, couple improbable mais inséparable, le premier servant de Sancho Panza au second. Ces deux-là sont un peu les Laurel et Hardy du vignoble espagnol. “C’est moi Pancho, c’est toi Jay, c'est toi le gros et moi le petit, et nous sommes de bons amis”, vous connaissez la chanson…

 

Pancho Campo, pour Jay Miller, c'est l'homme providentiel, une sorte de tour-opérateur compréhensif qui organise ses séjours en Espagne comme les tournées d'une rock star. Ancien professeur de tennis d'origine chilienne, entrepreneur de spectacles, Pancho Campo MW a passé avec succès l'examen scolastique des marchands de vins londoniens, ce qui lui vaut d'accoler à son nom les deux initiales MW signifiant, en toute modestie, Master of Wine. Un temps recherché par Interpol à la suite d'un différend avec ses associés à Dubaï à propos d'un concert du fils de Julio Iglesias, Pancho Campo s'est donné pour mission la promotion des vins de son pays adoptif. Héraut de la soupe de chêne glycérinée et de l'extrait de sirop de copeaux, il met sur pied des shows mégalos qui ne sont pas sans rappeler la télévision berlusconienne; après avoir généreusement voulu sauver la terre avec sa World Conference on Climate Change and Wine, ce passionné de Ferrari est récemment devenu l'ami de l'Asie où il organise dans quelques jours Wine Future, évènement monté pour expliquer aux Chinois ce qu'ils savaient déjà sur le vin.

 

Une des autres questions qui se pose, donc, après la divulgation du mail des « tarifs » de Jay Miller à Jumilla est bien sûr le degré d'implication de Pancho Campo dans cette affaire. Je laisse à ceux qui ont encore la candeur d'accorder la moindre crédibilité aux notes du Wine Advocate  en Espagne le soin d'enquêter sur ce détail. Je leur laisse aussi le loisir d'attendre les dénégations du bon docteur et les rappels au règlement d'Uncle Bob et pourquoi pas ceux de la vertueuse institution des Masters of Wine (dont certains membres commencent eux aussi semble-t-il à s'agacer). Peu importe…

Peu importe, parce que franchement, tout cela a un petit côté « fin-de-race », consanguin. Dans le monde du vin aussi les temps changent. Et les prescripteurs changeront. Certes, sur des marchés en cours de formation et avec des acheteurs débutants (ou paresseux), Parker conserve son aura (en attendant son départ à la retraite); on continue d'écouter poliment les considérations organoleptiques des vieux MW sur nos vins (tout en se demandant comment des gens élevés au soda et à la jelly peuvent encore avoir un palais); on feint de croire que la bulle spéculative durera. Et après?

 

Après, ce sera le retour à la réalité, en Espagne notamment où il faudra bien admettre le poids epsilonesque des pseudo grandes cuvées, priorats déliquescents ou riberas épais, que sur-note le pauvre Jay Miller, par rapport aux fleuves de vin de La Mancha lesquels constituent le fer de lance des exportations ibères. Après, il faudra bien consacrer ses efforts au « vrai vin », à celui qu'achète le consommateur final, celui qui se boit et se pisse; car, là encore, avec une pointe de cruauté, je vais revenir à l'Espagne dont une partie de la viticulture aujourd'hui doit s'abaisser à jouer les michetons aussi parce qu'elle a laissé en déshérence son marché national, un marché où l'on ne consomme plus que 17 litres de vin par habitant et par an!

RobertParker.jpg 

Mais dépassons la Péninsule ibérique et cette affaire qui ressemble fort à  un Jumillagate pour nous poser une question dont la réponse coule de source: le vin a-t-il vraiment besoin de ces agences de notations, de ces classements artificiels, souvent brouillons et parfois malhonnêtes? Le consommateur lambda s'en tape. Quant au passionné, à l'amateur confirmé, l'essence même de sa quête est de connaître ses propres inclinations, de découvrir les vignobles et suivre son propre goût; il serait bien ridicule de confier le destin de son palais et de sa cave à de tels oracles. Comme c'est de plus en plus le cas en France où l'on pousse la défiance vis à vis de ce système jusqu'à la caricature, on peut, on doit évidemment  vivre sans ces notes ridicules, aussi ridicules que ceux qui les décernent en prenant un air pénétré. D'autant plus que par leur pseudo-logique anglo-saxonne, elles nous entraînent aux antipodes de ce qui a bâti  l'histoire du vin et qui bâtira son avenir: l'humain, le versatile, la poésie, bref, la culture. Elles nous entraînent aussi à l'inverse d'un art de vivre, d'une gastronomie dont le vin est un élément constitutif mais pas la globalité, et c'est cet art de vivre, ce terroir qu'il convient aussi d'expliquer et d'exporter. Tant pis, donc pour les boursicoteurs avides, pour les dégustateurs pornographes à tendance monosyllabique et pour une certaine pègre à Rolex dorée qui noie sous la vulgarité des paillettes sa profonde méconnaissance d'un antique message qui la dépasse. Le futur du vin, du vin qui se boit, peut et doit se construire sans eux. Avec moins de faux frais et plus de simplicité.

 

Vincent Pousson

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18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 11:05

À ce rythme d’emmerdements à répétition  pour sûr que mon hébergeur va me rendre chèvre avec ses serveurs qui chauffent, qui se plantent, avec ses bugs  comme s’il en pleuvait. Absence des messages d’annonce des chroniques, impossibilité d’inclure des photos sur mes chroniques, ça patine, ça mouline, beaucoup plus de temps passé dans le cambouis que pour l’écriture alors je décrète jusqu’à nouvel ordre l’état de nature. Je fais la planche, je diffère la mise en ligne de certaines chroniques et j’attends…

 

Et si ça vous dit je puise dans les ressources de ma boutique à chroniques :

 

Vin de plâtre  d’abord : «  Cette dernière pratique, qui consiste à introduire dans le vin du sulfate de potasse, est traditionnellement utilisée dans le Midi, en Espagne et en Italie pour éviter que les vins tournent en cas de changement de température. Les caractéristiques de ces vins méditerranéens (forts en acidité et en teneur alcoolique) impliquent aussi des conditions difficiles de transport ; le plâtrage permet de mieux garder le vin. C'est dire que cette technique ne peut être abandonnée qu'au prix d'investissements importants en caves et en procédés de vinification.

 

Cependant, après le phylloxéra, le plâtrage commence à être utilisé aussi pour rendre les vins plus solides, brillants et colorés. Comme l'observe le Journal des chambres de commerce, «  nos pères obtenaient le même résultat d'une façon naturelle en laissant vieillir le vin et en faisant deux ou trois soutirages »

 

Le plâtrage répond donc en partie à un problème ancien puisque, à un niveau de technique donné, il permet de se protéger de certains risques de production. Mais, à partir des années 1880, ce procédé acquiert une autre fonction : il sert à accélérer le processus de fermentation du vin, il vise dès lors plutôt la quantité (éventuellement au détriment de la qualité). De ce fait, on ne peut parler d'un lien univoque entre technique de production et qualité du produit. La même technique, en l'occurrence le plâtrage, peut s'accompagner de perceptions différentes de la qualité du produit et implique des biens effectivement différenciés. En France, le plâtrage est pratiqué surtout dans le Midi, pour faire face aux températures élevées et changeantes. Cependant, dans le Bordelais aussi, il est courant d'importer des vins italiens et espagnols plâtrés, notamment au tournant des années 1880-1890 (...)

 

Extrait de « Histoire de la qualité alimentaire »  Alessendro Stanziani pages 84-85.

 

Le « Vin de Chèvre » ensuite : c’est un vin qui se prépare en Suisse et en Haute-Savoie. C'est du vin blanc forcé, c'est-à-dire mis dans de petits fûts aux douelles prodigieusement épaisses, aussitôt après la pressée. Il y fermente et garde, enfermé dans l'enveloppe de chêne, l'acide carbonique provenant de la fermentation. Lorsque vous ouvrez le robinet spécial ajusté au fût vous avez l'illusion de voir le trait de lait qui s'échappe du pis d'une chèvre ; votre verre est rempli d'une mousse blanche...comme du lait, qu'il est d'usage d'avaler d'un trait.

 

Le vin de chèvre ne se vend pas ; le patron l'offre à ses bons clients qu'il invite à descendre à sa cave, car il se consomme sur place. Il arrive parfois qu'on descende avec plus d'assurance qu'on ne remonte ! "

 

Extrait de Voyages gastronomiques au pays de France de J.-A.P. Cousin chez Ernest Flammarion 1927.

 

Pour terminer les bains de vin :

 

Poppée, la femme de Néron, avait cinq cents ânesses qui lui fournissaient le lait dans lequel elle se lavait. L'élégant Brummell, alors qu'il était en prison pour dettes à Caen, se faisait apporter dans sa cellule du lait qui servait à ses ablutions. Quant à madame Tallien, elle affectionnait particulièrement les bains aux fraises écrasées, mélangées à des framboises très mûres. Law, le financier de papier, ajoutait des jaunes de cent œufs à son bain. Parfois il se servait de bouillon de veau et ce fut lui qui lança la mode des escalopes appliquées sur la peau.

 

Au XVIIIe les femmes de cour firent fréquemment usage des bains de vin. Un marchand de vin, adepte du marketing de l'offre, recommandait pour ce faire son fameux vin de Malvoisie. Son annonce ajoutait « le même vin peut être employé au moins cent fois si l'on a le soin de le remettre, après chaque bain dans le tonneau »

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3 novembre 2022 4 03 /11 /novembre /2022 06:00

Bobby Fischer (à droite) et Boris Spassky, lors de la dernière partie de leur match de 1972. 

KEYSTONE

Moi bien sûr, la guerre froide, le KGB, la CIA, j’ai 24 ans, les échecs ne sont pas ma tasse de thé, pas assez intelligent, peu porté sur le maniements de stratégies ICI Bref, ce qui me passionnait c’était le bras de fer entre le bloc soviétique et le « monde libre » dans une période dite de détente.

 

Comme j’attendais l’heure de la représentation à la Comédie Française, j’ai porté mes pas à la librairie Delamain où j’ai acquis :

 

Le coup du fou Alessandro Barbaglia

Jean-Luc Defromont (Traducteur)

EAN : 978B0BG5PF7Z2

223 pages

LIANA LÉVI (06/10/2022) ICI

 

 

Mardi 11 juillet 1972, ouverture du championnat du monde d’échecs. En arrière-plan la guerre froide qui oppose Union soviétique et États-Unis. Les caméras du monde entier sont braquées sur l’Islande, où auront lieu en mondovision les rencontres entre les deux compétiteurs : le Russe Boris Spassky, champion en titre depuis 1964, et l’Américain Bobby Fischer.

 

Ce dernier est un être qui vit enfermé dans sa bulle, s’exerce seul à ce jeu depuis l’âge de sept ans, boit chaque jour des litres de lait Holland et uniquement de cette marque, refuse toute compétition le samedi car son gourou le lui interdit…

 

La victoire d’un des deux joueurs aurait sans doute un impact politique, et le narrateur ose un parallèle avec une autre guerre qui a vu s’affronter Orient et Occident, la guerre de Troie. Mais, chemin faisant, les souvenirs d’enfance remontent, inexorables et chargés de sens, qui font ressurgir du passé le père disparu du narrateur.

 

Les échecs défraient les manchettes alors que le match le plus attendu de l'histoire débute à Reykjavik, en Islande, entre le champion mondial, le Soviétique Boris Spassky, et l'aspirant américain Bobby Fischer. Cet affrontement survient pendant la « détente», une période d'apaisement dans la Guerre froide qui oppose les États-Unis à l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).

 

La longue tradition de domination soviétique aux échecs se poursuit au début des années 1970. Le champion du monde est alors Boris Spassky, un natif de Leningrad qui détient le titre mondial depuis juin 1969. En août 1972, Spassky doit défendre son titre face à l'Américain Bobby Fischer, un aspirant redoutable réputé pour la qualité exceptionnelle de son jeu et ses excentricités. Cette confrontation entre un Soviétique et un Américain, sur toile de fond de la rivalité entre les deux superpuissances, fascine l'opinion publique même si les relations entre les États-Unis et l'URSS connaissent une période de réchauffement (la détente). En mai 1972, Richard Nixon est devenu le premier président américain à visiter l'URSS. À cette occasion, un traité de limitation des armes stratégiques (Salt I) est même signé entre les deux superpuissances. Une odeur de Guerre froide plane néanmoins sur l'échiquier alors que les exigences de Fischer créent des tensions et laissent même croire, pendant un moment, que le match sera annulé. Il débutera finalement le 11 juillet. Le 1er septembre 1972, il se solde par la victoire de Fischer (12 points ½ contre 8 ½) qui devient le premier Américain à détenir le titre mondial aux échecs. Cette brèche dans l'hégémonie soviétique a un grand retentissement aux États-Unis où les échecs vont connaître une hausse de popularité marquée. Le règne du nouveau monarque sera toutefois de courte durée. Après avoir demandé en vain des modifications aux règles lors des matchs de championnat du monde, Fischer refusera de défendre son titre qui passera aux mains du Soviétique Anatoly Karpov en 1975.

 

Dans les médias...

 

Jean-Francis Held, « Voulez-vous jouer avec eux ? »

 

« ...Les Islandais ont beau vibrer, le sort de l'O.T.A.N. n'est pas accroché à l'issue du combat. Pas complètement. Mais si le titre quitte l'U.R.S.S. après vingt-cinq ans de lourde suprématie, ça fera mal. Ou alors, les journalistes soviétiques, déplacés en masse, n'auraient pas été rappelés comme un seul homme dès que le vent a fait mine de souffler aigre. Quatre millions de joueurs licenciés, trente-six « grands maîtres », des serveurs de restaurant qui roquent au lieu d'apporter les zakouskis, la dialectique scientifiquement et collectivement appliquée, tout ça balayé par le transcendant caprice d'un sale voyou individualiste, c'était dur à avaler. »

 

 

Le Nouvel Observateur (France), 14 août 1972, pp. 22-23.

 

Roger Lemelin, « La solitude de Bobby Fischer »

 

« ... Spassky a été battu par ses propres qualités d'homme sensible et intelligent. Aussi grand joueur que Fischer, la férocité en moins, il a commis des fautes commandées par l'émotion, pour laquelle les joueurs d'échecs en général ont du mépris et sur laquelle ils comptent comme sur un atout majeur. Pauvre et grand Spassky. De retour en Russie, connaîtra-t-il maintenant le sort de tous ceux dont il est, amis de Soljenytzine (sic) ? Cet homme de cœur, que nous aimons mieux que Fischer, portait sur son cerveau, devant l'échiquier, toutes les Russies, Fischer ne portait que Bobby Fischer. Qu'il se contente de notre admiration, nous continuerons de préférer les hommes de cœur. Et il jouera contre nous tous en simultanée et nous battra : nous continuerons d'être solidaires et de pousser nos pions en nous rabattant sur la consolation d'avoir du cœur, d'être au moins éclectiques et équilibrés. Fischer continuera sa route, superbe et solitaire. Il est le champion. »

 

 

La Presse (Québec, Canada), 2 septembre 1972, p. D5.

 

S.A., « Champion Fischer »

 

«...From a wider perspective, the Fischer-Spassky match had a unique political importance. Except for one unfortunate lapse by a Spassky second, presumably acting under instructions from Moscow, it did not touch off nationalistic rivalry of the kind many had feared. Instead, Spassky had many supporters in the United States from among those who were irked by Fischer's mode of psychological warfare. In the Soviet Union conversely, many hoped for a Fischer victory, not least because they admired his assertiveness and his refusal to be bound by overrestrictive rules. The result was an atmosphere that, for all its tenseness, contributed to improving the broader ambiance of Soviet-American relations. The best man clearly won in Reykjavik, and Russians and Americans joined in applause along with millions from the rest of the world. The Fischer era of chess has begun, and it promises a brilliance and excitement this ancient game has never before known. »

 

 

New York Times (États-Unis), 2 septembre 1972, p. 20.

L’écrivain Alessandro Barbaglia trouve une jolie combinaison littéraire avec son «Coup du fou».

Une histoire de fils sur trois échiquiers

 

Dans « Le coup du fou», l’Italien Alessandro Barbaglia évoque le souvenir de son père disparu, l’«Iliade» et le match Fischer-Spassky de 1972. ICI 

 

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1 novembre 2022 2 01 /11 /novembre /2022 06:00

Pourquoi Albert Einstein tire la langue sur sa légendaire photo ? - NeozOne

Attendu que chez la libraire d’en face de Georgette Café, le pourtour de la caisse est inondé des livres d’Annie Ernaux ;

 

Attendu que j’adore les petits livres que l’on peut glisser dans la poche intérieure de sa veste ;

 

Attendu que beaucoup de 68 hard exhibent sur leur tee-shirt délavé le portrait où Albert Einstein tire la langue ;

 

Attendu qu’Houellebecq a écrit les Particules Elémentaires mais a fait chou blanc pour le Nobel ;

 

Attendu que beaucoup pensent que la physique quantique est inabordable, alors LISEZ

 

 

Einstein et les révolutions quantiques

 

 

Alain Aspect, y raconte avec passion l'une des révolutions majeurs du XXe siècle, la mécanique quantique. Plus exactement, il décrit non pas une mais deux révolutions auxquelles Einstein a contribué. Elles font le charme de cette théorie qui, bien que s'appliquant à l'infiniment petit, a des répercussions à notre échelle : laser, disque dur, circuits imprimés...

 

La première révolution détaille comment des particules peuvent être à la fois des ondes et des objets matériels.

 

La seconde explique que des objets peuvent être dans plusieurs états en même temps. Cela peut sembler très bizarre, mais le talent du physicien et académicien, pas encore Nobel en 2012, est de parvenir à le faire comprendre assez facilement.

 

LA PREMIÈRE RÉVOLUTION QUANTIQUE ET LA DUALITÉ ONDE-PARTICULE

 

La première révolution quantique qui naît sous l’impulsion d’Einstein au début du XXe siècle, bouleverse notre vision du monde et fait émerger des concepts surprenants comme la dualité onde-particule.

 

LA DEUXIÈME RÉVOLUTION QUANTIQUE ET L’INTRICATION

 

Moins connu est le développement d’une deuxième révolution quantique initiée en 1935 par Einstein, Podolsky et Rosen et par Schrödinger, et rendue possible à partir de la fin des années 1960 par l’expérimentation sur des particules individuelles. Cette révolution, qui se déroule encore sous nos yeux, repose sur le principe étrange de l’intrication selon lequel deux particules qui ont interagi se comportent de manière extraordinairement similaire même lorsqu’elles sont éloignées.

 

L’INFORMATIQUE QUANTIQUE

 

Cette notion a été vérifiée expérimentalement par l’auteur au début des années 1980 et connaît déjà des applications concrètes, notamment en matière de cryptographie. Elle pourrait déboucher à terme sur des technologies nouvelles comme l’informatique quantique. Tourné vers une physique d’avenir, cet enregistrement raconte une magnifique histoire de science, dans laquelle l’expérimentation a permis de trancher des débats philosophiques.

 

Alain Aspect

Alain Aspect, prix Nobel de physique 2022 : « La deuxième révolution de la physique quantique ne fait que commencer »

Par Jean-François Haït le 04.10.2022

 

Le prix Nobel de physique 2022 a été attribué au Français Alain Aspect, à l’Américain John F. Clauser et à l’Autrichien Anton Zeillinger, pour leurs travaux en physique quantique. Il y a quelques jours seulement, Sciences et Avenir réalisait l'interview d'Alain Aspect pour son hors-série "Les indispensables" dédié à "La grande histoire de la physique" et en kiosque le 21 décembre 2022. Entretien à découvrir en exclusivité sur notre site.

 

REACTION. Sciences et Avenir a recueilli la réaction d'Alain Aspect après l'annonce de son prix : "Je pense à tous ceux qui ont rendu ce prix Nobel possible, à commencer par mon professeur de physique au lycée d'Agen, qui m'a donné le goût de cette discipline, ainsi qu'aux nombreux enseignants, collègues et étudiants. Aux étudiants en particulier, car lorsqu'on enseigne on doit expliquer, et ainsi on comprend mieux ce sur quoi on travaille. Et je pense également à John Bell, qui a écrit les inégalités qui ont permis de trancher la controverse Einstein-Bohr".

 

La suite ICI 

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31 octobre 2022 1 31 /10 /octobre /2022 06:00

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Je joue sur les C, coquin que je suis, certains seront peut-être tombés dans le panneau du roi du surgelés : Picard, dont le slogan est « pour le bon et le meilleur »

 

Ici c’est Vin&Cie et je me dois de signaler que l'histoire de la marque-enseigne commence en 1920, quand la famille Picard rachète Les Glacières de Fontainebleau. De la fabrication de pains de glace à celle de produits surgelés, il n'y avait qu'un pas qui est franchi en 1962 par Raymond Picard lorsqu'il prend la direction de l'entreprise familiale.

 

En 1973 Armand Decelle rachète l'entreprise et lance la vente par correspondance avec un catalogue. Il emploie 12 employés et dispose de 5 camionnettes pour les livraisons.

 

Le destin de Picard est si étroitement lié à celui des Decelle que, même lorsque Carrefour achète la société, en 1994 _ dans l'opération, la famille, propriétaire à 90 %, cède 70 % des actions à Carrefour, qui monte à 74 % dans le capital _, le PDG du distributeur, Daniel Bernard, se garde bien de changer qui ou quoi que ce soit. L'entreprise connaît, depuis, une réussite insolente, avec un résultat net multiplié par 4 entre 1993 et 2000, de 60 à 235 millions de francs (de 9,1 à 35,8 millions d'euros). Aucun concurrent ne résiste au rouleau compresseur de Picard, véritable énigme qui dément, année après année, toutes les études de marché. Et lorsque, meurtri par une douloureuse mésentente familiale, Olivier décide, en octobre dernier, de rendre son tablier, que fait Daniel Bernard ? Il met en vente l'entreprise de surgelés, cédée, il y a peu, à un groupe d'investisseurs.

 

Olivier Decelle, Jean Faure and others... Anthocyanes - Yohan Castaing

 

Olivier Decelle, un vigneron tardif mais offensif

 

L’ancien patron de Picard Surgelés ne cesse de s’imposer à la tête de vignobles : le Roussillon, le Bordelais, la Bourgogne, et maintenant le Rhône. Avec flair et un caractère trempé. ICI 

Bertrand Piccard (Solar Impulse Foundation): "Greta Thunberg et moi sommes  complémentaires" | L'Echo

Mais revenons à nos moutons, ici c’est de Bertrand Piccard, le suisse, dont il est question. à la tête de sa fondation Solar Impulse, espère convaincre les députés français, avec 50 propositions, « prêt à voter », pour protéger l’environnement et diminuer le gaspillage

 

Ecologie : « Bertrand Piccard ne propose pas de changer la société, mais d’en améliorer son efficacité »

 

CHRONIQUE

 

Philippe Escande

 

Son père et son grand-père ont sillonné les océans, il a préféré les hautes altitudes. Bertrand Piccard a tourné autour du monde en ballon, puis en avion solaire, et bientôt en zeppelin. Redescendu sur terre, il explore la jungle de l’Assemblée nationale à la tête de sa fondation Solar Impulse. A la main, un petit bréviaire de 50 propositions, « prêt à voter », pour protéger l’environnement et diminuer le gaspillage. Sa fondation avait, en 2021, identifié 1 000 solutions simples et rentables.

 

Il propose désormais aux politiques non pas de les financer, mais de créer le cadre légal qui leur permettrait de se développer. Cela tombe bien, puisque le gouvernement présente, vendredi 21 octobre, son projet de planification écologique et devrait débattre avec les députés, à la fin l’année, de sa loi sur la transition énergétique.

 

Alors que la France n’est pas en ligne avec les objectifs qu’elle s’est elle-même fixés en matière de transition climatique et environnementale, toutes les idées sont bonnes à prendre, surtout si elles existent déjà.

 

Par exemple,

 

  • imposer une étude sur les possibilités géothermiques pour toute construction neuve ;

 

  • encourager l’autoconsommation collective d’électricité ;

 

 

  • favoriser l’éclairage public autonome à partir de panneaux solaires et de batteries ;

 

  • permettre ou développer l’utilisation de dispositifs de stockage d’énergie, par batterie ou par réservoir d’eau ;

 

  • imposer l’usage de béton bas carbone…

 

Besoin d’un coup de pouce réglementaire

 

Toutes ces solutions existent en France à petite échelle, sont rentables, mais elles ont besoin d’un coup de pouce réglementaire pour se développer. « Je suis contre le fait d’utiliser l’excuse des technologies de demain pour ne rien faire aujourd’hui », explique-t-il.

 

Le Suisse volant profite de sa notoriété d’aventurier pour pousser ses idées. Elles reçoivent une oreille attentive au MoDem, chez Les Républicains, mais moins à gauche de l’échiquier politique.

 

Car Bertrand Piccard ne propose pas de changer la société, mais d’en améliorer son efficacité. Les trois quarts de l’énergie électrique sont gaspillés, assure-t-il, voilà la priorité. Il préfère donc cette notion à celle de sobriété, tout en rejetant le procès en technophilie béate que pourraient lui intenter les Verts, plus séduits par les envolées de l’astrophysicien Aurélien Barrau que par le discours plus terre à terre de l’explorateur.

 

« Mon but est de moderniser le monde, pas de le pousser vers le futur, juste ramener le monde du passé vers le présent », dit-il. C’est le vrai combat idéologique qui attend l’écologie.

 

50 propositions ‘Prêt à Voter’ ICI 

 

Le succès de la transition écologique dépend moins du développement de nouvelles solutions technologiques, que de la création de conditions permettant d’adopter les solutions actuelles et de profiter des bénéfices qui les accompagnent.

 

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30 octobre 2022 7 30 /10 /octobre /2022 06:00

L’heure n’est pas à plaisanter mais que, tout de même, l’évêché de Luçon passa du plus crotté de France a cette exécrable réputation, il y a un pas que l’ancien enfant de chœur confirmé par Mgr Cazaux évêque de Luçon n’aurait jamais imaginé.

 

31 octobre 2018

Cher Jean-Pierre Sautreau votre livre « Une croix sur l’enfance en Vendée », la vôtre volée, violée, martyrisée, par le clergé, est une œuvre de salubrité publique…  ICI 

Évêque accusé de voyeurisme : l'Église veut revoir sa communication - Le  Point

Ancien évêque de Luçon sanctionné pour voyeurisme : en Vendée, la colère d’un collectif de victimes

 

Porte-parole du collectif des victimes de violences sexuelles dans l’église de Vendée, Jean-Pierre Sautreau estime que « l’affaire Michel Santier montre que l’Église continue de protéger non pas les victimes mais les bourreaux ». Il dénonce « une nouvelle offense faite aux victimes ».

 

      

L’écrivain vendéen Jean-Pierre Sautreau est le porte-parole du collectif des victimes de violences sexuelles dans l’église de Vendée. Il regroupe des victimes d’ecclésiastiques ou de laïcs dépendants du diocèse de Luçon. La plupart de ces agissements ont été commis du début des années 1950 jusque dans les années 1980, notamment au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers.

 

  • Évêque de Luçon de 2001 à 2007, Michel Santier a été sanctionné par Rome pour des « abus spirituels ayant mené à du voyeurisme » sur deux hommes majeurs, dans les années 1990. Il était alors directeur de l’École de la foi à Coutances (Manche). Dix jours après la révélation des faits dans la presse, vous êtes toujours en colère ?

 

Oui, c’est le mot. Nous, les victimes qui avons témoigné auprès de la Ciase, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, nous pensions avoir été écoutées. Nous découvrons ces jours-ci qu’au moment même où l’Église fait mine de s’intéresser au sujet, elle couvre des faits : ceux-ci ont été reconnus dès 2019, mais ils ont été tus, simplement sanctionnés en 2021. Cette réaction montre que l’Église continue de protéger non pas les victimes mais les bourreaux, comme dans les années 1950 ! (1)

 

  • Avez-vous connaissance de témoignages de victimes de Michel Santier en Vendée ?

 

Non, pas à ce stade, mais les répercussions dans le département sont tout-de-même très fortes. Ce qui nous fait mal, ce n’est pas tant la découverte d’une nouvelle pratique, avec cette histoire de strip-confession, dans laquelle le pénitent devait enlever un à un ses vêtements, à chaque péché avoué à son confesseur. C’est triste à dire, mais on a entendu tellement d’horreurs que nous ne sommes plus surpris. Ce qui est le plus choquant, c’est le traitement de cette affaire par l’Église en 2019, en plein dans son MeToo. C’est une nouvelle offense faite aux victimes. Ici encore, le sacrement de la confession a été utilisé pour agresser sexuellement, et encore une fois le culte du silence a permis de protéger un agresseur.

 

  • Pour vous, la confiance est remise en cause par cette affaire ?

 

Clairement. J’entends d’ailleurs que certains acteurs de l’Église vendéenne en sont bouleversés. Comment ne pas avoir l’impression que c’est pourri jusqu’à la moelle ? À qui faire confiance ? Dans certains milieux catholiques, en Vendée, on se souvient avec reconnaissance des mots de Michel Santier qui avait exprimé le pardon de l’Église pour les personnes divorcées, les homosexuels (2). Et aujourd’hui, on apprend ces faits incroyables… avec de nouveaux témoignages ces derniers jours… Qui peut avoir confiance dans ce contexte ?

 

  • Comment vivez-vous la réaction de Mgr François Jacolin, l’actuel évêque de Vendée ?

 

Je continue de penser que même s’il y a des phrases maladroites, il faut reconnaître à l’évêque Jacolin un certain courage. Il est l’un des rares évêques français à avoir fait acte de repentance publique pour les victimes de pédophilie dans le diocèse de Luçon, en octobre 2020. Je peux témoigner qu’il y a, dans le diocèse actuel, une volonté de prendre le problème par le haut. Cette nouvelle affaire, même sans victime signalée en Vendée, a sans doute un côté désespérant. On peut supposer que pour certains paroissiens, cela pourrait être le scandale de trop.

 

Contact : https://collectif85.com/

 

(1) Au moment de sa démission du diocèse de Créteil, acceptée par le pape François le 6 juin 2020, Michel Santier avait évoqué des raisons de santé. Il n’a quitté officiellement sa charge que le 9 janvier 2021.

 

(2) Le texte a été lu dimanche 2 avril 2006 à la messe qui ponctuait la dernière assemblée du synode diocésain.

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29 octobre 2022 6 29 /10 /octobre /2022 06:00

Annie Ernaux : l'insoumise | Les Echosblague Annie Ernaux – Blagues et Dessins

Suis pas fan de Beigbeder mais il sait mettre le doigt où personne n’ose le mettre et c’est un vrai bonheur dans un monde si convenu.

 

Le portrait

 

Un barrage contre l'Atlantique” : mémoire d'un jeune homme rangé

 

Frédéric Beigbeder, l’écume des nuits

 

Retrouvailles avec l’écrivain éloigné de Paris et des festivités, qui tente d’édifier un barrage contre le temps qui passe.

 

En dix-sept ans, c’est le troisième portrait de Frédéric Beigbeder dans Libération. Ça fait beaucoup, mais il arrive un moment où la vie est comme ça, faite d’une curiosité relancée par les souvenirs, les répliques, les caricatures.

 

Donc, que devient-il ?

 

Le monde a changé, mais l’auteur de L’amour dure trois ans paraît ce qu’il a toujours été : faux insouciant enjoué, crispé, intéressé. Ceux qui l’ont côtoyé lui reprochent souvent d’être dur, jaloux, de ne rien oublier : la mondanité est un sport de combat.

 

Chroniqueur et publicitaire de lui-même, Beigbeder continue de surfer non sans talent sur l’écume des choses, dans la transparence des poses. Son nouveau livre, Un barrage contre l’Atlantique, est la suite d’Un roman français. Détournant le titre d’un roman de Duras, il y promène son miroir sur la route pour prolonger, en direct et dans le rétro, son personnage moitié Guermantes, moitié Gatsby. Comme d’habitude, ses phrases ont la saveur éphémère des formules « bouclées » :

 

« J’en veux à cette épidémie pour deux raisons : parce qu’elle gâche la jeunesse de ma fille aînée (Chloé, 22 ans) et parce qu’elle me fait regretter la mienne. »

 

Tentez cette expérience.

 

Balancez tranquillement au milieu d’une conversation un nom, un simple nom d’un ton badin : « Beig-be-der ». Inutile d’insister. L’effet produit sera celui d’un ballon lancé sur un terrain de foot : tous chercheront aussitôt à s’en emparer. Chacun aura un avis autorisé, criera son indulgente tendresse ou son dégoût viscéral, détaillera les rumeurs sur sa vie privée – « Laura Smet, c’est fini et bien fini… » –, clamera qu’il a été en classe avec lui, ou encore qu’il connaît quelqu’un qui connaît Machin qui faisait partie du Caca’s Club (1) …

 

ICI 

 

Bref, comme je n’ai pas son talent d’écriture mais que je suis, en plus de licher des vins nu qui irritent tant Michel Bettane, un lecteur compulsif de romans et autres genre de livres ; ce sont les deux postes les plus importants de mon budget de consommation, je profite du sien pour vous confier que je sature depuis qu’Annie Ernaux est nobelisée et portée en étendard par le Mélenchon sénateur à vie, toujours derrière au moment du sprint final.

 

Impossible de dire un mot de trop sur madame Ernaux sans se faire traiter de facho et pourtant, ses romans me sont toujours tombés des mains, elle est pour moi l’étendard du nombrilisme à la française que j’exècre. Les Nobel ont cédé à l’air du temps, c’est leur droit mais je ne céderai pas d’un seul pouce au concert de ses thuriféraires, surtout ceux étiquetés révolutionnaires en peau de lapin.

 

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28 octobre 2022 5 28 /10 /octobre /2022 06:00

Il y a 10 ans 1 petit viticulteur métayer du Beaujolais m’écrivait : son père lui disait « le Beaujolais est perdu »  Qui sauvera le beaujolais ?

Gérard Bancillon, président de la Confédération des vins à Indication Géographique Protégée de France, ne fait pas dans la dentelle, il sort son 49.3 : la sébile tendue aux pouvoirs publics : « Il va falloir sortir le carnet de chèques »

 

La perfusion d’argent public, communautaire et national, fut pendant des décennies la recette des producteurs de vin de table.

 

Le 8 août 2007 j’écrivais à Mariann Fischer Boel

 

 

Madame la Commissaire,

 

 

 

Je suis déçu. En vous, femme du Nord soucieuse des consommateurs, j'avais placé des espoirs immodérés : j'espérais que votre réforme dégraisserait le mammouth viti-vinicole survivance d'un temps où le vin - le gros rouge colonial puis transalpin - se transportait par pinardiers, trains entiers pour être assemblé en plein cœur de Paris à Bercy. Notre divin nectar y était traité comme un vulgaire boisseau de blé, bref comme une commodité - commodity pour vous chère Mariann - avec ses contrats de stockage à court et long terme, sa garantie de bonne fin et sa palanquée de distillations en tout genre.

 

Ce fut ensuite la "guerre du vin" menée par une poignée d'irréductibles de notre Midi : Montredon, l'Ampelos à Sète, des morts et, en 1986, un comble pour des vins médecins, du méthanol assassin en provenance d'Italie...

 

Produire, produire, pour rien, alors nous avons, à Dublin, avec Michel Rocard, décidé de la double peine : l'arrachage et la distillation obligatoire à bas prix pour les hauts rendements (DO). En clair, on nettoie la base, on brise la productivité, et ce fut le triomphe des VQPRD. Notre Midi releva la tête et le défi.

 

La suite ICI 

 

Nous nous croyions sortis de l’auberge la presque totalité de nos vins accédaient à l’identification géographiques, enfermés dans un corpus de règles d’apparence qualitative : AOC-AOP, IGP, exit les vins sans origine ni qualité, et puis patatras, les consommateurs de beaucoup de ces vins ripolinés, peuplant les murs de vin de la GD, vendus 2 balles, n’étaient plus au rendez-vous, les boomers, gros acheteurs, pousseurs de caddies, comme tout un chacun, vieillissent, disparaissent, ne passent plus au tiroir-caisse.

 

Aux vieilles lamentations sur le bashing du vin par la loi Evin, se sont ajoutées la Covid, la guerre d’Ukraine, l’essoufflement de la demande chinoise, le retour de l’inflation, masquant la réalité pourtant prévisible : la saturation de notre marché domestique des petits vins, le ventre mou de notre production.

 

Retour à la politique de la main tendue dans l’urgence, l’absence d’analyse sérieuse de notre potentiel commercial. Pour beaucoup d’entreprises vigneronnes la faillite pointe son sale nez et je ne suis pas en train de plaider pour une politique qui les laisseraient tomber mais pour une prise en compte de la réalité.

 

Au passage, nous sommes loin des vapeurs de Michel Bettane sur ces vins vites fait, vite bu, ici nous sommes face à la masse des vins invendus. Le vrac, celui qui circule dans les gros camions : produits alimentaires, des vins boissons, des vins sans avenir.

 

Y'A PLUS QU'À

10 000 €/ha, la prime d'arrachage demandé par le vignoble de Bordeaux

Unie et mobilisée, la filière des vins de Bordeaux fixe ses demandes d’aide au gouvernement pour répondre à l’urgence de sa crise viticole. Reste à trouver une voie juridique et des financements pour passer au concret.

Par Alexandre Abellan Le 21 octobre 2022

 

ICI 

 

Sans arrachage ni distillation, "2023 sera l’année de tous les dangers pour le vin en vrac"

 

Le président des vins IGP de France s’alarme du manque d’avancées sur les dossiers structurant les surplus actuels de production dans le vignoble français. Il en appelle à de rapides réflexions régionales et nationales.

Par Alexandre Abellan Le 18 octobre 2022

 

À situation de crise, il faut des solutions de crise » pose Gérard Bancillon, le président de la Confédération des vins à Indication Géographique Protégée de France, en appelant au soutien financier du gouvernement français et de la Commission Européenne. Alors que les vendanges/vinifications s’achèvent, le viticulteur gardois appelle les pouvoirs publics à rapidement saisir les enjeux de la filière vin pour débloquer les tensions qui menacent toujours plus ses opérateurs. N’ayant pas eu écho d’avancées depuis la réunion estivale des représentants du vignoble et du négoce avec le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, Gérard Bancillon milite pour une nouvelle réunion dans les prochaines semaines : « il faut aller très très vite et que les préfets de région se mobilisent pour étudier les situations selon chaque bassin » pointe Gérard Bancillon, soulignant la diversité de fortune d’un vignoble à l’autre.

 

« On a des régions en France où il y a de vraies dynamiques de demande et où il manque de la réserve (Bourgogne, Champagne…) qu’il faut soutenir (avec des rendements au-delà du butoir), il y a des régions où les marchés sont moins dynamiques et il y a des régions où les marchés sont plantés. Il va falloir sortir le carnet de chèques » prévient le président des vins IGP, qui veut rapidement la mise en place d’outils de distillation de crise et d’arrachage primé. Appelant à des actions différenciées selon les régions, il prône la distillation de crise pour apurer les stocks pâtissant de problèmes conjoncturels. « Comme certains vins IGP vendant beaucoup en Grande Distribution et faisant face, avec la guerre en Ukraine, à une inflation poussant les consommateurs à choisir produits de première nécessité pour leurs caddies. C’est un souci passager pour certaines IGP, avec des volumes à résorber par distillation » détaille Gérard Bancillon, précisant qu’il n’y aurait pas l’IGP du Vaucluse à être intéressée.

 

 

 

« D’autres auront des besoins. Que l’on soit clair, il y a des caves qui, malgré la petite récole de 2021 et son gel du siècle, sont encore à moitié pleines : il faut se dépêcher » alerte-t-il, rapportant que la France « vient de rentrer une récolte plutôt correcte, il faut réagir rapidement pour éviter la baisse des prix : que faire de tout ce vin ? 2023, c’est l’année de tous les dangers au niveau du vrac. Il faut donner une lueur d’espoir aux viticulteurs avec la distillation et l’arrachage, pour estomper la déconsommation, éviter que les marchés s’effondrent et donner espoir à ceux qui continuent. » Reste à convaincre la Commission Européenne de la nécessité de débloquer une nouvelle distillation de crise, après celle de la pandémie de covid-19. Les derniers retours de Bruxelles indiquent plutôt un refus, « Avec la guerre en Ukraine, on se trouve face à une inflation exceptionnelle et dans le cas d’une crise spécifique, grave, qui ressemble à celle du covid » réagit le président des vins IGP.

 

 

Expertiser les possibilités de financement de l’arrachage

 

 

Le ministère répond à côté de l'attente vigneronne sur le remboursement des PGE

 

En complément d’une distillation de crise conjoncturelle, Gérard Bancillon défend un arrachage structurel : « il y a des régions parmi les plus célèbres qui ont des problèmes structurels et devront arracher : il y a Bordeaux, mais pas que » note Gérard Bancillon, évoquant des cours ponctuellement trop faibles en AOP du Languedoc. Si la filière viticole française est unie devant le besoin et le principe d’un arrachage à Bordeaux (en témoigne le Syndicat des Vignerons de l’Aude, voir encadré), tout le défi est désormais de trouver un moyen de le financer pour passer au concret (la demande est vive en Gironde). « Il faut tout mettre à plat et expertiser les possibilités de financement de l’arrachage : entre piocher dans le Plan Stratégique National (PSN) et recourir aux fonds Feader (via les régions) » estime Gérard Bancillon.

 

Dossiers chauds

 

Dans tous les cas, peut importe le moyen tant que la filière arrive à ses fins pour le président des vins IGP, qui martèle l’urgence d’agir sur les autres dossiers vitivinicoles en souffrance : la révision de la moyenne olympique pour renforcer l’assurance climatique, modifier les critères de fertilisation de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE), allongement automatique du remboursement des Prêts Garantis par l'Etat (PGE), modification fiscalité Dotation pour Épargne de Précaution (DEP)… De quoi peser sur le moral vigneron, déjà bien entamé par les hausses de tous les coûts de production (produits phytosanitaires, salaires, engrais… et GNR). En IGP Pays d’Oc, les frais fixes moyens de 3 500 €/ha augmentent de 750 €/ha indique Gérard Bancillon, notant qu’avec un rendement de 70 hl/ha, il faudrait une augmentation de plus de 10 €/hl des cours du vrac. « Je ne suis pas sûr que l’on y arrive d’après les premiers retours d’acheteurs... Je comprends qu’il n’y ait pas d’euphorie, les retiraisons ne se font pas parce que la consommation baisse. On observe une nouvelle déconsommation qui arrive sur une érosion chronique de la consommation » analyse-t-il. Ce qui appelle à d’amples réflexions au sein de la filière vin pour lancer une stratégie d’évolution sur la production et la consommation de demain.

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27 octobre 2022 4 27 /10 /octobre /2022 06:00

Connaissant l’extrême susceptibilité de celui qui, ayant rêvé, en ses années de maturité, de connaître une notoriété internationale dans le difficile domaine de la prescription des grands vins, c’est un rustaud étasunien, avocat de profession, inconnu au bataillon des nez fins, qui lui volera la vedette, un certain Robert Parker propulsant certains GCC de Bordeaux au firmament de prix pharaoniques, en les parkérisant, diront certains, je me risquerai, avec la prudence d’un Sioux, à seulement m’étonner qu’il puisse penser que le débat qu’il lance, sur le papier glacé du magazine En Magnum, en fusse un.

 

Pourquoi y-aurait-il débat ?

 

N’en déplaise à Michel Bettane, le vin produit en notre vieux pays de terroirs, qu’il soit grand, petit, moyen, prestigieux, minable, mis en bouteille ou en vrac, est produit pour trouver une place, un prix sur le marché, sur son segment de marché, marché intérieur comme celui du grand large. Je sais, ce que j’écris choquera les esthètes, les « amoureux du vin », les dégustateurs patentés, oui je suis atrocement trivial, vulgaire, mais je ne vois pas au nom de quoi, celles et ceux qui font du vin, devraient suivre les vapeurs de bonnes sœurs de ceux qui se disent prescripteurs, des que plus grand monde suit, proches qu’ils sont de la cabine téléphonique chère aux défunts radicaux.

 

Enfin, j’ose conseiller aux plumitifs qui œuvrent pour Bettane&Desseauve, de sortir de leurs dégustations, d’aller à la rencontre, sur les nouveaux lieux de consommation, de ces drôles d’oiseaux que sont ces jeunes et nouveaux consommateurs. Les ignorer, les mépriser même, se moquer d’eux, les prendre pour des ignares sans vocabulaire qui se contentent de siffler des canons vite fait bien fait.

 

Je m’en tiens là, laissant Michel Bettane à ses accablements... ses regrets... à sa manière bien à lui de sermonner sur la montagne.

 

Le sermon sur la montagne – Regards protestants

 

Le vin à boire vite, cette illusion tragique

Michel Bettane –

6 octobre 2022

 

 

Le débat est lancé. il contient ce qu’il faut de bon sens pour qu’on s’y intéresse. entre techniques nouvelles et convictions d’expérience, qui aura le dernier mot ?

 

Il y a rarement de l’imprévu ou du nouveau dans le monde du vin et les débats d’aujourd’hui ressemblent diablement à ceux d’hier. Dans les années 1960, Alexis Lichine, qu’on surnommait dans tous les pays du monde le « pape du vin » – on n’avait pas attendu Robert Parker – remarquait dans son Encyclopédie pionnière que les grands vins blancs de Bourgogne madérisaient rapidement et qu’ils étaient meilleurs à boire vers leur cinquième année ou même avant. On ne connaît que trop aujourd’hui les ravages des oxydations précoces de beaucoup de vins blancs. Rappelons que les exceptions d’alors, capables de défier les décennies, provenaient de viticulteurs maniant avec dextérité le sulfitage ou l’acidification, comme Pierre Ramonet-Prudhon ou François Raveneau.

 

On n’accepte plus ces pratiques œnologiques aujourd’hui. De toute façon, le jeunisme de la nouvelle génération – son amour de la nouveauté et de l’immédiateté dans le succès, sa vision du temps souvent devant elle et rarement derrière – donne sa préférence au fait de boire les vins aussi vite que possible. On souhaitait aussi la même chose il y a un demi-siècle, avec d’autres arguments.

 

Ainsi, Max Léglise, directeur de la station œnologique de Beaune, expliquait dans La Revue du Vin de France que le manque de caves pour faire vieillir les vins dans les nouveaux immeubles justifiait une vinification courte et assouplissante. Avec un chauffage initial du raisin pour accélérer le processus et rendre moins nocive l’altération de nombreuses vendanges.

 

Le fameux docteur Dufaÿs, au château de Nalys, influençait toute une génération de producteurs du Vaucluse ou d’ailleurs avec sa dénonciation des lourdeurs et fragilités inacceptables, selon lui, des vins traditionnels. Il prônait, influencé par ses amis du Beaujolais, le recours à la macération carbonique, permettant de produire des vins fruités buvables dès la mise en bouteille. Presque tout le Languedoc et le Roussillon (rappelons que cette méthode de vinification a été codifiée à Montpellier) s’y mettra à son tour dix ans plus tard sous l’influence, chose amusante, d’un œnologue bordelais, Marc Dubernet. Déjà dans les mêmes années 1960 à Bordeaux, un négociant bien introduit dans tous les milieux de la restauration, Pierre Coste, avait popularisé les « petits bordeaux rouges des Graves », vinifiés souples et fruités pour une consommation immédiate, avec l’entière complicité de ses amis Pierre Dubourdieu (le père si inventif de Denis) et Robert Goffard, dégustateur et marchand hors pair. Ce type de vin a hélas fait flop, parallèlement au destin injuste de Pierre Coste. Mais Bordeaux ne s’en est jamais remis dans nos grandes villes, désormais malades du « bordeaux bashing ». Aujourd’hui, une génération nouvelle de buveurs aime toujours boire du vin parce qu’elle trouve dans les vins dits « naturels » une boisson souple et désoiffante, bien plus que moralement supérieure, même si quelques excités en sont persuadés. Donc on boit à nouveau jeune, vite, un peu moins cher, ce qui n’est pas négligeable, et sans chercher ce qu’une minorité de connaisseurs dans le monde a reconnu dans les bons vins français, c’est-à-dire une expression d’origine ou de millésime. Les mentions bio, le style rebelle et irrévérencieux, souvent drôle et inventif des étiquettes, contre-étiquettes et noms de cuvées passionnent plus que la réputation du millésime ou des hiérarchies nées de l’histoire.

 

Faisons quand même preuve de prudence devant ce retour cyclique qui favorise le vin jeune, alors que paradoxalement le vin dit « nouveau » a failli à sa mission. On est heureux que la souplesse de ces vins dits nature ne provienne pas d’un artifice œnologique, comme hélas s’était dévoyé le beaujolais nouveau coloré et standardisé des années 1980. On risque pourtant d’y perdre plus qu’on y gagne, comme cela n’est que trop évident dans l’usage de la langue, avec la simplification outrancière du vocabulaire, entraînant celle de la pensée, devenue incapable de nuancer ce qu’elle ressent ou veut communiquer.

 

Le monde binaire – comprenons c’est génial ou c’est nul – n’a rien à nous apporter, à nous apprendre ou pour nous permettre de progresser. Dans le vin, l’opposition simple « cela me plaît tout de suite ou sinon je fais autre chose » peut encore se comprendre sur le plan aromatique, mais conduit progressivement à ne plus percevoir, parce qu’on ne peut plus nommer, faute d’expérience ou de vocabulaire, les nuances aromatiques plus complexes d’un bouquet de vieillissement. Elle devient vraiment tragique si l’on accorde aux sensations tactiles l’importance qu’elles méritent. Quand un ancien disait plaisamment ce vin glisse « comme un petit Jésus en culotte de velours », il rendait simplement hommage à son sens tactile, habitué au toucher des tissus, au grain du bois, au contact direct avec la matière. Avec les mots pour désigner son ressenti et sa capacité à faire des distinctions. Quand on dit, en revanche, « ça glisse » ou « c’est gouleyant » sans précision, cela réduit la perception du vin boisson à celle de l’eau boisson. La matière interne du vin n’intéresse plus. On a vu les ravages du rosé, forcément plus souple et simple, par rapport aux rouges issus des vignobles du Sud. Et ce rosé, rouge moins coloré et moins tannique, se rapproche de plus en plus du blanc dans les évolutions les plus récentes, parce qu’on l’imagine plus aérien ou plus cristallin s’il perd toute marque de couleur. Pour les rouges de garde, qu’on consommera d’ailleurs sans les garder, à deux ou trois ans d’âge sur la table de la plupart des bistros à vins ou restaurants, le vinificateur cherchera à adoucir et à simplifier leurs contours : beaux arômes, belle et facile entrée de bouche, puis creux sans rebond dès le milieu de bouche.

 

Je suis accablé par le succès actuel de certains producteurs de Bourgogne, à la mode mondiale et au prix de vente inversement proportionnel à la dilution de la matière. Et tout aussi accablé devant le bashing des grands bordeaux récents qui n’ont jamais, avec la sévérité de plus en plus grande des sélections, présenté une matière aussi riche, aussi complexe et prometteuse. On les accuse même de manquer d’émotion ou d’être trop sophistiqués techniquement. On songe à ces jeunes bacheliers incapables de lire, de mémoriser une phrase de plus de deux lignes et qui seraient prêts à interdire aux écrivains de les rédiger. Les mêmes seront un jour prochain incapables de lire un « hashtag ».

 

Heureusement, on se console, si l’on peut, avec une minorité encore existante – pour combien de temps ? – de vins complets, sans doute les meilleurs jamais produits depuis un demi-siècle, meilleurs vins nature compris, au cœur, comme toujours, de notre magazine.

 

 

 

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25 octobre 2022 2 25 /10 /octobre /2022 06:01

Médoc : l'Australien Penfols va acheteur le château Lanessan

Penfolds double son vignoble médocain avec le château Lanessan

 

Les domaines Bouteiller cèdent leur propriété de 85 hectares de vignes médocaines au groupe australien Treasury Wine Estates, qui consolide ses actifs dans le vignoble bordelais pour sa marque phare.

 

Par Alexandre Abellan Le 19 octobre 2022

 

Et pendant ce temps-là Le ministre de l’Agriculture fait avancer les demandes d’arrachage du vignoble bordelais

 

Interpelé à l’Assemblée Nationale et à l’occasion d’une visioconférence sur les enjeux de réduction des surplus viticoles à Bordeaux, Marc Fesneau pose les premiers jalons d’une quête de solution concrète. ICI

 

Par Alexandre Abellan Le 19 octobre 2022

 

En clair ARRACHONS, ARRACHONS, avec le pognon des contribuables !

 

Souvenirs, souvenirs, du temps où Hubert Bouteiller proclamait à l’INAO : laissez-nous la liberté de planter nous avons les marchés pour vendre nos Bordeaux !

 

Hubert Bouteiller avis qualité bouchon Diam / Mytik - DIAM

 

Au temps où j’officiais sous les lambris de l’Hôtel de Villeroy, au 78 rue de Varenne, pour moi le Château Lanessan c’était Hubert Bouteiller. Homme de conviction, à la personnalité bien trempée, dans le cénacle parfois bien Plon Plon du Comité Vin de l’INAO, ses interventions argumentées, souvent pertinentes, tranchaient.

 

Je le confesse aujourd’hui, il présentait toutes les qualités requises pour présider le Comité Vins de l’INAO. Mais il était bordelais et, dans les subtils équilibres sociopolitiques du monde du vin français, le TSB : tout sauf Bordeaux unissait les barons des autres régions. Dans notre beau pays, les nominations publiques à des postes de responsabilité, font les délices des hommes de pouvoir et de leur entourage.

 

Par chance, je n’eus jamais à procéder à cet exercice, le magistère de feu Jean Pinchon, qui succéda à un bordelais Pierre Perromat, m’exonéra d’avoir à trancher dans le ballet des prétendants.

 

Ce rappel du passé simplement pour saluer un homme, avec qui j’eus bien des désaccords, mais qui prit toujours la peine, une fois même par le truchement d’une longue lettre manuscrite suite à mon fameux rapport, d’argumenter, de tenter de me convaincre sans jamais se départir d’une grande courtoisie.

 

Nos désaccords portaient sur l’expansionnisme des plantations à Bordeaux, sur le contenu de mon rapport mais alors qu’il se mit en retrait de l’INAO, Hubert Bouteiller m’invita à Lanessan pour concéder, alors que nous visitions ses vignes en calèche, qu’il s’était trompé et que votre serviteur avait vu juste. Rare les hommes publics qui font amende honorable.

 

Château Lanessan : les grands terroirs savent vieillir - Château Lanessan :  les grands terroirs savent vieillir - Terre de Vins

Treasury Wine Estates se renforce en France avec le Château Lanessan ICI 

 

Le groupe australien vient d’annoncer une prise de participation majoritaire dans le Château Lanessan, pépite du Haut-Médoc. Une nouvelle acquisition qui renforce Treasury Wine Estates en France.

 

Par Béatrice Delamotte

 

Publié le 19/10/2022

 

Et de cinq ! Treasury Wine Estates (TWE) vient d’annoncer une prise de participation majoritaire dans le Château Lanessan, en Haut-Médoc. Une acquisition qui renforce le groupe australien en France après l’achat du Château Cambon La Pelouse en appellation Haut-Médoc et Margaux en 2019 et, en novembre dernier, de trois propriétés sur la commune de Macau : Château Belle-Vue, cru bourgeois exceptionnel du Médoc, Château Gironville en Haut-Médoc et Château Bolaire en Bordeaux, ainsi que la marque Petit Verdot by BV. De quoi renforcer la stratégie de Treasury Wine Estates qui considère les vins français comme une opportunité de développement important sur ses principaux marchés.

 

 

Avec l’acquisition de Château Lanessan, Treasury Wine Estates double la capacité de production de Penfolds en France et renforce la marque en tant qu’icône mondiale du luxe. Le groupe fait entrer dans son giron 390 hectares de terres médocaines, dont 80 hectares de vignobles en appellation Haut-Médoc, ainsi que le château historique Lanessan, créé par l’architecte Henri Duphot et construit en 1878, le château Lachesnay, conçu par Louis-Michel Garros en 1883, le chai et les bâtiments annexes. Cet important patrimoine agricole et immobilier était géré jusqu’à présent par la famille Bouteiller qui se déclare «confiante dans la vision de Treasury Wine Estates pour l’avenir de Lanessan», précise un porte-parole de la famille dans un communiqué de presse.

 

Treasury Wine Estates annonce d’ores et déjà ses ambitions pour la propriété et projette d’investir lourdement aussi bien dans le vignoble qu’avec un projet de nouveau chai. Sans oublier la rénovation des bâtiments d’habitation historiques pour développer un pôle oenotouristique. «Nous allons renforcer la capacité de production du château et sa réputation de vin de qualité, tout en approfondissant nos relations avec la communauté locale de Bordeaux, confirme Tom King, directeur général de Penfolds. Nous avons des projets ambitieux d’investissements pour y accueillir les amateurs de vin et leur faire découvrir les traditions viticoles uniques de la région».

 

«La prise de participation majoritaire du Château Lanessan est un ajout passionnant au portefeuille de Treasury Wine Estates en Europe, se félicite de son côté, Kerrin Petty, chef des approvisionnements de TWE. L’augmentation de notre capacité de production, avec un tel site historique, soutiendra nos plans de croissance futurs, car nous répondons à la demande des consommateurs pour les vins de notre portefeuille de marques, y compris Penfolds.» En plus de produire du vin sous la marque, la propriété continuera cependant à proposer des cuvées sous les étiquettes Château Lanessan, Les Calèches de Lanessan et Château de Saint-Gemme, qui seront distribuées par les canaux existants. De quoi renforcer la présence de TWE en France et de compléter l’offre existante : les vins élaborés en partenariat avec Dourthe Bordeaux, le FWT 585 produit à Cambon La Pelouse, la collaboration en cours avec la maison de champagne Thiénot.

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