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4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 06:00
On recycle tout, même les vieux en solo : Roger Hodgson ex-Supertramp, David Gilmour, l'ancien guitariste de Pink Floyd by SNCF…
On recycle tout, même les vieux en solo : Roger Hodgson ex-Supertramp, David Gilmour, l'ancien guitariste de Pink Floyd by SNCF…

Ça ne me rajeuni pas, les vieux groupes de ma jeunesse qui se sont déchirés, séparés, tentent avec plus ou moins de bonheur de se reformer. Récemment j’évoquais Téléphone. 

 

On annonçait Supertramp en novembre à Bercy.

 

Nous les «canal historique» des années 70 savons bien que notre Supertramp n’est plus l’original depuis que Roger Hodgson, le cofondateur du groupe avec Rick Davies, a pris ses distances avec ses anciens amis en 1983, il y a déjà plus de trente ans. Nous nous souvenons que c’est lui qui a signé ou cosigné les titres légendaires de Supertramp: Child of Vision, Dreamer, Take the Long Way Home...et que c’était lui qui chantait. En 2010, lui qui continue sa carrière en solitaire avait déclaré au Figaro: «Cela me peine que Rick Davies reprenne mes chansons».

 

Ce pauvre Rick Davies, aujourd'hui âgé de 71 ans, a dû annuler la tournée européenne prévue à partir de novembre en raison de sa maladie, un cancer. «Il a débuté un traitement agressif» pour combattre «un myélome multiple», un cancer de la moelle osseuse récemment diagnostiqué chez lui, a indiqué le groupe dans un communiqué.

 

Et voilà que David Gilmour, l'ancien guitariste de Pink Floyd, lui, attendant dans le hall de la Gare du Nord un Eurostar pour rentrer chez lui, à Londres a été inspiré par les quatre notes du jingle de la SNCF qui précède chacune des annonces diffusées en gare.

 

« Il a contacté Michaël Boumendil, chef d'entreprise de 44 ans spécialisé dans l'identité sonore de grandes entreprises pour lui proposer une collaboration inédite. Ce diplômé d'école de commerce, qui a créé l'agence Sixième son il y a vingt ans, aura le privilège d'apposer son nom aux côtés de celui d'une des plus prestigieuses personnalités du rock anglais. Intitulé Rattle That Lock, le fruit de leur collaboration est dans les bacs depuis le 17 juillet. La chanson donnera son titre au nouvel album, qui paraît moins d'un an après le disque d'adieux de Pink Floyd, The Endless River, et neuf ans après On an Island, dernière échappée solitaire de ce féru de collaborations. »

 

« Bonne dégustation ! »

 

Je plaisante bien sûr, à consommer sans modération...

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 06:00
« On travaille pas dans la parfumerie, ici… » les ouvriers pataugeaient dans le sang des gorets qui était récupéré pour faire des saucisses.

« Les porcs étaient égorgés, on les plongeait dans un bain d’eau brûlante, afin d’amollir leurs soies, facilitant ainsi leur arrachage. Des milliers de porcs subissaient quotidiennement ce traitement. Bien avant midi, il régnait dans ces bassins une puanteur fétide de sang et d’excrément mêlés. Personne n’y faisait attention. Les carcasses étaient plongées dans cette mixture sans nom ; elles étaient censées être nettoyés au contact de l’immonde liquide ! En tout état de cause, c’était le seul bain qu’elles subissaient ; elles étaient immédiatement débitées en tranches de lard, jambons, côtes et autres morceaux, puis jetées fumantes, dans des tonneaux de saumure, prêtes à la vente. Mais il y avait pire encore. Tous les jours, l’eau était renouvelée. Mais les bassins n’étaient réellement nettoyés que lorsque l’accumulation des résidus sur les parois était telle qu’il fallait vraiment récurer. Tant que n’étaient mises en danger que la qualité de la viande et la santé des ouvriers, rien n’était fait. En été, ces bassins puaient atrocement sans que personne ne se soucie de ces véritables cloaques.

 

- On travaille pas dans la parfumerie, ici, avait déclaré un industriel du secteur, riche à millions, et qui pensait avoir réglé la question de cette réconfortante manière. »

 

- Les ouvriers pataugeaient constamment dans le sang, disait-il, sang qui était récupéré dans des conduites et utilisé dans la confection des saucisses. »

 

Bon appétit !

 

Rassurez-vous je ne vous décris pas là l’état des abattoirs de cochons de nos voisins allemands, qui dans leurs Länder de l’est font la nique aux abatteurs bretons.

 

Ce sont les abattoirs de Chicago au début du XXe siècle, décrit par Franck Harris dans La Bombe publié en 1909. la dernière goutte  

 

 

« Chicago doit sa fortune et sa réputation aux énormes abattoirs (Union Stock Yards), installés au nord de la ville en 1865. À l’époque, ces abattoirs (les plus grands du monde, bien sûr) traitaient jusqu’à 19 millions de têtes de bétail par an, et faisaient vivre d’innombrables usines de traitement de la viande, où travaillaient plus de 30000 ouvriers.

 

Les abattoirs ont fermé définitivement leurs portes en 1971. En l’honneur du sympathique ruminant qui a quand même largement contribué à l’enrichissement de Chicago, on a choisi le bœuf comme symbole de la ville. Les Chicago Bulls, ça vous dit quelque chose ? Nous avons tous en mémoire la visite de Tintin (dans Tintin en Amérique) aux abattoirs de Chicago, et ses déconvenues avec les gangsters locaux.

Depuis, les abattoirs ont déménagé et les gangsters ont remisé leurs sulfateuses. »

 

Guide du routard

« On travaille pas dans la parfumerie, ici… » les ouvriers pataugeaient dans le sang des gorets qui était récupéré pour faire des saucisses.
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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 16:45
« Le corse n'est pas une langue facile et il était interdit de l'écorcher. Je savais que ce serait dur » Corsu mezu mezu
« Le corse n'est pas une langue facile et il était interdit de l'écorcher. Je savais que ce serait dur » Corsu mezu mezu

Tous les matins je lisais Corse-Matin.

 

« Nul n'est prophète en son pays. Cette maxime populaire, Patrick Fiori l'a expérimentée mieux que quiconque. Quand on est mezu corse, mezu arménien et qu'on porte à l'île de sa mère une dévotion quasi mystique, naître avec une voix est presque une farce du destin.

 

Parce qu'en Corse tout le monde – ou presque – chante. Et que la vedette qui a obtenu une Victoire de la musique dans Notre Dame de Paris, qui enchaîne les albums, écrit pour Patricia Kaas ou Liane Foly voulait, plus que tout, faire connaître la musique de son île maternelle. Mais aussi y être reconnu. Ce qui, nul n'en doute plus, est en passe d'arriver. »

 

Corsu mezu mezu un projet de Patrick Fiori entre Corse et continent 

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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 06:00
Muséification ou résurrection des sites inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco ? par François Morel du LeRouge&leBlanc…

« Des dispositifs de protection du patrimoine se mettent en place en France dès la Révolution française. Mais c’est véritablement au XIXe siècle que naît une politique publique du patrimoine avec la création du concept de monument historique. Tout au long du XXe siècle, la législation de protection du patrimoine s’étoffe et accompagne l’évolution de la notion même de patrimoine, constitué désormais de biens matériels et immatériels. Sous l’égide de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) se met place en 1972 l’idée de patrimoine mondial de l’humanité. 100 ans après l’adoption de la loi de 1913 sur la protection des monuments historiques, un nouveau projet de loi sur les patrimoines a pour ambition de rendre les dispositifs de protection « plus lisibles mieux adaptés aux enjeux actuels et futurs ».

 

Le patrimoine est-il illimité : du matériel à l’immatériel ?

 

« À partir des années 1960, la notion de patrimoine connaît une extension considérable. Les mutations de la société française révèlent un patrimoine rural et un patrimoine industriel menacé. La notion de patrimoine culturel s’enrichit et intègre progressivement : le patrimoine naturel (jardins et parcs historiques, sites naturels, paysages culturels, parcs naturels nationaux, parcs naturels régionaux, réserves naturelles, opérations grands sites), le patrimoine archéologique (sites mégalithiques, romains, grecs, patrimoine subaquatique...), le patrimoine industriel, scientifique et technique (bâtiments et sites industriels, anciennes mines, écomusées), le patrimoine maritime et fluvial (navires à voile, phares, ensembles portuaires, fortifications, écluses, berges, ponts anciens).

 

Avec la convention de l’Unesco de septembre 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ratifiée par la France en 2006, le patrimoine s’enrichit avec les pratiques, savoirs et représentations, qui permettent « aux individus et aux communautés, à tous les échelons de la société, d’exprimer des manières de concevoir le monde à travers des systèmes de valeurs et des repères éthiques. Elle couvre les traditions et expressions orales, y compris les langues, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers et les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel. Elle va trouver des terrains d’application. Ainsi, la mention des langues comme patrimoine immatériel conduit à reconnaître la possibilité d’une coexistence de langues régionales avec la langue française. Ainsi la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008 reconnaît les langues régionales comme faisant partie du patrimoine et les fait entrer dans la Constitution. La création, en 2010, d’un Institut national des métiers d’art participe à l’entretien d’un patrimoine culturel matériel et immatériel vivant. Les fonds de bibliothèques, les archives participent aussi de ce patrimoine immatériel.

 

L’élargissement sans fin du patrimoine, on parle d’illimitation patrimoniale, pose la question du risque d’une dilution des enjeux immédiats de la conservation et de la valorisation du patrimoine (Conseil d’analyse économique, « Valoriser le patrimoine culturel de la France », 2011). »

 

Dilution ça me rappelle quelque chose : le sort réservé à l’AOC pour tous…

 

Pourquoi pas les vignes, les caves, les paysages viticoles !

 

Certes, mais il s’agit d’un patrimoine vivant lié à une activité économique et marchande soumise à la concurrence internationale et la contradiction entre préservation et imbrication dans le modèle productif dominant est posé.

 

La viticulture française, comme l’ensemble de l’agriculture, en dépit de sa structure d’exploitations de faible dimension, s’est moulé dans ce modèle après la 2de guerre mondiale. L’appel d’air du Marché Commun puis de la mondialisation a amplifié le mouvement.

 

Le modèle AOC, fondé sur une forme du contrôle de l’offre par les rendements, n’a pas échappé au mouvement et son extension a de plus en plus de mal à masquer l’ambiguïté dans laquelle se meuvent beaucoup d’appellations tournées vers les marchés de masse à faible prix.

 

Bien évidemment pour maintenir prestige et notoriété, on met en avant les pépites, un peu l’arbre qui cache la forêt, sans être forcément regardant sur l’état de ces joyaux anciens.

 

S’interroger, poser des questions qui fâchent, ce n’est pas dénigrer, jouer à l’oiseau de mauvaise augure, mais bien au contraire travailler à remettre du contenu dans la notion même de terroir qui se doit d’être vivant pour traverser les temps à venir et faire perdurer notre singularité.

 

Si nous n’y prenons garde nous perdrons nos avantages comparatifs, nos valeurs à la double acception de ce terme, et nous ne serons qu’un pays parmi d’autres dans le grand maelström de la mondialisation.

 

Afin de ne pas aggraver mon cas je me suis bien garder de commenter la dernière fournée d’inscriptions au Patrimoine Mondial de l’UNESCO des « coteaux, maisons et caves de Champagne » et les « climats de Bourgogne ».

 

Tout le monde s’en félicite, ou presque.

 

J’attendais avec gourmandise ce qu’allait en dire François Morel l’éditorialiste du LeRouge&leBlanc. C’est donc sans surprise que dans le N°118 il écrit :

 

« Pour qui parcours régulièrement et attentivement ces vignobles, parmi bien d’autres – sans doute ni mieux ni moins bien lotis, mais moins puissants et aucunement prétendants à une telle inscription –, il y aurait quelques raisons de les inscrire tout aussi bien dans la moins glorieuse catégorie « Patrimoine en péril » : nombre de parcelles des coteaux champenois et des climats bourguignons sont aujourd’hui – disons-le franchement – indignes de leur prestigieuse histoire et de leur réputation (et du prix élevé de leurs vins).

 

« Des décennies de culture intensive, avec son cortège de traitements divers, ont mis une grande partie de ces vignobles dans un état rien moins que « vivant », plutôt dans un état de survie assistée. Il est vrai qu’on peut constater depuis 15 à 20 ans une dynamique de retour à la vie des sols et de ces paysages de la part de vignerons conscients de la catastrophe, mais ces vignerons – qui retiennent toute l’attention de LeRouge&leBlanc – sont encore très minoritaires. »

 

Morel pose l’alternative suivante à propos de ces inscriptions :

 

  • Muséification, avec ce que cela suppose de contentement de soi définitif et de satisfaction de l’état des choses. Un chant funèbre en quelque sorte ;

  • Ou, portent-elles – comme on peut l’espérer – l’ambition de faire vivre authentiquement ces « biens culturels » en haussant l’exigence à un niveau négligé depuis trop longtemps ?
  •  

Je ne vois pas au nom de quoi l’INAO, qui va se commettre dans le classement mercanti de Saint-Emilion, se désintéresse d’un tel sujet. Il est d’utilité publique que sa direction, poussée par le commissaire du gouvernement, le prenne à bras le corps pour bousculer l’inertie et le conservatisme des dirigeants professionnels.

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30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 11:30
En dévers et contre tout, saison 2 : c’est parti pour une bordée de « Muscadet qui rivalise désormais avec les grands vins »

Hier, 29 septembre, 2015 à 13h15 est tombé sur mon téléscripteur personnel, en provenance de l’Obs. Culture – y’a ni agriculture, ni viticulture à l’Obs. – une nouvelle qui m’a stupéfié « Le Muscadet rivalise désormais avec les grands vins »

 

Ce n’est ni la maison Roux&Combaluzier, dites B&D, ni le Figaro nouveau refuge des naturistes engagés, pas même le père Gerbelle de RGVF, pardon de la RVF, mais tout bêtement le fil AFP en provenance de ma bonne ville de Nantes.

 

Je vous donne l’intro : «Gorges (France) (AFP) - Trois crus communaux déjà reconnus et quatre en passe de l'être: depuis 15 ans, les vignerons du Muscadet, désireux de rompre avec l'image de "petit blanc" nantais, façonnent des vins haut de gamme issus de leurs meilleurs terroirs, qui rivalisent désormais avec les plus grands. »

 

La suite est :

 

ICI 

 

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Et ce n’est pas fini ça va tomber comme à Gravelotte dans les heures et les jours qui viennent…

 

Même les photos sont fournies par l’AFP.

 

Vous me direz, c’est le boulot de l’AFP, sauf que le contenu de cet article est fort teinté de copié-collé de communication institutionnelle. 

 

«Les crus, c'est une petite production qui restera toujours marginale, mais qui permet de tirer l'ensemble de l'appellation vers le haut», se réjouit Thierry Martin. «Aujourd'hui, moi vigneron du muscadet, je n'ai pas honte de mettre en avant nos crus par rapport à un chablis ou un grand bourgogne blanc», affirme-t-il.

 

Fort bien, et je suis de ceux qui ont bataillé pour que le Muscadet retrouve sa juste place mais je ne suis pas persuadé que ça se passera via le décret et cette façon de la claironner... 

 

Lire :

Le prix ressenti d’un vin : l’épreuve du Muscadet par Yves Legrand le terroiriste du chemin des Vignes

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30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 06:00
« Les belles choses ne se donnent qu’à ceux qui se donnent à elles » On n’aime pas le vin ou la musique comme on rentrerait dans un mur…
« Les belles choses ne se donnent qu’à ceux qui se donnent à elles » On n’aime pas le vin ou la musique comme on rentrerait dans un mur…

À Savennières, Jean-Paul Kauffmann, interrogé sur son goût pour le vin, et les cigares, s’est défini comme étant un amateur, celui qui aime.

 

En l’écoutant je ne pouvais m’empêcher de penser à tous ceux qui font le métier de guider les amateurs vers le goût du vin qui sont en plein désarroi face à la montée en puissance d’une résistance, tant chez les vignerons qui contestent leur méthode de dégustation de masse, que chez des amateurs d’un nouveau type, connectés, brisant les idoles, buvant selon eux n’importe quoi et par conséquent racontant n’importe quoi.

 

Et, en rentrant de Savennières, via mes gorges profondes, voilà t’y pas que le Pape Français – ne pas confondre avec le François – de la dégustation professionnelle n’en finit pas de s’insurger :

 

« L'avantage d'avoir un certain âge et un peu de recul c'est bien de ne pas être dupe de la comédie humaine. Dont certains épisodes se jouent aussi chez des producteurs aigris, et jaloux de tout regard critique qui ne leur convient pas, ou chez de petits chefs du net tout aussi aigris et avides de reconnaissance autre que celle du cercle des leurs admirateurs, à commencer par celle des grands producteurs sur lesquels ils déblatèrent à longueur d'existence. Facile de casser du sucre sur un système dont ils font aussi partie et de s'imaginer que les crus institutionnels seront toujours mieux notés par les journalistes (qui ont bon dos!), quand on voit tous les communautarismes surnoter les vins de leur secte préférée ! Et enfin ne pas aimer et admirer Yquem n'est pas signe de liberté de pensée mais d'un coeur sec et étranger au bon et au beau. »

 

Et de regretter :

 

« Enfin si l'on sait lire on verra bien que je ne me plaignais que d'une chose : voir mes plus jeunes collègues, ceux qui auront en charge d'informer la prochaine génération d'amateurs, avoir de plus en plus de difficultés à le faire avec l'objectivité souhaitable. »

 

J’avoue que ce type de propos ne donne guère à penser, tant ils sont emphatiques, mesquins, corporatistes, et que le côté arroseur-arrosé de leur auteur qui se plaint de l’être, s’emporte face à ce qu’il nomme une ère qui verse dans le fondamentalisme et le repli sur soi, alors qu’il ne s’agit que de l’attribution de simples notes se différentiant au demi-point et de commentaires comme celui cité par JM Deiss : Fitou « Retour aux sources 2012 »: vin pétulant dévoilant des contours sculptés dans une densité fruitée réjouissante (garrigue, pin, romarin, menthe poivrée). » est pitoyable.

 

En effet, dans le même temps dans une tribune au Huffington Post du 25/09/2015 « Un enjeu de la fête de la gastronomie: déguster vins et aliments dans leur qualité intrinsèque » Jean-Michel Deiss Vigneron, président de l’Université des Grands Vins s’interroge « Nous comprenons très vite que nos cerveaux sont experts en copier-coller, pratiquant l'amalgame à tout va et trichent au point qu'on peut légitimement se poser cette question ahurissante: est-ce que la "réalité tangible" existe, puisqu'elle passe toujours à travers le filtre de l'approximation cérébrale? L'expérience si célèbre d'un même vin, goûté dans deux verres différents, ou avec la simple indication de prix différents et qui sont invariablement décrits comme substantiellement différents, "goûtés" de plus dans des aires cérébrales différentes, prouve à l'envie qu'il paraît difficile de conclure qu'il existerait une "réalité sensorielle tangible collective" qui soit autre chose qu'une production cognitive individuelle toujours reliée à un apprentissage personnel, construit dans un contexte économique ou culturel partagé. Et que finalement les mots de la dégustation relèveraient bien plus du champ des sciences sociales que de l'analyse sensorielle fine. »

 

Je dois avouer que la réponse qu’il donne, en se référant à la méthodologie dite de la Dégustation Géo-sensorielle qui permet, selon son érecteur Jacky Rigaux, « de relier le terroir de naissance aux produits agricoles obtenus et en premier, de discriminer ceux industriels, formatés aux goûts d'un consommateur type moyen, des authentiques produits de lieu. » me plonge dans un abîme de perplexité et n’emporte nullement mon adhésion.

 

Alors, afin d’apporter une contribution au débat, je me suis tourné vers un sociologue Antoine Hennion qui sur le site Cairn info a commis un article « Réflexivités. L’activité de l’amateur » 

 

C‘est aride mais lisible et compréhensible.

 

Voici le résumé de l’article :

 

« La sociologie nous a habitués à une lecture critique du goût. Une analyse réflexive de l’activité des amateurs ouvre à un point de vue plus attentif à leurs pratiques pour se le révéler. Les amateurs ne « croient » pas au goût des choses. Au contraire, ils doivent se les faire sentir. À partir de cas divers (escalade, vin, musique), l’auteur développe une approche pragmatiste du goût comme activité et travail sur les attachements, technique collective pour se rendre sensible aux choses, à son corps, à soi-même, aux situations. C’est aussi mettre la réflexivité du côté des amateurs – et non pas seulement de sociologues soucieux de ne pas biaiser leurs analyses. »

 

Pour vous mettre en appétit je vous propose des morceaux choisis :

 

« Une musique, cela s’écoute, un vin, cela se boit… Mettre l’accent sur l’écoute, c’est réintroduire dans le goût la dégustation : l’hétérogénéité irréductible d’un réel-événement ; non pas une œuvre et un auditeur, ou un vin et un buveur – mais des corps, des dispositifs et des dispositions, de la durée, un objet insaisissable, un instant qui passe, des états qui surgissent. Après tout, hors des laboratoires et des écoles, qu’est d’autre la musique ? »

 

« En face d’un objet inconnu, on est bien loin de retrouver la belle cohérence entre soi-même et ses propres sensations qu’on affiche en temps normal – ou devant le sociologue. Ce n’est pas ce goût tout fait qui constitue la cible de nos analyses? À la fois sans cesse interrogée de façon réflexive,... : c’est l’acte de goûter, les gestes qui le permettent, les savoir-faire qui l’accompagnent, les soutiens recherchés auprès des autres ou dans des guides et des notices, les petits ajustements en continu qui, à partir des retours que les objets renvoient à ceux qui s’intéressent à eux, l’aménagent et favorisent sa félicité et sa reproduction – comme le fera l’effort même pour l’exprimer devant moi. »

 

« Dans cette perspective, on comprend combien la question du goût est décisive : ainsi défini, le caractère réflexif du goût, c’en est presque une définition, son geste fondateur : une attention, une suspension, un arrêt sur ce qui se passe – et, symétriquement, une présence plus forte de l’objet goûté : lui aussi s’avance, prend son temps, se déploie. Si l’on prend un verre en passant, en pensant à autre chose, on n’est pas amateur. Mais si on s’arrête même une fraction de seconde, qu’on se regarde goûter, le geste est installé. D’un événement fortuit, isolé, qui vous arrive, on passe à la continuité d’un intérêt, et l’instant devient une occasion parmi d’autres dans un parcours qui s’appuie sur les occasions passées. C’est la différence entre aimer et « aimer », être amateur, même à un degré minimal. On voit que cette attention différenciée et différenciatrice renvoie à une double historicité, personnelle et collective, et plus généralement à un espace propre, dans lequel l’activité a pu se donner les lieux, les moments, les moyens de se constituer comme telle : le goût est aussi réflexif au sens « fort », c’est une activité cadrée. »

 

« On n’aime pas le vin ou la musique comme on rentrerait dans un mur. On aime le vin ET on « aime le vin » (ou tel vin) : on se décale légèrement de soi-même pour « rentrer » dans cette activité, qui a un passé et un espace, jalonnés par ses objets, ses autres participants, ses façons de faire, ses lieux et ses moments, ses institutions. C’est à la fois ce qui contraint et ce qui produit, obligeant à des attentions, des entraînements, des gestes qui font peu à peu devenir amateur, et de façon indissociable faisant que le vin a un goût auquel on devient sensible… Réflexivité de part en part. Il en va de même pour la musique, il faut se faire musicien pour l’être, et la musique n’est rien sans l’attention (personnelle, collective, historique, etc.) qui la rend telle. Tout cela passe bien sûr souvent par la verbalisation, mais ne se réduit pas à elle. »

 

Deuxième scène : un verre en passant…

 

« Le dîner avance, chacun est plus gai, on parle, on se coupe. Un convive sert du vin à son voisin, qui prend son verre, boit et le repose, tout en continuant sa conversation. Il mange, il se retourne, parle à un autre voisin.

Coupez, deuxième scène bis. C’est la même : mêmes convives, même ambiance, mêmes gestes. L’homme prend son verre, commence à boire. À ce point, il s’arrête un instant, renifle deux petits coups, boit à nouveau, fait un mouvement des lèvres en reposant son verre, avant d’enchaîner et de reprendre où il en était le fil décousu de la conversation. »

 

Lire la suite [12 à 16] ICI

les photos sont de moi
les photos sont de moi

les photos sont de moi

C’est le début de Cosi fan tutte, ou un vieux barbon parie contre deux amoureux sur l’inconstance de leur fiancée. Il va gagner bien sûr, en intervenant dans le jeu. Donc en pipant le pari : il se donne l’air d’un vieux sage, mais veut continuer à mener la danse. Car peut être n’est-il pas aussi sûr de ce qu’il affirme ? Cette musique aussi parce qu’en dépit de son pari gagné - que les femmes sont bien inconstantes - il y a une véritable histoire d’amour, en dépit ou grâce à la trahison, qui se dessine entre deux protagonistes. Et que ce moment est peut-être le plus beau des opéras de Mozart. Mais en devenir dans cette partie. Cet extrait aussi, parce que ce pari est fait contre des personnes, contre ce qu’elles sont, contre ce qu’elles ressentent, contre leur vie et leur projet. Contre les deux jeunes hommes dindon de la farce, et contre les deux jeunes femmes, devenues des pantins interchangeables. L’air triomphal de la fin n’est que l’air du triomphe du concept sur le réel.

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27 septembre 2015 7 27 /09 /septembre /2015 10:10
Hier, venu du diable vauvert Pierre Desproges et les Juifs a fait irruption chez vous sans rimes ni raison : explication.

Hier, alors que je filais dans ma petite auto vers la verdoyante et ensoleillée contrée de Savennières, dans cet Anjou que les chicaneurs-plaideurs aiment tant, lors d’un arrêt-pipi sur l’aire de repos de la Poêle Percée un de mes studieux lecteur s’étonnait : aurais-je été piraté ?

 

Étonné, je consultais ma petite boîte de poche et constatais qu’en effet, sans rimes ni raison, le robot qui poste mes chroniques vous en avait fait parvenir une au contenu étrange :

 

« Pierre Desproges

 

Bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les Juifs envoyé par pierredesproges. - Plus de vidéos fun. »

 

Elle était datée du 27 novembre 2015.

 

Ques’aquo ?

 

Un dysfonctionnement simplement de la part de la machine à poster  de mon hébergeur Overblog.

 

Cette chronique n’existait pas en tant que chronique, je m’étais contenté de stocker il y a fort longtemps une vidéo de Pierre Desproges sur les Juifs pour m’en servir à l’occasion d’une chronique.

 

C’est un produit toxique, datant de 1984, l’époque de Touche pas à mon pote, la petite main jaune que l’on portait à la boutonnière de son veston, totalement politiquement incorrect.

 

Imaginez ça, là, maintenant ?

 

Ce serait la curée sur les réseaux sociaux.

 

Pour votre information je vous propose un florilège de citations de Desproges sur les Juifs et 2 versions de la vidéo en question. (la seconde est complète)

 

Avec toutes mes excuses pour la gêne occasionnée. Bon dimanche à vous tous, sans voitures pour les Parisiens, façon de parler

 

On ne m’ôtera pas de l’idée que, pendant la dernière guerre mondiale de nombreux Juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi.

Textes de scène / Éditions du Seuil

 

Quand quarante mille Juifs s’entassent au Vel d’Hiv’, il faudrait être armé d’une singulière mauvaise foi pour les taxer de snobisme.

Fonds de tiroir / Éditions du Seuil

 

« Faute avouée est à moitié pardonnée », disait Pie XII à Himmler.

Fonds de tiroir / Éditions du Seuil

 

Il faut toujours faire un choix, comme disait Himmler en quittant Auschwitz pour aller visiter la Hollande, on ne peut pas être à la fois au four et au moulin !

Textes de scène / Éditions du Seuil

 

C’est plus fort que moi : plus la situation est sombre, plus j’en ris. Juif aux années sombres, j’aurais sans doute contrepété aux portes des chambres à gaz, n’eussent été les menaces du fouet. (j’ai horreur qu’on me fouette quand je contrepète.)

Chronique de la haine ordinaire / Éditions du Seuil / / Mots-clés : Juifs

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24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 06:00
« Je ne sais pas pourquoi, mais l'histoire à Alexandre Bain, qui peut devenir à nous tous un peu la nôtre, me fait penser à Bernard Moitessier et sa course autour du monde. »
« Je ne sais pas pourquoi, mais l'histoire à Alexandre Bain, qui peut devenir à nous tous un peu la nôtre, me fait penser à Bernard Moitessier et sa course autour du monde. »

Ce n’est pas moi qui le dit mais l’un de mes amis vigneron qui me l’écrit.

 

« … Petit à petit, sa course tracée, devient un voyage autour du monde. Dans son bateau seul, la course puis les récompenses deviennent secondaires. Dans son bateau, Joshua (en hommage à Joshua Slocum, le premier marin à avoir fait le tour du monde en solitaire), il prend le temps de réfléchir, sentir, observer, lire. »

 

« Apprenant qu'un Anglais, Bill King, prépare le même voyage, un quotidien anglais, le Sunday Times, organise une course au règlement simplifié : chacun partira entre le 1er juin et le 31 octobre du port anglais de son choix ; il suffira ensuite de boucler le tour du monde par les trois caps, sans toucher terre et sans assistance. Deux récompenses à la clé : un chèque de 5 000 £ pour le plus rapide, et un trophée (le Golden Globe), au premier arrivé.

 

Ayant tout d'abord refusé de participer à cette course, Bernard Moitessier finit par accepter mais décline l'offre du Sunday Times d'emporter une radio24. Il part le 22 août 1968 de Plymouth, en Angleterre.

 

Très vite, Moitessier n'est plus dans l'esprit d'une compétition. Il profite des calmes de l'océan Indien comme d'un bienfait, et passe ses journées à nourrir les oiseaux. Quand il pousse son bateau au maximum, rajoutant des bonnettes sous la trinquette, c'est pour voir Joshua avaler les milles et ne pas rester trop longtemps sous les hautes latitudes, où il ne fait pas bon de traîner. Quand il s'inquiète de savoir où sont les autres, avec qui il s'est préparé à Plymouth, c'est par peur qu'il ne leur soit arrivé quelque chose. Et le marin passe le cap Leeuwin, au large de l'Australie, puis le cap Horn. Il commence alors à remonter vers le nord, pour s'éloigner de la zone des icebergs, se reposer et décide de continuer vers le Pacifique. Il expliquera plus tard: « Le bateau c'est la liberté, pas seulement le moyen d'atteindre un but. » Wikipédia

 

Cette première course autour du monde en solitaire, sans escale, devait rendre Moitessier célèbre : alors qu'il avait pratiquement bouclé son périple, le navigateur décidait d'abandonner de poursuivre sa route vers Tahiti et les eaux bleues du Pacifique. Une remarquable performance devenait pied de nez à la civilisation, aventure humaine unique et précieuse.

 

 

« La longue route » son journal de bord, devint un livre-culte.

 

« Grands calmes ensoleillés, aurores australes, vagues-pyramides émeraude ou déferlantes neigeuses jalonnent ce récit, où l'homme peu à peu gagne sa paix intérieure, construit sa liberté. Et, par la grâce d'une écriture poétique, simple et naturelle, nous emporte dans son sillage, « blanc et dense de vie le jour, lumineux la nuit comme une longue chevelure de rêve et d'étoiles ».

 

Alors qu'il a passé les trois grands caps, « il n'a plus qu'à » remonter vers Plymouth poussé par les Alizés. Ce qu'il ne fera pas.

 

 

À l'instant du doute, dans le paragraphe: « le tournant » ses sentiments sont les suivants :

 

« Je n'en peux plus des faux dieux de l'Occident toujours à l'affût comme des araignées, qui nous mangent le foie, nous sucent la moelle. Et je porte plainte contre le Monde Moderne, c'est lui, le Monstre. Il détruit notre terre, il piétine l'âme des hommes.

 

- C'est pourtant grâce à notre Monde Moderne que tu as un bon bateau avec des winches, des voiles en tergal, une coque métallique qui te laisse en paix, soudée, étanche et solide.

 

- C'est vrai, mais c'est à cause du Monde Moderne, à cause de sa prétendue « Civilisation », à cause de ses prétendus « Progrès » que je me tire avec mon beau bateau.

 

- Eh bien, tu es libre de te « tirer », personne ne t'en empêche, tout le monde est libre, ici, tant que ça ne gêne pas les autres.

 

- Libre pour le moment... mais un jour plus personne ne le sera si les choses continuent sur la même pente. Elles sont déjà inhumaines. Alors, il y a ceux qui partent sur les mers, ou sur les routes, pour chercher la vérité perdue. Et ceux qui ne peuvent pas, ou qui ne veulent plus, qui ont perdu jusqu'à l'espoir. La «Civilisation occidentale» devenue presque entièrement technocratique n'est plus une civilisation.

 

- Si on prenait l'avis des gens de ton espèce, plus ou moins vagabonds, plus ou moins va-nu-pieds, on en serait encore à la bicyclette !

 

- Justement, on roulerait à bicyclette dans les villes, il n'y aurait plus ces milliers d'autos avec des gens durs et fermés tout seuls dedans, on verrait des garçons et des filles bras dessus bras dessous, on entendrait des rires, on entendrait chanter, on verrait des choses jolies sur les visages, la joie et l'amour renaîtraient partout, les oiseaux reviendraient sur les quelques arbres qui restent dans nos rues et on replanterait les arbres tués par le Monstre. Alors on sentirait les vraies ombres et les vraies couleurs et les vrais bruits, nos villes retrouveraient leur âme et les gens aussi.

 

Et tout ça, je sais très bien que ce n'est pas un rêve, tout ce que les hommes ont fait de beau et de bien, ils l'ont construit avec leurs rêves... Mais là-bas, le Monstre a pris le relais des hommes, c'est lui qui rêve à notre place. Il veut nous faire croire que l'homme est le nombril du monde, qu'il a tous les droits, sous prétexte que l'homme a inventé la machine à vapeur et beaucoup d'autres machines, et qu'il ira un jour dans les étoiles s'il se dépêche quand même un peu avant la prochaine bombe.

 

Mais il n'y a pas de souci à se faire là-dessus, le Monstre est bien d'accord pour qu'on se dépêche... il nous aide à nous dépêcher... le temps presse... on n'a presque plus le temps... Courez ! Courez !... ne vous arrêtez surtout pas pour penser, c'est moi le Monstre qui pense pour vous... courez vers le destin que je vous ai tracé... courez sans vous arrêter jusqu'au bout de la route où j'ai placé la Bombe ou l'abrutissement total de l'humanité... on est presque arrivés, courez les yeux fermés, c'est plus facile, criez tous ensemble : Justice - Patrie - Progrès - Intelligence - Dignité - Civilisation... Quoi ! tu ne cours pas, toi... tu te promènes sur ton bateau pour penser!... et tu oses protester dans ton magnétophone!... tu dis ce que tu as dans le coeur... Attends un peu, pauvre imbécile, je vais te faire descendre en flammes... les gars qui se fâchent tout haut c'est très dangereux pour moi, je dois leur fermer leurs gueules... s'il y en avait trop qui se fâchaient, je ne pourrais plus faire courir le bétail humain selon ma loi, les yeux et les oreilles bouchés par l'Orgueil, la Bêtise et la Lâcheté... Je suis pressé qu'ils arrivent, satisfaits et bêlants, là où je les mène...

 

Les choses violentes qui grondaient en moi se sont apaisées dans la nuit. Je regarde la mer et elle me répond que j'ai échappé, à un très grand danger. Je ne veux pas trop croire aux miracles... pourtant il y a des miracles dans la vie. Si le temps était resté mauvais quelques jours de plus avec des vents d'Est, je serais très au nord maintenant, j'aurais continué vers le nord, croyant sincèrement que c'était mon destin. En me laissant porter par l'Alizé, comme dans un courant facile sans tourbillons ni choses mauvaises. En croyant que c'était vrai... et en me trompant. Les choses essentielles tiennent parfois à un fil. Alors peut-être ne doit-on pas juger ceux qui abandonnent et ceux qui n'abandonnent pas. Pour la même raison... le fil du miracle. J'ai failli abandonner. Pourtant je suis le même, avânt comme après. Dieu a créé la mer et il l'a peinte en bleu pour qu'on soit bien dessus. Et je suis là, en paix, l'étrave pointée vers l'Orient, alors que j'aurais pu me trouver cap au Nord, avec un drame au fond de moi.»

 

Lire : Bernard Moitessier : l’insaisissable des mers

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 09:00
« La justice est submergée » dit-on, alors pourquoi le parquet d’Angers a-t-il fait appel sur le dossier d’Olivier Cousin ?

« Attendu que le prévenu justifie de la modification de ses étiquettes, avant même d'avoir été convoqué devant le Tribunal correctionnel, qu'ainsi le terme Anjou n'apparait plus, que le mot domaine a été remplacé par maison, il y a lieu de dispenser de peine Olivier Cousin ».

 

La Fédération viticole d'Anjou plaignante se déclarait contente : « ce jugement constitue un rappel à la loi adressé à ceux qui seraient tentés de détourner la notoriété de l'appellation 'Anjou' sans en respecter les règles fixées par les pouvoirs publics ».

 

L’avocat d'Olivier Cousin, Me Éric Morain déclarait que cette décision « consacre la liberté de cultiver autrement et démontre, une fois de plus, la faillite d'une stratégie de harcèlement pénal faite par l'INAO et ses services ».

 

Les 2 parties professionnelles se félicitaient du jugement du tribunal correctionnel mais, mécontent du jugement, le parquet avait fait appel.

 

5.000 euros d'amende avec sursis avait été requise pour publicité trompeuse. Même pas l’ébranlement des grands principes de l’appellation.

 

Sanctionnons donc !

 

La vertu de la sanction repose donc pour notre cher Parquet à toucher un petit vigneron au portefeuille.

 

Bref, l’audience en appel s'est tenue en juin dernier.

 

Ce mardi la cour d'appel d'Angers a rendu son arrêt : Olivier Cousin est condamné, mais à nouveau dispensé de peine.

 

Tout ça pour ça, je croyais que notre appareil judiciaire était saturé, submergé, manquant de moyens comme en témoignent les libérations en quelques jours de trois condamnés, à chaque fois pour non-respect du « délai raisonnable » dans le traitement d'une procédure repose la question de la lenteur et du manque de moyens de la justice.

 

« La justice a libéré lundi 21 septembre la « Veuve noire de l’Isère » condamnée à trente ans de réclusion criminelle en 2014, jugeant trop long son délai de jugement en appel. En détention provisoire depuis 2010, elle avait été condamnée pour le meurtre de son dernier mari, dans des conditions rappelant étrangement l’intoxication de quatre autres de ses compagnons.

 

Selon le parquet de Grenoble, la chambre d’instruction a libéré Manuela Gonzalez considérant que « le délai entre la première instance et l’appel était trop long ».

 

Sur le dossier Cousin, le premier fauteur de trouble est sans contestation la Fédération viticole d'Anjou qui aurait pu trouver, via une médiation, une issue au lieu d’employer un gros marteau pour écraser un tout petit vigneron.

 

L’INAO, en d’autres temps, aurait poussé à ce type de règlement avant de dégainer l’artillerie lourde.

 

Quant au Parquet d’Angers il vient de se couvrir de ridicule ce qui, comme vous le savez, ne tue pas mais en dit long sur le fonctionnement de notre appareil judiciaire.

 

Quant aux professionnels, s’ils veulent laver plus blanc que blanc, il est des chantiers bien plus importants pour le devenir et la notoriété des appellations que d’aller chercher des poux sur la tête d’Olivier Cousin. Il n’en a pas en dépit de son abondante chevelure.

 

Balayer devant sa porte serait le début de la sagesse. Je peux fournir le balai...

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 07:42
Tout près du cap Gris-Nez quand j'ai fini d'pêcher on s'retrouv' chez Léonce on est onze on mesure les poissons en vidant des canons…

Je viens de vivre 3 semaines en compagnie d’oblades, de sars, de saupes, de castagnoles, de crénilabres, de serrans écriture, des girelles communes et parfois de bancs de petits barracudas… Le silence de la mer est reposant.

 

Bien sûr, la rumeur du monde montait à nouveau vers moi lorsque, revenu à terre, je consultais le fil de l’info sur la Toile ou feuilletais Corse-Matin.

 

Le mot-clé, le mot-valise, celui qu’on sert à toutes les sauces : le peuple fait les délices des nouveaux bateleurs, les intellectuels en chaise longue et les politiques à la pêche aux voix, qui écument les plateaux des médias.

 

L’enjeu c’est le peuple, tout particulièrement celui du Nord-Pas-de-Calais-Picardie, nous dit-on, qui va se donner corps et âme à l’extrême-droite aux prochaines régionales.

 

Alors, dans ma tête, le mot qui me vient de suite à l’esprit c’est la honte et ça déclenche une ritournelle « Quand la mer monte », énorme succès populaire, au lendemain en 1968, d’un grand ch’ti à la voix grave et rocailleuse, due à une « laryngite de comptoir » selon l’intéressé, Raoul de Godewarsvelde.

 

Son pseudonyme « de Godewarsvelde » est tiré du nom d’un petit village des Flandres, au nord de Lille, Godewaersvelde, qu’il simplifia, en enlevant le deuxième « e » pour le rendre plus aisément prononçable.

 

 

C’était un amoureux de la mer et de la pêche. Il acheta une maison au Cap Gris-Nez et troqua son zodiac contre un flobart. Là il fréquenta Léonce, propriétaire de l’Hôtel-Restaurant du Cap Gris-Nez, Henri Beaugrand, le gardien du phare poète à ses heures et bien sûr Jean-Claude Darnal qui écrira Quand la mer monte vendue à 150 000 exemplaires.

 

« Le 13 avril 1977, il dédicace ses disques à Boulogne-sur-Mer et termine sa journée avec son ami Léonce. Le lendemain, vers 7 heures, le menuisier Michel Legrand d’Audinghen, découvre Raoul pendu à une poutre d’une maison en construction non loin de la sienne.

»

En 1982 1 géant est dressé à son effigie dans sa ville natale, Lille, tandis que des compilations régulières sauvent son nom de l'oubli.

 

Début 2010 sort un triple Best of compilant son oeuvre.

 

Pour moi son héritier c’est Arno, en plus intello…

 

Raoul de Godewarsvelde c’était un chantre du peuple, de ce petit peuple gouailleur, frondeur, fier, travailleur, aimant le boire et le manger, ripailler, faire la fête, picoler, taper le carton, celui qu’on a envoyé se faire étriper dans les tranchées en 14-18, celui qui a vu son statut passé par pertes et profits avec la fermeture des mines et de l’industrie textile, celui qu’on a abandonné aux marges de l’opulence de notre société. Et c’est malheureusement lui que flattent nos démagogues politiques et médiatiques, ceux qui pensent à notre place : «La pensée, c'est pas fait pour vous !», ceux qui vont par un beau tour de passe-passe économique et l’exclusion de ceux qui sont venus soi-disant prendre un travail qui n’existe plus, revenir à l’Ancien Monde.

 

Quand la mer monte, j’ai honte…

 

Merci pour ces moments messieurs les penseurs et les bonimenteurs. À vos propos dévalués de café de commerce je préfère la poésie des mots de Raoul de Godewarsvelde.

 

Quand elle descend, je t’attends…

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