Moi bien sûr, la guerre froide, le KGB, la CIA, j’ai 24 ans, les échecs ne sont pas ma tasse de thé, pas assez intelligent, peu porté sur le maniements de stratégies ICI Bref, ce qui me passionnait c’était le bras de fer entre le bloc soviétique et le « monde libre » dans une période dite de détente.
Comme j’attendais l’heure de la représentation à la Comédie Française, j’ai porté mes pas à la librairie Delamain où j’ai acquis :
Le coup du fou Alessandro Barbaglia
Jean-Luc Defromont (Traducteur)
EAN : 978B0BG5PF7Z2
223 pages
LIANA LÉVI (06/10/2022) ICI
Mardi 11 juillet 1972, ouverture du championnat du monde d’échecs. En arrière-plan la guerre froide qui oppose Union soviétique et États-Unis. Les caméras du monde entier sont braquées sur l’Islande, où auront lieu en mondovision les rencontres entre les deux compétiteurs : le Russe Boris Spassky, champion en titre depuis 1964, et l’Américain Bobby Fischer.
Ce dernier est un être qui vit enfermé dans sa bulle, s’exerce seul à ce jeu depuis l’âge de sept ans, boit chaque jour des litres de lait Holland et uniquement de cette marque, refuse toute compétition le samedi car son gourou le lui interdit…
La victoire d’un des deux joueurs aurait sans doute un impact politique, et le narrateur ose un parallèle avec une autre guerre qui a vu s’affronter Orient et Occident, la guerre de Troie. Mais, chemin faisant, les souvenirs d’enfance remontent, inexorables et chargés de sens, qui font ressurgir du passé le père disparu du narrateur.
Les échecs défraient les manchettes alors que le match le plus attendu de l'histoire débute à Reykjavik, en Islande, entre le champion mondial, le Soviétique Boris Spassky, et l'aspirant américain Bobby Fischer. Cet affrontement survient pendant la « détente», une période d'apaisement dans la Guerre froide qui oppose les États-Unis à l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
La longue tradition de domination soviétique aux échecs se poursuit au début des années 1970. Le champion du monde est alors Boris Spassky, un natif de Leningrad qui détient le titre mondial depuis juin 1969. En août 1972, Spassky doit défendre son titre face à l'Américain Bobby Fischer, un aspirant redoutable réputé pour la qualité exceptionnelle de son jeu et ses excentricités. Cette confrontation entre un Soviétique et un Américain, sur toile de fond de la rivalité entre les deux superpuissances, fascine l'opinion publique même si les relations entre les États-Unis et l'URSS connaissent une période de réchauffement (la détente). En mai 1972, Richard Nixon est devenu le premier président américain à visiter l'URSS. À cette occasion, un traité de limitation des armes stratégiques (Salt I) est même signé entre les deux superpuissances. Une odeur de Guerre froide plane néanmoins sur l'échiquier alors que les exigences de Fischer créent des tensions et laissent même croire, pendant un moment, que le match sera annulé. Il débutera finalement le 11 juillet. Le 1er septembre 1972, il se solde par la victoire de Fischer (12 points ½ contre 8 ½) qui devient le premier Américain à détenir le titre mondial aux échecs. Cette brèche dans l'hégémonie soviétique a un grand retentissement aux États-Unis où les échecs vont connaître une hausse de popularité marquée. Le règne du nouveau monarque sera toutefois de courte durée. Après avoir demandé en vain des modifications aux règles lors des matchs de championnat du monde, Fischer refusera de défendre son titre qui passera aux mains du Soviétique Anatoly Karpov en 1975.
Dans les médias...
Jean-Francis Held, « Voulez-vous jouer avec eux ? »
« ...Les Islandais ont beau vibrer, le sort de l'O.T.A.N. n'est pas accroché à l'issue du combat. Pas complètement. Mais si le titre quitte l'U.R.S.S. après vingt-cinq ans de lourde suprématie, ça fera mal. Ou alors, les journalistes soviétiques, déplacés en masse, n'auraient pas été rappelés comme un seul homme dès que le vent a fait mine de souffler aigre. Quatre millions de joueurs licenciés, trente-six « grands maîtres », des serveurs de restaurant qui roquent au lieu d'apporter les zakouskis, la dialectique scientifiquement et collectivement appliquée, tout ça balayé par le transcendant caprice d'un sale voyou individualiste, c'était dur à avaler. »
Le Nouvel Observateur (France), 14 août 1972, pp. 22-23.
Roger Lemelin, « La solitude de Bobby Fischer »
« ... Spassky a été battu par ses propres qualités d'homme sensible et intelligent. Aussi grand joueur que Fischer, la férocité en moins, il a commis des fautes commandées par l'émotion, pour laquelle les joueurs d'échecs en général ont du mépris et sur laquelle ils comptent comme sur un atout majeur. Pauvre et grand Spassky. De retour en Russie, connaîtra-t-il maintenant le sort de tous ceux dont il est, amis de Soljenytzine (sic) ? Cet homme de cœur, que nous aimons mieux que Fischer, portait sur son cerveau, devant l'échiquier, toutes les Russies, Fischer ne portait que Bobby Fischer. Qu'il se contente de notre admiration, nous continuerons de préférer les hommes de cœur. Et il jouera contre nous tous en simultanée et nous battra : nous continuerons d'être solidaires et de pousser nos pions en nous rabattant sur la consolation d'avoir du cœur, d'être au moins éclectiques et équilibrés. Fischer continuera sa route, superbe et solitaire. Il est le champion. »
La Presse (Québec, Canada), 2 septembre 1972, p. D5.
S.A., « Champion Fischer »
«...From a wider perspective, the Fischer-Spassky match had a unique political importance. Except for one unfortunate lapse by a Spassky second, presumably acting under instructions from Moscow, it did not touch off nationalistic rivalry of the kind many had feared. Instead, Spassky had many supporters in the United States from among those who were irked by Fischer's mode of psychological warfare. In the Soviet Union conversely, many hoped for a Fischer victory, not least because they admired his assertiveness and his refusal to be bound by overrestrictive rules. The result was an atmosphere that, for all its tenseness, contributed to improving the broader ambiance of Soviet-American relations. The best man clearly won in Reykjavik, and Russians and Americans joined in applause along with millions from the rest of the world. The Fischer era of chess has begun, and it promises a brilliance and excitement this ancient game has never before known. »
New York Times (États-Unis), 2 septembre 1972, p. 20.