Il suffit de parcourir les rayons de la Grande Épicerie du Bon Marché, haut lieu de la consommation de luxe versus Bernard Arnault, lors des foires aux vins, pour s’apercevoir que le recours à un nom de château connu pour un vin dont les raisons viennent d’ailleurs fait florès.
On n’attrape des mouches avec du vinaigre !
En d’autres termes, certains châteaux veulent « le beurre, l’argent du beurre et la crémière… »
L’usage de cette expression de la fin du XIXe siècle.
Le bon sens paysan veut qu’on ne puisse pas, honnêtement, vendre le beurre qu’on vient de fabriquer, en garder l’argent, mais garder aussi le beurre, histoire de pouvoir le revendre encore et encore.
Vouloir toujours tout garder à soi, vouloir tout gagner sans rien laisser aux autres, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre.
Les arguments en défense des châteaux utilisant cette pratique c’est vraiment du style : il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.
Pour l’avocat de Pascal Dourthe, Me Alexandre Novion, « la cour s’est focalisée sur les éléments visuels, du premier regard, comme si cela était impossible pour un consommateur ou que cela constituait un effort incommensurable de retourner la bouteille ». De surcroît, poursuit Me Novion, « le vin de propriété est à plus de 30 euros quand le vin de Maucaillou est à 7 euros. L’écart est suffisamment manifeste entre le vin de propriété et le vin de Maucaillou mettant le consommateur à l’abri de la confusion et du chaos »
Quand je pense que notre Hubert, membre du Comité National de l’INAO, avec ses cloches, joue lui aussi sur le prestige de celle de l’Angélus pour fourguer ce genre de breuvage à deux balles.
19 décembre 2013
Comment se faire des couilles en or avec une cloche d’argent : les tribulations d’un GCC de Saint-Emilion en Chine. ICI
Pour certains propriétaires de GCC de Bordeaux, l’appellation c’est pour faire joli, il s’en tamponne le coquillard, ce qui compte pour eux c’est leur marque : le nom de leur château, dont ils estiment qu’ils peuvent l’utiliser comme bon leur semble.
Pourquoi pas !
Cependant, ils doivent se retirer du système des appellations qui leur permet de nous jouer, jusqu’à plus soif, la chanson de l’origine, du terroir et autres fioritures, et de se contenter d’un bon vieux marketing du style du fameux classement de Saint-Emilion où l’on privilégie des éléments qui n’ont rien à voir avec le vin du château.
Oui, on ne peut pas avoir « le beurre, l’argent du beurre et la crémière… »
La cour d’appel de Bordeaux confirme la condamnation du négociant en vins Pascal Dourthe pour « pratiques commerciales trompeuses »
Pour la première fois, la justice confirmait en appel une condamnation pour une fraude sur des étiquettes de bouteille de vins dans le Bordelais.
Par Claire Mayer (Bordeaux, correspondante)
En quelques minutes, ce 30 juin, la cour d’appel de Bordeaux a confirmé la condamnation du négociant en vins Pascal Dourthe pour « pratiques commerciales trompeuses » après le jugement prononcé en décembre 2019. Le délibéré a confirmé une amende de 10 000 euros pour M. Dourthe, accompagnée d’une seconde de 150 000 euros – contre 200 000 euros en 2019 – à l’encontre de son entreprise, la société Les Notables de Maucaillou, fondée en 1983. En cause, la commercialisation par ladite société d’un vin, le Bordeaux de Maucaillou, devenu le B par Maucaillou, dont les raisins n’étaient pas issus de cette propriété viticole, mais à 55 % de parcelles rattachées au château de Beau-Rivage, acquis en 2003, et à 45 % de vins achetés par l’entreprise puis élevés dans son chai de Baurech.
Si la contre-étiquette située au dos de ces bouteilles indiquait « mis en bouteille pour Les Notables de Maucaillou », l’information délivrée au consommateur n’était pas suffisante selon la cour, et pouvait ainsi lui faire croire qu’il achetait un vin de la propriété de Maucaillou, grand vin de Bordeaux, située dans le Médoc.
Selon le jugement établit en 2019, « rien dans l’étiquetage de ces vins ne laisse penser que ceux-ci ne proviennent pas de château Maucaillou et qu’il serait des vins de négoce, de telle sorte que le consommateur normalement informé et raisonnablement attentif et avisé s’attend légitimement à ce que les “Bordeaux de Maucaillou rouge et blanc”, dont les étiquetages reprennent les mêmes codes visuels que ceux des vins “Château Maucaillou”, “numéro 2 de Maucaillou” et le “Haut-Médoc de Maucaillou” soient également issus des vins de l’exploitation Château de Maucaillou, comme le sont ces derniers ».
« C’est un problème collectif »
L’enquête, menée par la Dreets Nouvelle-Aquitaine (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, ex-Direccte) à la suite d’un signalement en 2016, a donné lieu à un contrôle des services de l’Etat, suivi d’une injonction à cesser la commercialisation de ces vins. Contestant ces accusations, Pascal Dourthe avait pris le parti de refuser cette décision, et l’affaire a ensuite été menée devant les tribunaux. Plusieurs parties civiles ont pris part à l’instruction : la Confédération paysanne de Gironde, la Fédération des grands vins de Bordeaux et l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO).
Dominique Techer, porte-parole de la Confédération paysanne de Gironde, fustige des propriétés viticoles qui « défendent leurs intérêts personnels et sont en train de faire couler une marque collective ». Car, dans le Bordelais, le Château Citran, le Château Larrivet Haut-Brion, le Château Gloria et Château Rollan de By ont également été condamnés en première instance pour les mêmes pratiques considérées comme trompeuses.
« Les fraudes, il y en a marre »
Le Château Maucaillou est le premier à avoir fait appel. « Ce que je défends » poursuit Dominique Techer « et c’est pour ça qu’on est partie civile, c’est un problème collectif. Le bordeaux bashing n’est pas tombé de nulle part. La profession n’a plus aucune notion de déontologie… Les fraudes, il y en a marre. » « La difficulté, explique maître Julie L’Hospital, avocate de l’INAO, c’est qu’on vient quelque part instrumentaliser une appellation d’origine avec un vin qui n’est pas produit au château, qui n’a pas la même qualité, et dont le prix est semblable à un 3e vin. »
Pour l’avocat de Pascal Dourthe, Me Alexandre Novion, « la cour s’est focalisée sur les éléments visuels, du premier regard, comme si cela était impossible pour un consommateur ou que cela constituait un effort incommensurable de retourner la bouteille ». De surcroît, poursuit Me Novion, « le vin de propriété est à plus de 30 euros quand le vin de Maucaillou est à 7 euros. L’écart est suffisamment manifeste entre le vin de propriété et le vin de Maucaillou mettant le consommateur à l’abri de la confusion et du chaos ». L’avocat de M. Dourthe se réservait encore la possibilité d’un pourvoi en cassation.
Claire Mayer(Bordeaux, correspondante)