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8 juillet 2021 4 08 /07 /juillet /2021 06:00

Hôtel de préfecture de la Guyane — Wikipédia

Suis allé à Cayenne une fois dans ma vie avec Henri Nallet, au temps où les DOM-TOM étaient dans mon portefeuille.

 

Je vis en Guyane, ce territoire oublié. Ce que j'ai appris en 7 jours de  crise - le Plus

 

Cayenne évoque pour les vieux comme moi le bagne ICI 

 

Créé officiellement en 1854 par Napoléon III, le bagne de Guyane était la plus effroyable des prisons françaises. Des détenus furent envoyés sur une trentaine de sites jusqu’en 1938. Et ce n’est qu’en 1953 que les derniers forçats furent rapatriés.

 

Albert Londres (1884-1932), dans le journal Le Petit Parisien, ne pouvait pas être plus clairvoyant : «Le bagne n’est pas une machine à châtiment bien définie, réglée, invariable. C’est une usine à malheur qui travaille sans plan ni matrice. On y chercherait vainement le gabarit qui sert à façonner le forçat. Elle les broie, c’est tout, et les morceaux vont où ils peuvent.»

 

Entre août et septembre 1923, vingt-huit des articles du célèbre journaliste parurent dans ce qui était alors le quotidien le plus diffusé au monde. L’homme, qui se targuait de «porter la plume dans la plaie», donna de sérieux coups de boutoir au bagne de Guyane.

 

île du diable

©JODY AMIET / AFP ILES-DU-SALUT, FRANCE - Case de Deyfus rénovée

 

Le 15 octobre 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est arrêté. Accusé de trahison envers l'armée française, il est condamné à la dégradation militaire et à la déportation perpétuelle au bagne de l'île du Diable en Guyane où il est transféré au début de 1895. ICI 

 

Henri Charrière dit "Papillon"
 (DALMAS/SIPA)

Henri Charrière dit "Papillon" (DALMAS/SIPA)

 

Papillon, alias Henri Charrière, a inspiré deux films : mais qui était-il vraiment ?

 

Vincent Didier est le biographe d'Henri Charrière, le malfrat surnommé "Papillon" et dont l'évasion du bagne de Cayenne a inspiré deux films. En 1973, les premiers rôles étaient interprétés par Steve McQueen et Dustin Hoffman, et cette année avec Charlie Hunnam et Rami Malek. Passionné par son personnage, l'écrivain estime que la vraie adaptation de la vie d'Henri Charrière est encore à tourner. ICI 

Graines de Piment de Cayenne - Le Comptoir des Graines

Ensuite, on pense au Piment de Cayenne

 

Nom commun : Piment de Cayenne, poivre de Cayenne, piment enragé.

 

Nom scientifique : Capsicum frutescens

 

Le piment de Cayenne, fruit d’une plante originaire des Andes (Amérique du sud et centrale), tient son nom de la capitale de la Guyane française, où il a été découvert par les premiers explorateurs espagnols. Aujourd’hui, beaucoup de pays cultivent ce piment, notamment dans le sud de l’Asie, en Inde.

 

Il est parfois appelé « poivre de Cayenne » par erreur. En effet, il ne s’agit en aucun cas d’un poivre, malgré leur similitude de saveur piquante.

 

 

Reste à vous parler de l’essentiel : la Porsche Cayenne

 

Porsche et la success story du Cayenne

 

Porsche et la success story du Cayenne

Audric Doche

Le 10 Décembre 2020

 

Incroyable, mais vrai : Porsche vient de passer la barre du million de Cayenne produits. C'est évidemment une belle réussite commerciale pour un véhicule disponible depuis 18 ans. L'heureux élu est un Cayenne GTS rouge.

 

C'est l'histoire d'un modèle qui fait encore polémique pour certains en 2020, et qui a fait grincer des dents chez la clientèle Porsche au début des années 2000. Mais c'est aussi une comptine à raconter aux futurs acheteurs de Porsche, dans le futur, qui pourront ainsi apprendre que le Cayenne a sauvé Porsche de la faillite et a remis la marque sur les rails.

 

Hans-Jürgen Wöhler, l'ex patron de la gamme SUV de Porsche, reprend cette phrase : « un tabouret est plus stable sur trois pieds que juste sur deux ». Les deux premiers pieds, ce sont les 911 et Boxster qui étaient au catalogue de Porsche au début des années 2000 et qui n'étaient clairement pas suffisants pour assurer la pérennité de la marque. Le troisième, celui qui apportera la stabilité, est le Cayenne. Aujourd'hui, ce n'est plus un tabouret, mais une table à pieds multiples : Cayenne, Panamera, Macan, Taycan...

 

La suite de l’histoire ICI  

 

Je n’ai aucun goût pour les SUV, ni pour les Porsche, ma référence au Cayenne tient au fait que ce modèle est un marqueur de l’accession au statut de « nouveau riche ».  

 

Au cours de mon périple, j’en ai croisé beaucoup : en Bourgogne, à Aix-les-Bains, à Aix-en-Provence, et bien sûr dans le Luberon, à Lourmarin… La France profonde n’est pas que le terreau des gilets jaunes, elle recèle aussi des « winners », sans doute le socle électoral de l’exécré de Pax… Nous sommes bien loin des 403 des notaires, des DS 19 des patrons

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6 juillet 2021 2 06 /07 /juillet /2021 06:00

In 1936, Joseph Stalin Created the Proletariat's Very Own 'Champagne' |  VinePair

ilustração: GERRY SELIAN ICI  

Les Russes adorent le champagne, ils le sabrent !

 

Les maîtres du champagne, avec leur bras armé qu’est le CIVC, font la chasse aux usurpateurs de l’appellation champagne.

 

Yves Saint Laurent l’a subi à ses dépens :

 

 

Le Tribunal de grande instance de Paris, dans un jugement du 28 octobre 1993, annulait la marque "Champagne" et interdisait son utilisation. A la suite d'un appel effectué par la société Yves Saint-Laurent, la Cour d'appel de Paris, dans un arrêt du 15 décembre 1993 confirmait ce jugement de première instance. Selon la Cour, « en adoptant le nom Champagne pour le lancement d'un nouveau parfum de luxe, en choisissant une présentation rappelant le bouchon caractéristique des bouteilles de ce vin et en utilisant dans les arguments promotionnels l'image et les sensations gustatives de joie et de fête qu'il évoque, la société Yves Saint-Laurent a voulu créer un effet attractif emprunté au prestige de l'appellation Champagne ; ... de ce seul fait, elle a, par un procédé d'agissements parasitaires, détourné la notoriété dont seuls les acteurs et négociants en Champagne peuvent se prévaloir pour commercialiser le vin ayant droit à cette appellation ». YSL se pourvoira en Cassation en pure perte.

 

 

Le village suisse de Champagne n'a pas le droit de qualifier son vin de... champagne

 

Vaud - La Suisse n'a pas droit à son Champagne - Le Matin

 

Après des années de combat pour défendre l'utilisation de son nom, cette petite commune du canton de Vaud a dû s'incliner face au comité interprofessionnel des vins de Champagne. ICI

 

Champagne : Poutine lance la guerre des bulles

 

Vladimir Poutine a donné son feu vert, vendredi 2 juillet, à un amendement de la loi sur la réglementation des boissons alcoolisées qui fait réagir en Russie… et en France. Selon ce texte, seuls les producteurs russes auront désormais le droit d’afficher l’appellation « champagne » sur leurs bouteilles. Les vins importés devront, eux, signifier une appellation «vin à bulles». Cet amendement indique clairement que la législation russe ne tiendra pas compte de la protection de l’appellation française « champagne AOC ». (Suite 1)

 

 

Il semblerait que le Tsar Paul Ier soit le premier a avoir tenté d'introduire un vin pétillant en Russie, dans son palais de Soudak en Crimée. On sait que la première école de viticulture ouvre en 1804 et qu'en 1812, plusieurs producteurs ont établis domicile sur la péninsule ukrainienne. En 1840, le Prince Vorontsov, grand amateur de vins, créé le label Ay-Danil, mais l'intégralité des vignes, de l'équipement et du laboratoire d’œnologie sont détruits par les Anglais et les Français pendant la guerre de Crimée (1853-1856).

 

A la fin du 19ème siècle, les vins de Champagne ont si bien conquis les aristocrates que la Russie est devenue un débouché fort intéressant pour les producteurs français. Ceux-ci distribuent même une version plus sucrée, adaptée au "goût russe". En 1876, à la demande d’Alexandre II, Henri Roederer crée la cuvée Cristal pour la consommation exclusive des Tsars de Russie. En 1896, il fonde la Société vinicole de la Russie méridionale. L'usine de vins mousseux d'Odessa produit aujourd'hui 34 types de produits sous les marques Odessika et Henri Roederer.

C'est néanmoins le prince Léon Golitsyne, surnommé le roi du vin russe, qui est le considéré comme le père de la vinification mousseuse à la russe. Il parcourt tout l'empire avant de jeter son dévolu sur la Crimée. En 1878, il crée une cave à champagne où il teste plus de 600 variétés de raisins de différents crus et leur potentiel de production sur la mer Noire. Il sélectionne finalement plusieurs cépages: le Pinot Franc, le Pinot Gris, l'aligoté et le Chardonnay. En 1892, le prince Golitsyne débute sa production sur son domaine de Novy Svet (Nouveau Monde), selon la méthode champenoise classique, mise au point par le moine bénédictin Dom Pérignon au 17e siècle. Ce champagne, qui est nommé Paradisio, est servi au banquet du sacre de Nicolas II en 1896. Quatre ans plus tard, à l’Exposition Universelle de Paris, il est récompensé par le Grand Prix de la Coupe. Il s'agit de la première étape dans l'histoire des vins mousseux russes. ICI 

 

(Suite 1)

 

Gastronomie - Une loi russe met sous pression les livraisons de champagne -  Le Matin

 

En réaction à cette décision, le Français Moët-Hennessy a suspendu, le temps d’un week-end, ses exportations vers la Russie. Dans un courrier destiné à ses clients russes et auquel le quotidien économique Vedomosti a eu accès, la société française a annoncé devoir réaliser une nouvelle certification de ses produits, qui devrait coûter plusieurs millions de roubles.

 

Staline fit créer à la fin des années 1930 un « champagne soviétique » produit en masse, avec l’objectif de le rendre accessible à tous

 

Ayant accepté, dimanche 4 juillet, de se plier aux requêtes russes, elle doit changer ses étiquetages et renommer ses produits dans le respect de la nouvelle législation. Le quotidien russe rappelle que 13 % des 50 millions de litres de mousseux et champagne importés chaque année en Russie viennent de France. Moët-Hennessy représente 2 % de ce marché.

 

Une AOC menacée dans le monde entier

En Russie, cela fait longtemps que le terme « champagne » est utilisé sans complexe et pour toutes sortes de vins à bulles. Staline fit créer à la fin des années 1930 un « champagne soviétique » produit en masse, avec l’objectif de le rendre accessible à tous.

 

 

Au lendemain de la chute de l’URSS, ce « champagne soviétique » est devenu une marque synonyme de mousseux bas de gamme, mais toujours aussi populaire lors des grandes occasions. Un état de fait qui n’a jamais ravi les producteurs champenois, défendus par le comité interprofessionnel du vin de champagne (CIVC), et qui mènent depuis de nombreuses années une bataille destinée à protéger cette appellation contrôlée menacée dans le monde entier.

 

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Comment la Russie de Poutine a fait chuter l’alcoolisme

Avec cet amendement, les autorités russes souhaitent certainement mettre en valeur les producteurs de vins pétillants locaux. Et notamment ceux de Crimée, producteurs ancestraux qui ont connu une deuxième jeunesse à la suite de l’annexion de la péninsule en 2014 et leur pleine ouverture au marché russe. La marque phare du pays, le vin criméen Novy Svet, appartient à un ami du président russe, Iouri Kovaltchouk.

 

Friand de viniculture, Vladimir Poutine avait fait monter l’action d’un autre géant du marché, Abrau-Durso, en janvier, après avoir signifié qu’il se verrait bien travailler dans cette entreprise à l’issue de sa carrière politique.

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5 juillet 2021 1 05 /07 /juillet /2021 06:00

nationale-7-247581.jpg

Je me suis glissé, pendant une petite semaine, dans les plis de la France profonde, « mais où, mais où ?», me direz-vous, et là je réponds : « walou, walou… », ne comptez pas sur moi pour vous aider à me géolocaliser, comme on dit du côté de Google Maps.

 

Les parisiens descendent toujours quelque part alors que les provinciaux, eux, montent à Paris, tous les chemins mènent à Rome mais lorsqu’ils sont de fer c’est à Paris qu’ils sont réunis. Bref, j’ai fait mon balluchon, suis monté dans ma petite auto, cap au sud.

 

En face de chez moi, l’autoroute dites du Soleil m’ouvre les bras, elle porte le n°6 alors qu’autrefois, les congepés s’engouffraient direct dans la Nationale 7.

 

Nostalgie d’une Nationale 7 aujourd’hui  tronçonnée, mais où sont donc passés les fameux Routiersles routiers sympas de Max Meynier s’attablaient pour casser une graine et, concédons-le s’envoyer quelques canons dans le gorgeon. ICI

 

« Route des vacances/Qui traverse la Bourgogne et la Provence/Qui fait d’Paris un p’tit faubourg d’Valence /Et la banlieue d’Saint-Paul de Vence

Juillet pointait son nez et, sur les aires d’autoroutes, qui sont devenues des supermarchés, se mêlant aux gaulois, des belges, des bataves, des teutons, masqués, prenaient leur café tiré de monstrueuses machines à café. Si j’étais candidat à la Présidentielle, ce que je ne suis pas, et pourtant, sans avoir le melon, quand je vois ceux qui s’y ruent, je ferais campagne sur les aires d’autoroutes, elles sont le réceptacle de la France profonde.

 

Autre suggestion à l’attention des critiques gastronomiques qui nous gonflent avec leurs étoilés où la France profonde ne met jamais les pieds, « à quand une notation des horreurs proposées par les vendeurs de pétrole ? », les sandwiches y sont immondes, la malbouffe y est proposée à tous les étages. C’est pire que du temps de Jacques Borel. ICI

 

 

J’ai survécu grâce à mes œufs durs.

 

De mon périple, dont vous ne saurez rien, entre nous, rassurez-vous, c’est que je n’ai rien à dire, je retire tout de même une percée conceptuelle majeure : l’érection du concept de l’invasion des PC, dont je vous entretiendrai dans une prochaine chronique. Du côté de la côte atlantique, où je suis né, les PC étaient des Promènes Couillons, soit des gros bateaux à moteur. Mon nouveau concept s’en approche, on reste dans le domaine des shootés au carbone.

 

Arrivé à ce stade de la ponte de ma chronique, je fatigue…

 

https://images.midilibre.fr/api/v1/images/view/60d437dad286c24d8f2dd735/large/image.jpg?v=1

 

Pour m’en tirer je vous offre cette publicité des Poulets de Loué, pauvre Didier prendre la porte si tôt, se faire sortir par des petits suisses, le coq s’en est retourné sur son tas de fumier pour chanter au grand déplaisir des nouveaux voisins parisiens.  

 

Image

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4 juillet 2021 7 04 /07 /juillet /2021 06:00

 

L’écrivain Jorge Semprun avec l’acteur Yves Montand à la Maison de la Radio à Paris en avril 1983. Louis Monier/©Louis Monier/Bridgeman images

La Guerre est finie de Alain Resnais (1966) - UniFrance

 

La meurtrissure de la rupture récente avec le parti communiste baigne le scénario d’une nostalgie qui assume la fidélité mais refuse la complicité. Semprún, à travers l’écriture, s’auto-analyse comme si l’écran était un divan.

 

Un trouble étrange provient de la superposition du visage de Montand à celui de Semprún. Montand est Diego, donc, Semprún. Dans une séquence, l’acteur un verre vide à la main s’écrie, un brin excédé : « L’Espagne est devenue la bonne conscience lyrique de toute la gauche : un mythe pour anciens combattants. En attendant, quatorze millions de touristes vont passer leurs vacances en Espagne. L’Espagne n’est plus le rêve de 36 mais la vérité de 65. Trente ans sont passés et les anciens combattants m’emmerdent. » Montand parle le Semprún

 

Ivo et Jorge, de Patrick Rotman | Éditions Grasset

 

Presque tout oppose Jorge Semprun, l’enfant de la grande bourgeoisie madrilène qui parle couramment trois langues, et Ivo Livi, dit Yves Montand, le fils d’immigré qui a quitté l’école à 12 ans. Lorsqu’ils se rencontrent, au début des années 60, nait une profonde amitié nourrie de leurs histoires respectives.

 

Ivo & Jorge, par Patrick Rotman, éditions Grasset – Lili au fil des pages

 

Deux vies riches en péripéties, pour Semprun faite d’engagement et d’héroïsme, pour Montand mélange de panache et du remords d’être passé entre les gouttes là où son ami avait payé si cher ses convictions. Deux vies romanesques, à coup sûr. Et c’est d’ailleurs ainsi qu’a choisi de les raconter Patrick Rotman, qui fut leur ami, dans un livre passionnant, « Ivo et Jorge », paru chez Grasset. Historien, auteur et réalisateur, notamment de plusieurs documentaires marquants sur la guerre, le communisme, le goulag, ainsi que d’un film avec Bertrand Tavernier sur les appelés de la guerre d’Algérie, Patrick Rotman livre ici un portrait intime de ces deux hommes que tout dans leurs origines et leur choix de vie séparait, et qui se sont trouvés et reconnus, ayant, chacun à leur façon, tenté de faire ce qu’il fallait pour demeurer en accord avec leur foi de jeunesse.

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3 juillet 2021 6 03 /07 /juillet /2021 14:03

Havana Club

3 infos pour vous expliquer mon intérêt pour l’affaire Pernod-Ricard/Bacardi à propos du rhum Havana-Club.

 

  • Justice. Pernod Ricard sauve son rhum cubain (1)

 

 

  • Au temps où je bossais pour Thierry Jacquillat le DG de PR, celui-ci adorait me parler de cette prise de guerre qu’il mettait, à juste raison, à son actif.

 

 

  • J’aime le rhum, mais pas Havana Club.
  •  

Havana Club-Bacardi : la guérilla du rhum cubain

 

Histoire :

 

Jusqu'à la révolution de 1959, l'Edificio Bacardi était en effet le siège d'un des empires les plus prospères de Cuba, fondé en 1862 par Facundo Bacardi. Très puissants, les Bacardi ont soutenu le régime de Fidel Castro dans les mois suivant la révolution, «pensant sans doute pouvoir le manipuler», confie un connaisseur de l'île. Vilma, l'épouse de Raul Castro, était la fille de José Espin, l'avocat des Bacardi.

 

 

Ce lien n'a pas suffi à empêcher les Barbudos de confisquer les biens cubains des Bacardi et de les forcer à l'exil à Miami. Depuis, ces derniers ont fait fructifier leur affaire de rhum, à l'époque implantée à Mexico et Porto Rico. Le groupe, basé à la Barbade, fusionné en 1993 avec l'italien Martini, est le huitième acteur des spiritueux au monde, avec les whiskys William Lawson's et Dewar's, la tequila Cazadores, le gin Bombay Sapphire, les vodkas Eristoff et Grey Goose, sans oublier Noilly Prat, Bénédictine et Get 27. Malgré ce succès, les Bacardi n'ont pas digéré leur défaite face aux Castro.

 

Depuis leur exil, des discothèques de La Havane aux hôtels de Varadero en passant par les bars de Trinidad et la Casa de la Trova de Santiago, plus une goutte de Bacardi n'est servie. Même au bar de l'Edificio Bacardi, la boisson phare est Havana Club. En quelques années, ce rhum est même devenu le troisième au monde. Avant la révolution, ce n'était qu'un petit challenger de Bacardi, lancé en 1934 par José Arechabala, un magnat cubain de l'industrie sucrière. Sa société de rhum, qui avait ses bureaux et un bar sur la place de la Cathédrale de La Havane, distribuait Chivas et Dubonnet, deux marques aujourd'hui propriété de Pernod Ricard. Avant la Seconde Guerre mondiale, José Arechabala avait exporté Havana Club aux États-Unis et en Espagne. Mais après la révolution, ses affaires ont, elles aussi, été nationalisées sans contrepartie. Comme les Bacardi, les Arechabala ont quitté Cuba. Mais ils n'ont jamais exploité ­Havana Club ailleurs et n'ont pas redéposé les droits de la marque en Espagne et aux États-Unis.

 

 

Dans les années 1970, la société d'État Cubaron a ressorti Havana Club de l'oubli, la distribuant dans l'île et l'exportant dans les pays frères: URSS, ­Allemagne de l'Est… À l'époque, elle a enregistré la marque Havana Club dans quasiment tous les pays. L'effondrement de l'empire soviétique l'a obligée à changer de stratégie. En 1992, Fidel Castro a conclu avec Patrick Ricard un accord de coentreprise.

 

 

Havana Club International, dirigé depuis Cuba par des expatriés de Pernod Ricard, produit et commercialise désormais la marque dans 124 pays. Le succès de cet attelage communisto-capitaliste est détonant. Depuis que Pernod Ricard a pris en charge sa distribution à Cuba, en 2003, la marque est visible partout, des tee-shirts des guides aux sous-verre des bars de l'île en passant par les coco-taxis qui arpentent le Malecon, à La Havane. Les ventes mondiales sont passées depuis 1992 de 3,6 à 44,4 millions de bouteilles, hissant Havana Club à la troisième place des rhums. Le groupe vise 60 millions de bouteilles d'ici à 2015. Entré en 1998 dans le top 100 des marques de spiritueux, Havana Club est désormais 22e.

 

 

 

Début 2007, les deux partenaires ont ouvert à San José, à 40 kilomètres de La Havane, la plus performante des usines de Pernod Ricard. Le groupe doit s'adapter aux coutumes locales. Lors de l'inauguration, quatre tonneaux avaient été dédicacés par Pierre Pringuet, Patrick Ricard, le premier ministre cubain et son ministre de l'Agriculture. Mais ces deux derniers ont depuis été démis de leur fonction, et leurs signatures effacées des tonneaux…

 

 

Les Bacardi ont vu rouge devant cette nouvelle concurrence. Havana Club est certes loin derrière leur rhum, troisième spiritueux au monde après la vodka Smirnoff et le whisky Johnny Walker. Mais les ventes de Bacardi stagnent. En Allemagne, premier pays à l'export d'Havana Club, le rhum cubain détient plus de 50% du marché… jadis contrôlé à 90% par Bacardi. Havana Club est devenu leader en France et gagne du terrain en Espagne.

 

Le désir de revanche politique et l'agressivité juridique des Bacardi constituent un cocktail ravageur. En 1997, leur groupe a racheté aux héritiers de José Arechabala des titres de propriété de la marque Havana Club, ainsi que la recette originale de ce rhum. Depuis, Bacardi a déposé Havana Club dans quatre pays oubliés par Cuba: Croatie, Kirghizstan, Nicaragua et Tadjikistan. Mais, à chaque fois, il ne l'a pas exploitée, et Pernod Ricard l'a récupérée en justice en 2010 ou 2011.

 

Bacardi mène son principal combat aux États-Unis, premier marché du rhum (40% des ventes mondiales), où il réalise près de la moitié de son activité. Son objectif n'est pas d'y interdire la vente d'Havana Club; pour cela, l'embargo américain suffit. Il cherche à tout prix à empêcher ses ennemis de déposer Havana Club aux États-Unis. Cela leur laisserait un boulevard en cas de levée de l'embargo.

 

Bacardi et Havana Club croisent aussi le fer en Espagne, pays d'origine des Arechabala et des Bacardi, un des principaux marchés de la marque cubaine. Jusqu'ici, toutes les tentatives de Bacardi de déchoir Havana Club de ses droits outre-Pyrénées ont échoué.

 

Aux combats judiciaires s'ajoutent les échauffourées marketing. Depuis que le rhum cubain est devenu à la mode, ­Bacardi a retrouvé l'intérêt de ses racines à Santiago de Cuba, dans l'est de l'île, et indique sur ses bouteilles Fundata in Cuba. Il y a douze ans, La Havane et Pernod Ricard ont rétorqué en instaurant une étiquette verte aux allures de timbre douanier. Collée sur le col des bouteilles d'Havana Club, elle est censée garantir l'authenticité du rhum fabriqué à Cuba. Dans leurs pubs, les rivaux se battent sur leur capacité à faire le meilleur mojito, cocktail inventé sur l'île. Personae non gratae à Cuba, les Bacardi pensent déjà à l'après-Castro. Ils rêvent de récupérer la marque Havana Club lors de la restitution des biens confisqués à la révolution. La chauve-souris Bacardi, qui a inspiré le créateur de Batman, n'est pas près de replier ses ailes.

Havana Club-Bacardi : la guérilla du rhum cubainBacardi, Pernod spar over rights to Havana Club name - News from Havana

(1) Justice. Pernod Ricard sauve son rhum cubain

 

Deuxième négociant de spiritueux au monde, la multinationale française Pernod Ricard a finalement gagné la partie devant la justice américaine. Elle pourra conserver la marque “Havana Club”, qui était revendiquée par la famille de son fondateur, exproprié par Fidel Castro en 1959.

 

La multinationale française des alcools Pernod Ricard a finalement gagné son combat face aux héritiers du rhum Havana Club, l’une des marques stratégiques du groupe à l’international. Mardi 22 juin, une juge fédérale américaine a déclaré non recevable la plainte de ces héritiers d’une célèbre famille cubaine, exilée en Floride après avoir été expropriée comme beaucoup d’autres à la suite de l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, en janvier 1959.

 

 

Le quotidien en espagnol de Miami El Nuevo Herald résume l’histoire :

 

 

“La plainte avait été déposée par des descendants de Fernando Tomas Cueto Sánchez, qui avait fondé la société Coñac Cueto à Cuba avant le triomphe de la Révolution en 1959. Avec l’arrivée de Castro au pouvoir, tous les biens de Cueto Sánchez avaient été nationalisés sans compensation de la part du gouvernement, arguait la famille : Coñac Cueto avait été immédiatement absorbée par la compagnie publique du rhum.”

 

Cette entreprise d’État est finalement devenue “Havana Club international”, au début des années 1990, après un accord de joint-venture passé avec Pernod Ricard.

 

La multinationale française pèse plus de 8,5 milliards de chiffre d’affaires et la marque Havana Club est l’un de ses produits phare, tout comme Ricard évidemment, mais aussi beaucoup d’autres spiritueux mondialement célèbres, du whisky au gin en passant par du champagne dit “de luxe” et une fameuse marque de vodka.

 

Durcissement de l’embargo

 

Pour comprendre la plainte déposée par les héritiers, il faut remonter un peu en arrière, en 1996, à la loi dite Helms-Burton qui durcissait l’embargo américain contre Cuba. À l’époque, le démocrate Bill Clinton était au pouvoir à Washington mais le Congrès était aux mains des Républicains.

 

Un chapitre de cette loi prévoyait la possibilité, pour des entrepreneurs cubains expropriés en 1959, d’engager des recours contre n’importe quelle entreprise mondiale ayant depuis investi à Cuba dans les négoces de ces exilés.

 

Ce chapitre n’a de facto jamais été appliqué. Jusqu’à l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. El Nuevo Herald continue :

 

Sous la présidence de ce dernier est entré en vigueur [en 2019] le chapitre de la loi qui permet à des ressortissants américains d’engager des poursuites contre les individus et les entreprises tirant profit de biens confisqués par le régime cubain.”

 

Mais la juge fédérale de Floride a finalement rejeté la plainte de la famille du “créateur” originel du Havana Club. Plus pour des raisons de forme que de fond :

Pour la magistrate, la justice des États-Unis n’est pas compétente pour juger cette affaire, dans la mesure où Pernod Ricard est une entreprise française et qu’elle commercialise le rhum Havana Club en dehors du territoire américain.”

 

Bacardi, Pernod spar over rights to Havana Club name - News from Havana

Havana Club

L’histoire de la marque Havana Club : aux origines d’un succès détonant ! ICI

 

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2 juillet 2021 5 02 /07 /juillet /2021 06:00

C’est en Terra Alta qu’a eu lieu ce que l’on a appelé la Bataille de l’Èbre, l’un des épisodes les plus sanglants de la Guerre civile espagnole (1936-1939), qui s’est déroulé de juillet à novembre 1938 entre les troupes franquistes et les troupes républicaines. On estime les pertes des Républicains à 70 000 disparus et ce désastre rendit inévitable l’effondrement du front de la Catalogne.

 

 

En 1938, entre la fin juillet et le mois de novembre se déroula, de part et d'autre de l’Èbre, la plus vaste bataille entre les armées républicaines et les troupes franquistes. La bataille de l'Èbre précipita l'issue de la guerre civile et signa la fin de l'espoir pour la République espagnole, mais elle demeure gravée à jamais dans l'Histoire.

 

 

Au pied de Miravet dominée par sa citadelle, l'èbre enroule sa boucle qui coule verte et tranquille. Mais dans la mémoire remonte toujours cette chanson venant troubler le calme à la surface. Celle de l'Èbre sanglante, il y a 80 ans. Celle des combattants républicains cloués au sol dans les sierras de Cavalls, Lavall de la Torre et de Pandols, sur la terrible Cote 705 ou sur la position «Targa» Cote 481, la «Cote de la Mort», celle des Brigadistes français hachés par la mitraille à Amposta. Cette chanson qui s'entonne bravement… L'Armée de l'Èbre une nuit a traversé le fleuve, rumba la rumba la rum bam bam…

 

 

La République aux abois

 

 

Ay Carmela ! Vieille chanson populaire née 130 ans auparavant lorsqu'il s'agissait de chasser Napoléon d'Espagne, devenue El Paso Del Ebro que chantaient maintenant les Républicains rêvant à leur tour de chasser enfin Franco, ses troupes marocaines convoquées pour sa croisade nationale-catholique, les Allemands d'Hitler, les Italiens de Mussolini, tous lancés dans une guerre d'extermination des «rouges». Ceux qui n'allaient pas à la messe et votaient pour une Espagne, libre, égalitaire et progressiste.

 

 

Suite en fin de chronique.

C’est, pour les amateurs de littérature hispanophone, un petit événement. Javier Cercas, sans doute le plus grand écrivain espagnol du moment, se remet à la fiction – et pas n’importe laquelle : le polar.

 

C’est même une grande saga, une trilogie dont le premier tome est sorti le 5 mai dernier.

 

Les soldats de Salamine par Cercas

 

Voilà un registre où les lecteurs de Javier Cercas ne l’attendaient pas : le roman policier. Mais vingt ans après la parution des Soldats de Salamine (Actes Sud, comme tous ses livres, 2002), somptueux roman-enquête sur la guerre civile espagnole que sont venus compléter Anatomie d’un instant (2009), L’Imposteur (2014) et Le Monarque des ombres (2017), tous consacrés à l’histoire tragique de l’Espagne du XXe siècle, c’est pourtant bien ce genre qu’aborde l’écrivain, avec Terra Alta, premier volume d’une série qui devrait en comprendre « quatre ou cinq », tous centrés sur le personnage de l’agent Melchor Marin.

 

Terra Alta | Actes Sud

Gore baroque

 

On se plonge avec délectation dans cette enquête policière qui se déroule au fin fond d’un comarque catalan, ce territoire rural replié de la Terra Alta. Son héros, ancien malfrat repenti en flic, évoque dès les premières pages Les Misérables.

 

La lecture du chef d’œuvre hugolien lui servit de bouée de sauvetage en prison, qui redonna un sens à son existence de misère et lui donna une raison de vivre : venger, coûte que coûte, sa mère assassinée. Mais c’est plutôt à Georges Simenon que semble rendre ici hommage Cercas par son usage de la litote, cette capacité à planter un décor, traduire une atmosphère en une phrase voire même quelques mots, leur son, leur agencement.

 

Ensuite, avec la description minutieuse, quasi insoutenable de ce meurtre effarant de violence, presque fascinant, surgit autre chose : du gore sanglant, baroque. On pense autant aux Vanitas, ces grands tableaux du siècle d’or qu’à la littérature de cette même époque, obsédée elle aussi par la mort.

 

Qui a assassiné, et torturé de la sorte le couple richissime des Adell ?

 

CRITIQUE

 

Terra Alta, calme trompeur

 

 

Dans la région tranquille de Terra Alta, province de Tarragone, dans le sud de la Catalogne, un crime épouvantable a eu lieu. Le fondateur et propriétaire des Cartonneries Adell et sa femme, deux nonagénaires, ont été torturés et assassinés dans leur maison et leurs cadavres retrouvés aux côtés du corps de leur domestique roumaine. Qui pouvait en vouloir autant à ces notables et premiers employeurs de la région, de fervents catholiques ralliés à l’Opus Dei ? Le policier Melchor Marin est chargé de l’enquête.

 

 

Javier Cercas fait ici une entrée réussie dans le genre du polar grâce au portrait sensible et contrasté qu’il dresse de ce jeune homme blessé, un ancien détenu trouvant sa raison d’être dans le fait de rendre justice aux opprimés. Quitte à se placer lui-même dans l’illégalité.

 

 

Très habile à décrire les jalousies et les rivalités à l’œuvre dans une contrée reculée où tout le monde se connaît, le romancier renoue surtout ici, au moment où on l’attend le moins, avec les thèmes qui l’obsèdent : les stigmates de la guerre civile espagnole (1936-1939) et la façon dont le passé du pays nourrit toujours le présent, à l’insu même des jeunes générations. Le dénouement, surprenant, dans une ultime pirouette, confirme le talent de Cercas à faire resurgir les fantômes des tragédies trop vite étouffées.

L'èbre : il y a 80 ans, la plus grande bataille de la guerre d'Espagne -  ladepeche.fr

Bataille de l'Èbre — Wikipédia

25 juillet 1938… 80 000 hommes massés sur la rive nord de l'Ebre pensent encore pouvoir faire basculer le destin même s'ils savent que la République est déjà aux abois… Lancée en février par les nationalistes, l'offensive d'Aragon s'est soldée par une catastrophe pour Madrid et Barcelone. L'ennemi a percé jusqu'à la Méditerranée, jusqu'à Vinaros, le 15 avril : l'Espagne républicaine est désormais coupée en deux.

 

 

Tenir en attendant l'inéluctable nouvelle guerre mondiale, mais en montrant aussi à l'opinion publique internationale qu'on fait mieux que résister, qu'on reste offensif et héroïque face aux fascismes menaçant toute l'Europe : le pari que fait le gouvernement de Negrin, alors que Berlin et Rome augmentent sans cesse leur aide aux putschistes qui ont crédit ouvert à la City de Londres comme chez les pétroliers américains.

 

 

L'idée générale ? C'est de reprendre le corridor perdu grâce à une grande attaque surprise. En l'état des forces républicaines, laminée par le désastre de Terruel cet hiver-là, le projet est au mieux utopique et au vrai stratégiquement indéfendable tandis que dans le même temps, Paris et Londres sont surtout préoccupés par… la préparation de Munich, première capitulation face à Hitler et Mussolini.

 

 

25 juillet 1938… le général Modesto commande l'Armée de l'èbre, Lister le prestigieux 5e Corps, Tagüeña, physicien de 26 ans, le 15 e Corps. Entre Fayon et Xerta, dans un méandre, ils lancent la principale offensive. Mais les républicains n'ont que 150 canons, certains du XIXe, seuls quelques chars peuvent traverser le fleuve avant que les pontons soient bombardés et leur aviation se bat à un contre trois face aux modernes avions allemands, aux Fiat italiens. En face, campe aussi une partie du redoutable corps marocain de Yaguë, «le boucher de Badajoz», le plus brutal et froid des généraux de Franco. Contenus les premiers assauts, il sait que chaque jour renforce sa supériorité et referme le piège sur les dernières forces républicaines.

 

 

10 000 morts, 34 000 blessés, 20 000 prisonniers côté républicain

 

Dans un réduit de 35 km de rayon, hérissé de sierras abruptes dos au fleuve, la plus grande bataille jamais menée sur le territoire espagnol durera jusqu'au 15 novembre 1938, avec des pertes effroyables. Ravitaillements et évacuations sanitaires aléatoires, manque d'eau sur ces montagnes aux crêtes arides où l'on ne peut se protéger des bombardements et mitraillages incessants… Côté républicain, l'èbre, c'est l'enfer, 10 000 morts, 34 000 blessés, 20 000 prisonniers. Et l'espoir massacré qui s'achève en victoire décisive pour Franco.

 

 

Quand nous regardons en bas, chaque pierre que nous voyons est la tombe d'un héros… commence un poème catalan chantant la liberté, là-haut dans la sierra. Les bombes ne peuvent rien là où i l y a plus de cœur qu'il ne faut, résonne Ay Carmela ! Aujourd'hui encore, des ossements se découvrent toujours qui racontent l'hécatombe républicaine jusqu'à la «classe biberon» des appelés de 17 ans, l'ultime saignée. Sous le monument de la Bataille, derrière la vitre d'un petit ossuaire, des fragments de crânes reposent une question universelle : le sens du sacrifice quand l'héroïsme tutoie le suicide.

 

 

Le chiffre : 113 jours > Combats. La bataille a duré 113 jours et décimé aussi la 14e Brigade internationale française : 1200 morts le premier jour.

 

Ay ! Carmela…

 

J'appartiens à cette génération dont le destin a été bouleversé par la guerre d'Espagne, à cette fratrie de fils et filles d'émigrés qui n'ont aujourd'hui aucun mal à comprendre la détresse des migrants. Puisque, comme eux, ils ont vu les leurs aborder, une fois les Pyrénées franchies, une terre inconnue, après trois années d'une guerre fratricide – et dans des conditions qui ont fait douter que la France soit le pays de la fraternité.

 

 

A voir tout de même la résistance de ces hommes et de ces femmes, qui comme dirait Lydie Salvayre , s'étaient donnés pour consigne de ne «pas pleurer», nous avons eu très tôt conscience que l'Histoire avait trahi leurs espoirs en un monde plus juste. Puisque l'Histoire avec un H majuscule s'apprend aussi dans la rue, ces réfugiés qui avaient essuyé le feu des avions allemands et italiens, étaient le signe avant-coureur des tempêtes qui allaient incendier l'Europe et jeter sur les routes de l'exil des civils , des gens comme nous, par milliers.

 

 

En attendant, les très jeunes anciens combattants de cette guerre mythique refaisaient sinon le monde, du moins «leur» guerre. Guernica en avril 37, et cette bataille de l'Ebre en juillet 38, il y a tout juste 80 ans, avaient été les stations du chemin de croix de la lente agonie d'une République , née dans la joie et dont le drapeau rouge, jaune et violet est toujours à ranger au rayon des reliques.

 

 

Car les Républiques, en Espagne, durent ce que durent les roses. Il semble bien que – comme les Anglais, mais pour d'autres raisons qui tiennent d'ailleurs aux fantômes de la guerre civile – les Espagnols aient du mal à divorcer de leurs rois arbitres. Et pourtant, il y a longtemps que leur prestige est en berne et que le soleil ne se couche plus sur leurs terres.

 

 

Mais quoiqu'en ait dit le grand Jorge Semprun, exilé chez nous d'où il fut déporté à tout juste 20 ans à Buchenwald, la guerre n'est pas finie. La sagesse populaire affirme qu'une guerre civile dure cent ans. Nous faudrait-il attendre une autre génération ?

 

 

Celle-ci, en tout cas, guerroie pour réécrire l'histoire qui n'a pas toujours reconnu officiellement les crimes franquistes qui ont duré bien au-delà de l'arrêt des hostilités. Le nouveau chef de l'exécutif, le socialiste Pedro Sanchez qui vient de constituer un gouvernement unique en son genre – onze femmes pour six hommes – entend sortir la dépouille de Franco du «Valle de los Caidos» (la vallée de ceux qui sont tombés) . Ce mausolée pharaonique, a été arrosé du sang, des larmes et de la sueur des prisonniers dont certains y furent enterrés au point qu'aujourd'hui leurs familles demandent leur rapatriement «dans des lieux plus décents»…

Terra alta" de Javier Cercas

Javier Cercas est un écrivain, traducteur, chroniqueur et professeur de philologie espagnol.

 

 

 

En 2001, il publie "Les soldats de Salamine", "récit réel" dont le franc succès lui vaudra d'être traduit dans de nombreux pays, dont la France en 2002, et d'être adapté au cinéma par David Trueba. Le livre porte sur la guerre civile espagnole et plus particulièrement sur l'exécution manquée, le 30 Janvier 1939, d'un intellectuel fondateur de la Phalange : Rafael Sanchez Mazas.

 

 

 

Il est l'auteur de quatre romans, de plusieurs recueils de chroniques, et de récits. Actes Sud a publié "Les Soldats de Salamine" (2002), "À petites foulées" (2004) et "À la vitesse de la lumière" (2006).

 

 

 

Il remporte le prestigieux Prix Méditerranée étranger en 2014 pour son cinquième roman, "Les lois de la frontière" ainsi que le prix du Livre européen - catégorie fiction.

 

 

 

Son œuvre est traduite dans plus de vingt langues.

 

 

 

Outre son travail de romancier, Javier Cercas est un collaborateur régulier de l'édition catalane et du supplément dominical du journal El País.est aussi un chroniqueur. Ses articles sont rassemblés dans Una buena temporada (1998) et Relatos reales (2000).

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1 juillet 2021 4 01 /07 /juillet /2021 06:00

Le Champagne n'était pas au parfum - Le blog de JACQUES BERTHOMEAU

Dans son petit opus Petit éloge de la gourmandise l’auteur  avoue « … je n’aime pas le champagne. »

 

Dévoration. - Transfuge

 

Il tempère « Il ne s’agit pas d’une aversion, car j’en bois sans problème pour ne pas gêner mes hôtes, mais ce vin ne me procure aucune joie. Il n’est pas déplaisant, il est neutre… »

 

Il est franc « Je puis distinguer ce que l’on considérera comme un « bon » champagne, à la bulle fine, la robe élégante, mais il ne me fera plus d’effet qu’un bête mousseux. »

 

Il est apte à apprécier les vins nu : « Je prendrai toujours plus de plaisir aux raffinements d’un cidre (boisson admirable, d’une grande variété, qui possède l’âcreté de la bière sans sa vulgarité) ou d’un poiré.

 

Il s’interroge : « Peut-être mon indifférence au champagne est-elle due à sa fonction même : le vin de la fête. »

 

Il se répond : « Je n’aime pas le champagne, comme je renâcle devant toute célébration régulière et obligatoire : les anniversaires, les mariages, les réveillons. Le champagne n’arrose pas, il célèbre, marque le coup. Il a besoin d’une occasion, d’un prétexte. Il se mérite et c’est sans doute ce qui me laisse froid. »

 

Il met le doigt là où ça fait mal au champagne : « Un vin devrait se suffire à lui-même. »

 

La sentence est rude : « Mais le champagne est devenu un concept en soi, un marqueur. Il est synonyme de joie comme la cravate est synonyme de sérieux. Il est signifiant quand il ne devrait être savoureux. Or je bois du vin, pas du sens. »

 

Ordonnance du Taulier pour guérir Nicolas d’Estienne d’Orves de son indifférence au champagne :

 

1- Consulter d’urgence Jean-Paul Kauffmann docteur-ès-champagne. « Voyage en Champagne 1990 » il me fallait rebondir face à la dédicace taquine de JPK « Pour Jacques Berthomeau qui n’aime pas le champagne, je crois, non ? » ICI 

 

Voyage en Champagne 1990 - Cdiscount Librairie

 

2- Accepter de goûter le champagne des nouveaux vignerons champenois qui sont si loin de l’industrie du champagne : je suggère Fidèle de Vouette Sorbée.

 

Fidèle R17 Vouette & Sorbée Magnum Hélène et Bertrand Gautherot

 

3- éventuellement de se licher un Pet’nat : je suggère Explosive Matérials brut Nature.

 

 

Ici-même

 

L’administration de ces vins à bulles, princières ou roturières se pratiquera à ICI MÊME ICI : il suffit de prendre rendez-vous auprès de moi.

 

 

 

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30 juin 2021 3 30 /06 /juin /2021 06:00

 

J’adore jouer sur les mots.

 

9 mars 2007

Mémoire d'un rat de cave ICI 

 

Dans le petit monde du vin on a les start-up qu’on mérite, elles ne brillent pas par leur originalité, leur innovation, pas sûr qu’avec elles, la Révolution numérique se mette en marche (désolé de cette connotation politique !) On ripoline le vieux monde...

 

La preuve dans un article extrait de du magazine Management

 

 

U’Wine : Un patrimoine en bouteilles ICI 

 

Remplissez votre cave, puis revendez une partie des bouteilles pour financer votre propre consommation des (meilleurs) vins…

 

C’est le modèle original imaginé par U’Wine, service de négoce à la carte pour les particuliers, qui se propose de les aider à se constituer et à valoriser une cave sur mesure. Une forme de placement alternatif, en somme, déclaré comme tel auprès de l’Autorité des marchés financiers.

 

 Alternatif - U'WINE : COMMENT CONJUGUER INVESTISSEMENT ET PLAISIR ?

 

À la tête de l’entreprise, Thomas Hébrard, descendant des anciens propriétaires du célèbre château Cheval Blanc, racheté en 1998 par Bernard Arnault. «U’Wine s’adresse aux passionnés désireux d’optimiser l’achat et la gestion de leurs vins, explique le fondateur, mais aussi aux nouvelles générations connectées qui souhaitent constituer leur propre patrimoine-cave.»

 

NOTRE ADN

 

U’Wine est une maison de négoce de nouvelle génération offrant une expérience et un accès privilégié aux Grands Crus.

 

Avec excellence, passion et innovation, nous transmettons la culture des Grands Crus et apportons plaisir et émotion aux amateurs de vin du monde entier ; nous les accompagnons dans la constitution et la réussite de leur cave et leur offrons un accès aux 1% des plus beaux terroirs.

 

https://www.echos-judiciaires.com/wp-content/uploads/2021/03/UWine-Lequipe_1-scaled.jpg

 

NOTRE ÉQUIPE

U’Wine a été fondée par Thomas Hébrard, né dans les vignes et passionné par les Grands Crus.

L’équipe U’Wine est basée à Bordeaux et Shanghai et composée de 25 U’Wine Makers. Nous mettons un point d’honneur à créer une relation privilégiée avec nos Clients, nos Partenaires et les Châteaux.

 

COMITÉ DE SÉLECTION

Le Comité de Sélection formule des recommandations sur la stratégie de sélection et d’achat des vins,
et assure le suivi de la performance des portefeuilles. Ce Comité est aujourd’hui composé de 2 personnes.

 
 
 
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29 juin 2021 2 29 /06 /juin /2021 09:32

 

Sans commentaire de ma part…

 

Les notes sont, comme d’habitude, nichées dans un mouchoir de poche : entre 93 et 97.

 

Anthocyanes doit être vert de rage de n’être point cité.

 

B&D est mutique

 

 

Vinifera : 93/100

Intensité et richesse de texture pour ce vin velouté, marqué par sa densité de fruit, assez plein et juteux, sérieux. Très beau cru au style sûr, qui sera selon son prix sans doute à nouveau une priorité d'achat.

 

J. Suckling : 96-97/100

Iron, black mushroom and dark berry with some burnt orange peel. Flowers, too. It’s full-bodied with round tannins that turn linear and tight at the end. Excellent energy. Brightness and purity.

 

Bettane & Desseauve : 96/100

 

Vinous – A. Galloni : 95-97/100

The 2020 Domaine de Chevalier is going to need a number of years to unwind. Rich, heady and super-concentrated, the 2020 is so impressive, right out of the gate. Crushed rocks, rose petal, cedar, pomegranate and mint all build as the 2020 shows off its vibrant, layered personality. Domaine de Chevalier remains one of the most under the radar wines in all of Bordeaux. The 2020 is an absolutely brilliant effort from Olivier Bernard and his team. Tasted two times.

 

Jeb Dunnuck : 95-97/100

From an estate that’s been on fire over the past decade, the 2020 Domaine De Chevalier is another brilliant wine in the making and checks in as 65% Cabernet Sauvignon, 27% Merlot, 5% Petit Verdot, and 3% Cabernet Franc. Offering impressive cassis and darker berry fruits, it has complex notes of crushed flowers, violets, and damp earth-like nuances. Medium to full-bodied on the palate, with ultra-fine tannins and a silky, layered, seamless texture, it shines for both its richness and its balance. It also shuts down quite quickly, so if you’re going to drink bottles, try one in its youth. Otherwise, be sure to give bottles 7-8 years in a cold cellar. It should have 30-40 years of overall longevity.

 

Wine Advocate : 95-97/100

Medium to deep garnet-purple in color, the 2020 Domaine de Chevalier comes skipping out of the glass with energetic scents of ripe red and black currants, fresh blackberries and boysenberries, plus nuances of wild sage, cloves and cedar with a waft of lavender. The medium to full-bodied palate surprises and delights with an unexpected richness and depth that remains locked away on the nose, revealing layers of fragrant earth and floral notions framed by fantastic freshness and firm, finely grained tannins, finishing with the most gorgeous, long-lingering perfume.

 

Terre de Vins : 95-96/100

 

Decanter : 95/100

Concentrated ruby red colour, a little subdued on the nose, built with structure and power, concentrated and should age well. Classical, powerful, not exuberant, an impressive Chevalier that has tannins and fruit and freshness, nothing shouting too loud. As it opens, you see a peony floral edge that is very attractive. Easily among the best in Pessac.

 

Le Figaro Vin : 94-97/100

Un nez vibrant de fruits rouges et noirs entrant en résonnance les uns avec les autres, et une délicatesse florale d'iris et de pivoine tout à fait ensorcelante. En bouche, une merveilleuse alliance de tabac chaud, et une texture assez fine malgré le bois. Un vin plus cavalier que chevalier, où l'on sent la chaleur d'un mois d'août, et une belle finale saline.

 

JM Quarin : 94/100

Nez très aromatique, au fruité mûr et suave, avec un fond de cuir mouillé et de crème. Moelleux à l’attaque, juteux en milieu de bouche, très caressant, le vin prend de l’ampleur avec douceur entre le milieu et la finale. Il s’achève savoureux et long, délicatement tramé, sans angle tannique.

 

Jacques Perrin : 93+/100

Nez discret, avec une belle profondeur. Bouche raffinée, très belle dimension tactile sur ce vin, un peu retenu, très fin, très élégant, éthéré.

 

 

Vinous - A. Galloni : 94-96/100

The 2020 Domaine de Chevalier Blanc is fabulous. Bright and airy in the glass, the 2020 bristles with energy. Lemon confit, crushed rocks, mint and white pepper all pulse with tons of vibrancy. This finely-cut, chiseled white is going to need a number of years to be at its best, but it is so impressive and so full of potential. Bright saline notes punctuate the dazzling finish. Time in the glass brings out the wine's texture and layers. The Blanc is one of the world's great wines, hands down.

 

Decanter : 95/100

An excellent white with precision, flesh and confidence, sure to age well. A ton of white pear and some soft pepper spice keeps up the pace and lift from beginning to end, and the intensity continues to build after the wine has left the palate - a sure sign of something special happening. A yield of 43hl/ha. Tasted twice. Unusual for me to score the red and white Chevalier at the same level, but both are extremely successful in this vintage.

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28 juin 2021 1 28 /06 /juin /2021 06:00

 

Ixène

Illustrateur et dessinateur de presse depuis 1994.

Les déconfinés sont en terrasse, je le sais, j’en suis un, ils ne passent plus leur temps, comme moi, à surfer sur la Toile, le lectorat est divisé par 2, normal et heureux. Les beaux jours, même s’ils tardent un peu, vont maintenir cette tendance et, comme déjà je bosse pour des prunes il ne faut pas me demander la lune : je vais lever le pied !

 

Dimanche j'ai quitté à l'aube la capitale.

 

Attention, je ne pars pas à la cloche de bois mais, pendant quelques mois, je ne vais pas forcément assurer le service petit déjeuner à 6 heures,  ce sera en fonction de mon humeur, de mes envies du moment, de l’actualité, de mes amours, du temps qu’il fera.

 

Du côté du roman aussi, je lève le pied, sans trop savoir si lui donnerai une suite qui pourtant avait une suite : Chouchou nous allons hacker !

 

L’intrusion du grand serbe dans cette histoire compliquée mais bien huilée, allait-elle gripper la belle mécanique imaginée par Ambrose ?

 

La nuit portant conseil, même si celle-ci fut brève, elle l’appela. Il prenait son petit déjeuner sur sa terrasse en compagnie de Beria. Elle lui proposa, deux versions de sa soirée avec le grand serbe. La première, lapidaire : il ne s’était rien passé. Conter la seconde fut plus trash.

 

« Son invitation à me raccompagner chez moi, passé l’instant de stupéfaction, même d’une certaine forme de peur, loin de me paniquer, l’adrénaline aidant, j’ai décidé d’assumer, d’affronter ce prédateur arrogant. Comme un goût d’interdit, le retour à un moment de ma vie où je vivais avec une petite frappe. L’heure du couvre-feu se rapprochait, je fis la caisse, sur la terrasse le grand serbe était seul. Quand j’actionnai le rideau de fer il se glissa dessous avant qu’il ne bloque complètement la porte, se posa sur un tabouret, sans rien dire, j’éteignis, me dirigeai vers le couloir plongé dans la pénombre, je sentis son souffle sur mon cou, il enserra ma taille, je me laissai faire. Ses lèvres se nichèrent dans mon cou, je me laisser aller dans ses bras, lui offrit mes lèvres qu’il effleura, les désincarcéra, le baiser se prolongea. Il glissa ses mains sous mon tee-shirt. « Je peux ? » Je levai les bras, il ôta mon tee-shirt… »

 

Ambrose écouta la suite. Lorsqu’elle en eu terminé, il se contenta de lui répondre, « aucune de tes versions n’est crédible, tes fantasmes je connais, l’essentiel n’est pas là, la donne a changé, nous devons changer de pied, le temps n’est plus aux vieilles méthodes, nous allons hacker ! »

 

La suite est très hard, elle ne peut être mise en ligne, si votre désir de la lire est grand, sur demande, il se peut que je vous la livre…

 

Bon déconfinement, vaccinez-vous si ce n’est déjà fait, lisez des romans, respirez sans masques, tirez des brasses, mangez et buvez bon, à bientôt sur mes lignes…

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