Mea culpa, mea maxima culpa à l’heure où je commence d’écrire cette chronique, soit 4 jours après la date fatidique, je n’avais pas encore trempé mes lèvres dans un ballon de Bojolo Nuovo. Et pourtant, le dimanche suivant le coup de starter donnant le signal de la libération de la star des bars, sur le coup de midi, pris d’un petit creux, j’ai posé mes fesses dans une maison sympathique où l’œuf coque pourvu de mouillettes à tartiner au beurre salé tient le haut du pavé.
Manger sans boire à cette heure du jour, j’entends boire un verre de vin, relèverait d’un ascétisme suspect. Tout en feuilletant un morceau du Journal du Dimanche abandonné sur la table où j’avais pris place, et en jetant un œil sur le conflit opposant le curé de Corte à l’évêque d’Ajaccio, je hélais la jeune fille retranchée derrière le bar et timidement, car je n’avais vu nulle part l’affiche syndicale annonçant la présence du BN, je m’enquis auprès d’elle pour savoir si la maison n’en planquait pas sous le bar.
Elle me répondit non mais qu’elle me proposait soit un cru du Beaujolais, dont j’avoue avoir oublié le nom ou un borborygme. Intrigué je lui demandai de me répéter le deuxième choix.
Nouvelle suite de sons en 4 stances dont je saisissais la chute : glacé. Étrange me dis-je dans mon fors intérieur : était-ce une nouvelle mode des branchés que de proposer le Beaujolais glacé.
Mon émoi sans doute perceptible me valait un doigt pointé sur un petit tableau où je pouvais lire : Grand Q Glacé. Vous pensez bien qu’illico je portais mon choix sur cette étrangeté tout en demandant à la jeune fille de me porter le flacon pour que je puisse de visu contempler la tenue vestimentaire de ce Grand Q Glacé. Je n’étais pas au bout de ma surprise puisque ce Beaujolais Villages affichait en sus sous un décor en noir et blanc entourant un château très parc d’attraction : Cuvée du Château Gonflable. Étonnant, non !
Alors j’ai fait une petite photo avant de déguster le Bojolo pas Nuovo et de décapiter d’un sec estoc mon œuf coque. C’est tout un art de le décalotter à la bonne hauteur, ni trop haut, ni trop bas, afin que l’orifice puisse accueillir la pointe de la mouillette sans pour autant faire déborder le jaune sur les flancs de votre œuf. Ensuite c’est l’extase de l’onction sur son palais du pain embeurré mêlé à la fluidité du jaune mollet. Et le Grand Q Glacé dans son ballon, me direz-vous, était-il au rendez-vous de mes délices ?
Patience mes amis car dans mon dur labeur de dénicheur d’étrangeté il me fallait aller surfer sur www.lancestra.fr avant de vous délivrer le fond de ma pensée. Une fois revenu at home j’ai cliqué et je suis tombé dans un abîme de perplexité.
Que vis-je ?
Ça : P-U-R est l’Arche des Producteurs, Uniques et Rebelles qui dans le vignoble et les ailleurs de la gourmandise, paraissent résister à toutes formes de standardisation. On les surnomme « les irréductibles », « les marginaux », « les fous » : ils sont les gardiens des productions naturelles et vivantes. Leur philosophie de travail et de vie n’est pas conditionnée par la loi du marché ou la mode du moment. Le respect du produit et sa qualité restent leur priorité.
Quelques remarques en vrac :
- la pureté revendiquée, même si ce n’est qu’un sigle destiné à accrocher le chaland, me glace car j’y sens la lame de la guillotine chère à Robespierre ou le fouet des lanceurs de fatwas. La pureté est une vieille lune de curé ranci, de bigotes et de dévots.
- se déclarer uniques me choque alors que la diversité et la naturalité sont le credo de ces producteurs ils versent tous les autres dans la géhenne.
- se dire rebelle, pourquoi pas, mais c’est tout de même une rébellion bien tempérée, avec pignon sur rue, site internet, qui prend le vent portant plus qu’elle ne se dresse contre les dominants : mieux vaut se déclarer beaux et purs que sales et méchants.
- j’ai assez peu d’empathie pour les gardiens, ça sent la prison, la réclusion, le parcage, les « gardiens de la Révolution »...
- afficher que sa philosophie du travail et de la vie est à contre-courant de la loi du marché et de la mode du moment est-ce bien nécessaire ? Les rebelles par construction ne font pas commerce et ils s’opposent...
Mais ce n’est pas tout, la suite me défrise car elle participe à jeter la suspicion sur tout autres que ces purs en jouant des peurs. Agiter le cancer avec des probabilités, des suspections, des possibilités relève des mêmes approximations que celles de nos adversaires prohibitionnistes. Ce marketing de la peur m’irrite. Pour sauvegarder, promouvoir notre patrimoine nous avons d’autres armes que cette militance à deux balles, racoleuse et approximative.
P-U-R œuvre pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine alimentaire et viticole naturel européen. Notre marque militante, grâce à une transparence jamais osée à ce jour, est créée pour qu’on ne consomme plus jamais ca !
(*Extrait pioché sur la toile)
Cyproconazole Cancérigène probable et toxique de la reproduction Hexythiazox Cancérigène possible Carbendazime Suspecté d’être mutagène et perturbateur endocrinien Chlorothalonil Cancérigène possible Iprodione Suspecté d’être cancérigène et perturbateur endocrinien Procymidone Cancérigène probable et perturbateur endocrinien Vinclozoline Cancérigène possible, perturbateur endocrinien et reprotoxique probable Deltamethrine Perturbateur endocrinien Propyzamide Cancérigène probable et suspecté d’être reprotoxique Carbaryl Cancérigène possible et perturbateur endocrinien Carbendazim Suspecté d’être mutagène et perturbateur hormonal Pyrimétanil Cancérigène possible Tébuconazole Suspecté d’être reprotoxique et cancérigène Thiophanate-methyl Suspecté d’être mutagène et cancérigène Alpha HCH Cancérigène possible et perturbateur endocrinien possible DDT Cancérigène probable, perturbateur endocrinien et suspecté d’être toxique du développement Lindane Cancérigène possible et perturbateur endocrinien possible, Thiabendazole Cancérigène possible, Alachlore Perturbateur endocrinien Atrazine Perturbateur endocrinien Diuron Cancérigène possible (US) et toxique du développement (US) Malathion Cancérigène possible, perturbateur endocrinien possible et neurotoxique Prométhrine Perturbateur endocrinien possible Trifularine Cancérigène possible et perturbateur endocrinien possible etc…………
Malheureusement la liste est très longue, et il est de notre devoir de créer un mouvement qui allie l’aspect terroir authentique et la prise de conscience afin que la transparence alimentaire soit le maitre-mot des générations à venir.
A très bientôt Cyril Alonso
Notre métier,
Vinificateurs Itinérants en Vins Naturels. Métier qui se pratiquait avant-guerre, vinifier, conseiller, chez les meilleurs producteurs en vin naturel ou biologique du Beaujolais et de la Bourgogne. Des sols labourés, vendanges manuelles, vinification en levures indigènes (donc naturelles), pas de soufre en vinification, aucun rajout chimique, jamais de collage à la mise en bouteille. Sélectionner des micros parcelles, les vinifier de façon libre, novatrice et provocatrice. La tribu de l’Ancestra désacralise le vin, se lâche sur l’humour et brise les sacro-saintes idées reçues, grâce a cela nous avons reçu plusieurs récompenses médiatiques :
coup de cœur Guide Gault & Millau 2008 |
Vignerons de l’année 2008 |
Révélation de l’année 2008 bourgogne et beaujolais |
découverte de l’année 2008 bourgogne et beaujolais |
pionniers du beaujolais 2008 par l’inter-beaujolais |
palme de l’originalité 2008 bourgogne |
Sélections guide petit futé 2008 |
Vineous Awards 2006 |
Karine & Cyril ALONSO, vinificateurs itinérants
Spécialiste en vins naturels, vivants et farfelus
De tous les qualificatifs utilisés sur le site de Cyril Alonso le seul qui me séduit est celui de farfelu car il nous extrait de la langue pâteuse d’un militantisme à la limite du convenu médiatique dominant. Sans vouloir vanner notre PUR il n’est pas insensible aux faveurs médiatiques ce qui est un peu en contradiction avec le discours précédent.
J’adore les border line, les décalés, les provocateurs, les héritiers post Almanach Vermot, les enfants de Coluche, de Desproges, de Reiser mais de grâce nul besoin de nous asséner un discours à la fois passéiste et surtout excommunicateur. Toutes formes de stigmatisation des autres au nom de la pureté, de la propreté, relève de l’élitisme et non d’une réelle volonté de faire changer le plus grand nombre.
De plus, je ne crois pas que l’on désacralise le vin en l’enfermant dans un nouveau ghetto. Bref, moi faire des étiquettes très non-sens du style Gérard Menbussa, Gérard Mensoif, Porc tout Gai, ou Vincent Soufre et élaborer des vins différents avec une économie de moyens, un interventionnisme minimal, j’adhère sans réticence et cet espace de liberté s’est toujours fait écho de ce souci de respecter son terroir et le consommateur de vin.
Ceci dit, faites pas chier ! Cesser de nous prendre la tête ! Épargnez-nous les postures militantes un peu outrées. Sans doute suis-je un grand traumatisé de 68 où pour ne prendre qu’un exemple, celui de Glucksmann, ou de feu Benny Levy le grand maître de la Gauche Prolétarienne, les grands pourfendeurs avec l’âge et les aléas de la vie effectuent souvent des virages à 180°. Lisez-moi bien, je ne suis pas, en écrivant ceci, que ce sera le destin des PUR mais que les extrêmes peuvent se rejoindre et qu’il faut se garder de donner des leçons à la terre entière.
Dernier point concernant le ou les chers PUR : le Grand Q glacé cuvée château Gonflable était, avec mon oeuf mouillettes, un peu mou du genou, un peu rebelle amorti et pas remboursé par la Sécu, pas joyeux pour deux sous. Je préfère un JP Brun ou un Chermette ça vous réjouit le coeur et réjouis les papilles...
Ceux d'entre vous qui avez regardé : Amours coupables sur la 2 avec Muriel Robin peuvent aller faire un petit tour sur http://www.berthomeau.com/article-18585502.html afin de retrouver la vérité historique de l'histoire de Gabrielle Russier dans le cadre d'un extrait de mon petit roman du dimanche (ça date du 13 avril 2004) avec la possibilité d'écouter l'intervention de Pompidou citant Eluard...