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19 juillet 2022 2 19 /07 /juillet /2022 08:45

Il y a 10 ans 1 petit viticulteur métayer du Beaujolais m’écrivait : son père lui disait « le Beaujolais est perdu »  Qui sauvera le beaujolais ?

Sans jouer les oiseaux de mauvaise augure, seriner « je vous l’avais bien dit », nous produisons trop de vins, du moins trop de certains types de vin, non qu’ils fussent hors des canons de leur AOC ou de leur IGP mais tout simplement parce qu’ils ne sont pas acceptés par le marché, essentiellement la GD ultra-majoritaire. Les grands critiques, si tant est qu’il en existât encore, ne plongent leurs nez que dans ce qui est grand, la piétaille à deux balles ne les intéresse pas. Quant aux grands chefs de la filière, ils ne voient pas plus loin que du bout de leur nez, Jérôme Despey en tête, pur apparatchik de la FNSEA, quasi-fonctionnaire de FranceAgriMer, qui n’a jamais vendu une goutte de vin, alors ils ressortent les vieilles « recettes » qui sont des dépenses publiques et ils vont tendre la sébile chez le Ministre. Faut bien justifier leur séjour dans la capitale.

 

Suis mauvaise langue mais que voulez-vous ils ont toujours un quart de retard sur la réalité, à la manière de la CGT, ils campent sur « leurs droits acquis ».

 

La crise est structurelle, les causes conjoncturelles ne doivent pas masquer que notre marché domestique des vins courants va se rétracter violemment du fait que la génération honnies des baby-boomers, qui les écluse en après avoir empli leur caddie, comme moi, ont tendance à sucrer les fraises et aller sucer les pissenlits par la racine.

 

La relève des consommateurs n’est pas là, les seuls producteurs qui ont un avenir, car ils ont des consommateurs jeunes et friqués, sont ceux qui vendent leur vin cher et ceux qui font des vins nature, les autres vont souffrir et l’illusion d’un vignoble peuplé de petits vignerons indépendants et de coopérateurs va laisser la place à la ruine de beaucoup d’entre eux.

 

ÉTAT DES LIEUX

 

 

La filière vin rouvre la boîte à outil de la gestion des excédents ICI 

 

Le repli des commercialisations en France se confirmant, les représentants du secteur se mettent à réfléchir sur les outils les plus opportuns pour résorber les surstocks, qu'ils soient structurels ou conjoncturels.

 

 

Mauvaise nouvelle : la baisse de consommation de vin se confirme en grande distribution, avec des baisses en volume de 15 % pour les vins rouges, 5 % pour les rosés et 4 % pour les blancs depuis le début 2022 rapporte Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, qui s’est réuni ce mardi 12 juillet. Malgré une dynamique export restant soutenue, la filière vin doit se pencher sur la gestion de déséquilibres conjoncturels et structurels entre son offre et la demande domestique. « Rien ne doit être fermé comme propositions » précise Jérôme Despey, qui note le besoin de distinguer le conjoncturel du structurel dans le diagnostic pour apporter les bons remèdes à l’échelle des bassins viticoles en difficulté.

 

On ne parle plus "arrachage" mais "reconversion vertueuse" pour le vignoble bordelais excédentaire ICI 

 

Le négociant bordelais Allan Sichel rempile à la tête du CIVB en s’affichant dans la continuité de son prédécesseur, malgré des inflexions notables dans son discours pour résoudre le déséquilibre structurel entre offre et demande. A commencer par le fait de ne pas utiliser le mot "arrachage".

 

Par Alexandre Abellan Le 11 juillet 2022

 

 

Réélu à la présidence du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) ce 11 juillet (avec 47 voix pour et 1 abstention), le négociant Allan Sichel s’affiche dans la continuité de son prédécesseur, le viticulteur Bernard Farges, pour réduire la production de vins d’appellation en Gironde. « Le sujet le plus important aujourd’hui pour notre filière est son volume de commercialisation » déclare dans son discours Allan Sichel, soulignant que « la production des vins de Bordeaux en année normale – autour de 5,5 millions d’hectolitres - est désormais largement supérieure à nos volumes de commercialisation. Or, même si nous identifions des pistes de développement à l’export, il est peu probable que nous puissions compenser la baisse continue de la consommation de vin sur le marché français. Lequel, je le rappelle, représente 55 % de nos ventes. »

 

Si Allan Sichel partage avec Bernard Farges la même fin, rééquilibrer l’offre et la demande, il ne l’articule pas tout à fait par les mêmes moyens.

 

TROP DE STOCK

 

L’IGP Vaucluse veut distiller 100 000 hl de vin rosé ICI 

 

L’Indication Géographique Protégée veut se délester de stocks du millésime 2020 « dont plus personne ne veut ».

 

Par Bertrand Collard Le 11 juillet 2022

 

 

À quelques semaines des vendanges, il reste trop de rosés dans les caves du Vaucluse. L’IGP de ce département veut distiller 100 000 hl pour faire de la place dans les chais. « La consommation est en panne ; ce sont des vins de 2020 dont plus personne ne veut, explique Joël Reynaud, président de l’ODG Vaucluse. Nous étions déjà en discussion au printemps à ce sujet. Puis il y a eu le gel du 8 avril. Et tout s’est arrêté. » Jusqu’à maintenant.

 

50 à 60 €/hl

 

L’IGP Vaucluse vient d’adresser un courrier à VinIGP, la Confédération des vins IGP de France pour lui demander de porter sa demande devant les pouvoirs publics. Joël Reynaud espère une aide entre 50 et 60 €/hl pour envoyer les excédents à la chaudière.

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18 juillet 2022 1 18 /07 /juillet /2022 06:00

 

Je déteste les commémorations, pis encore celles sur le ton des regrets, « si ça avait été lui, nous n’en serions pas là… »

 

Ça n’a pas été lui !

 

Pourquoi ?

 

Je ne sais, ou plus simplement je n’ai pas envie de le dire.

 

Bref, Michel Rocard, est mort le samedi 2 juillet 2016. C'est son fils Francis qui l'a annoncé à l'AFP. Il est décédé vers 18h30, à l'âge de 85 ans, à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris, où il avait été admis quelques jours auparavant.

 

Dans l’ambiance étrange qui règne dans la nouvelle Assemblée Nationale, notre Vulcain découvre les joies d’une majorité relative doublée de mise en minorité de circonstances par des alliances de circonstances : NUPES/RN/LR, pour l’heure la censure a montré que le camarade Mélenchon est un bon communicant mais un piètre manœuvrier, des voix se sont élevées pour déplorer que la ligne social-démocrate de Michel fut jetée aux orties.

 

Alors, j’ai pris du champ, répondant à mes amis que Macron n’est pas l’héritier du Rocard militant, d’une fidélité au PS qui lui a fait rater la dernière marche.

 

Et puis, dans mes recherches pour écrire une chronique je suis tombé sur ça :

 

A Paris, en octobre 2008.

 

Jean-Marie Cavada : « Ce n'est pas parce que Rocard avait 86 ans qu'il était vieux ! »

 

L’interview date du 7 juillet 2016

 

Elle m’a plu, je vous la propose :

 

Qui était Michel Rocard pour vous ?

 

Jean-Marie Cavada : Il était un ami personnel de longue date. Attention, pas un ami social. C'était un de mes trois meilleurs amis. Je l'appelais souvent pour lui demander conseil : « Michel, qu'est-ce que tu penses de ça ? » J'ai perdu un grand frère, qui était aussi un maître à penser.

 

Comment l'avez-vous rencontré ?

 

En 1976, je faisais une émission sur Antenne 2 qui s'appelait C'est-à-dire. Michel était le grand témoin. À ce moment-là, le travail manuel faisait débat. Tout le monde en parlait : Giscard, le gouvernement... Je demande à Michel son opinion, et j'ouvre le rideau derrière lequel se trouvait un établi, avec une planche, une scie, une équerre et un crayon. Je lui demande alors de couper la planche en angle droit. Et son angle était parfaitement droit... J'apprendrais plus tard que lorsqu'il était jeune homme, son père, un grand scientifique, voulait qu'il fasse Polytechnique. Michel a tenu tête : il voulait faire Sciences Po. Son père lui a alors coupé les vivres. Et son premier boulot fut... ajusteur de métal au labo scientifique de Normale Sup'. Donc le travail manuel, il connaissait bien, il en faisait sur le fer ! Moi qui voulais le mettre en difficulté...

 

Ensuite, je l'ai vu plus régulièrement en tant que journaliste quand il est entré à Matignon. C'était un remarquable Premier ministre. J'ai été pris de sympathie pour lui quand j'ai commencé l'émission La Marche du siècle. Il a été le premier invité, sur le thème de l'urbanisme de demain. J'avais également organisé en 1992 un débat entre lui et Nicolas Sarkozy.

 

Mais on est devenus très amis seulement au début des années 2000. En 2004, on s'est retrouvés tous les deux au Parlement européen. À Bruxelles, on a passé de longues soirées à boire et à refaire le monde, avec deux œufs et quelques whiskys...

 

On a failli faire un livre tous les deux. Le thème était « Les médias destructeurs de la démocratie ». Cela ne s'est jamais fait.

 

Que représentait-il politiquement ?

 

Pour moi, Rocard incarne la social-démocratie dans ce qu'elle a d'apaisant. C'est une doctrine qui concilie la vivacité du capitalisme avec la nécessité de la répartition des richesses pour les salariés. C'est la doctrine parfaite pour le continent européen.

 

En 2007, je voulais un accord entre Bayrou et Michel. Nous avions eu un dîner dans les Yvelines. L'accord ne s'est pas fait, mais ce n'était pas la faute de Rocard. Si on avait fait le bon accord, on aurait transformé la social-démocratie.

 

Concrètement, comment le voyiez-vous dans l'exercice du pouvoir ?

 

Rocard mettait vraiment la main à la pâte. Il remontait ses manches et mettait les mains dans le cambouis pour négocier les évolutions nécessaires au pays. J'ai admiré sa volonté d'apaisement, et en même temps de changement et de dialogue.

 

Si François Mitterrand ne l'avait pas étouffé et empêché de devenir président, ce pays ne serait pas le même aujourd'hui. Il aurait transformé la France. François Mitterrand, accroché aux sondages, ne regardait que le présent. Il a empêché la France d'avoir un candidat réformateur qui aurait changé le pays. Je pense que Michel cherchait avec lui la référence paternelle. Et Mitterrand l'a senti, en a abusé pour le clouer sur place et l'empêcher en 1988. Mitterrand était un néo conservateur qui avait fait le rapt de la gauche pour s'installer au pouvoir. Michel Rocard incarnait l'expérimentation politique, le modernisme, tout ce que François Mitterrand détestait. Pour le RMI par exemple, plutôt que de conduire une négociation jacobine, il a fait une expérimentation dans le département d'Ille-et-Vilaine. Il a vu que ça marchait, et a donc fait une loi. C'est une attitude pleine de modestie. Ce qui tue le pays aujourd'hui, c'est l'arrogance jacobine. C'était un homme d'une grande modernité. Ce n'est pas parce qu'il avait 86 ans qu'il était vieux !

 

A-t-il des héritiers aujourd'hui ?

 

Je ne crois pas... Beaucoup de gens que j'ai vu ces derniers jours pleurer sur le rocardisme ont en fait aidé François Mitterrand à le massacrer.

 

Vous qui connaissiez Rocard personnellement, quelle était sa personnalité ?

 

C'était un intarissable bavard. Il faisait des phrases composées, longues. Il parlait avec sa pensée, pas pour faire du bruit avec sa bouche. Il était très cultivé. Un de mes derniers souvenirs de lui, c'était pour son anniversaire en octobre dans sa maison des Yvelines. Il était fier de montrer qu'il avait tout un étage pour ranger ses livres et ses archives. C'était touchant. Il avait commencé à structurer ses mémoires et à écrire. Je ne sais pas ce qu'il va en advenir.

 

Il était traversé par la beauté de la mission publique, et était un des seuls hommes publics qui n'avait pas d'égoïsme personnel. Il avait bien sûr l'orgueil de ses idées et de ses positions. Mais je ne l'ai jamais vu égoïste.

 

Enfin, c'était un des derniers intellectuels totalement dédiés à la politique. Sa dernière sortie publique date du 12 avril, lors d'un débat sur le Brexit en face de l'ancien ministre des Affaires étrangères britannique David Owen. Cela se passait Cité de l'industrie place Saint-Germain à l'invitation du Mouvement Européen que je préside. Le public était médusé de voir arriver un monsieur parcheminé, fatigué. Puis, il se lève pour aller au pupitre, et ce n'est plus le même homme : ardent, malicieux, éloquent. Standing ovation à la fin...

 

Aucune description de photo disponible.Michel Rocard - Scoutopedia, l'Encyclopédie scoute !Dossier: la mort de Michel Rocard | MediapartMichel Rocard, un homme moderne – LibérationRapport historique – «Mitterrand et Rocard avaient deux conceptions du  socialisme» | 24 heures

Michel Rocard, figure essentielle de la gauche, est mort ICI 

 

Premier ministre de François Mitterrand de 1988 à 1991, faiseur de paix en Nouvelle-Calédonie, Michel Rocard est mort samedi, à 85 ans.

Par Raphaëlle Bacqué et Jean-Louis Andreani

 

Publié le 3 juillet 2016

 

 

Michel Rocard, mort le samedi 2 juillet à l’âge de 85 ans, avait rêvé d’un destin présidentiel. Il n’y sera jamais parvenu. Mais il y a aujourd’hui, au sein du Parti socialiste, dans les ministères, dans les think tank de la gauche qui rêvent de la refonder, quantité de ses disciples, nourris par cette « deuxième gauche » sociale-démocrate, réaliste et redistributrice qu’il avait fini par incarner.

 

Derrière une apparente simplicité, Michel Rocard, né le 23 août 1930 à Courbevoie, fut un homme politique paradoxal et compliqué. Longtemps l’homme politique le plus populaire de France, il était spontané voire impulsif, sincère voire naïf, maladroit mais volontiers calculateur ; apôtre d’un « parler vrai » parfois dévastateur, mais capable de manier sans broncher la langue « de madrier », selon l’expression d’un de ses anciens conseillers ; orateur parfois obscur, mais, en dehors des tribunes, d’un abord simple et direct. Obsédé par l’idée d’être écouté, reconnu, respecté.

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17 juillet 2022 7 17 /07 /juillet /2022 06:00

Paul Ricard, Robert Murphy | 9781681884462 | Boeken | bol.com

 

Bien évidemment, nous avions détourné le slogan en : « 1 Rocard sinon rien… »

 

10 juillet 2009

Un Rocard sinon rien : l'été sera chaud !

 

Comme pour le célèbre anis de Marseille, cher à mon ami Pierre Pringuet, DG du groupe éponyme, je vous propose ce matin, pour vous rafraîchir les neurones, de noyer une dose d'humour dans plusieurs volumes de sérieux et de déguster le tout sous la tonnelle... Jugez par vous-même.

 

La suite ICI 

 

Le Monde, qui ne recule devant rien, lui aussi, dans ses sagas de l’été titre :

 

LE MONDE PASSE À TABLE

VINS & AUTRES PLAISIRS LIQUIDES

 

L’enivrante aventure de la maison Ricard ICI   

 

Par Michel Guerrin Publié le 10 juillet 2022 à 06h00

 

RÉCIT

 

L’entreprise créée par Paul Ricard en 1932 à Marseille fête ses 90 ans. Et son magistral succès. Cette réussite, impulsée grâce au sens du commerce, du marketing et de la communication du patriarche, n’a fait que se renforcer au fil des années : le groupe familial est aujourd’hui numéro deux des spiritueux dans le monde.

 

J’ai, au temps de la SVF (Société des Vins de France), filiale du groupe Pernod-Ricard, lors d’une convention du groupe, animée par Jean-Marie Cavada (un ménage), côtoyé les « boys » de Ricard, ceux qui avait la foi en « Monsieur Paul », qui y ont aussi laissé leur foie, les « pousseurs », les gars de la pétanque, ils adoraient le roi du pastis. Dans mes relations avec des collègues de cabinet ministériel, l’un d’eux, bossant pour Georgina Dufoix (désolé), était intarissable sur « Monsieur Paul », le mas de Méjanes, les Ambiez…

 

Bref, je connais la maison, et je vais me permettre de placer des réalités pour souligner que, notre chroniqueur, tout à sa volonté de célébrer « Monsieur Paul » fait 2 oublis.

 

Le premier, c’est que le pastis, Ricard, Pastis 51, Pernod, ne fait guère recette auprès  des nouvelles générations, c’est l’apéro des pépères, bob, marcel, pétanque et farniente. La photo titre prise sur un abri bus parisien montre bien la volonté du groupe  de conquérir les bobos, à mon avis en vain.

 

Le marché du pastis continue à perdre du terrain, avec des volumes en recul de - 7,3 % en 2018 versus 2017 et des ventes en valeur en baisse, à - 5,9 %. Néanmoins, il reste un poids lourd, puisqu’il occupe sur le marché global la deuxième place des spiritueux, derrière les whiskeys (23,5 % PDM vol vs 35,5 % PDM vol.) et pèse en CHR 11,7 % du volume des alcools, le plaçant à la 4e place derrière les whiskeys, les rhums et les vodkas.

 

Le moment apéritif reste d’ailleurs très fort en France, avec 26 millions de moments de consommation d’alcool par semaine, mais « l’émergence de la bière et des vins rosés au moment de l’apéritif a impacté le marché des anisés », analyse Marc-Antoine Hornecker, group brand manager du pôle apéritif chez Pernod. Autre raison de ce recul, les anisés souffrent d’une image vieillissante : « Les jeunes adultes n’entrent pas facilement dans la consommation d’alcool par les anisés et le goût plaît peu aux femmes. C’est un alcool typé plutôt masculin et d’une autre génération », renchérit Jean-Louis Denis, directeur commercial hors-domicile de Bardinet La Martiniquaise.

 

Ironie de l’Histoire, le pastis a envoyé les Vins Doux Naturels dans le cimetière des éléphants, Bartissol, Byrrh, Dauré…. Et aujourd’hui, lui aussi se voit détrôné par le vin rosé piscine.

 

 Le second, est que si le socle de Pernod-Ricard fut l’œuvre de « Monsieur Paul », sa deuxième place des spiritueux dans le monde, n’est pas l’œuvre d’n Ricard, mais de deux hommes : Thierry Jacquillat, branche familiale Pernod, directeur-général qui a étendu le groupe vers les whiskies et les vins ( vin australien ); Pierre Pringuet, X-Mines, ancien du cabinet de Michel Rocard, qui a mené tambour battant la diversification dès 2004, il mène en 2005 avec succès l’acquisition d’Allied Domecq, puis son intégration (Martell, Perrier-Jouet, Mumm) . En décembre de la même année, il devient Directeur général délégué du Groupe. En 2008, il conduit l’acquisition de Vin&Sprit (V&S) et de sa marque Absolut qui parachève l’internationalisation de Pernod Ricard.

 

Fais vite, ne traîne pas en route - broché - Thierry Jacquillat, Livre tous  les livres à la Fnac

28 avril 2021

Au temps où j’étais le porte-plume de Thierry Jacquillat le DG de Pernod-Ricard : Ararat son Cognac arménien était menacé aujourd’hui Le « cognac » arménien prié de changer de nom par l’UE. ICI 

 

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16 décembre 2009

Entretien avec Pierre Pringuet DG du groupe Pernod-Ricard «nous restons dans la Rioja...» ICI 

 

Rencontrer Pierre Pringuet est toujours pour moi un réel plaisir. Notre compagnonnage amical date du cabinet Rocard à l’Agriculture. Depuis l’X Mines qui nous faisait nous élever au-dessus des crises du porc ou de la tomate lors des séminaires du cabinet, qui se tenaient à la MJC de Conflans Ste-Honorine, a fait son chemin puisque, après avoir conduit toute sa carrière privée dans le groupe, le voilà, depuis que Patrick Ricard a pris du recul en présidant le CA, à la tête du co-leader mondial des Vins&spiritueux, un des poids lourds du CAC 40. Le journal La Tribune lui a déjà fait le coup du « de Rocard à Ricard » mais l’image souligne l’un des traits de caractère de Pierre c’est d’être fidèle en amitié.

 

Bandeau du bulletin de l'association MichelRocard.org

Dernier point, Pierre préside : l’Association Michel Rocard.org, ICI ça ne doit pas plaire au leader maximo de la NUPES, ex-député de Marseille.

 

L'enivrante aventure de la maison Ricard

L’enivrante aventure de la maison Ricard

Par Michel Guerrin

Publié le 10 juillet 2022

 

Alexandre Ricard règne sur 19 000 salariés dans le monde et il semble prendre plaisir à diluer son autorité, comme le pastis dans l’eau. Le patron du groupe Pernod Ricard, numéro deux mondial des spiritueux, affiche à 50 ans un visage adolescent, un sourire angélique, une courtoisie extrême, y compris quand une question peut l’agacer. Costume sobre, pas de cravate. Il se fond dans les équipes. Vous n’avez pas rendez-vous dans son bureau, il n’en possède pas. Comme les 1 000 salariés du siège parisien, près de la gare Saint-Lazare, le patron s’installe à une table ­commune dans un open space et range ses affaires en fin de journée dans un casier.

 

Avec un tel nom, on s’attend à autre chose. Il est le petit-fils de Paul Ricard (1909-1997), qui a lancé l’aventure familiale dans le pastis en 1932 à Marseille. Dans son livre de souvenirs, au titre convenu alors que lui ne l’était pas, La Passion de créer (Albin Michel, 1983), le fondateur assène qu’un patron ne doit pas avoir de bureau, que les équipes ont les clés, qu’il faut faire simple et se laisser guider par le bon sens. Troublante ressemblance.

 

Elle s’arrête là. Paul Ricard piquait des colères à faire trembler la Canebière alors qu’il est difficile d’imaginer Alexandre Ricard dans ce registre. Le fondateur, ancré à Marseille, diplômé de l’école de la rue, a fait fortune dans le pastis et incarnait l’apéro anisé avec deux slogans géniaux : « Un Ricard sinon rien » et « Garçon, un Ricard ! ».

 

 

Pendant la guerre, Paul Ricard se replie avec une partie du personnel en son domaine de Méjanes, en Camargue, qu’il transforme en corne d’abondance, produisant du riz, des jus de fruits, du vermouth, une eau, alimentant au passage la Résistance en alcool pour ses voitures.

 

Son petit-fils, diplômé de la réputée université Wharton, aux Etats-Unis, bien de son temps et mondialisé, pilote toujours le pastis, mais ­surtout 240 marques d’alcool, de la vodka au whisky en passant par le cognac. Au gré des acquisitions, le petit jaune rétrograde au rang numéro six dans le chiffre d’affaires de Pernod Ricard. Devant, on trouve la vodka suédoise Absolut, le whisky irlandais Jameson, le whisky écossais Ballantine’s, la liqueur au goût coco Malibu, le rhum cubain Havana Club.

 

Le recul s’explique. Ricard est vendu à 90 % en France alors que les marques de tête sont mondialisées. Si Paul Ricard, génie de la communication, n’a pas réussi à exporter son pastis, c’est que c’est vraiment impossible. Le pourtour ­méditerranéen est imprenable, chaque pays possédant son propre anisé. Ailleurs dans le monde, le goût peut rebuter et l’eau du robinet est ­souvent trop chlorée.

 

Les mille vies de Paul Ricard

Mais, en France, Ricard est la star du pastis, accaparant 51 % du marché ; 51, comme le nom de l’autre célèbre pastis de Marseille, également détenu par le groupe Pernod-Ricard, jolie coïncidence. Ricard vole au-dessus de la mêlée, elle est même, tous produits alimentaires confondus, la marque numéro un en valeur dans les supermarchés. Mieux que Coca-Cola ou Nutella.

 

Et puis l’anisé occupe une place spéciale au sein d’un groupe hanté par son fondateur. Chaque année, aux beaux jours d’avril, de 700 à 800 cadres accourent de 70 pays et se retrouvent pour discuter stratégie sur l’île des Embiez, au large de Toulon, que le fondateur a achetée en 1958. Les retrouvailles ont lieu autour d’un apéro-terrasse. « Chacun déguste ce qu’il veut, ce n’est pas ce qui manque, mais tout le monde ou presque demande un Ricard, même ceux qui n’aiment pas, par plaisir de l’instant et respect pour nos valeurs », explique Alexandre Ricard. Les 19 000 salariés connaissent-ils l’histoire du grand-père ? « Je crois que oui. »

 

Paul Ricard a eu mille vies à côté du pastis. Pendant la guerre, il se replie avec une partie du personnel en son domaine de Méjanes, 600 hectares en Camargue, qu’il transforme en corne d’abondance, produisant du riz, des jus de fruits, du vermouth, une eau (en Ardèche), alimentant au passage la Résistance en alcool pour ses voitures.

 

Les années passant, il construit un aérodrome et un circuit de formule 1 sur un plateau varois. Il aménage deux îles qu’il acquiert (les Embiez pour le tourisme, Bendor pour la culture, les deux pour la famille). Il invente un Institut océanographique dans les années 1960, ferraillant contre les boues rouges rejetées dans la Méditerranée par l’usine Péchiney (son slogan : « La Grande Bleue ne deviendra pas la mer Rouge »). Il lance une fondation d’art et joue les mécènes. Il peint 1 500 tableaux, crée un club taurin, produit des films, dont D’où viens-tu Johnny ? (1963), avec Johnny Hallyday, devient maire du village de Signes.

 

Il endosse, pendant quelques mois, en 1968, l’habit du gardien de chèvres, après avoir claqué la porte de son entreprise, non pas en réaction à la révolte étudiante, mais parce qu’il en a marre de la bureaucratie d’Etat, puis se replie, jusqu’à la fin de ses jours, dans une bastide blanche sur le piton de La Tête de l’Evêque, dans le Var. On en oublie sûrement.

 

L’alchimiste de l’anis

 

Paul Ricard trouve même le temps de faire ­fortune dans le pastis. Cette aventure naît d’une douleur. Nous sommes dans les années 1920. Il veut être peintre. Son père, négociant en vin, balaie le rêve et l’embarque dans ses tournées des bistrots. Il constate alors que les cafetiers servent sous le manteau de l’absinthe, la boisson anisée coupée avec de l’eau, interdite depuis 1915 tant elle fait des ravages.

 

Paul Ricard y voit le signe que l’anis reviendra dans la lumière. « J’ai passé ma vie à répondre aux besoins des autres. » Il a encore en bouche l’anisé exquis que lui avait fait goûter le père Espanet, courtier en vin et braconnier à ses heures perdues. Il veut en retrouver le goût. Il multiplie les essais en son fief familial de Sainte-Marthe, quartier excentré de Marseille – il fait même exploser un jour son laboratoire –, puis les teste auprès de cafetiers avant de les noter dans un cahier.

 

La formule serait gardée secrète dans un coffre, comme une bombe atomique. Un mythe ? « Disons un demi-mythe. Un bon chimiste doit pouvoir la reproduire », sourit Patricia Ricard, petite-fille du fondateur.

 

En 1932, l’alcool anisé est de nouveau autorisé. Paul Ricard est prêt. Il a 23 ans et il commercialise son « vrai pastis de Marseille », alors que cet apéritif se boit partout en France. C’est la première fois que le mot « pastis » est inscrit sur une bouteille. Mais, surtout, il lui donne son nom. On lui dit que c’est une folie, il répond : « Donner son nom est une garantie de qualité. »

 

La recette ne bougera jamais : 45 degrés d’alcool, anis de fenouil de Provence, anis étoilé de Chine, réglisse du Moyen-Orient et une flopée de plantes aromatiques de Provence. « Vous la changez, vous êtes mort », sourit Caroline Casta, qui veille sur les archives de la maison. La formule serait gardée secrète dans un coffre, comme une bombe atomique. Un mythe ? « Disons un demi-mythe. Un bon chimiste doit pouvoir la reproduire », sourit Patricia Ricard, petite-fille du fondateur et présidente de l’institut océanographique. Elle ajoute : « L’essentiel, c’est que la qualité soit immuable. »

 

« Le pastis est le meilleur ami de l’eau. »

 

Quelques chiffres disent le triomphe. La première année, Paul Ricard vend 250 000 bouteilles de son pastis, ce qui est remarquable pour un nouveau-né ; 3,6 millions en 1939, grâce en partie aux congés payés du Front populaire ; 9 millions en 1951 ; 20 millions en 1961 ; 60 millions en 1972 ; 106 millions en 1993 – le record – ; autour de 40 millions ces dernières années, dans un contexte de forte baisse de la consommation de tous les alcools en France.

 

« Personne ne fait un meilleur pastis que le mien », écrit Paul Ricard dans son livre de souvenirs. Les consommateurs font-ils vraiment la différence avec un 51 et une autre marque ? « Moi, je la fais en goûtant à l’aveugle », affirme Patricia Ricard. La réglisse, outre qu’elle génère la légendaire couleur jaune, donne de la gourmandise et de la rondeur à cet anisé, les plantes faisant le reste, indique Cédric Modica Amore, ­responsable marketing de Ricard.

 

Paul Ricard impose une autre révolution : les ­subtilités aromatiques et la fraîcheur de son anisé sont à leur meilleur quand il est fortement dilué. Sept doses d’eau et non cinq. Il a cette formule osée : « Le pastis est le meilleur ami de l’eau. » Le pastis pour se désaltérer… On lui dit qu’il est dingue, qu’il va tuer le marché si une bouteille dure plus longtemps, qu’il s’en vendra moins. Il s’en vendra davantage.

 

L’invention d’un capitalisme populaire

 

Paul Ricard met en place pour son pastis un réseau de commerciaux d’un nouveau genre. Ils doivent faire leur tournée avec l’habit du dimanche, arborer un sourire permanent et multiplier les kilomètres jusqu’à plus soif afin qu’on les appelle « le monsieur de Ricard » et pas par leur nom. Charles Pasqua, avant de devenir une figure droitière de la politique, est un de ces représentants. Lors de son entretien d’embauche, il emporte le morceau en lâchant son ambition : « Aller aussi loin que je pourrai, Monsieur. »

 

Alors qu’il était enfant, Alexandre Ricard se ­souvient d’avoir accompagné son grand-père qui, le mardi, se rendait en Lada au Géant Casino d’Hyères pour prendre la température des ventes. Il était ravi quand le chef du rayon des spiritueux saluait son représentant avant les autres. « Parce qu’ils étaient devenus amis. » Lors d’un voyage de quarante jours aux Etats-Unis, en 1946, Paul Ricard, plus à l’aise avec le provençal que ­l’anglais, comprend ce qu’est une entreprise efficace et le rôle central des équipes. Sa devise devient : « Fais-toi un ami par jour. » Son petit-fils la cite souvent.

 

Un patron paternaliste ?

 

Patricia Ricard cite un ancien employé : « Le paternalisme, c’est comme le camembert. Pour certains, ça pue, mais, pour d’autres, c’est délicieux.»

 

Paul Ricard invente un capitalisme populaire à partir d’un principe : des « collaborateurs » (on ne dit pas « salariés ») heureux travailleront dix fois mieux. Il est pionnier sur les salaires élevés, l’intéressement des employés aux bénéfices, les vacances étirées et les congés payés en des lieux-maisons, à la mer ou à la montagne. Il invente son propre PEL pour que les employés puissent être propriétaires de leur logement. « Les commerciaux avaient une vie rude, il fallait des contreparties », explique Patricia Ricard. Elle ajoute : « J’ai dû attendre mes 12 ans pour comprendre, en vacances, si une personne était salariée de l’entreprise ou membre de ma famille. »

 

Un patron paternaliste ? Patricia Ricard cite un ancien employé : « Le paternalisme, c’est comme le camembert. Pour certains, ça pue, mais, pour d’autres, c’est délicieux. » Il aime l’ordre, l’effort et goûte peu les éducateurs chevelus. A la lutte des classes il préfère la collaboration de classes. Il se tient à distance des organisations patronales et confie un jour : « Les patrons qui ne laissent rien après eux, je les plains. »

 

Michel Braudeau, qui l’a rencontré en 1997 pour Le Monde, dessine un « dictateur bienveillant », qui se sent bien au milieu du peuple. Un train de vie modeste, pas de costume de luxe. Il achète ses blousons en grande surface – comme le pastis. « Il ne possédait pas de yacht mais un chalut dessiné par lui. Pas de chevaux de course, il montait ceux de Camargue. Il ne collectionnait pas de tableaux, il les peignait », raconte Patricia Ricard.

 

Publicitaire hors pair

 

Le fondateur sait qu’un bon produit ne suffit pas, il faut « lui donner une âme ». Susciter le désir. Là, il est champion. Les théories du publicitaire ­britannique David Ogilvy (1911-1999), notamment sur l’imaginaire d’une marque, sont une révélation. Le patron imprime son nom sur tout ce qu’il crée. « Le mot Ricard doit supplanter le mot pastis et devenir un nom commun. » Mégalomanie ? Plutôt un art du marketing : une marque totale sert les intérêts de chaque branche – du pastis à la formule 1.

 

« Paul Ricard est mon père de pub », dira Jacques Séguéla, qui a élaboré l’image de François Mitterrand en 1981. Pour son logo, le Marseillais utilise le bleu pour la mer et le jaune pour le soleil, deux couleurs qui se voient de loin. Il invente ensuite une gamme d’objets associés au petit jaune, dessinant lui-même, en 1935, un broc d’eau couleur « pain brûlé », obtenue après une erreur de cuisson de la céramique. Suivent des verres, des cendriers, des bobs…

 

Ses goûts esthétiques ne sont pas modernes. Sa peinture ne vaut pas un clou – figurative, académique. Michel Braudeau comparait l’architecture touristique des Embiez à des camps de vacances dans l’ex-Yougoslavie. « Il avait le sens du spectacle », rétorque Patricia Ricard. Pour les affiches, se méfiant de la modernité épurée des années 1930, il opte pour des créateurs maison, qu’il peut contrôler, concoctant des images ­efficaces, colorées, à partir de mannequins souriants.

 

Il crée un service de dessin industriel, installe une imprimerie pour les publicités, jusqu’au papier à lettres. Et surtout, il arrose. Dès 1938, il lance une première campagne d’affichage nationale. L’année suivante, rebelote à la radio et dans les journaux. Cendriers et bobs s’invitent dans les manifestations populaires, les plages, les fêtes de village. On raconte encore que le patron a glissé une pièce de monnaie entre le goulot et le bouchon de chaque bouteille pour séduire les cafetiers. En 1948, Ricard devient la première marque partenaire du Tour de France.

 

En bon catholique, Paul Ricard est reçu au Vatican avec trois trains de « ricardiens » auxquels le pape Jean XXIII donne sa bénédiction – à son pastis aussi.

 

Au final, le patron marseillais réussit un tour de force : faire d’un alcool assez basique une boisson culturelle. « Il a mis en bouteille un imaginaire », estime Caroline Casta. Celui de la Provence, du compositeur Vincent Scotto, de l’écrivain Marcel Pagnol, de l’acteur Fernandel, du chanteur Tino Rossi. De Darcelys, surtout, qui vante en chansons le « vrai pastis de Marseille » : Une partie de pétanque, Un pastis bien frais ou C’est le Ricard.

 

La paix entre les deux coqs du pastis

 

Le fondateur de la marque reconnaîtrait-il son entreprise aujourd’hui ? Les bâtiments, non. La direction du groupe a emménagé en 2020 dans un immeuble élégant et lumineux dessiné par l’architecte Jacques Ferrier près de la gare ­Saint-Lazare. Mais il retrouverait accroché dans le hall La Pêche au thon (1967), de Salvador Dalí, l’un des rares tableaux qu’il avait achetés. Le siège de Pernod Ricard France, lui, est toujours à Marseille, mais il a quitté, en 2020, le site historique de Sainte-Marthe pour les Docks, à deux pas du port et de la mer.

 

Ce visage immobilier, l’un marquant l’ancrage marseillais, l’autre l’expansion mondiale, est le résultat d’un moment-clé et d’une évolution. En 1975, d’abord, l’alliance avec Pernod met fin à la guerre sans merci que se livraient les deux coqs du pastis. « C’était un peu comme les O’Timmins et les O’Haara [les deux clans familiaux en conflit dans un album de Lucky Luke] et ça devenait impossible », confie Patricia Ricard. Et puis, au cours des dernières décennies, Pernod Ricard est devenu un géant des spiritueux coté en Bourse. Avec 8,8 milliards de chiffre d’affaires et des bénéfices de 1,3 milliard en 2021, cette stratégie « visant à grandir » par acquisitions de marques continuera, confie Alexandre Ricard.

 

Certaines choses n’ont pas changé. En premier lieu, c’est toujours un Ricard aux manettes. Après son retrait, en 1968, Paul confie les clés à son aîné, Bernard, qu’il vire un peu plus tard, puis au cadet, Patrick, non sans garder un œil sur les comptes. « Toutes les semaines, il surlignait au Stabilo Boss vert ou rouge les ventes en volume et par marque. S’il y avait trop de rouge, il passait un coup de fil… », sourit Alexandre Ricard.

 

Ce dernier, fils de Bernard et neveu de Patrick, pilote le groupe depuis 2015. Il est le guide d’une famille dont une cinquantaine de membres sont réunis au sein de la société anonyme Paul Ricard, qui détient 14,05 % du capital et 20,71 % des droits de vote. Alexandre Ricard a été choisi pour « son talent », répète-t-on, pas sur son nom. Ce dernier insiste : s’appeler Ricard n’est pas un ­critère d’embauche. Et si après lui personne ne s’impose dans la famille, le patron sera recruté en dehors.

 

Une lente érosion des ventes

 

En son sein régnerait un bon esprit. Le contraire serait un peu déplacé, d’autant que les dividendes sont appréciables. « Nous sommes bien conscients d’être des privilégiés », indique Patricia Ricard, qui vient d’intégrer le conseil d’admi­nistration. En 2018, quand le groupe a dû ­affronter l’entrée inamicale au capital du fonds activiste américain Elliott, en appelant à une fusion avec un autre géant des alcools, la famille s’est avérée un atout de stabilité.

 

La tribu familiale veille aussi sur l’héritage du grand-père – elle était quasiment au complet, aux Embiez, pour fêter les 90 ans de la marque. Mais, voilà, le pastis en général subit une lente érosion des ventes en raison de l’attractivité d’autres apéritifs. Pernod Ricard s’en sort le mieux, puisque son anisé gagne des parts de marché, mais la marque a dû supprimer 10 % des effectifs en 2019, au moment de la fusion définitive avec Pernod.

 

Comme son grand-père, Alexandre Ricard veut ancrer son pastis dans les apéritifs tendance à dimension culturelle, notamment auprès des jeunes adultes. La bouteille, relookée en 2011, est un bel objet d’une couleur feuille-morte. La marque se veut aussi à la pointe de l’environnement et de l’écologie, tant au niveau des produits que des sites de production. Les lancements récents d’un anisé issu de plantes fraîches ou de Ricard fruité bio (citron et amande) vont dans ce sens.

 

Le groupe a également ouvert, en 2020, dans les Docks, quatre espaces au design branché, à la gloire de l’anis sous le concept Mx (« M » pour Marseille, « x » pour mélange) : une exposition immersive (8 euros l’entrée tout de même) pour raconter le pastis, une boutique, un bar à cocktails avec cours de pastisologie et un restaurant. C’est un mélange des genres digne du grand-père, l’art de raconter le pastis et de vanter la marque.

 

Pour son anniversaire de 90 ans, la maison a mis le paquet – à se demander ce que ce sera pour les 100 ans. Le slogan franglais « Born à Marseille en 1932 » est décliné par le designer Yorgo Tloupas sur une bouteille en édition limitée, un verre et une carafe. Pour l’occasion, le célèbre cruchon de 1935 a été réédité.

 

Cela fait des années que Pernod Ricard fait appel à des designers (Garouste et Bonetti, le Studio 5.5 ou Marc Newson) avec pour mission de donner un coup de jeune à la bouteille ou au broc. On retrouve le même esprit avec la fondation d’art, installée au pied du siège parisien, réputée pour soutenir les artistes émergents.

 

Alexandre Ricard semble évoquer un fantôme quand il veut « une entreprise humaniste, à la pointe du social et de l’intéressement des équipes ». Comme son grand-père, il est friand d’un apéro Ricard-olives-saucisson. Comme lui, il ne veut pas rater un wagon de la nouveauté – il a beaucoup lu sur le métavers. Il passe ses vacances estivales aux Embiez. Sur l’île, pas loin, Paul Ricard est enterré avec une bouteille à son nom.

 

Michel Guerrin

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15 juillet 2022 5 15 /07 /juillet /2022 06:00

 

J’ai toujours rêvé de ragoter dans le papier glacé de Gala, Voici, Grazia… sous-titrer des photos de people volées par des paparazzis ou, le plus souvent commanditées par les susdit. De mon temps, les magazines pour le petit peuple, les gens de Jean-Luc, étaient moins glamour, sauf Paris-Match, c’était Ici Paris, France-Dimanche

 

Comme j’ai plutôt pataugé dans le marigot politique et le mondo vino, les frasques du capitaine de pédalo et les amours de Sarko furent mon miel de petite main des dits grands de ce monde, mais aujourd’hui alignement des planètes : vin, people et politique se rejoignent.

 

En effet, tout le monde, ou presque, sait que Nicolas Sarkozy n’aime toujours pas le vin, mais voilà t’y pas qu’il devient copropriétaire d’un domaine, vigne et oliviers, en Provence, aux côtés des familles Courbit et Prats.

 

Alexandre Abellan, le Stéphane Bern de Vitisphère

 

Intégralement cédé en 2020 par la famille Reboul-Schneider, le château d’Estoublon appartient désormais à Stéphane Courbit (groupe hôtelier Lov Group), à la famille Prats (anciennement propriétaire du château Cos d’Estournel) et… au couple formé par la chanteuse Carla Bruni et l’ancien président Nicolas Sarkozy rapporte Paris Match. Proposant une offre hôtelière haut-de-gamme (avec un restaurant), le domaine provençal produit de l’huile d’olive (avec 120 hectares d’oliviers) et des vins (avec 18 ha de vignoble). S’appuyant sur l’expertise technique de l’œnologue Anaïs Maillet, Carla Bruni indique à Gala s’impliquer dans la création des cuvées du domaine : « je ne me suis pas juste contentée de déposer ma marque » Roseblood (lancée en 2021) indique-t-elle, précisant que « concernant l'assemblage, nous avons bien sûr notre mot à dire mais cela reste tout de même relatif. Nous donnons nos impressions. »

 

Dans cet entretien résolument people, Carla Bruni rappelle que ICI

 

Nicolas Sarkozy n’aime toujours pas le vin, mais devient copropriétaire d’un vignoble

ça me rappelle une vieille chronique :

 

27 novembre 2009

Grand Q Glacé : cuvée du Château Gonflable ICI 

 

C’est donc le rush  des people sur le rosé de Provence

 

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Le rosé de Provence séduit toujours plus de stars ICI 

 

Après Brad Pitt, Georges Clooney, Georges Lucas, Kylie Minogue et John Malkovich, c'est le basketteur Tony Parker qui vient de s'associer avec un poids lourd du secteur vinicole. Un coup de pub international pour le vin de Provence, mais qui entraîne une forte augmentation du prix du foncier sur place.

 

 

C’est Olivier Nasles, le pape du bio de l’INAO, qui va être content, suivi par mes nombreux supporter provençaux : dont « Ô, ô, ô… »  taquin je suis pour un lecteur qui me lit par le trou de sa serrure.

 

Pour ne rien vous cacher le rosé de Provence n’est pas ma tasse de thé mais, n’étant pas abonné à la NUPES, je ne crache pas sur le succès, la réussite, à chacun selon ses goûts, si tant est que certains jus pâle en ait, du goût.

 

Le plus génial inventeur du rosé de Provence chic et people est le fantasque Sacha Lichine avec le rosé le plus cher du monde, la cuvée Garrus du Chateau d’Esclans

 

« Il sort du standard des rosés de Provence fruités et vifs. Ce vin est puissant, sur des notes de fruits rouges et d’épices du bois. »

ICI 

Situé à Fontvieille depuis 1489, en plein cœur du massif des Alpilles, le château d’Estoublon est un des grands domaines de l’appellation baux-de-provence. En médaillon: Carla Bruni,  Le 5 avril, balade dans l’oliveraie de 120 hectares conduits en agriculture biologique.

Carla Bruni : «Château d’Estoublon, une terre d’inspiration» ICI 

Pour Raphaëlle avec deux ailes

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14 juillet 2022 4 14 /07 /juillet /2022 06:00

Histoire | Castel AfriqueVIEUX PAPES Vin de l'Union Européenne Vieux Papes rouge Grand Format 5L pas  cher à prix Auchan

Je ne vais pas jouer les « vierges effarouchées » j’ai dans ma vie professionnelle, même s’il exécrait les socialo-communistes, eu Pierre Castel comme interlocuteur :

 

23 janvier 2013

Un modeste fils d’émigré espagnol : Pierre Castel bâtit un empire à la porte et à la barbe des seigneurs des Chartrons ICI 

 

«Tout ce que Pierre touche, il le transforme en victoire ; il connaît le prix de tout, salue, admiratif, Bernard Magrez »

 

Pour que le très prudent journal Sud-Ouest se fende d’une double page sur les ennuis fiscaux et autres des sociétés de Pierre Castel, il faut vraiment que ça sente le roussi.

 

Les affaires chinoises de Castel, empire girondin du vin, dans le viseur de la justice

 

Les affaires chinoises de Castel, empire girondin du vin, dans le viseur de la justice ICI 

 

Déjà Le Monde avait ouvert le bal :

 

Castel : une enquête ouverte à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité à la suite d’accusations visant une filiale du groupe en Centrafrique

Une filiale du géant français des boissons Castel est accusée d’avoir soutenu financièrement des rebelles en Centrafrique.

 

Le Monde avec AFP

Publié le 01 juillet 2022

 

Une enquête a été ouverte à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre après un rapport accusant une filiale du géant français des boissons Castel d’avoir soutenu financièrement des rebelles en Centrafrique, ont annoncé, vendredi 1er juillet, à l’Agence France-Presse (AFP) les avocates de l’ONG The Sentry. Une source proche du dossier a confirmé que cette enquête préliminaire avait été ouverte mercredi.

 

La suite ICI 

 

Les socialos, pas question

 

Il n’a pas tergiversé. Dès que François Mitterrand a été élu président de la République, en 1981, Pierre Castel a filé en Suisse avec sa femme, Françoise. Il n’en est jamais revenu. Deuxième fortune française installée de l’autre côté des Alpes – le magazine «Bilan» estime sa richesse à 12 milliards d’euros –il réside depuis dans une magnifique villa sur les bords du lac Léman. Et lorsqu’il est en France, il séjourne au Château Barreyres, un cru bourgeois situé à Arcins, près de Margaux.

 

A 93 ans – Il en a aujourd’hui 97 – Pierre Castel a depuis bien longtemps organisé sa succession à la tête de son tentaculaire empire. Un groupe aux 250 filiales, qui pèse 6 milliards d’euros, emploie 37.000 personnes à travers le monde, et semble avoir exploité toutes les ficelles de l’optimisation fiscale et de l’opacité juridique. Ses deux grandes entités, BGI pour ses activités africaines et Castel Frères pour le vin, sont coiffées par des holdings et trusts logés à Gibraltar, à Singapour, à Malte, au Luxembourg ou encore à Hongkong. Des petits paradis pour qui veut garder ses affaires secrètes. Pour contrôler l’ensemble, il a placé aux commandes une trentaine de membres de sa famille. Son neveu Alain Castel dirige la branche vin, aux côtés de ses frères Philippe et Jean-Bernard. Les fils de Pilar, sa sœur ainée, Michel et Jean-Claude Palu, ont la haute main sur les brasseries africaines. Aucun n’a souhaité répondre à Capital, pas plus que le patriarche, qui continue de régner sur toutes les décisions stratégiques.

 

Les petits secrets de Pierre Castel, le baron du vin en France ICI 

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13 juillet 2022 3 13 /07 /juillet /2022 06:00

Guerre d'Algérie, les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet | L'Humanité

On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, et Mélenchon, pour ce qui est de se lustrer le poil est un maître, il se désigne comme «Le tribun du peuple» et main de fer il tance et lance : «Désormais, il en coûtera très cher de descendre du train. Cela vaut pour tout le monde. Y compris pour nous insoumis.» Le petit filou de Ruffin, fait entendre sa petite musique, le coquin, en mettant le doigt où ça fâche : les classes populaires s’abstiennent ou vote RN.

 

La NUPES, c’est son œuvre, il adore les forceps, et son «horizon», désormais, «c'est la pérennité de l'œuvre réalisée : la Nupes». Tel un Mitterrand à Épinay, mais un Mitterrand venu des soupentes sombres de l’extrême-gauche,  et  non de celles de la droite comme le Tonton, il a «dénoué une crise qui durait à gauche depuis une génération».

 

Quel homme !

 

Il borne, grand arpenteur la « vraie gauche », son œuvre : « La dernière fois qu'il y a eu une union populaire à gauche, c'était au siècle précédent, avec la gauche plurielle.» Normal, sous la main d’un Jospin, venu des mêmes bords que lui, il y faut un vague sous-secrétaire d’État à la formation professionnelle – Ministre délégué pour ne pas froisser sa fierté.

 

« Le choix d'Olivier Faure et Julien Bayou a été tracé par les événements », estime-t-il,  mais a rendue caduque la ligne qui était défendue par le Parti socialiste ces dernières années. Il assure que ses alliés « ont compris alors l'impasse de la ligne sociale-libérale ».

 

Bon Prince « Le refus des autres membres de la Nupes de faire un groupe unique ne voulait pas dire refus de travailler plus étroitement ensemble. J’ai donc cédé. De bon gré »

 

« La bonne surprise, c’est de voir à quel point socialistes et Verts sont engagés »

 

Mais où sont passés les cocos ?

 

Omission !

 

Depuis la création de l'alliance, certains membres du PC, et notamment Fabien Roussel, n'hésitent pas à charger ceux avec qui ils sont censés siéger. Celui qui n'avait dans un premier temps pas fermé la porte à un gouvernement de coalition, avait, au lendemain du second tour des législatives, tenus à rappeler que l'alliance « n’a pas empêché non plus l’extrême droite de progresser fortement, et ça, ça m’interpelle, ça me questionne ».

 

Mais n’ayant jamais frayé ni avec le PCF, ni avec les Verts, je vais me contenter d’ironiser sur le PS versus Faure, Olivier, pas Edgar ou Maurice.

 

Ce Faure-là, ce fut d’abord pour moi cela :

 

11 septembre 2021

C’était au temps où Olivier Faure, premier secrétaire du PS, choyait Ségolène Royal dans Ségo, François, papa et moi… ICI 

 

Purge au PS: exclure François Hollande « n'a jamais été envisagé » assure Olivier Faure

 

Interrogé sur la procédure d'exclusion lancée par le PS à l'encontre de 79 dissidents (57 candidats, 22 suppléants), Olivier Faure a assuré qu'il ne s'agissait « pas d'une purge », comme certains opposants l'ont dit.  « Il n'y a jamais eu de purge, mais la volonté de faire respecter des règles et de faire en sorte que nous honorions notre parole », a-t-il ajouté. « Il y a des gens qui ont été candidats contre des candidats soutenus ou présentés par le PS (dans le cadre de l'alliance de gauche Nupes, N.D.L.R.). Nos statuts disent clairement qu'on ne peut pas être candidat contre nos candidats » a expliqué le premier secrétaire.

 

LES DISSIDENTS CUISINÉS DEVANT UNE COMMISSION

 

Les personnes concernées par la procédure d'exclusion passeront devant « une commission des conflits, qui est une commission pluraliste, il y aura du contradictoire », a-t-il assuré, et les sanctions « pourront aller de l'avertissement jusqu'à l'exclusion, en passant par la suspension temporaire ».

 

Mais ça c’est de la petite bière, Olivier Faure a fait sa mue. On a taclé sa mollesse. On l’a suspecté d’avoir été tenté par le macronisme, classé un parmi les vallsistes du PS.

 

À gauche toute donc ! La vraie ! Celle qui dans l’opposition est pure et dure, inflexible…

 

Selon un de ses admirateurs « il a fait l’inventaire des années Hollande. Tardivement, mais il l’a fait. Réglé ses comptes avec Valls. Il s’est fâché avec beaucoup des historiques de sa famille politique. Il a pris des risques. Et il a eu ce courage de ramener le PS sur sa gauche en s’engageant sincèrement dans cette alliance inédite de la gauche et des écologistes – acceptant que le PS ne soit plus la matrice, la colonne vertébrale, la centre de gravité de la gauche. Faure trace l’avenir du parti socialiste avec humilité et lucidité. Aujourd’hui, loin de se cacher derrière son petit doigt, il est devenu l’un des principaux acteurs de la NUPES quand le communiste Fabien Roussel se montre plus réservé, voire n’hésite pas à taper le camarade Mélenchon. »

 

En clair, le petit Faure, qui fut le toutou de Ségo et du capitaine du pédalo, se refait, à bon compte, la cerise, il a sauvé son siège, et celui de quelques camarades, Saint Paul tombé de son cheval, il  suit son nouveau maître, le messie Jean-Luc.

 

Celui-ci qualifia en son temps la gauche de Rocard, de gauche molle, la sienne étant dure en paroles, alors renvoi d’ascenseur celle du PS-NUPES c’est la gauche Mollet.

 

L’œuf mollet  a l’apparence d’un œuf dur avant que l’on fende la coque, mais dès qu’on le décapite c’est liquide, mou.

 

Je plaisante mais c’est pourtant ce qu’était l’ancêtre du PS, la SFIO de Guy Mollet, dur en paroles, molle en actes.

 

Lettre ouverte à Guy MOLLET, via Pierre LAURENT - Je ne garderai pas la vielle maison (par Fabrice AUBERT)

Un chef calamiteux

 

L’après-Seconde Guerre rebat les cartes. Des socialistes ont collaboré. D’autres ont été résistants. La SFIO renaît et se donne à un chef qui, à ce jour, reste comme le plus calamiteux qu’elle ait connu. Guy Mollet (1905- 1975), un professeur d’anglais d’Arras, est l’incarnation de la schizophrénie politicienne.

 

En campagne, il est un doctrinaire d’un marxisme irréprochable.

 

Arrivé au pouvoir en 1956, il est incapable de faire évoluer la situation algérienne et de s’opposer à l’extrémisme pied-noir ; il s’engage, à côté des conservateurs anglais, dans la désastreuse opération de Suez ; puis, en 1958, se rallie sans condition à de Gaulle.

 

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Envers et contre tout, il garde son fauteuil de patron de la SFIO, mais son parti est un astre mort. Le grand homme de la gauche est Mendès France, membre du Parti radical. Les intellectuels sont dans des clubs, hors du parti. Les rénovateurs ont rallié le PSU, créé en 1960.

 

À la présidentielle de 1969, Defferre représente la SFIO. Il obtient 5% des voix. La catastrophe conduit à la création d’une nouvelle formation, le Parti socialiste. En 1971, à Epinay, il fusionne avec d’autres courants de gauche, et se donne à Mitterrand, pour entamer ce nouveau cycle dont on dit qu’il s’achève.

 

Socialiste, Michel Rocard le restera toute sa vie, mais selon une acception qui doit beaucoup à la grande expérience de la jeunesse : l'Algérie. L'insurrection qui s'est déclenchée en 1954 laisse la IVe République empêtrée et bientôt déchirée. Elle fait naître en réaction une génération politique, dans le drame et la scission morale. Comme il s'agit de deux départements français et qu'un million d'Européens vivent là-bas, les forces politiques, communistes compris, n'imaginent pas que la colonie puisse devenir indépendante. On réprime, mais on cherche aussi à négocier.

 

Très vite, la gauche se divise.

 

Les uns - Guy Mollet, François Mitterrand - font la guerre.

 

Les autres - Pierre Mendès France, Alain Savary ou Daniel Mayer - veulent un compromis.

 

En 1956, on croit que Mendès France va redevenir président du Conseil et négocier, comme il l’a fait avec les nationalistes vietnamiens en 1954.

 

C’est Guy Mollet qui est désigné. Le jeune Rocard voit ainsi le chef de son parti, la SFIO, mobiliser le contingent, encourager l’action des paras, couvrir la torture. Pour ce militant de culture chrétienne, qui a pris pour ses activités politiques le pseudonyme d’un hérétique de Genève brûlé par Calvin, Michel Servet (il est tenu au devoir de réserve comme fonctionnaire), cette dérive coloniale et cette chute morale sont inconcevables. Au même moment, François Mitterrand est ministre de la Justice et vise Matignon. Pour rester dans le jeu, il applique sans hésiter la politique répressive du gouvernement en Algérie. Contraste entre deux hommes qui ne se connaissent pas mais qu’une conception antagonique de la politique oppose déjà…

 

Les années Mollet

 

Et puis arrivent les années Mollet en 1956. Le retour de la gauche au pouvoir. En Egypte, l’ancien professeur d’anglais pacifiste voit en Nasser “un nouvel Hitler” et envoie les parachutistes récupérer le canal de Suez.  Sa grille de lecture issue des années 30 et son fort attachement à Israël font le reste. Suez est un échec. Nasser devient un “héros dans le monde arabe”, la France et son allié anglais la risée de l’Ancien monde.

 

Au Maroc et en Tunisie, on arrête comme rarement auparavant les opposants et on soutient les colons à l’heure où le globe se libère de la domination européenne. Mais ce n’est rien à côté de l’Algérie ! Guy Mollet et son entourage (Max Lejeune, Christian Pinault, Marcel Naegelen…) vont y opérer la politique la plus dure et la plus répressive desdits «événements».

 

Refusant d’écouter des hommes comme Ferhat Abbas ou Jacques Chevallier appelant au dialogue, les socialistes au pouvoir font arrêter Ben Bella, couvrent la torture, truquent les élections, notamment à Oran, multiplient les arrestations arbitraires et, cerise sur le gâteau, envoient près d’un million de jeunes conscrits français dans le Djebel…

 

La fracture est définitive. Le PCF de son côté a effectué un virage à 180° – mais il en a l’habitude ! – en passant d’un Algéristan à la soviétique à l’Algérie algérienne. La SFIO de Jaurès ne s’en relèvera pas et le lien avec les intellectuels et la Méditerranée non plus.

 

Michel Rocard poste avec le bureau politique du PS en 1993 dont Jean-Luc Mélenchon.

 

Régis Debray : « Fidel Castro, flamme et cendres »

TRIBUNE

Régis Debray

Écrivain et philosophe

Familier, compagnon de route et interlocuteur du dirigeant cubain, l’écrivain Régis Debray revient, à l’heure des obsèques du chef révolutionnaire à La Havane, sur cette aventure qui l’a « marqué pour toujours ».

Publié le 03 décembre 2016 

 

« Il est déjà trop tard pour faire sentir à une génération sans histoire, ni peut-être même sans la mémoire d’une histoire, ce que fut le vibrato d’un moment de fraternité évanoui. Il a, dans nos années 1960, arraché plus d’un enfant du siècle à son confort, en l’élevant, parfois, au-dessus de lui-même. De cette colère et de cet espoir, Fidel Castro fut le parrain, l’entraîneur, le blason. La République torturait en Algérie, des humiliés se soulevaient par milliers sur trois continents, et une tierce voie, entre capitalisme et communisme, luisait à l’horizon.

 

De cet élan venu des profondeurs, plus qu’un engouement, reste un sobriquet injuste et dédaigneux, le tiers-mondisme. Une certaine ingénuité d’âme, un zest de messianisme chrétien, la guerre d’Espagne encore dans les têtes et la volonté d’expier nos hontes nationales, Pétain et Guy Mollet… On en connaît la critique, bien courte. Qui se souvient aujourd’hui des dictatures militaires, des escadrons de la mort et de l’opération Condor activée par la CIA, des exactions d’un Empire sans scrupule aucun, dans son arrière-cour ?

 

Aujourd’hui que l’économique et le médiatique, chiffrage et bruitage, deux illusions qui se prennent pour des réalités suprêmes, obnubilent le marché, non plus des convictions, mais des opinions… Et sans doute, comme Obama l’a dit à bon escient, est-il trop tôt encore pour savoir dans quelle niche l’histoire rangera demain cette figure insolite, Bolivar prolongé ou Mussolini tropical. Pile ou face. Et le choix final du stéréotype en dira encore plus sur l’historien et son moment que sur son condamné ou son héros. Etrange, incommode entre-deux.

 

Fidel étonnait et détonait

 

À chaque génération, sa sensibilité et sa géographie, et c’est peu dire qu’elles ne s’entendent plus. On soliloque de part et d’autre. Chacune a son sabir et ses simplismes. L’opposition « démocrate-dictateur », alpha et oméga de la culture politique d’une Europe désormais infantilisée par le manichéisme nord-américain, c’est une case par trop sommaire pour y loger les « hommes à cheval » issus d’une autre histoire que celle des hommes à chiffres. Si caudillo, c’était tyran, et commandante, icône, ni plus ni moins, les chefs d’Etat démocratiquement élus d’Amérique latine, gauche et droite confondues, du Colombien Santos au Brésilien Lula, ne seraient pas si nombreux à escorter l’urne funéraire.

 

Les souvenirs personnels ne valent pas pour des jugements d’historien, mais, pour avoir été une année durant, en 1966, l’un de ses familiers et son interlocuteur jusqu’en 1989 (lors du procès Ochoa, brouille et divorce), je ne peux me défendre d’un curieux sentiment : je ne reconnais pas la personne qui m’a permis de vivre des moments de grande intensité, dans le personnage caricaturé çà et là. Sans doute n’ai-je pas eu à connaître le chef d’Etat, mais seulement, insoucieux comme je l’étais de la situation intérieure, l’inlassable animateur des résistances nationales au-dehors. Ce Fidel-là était beaucoup plus attachant que Castro, et que l’idéologie qui s’attache à son nom. Et on pouvait, par moments, se demander s’il aimait vraiment le régime dont il était la tête.

 

Nul ne règne innocemment

 

Ouvert et curieux de tout, étonnamment cultivé, sans grandiloquence, pas Lider Maximo pour un sou, affectueux et parfois enfantin. Lançant le concours, en petit comité, au cours d’une randonnée dans la jungle, de qui tiendra le plus longtemps sans boire, et à l’arrivée, de qui remplirait le plus vite sa gourde à un suintement de source – ce n’était pas lui qui gagnait à chaque coup, je précise. Un souvenir des années 1970. Ce qu’il pouvait dire dans l’intimité de l’Union soviétique et de ses dirigeants, comme des régimes communistes de l’époque, lui aurait valu l’excommunication sans phrases du magistère marxiste-léniniste et les foudres de Granma, le journal unique de son île. Fidel étonnait et détonait. Les dissentiments politiques n’effaceront pas, en ce qui me concerne, ce sentiment tenace.

 

Bien sûr, le romantisme côtoyait le cynisme, Robin des bois, le prince de Machiavel, et la générosité, la cruauté. C’est la loi du genre. Nul ne règne innocemment et le pouvoir absolu corrompt absolument : ces aphorismes sont sans âge ni patrie. Ils n’empêchent pas certains clins d’œil chez les grands seigneurs de la profession, aussi contrastés soient-ils, par les mœurs ou l’idéal. C’est un club exclusif. Fidel en était, et les membres ont pris congé.

 

À la Boisserie, dans le salon, trône aujourd’hui encore une boîte à cigares ouvragée bien en vue, un cadeau personnel de Fidel Castro au général de Gaulle. Et les Lettres à Anne nous apprennent à quel point François Mitterrand, en 1974, à La Havane, face à son hôte, sentit passer le grand souffle de l’Histoire. J’ai décrit ailleurs, dans Loués soient nos seigneurs, les hauts et les bas de l’aventure. Celle-là m’a marqué pour toujours. « Le monde d’hier », aurait murmuré, avec un sourire ému et, qui sait, un peu triste, Stefan Zweig, avant de tirer sa révérence.

 

Régis Debray (Écrivain et philosophe)

 

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12 juillet 2022 2 12 /07 /juillet /2022 06:00

 

C’est mon anniversaire, je vous  délivre mon testament politique.

 

Le leader de la Nupes est toujours lambertiste, ce courant trotskiste dont son ralliement à François Mitterrand l'avait sorti. Le lambertisme propose une vision apocalyptique et paranoïaque de la situation politique et sociale. Après s'être projeté en hologrammes, Jean-Luc Mélenchon vit maintenant dans un monde virtuel, où il entraîne toute la gauche déboussolée.

 

Ce pauvre Merluche a le don de rater toujours la dernière marche de la Présidentielle, battu il pratique une arithmétique dont je ne me risque pas à évaluer le niveau par respect pour tous les profs de l’Educnat, soit un gros paquet de ses électeurs.

 

Affligeant ?

 

Non, il fait, après chaque échec, table rase du passé, nous sert un nouveau plat pour les législatives : Mélenchon Premier Ministre, ce qui met en transe ses adorateurs, qui ne recrutent guère chez les pauvres, ils s’abstiennent ou vote RN.

 

Il se ramasse une nouvelle gamelle, même s’il prive en compagnie du RN les adorateurs de Macron d’une majorité absolue à l’AN, son score n’est pas à la hauteur de ses ambitions.

 

Alors, le vieil ex-sénateur de l’Essonne blanchi sous le harnois d’une élection facile, liste et grands électeurs, nourrit des regrets, en affirmant qu’il a « manqué au total seize mille voix dans le pays entre les diverses circonscriptions pour avoir la majorité relative devant les macronistes».

 

Médaille Fields : quatre mathématiciens distingués à Helsinki - Le Point

N’est pas prix Field qui veut, POURQUOI C’EST EXAGÉRÉ voir les calculs du Monde ICI 

 

N’étant pas lui-même député, il envoie ses troupes au front, foutre le bordel, lors du discours de politique générale de la Première Ministre, et la Nupes dépose une motion de défiance dit-elle, coup d’épée dans l’eau puisque elle est vouée à l’échec, ce qui n’empêche pas notre Mélenchon  de faire des appels du pied au groupe RN.

 

Pour l’heure les différents groupes de la NUPES suivent sans moufter le Conducator, les ex-toutous du conducteur de pédalo : Faure et Vallaud  en tête font du mollétisme en faisant de la surenchère néo-marxiste, la branche khmère verte Bayou-Rousseau est dans son élément, quant à  Fabien Roussel il attend le bon moment pour faire sonner sa différence.

 

Lors d’une conférence de presse, au siège du Parti ouvrier indépendant (POI), à Paris, mardi 5 juillet, Jean-Luc Mélenchon a proposé à ses partenaires de la Nupes de lancer « une grande marche contre la vie chère » en septembre prochain.

 

Jean-Luc Mélenchon a estimé mardi que la crise née des élections législatives, et qui pourrait perdurer à travers un « blocage » au Parlement, « se dénouera par des élections » législatives, que la gauche unie peut à ses yeux remporter.

 

La rue donc, une forme de chienlit à haut bruit pour amener Macron à dissoudre et à prendre le risque de perdre cette fois-ci les législatives.

 

C’est une hypothèse qu’il faut prendre au  sérieux, deux bémols :

 

  • La mainmise de LFI sur les diverticules de la NUPES risque de faire fuir les électeurs dit de gauche mais versus social-démocrate.

 

  • La chienlit les français adorent lorsque ça ne dérange pas leurs petites affaires, le parti de la peur qui, en juin 68, a envoyé une imposante majorité à de Gaulle, peut ressusciter et redonner des couleurs au pâlichon Macron.

 

Je ne me risquerai pas à lire l’avenir dans le marc de café, mais ce que j’affirme, sans risque de me tromper, c’est que cette situation inédite n’est pas un drame pour notre vieux pays, elle permettra je l’espère de « purger le bébé » aussi bien dans le clan présidentiel qui fait comme si la donne n’avait pas changée, que dans celui de l’opposition de gauche qui fait comme si la France était une île.

 

Le coupe Macron&Mélenchon s’épaule :

 

Lambertiste un jour lambertiste toujours !

 

Inspecteur des Finances un jour inspecteur des Finances toujours !

 

Le 2 juillet dernier c’était l’anniversaire de la mort de Michel Rocard, sur les réseaux sociaux ce fut un long lamento de regrets éternels. Très français ce genre de panthéonisation d’un homme politique qui,  certes, comme l’écrit  Jean-Pierre Mignard @jpmignard

 

2 juillet

 

Un des personnages les plus intègres  de la vie politique française, réformiste venant du PSU et de l'extrême gauche il est resté conscient jusqu'au bout du risque que faisait courir au monde l'économie financiarisée, mais qui ne s’est jamais vécu comme un sauveur.

 

Mélenchon l’exécrait, le successeur du leader insoumis à la députation à Marseille, Manuel Bompart, a insisté auprès de France info sur le fait que « Jean-Luc Mélenchon n'a jamais été un fervent défenseur de Michel Rocard ». Son entourage soulignait par ailleurs qu'il « n'a jamais soutenu Rocard quand il était Premier ministre, au contraire il faisait partie de la gauche du PS qui le contrait », comme le rapporte l'AFP. Jean-Luc Mélenchon critiquait en effet la gauche de Michel Rocard qu'il qualifiait de "gauche molle".

 

Macron n’est en rien son héritier, laissons Michel reposer en paix à Monticello, foutons-lui la paix !

 

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11 juillet 2022 1 11 /07 /juillet /2022 06:00

Nallet.jpg

J’ai bien connu et travaillé avec Lalou Bize-Leroy, lorsque Henri Nallet, alors Ministre de l’Agriculture, lui d’ordinaire si taiseux, lorsqu’il était conseiller de Tonton nous l’appelions le Sphinx, se laissa aller à se la jouer « nationaliste »  

 

« La Romanée-Conti, c'est comme une cathédrale selon le Ministre. Il n'est pas question de laisser partir un élément du patrimoine culturel français »

 

Le 29 février 2008 j’écrivais :

Henri Nallet arrête les Japonais en Bourgogne ICI

 

Ce fut l'équivalent de Charles Martel en 732 mais, au lieu d'être dans les livres d'histoire, seule les archives du journal Libération s'en souviennent. C'était le 2 septembre 1988, page 11 (une pleine page avec appel en une).

 

Un événement ?

 

Non, un coup médiatique concocté par les communicants du Ministre. En ce temps, directeur-adjoint du cabinet, je ne suivais pas le dossier de la viticulture, la période était plon-plon dans le South of France. Je découvris donc le scoop dans Libé comme tout le monde. Fis grosse colère. J'ironisai sur le risque de voir la Romanée commercialisée en cubi dans les grandes surfaces japonaises. Je fis aussi remarquer que ce coup de menton, très politique de la canonnière, basé sur rien était du pire effet auprès du gouvernement japonais. On me prit de haut. Puis, face à l'évidence, ce cher Henri me dit, tout sourire « arrange-moi ça... » Ainsi, après une entrevue avec le conseil de Lalou Leroy-Bize, je fis sa connaissance et tout rentra dans l'ordre...

 

Bien d’accord avec Thierry Desseauve, le cycliste qui porte le chapeau de paille :

 

Le domaine Leroy naît en 1988 grâce à l’appui financier du groupe de distribution japonais Takashimaya  qui entre dans le capital de la maison Leroy à hauteur de 33%. L’affaire fit grand bruit à l’époque, le ministre de l’Agriculture Nallet enfourchant le grand air de la défense de l’intérêt national avec ce ton aussi impérieux que ridicule que seuls sont capables de prendre les politiques et les journalistes. Takashimaya est une institution japonaise, un « Galeries Lafayette » en plus luxueux, mais certains n’ont voulu y voir qu’un prédateur inculte. Le représentant en France de Takashimaya, aujourd’hui à la retraite, s’étonne encore des réactions à leur arrivée. Vingt-sept ans plus tard, Takashimaya est toujours là, à la même hauteur, et peu d’actionnaires auront été aussi respectueux du trésor qu’ils auront contribué à bâtir.

 

Oui, discrètement, je fus l’artisan du dégonflage de la baudruche, avec Lalou et sa fille Perrine Fenal (nouvelle co-gérante de la Romanée-Conti  ICI . et, lorsque Lalou acquis, en 1988, le domaine Charles Noellat, je fus convoqué par elle, à venir au petit matin, déguster à la barrique, avec son maître de chais à la moustache en guidon de vélo dont j’ai oublié le nom (Nallet le promut chevalier du Mérite Agricole), ce fut pour moi un grand moment.

 

Par la suite, avec Jean Pinchon, alors président de l’INAO, j’allai déjeuner chez elle, au domaine d’Auvenay, une belle et ancienne ferme sur les hauteurs de Saint-Romain. Je repartis, en remerciement de mes bons et loyaux services de médiateur, avec une caisse de 12 bouteilles Leroy.

 

Bref, je n’irai pas plus avant, il y a dans tout excès de dithyrambe, une part d’ombre, à la fois familiale et nationale, que l’on se garde d’éclairer, notre vieux pays est ainsi fait, et les journalistes, Thierry Desseauve n’en est pas un, comme les hommes politiques, ont l’art et la manière de rendre compte de l’Histoire avec des blancs.

 

 

 

Le réveillon du millénaire chez Pierre Perret avec Alain Decaux, José Artur et Michel Rocard la Romanée-Conti 1900 offerte par Lalou Bize-Leroy…

Le « réveillon du 31 décembre 1999, prolongé jusqu’à pas d’heure de l’année 2000, fut sans aucun doute, le plus original et le plus rare réveillon de ma vie »

 

 

Ce fut lors du réveillon du millénium dans la maison de Pierre Perret à la sortie de Nangis, en Seine-et-Marne, devant laquelle je suis passé si souvent en allant rendre visite à la grand-mère d’Elisa à Villeneuve-les-Bordes.

 

Ce soir-là, raconte Pierre Perret, une épouvantable tempête déracinait un pin qui en tombant libérait une centaine de poulets de leur poulailler. Les trois chiens de la maison, croyant que c’était un nouveau jeu en ont occis une soixantaine en 20 mn.

 

 

Panne d’électricité généralisée, radiateurs glacés, invités grelottants qui réclamaient des pulls, chapons aux truffes en rade faute de four… le changement de millénaire se présentait fort mal. Mais le karma inversa la vapeur, le ying l’emportait sur le yang et le « réveillon du 31 décembre 1999, prolongé jusqu’à pas d’heure de l’année 2000, fut sans aucun doute, le plus original et le plus rare réveillon de ma vie » écrit Pierre Perret.

 

 

Les invités José Artur, Alain et Micheline Decaux, ainsi que « Michel Rocard si heureux et si en verve ce soir-là. »

 

 « De ce réveillon mythique, TOUT, ce soir-là, s’avéra extraordinaire.

 

Alain Decaux avait eu auparavant une alerte de santé, et la perspective de se retrouver en compagnie de tant d’amis avait illuminé ses yeux si rieurs.

 

 

Il avait précisé « Tu demanderas à Pierre si je puis me permettre, pour une fois, d’amener mon vin ? »

 

 

Rébecca, interloquée, lui avait rétorqué en souriant :  

 

- Tu sais bien que tu peux amener ce qu’il te plaît, Alain, mais tu n’as pas oublié tout de même que Pierre a une cave bien pourvue, de ce côté-là. Et que…

 

Alain Decaux lui rétorqua que ce vin-là il ne l’a pas. Avant d’ajouter « si je tiens à partager avec vous c’est qu’elles (ces bouteilles) sont uniques, tout comme l’amitié. Et que la vie est courte. »

 

 

Le Pierrot fait alors une petite erreur sur le maroquin d’Alain Decaux, en lui attribuant la Culture alors qu’il fut Ministre de la Francophonie de Michel Rocard. Donc, à cette période-là, « madame Bize-Leroy elle-même eut la gentillesse de m’offrir trois de ses plus prestigieuses bouteilles de Romanée-Conti 1900. Nous en dégusterons deux ensembles, j’ai réservé la troisième pour notre fils, Jean-Laurent, qui adore le vin. »

 

Grande flambée dans la cheminée, buissons entiers de bougies allumées aux quatre coins de la grande table de la salle à manger « donnaient un petit parfum de XVIIIe siècle ». 

 

Prémices du dîner : « des petits pains grillés sur la braise, abondamment tapissées de foie gras » qui « disparaissaient littéralement sous une épaisse rondelle de truffe fraîche et odorante.

 

Pierre Perret s’interrogeait : « les 2 flacons de Romanée-Conti 1900 – si prestigieux soient-ils (mais cependant centenaires) – auraient bien du mal à s’aligner aux côtés de ces deux prix d’excellence que venaient de remporter nos étonnantes demoiselles Pétrus 1982 qui avaient fait sans peine l’unanimité. »

 

 

L’atmosphère avait baissée d’un ton.

 

 

Le bouchon était en très bon état et le Pierrot, en grand amateur, note que les bouchons des années mythiques de la DRC sont changés tous les 10 ans par le maître de chai.

 

 

Le silence total s’était fait autour de la table, tout le monde admira sa robe pourpre vif pendant que le Pierre carafait la première bouteille dans un beau flacon de cristal puis, « versant trois bons centimètres au fond de mon grand verre ballon, je le fis tournoyer sous mon nez, attentif à la moindre fragrance suspecte. Lui aussi (comme la poularde) exhalait un parfum vanillé et comme truffé à la fois. Tout le monde attendait la sentence. » 

 

 

- Il n’est pas bouchonné, dis-je soulagé. « La finesse de ses arômes égale même son grand panache. » Puis, en dégustant une gorgée que je fis délicatement aller-venir entre mes joues avant de l’avaler, j’ajoutai : 

 

 

« Il a encore du jarret, sans brutalité, et n’a besoin de personne pour vous câliner les muqueuses. Savourez-le bien, les amis, ce vin est tout bonnement unique, ajoutai-je en les servant à tour de rôle. Je n’ai jamais eu de telles saveurs entre les cloisons. » 

 

 

- Oui, renchérit Alain après l’avoir dégusté, j’aimerais bien posséder sa jeunesse jusqu’à mes cent ans. 

 

 

La seconde bouteille, s’avéra encore meilleure que la première, à l’appréciation de tous « Je l’avais carafé tout de suite après la première, elle avait eu le temps de s’oxygéner. Elle dégageait à présent un bouquet plus musqué de champignon et de sous-bois… »

 

 

Pierre Perret en conclusion que s’achève ici le cortège des amis disparus depuis cette mythique soirée de réveillon chez lui à Nangis.

 

 

J’ai gardé pour la bonne bouche ce qu’il écrit sur l’homme qui reposa aujourd’hui sur les hauts de Monticello.

 

 

« Tu étais, Michel, un intarissable bavard sur mille sujets qui ne laissaient jamais personne indifférent. Tu adorais que je t’emmène cueillir les cèpes au bois. Sans être un très grand connaisseur, tu aimais bien le vin… mais tu préférais le whisky ! Je ne répèterai pas ici les généreuses digressions que tu fis ou que tu écrivis, même à propos de certaines de mes chansons, mais elles me touchèrent infiniment. La finesse de tes analyses me fit découvrir l’extrême sensibilité qui t’habitait. »

Lalou Bize-Leroy, le 31 juillet.

Lalou Bize-Leroy, un trésor national vivant ICI

 

par  Thierry Desseauve

 

28 avril 2021

 

Elle a suivi au plus près soixante vendanges en Bourgogne. Elle a acheté, récolté, vinifié, élevé bon nombre des plus sublimes chefs d’œuvre qu’a produit la Bourgogne depuis 1955. Vigneronne éprise de son terroir, Lalou Bize-Leroy a fait de son nom l’une des signatures les plus recherchées – et les plus chères – du monde du vin. Avec des convictions chevillées au corps et un enthousiasme inentamé, elle s’est confiée longuement à Thierry Desseauve pour EN MAGNUM.

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9 juillet 2022 6 09 /07 /juillet /2022 06:00

Achat primeur CHÂTEAU MAUCAILLOU 2015 - wineandco

Il suffit de parcourir les rayons de la Grande Épicerie du Bon Marché, haut lieu de la consommation de luxe versus Bernard Arnault, lors des foires aux vins, pour s’apercevoir que le recours à un nom de château connu pour un vin dont les raisons  viennent d’ailleurs fait florès.

 

On n’attrape des mouches avec du vinaigre !

 

En d’autres termes, certains châteaux veulent « le beurre, l’argent du beurre et la crémière… »

 

L’usage de cette expression de la fin du XIXe siècle.

 

Le bon sens paysan veut qu’on ne puisse pas, honnêtement, vendre le beurre qu’on vient de fabriquer, en garder l’argent, mais garder aussi le beurre, histoire de pouvoir le revendre encore et encore.

 

Vouloir toujours tout garder à soi, vouloir tout gagner sans rien laisser aux autres, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre.

 

Les arguments en défense des châteaux utilisant cette pratique c’est vraiment du style : il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.

 

Pour l’avocat de Pascal Dourthe, Me Alexandre Novion, « la cour s’est focalisée sur les éléments visuels, du premier regard, comme si cela était impossible pour un consommateur ou que cela constituait un effort incommensurable de retourner la bouteille ». De surcroît, poursuit Me Novion, « le vin de propriété est à plus de 30 euros quand le vin de Maucaillou est à 7 euros. L’écart est suffisamment manifeste entre le vin de propriété et le vin de Maucaillou mettant le consommateur à l’abri de la confusion et du chaos »

 

Quand je pense  que notre Hubert, membre du Comité National de l’INAO, avec ses cloches, joue lui aussi sur le prestige de celle de l’Angélus pour fourguer ce genre de breuvage à deux balles.

 

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19 décembre 2013

Comment se faire des couilles en or avec une cloche d’argent : les tribulations d’un GCC de Saint-Emilion en Chine. ICI 

 

Pour certains propriétaires de GCC de Bordeaux, l’appellation c’est pour faire joli, il s’en tamponne le coquillard, ce qui compte pour eux c’est leur marque : le nom de leur château, dont ils estiment qu’ils peuvent l’utiliser comme bon leur semble.

 

Pourquoi pas !

 

Cependant, ils doivent se retirer du système des appellations qui leur permet de nous jouer, jusqu’à plus soif, la chanson de l’origine, du terroir et autres fioritures, et de  se contenter d’un bon vieux marketing du style du fameux classement  de Saint-Emilion où l’on privilégie des éléments qui n’ont rien à voir avec le vin du château.

 

Oui, on ne peut pas avoir « le beurre, l’argent du beurre et la crémière… »

 

 

La cour d’appel de Bordeaux confirme la condamnation du négociant en vins Pascal Dourthe pour « pratiques commerciales trompeuses »

 

Pour la première fois, la justice confirmait en appel une condamnation pour une fraude sur des étiquettes de bouteille de vins dans le Bordelais.

 

Par Claire Mayer (Bordeaux, correspondante)

 

En quelques minutes, ce 30 juin, la cour d’appel de Bordeaux a confirmé la condamnation du négociant en vins Pascal Dourthe pour « pratiques commerciales trompeuses » après le jugement prononcé en décembre 2019. Le délibéré a confirmé une amende de 10 000 euros pour M. Dourthe, accompagnée d’une seconde de 150 000 euros – contre 200 000 euros en 2019 – à l’encontre de son entreprise, la société Les Notables de Maucaillou, fondée en 1983. En cause, la commercialisation par ladite société d’un vin, le Bordeaux de Maucaillou, devenu le B par Maucaillou, dont les raisins n’étaient pas issus de cette propriété viticole, mais à 55 % de parcelles rattachées au château de Beau-Rivage, acquis en 2003, et à 45 % de vins achetés par l’entreprise puis élevés dans son chai de Baurech.

 

Si la contre-étiquette située au dos de ces bouteilles indiquait « mis en bouteille pour Les Notables de Maucaillou », l’information délivrée au consommateur n’était pas suffisante selon la cour, et pouvait ainsi lui faire croire qu’il achetait un vin de la propriété de Maucaillou, grand vin de Bordeaux, située dans le Médoc.

 

Selon le jugement établit en 2019, « rien dans l’étiquetage de ces vins ne laisse penser que ceux-ci ne proviennent pas de château Maucaillou et qu’il serait des vins de négoce, de telle sorte que le consommateur normalement informé et raisonnablement attentif et avisé s’attend légitimement à ce que les “Bordeaux de Maucaillou rouge et blanc”, dont les étiquetages reprennent les mêmes codes visuels que ceux des vins “Château Maucaillou”, “numéro 2 de Maucaillou” et le “Haut-Médoc de Maucaillou” soient également issus des vins de l’exploitation Château de Maucaillou, comme le sont ces derniers ».

 

« C’est un problème collectif »

L’enquête, menée par la Dreets Nouvelle-Aquitaine (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, ex-Direccte) à la suite d’un signalement en 2016, a donné lieu à un contrôle des services de l’Etat, suivi d’une injonction à cesser la commercialisation de ces vins. Contestant ces accusations, Pascal Dourthe avait pris le parti de refuser cette décision, et l’affaire a ensuite été menée devant les tribunaux. Plusieurs parties civiles ont pris part à l’instruction : la Confédération paysanne de Gironde, la Fédération des grands vins de Bordeaux et l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO).

 

Dominique Techer, porte-parole de la Confédération paysanne de Gironde, fustige des propriétés viticoles qui « défendent leurs intérêts personnels et sont en train de faire couler une marque collective ». Car, dans le Bordelais, le Château Citran, le Château Larrivet Haut-Brion, le Château Gloria et Château Rollan de By ont également été condamnés en première instance pour les mêmes pratiques considérées comme trompeuses.

 

« Les fraudes, il y en a marre »

 

Le Château Maucaillou est le premier à avoir fait appel. « Ce que je défends » poursuit Dominique Techer « et c’est pour ça qu’on est partie civile, c’est un problème collectif. Le bordeaux bashing n’est pas tombé de nulle part. La profession n’a plus aucune notion de déontologie… Les fraudes, il y en a marre. » « La difficulté, explique maître Julie L’Hospital, avocate de l’INAO, c’est qu’on vient quelque part instrumentaliser une appellation d’origine avec un vin qui n’est pas produit au château, qui n’a pas la même qualité, et dont le prix est semblable à un 3e vin. »

 

Pour l’avocat de Pascal Dourthe, Me Alexandre Novion, « la cour s’est focalisée sur les éléments visuels, du premier regard, comme si cela était impossible pour un consommateur ou que cela constituait un effort incommensurable de retourner la bouteille ». De surcroît, poursuit Me Novion, « le vin de propriété est à plus de 30 euros quand le vin de Maucaillou est à 7 euros. L’écart est suffisamment manifeste entre le vin de propriété et le vin de Maucaillou mettant le consommateur à l’abri de la confusion et du chaos ». L’avocat de M. Dourthe se réservait encore la possibilité d’un pourvoi en cassation.

 

Claire Mayer(Bordeaux, correspondante)

 

 

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8 juillet 2022 5 08 /07 /juillet /2022 06:00

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Je prends chaque matin des nouvelles du pays, et là ce mercredi, je tombe sur cette info : Les Achards : un incendie détruit 4 hectares d'un champ de blé

 

Plus de 50 sapeurs-pompiers et 13 véhicules ont été mobilisés par le Service départemental d’incendie et de secours.

 

Le feu s'est déclaré dans un champ de blé, situé au lieu-dit Le Petit Douard. 4 hectares ont été détruits, mais 4 hectares ont aussi pu être sauvés grâce à l'action des pompiers. La suite ICI 

 

Pourquoi diable, me direz-vous, cette information me rend-elle nostalgique ?

 

Pour deux raisons, le nom de la ferme Le Petit Douard où le feu s’est déclaré, elle faisait partie du portefeuille de battages de mon père Arsène, à l’époque sur la commune de La Chapelle-Achard, lieu de naissance de ma mère Berthe Gravouil,  aujourd’hui assemblée avec La Mothe-Achard  en Les Achards. ( jouxtant le Petit il y a aussi le Grand Douard)

 

Ferme Le Grand Douard - Home | Facebook

 

Le feu était la hantise de mon père, aussi du temps où les battages se faisaient dans les fermes avec des batteuses entraînées par les poulies  du Société Française Vierzon, qu’ensuite avec les moissonneuses-batteuses Claas. Ça n’est jamais arrivé, les départs de feu dans les champs de blé étant souvent le fait des escarbilles des locomotives à vapeur de la SNCF. Aujourd’hui, la ligne est électrifiée par la grâce de ce fou de de Villiers.

 

Nostalgie, oui, car mon père nous a quitté brutalement par un bel après-midi d’août, un vendredi, alors qu’assis sur une botte de paille, à l’ombre, il veillait sur le bon déroulement de la moisson chez un client. Il est mort en souriant, son petit sourire qui lui faisait plisser les yeux, une belle mort, paisible.

 

13 août 2013

Août chez les Berthomeau c’était « Le temps des battages » pas celui des mariages

 

Pas très original me direz-vous, sauf que mon père Arsène était entrepreneur de battages et, avant l’irruption des moissonneuses-batteuses, après la moisson avec sa batteuse Société Française de Vierzon et le matériel qui allait avec, le monte-paille puis la presse-botteleuse, la locomobile Merlin puis le tracteur SFV, il allait de ferme en ferme, selon une tournée qui alternait : les premiers de la saison précédente étaient les derniers de la saison suivante. Le prix du battage n’était à l’heure passée mais au sac de grains récolté ce qui associait l’entrepreneur à la bonne ou à la mauvaise récolte.

 

Le mois d’août chaque année était donc le mois de mon père. Dieu qu’il aimait ses battages. Il était dans son élément au contact des gens. Moi j’allais trainer mes culottes courtes sur les sacs de blé qui étaient tarés à la bascule et surveillés par le maître (le propriétaire) ou son régisseur (nous étions sous le statut du métayage avec partage des fruits et rappelez-vous celui de la Terre qui meurt de René Bazin, guêtré, vêtu de vieux velours à côtes, craint et détesté) et j’étais « le petit gars d’Arsène ». Ce qui nous amusait beaucoup avec les autres galopins  c’était d’aller nous faire « flageller » face au tuyau qui projetait la balle du blé en un grand tas. Les batteries c’était une vraie fête si bien décrite par mon pays Henri-Pierre Troussicot ICI Les batteries à Pied-sec

 

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5 septembre 2010

Souvent dans mes chroniques j’évoque ma Vendée natale, non par nostalgie de ce pays mais tout simplement parce qu’au fond je suis toujours resté un petit gars de la Mothe, élevé dans l’eau bénite par de saintes femmes : mémé Marie, la tante Valentine et ma chère maman, enfant de chœur indiscipliné, sauvageon dans les prés avec les vaches normandes du pépé Louis ; qui a bien aimé jouer au basket à la Vaillante Mothaise avec le si adroit Jacques Bernard ; qui est parti à 17 ans tout juste à la Fac de Droit de Nantes sans regret car il savait que ça n’était pas dans son petit pays qu'il ferait sa vie. Dire qu’on a ses racines dans son terroir natal ne reflète aucune réalité car, sauf à y vivre toute sa vie, très souvent on le quitte sans pour autant être un déraciné.  

 

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