Je prends chaque matin des nouvelles du pays, et là ce mercredi, je tombe sur cette info : Les Achards : un incendie détruit 4 hectares d'un champ de blé
Le feu s'est déclaré dans un champ de blé, situé au lieu-dit Le Petit Douard. 4 hectares ont été détruits, mais 4 hectares ont aussi pu être sauvés grâce à l'action des pompiers. La suite ICI
Pourquoi diable, me direz-vous, cette information me rend-elle nostalgique ?
Pour deux raisons, le nom de la ferme Le Petit Douard où le feu s’est déclaré, elle faisait partie du portefeuille de battages de mon père Arsène, à l’époque sur la commune de La Chapelle-Achard, lieu de naissance de ma mère Berthe Gravouil, aujourd’hui assemblée avec La Mothe-Achard en Les Achards. ( jouxtant le Petit il y a aussi le Grand Douard)
Le feu était la hantise de mon père, aussi du temps où les battages se faisaient dans les fermes avec des batteuses entraînées par les poulies du Société Française Vierzon, qu’ensuite avec les moissonneuses-batteuses Claas. Ça n’est jamais arrivé, les départs de feu dans les champs de blé étant souvent le fait des escarbilles des locomotives à vapeur de la SNCF. Aujourd’hui, la ligne est électrifiée par la grâce de ce fou de de Villiers.
Nostalgie, oui, car mon père nous a quitté brutalement par un bel après-midi d’août, un vendredi, alors qu’assis sur une botte de paille, à l’ombre, il veillait sur le bon déroulement de la moisson chez un client. Il est mort en souriant, son petit sourire qui lui faisait plisser les yeux, une belle mort, paisible.
13 août 2013
Août chez les Berthomeau c’était « Le temps des battages » pas celui des mariages
Pas très original me direz-vous, sauf que mon père Arsène était entrepreneur de battages et, avant l’irruption des moissonneuses-batteuses, après la moisson avec sa batteuse Société Française de Vierzon et le matériel qui allait avec, le monte-paille puis la presse-botteleuse, la locomobile Merlin puis le tracteur SFV, il allait de ferme en ferme, selon une tournée qui alternait : les premiers de la saison précédente étaient les derniers de la saison suivante. Le prix du battage n’était à l’heure passée mais au sac de grains récolté ce qui associait l’entrepreneur à la bonne ou à la mauvaise récolte.
Le mois d’août chaque année était donc le mois de mon père. Dieu qu’il aimait ses battages. Il était dans son élément au contact des gens. Moi j’allais trainer mes culottes courtes sur les sacs de blé qui étaient tarés à la bascule et surveillés par le maître (le propriétaire) ou son régisseur (nous étions sous le statut du métayage avec partage des fruits et rappelez-vous celui de la Terre qui meurt de René Bazin, guêtré, vêtu de vieux velours à côtes, craint et détesté) et j’étais « le petit gars d’Arsène ». Ce qui nous amusait beaucoup avec les autres galopins c’était d’aller nous faire « flageller » face au tuyau qui projetait la balle du blé en un grand tas. Les batteries c’était une vraie fête si bien décrite par mon pays Henri-Pierre Troussicot ICI Les batteries à Pied-sec
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Souvent dans mes chroniques j’évoque ma Vendée natale, non par nostalgie de ce pays mais tout simplement parce qu’au fond je suis toujours resté un petit gars de la Mothe, élevé dans l’eau bénite par de saintes femmes : mémé Marie, la tante Valentine et ma chère maman, enfant de chœur indiscipliné, sauvageon dans les prés avec les vaches normandes du pépé Louis ; qui a bien aimé jouer au basket à la Vaillante Mothaise avec le si adroit Jacques Bernard ; qui est parti à 17 ans tout juste à la Fac de Droit de Nantes sans regret car il savait que ça n’était pas dans son petit pays qu'il ferait sa vie. Dire qu’on a ses racines dans son terroir natal ne reflète aucune réalité car, sauf à y vivre toute sa vie, très souvent on le quitte sans pour autant être un déraciné.
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