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19 novembre 2021 5 19 /11 /novembre /2021 06:00

 

C’est un article d’Ouest-France qui m’a inspiré cette chronique

 

Le milieu agricole « patriarcal, conservateur et clanique »

 

« On a cru que le stagiaire était le patron » : des Bretonnes dénoncent le sexisme du monde agricole

ICI

 

 

Lorsque mon père, à la fois exploitant agricole et entrepreneur de travaux agricoles, est décédé prématurément ma mère a dû trouver un travail dans une usine de confection pour espérer avoir une retraite décente.

 

Puisque nous venons de commémorer le 11 novembre rappelons qu’en 14-18 les femmes ont tenu les fermes en l’absence de leurs hommes mobilisés et qu’en 39-45 il en fut de même pour suppléer les prisonniers.

 

Bref, qu’en est-il aujourd’hui ?

 

Dans le droit et dans les têtes…

 

Et pourtant, la puissante FNSEA a placé Christiane Lambert à sa tête

 

Agriculture: qui est Christiane Lambert, la nouvelle patronne de la FNSEA?  - Challenges

 

Mon vieux ministère des agriculteurs, sis 78 rue de Varenne, évoque l’histoire des femmes en agriculture.

 

Agricultrices à la conquête de leurs droits : un siècle d'histoire

 

L’accès des femmes à l’emploi, les transformations de la famille et les modifications de l’activité agricole ont permis une réelle évolution de la place des femmes en agriculture.

 

Début du XXe siècle : l'agriculture est une affaire d'hommes

 

Au début du XXe siècle, et jusque dans les années 60, l’agriculture était exclusivement une affaire d’hommes, une activité transmise de père en fils. Les femmes ne travaillaient pas, elles aidaient leur mari. « Pièce rapportée » à un ensemble préexistant – l’exploitation agricole de la belle-famille –, l’épouse du chef d’exploitation était l’« aide familiale ». Autant dire « sans profession ». La division des tâches répondait alors aux critères de la vie familiale, et non à ceux de la profession.

 

Le tournant des années 70 : un début de reconnaissance

 

Ce sont les importantes transformations de l’activité agricole, ainsi que le développement des mouvements féministes des années 60, qui ont rendu légitime une revendication des femmes pour la reconnaissance de leur travail. L’obtention d’un statut professionnel distinct de leur situation matrimoniale semblait alors primordial. Une première réponse juridique a vu le jour en 1962 avec la création des GAEC (groupements agricoles d’exploitation en commun), permettant à des agriculteurs de s’associer. Toutefois, cette loi, qui empêche deux époux d’être seuls associés, a principalement profité aux fils d’agriculteurs s’apprêtant à reprendre l’exploitation, maintenant ainsi l’épouse comme aide familiale. En 1973, le statut d’ « associé d’exploitation » a eu des conséquences similaires.

 

Fin du XXe siècle, fin de règne masculin ?

 

Il a fallu attendre 1980 pour que le statut de « co-exploitante » soit créé. Les femmes ont alors acquis le droit d’accomplir les actes administratifs nécessaires à la bonne gestion de l’exploitation. Mais la véritable avancée en matière de reconnaissance du travail agricole des femmes a vu le jour en 1985 avec l’apparition de l’EARL (exploitation agricole à responsabilité limitée). Les conjoints ont alors pu s’associer tout en individualisant leurs taches et leurs responsabilités. Toutefois, il s’agit d’une identité professionnelle à partager avec le mari, et non d’un droit personnel attribué aux femmes.

 

Enfin, la loi d’orientation agricole de 1999 institue le statut de « conjoint collaborateur » marquant un réel progrès, notamment en matière de protection sociale des agricultrices.

 

XXIe siècle : les mentalités évoluent... pour une réelle égalité ? La suite ICI 

 

Quelle retraite pour une femme d'exploitant agricole ?

Mise à jour le 07-04-2021 ICI

 

Planter un arbre (détournement de l'Angélus de Millet) | Flickr

En France, les femmes représentent un tiers des actifs dans le domaine agricole. Certaines d’entre elles estiment subir une stigmatisation dans leur travail à cause de leur genre. Des agricultrices du Finistère ont témoigné des difficultés qu’elles ont rencontrées au cours de leur parcours.

 

 

 

Elles sont agricultrices ou proches du milieu agricole. Réunies à Lanmeur (Finistère) en octobre 2021 lors d’un rassemblement de soutien à une de leurs consœurs dont l’exploitation est menacée, ces cinq femmes échangent autour de leur parcours dans un milieu encore largement dominé par les hommes. Assises autour d’une table, elles partagent anecdotes et expériences.

 

 

« On a cru que mon stagiaire était le patron » parce que c’est un homme

 

Pour Marie Hernu, à la tête d’une exploitation de chèvres dans les Côtes-d’Armor, le sexisme s’est manifesté au quotidien, dans le milieu professionnel : « Un jour, je me suis rendue chez un fournisseur de présure, avec mon stagiaire, un homme plus âgé que moi. Lors de notre rendez-vous, le fournisseur ne s’est adressé qu’à mon collègue, et pas à moi, croyant que c’était le patron. J’ai dû lui rappeler que c’était moi la cheffe d’exploitation. »

 

Quand elle a voulu s’installer en tant qu’éleveuse avicole après vingt ans passés dans le commerce, Jocelyne Bouget ne s’attendait pas à autant de difficultés. Les mois passent sans qu’elle n’arrive à trouver les 4,5 hectares de terres dont elle a besoin à Guimaëc (Finistère), où elle vit. Elle multiplie les refus auprès des agriculteurs locaux. « Finalement, un couple de Saint-Jean-du-Doigt m’a proposé un terrain », à une petite dizaine de kilomètres de chez elle. « Ça aurait été différent si tu avais été un homme ? » demande Anne Mauvy à Jocelyne Bouget. « Je pense », répond cette dernière.

 

Le milieu agricole « patriarcal, conservateur et clanique »

 

La différence de traitement entre femmes et hommes se joue aussi, selon Anne Mauvy, dans les instances qui régissent le monde agricole. Cette agricultrice loue avec son mari des terres à Lanmeur. Ils gèrent respectivement une chèvrerie et un élevage de taurillons, ainsi que des hectares céréaliers. Ils sont actuellement en conflit juridique avec leurs propriétaires, qui voudraient les voir quitter les lieux.

 

Une des solutions avancées par l’agricultrice pour vivre de sa passion a été celle de reprendre l’activité de son mari, bientôt à la retraite. Hypothèse rejetée par le tribunal des baux ruraux de Morlaix. « Les taurillons sont des animaux lourds, considérés comme dangereux. [Dans la décision du tribunal, NDLR] on présume que je ne saurais pas conduire une exploitation céréalière, s’indigne-t-elle. On n’aurait jamais dit ça d’un homme. Ça me met en colère. »

 

« Dans cette affaire, on a remis en cause les compétences d’Anne, estime Laurence Mermet, professeure à Suscinio, le lycée agricole de Morlaix. Elle révèle la précarité des femmes exploitantes. L’inégalité homme-femme règne dans le milieu agricole. C’est un milieu patriarcal, conservateur et clanique. »

 

30 % des actifs agricoles sont des femmes

 

Pour Louise Hernot, fille et petite-fille d’agricultrices, les clichés ont la vie dure : « Il y a toujours la suspicion que les femmes à la campagne viennent pour observer les petits oiseaux. J’ai vu ma mère tenir la ferme, une exploitation de porcs, à bout de bras. »

 

Dans son ouvrage Paysâmes, Johanne Gicquel rappelle que ce n’est qu’à partir de 1973 « les femmes peuvent être associées dans la ferme ». En 1980, le statut de co-exploitante est créé. D’après le ministère de l’Agriculture, les femmes représentent en France actuellement 30 % des actifs permanents agricoles

 

 

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18 novembre 2021 4 18 /11 /novembre /2021 07:00

Liberté d'expression en France — Wikiberal

Comme je suis enrhumé depuis 8 jours, un rhume carabiné, alors je me suis confiné et j’occupe mon temps à tartiner des chroniques tout en sniffant des huiles essentielles, eucalyptus et cyclamen, lichant des grogs, inondant des kleenex.

 

Il est « heureux », Robert Ménard. Le maire d’extrême droite de Béziers (Hérault), s’est félicité de la visite d’Emmanuel Macron ce mardi. Selon l’édile, le président se montre « courageux » et « pas sectaire » de venir dans sa ville.

 

« Merci d’être ici, je suis ravi », a-t-il déclaré en accueillant le président à l’entrée de l’entreprise Genvia pour une visite visant à mettre un coup de projecteur sur le rôle de l’hydrogène dans les années à venir. « Moi aussi », a répondu Emmanuel Macron, qui a également salué l’épouse du maire, Emmanuelle Ménard, députée non-inscrite et proche du RN. « C’est une belle surprise que vous nous faites en venant à Béziers », lui a-t-elle dit.

 

Beziers.jpg

 

Les Ménard ne sont pas ma tasse de thé mais ils sont élus à Béziers ville sinistrée : Didier Daeninckx édité chez Verdier Retour à Béziers. ICI , je ne supportais guère Robert Ménard au temps de Reporters sans frontière, même tarif pour Zemmour, produit médiatique, pour autant la seule façon de les contrer, c’est l’ancien basketteur qui vous parle, c’est de le faire sur leur terrain : la politique. Les marquer à la culotte, ne pas les lâcher, les pousser à la faute. La meilleure défense c’est l’attaque.

(Photo Edouard Caupeil pour Libération)

Venue d’Eric Zemmour: «La censure de la Ville de Genève est médiocre»

LIBERTÉ D'EXPRESSION

 ABONNÉ

Pour Nicolas Gardères, avocat français de gauche et infatigable militant des libertés fondamentales, limiter l'expression est plus risqué qu'en tolérer les dérives, qu'il faut combattre sur le terrain politique et non judiciaire.

 

Voltaire n’a jamais dit à l’abbé Le Riche: «Je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire.» Mais la phrase apocryphe résume sa pensée. Et sans aucun doute celle de Nicolas Gardères, dont la robe d’avocat est taillée dans le cuir le plus épais qui soit. Ni cynique, ni provocateur, cet homme de gauche, libéral-libertaire et membre d’Europe écologie Les Verts (EE-LV), est au contraire un idéaliste, l’un des rares spécimens contemporains à défendre ses adversaires idéologiques au nom de principes.

 

«Je défends leurs libertés fondamentales et je combats leurs idées politiques», proclame celui qui est aussi maître de conférences à Sciences Po Paris. Liberté d’expression, d’association ou dévoiement de la laïcité à des fins islamophobes l’ont conduit à plaider au tribunal en faveur de ces «fils de p...» de «fachos» ou de ces «cons d’islamistes». Il raconte cette expérience dans un livre: «Voyage d’un avocat au pays des infréquentables» (L’Observatoire, 2019).

 

Disant, par boutade, être devenu avocat grâce à Jean-Marie Le Pen, personnage similaire à son grand-père Raymond, avec qui il a vécu et débattu durant sa jeunesse, Nicolas Gardères acquiert ainsi le goût du dialogue, ce «lieu psychique positif dominé par l’altérité, là où il n’y avait que la frustration, de la solitude et de l’entre-soi». Il déplore l’avènement d’une société qui redoute le «débat, la raison et la science» et qui pour «écraser l’infâme» recourt à l’arme pénale en «un aveu de faiblesse collectif, presque une soumission à la supériorité de l’ennemi».

 

  • Le Temps: L’exécutif de la Ville de Genève vient d’annoncer qu’Eric Zemmour n’est pas le bienvenu à Genève et refuse de louer aux organisateurs la salle dans laquelle il devait s’exprimer. Que vous inspire cette prise de position?

 

Nicolas Gardères: Éric Zemmour est un adversaire et même un ennemi qu’il faut combattre. Cela ne me choque pas qu’une autorité politique fasse valoir son opposition politique. Lui signifier qu’il n’est pas le bienvenu est certes rugueux, mais ça ne lui interdit pas de s’exprimer. En revanche, user de subterfuges administratifs pour justifier une décision qui relève en réalité de la censure est médiocre. C’est aussi insultant envers la population.

  • Pourquoi?

C’est une insulte à son intelligence. Comme si on voulait la protéger contre ces paroles dangereuses, comme si on ne faisait pas confiance à sa maturité, à sa capacité de raisonnement.

  • Pourquoi faudrait-il tolérer ses hymnes à l’intolérance?

Le célèbre linguiste Noam Chomsky dit que croire à la liberté d’expression, c’est croire à celle des individus que l'on méprise. Si elle ne consiste qu’à laisser s’exprimer les voix bourgeoises, centristes, lénifiantes, elle n’existe pas. Un espace sans conflit est une dictature. Dans une démocratie fondée sur la raison et l’argument, prendre les libertés fondamentales au sérieux, c’est accepter qu’elles soient difficiles, choquantes, risquées. Il faut accepter qu’en son sein s’expriment des personnes qui souhaitent en saper les fondements, tout en redoublant d’efforts pour combattre l’extrême-droite dans le champ politique. Si on restreint les libertés dès que le navire tangue, tout cela n’est que tartufferie.

  • En quoi est-il dangereux de restreindre la liberté d’expression?

C’est une dégradation collective dont le propre est de s’étendre peu à peu pour atteindre tous les champs de l’espace public et du débat. Depuis peu, on constate à l’évidence que le sujet ne se limite plus aux néo-nazis. Il suffit de songer aux conférences annulées des philosophes Elisabeth Badinter et Sylviane Agacinski, l’épouse de Lionel Jospin qui est défavorable à la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes. Il est incontestable que la liberté d’expression est grignotée.

  • Pourquoi les attaques contre la liberté d’expression émanent-elles plutôt de la gauche? Elle serait devenue la porte-parole de la «démocratie lacrymale», le relais de toutes les offenses qui se nivellent «dans le flot et les larmes de tout un chacun»?

Ce phénomène est plutôt récent. Historiquement, c’est la droite qui censurait les critiques de l’Etat, de l’Eglise ou de l’armée, tout ce qui était susceptible de bouleverser l’ordre bourgeois, notamment dans l’art. C’était logique, car la droite s’appuie par définition sur des idées peu ambitieuses; elle ne croit pas en la possibilité d’améliorer le genre humain. A gauche, c’est l’inverse, il y a un idéal à défendre. Durant le XXe siècle, cette pression s’est incarnée au travers de grands chantiers législatifs visant l’égalité formelle. Or, la plupart de ces objectifs ont été atteints. Il ne reste plus que l’égalité réelle, un combat beaucoup plus difficile à mener. Cela se traduit par une multitude de lois sans envergure qui consistent à protéger tel ou tel groupe de personnes se sentant victime.

  • Vous fustigez aussi le traitement médiatique «contre-productif» du Rassemblement national, qui s’exprime sans rencontrer d’obstacles, si ce n’est des «cris d’orfraie, tantôt geignards, tantôt agressifs» devenus inaudibles.

Sous Jean-Marie Le Pen, le «cordon sanitaire» face à l’extrême-droite prévalait. Comme lorsque Jacques Chirac a refusé de débattre face à lui en 2002. Cette tactique est devenue problématique avec la «dédiabolisation» entamée par Marine Le Pen et Florian Philippot. Les médias ont accompagné cette mue discursive, ce qui s’est traduit par une surreprésentation de l’extrême-droite, qui déroule sans adversaire. En 2017, le grand mérite d’Emmanuel Macron est d’avoir su affronter Marine Le Pen sans la traiter de nazie. Il a été meilleur qu’elle parce qu’il l’a prise au sérieux. Il l’a mise K.O. sur le terrain politique, montrant à toute la France à quel point elle est peu crédible pour briguer les plus hautes fonctions. 

  • Pourquoi jugez-vous que la réponse pénale, «l’arme des vaincus, des défaitistes», est mauvaise face aux dérives sémantiques et au projet de l’extrême-droite?

Au-delà des appels au meurtre et des propos attentatoires à l’honneur d’une personne précise, je ne crois pas aux délits d’opinion, surtout ceux visant un groupe social. D’abord, parce qu’il s’agit de lois «démissionnaires»: on délègue au juge pénal le règlement immédiat d’un problème qui relève du travail politique à long terme. C’est donc une question de principe. Mais aussi d’efficacité. On restreint la liberté d’expression pour aucun résultat. Au contraire, la sanction pénale renforce le discours et alimente le martyr: «Regardez, on me juge parce que j’énonce une vérité qui dérange.» Eric Zemmour a été condamné. Sans doute continuera-t-il de commettre des infractions. Est-il pour autant frappé d’opprobre sociale? Non, il a purgé sa peine et a le droit de s’exprimer comme tout un chacun, sauf à considérer que les personnes condamnées perdent ce droit.

 

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18 novembre 2021 4 18 /11 /novembre /2021 06:00

 

Un communiqué de notre ami Lefred-Thouron. | Glougueule

Je reçois, via un certain Pierre-Yves Chupin  des Guides Lebey, avec qui Butane&Degaz sont pacsés, de la prose Bettanesque mais aussi les épluchures vineuses de Rin de Rin l’éructeur qui a sali Fleur. Ce type est un prévariqué de la pire espèce, pour lui je tire la chasse d’eau.

 

Bref, la dernière expédition, qui colle à la future actualité du Bojolo nouvo, nous offre une belle tranche de la prose de haute volée du Grand Bettane, une prose non dépourvue de perfidie à l’endroit du vin nu qui pue. Les bio-cons n’étant plus de le saison, les aigreurs du seul dégustateur qui aurait aimé la notoriété de Bob le ricain, ont migré : sus aux petits cons qui aiment le glou-glou !  

 

Le poulet de Michel est modestement titré : Le génie du vin.

 

Bien sûr, cet homme qui sait tout, comprend tout, partout et en tout lieu, en toute simplicité, extrait la substantifique moelle du vin de Gamay du Beaujolais pour faire surgir de la géhenne des idolâtres du vin nu, symbole du châtiment de ceux qui refusent le salut du Dieu du vrai vin, tel Moïse sur le mont Sinaï, le génie du vin.

 

Moi je trouve cette suffisance d’une beauté sans comparaison, cette manière de se payer de mots pour jeter l’opprobre sur ceux qui ont précipité Butane&Degaz dans le début de la fin. Même pas triste, si ça vous dit, merci de me faire une explication de texte, j’avoue  que mes neurones fatigués ont du mal à suivre le Grand Bettane sur ses hauteurs himalayenne…

 

Le beaujolais selon Michel Bettane

 

On confond souvent dans un vin expression du raisin et expression du terroir. Il serait trop facile d’imaginer qu’un vin réussi ne soit en fait qu’un jus de fruit réussi. C’est mal connaître le rôle du ferment et sa capacité d’extraire d’autres composants éloquents, transmis par le sol au raisin.

 

Le beaujolais, vin fruité dans l’imaginaire du public souffre plus que tout autre de cette confusion. Les vins à la mode dans un monde de surface et de paraître font parfois oublier les vins de profondeur et d’être : ainsi au cœur d’un des lieux dits les plus solaires du beaujolais, expression pure de nos vieux granits roses, Olivier Merlin produit un moulin-à-vent d’une rare délicatesse de texture, unissant minéralité fine et floralité (signature de toute fermentation accomplie) discrète et complexe. On songe plus d’une fois à l’équilibre des meilleurs pinots noirs de Côte-d’Or et jamais à un artefact de fruits rouges ou noirs.

 

La gouleyance n’est pas le glou -glou !


Michel Bettane

Dessin, caricature | Les critiques français traitent le Beaujolais Nouveau de « villageoise timide » | M986.286.77

Dessin, caricature
Les critiques français traitent le Beaujolais Nouveau de « villageoise timide »
Aislin (alias Terry Mosher)
17 novembre 1984, 20e siècle
Encre, crayon feutre et film sur papier
28.8 x 32.7 cm
Don de Ms. Iona Monahan
M986.286.77
© Musée McCord

 

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17 novembre 2021 3 17 /11 /novembre /2021 08:00

 

Situé à l'ouest à 1h30 de Paris, le Perche est en fait une ancienne province divisée sur quatre départements après la Révolution française : l'Orne, l'Eure-et-Loir, la Sarthe et le Loir-et-Cher. Le lieu est réputé pour ses grands espaces verts, avec notamment le parc naturel régional du Perche, propices à la randonnée.

 

Séjour en famille dans le parc naturel du Perche, dans l'Orne

 

Le parc naturel régional du Perche est un écrin de nature totalement préservée entre la Loire et la Normandie, entre bocage et forêt. La région se visite naturellement grâce à son emblème, le percheronun cheval de trait né au Moyen-âge du croisement de juments locales et d'étalons arabes rapportés des croisades

 

Ferme de l'Absoudière - Visites techniques - CORBON - Orne Tourisme

 

La spécialité culinaire de Mortagne-au-Perche: le boudin noir.
Si déjà au XIXème siècle la charcuterie de Mortagne-au-Perche jouissait déjà d’une certaine renommée, le boudin lui-même se fait remarquer seulement en 1931 à l’Exposition Coloniale de Paris.

 

Il faudra attendre encore trois décennies pour que la ville noue des liens indissolubles avec le boudin noir, lorsqu’en 1963 est créée la Confrérie des Chevaliers du Goûte-Boudin. ICI

 

LA CONFRÉRIE DES CHEVALIERS DU GOÛTE-BOUDIN

 

Bref, le Perche c’est, depuis longtemps, pour les bobos chics, via l’A10-A11, 1 H 30 en auto, la grande banlieue verte et zen de Paris. La crise sanitaire et ses contraintes urbaines ont boosté la migration des oiseaux des villes.

 

Pour preuve : la migration du ludion des têtes couronnées  et du Loto  du patrimoine Stéphane Bern et celle de la famille Chartier

 

6 novembre 2015

Eureka j’ai trouvé des vins tranquilles et des vins excités des Riceys sur Saturne ! ICI 

 

Faire-Part de mariage

 

Le mardi 3 novembre vous êtes invité au dîner MAGNO au cours duquel les vins d'Olivier Horiot, millésime 2006 et quelques très belles expressions du magnifique 2009, et les mets de Sven Chartier le chef de Saturne conçus et exécutés avec une minutie et une exigence qui ne laissent aucune place au hasard, échangeront leurs alliances. 

 

Stéphane Bern a décidé de s'installer définitivement en Eure-et-Loir jugeant que Paris était devenue sale et bruyante.

  • Le 14 décembre, l’animateur Stéphane Bern quittera définitivement Paris pour s’installer à Thiron-Gardais (Eure-et-Loir) où il possède l’ancien collège militaire et royal de la commune, a-t-il révélé dans un entretien accordé au Parisien samedi 13 novembre. «Je suis soulagé de partir. Javais limpression de devenir fou» ICI 

 

Le chargé d’une mission de sauvegarde du patrimoine a porté un jugement assez amer sur ce que serait devenue la capitale et ses habitants. «La saleté, les trous dans la chaussée, les chantiers permanents, le bruit, et surtout, surtout, la violence Il faut entendre comme les gens se parlent. La circulation est une source inouïe de tensions», a-t-il déclaré. Le partage de l’espace urbain entre les différents véhicules (vélo, trottinettes, scooters, voitures) se ferait ainsi selon lui au détriment des personnes âgées, des personnes en situation de handicap et des enfants.

 

Une ville «poubelle»

 

Mais plus généralement, le présentateur de l’Eurovision et du Monument préféré des Français a estimé que Paris était devenu «une poubelle où les gens se débarrassent de tout, nimporte où». L’homme pointe du doigt le comportement des usagers sans porter de jugement sur la politique de la maire Anne Hidalgo (PS) qui «ne peut pas mettre un cendrier et une poubelle derrière chaque habitant».

 

Le «Monsieur Patrimoine» du gouvernement reprend néanmoins à son compte certaines critiques soulevées par le mouvement #SaccageParis regrettant la suppression de l’ancien mobilier urbain de Paris synonyme à ses yeux de destruction de «notre patrimoine visuel». Il a ainsi appelé au réveil de «la beauté de cette ville» en perspective des JO 2024.

Les enfants de Sven et Marianne Chartier sont scolarisés à l'école publique de Bellême.

Sven Chartier, chef étoilé parisien, ouvre son restaurant dans le Perche ICI

 

Sven et Marianne Chartier ont ouvert fin octobre « Oiseau oiseau », un restaurant bistronomique à Préaux-du-Perche (Orne)

Par Rémi DormeauPublié le 11 Nov 21 à 7:06 

Le Perche

 

À l’entrée du restaurant, cent mètres en face de l’église de la commune, pas de façade, de logo, ni même de nom sur la devanture des locaux appartenant à la mairie. Seules des chaises et des tables, en terrasse, font penser à un restaurant.

C’est pourtant bien là que Marianne et Sven Chartier ont ouvert le 21 octobre 2021 « Oiseau oiseau », nouveau restaurant dans la commune de Préaux-du-Perche (Orne).

 

Une équipe familiale

 

Pourquoi ce nom ? « En rapport à la migration, nous qui venons de Paris, et aussi à l’idée de nature », répond Marianne Chartier. Avec l’ouverture du restaurant, elle va travailler avec son mari pour la première fois, elle qui vient du milieu de la télévision.

 

« Je m’occupe du service et de la partie administrative. Nous avons aussi une jeune fille en cuisine qui travaillait avec Sven à Paris et le frère de Sven, revenu du Canada, qui s’occupe de la cave à vin, ainsi qu’une plongeuse qui vient de Nocé », relate Marianne. Telle est la petite équipe, familiale, d’Oiseau Oiseau.

 

Histoire d’amour avec le Perche

 

Aux antipodes de ce que Sven Chartier connaissait à Paris, dans son restaurant étoilé Le Saturne (anagramme de Natures), place de La Bourse, sa clientèle d’affaire et de touristes. « Là-bas, on travaillait beaucoup. 70, parfois 80 heures par semaine », note le chef cuisinier. Alors les moindres vacances ou jours de repos sont de bonnes excuses pour aller se ressourcer dans la maison de campagne, à Dame-Marie, dans le Perche Normand.

 

C’est d’ailleurs au château de La Mouchère, à Saint-Cyr-la-Rosière (Orne), que le couple se marie en 2015. Alors quatre ans plus tard, en 2019, quand le cuisinier revend Le Saturne pour prendre une année sabbatique, le couple et ses deux enfants reprennent la direction de Dame-Marie. « À la base, on devait prendre une année pour souffler avant que je recherche un nouveau projet à Paris », témoigne Sven Chartier.

 

Rencontre avec la terre

 

Mais le Covid passe par là, et les projets évoluent. « On a fait une rencontre différente avec la terre. On a cultivé notre potager, on a des animaux. Et surtout, on profite de meilleures conditions qu’à Paris : l’espace, le temps », relate Sven.

 

Les enfants, « qui ont grandi dans la poussière du Palais Royal », peuvent désormais profiter de la verdure et des chevaux. « Ça s’est imposé de soi-même, on s’est dit naturellement qu’on allait faire un truc ici », ajoute Marianne.

 

Cuisine simple, axée sur la qualité

 

À Préaux-du-Perche, le fonds de commerce de cet ancien restaurant chaleureux qui proposait des concerts de jazz le vendredi soir, est racheté fin 2020. « On a fait des travaux, éclairci les murs et les portes, refait le mobilier, le bar. Bref, on s’est approprié l’espace », résume Sven Chartier.

 

Pour le chef, qui ouvrira seulement les jeudis, vendredis et samedis, fini la gastronomie. Place à la cuisine bistronomique. « Simple, élaborée avec des bons produits du coin et axée justement sur la qualité des produits et les basiques de la cuisine : la cuisson, l’assaisonnement. Tout sera local et fait de A à Z, comme le pain que nous ferons avec un levain naturel », poursuit-il.

 

Et l’accent sera aussi mis sur le vin, spécialité du chef cuisinier. « Sven a été assez novateur, un des premiers à proposer du vin nature. Les gens vont aussi pouvoir venir ici pour découvrir des petits vins sympas », témoigne sa femme.

 

Ainsi, une pièce annexe du restaurant sert de cave à vin, où les clients pourront acheter leur bouteille après en avoir consommé à table.

 

« C’est tellement cool »

 

Après deux semaines d’ouverture, les débuts sont plus que prometteurs. « Ça cartonne », lance même Marianne Chartier. En étant ouverts que trois jours par semaine, le couple se laisse aussi du temps, même s’il ne chôme pas.

 

« On prépare le pain, on fait des essais. Il y a toujours à faire, en cuisine. Surtout quand on fait tout de A à Z et qu’on a une carte vouée à changer chaque semaine », glisse Sven Chartier.

 

Mais lui et sa femme profitent tout de même plus des amis qu’ils se sont faits, en deux ans de vie dans le Perche. « On commence à avoir des attaches, et des amis communs à tous les deux, alors qu’à Paris, nous avions plus des amis chacun de notre côté », note Marianne Chartier. « Et puis le rythme d’ici est top. C’est tellement cool », conclut Sven Chartier.

 

Dans le Perche, une « greentrification » accélérée par le Covid-19 ICI

Par et Nicolas Krief (Photos)

Publié le 19 octobre 2021 

 
 

« La vie est vraiment TROP bonne, ici… » Assis devant son restaurant, Sven Chartier savoure un instant le soleil d’automne. Avant de ranger les dizaines de cartons de vin qui s’entassent sur son béton ciré, il embrasse le panorama et arrête son regard sur l’église Saint-Germain, qui veille sur le village depuis huit cents ans. C’est là, à Préaux-du-Perche (Orne), 487 habitants, qu’a choisi de s’installer le jeune chef étoilé parisien de 35 ans, dix ans derrière les fourneaux du Saturne, près de la Bourse, où l’on s’arrachait les réservations.

100 « Fragments de France »

A six mois de l’élection présidentielle, Le Monde brosse un portrait inédit du pays. 100 journalistes et 100 photographes ont sillonné le terrain en septembre pour dépeindre la France d’aujourd’hui. Un tableau nuancé, tendre parfois, dur souvent, loin des préjugés toujours. Ces 100 reportages sont à retrouver dans un grand format numérique.

« J’ai cédé le restaurant en 2019, et nous sommes venus faire une pause en famille ici, avant de rechercher un nouveau lieu dans la capitale. Et puis le Covid est passé par là, j’ai cultivé un potager derrière la maison, appris beaucoup de la terre et goûté au temps retrouvé. Pourquoi quitterais-je la douceur d’une campagne qui autorise à travailler peu et autrement ? », interroge cet épicurien.

Oiseau-Oiseau, son nouveau restaurant, qui ouvre ce mois-ci, servira chaque fin de semaine « une cuisine de l’instant, simple et goûteuse », explique celui qui se réjouit de travailler sans intermédiaire « des produits ultra-frais venus des locaux ». Contacts directs, trip 100 % nature, enfants à l’école du village et Marianne, son épouse, en salle pour le service.

Le chef Sven Chartier devant son restaurant, Oiseau-Oiseau, quelques semaines avant son ouverture, à Préaux-du-Perche (Orne), le 21 septembre 2021.
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16 novembre 2021 2 16 /11 /novembre /2021 07:00

Paris le 15 novembre 2021

 

 

Monsieur le Président de la Nouvelle Aquitaine, cher Alain Rousset,

 

 

Le journal Sud-Ouest, dans son édition Lot-et-Garonne, a publié le 24 octobre dernier, un article titré : le Conservatoire végétal de Montesquieu, une espèce menacée?

 

« Le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine (CVRA), implanté sur la commune de Montesquieu, traverse une tourmente. L’automne de son existence même selon les plus pessimistes. Sans président depuis le retrait de Jean-François Garrabos, avec une directrice sur le départ qui s’interdit de s’exprimer sauf pour rappeler qu’elle n’est « plus que directrice scientifique », la structure a été placée sous la gestion d’un administrateur judiciaire. »

 

Je viens d’être alerté de cette situation dramatique par une amie vigneronne qui, tout comme Évelyne Leterme, celle par qui le Conservatoire existe, publie chez l’excellent éditeur ROUERGUE.

 

 

Pour bien appréhender la situation je me suis fait envoyer, un historique du Conservatoire et une copie de l’audit de septembre 2020 réalisé par l’Inspection Générale des Services de la Nouvelle Aquitaine. Document de plus de 100 pages, de grande qualité, dont les propositions devraient être mise en œuvre dans le cadre d’un plan de redressement.

 

Ma démarche auprès de vous, Monsieur le Président, cher Alain Rousset, se place au plan politique, celui où vous êtes maître de la décision. En effet, le Conseil Régional a présidé à la création du Conservatoire, reconnaissant le travail de pionnière d’Évelyne Leterme. Il a toujours accompagné la structure depuis 4 décennies et s’implique clairement dans la préservation de la biodiversité. Aujourd’hui, où tout le monde s’accorde sur l’importance de ces engagements, il me semble qu’il serait préjudiciable de laisser disparaître un patrimoine génétique reconnu par le ministère de l’agriculture, exceptionnel par son ampleur, sa diversité, et sa capacité à contribuer aux adaptations climatiques du matériel fruitier.

 

Le temps étant compté, l’état de dégradation étant trop avancé il faut sauver le Conservatoire, et vous seul pouvez prendre la décision de sauver « le soldat Leterme »

 

Si je me permets cette familiarité, monsieur le Président, cher Alain Rousset, c’est que dans une chronique du 14 août 2010 : Adresse à Alain Rousset Président de la Région Aquitaine : il faut sauver le soldat Zoé Sheppard du bûcher ! ICI  j’écrivais :

 

Cher Alain Rousset,

 

Bordeaux n’est pas Rouen ; Aurélie Boullet alias Zoé Sheppard n’est pas Jeanne d’Arc, et vous bien sûr Président ne pouvez endosser les oripeaux de l’évêque Cochon. Je sais fort bien que « si Aliénor d’Aquitaine n’avait pas épousé Henri II et si la prise de Rouen en 1152 n’avait pas privé les anglais des vins d’Ile de France » le vignoble bordelais ne serait peut-être pas ce qu’il est mais de grâce, Monsieur le Président de la région quitaine laissez aux anglais, l’art du bûcher. Le jeu n’en vaut pas la chandelle, l’offense ne vaut pas une telle vengeance, franchement mieux vaut en rire que d’en arriver à une telle extrémité.

 

Avec panache et grandeur d’âme vous aviez pris en main le dossier.

 

Je ne doute pas que vous allez faire de même pour Le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine.

 

Par avance je vous en remercie et soyez assuré, cher Alain Rousset, de mes salutations les meilleures et amicales.

 

Jacques Berthomeau chroniqueur indépendant sur Vin&Cie l’espace de liberté depuis 15 ans et amateur de Pessac-Léognan

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16 novembre 2021 2 16 /11 /novembre /2021 06:00

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Le 18 octobre 2019, je notais dans une chronique :

 

« Lorsque j’entends le PDG de Danone Emmanuel Faber se glisser dans la peau d’un père prêcheur d’une agriculture durable je me dis que notre monde a la tête à l’envers. »

 

Depuis, cette tête d’œuf, père prêcheur, lâché par le jeune Riboud, s’est fait lourdé par ses actionnaires et il  est vénère.

 

Souvenirs :

 

En juillet 2013, la Ségolène du Poitou me fit parvenir une missive en tant que Présidente de Poitou-Charentes, pour me remercier de ma participation au pince-fesses organisé par l’hebdomadaire Marianne : le paradoxe de Poitiers, qu’est-ce qu’ils nous font manger ?

 

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Les gens de Marianne m’avaient étiqueté : « ancien collaborateur de Michel Rocard », je devais gloser en compagnie de la peu sympathique Noëlle Lenoir, qui fut ministre de Sarko, sur le rôle de l’UE en matière alimentaire, avec comme modérateur (sic) Périco Légasse qui, comme à l’ordinaire passa son temps à ramener sa fraise pour rouler les eurocrates dans la boue. Je pris un malin et facile plaisir à démonter ses affirmations péremptoires. Ce fut un bon moment. La Ségo nous fit manger dans un resto prétentieux, bouffe chichiteuse, vins horribles. Les communicants de Marianne nous demandèrent de passer à l’épreuve d’un shooting. Tout le monde joua le jeu sauf lui. ICI

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Dans le TGV aller Paris-Poitiers, dans le fauteuil à ma droite, isolé, le couloir nous séparant, le type impeccable, chemise blanche col ouvert, froid comme un iceberg, hautain, qui m’avait fait une impression désagréable, c’était lui : Emmanuel Faber.

 

À l’époque il n’était que DG de Danone, et moi je n’avais pas encore entamé ma carrière de médiateur laitier où je pourrais, sur le terrain, confronter les belles intentions  du bel Emmanuel, avec la réalité des pratiques de Danone. Un simple détail, dans le prix de revient d’un yaourt Danone, le prix du lait n’est pas majoritaire, on fait du marketing dans une multinationale.

 

Comme j’aime aller au-delà de mes aversions j’ai acheté et lu son livre Chemins de traverse - vivre l'économie autrement 2011

 

Couverture du livre Chemins de traverse

 

Comment le n°2 de la 3e multinationale sur le marché agroalimentaire mondial peut-il se retrouver au Forum social mondial pendant que son président est à Davos ? Comment ce spécialiste de la finance internationale peut-il être l’ami de Pierre Rabhi, citer Christian Bobin et Christiane Singer aux côtés de Bergson et Kant ? Comment en est-il venu à monter avec le Prix Nobel de la Paix, Mohammed Yunus, une usine modèle au Bengladesh produisant un yaourt hyper vitaminé destiné à la nutrition des enfants, vendu par des centaines de femmes pauvres devenues autoentrepreneurs, et financé par un organisme spécial, danone.communties, prototype d’un nouveau genre de fonds d’investissement éthique ? Emmanuel Faber fait partie de cette nouvelle élite surdouée qui a préféré donner du sens à sa vie de grand décideur en subvertissant le système de l’intérieur, un peu à la manière d’un Martin Hirsch, avec lequel il a collaboré sur plusieurs projets au nom de Danone. Mais lui est inspiré par une vision éthique et poétique tout à fait originale, qui essaie d’incarner une authentique spiritualité au coeur même du capitalisme mondial, pour en inverser les règles….et les effets. Gageure que nous présente, dans une écriture sensible et élégante, ce livre qui ne se veut ni essai militant, ni traité, mais témoignage de vie.

Ça n’a pas réchauffé mes sentiments à son égard.

 

Emmanuel Faber, ancien Pdg de Danone. Aujourd'hui il se présente comme activiste "social et climatique"

Emmanuel Faber, ancien Pdg de Danone. Aujourd'hui il se présente comme activiste "social et climatique"

afp.com/ERIC PIERMONT

Emmanuel Faber : « En France, l'immobilisme ne permet pas de changement systémique »

 

L'ex-patron du géant de l'agroalimentaire Danone sort enfin de son silence et livre à L'Express une analyse sans concession des vices et vertus du capitalisme français. Episode 1.

 

On avait laissé Emmanuel Faber sombre et amer en mars 2021 au lendemain de son éviction brutale de la tête de Danone. Tout l'été, l'ex-patron a posté sur Twitter des photos de ses treks montagnards dans ses Hautes Alpes natales. Celui qui se présente désormais comme un activiste, avait fait vœu de silence, à part une apparition dans un colloque sur la finance verte fin août. Pour la première fois depuis six mois, il a accepté aujourd'hui de livrer longuement sa vision du capitalisme : une vision duale où il prêche une rupture dans les modes de gouvernance et de régulation tout en reconnaissant l'efficience de l'économie de marché, notamment dans la lutte contre le changement climatique. Même s'il refuse officiellement de revenir sur ses années Danone, il continue en creux de défendre son bilan et prévoit déjà de rebondir dans le business : "Après tout, c'est ce que je sais faire de mieux", nous a-t-il livré.

 

Voici la première partie de notre interview exclusive : ICI 

 

Les systèmes alimentaires et agricoles sont dans une impasse »

Emmanuel Faber : « Les systèmes alimentaires et agricoles d’il y a 70 ans sont dans une impasse » ICI

 

PDG de Danone pendant 5 ans, Emmanuel Faber a été démis de ses fonctions le 14 mars dernier. Deux mois plus tard, il rejoint officiellement Astanor Ventures pour se lancer à temps plein dans l’investissement. Il est revenu lors d'une interview pour Maddyness sur son combat des quinze dernières années : la transition agricole.

 

Après plus de 20 ans dans l’industrie agroalimentaire vous avez choisi de rejoindre le monde de l’investissement. Était-ce une suite logique pour vous ? 

 

Cela fait 25 ans que je milite activement et que je suis engagé dans la transition vers un modèle agricole que j’estime plus durable, c’est-à-dire meilleur pour la santé des humains et la planète. Au cours des six derniers mois, j’ai été sollicité par des entrepreneurs du secteur mais aussi de la Silicon Valley, d’Asie, d’Europe ou d’Afrique. Rejoindre l’investissement est une continuité avec ce que je faisais auparavant – dans une moindre mesure.

 

En 2009, j’ai participé au lancement des fonds Livelihoods [fonds dont l’ambition est de soutenir les communautés agricoles et rurales, NDLR] financés par les crédits carbone pour mettre en place la transition agroalimentaire dans des centaines de milliers de fermes. Six ans plus tard, j’ai participé à la création du fonds Danone Manifesto Ventures, qui recouvrait un certain nombre des valeurs qui animent Astanor Ventures. David Barber [qui a été nommé partner chez Astanor Ventures au même moment, NDLR] a co-investi par le passé avec Danone Manifesto Ventures dans des marques de la transition alimentaire aux États-Unis. Intégrer le monde de l’investissement est vraiment une continuité avec ce que j’ai pu réaliser auparavant.

 

Qu’est-ce que votre expérience passée va vous apporter en tant que VC ? 

 

Je suis persuadé que les systèmes alimentaires et agricoles qu’on a construits il y a 70 ans sont dans une impasse. Le changement climatique arrive à toute vitesse et l’agriculture en est un facteur important mais elle est aussi un incroyable vecteur de solutions car, contrairement au pétrole, elle peut remettre le carbone dans le sol. C’est ce qu’on appelle l’agriculture régénératrice.

 

Il y a un besoin des entreprises nées dans l’ancien modèle de pivoter, elles le font à leur rythme. C’est ce qu’on peut appeler le peloton et il y a besoin d’une échappée. J’ai pratiqué en interne chez Danone pendant des années ces échappées.

 

Je vais maintenant les pratiquer chez Astanor en ayant les mains libres car on part d’une page blanche. Le fait qu’Astanor ait cette vision que la technologie et la science ne doivent pas remplacer l’humain et le vivant mais bien les remettre au centre de nos pratiques alimentaires et agricoles colle complètement avec ce que j’ai fait par le passé. 

 

Dans quels types de projets souhaitez-vous investir ? 

 

La suite ICI

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15 novembre 2021 1 15 /11 /novembre /2021 06:00

Vendée : la statue de Richelieu au centre de Luçon taguée et recouverte  d'un gilet jaune

« … mais je vous laisse à penser quel est l’Évêque. » Lettre à madame de Bourges, en avril 1607, lorsqu’il arrive à Luçon.

 

Armand Jean du Plessis de Richelieu était un ambitieux, il dut à la renonciation de son frère Alphonse de pouvoir prétendre à  cet évêché « le plus crotté », au fond de son marais, pourtant il sera quand même   vers le pouvoir.

 

« Ministre de Louis XIII, il travailla au pouvoir absolu de la monarchie, faisant réprimer avec brutalité les protestants de La Rochelle et les paysans révoltés contre le fisc particulièrement nombreux en Poitou en 1636-37 et en 1641. »

 

Jacqueries et autres révoltes fiscales - Des Bagaudes aux Gilets jaunes -  Herodote.net

 

« Les croquants du Poitou courent sus aux commis des aides, aux traitants, aux gabeleurs, à  Charroux, à Fontenay et à  Olonne, depuis la Plaine jusqu’aux Marais »

 

Boissonnade Histoire du Poitou 1636

 

Lorsque Richelieu meurt le 4 décembre 1642, Antoine Denesde, maréchal ferron de Poitiers écrit dans son journal :

 

Sous Louis XIII et Louis XIV, les insurrections populaires contre les  impôts et la misère - Matière et Révolution

 

« J’ay bien peur que sa perte n’afflige beaucoup la France, encore que plusieurs la désirassent il y a longtemps, au subject des grands impôts et nouveautez qu’il était contraint de conseiller au roy de lever sur son peuple. »

 

LUCON - Statue de Richelieu - Evêque de Luçon (Vendée) | eBay

 

L’épitaphe d’une satire sévère du « cardingaud » en forme de dialogue entre deux paysans, où l’auteur anonyme insiste sur sa « finesse », c’est-à-dire son intelligence, sa ruse, est encore plus cinglante : elle  suggère que le pouvoir à partir de l’évêché le plus crotté de France, a bien enrichi le Cardinal :

 

Si-gist antre quez deou pillez

Monsiou l’Évêque de Luçon,

Gl’avez dos escus à millez,

Plût à Diu que nou lez ussion !

 

Ci-gît, entre deux piliers,

Monseigneur l’Évêque de Luçon,

Il avait des écus par milliers,

Plût à Dieu que nous les eussions !                      

       

 

 

 Sous Louis XIII et Louis XIV, les insurrections populaires contre les impôts et la misère

 

 

ICI 

 

samedi 6 juillet 2019, par Robert Paris

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14 novembre 2021 7 14 /11 /novembre /2021 06:00

joyeux anniversaire capitaine | Bd tintin, Capitaine haddock, Tintin

COMMENT TINTIN SATISFAIT-IL SES BESOINS FONDAMENTAUX ? (CHAPITRE 9) -  TINTINOMANIA

La maison dans sa grande bonté a décidé le dimanche de faire du 2 en 1 comme les fabricants de dentifrice : de la légèreté&du sérieux

 

  • Commençons par la chanson de Bobby SoloUna Lacrima Sul Viso ” qui fut créée pour le quatorzième Festival de San Remo, avec une double interprétation Bobby Solo / Frankie Laine, qui a enregistré une version anglaise de la chanson avec le titre «  For your Love ».

 

Pour faire du Pax, alias Ciné Papy, Wikipédia souligne que la chanson arrive en finale, mais Bobby Solo affecté par une laryngite est incapable de chanter et interprète celle-ci en play-back et est disqualifié.

 

Le single a atteint la première place pendant neuf semaines consécutives au hit-parade.

 

Votre serviteur, dans ses années de bal populaire, les années 60, sapé comme un prince, entraînait dans ses bras, les beautés du coin, en des slows langoureux grâce à la reprise de la chanson de Bobby Solo par des chanteurs à l’italien incertain. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse !

 

Da una lacrima sul viso/D'une larme sur ton visage

 

Ho capito molte cose/J'ai compris beaucoup de choses

 

Dopo tanti tanti mesi ora so/Après des mois et des mois désormais je sais

 

Cosa sono per te/Ce que je suis pour toi

 

Uno sguardo e un sorriso / Un regard et un sourire

 

M'han svelato il tuo segreto /M'ont dévoilé ton secret

 

Che sei stata innamorata di me /Que tu as été amoureuse de moi

 

Ed ancora lo sei./ Et que tu l'es encore

  • Pourquoi les larmes sont-elles salées ?

Par Anne-Sophie Tassart et Loïc Chauveau le 10.11.2021 à 16h14 Lecture 3 min.

Larme permanente qui hydrate l'oeil, larme réflexe en réponse à une irritation ou larme d'émotion : il y a plusieurs types de larmes. Mais toutes, absolument toutes sont salées. Pour quelle raison ? Sciences et Avenir répond à cette nouvelle Question de la semaine.

 

Ce n'est un secret pour personne, les larmes sont salées. Mais d'où vient le goût de ce liquide produit par les glandes lacrymales ? C'est la question de la semaine sélectionnée par la rédaction de Sciences et Avenir.

 

Plusieurs types de larmes

 

Il faut d'abord savoir qu'il existe plusieurs sortes de larmes. Il y a d'abord la larme permanente qui va permettre "d'hydrater et de nourrir la cornée", souligne sur son site l'Institut Laser Vision, clinique ophtalmologique située à Paris. Elle a donc un rôle protecteur. Vient ensuite la larme réflexe qui "survient en réponse à une irritation de l’œil". Sa tâche est d'évacuer un danger qui gêne l'oeil, par exemple l’oxyde de propanethial... d’un oignon.

 

Et il existe bien sûr la larme émotionnelle. Joie ou tristesse, « ces émotions stimulent les glandes lacrymales par la partie parasympathique du système nerveux autonome, souligne la clinique. Lors d’une émotion forte, un message nerveux passant par l’intermédiaire du système limbique et de ses nerfs va donner l’ordre aux glandes lacrymales d’augmenter leur production de larmes ». Elles évoquent alors la vulnérabilité, et pourraient donc inciter les autres humains à apporter leur aide. Les larmes pourraient aussi être un appel à l'apaisement, ou permettre de décharger son trop plein d'émotion.

 

La composition d'une larme peut varier selon certains facteurs et notamment si elle est produite sur le coup de l'émotion ! Dans ce cas, elle comprend notamment des hormones. Sinon, la composition du liquide reste relativement la même : les larmes sont composées de protéines, de chlorure, de sodium, de fer, de potassium, de calcium et d'urée. A noter que le sel de table est composé essentiellement de chlorure de sodium. On comprend alors facilement pourquoi nos larmes sont salées.

 

La suite ICI 

Success story : l'histoire du logo Lacoste - Graphiste.com

Des larmes de crocodile ICI

 

Jeu, set et match ! René Lacoste emporte le tournoi de Wimbledon. Le « crocodile » s’impose. Ce surnom deviendra un logo avec la création de la marque « Lacoste » en 1933.

 

Le crocodile, symbole de combativité sur les courts de tennis comme ailleurs. Un animal redoutable qui, pourtant, pleure comme un enfant.

 

Le crocodile serait-il atteint du syndrome gusto-lacrymal décrit par le neurologiste Bogorad en 1928, l’année de la seconde victoire de Lacoste à Wimbledon ?

 

Le patient atteint de ce syndrome pleure lorsqu’il mange. Cette situation est due à un mauvais câblage. Les nerfs qui normalement innervent la glande parotide - une glande salivaire – sont déroutés vers la glande lacrymale.

 

Ce dérangement est dit : « syndrome des larmes de crocodile ». Mais qu’est-ce que le crocodile vient faire là ? Une antique légende veut que les crocodiles pleurent pour leurs victimes tout en les dévorant. Dans des écrits attribués à Plutarque, l’attitude qui consiste à se lamenter tout en espérant la mort d’une personne est considérée comme un « comportement de crocodile ». Au XVIe siècle, « Pleurer des larmes de crocodile » faisait allusion à une légende où les crocodiles du Nil charmaient leurs proies en gémissant, avant de les manger.

 

Mais revenons aux crocodiles. Ils ont des glandes lacrymales qui humectent leurs yeux lorsqu’ils se chauffent au soleil. Certains zoologistes ont avancé l’idée que leurs glandes salivaires et lacrymales sont si proches qu’elles pourraient être activées conjointement. À confirmer…

 

Hormis ces histoires de larmes, on magnifie les 25 espèces de crocodiliens actuels pour leur caractère primitif et leur nature de prédateurs. Parce qu’ils nous semblent inexpressifs et couverts d’une armure, nous projetons sur eux nos fantasmes préhistoriques. Parce qu’ils sont carnivores et voraces, nous les craignons.

 

Il faut dire que certains sont redoutables. Les plus grands sont celui du Nil, Crocodylus niloticus et le crocodile marin, Crocodylus porosus, qui peuvent dépasser les six mètres et peser jusqu’à une tonne. Pas mal, mais dérisoire en comparaison de Sarcosuchus imperator qui, avec ses dix mètres et quatre tonnes, traquait les dinosaures il y a 110 millions d’années !

 

Un fossile qui nous vient du Tchad, de quoi lui appliquer le proverbe africain : « N’insultez pas le crocodile lorsque vos pieds sont encore dans l’eau ».

 

Plus un gros oiseau qu'un gros lézard

 

Chez nous, le crocodile est l’archétype du lézard. Mais c’est faux. Les lézards sont des lépidosaures alors que les crocodiles, eux, sont des archosaures. Une affaire d’orifice latéral dans la mandibule. Un orifice que l’on retrouve chez les dinosaures et donc… chez les oiseaux aussi. En conséquence, les crocodiles sont plus apparentés aux oiseaux qu’aux lézards. Ça, c’est une surprise.

 

Une autre surprise. À l’origine du lignage des crocodiles, il y a 240 millions d’années, ces animaux étaient bipèdes ! Ils auraient presque pu jouer au tennis.

 

Je ne sais si René Lacoste a pleuré en recevant son trophée en 1928, mais si tel était le cas les larmes du « crocodile » n’étaient pas des larmes de crocodile.

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13 novembre 2021 6 13 /11 /novembre /2021 06:00

 

Après avoir jeté un œil sur la 4e de couverture, et tombé sur le mot chasse, j’ai acheté ce livre à l’instinct, chez Gallimard.

 

L'âme du fusil

 

 

La chasse sujet qui oppose la France des champs à celle des villes et, comme les rats des villes fuient de plus en plus la ville pour s’installer dans les champs, la tradition heurte de plein fouet la sensibilité des amis des bêtes.

 

30 septembre 2014

Voici venu le temps de la grouse d’Écosse à la carte restaurant Les Climats, et si nous parlions chasse ! ICI 

 

je suis amateur de gibier à plumes je dois donc assumer qu’un prédateur humain le soustrait à son habitat naturel pour que je puisse le manger.

 

Je profite de l’occasion pour vous entretenir de ma conception de la chasse.

 

Même en  ce moment si on entend moins les organisations de chasseur dans beaucoup de catégories de la population, qu’elles soient rurales ou urbaines, la chasse, n’a pas bonne presse. Depuis qu’ils se sont invités à l’élection présidentielle ils sont perçus comme un lobby puissant et pas toujours transparent : 1,3 million de chasseurs.

 

78 rue de Varenne, j’ai géré, au nom de mon Ministre, les listes des chasseurs des chasses du domaine de Chambord, Rambouillet et d’Auberive. Je n’ai jamais tenu un fusil de ma vie et, bien sûr, jamais chassé. J’avoue que je ne vois pas d’intérêt personnel à aller battre la campagne pour tirer du gibier et le discours qui affirme que la « chasse aide à dominer sa peur de la nature sauvage, à se la réapproprier, à l’amadouer, à la sentir vibrer, pleine de sève et de fougue… » s’apparente pour moi à de l’autojustification pure et simple.

 

Pour autant je peux comprendre la chasse comme la perpétuation d’une forme de prédation, d’une ponction sur le faune sauvage, comme une confrontation loyale mais il ne faut pas trop en rajouter tout de même en assimilant le gibier à une «nourriture éthique» sous le prétexte d’une alimentation industrialisée dominante.

 

Ici je ne vais ni entrer dans les batailles frontales entre, pour faire simple, le clan Bougrain-Dubourd et le clan des chasseurs des chasses dites traditionnelles, ni rejoindre le parti de ceux qui rejettent la consommation de viande parce que, pour ce faire, il faut tuer un animal.

 

Mon propos préfère se situer justement au niveau de l’acte de tuer lui-même et, je dois l’avouer, la mort d’un animal sauvage par le fait du tir d’un chasseur me paraît plus belle, plus noble, avec une chance, certes parfois inégale, d’y échapper, que celle de l’animal domestique mené et tué dans un abattoir, car là la mort est programmée, inéluctable, et le caractère massif de cette mise à mort à quelque chose de difficilement supportable.

 

Bien évidemment, je ne fais pas entrer dans cette approche les malheureux animaux d’élevage lâchés quelques heures avant la chasse dans la nature pour se faire dézinguer par des chasseurs d’abattage et j’ai peu d’intérêt, et même une forme de mépris, pour ceux qui vont chasser des grands animaux en Afrique ou ailleurs.  De plus, je n’aime pas beaucoup ceux qui considèrent la chasse comme une forme de sport de compétition où la performance semble n’être que la seule motivation. La chasse à courre n’est pas non plus ma tasse de thé.

 

Mon image d’Épinal du vrai chasseur le représente en cueilleur, en préleveur précautionneux des équilibres, en marcheur heureux même lorsqu’il rendre bredouille.

 

À l’époque Pax ne commentait pas, c’était le rôle de Luc Charlier qui m’accorda un 10 sur 10 pour ce papier qui met le gibier à l’honneur.

 

Macron a son monsieur chasse : François Patriat.

 

« J'en ai un peu marre de ces intellectuels condescendants qui n'arrêtent pas de nous donner des leçons sur nos pratiques, sur nos manières de faire, qui nous disent ce qu'il faut manger et comment il faut conduire », s'est indigné Fabien Roussel, lundi 18 octobre sur France info. ICI 

 

« Le monde des chasseurs n’était pas inconnu de la romancière Elsa Marpeau, mais elle est retournée les voir pour les écouter avec plus d’attention, sans jamais glisser vers la caricature. Pour créer l’atmosphère de son nouveau roman, l’écrivaine est allée braconner sur les terres des chasseurs. À travers l’histoire d’un père de famille à la dérive, devenu la proie de ses angoisses, Elsa Marpeau accroît magistralement la tension, au gré des silences et des coups de chevrotine. »

 

« L’Âme du fusil est un livre sur la paternité, sur la virilité imposée, et le choix d’une narration à la première personne réduit forcément la distance entre l’autrice et son personnage. En créant une tension de plus en plus grande, en érotisant son histoire, en travaillant sur les silences et la phobie sociale, Elsa Marpeau multiplie les facettes de cette fiction particulièrement réussie. »

 

Le monde des chasseurs n’était pas inconnu de la romancière Elsa Marpeau, mais elle est retournée les voir pour les écouter avec plus d’attention, sans jamais glisser vers la caricature.

Jean-Luc Chapin / Agence VU

 

Dans “L’Âme du fusil”, Elsa Marpeau dissèque la pensée des “viandards”

Christine Ferniot

Publié le 08/10/21 Télérama

 

« Je n’ai aucun mépris pour ce qui est populaire, sourit l’auteure, sinon je ne serais pas scénariste de télé ! »

 

Depuis qu’il est au chômage, Philippe n’a plus que la chasse pour tuer l’ennui. Père désemparé, il ne comprend plus son fils, Lucas, absorbé par ses jeux vidéo, et voit, impuissant, son mariage avec Maud se déliter. Mais un jour, en pleine forêt, il tombe en arrêt devant un spécimen rare : un éphèbe qui se baigne nu dans un lac, et qui n’est autre que son nouveau voisin parisien. Fasciné par cette vision, Philippe veut bientôt tout savoir sur lui, quitte à fouiller dans son courrier. Même s’il pressent que l’ange descendu sur ses terres va bientôt conduire son petit monde droit en enfer… « “L’âme du fusil” est en fait mon premier livre, celui que j’avais écrit il y a vingt-cinq ans, explique Elsa Marpeau. J’ai eu un passage à vide, à la quarantaine, mais j’ai relu ce truc et je me suis dit que, même si c’était foutraque, j’avais alors une sorte d’énergie, je me posais moins de questions. J’ai retravaillé mon texte en y ajoutant un ancrage social actuel, les gilets jaunes… »

 

Sur une trame faussement classique, son récit balaye les clichés collés aux bottes des chasseurs, un univers viril réduit le plus souvent à un milieu de Dupont Lajoie sanguinaires et bas du front.

 

La suite ICI 

 

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11 novembre 2021 4 11 /11 /novembre /2021 06:00

La poignée de main de Montoire

« La seule différence entre Éric et moi, c’est qu’il est juif »

 

Sacré Jean-Marie Le Pen qui « Jusqu’au moment où [il finira] dans la caisse en bois » il ouvrira sa gueule : « Si Éric est le candidat du camp national le mieux placé, bien sûr, je le soutiendrai. »

 

« … il est monté sur la barricade en disant des choses que personne n’osait dire, à part moi. Il dit ce que je pense, mais avec une audience supérieure. »

 

« C’était pas Pétain le patron, il a défendu les juifs français et livré les étrangers. La police française procédait à une formalité de manière plus humaine, il est facile de dire soixante ans après “y a qu’à faut qu’on”. »

 

Pétain qui avait don de sa personne à la France, bouclier des Juifs français, manipulé par Pierre Laval, thèse soutenue par Robert Aron (ne pas confondre avec Raymond) dans son Histoire de Vichy : 1940-1944, livre que j’ai lu très tôt pour tenter de comprendre, qui ne résiste pas à l’épreuve des faits.

 

Amazon.fr - Histoire de Vichy 1940-1944 - ARON (Robert) - Livres

 

Robert Aron développe dans son Histoire de Vichy, la thèse du «bouclier» et de l'«épée». Son Histoire de Vichy, s'est fondée avant tout sur une grande quantité de témoignages et sur les comptes rendus des procès de Haute Cour et autres archives. Mais ses sources ont toujours le défaut majeur de leur qualité d'«inédit» : elles ont été longtemps incontrôlables, faute pour d'autres d'y avoir accès. Énorme synthèse de plus de 700 pages, l’Histoire de Vichy décrit, presque au jour le jour, l'évolution de l'Etat français. D'où son caractère de référence pendant une période de plus de quinze ans. Écrite dans un contexte encore peu propice à la distance académique, imprégné par la vision des témoins, essentiellement d'anciens ministres ou proches du gouvernement, elle a proposé une version «minimaliste» du régime et de sa politique. La thèse défendue se résume en une position simple : il existe deux Vichy, celui de Pétain et celui de Laval.

 

L'un des faits les plus marquant et le compte rendu que fait l'auteur sur Montoire des 22 et 24 octobre 1940, loin d'y voir le point de départ de la collaboration d'Etat (un fait admis aujourd'hui par la plupart des historiens, et confirmé par les archives de Vichy), il distingue soigneusement le chef de l'Etat du chef de gouvernement: « Pour le Maréchal, l'armistice n'était, ne pouvait être qu'une pause... Alors que pour Laval, au contraire, l'armistice devait permettre un retournement des alliances. Pour R. Aron la collaboration n'est qu'un «malentendu». «Equivoque», le régime l'est plus dans ses déclarations officielles que dans les faits - «Mais les Français ne pouvaient pas le savoir». Robert Aron insistant sur les «négociations clandestines» avec les Alliés, développant la thèse double-jeu.

 

La France De Vichy 1940-1944   de Paxton Robert O.

 

Alors le ZEMMOUR qui, un jour de janvier 2020, au Bristol, rue du Faubourg-Saint-Honoré, déjeune avec Jean-Marie et Jany Le Pen. La quatrième convive est une amie chère du couple : Ursula Painvin, née von Ribbentrop, fille de Joachim von Ribbentrop, le ministre des affaires étrangères du IIIe Reich, pendu en 1946 à Nuremberg. « Un morceau du pacte germano-soviétique », s’amuse un lepéniste. C’est un saut dans l’histoire aux yeux de l’essayiste, qui en est féru, et qui s’en vantera avec délectation autour de lui. Ursula, 88 ans aujourd’hui, vénère Jean-Marie Le Pen (« Il faudrait te cloner », le félicite-t-elle) et, de Berlin, encourage Éric Zemmour avec ses « pensées les plus admiratives et amicales ».

Pétain a durci en personne les mesures contre les Juifs

La chronique de 2016 de Claude Askolovitch est intéressante à lire ou à relire dans le contexte actuel où Zemmour joue avec les peurs des Français, ceux de confession juive y compris. (voir plus bas) ICI 

 

C'est à la prestigieuse grande synagogue que l'on a pu entendre le polémiste reprendre sa défense de Vichy. Explication de texte.

 

EXTRAIT

«À l’époque, on estime que les juifs ont pris trop de pouvoir, qu’ils ont trop de puissance, qu’ils dominent excessivement l’économie, les medias, la culture français comme d’ailleurs en Allemagne et en Europe. Et d’ailleurs c’est en partie vrai (…). Il y avait des Français qui trouvaient que les juifs se comportaient avec une arrogance de colonisateur. Et arrive encore l’immigration des juifs d’Europe de l’est et de l’Allemagne. La France est le pays qui a reçu le plus de réfugiés. Et c’est la France qui a subi le plus de conséquences. Les médecins français se plaignaient que les médecins juifs leur volent leur clientèle. Il y avait des concurrences terribles. il y avait des trafics. Il y avait l’affaire Stavisky. Tout ça n’a pas été inventé par les antisémites. Et les juifs français étaient les premiers à se plaindre des problèmes que causaient les juifs ashkénazes.»

 

Tout est dans une phrase: «Et d’ailleurs c’est en partie vrai»… Vrai donc qu’en 1940, les juifs sont des colonisateurs? Arrogants? Voleurs de pratiques? Tenant les medias? Si c’est «en partie vrai», Zemmour est «en partie» fasciste. Il défend «en partie» ce que les feuilles antisémites assenaient, avant la guerre et après la défaite. En partie seulement. Il est «en partie», compréhensif pour les raisons de ceux qui hurlèrent au massacre. En partie chez Brasillach? À l’Action française dont le nationalisme intégral l’a inspiré?

 

La falsification de l'histoire

 

Ce n’est pas faire injure à un homme que de dire d’où il parle. Zemmour est de l’extrême droite française –pas simplement celle d’aujourd’hui, quelle dégénérescence, mais l’authentique, celle d’avant quarante, dont il est l’interprète et l’avocat. Quand il dit, «on estime que les juifs ont pris trop de pouvoir», il est imprécis. «On» n’est pas la France. «On» est le fascisme de l’époque, et cette histoire de puissance juive n’était pas une opinion banale: c’était l’opinion des fascistes. Cela faisait un peu de monde, mais pas du joli. «On» est l’extrême droite qui contestait à Léon Blum, en 1936, le droit d’être Président du Conseil.

 

«Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un juif, avait lancé en séance le député Xavier Vallat. Pour gouverner cette nation paysanne qu’est la France, il vaut mieux avoir quelqu’un dont les origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol, qu’un talmudiste subtil.»

 

Vallat, sous Vichy, serait un commissaire général aux Questions juives tenant de l’antisémitisme national, infiniment moins vulgaire que le teuton… Quant à Blum, normalien, conseiller d’État, admirateur de Barrès, plus que français puisqu’alsacien de souche, il n’avait rien à voir avec les débarqués d’Allemagne ou de Roumanie qui auraient créé l’antisémitisme, mais ne le subissait pas moins.

 

C’est la grande falsification de Zemmour. Laisser supposer que seuls les «ashkénazes» et la détestation qu’ils inspiraient faisaient naître un antisémitisme dont la véritable France aurait été immune sans cette immigration-agression. Las… L’antisémitisme pouvait aussi se passer de métèques. Entre l’affaire Dreyfus, la haine de Blum et Vichy, c’était entre nous, Français, que se jouait une méchante partie. Charles Maurras, idéologue de l’antisémitisme d’État, qui pourfendait les «États confédérés» hostiles à la Nation, ragera, condamné à la Libération: «C’est la revanche de Dreyfus»… C’est cette partie de la France qui prit le pouvoir en 1940. Ce sont les héritiers de cette France qui entendent Zemmour avec ravissement –les autres sont des dupes.

Eric Zemmour lors d’un débat à Paris, le 25 avril 2019.Eric Zemmour lors d’un débat à Paris, le 25 avril 2019. LIONEL BONAVENTURE/AFP

Éric Zemmour provoque le malaise chez les Français juifs ICI

 

Le président du CRIF a lancé un appel pour qu’il n’y ait « pas une voix juive » pour le potentiel candidat à la présidentielle dont les prises de position ont heurté. Une mise en garde qui peine à trouver écho dans une partie de la base.

Par Abel Mestre et Ivanne Trippenbach

 

Eric Zemmour joue avec les lignes rouges. Dès le 18 septembre, il tentait, à Nice, de désamorcer la controverse autour des enfants juifs Arié et Gabriel Sandler, 6 ans et 3 ans, et Myriam Monsonego, 8 ans, assassinés en 2012 par le terroriste Mohammed Merah. Le polémiste les décrit, dans son dernier livre, comme « étrangers avant tout et voulant le rester par-delà la mort » parce qu’inhumés en Israël, un passage qui a profondément choqué. Au meeting, il écorche leur nom deux fois, les nomme « Santander »« Sandler !!! », écrit, à la hâte, sa conseillère Sarah Knafo sur un papier glissé en sa direction. Trop tard, Zemmour poursuit sur sa lancée.

 

Cette scène, captée par une caméra de l’équipe long format de BFM-TV pour un documentaire programmé début novembre, illustre le malaise. Eric Zemmour, qui n’a pas souhaité répondre aux sollicitations du Monde sur ce sujet, tient, en effet, une position particulière : lui-même de confession juive, il multiplie les déclarations qui heurtent, tant sur l’affaire Dreyfus, Vichy, Pétain ou la rafle du Vel’ d’Hiv, que sur les lois mémorielles qu’il souhaite abolir, dont la loi Gayssot, qui réprime le délit de négationnisme.

 

L’attaque voilée contre la famille Sandler a agi comme la goutte de trop. Éric Zemmour dénonce, depuis, une « instrumentalisation politicienne de l’émotion » et assure que blesser les proches des victimes n’était « pas le but du jeu ». Il continue toutefois de se dresser contre une « défrancisation » selon laquelle, à ses yeux, « on ne fait plus des Français ». « Ils n’appartenaient pas à la France », lâche-t-il sur France 2, le 11 septembre. « Je ne sais pas si ces gens sont français », évacue-t-il, le 14 octobre, sur CNews, de nouveau interrogé.

 

Filiation barrésienne

 

Dans son dernier livre, déjà vendu à plus de 200 000 exemplaires, Éric Zemmour a intitulé le chapitre évoquant les enfants Sandler « La terre et les morts », reprenant la formule de Maurice Barrès, écrivain nationaliste, antidreyfusard et antisémite, dont il se réclame ouvertement. Dans le Journal du 15 février 1900, Barrès écrivait, à propos des « éléments étrangers », des lignes qui résonnent avec le discours de l’ex-vedette de CNews : « Aujourd’hui, parmi nous, se sont glissés de nouveaux Français que nous n’avons pas la force d’assimiler, qui ne sont peut-être pas assimilables, auxquels il faudrait du moins fixer un rang, et qui veulent nous imposer leur façon de sentir. Ce faisant, ils croient nous civiliser ; ils contredisent notre civilisation propre. » Puis : « Avec une apparence de paix, la France est en guerre civile. »

 

Cette filiation barrésienne forme la colonne vertébrale de multiples polémiques qui ont émaillé les écrits et déclarations d’Eric Zemmour depuis son best-seller Le Suicide français (Albin Michel, 2014). Ainsi juge-t-il « trouble » l’affaire Dreyfus. A propos de l’innocence du soldat, il soutient, le 15 octobre 2020, sur CNews, que « ce n’est pas évident » et que celui-ci aurait été ciblé en tant qu’« Allemand » plutôt que juif. Son inspirateur Maurice Barrès décrivait pourtant Alfred Dreyfus comme la figure du traître, une « pourriture sur notre admirable race », dans son virulent article « La parade de Judas », en 1895.

 

D’un refus de toute « repentance » découle la tentative de réhabilitation du maréchal Pétain. Éric Zemmour défendait déjà, en 2014, la théorie du « moindre mal » selon laquelle Philippe Pétain aurait « sacrifié les juifs étrangers pour sauver les juifs français ». Dans son dernier essai, il cible de nouveau l’avocat Serge Klarsfeld, lequel a rendu public le statut des juifs durci de la main de Pétain, et déplore que Jacques Chirac ait reconnu la responsabilité de l’Etat dans la rafle du Vel’ d’Hiv.

 

Toujours dans son dernier livre, il critique le procès de Maurice Papon, haut fonctionnaire de Vichy, comme un « procès idéologique » dont la visée aurait été de dire que « la France est coupable ». « Les fonctionnaires de Vichy n’étaient pas coupables, ils devaient obéir à l’Etat. Sinon, il n’y a plus d’autorité, plus d’obéissance », s’indigne-t-il sur CNews, le 13 septembre. A Béziers (Hérault), il assurait au Monde : « J’assume toujours tout. Ce que vous appelez mon inspiration idéologique et intellectuelle, c’est moi. Je n’en changerai pas. »

 

« Lever le tabou de Vichy »

 

Éric Zemmour défend une conception stricte de l’assimilation, qui proclame que « Napoléon est notre père, Louis XIV notre grand-père et Jeanne d’Arc notre arrière-grand-mère ». Ce rapport à l’identité n’est pas sans lien avec l’histoire de sa famille, juifs d’Algérie qui ont reçu la citoyenneté française par le décret Crémieux en 1870, contrairement aux musulmans. Ceux que l’on appelle alors « les israélites indigènes » d’Algérie ont vécu « le décret Crémieux comme une bénédiction et sont allés très loin dans l’assimilation », souligne Jean-Yves Camus, politologue spécialiste des radicalités.

 

Mais le candidat putatif remonte à la Révolution et à l’Empire lorsqu’il évoque « l’assimilation » des juifs, qu’il prend en modèle. Le 23 septembre, en débat avec Jean-Luc Mélenchon sur BFM-TV, il explique ainsi qu’il souhaite « imposer » à « la religion islamique exactement la même chose que ce que la France a imposé aux juifs, selon la fameuse formule de Clermont-Tonnerre [qui plaidait pour accorder la citoyenneté aux juifs en 1789] : “Tout aux juifs en tant qu’individus, rien en tant que nation.” C’est tout, toutes mes idées, tout mon projet ».

 

Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS et auteur de L’Etat contre les juifs (Champs Flammarion, 2020), y voit un moyen de « rendre possibles des politiques que l’on pense impossibles ». « D’une part, il considère que la droite et l’extrême droite se divisent sur Vichy, Pétain et de Gaulle, donc il tente de réécrire cette histoire, analyse le chercheur. D’autre part, il souhaite lever le tabou de Vichy afin de rendre acceptable un projet de détricotage de l’Etat de droit et d’exclusion des minorités. » Son objectif de renvoyer 2 millions d’étrangers en cinq ans, formulé mi-septembre, pourrait ainsi conduire à « se doter d’instruments sans précédent depuis Vichy et à rompre avec le droit tel que nous le connaissons », complète l’historien.

 

Lorsqu’Éric Zemmour aborde sa judéité, c’est pour évoquer des « traditions familiales » et une « enfance pétrie de judaïsme ». S’il fréquente une synagogue du 9e arrondissement, il se dit « d’abord un citoyen français » et considère que le legs juif n’existe qu’à travers le catholicisme. Il refuse de considérer sa religion comme un élément politique et juge que s’y référer, comme le fait Bernard-Henri Lévy dans une tribune retentissante parue dans Le Point, le 12 octobre, sous le titre « Ce que Zemmour fait au nom juif », serait « digne de la presse antisémite d’avant-guerre ». « Il m’assigne à résidence ethnique et religieuse », a réagi Zemmour sur CNews. Mais, à la surprise de Pascal Praud, qui l’interroge, il contre-attaque avec une rhétorique analogue au discours antisémite de la fin du XIXe siècle, accusant le philosophe d’être « la figure absolue du traître » et l’assimilant aux « cosmopolites ». « Tout s’y trouve, c’est un discours profondément antisémite, déplore le philosophe Alain David, délégué national de la Licra à la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Zemmour fait surgir l’obscène, l’imprononçable. »

 

« Beaucoup sont horrifiés »

 

Qu’un essayiste crédité de 16 % des intentions de vote à l’élection présidentielle s’aventure sur ces thématiques suscite inquiétude et malaise chez les responsables des institutions juives. L’un des premiers à avoir réagi est Francis Kalifat. « Pas une voix juive ne doit aller au candidat potentiel Zemmour », a estimé le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), mi-septembre sur Radio J, en qualifiant Eric Zemmour de « juif utile ». Ce dernier avait rétorqué que M. Kalifat était « l’idiot utile des derniers antisémites » – le président du CRIF ne souhaite pas alimenter davantage la polémique.

 

Patrick Klugman, avocat de SOS Racisme et membre du CRIF, partage l’indignation de M. Kalifat : « Je ne connais personne d’autre à l’extrême droite qui tient ce genre de propos. Il vient retirer l’appartenance nationale à des victimes de terrorisme. Il touche au plus sacré chez les juifs. » Pour l’ancien adjoint d’Anne Hidalgo, le problème est que « la lutte contre l’antisémitisme se trouve réduite à néant parce que l’émetteur est juif. C’est du jamais-vu ». M. Klugman décrit des Français juifs déboussolés : « Beaucoup sont horrifiés, mais il y a une dynamique. »

 

Éric Zemmour agit, en réalité, comme le révélateur d’un clivage qui traverse les Français juifs, entre un sommet – incarné par des institutions qui lui sont hostiles – et une base, où son discours trouve une résonance. Alain Jakubowicz, ancien président de la Licra, assène pour sa part que « le CRIF ne représente plus rien, ni personne ». « Il est très probable qu’il y ait une dichotomie entre la base et le sommet, reconnaît Jean-Yves Camus. Le thème qui résonne le plus, c’est l’immigration et l’islam. »

 

Tous les interlocuteurs que nous avons interrogés le confirment : le projet d’Eric Zemmour quasi exclusivement dirigé contre l’islam rencontre un écho. « Il y a un rejet de l’Arabe, c’est indéniable », se désole ainsi M. Jakubowicz. L’avocat ne mâche pas ses mots pour qualifier celui qu’il appelle « un extrémiste sans limite », dont la radicalité prospère sur l’inquiétude des Français qui se sentent menacés en raison de leur religion. « Les Juifs dans le “9-3”, c’est un monde assiégé dont les membres fuient dès qu’ils peuvent, résume l’ancien préfet de Seine-Saint-Denis Didier Leschi. Ils ont l’impression d’être victimes du “grand remplacement” et se focalisent sur les musulmans. »

 

Noémie Madar, présidente de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), explique : « La peur des juifs de France est celle du terrorisme islamiste, à l’origine de l’assassinat de trop nombreux juifs français ces dernières années. Éric Zemmour instrumentalise cette peur. » Mme Madar décrit un profond « malaise » : « C’est terrifiant que la figure raciste aujourd’hui soit juive. Il se présente avec sa part juive et il en joue. Il s’autorise des choses grâce à cela. »

 

Le pamphlétaire n’a pas toujours été considéré comme un paria par certaines institutions communautaires juives. En 2016, il a été invité par la grande synagogue de la Victoire, à Paris, à un débat face à l’ancien grand rabbin de France Gilles Bernheim. Coiffé d’une kippa, comme le veut la règle, l’écrivain nationaliste y avait développé sa définition du Français juif, ses théories sur « l’influence juive » d’avant-guerre et sur « Auschwitz et tout ça ». Dans une recension, le site Actualité juive estimait que ces propos « donnaient la nausée ». Impossible aujourd’hui de trouver sur Internet l’intégralité de cette conférence animée par le journaliste du Figaro Yves Thréard. Seuls des extraits filmés par des spectateurs sont disponibles.

 

Frontière entre les « pour » et les « anti »

 

Mais sur Zemmour, désormais, une frontière de plus en plus infranchissable sépare les « pour » et les « anti ». Albert Elharrar, président de la communauté juive de Créteil, est clair : « On ne veut pas être associé à ce personnage abject qui ne représente pas les valeurs de la religion juive. Il souille les âmes, il faut le combattre, ses propos sont inadmissibles. » Comme beaucoup de représentants communautaires, il assure que « personne ne parle de lui à la synagogue ». Peut-être parce que le sujet, à vif, entraîne tensions et incompréhensions. La preuve : ceux qui ont accepté de nous en parler l’ont fait sous la condition de l’anonymat.

 

 

« On ne peut pas s’interdire de réfléchir sur des sujets majeurs sous prétexte qu’il dit des choses erronées ou discutables », souligne Michel.

 

Michel (le prénom a été modifié), un entrepreneur de 50 ans de l’Ouest parisien, est issu « d’une famille plutôt à gauche » mais soutient Éric Zemmour. D’où des algarades lors des repas familiaux. Les polémiques sur Vichy ou Dreyfus ne le gênent pas : « Je me fous de Pétain. Quel est le danger du pétainisme aujourd’hui ? On ne peut pas s’interdire de réfléchir sur des sujets majeurs sous prétexte qu’il dit des choses erronées ou discutables. » Pour lui, le sujet est le « conflit de civilisations » avec un islam menaçant la République, dont Eric Zemmour serait le seul à comprendre l’ampleur. L’ancien éditorialiste du Figaro résume d’une formule lapidaire, à propos du terrorisme islamiste : « On ne crie pas “Heil Hitler”, on crie “Allahou akbar”. »

 

Gilles-William Goldnadel, avocat médiatique proche de la droite la plus dure, voire de l’extrême droite, comprend cette attraction. « La communauté juive française a énormément évolué, avance-t-il. Elle serait largement zemmourienne s’il ne faisait pas montre d’un manque de sensibilité vis-à-vis de la question juive. » Valérie, Parisienne d’une cinquantaine d’années, le confirme : « On se sent incompris face à l’islamisme. L’adhésion totale à Zemmour est empêchée par ses sorties, mais il dit quand même des choses que l’on attend depuis très longtemps. » Comme la réponse à une peur bien ancrée, en somme.

 

Abel Mestre et Ivanne Trippenbach

 

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