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21 mai 2020 4 21 /05 /mai /2020 06:00

 

Au premiers temps du confinement nous avons frôlé la cata, les œufs avaient disparus des rayonsICI ça me rappelait mon séjour à Constantine où régulièrement c’était « y’a plus de patates… y’a plus de pâtes… y’a plus de bouteilles de gaz… », même si souvent y’en avait dans la soupente pour faire grimper les prix, Il faut dire que l’oeuf est bon marché et peut se conserver assez longtemps. Il se consomme en moyenne 28 jours après la date de ponte. Et puis, ça s’est stabilisé.

 

NATURE MORTE AUX ŒUFS ,FERNAND GUERY-GOLAS

 

En temps ordinaire je suis un assez gros consommateur d’œufs sous toutes ses formes, œufs à la coque, œufs mimosas, omelette, base de la carbonara, pâtisseries… Pendant le confinement ce fut un stock stratégique que j’ai bien géré.

 

Les chefs, les chroniqueurs gastronomiques, nous ont inondés de recettes, soi-disant faciles à réaliser, sauf que très souvent ces grands et beaux esprits y incorporaient des ingrédients introuvables en temps de confinement.

 

Et puis, Blandine Vié vint, elle republiait sur un site un article publié le 11 janvier 2019 : Elle a beau être un de nos petits plats quotidiens, réussir une omelette c’est tout un art !

 

Les Oeufs, Claude Monet 1907, 73x92cm

Les Oeufs, Claude Monet 1907, huile sur toile 73x92cm, collection particulière Etats-Unis

 

Le journaliste gastronomique Francis Amunategui (1898-1972) disait d’elle : « L’omelette est le fourre-tout de la cuisine, c’est le plat le plus accueillant du monde. » Qu’elle se présente plate comme une crêpe, épaisse comme une tortilla, souplement roulée ou rebondie façon chausson, ce petit plat du quotidien passe même pour être trop banal. Oui mais… elle n’est pas pour autant si facile à réussir ! ICI

 

Excellent article à lire pour tous les novices des fourneaux et des plaques chauffantes, je ne citerai pas de noms afin de ménager certaines susceptibilités, chez beaucoup de nos concitoyens « ne pas savoir faire cuire un œuf… » est génétique. Alors, leur demander de se faire une omelette équivaut pour eux d’affronter l’Everest en tongs.

 

Quand j’étais gamin au Bourg-Pailler j’étais préposé à la recherche des œufs, les poules de mémé Marie jouissaient d’une liberté totale, ce qui faisait marronner mon père car ces dames fientaient joyeusement sur ses belle machines agricoles, et elles pondaient dans des lieux improbables. Parfois, je découvrais dans le creux de la paille des nids œufs punais, très vieux, pourris, qui sentent mauvais, puant  lorsqu’on brise la coquille et Dieu sait s’ils nous arrivaient parfois d’en balancer sur des murs pour faire les marioles.

 

Qu'est-ce qui empêche mes poules de pondre ? | Blog conseils Ferme ...

 

L’omelette faisait partie des menus du soir au Bourg-Pailler, agrémentées d’oignons et de lard frits et accompagnée d’une salade du jardin.

 

À ce stade de ma chronique je me dois de faire un coming-out un peu humiliant : très souvent les hommes, lorsqu’ils raillaient entre eux quelqu’un, disaient : « C’est une Hommelette ! » moi phonétiquement j’entendais « Omelette ! » et je ne voyais pas le rapport. Comme dans aucun texte à l’école il n’était question d’Hommelette je suis resté un bon moment face à ce mystère, j’étais trop fier pour demander une explication.

 

Hommelette, substantif féminin, péjoratif : « Homme qui n'a rien des qualités et des vices de l'homme » (Delvau 1883).

 

Et puis, en griffonnant cette chronique, mes neurones déconfinés se sont souvenus que j’avais dû commettre une chronique sur l’omelette.

 

Bonne pioche, c’est ICI 

 

Nos voisins d’au-delà des Pyrénées, qui ne portent pas forcément les Français dans leur cœur, revendiquent la paternité de l’omelette comme l’indique cette anecdote rapportée dans un livre que je suis en train de lire « Aujourd’hui caviar, demain sardines » aux éditions de l’Épure :

 

Le problème c’est que vous autres, les étrangers (ndlr en l’espèce des Uruguayens), vous croyez que tout ce que font les Gaulois, c’est le meilleur du monde. Et en fait, la vérité, c’est qu’ils s’approprient tout ce qui nous appartient, même l’omelette française est espagnole ! Regardez, regardez là – dit-elle en me montrant un livre qui, si j’en crois l’usure, doit être sa bible : le manuel de cuisine régionale de la section féminine de la Phalange –, c’bien clair, là, la recette de l’omelette française a été inventée par un cuisinier de Philippe II qui l’appela l’ « omelette de la Cartuja ». 

 

Au XVIIe « faire une omelette » signifiait déjà « casser des choses fragiles ». Au milieu du XIXe, l’expression évolua et veut dire que l’on n’arrive à rien sans prendre de risques et qu’il faut savoir accepter et assumer les dommages collatéraux qui découlent de toute entreprise humaine.

 

 Cette locution proverbiale devenue expression française fut vulgarisée par Balzac dans Scènes de la vie privée…  

 

- Voulez-vous arriver ? s’écria le grenadier. ​

 

- Au prix de tout mon sang !... Au prix du monde entier !... répondit le major.

 

- Marche !... On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs !...

 

J’y proclamais : viva la frittata di maccheroni !

 

Sauf que mon oeuvre était un peu cramée, j’ai donc décidé de la refaire...

 

LES OMELETTES AUX FRAISES 

 

LES FRAISES , JOSEPH BOUCHOR , 1853-1937.

ICI

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20 mai 2020 3 20 /05 /mai /2020 06:00

 

Henri de La Rochejaquelein dans la bataille de Cholet, Paul-Emile Boutigny, 1899

 

Se moucher, l’irruption du Covid 19 dans notre vie quotidienne a fait de ce geste mécanique lorsqu’on est enrhumé un geste barrière contre la diffusion de la maladie.

 

Tousser dans son coude aussi, l’injonction des mères « mets ta main devant ta bouche si tu éternues » proscrite. Aux USA, il est de tout temps Interdit de tousser dans ses mains, sous peine de passer pour le gros dégoûtant de service : là-bas, on tousse dans son coude – ce qui donne l’impression qu’on embrasse son biceps. Pour les débutants, attention à ne pas rendre la manche de votre pull un lieu où fourmillent les bactéries en tous genres.

 

Comme j’adore les expressions surannées, je vous livre celle-ci qui colle parfaitement à la cohorte des toutologues sévissant sur les plateaux  des chaînes de télé en continue « Ne pas se moucher du pied, du coude… »

 

Donc, mon interrogation du jour : comment se mouchait-on avant l’apparition du mouchoir ?

 

Publié en 1530, en pleine Renaissance, le manuel de civilité d'Erasme, De civilitate morum puerilium dédicacé à Henri de Bourgogne, qui a fait référence pendant plusieurs générations dans nombre de pays européens, déconseille fortement :

 

  • de « se moucher avec son bonnet ou avec un pan de son habit »,

 

  • de même que de « se moucher dans sa main pour l'essuyer ensuite sur ses vêtements. »

 

« Si l'on se mouche avec deux doigts et qu'il tombe de la morve par terre, il faut poser le pied dessus. [...] »

 


Jean Avalon, Comment se mouchaient nos aïeux, in Aesculape, mars 1931 

 

Guitard Eugène-Humbert

Revue d'Histoire de la Pharmacie  Année 1931 

 

« Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le mouchoir n’est pas, comme la chemise, par exemple, une création de l’hygiène moderne. Il existait dans l’antiquité grecque, sous le nom de sudarion, èmitubion, èmicratès, et les élégants avaient coutume de le parfumer et de le porter avec ostentation.

 

À vrai dire nous ne savons pas si ces carrés d’étoffes luxueuses étaient utilisés par les Grecs comme nous utilisons les mouchoirs. Il est certain que le peuple se mouchait avec les doigts, et il semble que les élégants eux-mêmes, n’agissaient pas autrement, leur sudarion leur servant à éponger la sueur et probablement à s’essuyer après mouchage. Peut-être auraient-ils jugé répugnant de souiller ce linge comme nous le faisons.

 

Dans la Rome impériale qui, on le sait, avait hérité des mœurs grecques, le sudarium, appelé aussi orarium ou selabis, était aussi un complément indispensable de la toilette des jolies femmes, mais elles s’en servaient plus discrètement encore que les Athéniens ; la bienséance leur interdisait de se moucher en public et de quelque façon que ce soit.

 

Plusieurs textes du Moyen Âge démontrent que le mouchoir était, à cette époque, un objet de luxe ; en revanche il servait déjà comme aujourd’hui à recevoir le trop plein des narines. Au XVIIIe il commença à se démocratiser, ou, tout au moins à s’embourgeoiser, et c’est la mode du tabac à priser qui le mis entre toutes les mains : un refrain populaire au début de la Révolution, et que M. Avalon aurait pu citer, commençait par les mots : « Ton mouchoir, belle Raymonde. »

 

« Chez les Grecs  et les Romains, on ne connaît pas le mouchoir : on se mouche dans les doigts. Paysans et seigneurs du Moyen Âge se servent, eux, du revers de leur veste. Mais à la cour du Japon, au IXe siècle, les dames utilisent déjà des mouchoirs en papier de soie. Le mot « mouchoir » est cité pour la première fois en France  en 1559 dans L’Heptaméron, un recueil de nouvelles. En 1748, un décret fixe leur forme carrée  et même leurs dimensions, sous « peine de confiscation et d’amende » !

 

La France des normes et des amendes ne date pas d’aujourd’hui !

 

Ha, les mouchoirs de Cholet du pépé Louis et sa manière sonore de se moucher !

 

Ils étaient immenses… ça m’impressionnait…

 

En 1900, le chanteur Théodore Botrel se fait connaître grâce à son interprétation du « Mouchoir rouge de Cholet ». Il y met en lumière l’épisode marquant des Guerres de Vendée.

 

«…Fit de l'autre une cordelette

Pour pendre son sabre au poignet

Fit du troisième une bouclette

Sur mon cœur, ma mie Annette

... Et tout le jour les Bleus visaient

Le petit mouchoir de Cholet !»

 

Lors de la bataille de Cholet en 1793, Henri de La Rochejaquelein l'un des chefs de l'armée catholique et royale au cours de la guerre de Vendée, se bat avec une bravoure hors du commun portant trois mouchoirs sur lui : un sur son couvre-chef, un sur le cœur figurant le cœur vendéen, et un autour de la taille. Nul dans son armée ne devait le perdre de vue, et tous devaient savoir qu’il était en première ligne sur le front, fidèle à son ordre lancé aux troupes : « Si j’avance, suivez-moi. Si je recule, tuez-moi. Si je meurs vengez-moi! ».

 

Blessé dans la bataille, le mouchoir se teinte de pourpre, le sang du futur martyr des royalistes dans leur quête de sauvetage de la monarchie. Symbole tragique d’une mort annoncée qui survient le 28 janvier 1794 à proximité de Cholet. Le mouchoir gardera une empreinte rouge indélébile de cette journée macabre, qui le fera entrer dans l’Histoire.

 

le_mouchoir_de_cholet

 

Léon Maret, un industriel choletais, a découvert cette chanson dans un cabaret parisien. Il décide alors de lancer la fabrication du mouchoir tel qu’il est décrit dans la chanson. Coup de pub de l’époque, Léon Maret en envoie à Théodore Botrel pour qu’il en distribue partout où il passe. L’effet « boule de neige » se produit, ainsi naît le mouchoir rouge et blanc, Cholet devient la capitale du mouchoir.

 

Les mouchoirs n’ont pas toujours ressemblé à ceux d’aujourd’hui.

 

Leurs couleurs avaient toutes une signification et permettaient de reconnaître leur utilisation.

 

Le mouchoir de vendange -> violet

Le mouchoir de travail -> foncé

Le mouchoir tabatou - servant à « chiquer » le tabac -> jaune ou marron

 

« En 2003, Turpault, le dernier fabricant des fameux mouchoirs rouges de Cholet, met la clé sous la porte. »

 

 

« Mais en 1924, c’est la révolution, l’entreprise américaine Kimberley-Clark invente le Kleenex, un mouchoir carré de papier destiné au démaquillage qui va être détourné par le consommateur pour se moucher. Les premiers paquets de mouchoirs jetables apparaissent huit ans plus tard. ICI 

 

 

En 1966, en Alsace, le Français Ferdinand Béghin (à l’origine aussi de la marque de sucre Béghin-Say) transforme une ancienne cartonnerie en usine de mouchoirs en papier et lance la marque Lotus. ICI

Ferdinand Béghin, au début des années 60, est alors propriétaire d’une petite cartonnerie à Kunheim, en Alsace. D’un voyage en Floride, où les produits en papier sont monnaie courante, lui vient l’idée de transformer son usine pour fabriquer des mouchoirs en papier jetables. En 1966, Lotus est lancé. Ferdinand Béghin aurait choisi ce nom en référence à la douceur que lui évoquait la fleur de lotus. Aux mouchoirs, vient s’ajouter le papier toilette.

 

« Une révolution. À l’époque, les Français utilisaient du papier de soie marron ou du journal déchiré », explique Véronique Blot, responsable marketing papier toilette Europe du Sud chez SCA, propriétaire de Lotus depuis 2012.

 

Et même si Lotus appartient au géant suédois leader de l’hygiène en Europe, la marque reste 100% française. « L’usine de Kunheim est toujours en activité. C’est d’ailleurs ici qu’est basé le centre de R & D mondial de SCA pour le papier toilette », déclare Véronique Blot. Les produits Lotus sont aussi fabriqués dans deux autres usines françaises de SCA, à Gien et à Hondouville. Les trois sites emploient environ 1 500 collaborateurs. « 15 millions de mouchoirs sont fabriqués chaque jour à Kunheim. L’usine de Gien produit, elle, 2 millions de rouleaux de papier toilette par jour », ajoute la responsable marketing. »

Le 3 avril 2020
Les petits secrets des mouchoirs en papier ICI 

Pour en finir avec cette histoire de mouchoir, je dois vous avouer que lorsque naquit l’idée de cette chronique j’ai fait un nœud à mon mouchoir pour m’en souvenir :

 

  • Garçon, mon tabac ?

 

  • Ah ! pomme-de-reinette, je l'ai oublié… attendez, je vais faire un nœud…

 

  • Mais il y en a déjà un !

 

  • Le second est pour me rappeler le premier…

 

Source : 1854. Deux profonds scélérats (pochade)

 

Connaissez-vous l'origine de l'expression "Moucher une chandelle ...

 

Dans mon labeur d'enfant de chœur j'adorais moucher les cierges entre mon pouce et l'index...

 

Moucher une chandelle = éteindre la lumière

 

Cette expression date du XVIe siècle et plus particulièrement de l'époque baroque. Durant cette période, le principal mode d'éclairage était la bougie, mais aussi la chandelle : une mèche de tissu trempant dans du gras de mouton et de boeuf. Cette "lampe" pouvait ainsi durer plusieurs heures et pour l'éteindre, la mouchette (ciseaux à réservoirs) était indispensable.

 

La Nausée

- La citation titre est de Sartre, La Nausée, 1938, p.8

Image

Manger vos crottes de nez, c'est bon pour votre santé et voici pourquoi ICI
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19 mai 2020 2 19 /05 /mai /2020 06:00

Il y a 10 ans 1 petit viticulteur métayer du Beaujolais m’écrivait : son père lui disait « le Beaujolais est perdu »  Qui sauvera le beaujolais ?

Que le secteur du vin, comme beaucoup de secteurs économiques, ait souffert à la fois du confinement de la population et de la fermeture des restaurants, à signaler tout de même que la GD est restée ouverte et que la plupart des cavistes ont assuré le service, je le reconnais sans peine.

 

Que les TPE du vin bénéficient d’un plan de soutien au même titre que les autres entreprises c’est logique.

 

Un point m’interroge : pourquoi distiller, avec aide de l’État, un volume très important d’AOP-IGP ? On avance le chiffre de 3 millions d’hl ce qui équivaut à 400 millions bouteilles de 75cl.

 

Les vins AOP-IGP, comme tous les vins sont stockables, je crois même que pour parer aux mauvaises récoltes l’INAO et les ODG ont prévu des réserves permettant aux vignerons d’alimenter régulièrement leurs circuits commerciaux.

 

On va me rétorquer qu’il s’agit de faire rentrer des liquidités dans les trésoreries asséchées et de libérer les cuves pour la prochaine récolte (le mythe de l’AOP-IGP en bouteilles en prend un coup sur la casquette.

 

Sans vouloir jeter la pierre à Bordeaux, je rappelle ce que j’ai écrit :

 

4 décembre 2019

Le repli subventionné des Bordeaux et Bordeaux Sup en VSIG c’est de la concurrence déloyale ! Faudra songer, comme le Midi rouge l’a fait, à une solution plus radicale…  ICI 

 

J’en reste là pour deux raisons : tout d’abord je n’ai nulle envie de me faire traiter de nantis par l’intersyndicale des vins, je leur signale à toute fin utile que je suis un client-consommateur et un contribuable conséquent, ensuite, tenant l’actuel Ministre de l’Agriculture pour ce qu’il est, il n’est pas de saison de tirer sur les ambulances on aurait plutôt tendance à les applaudir.

 

Je vais me permettre de sortir de la naphtaline comment on gérait les excédents au temps des vins de table.

 

Jean Pinchon, le normand producteur de cidre et de calvados, ancien directeur de cabinet d’Edgar Faure Ministre de l’Agriculture, homme de l’ombre chez Louis-Dreyfus, propulsé à la tête de l’INAO par Michel Rocard afin de mettre fin au monopole de Bordeaux, aimait les discours et, lorsqu’il recevait la Ministre, il ne manquait pas de lui rappeler que, contrairement aux vins de table, les AOC ne coûtaient pas un rond à la République et lui rapportaient beaucoup.

 

16 février 2015

Comment nomme-t-on un Président de l’INAO ? Le fait du Prince ! ICI 

 

En effet, le règlement de l’OCM vin était exclusivement tourné vers la gestion du marché des vins de table structurellement excédentaire du fait de la chute de leur consommation.

 

 

La mécanique, entièrement prise en charge par le budget européen, elle était généreuse cette Europe aujourd’hui vouée aux gémonies, était une petite merveille :

 

1° sitôt la récolte un petit coup de distillation préventive : exit le picrate pas très présentable !

 

souscription de contrats de stockage à court et long terme pour tenir le prix du marché.

 

3° en fin de campagne pour les vins stockés à long terme : distillation des vins stockés à long terme à un prix rémunérateur, ça s’appelait la garantie de bonne fin.

 

Bien sûr, mes éminents collègues œuvrant au 78 rue de Varenne n’ont pas la queue d’un souvenir de ce temps préhistorique où la chaudière des distillateurs fumait, que le Service des alcools était l’un des lieux de pouvoir de la République, Montredon : 2 morts, qu’en 1981 les CAV versaient du mazout dans le pinardier Ampélos à Sète, qu’à  Bruxelles le chargé du vin s’appelait Chiappone, qu’il a fallu instaurer la distillation obligatoire dans les accords de Dublin pour pouvoir acter l’entrée de l’Espagne dans le Marché Commun, qu’il a fallu arracher des milliers d’ha de vigne pour faire entrer le Midi rouge dans la modernité…

 

Bref, la réalité nous revient en pleine poire, les AOP-IGP grand bassin déversoir de tous les espoirs des viticulteurs en quête de la reconnaissance, exit le jaja populaire nous sommes tous des vignerons auteurs de petites cuvées étiquetées, que nous soyons VIF ou coopératifs, laissons aller les rendements la grande éponge de la GD et des Chinois réunis absorbera !

 

Et puis patatras, la conjonction d’un désamour baptisé Bordeaux-bashing, des excentricités du blond dans le vent Trump qui taxe et de l’essoufflement de l’économie chinoise du souriant Xi Jinping, de la crise sanitaire… revoici revenu le temps des excédents.

 

Pure conjoncture ?

 

Les grands chefs proclament : repartons à l’offensive sur notre marché intérieur !

 

Pure illusion, celui-ci qu’il soit domestique ou européen ne va donner beaucoup de marges de manœuvre.

 

Alors il va bien falloir se résoudre à réfléchir sérieusement à la gestion des excédents structurels des AOP-IGP, ce sera douloureux pour les beaux esprits de la CNAOC et de l’INAO, mais l’histoire nous a appris qu’à trop tarder, à tergiverser, ça se termine par des arrachages.

Consultée par Vitisphere, une lettre envoyée à l’exécutif demande de gonfler le paquet d’aides envisagé pour que le vignoble surmonte la crise sanitaire du coronavirus.

 

Après la montée de l’insatisfaction dans le vignoble, les revendications tombent sur les ministères. Envoyant une réponse au plan gouvernemental d’aides sectorielles présenté ce 11 mai, les principales organisations viticoles* signent ce 14 mai une lettre précisant leurs demandes aux ministres de l’Agriculture et de l’Economie, soit Didier Guillaume et Bruno Lemaire. Remerciant l’exécutif pour ses « premières annonces », les représentants du vignoble soulignent que « ce plan est très insuffisant et n’est pas à la hauteur de ce que représente la filière viti-vinicole pour la France (600 000 emplois sur le territoire et 12 milliards d’euros à l’export) ».

 

Le gouvernement ayant prévu une clause de revoyure, la filière précise ses demandes, notamment sur la gestion des volumes invendus pesant sur les marchés. A l’enveloppe gouvernementale de 140 millions € pour la distillation de 2 millions d’hectolitres de vin (un prix moyen de 70 euros par hectolitre), le vignoble français confirme un besoin de 260 millions € pour désormais 3,5 millions hl d’excédents (avec un prix de 80 €/hl pour les AOP/IGP et de 65 €/hl pour les VSIG, ainsi qu’une aide de 20 millions € pour les distillateurs). « Le dispositif ne doit comporter ni contingentement par région, ni contingentement par segment » ajoute le courrier aux ministres, ne souhaitant pas plafond en volume pour la distillation, mais évoquant le souhait d’« une réduction linéaire des volumes engagés identique pour toutes les souscriptions en cas de dépassement des demandes par rapport à l’enveloppe ». Ce mécanisme incitatif étant complété par une menace de « sanction financière en cas de non-livraison de la totalité ou d’une partie des volumes accordés après réfaction ».

 

"Vins conservés plutôt que distillés"

 

Jugeant injuste l’utilisation de 80 millions € du programme national d’aide pour financer toute distillation, la filière demande au gouvernement de maintenir la pression pour que Bruxelles débloque de l’argent frais. Afin de financer les mécaniques de gestion des excédents, y compris le stockage privé, auquel les vignobles septentrionaux sont plus enclins. En la matière, le courrier indique qu’« une aide de 10€/hl/12 mois serait précieuse pour les vins qui peuvent être conservés plutôt que distillés ».

 

50 à 100 % d’exonération de charges sociales

 

Les modalités d’éligibilité à l’exonération de charges sociales suscitant l’incertitude la plus complète dans le vignoble, les représentants viticoles fournissent au gouvernement des « précisions sur le mode de fonctionnement de nos filières de manière à dimensionner le dispositif » afin de redimensionner l’enveloppe (trois fois inférieure aux cotisations nationales pour un trimestre selon la MSA). Si les metteurs en marché enregistrent depuis mars une chute brutale de leurs ventes depuis le confinement, les opérateurs sous contrats avec des négociants ou adhérant à une cave coopérative ne ressentent pas encore commercialement les conséquences de la crise du coronavirus.

 

« Pour ces différentes raisons, nous vous proposons le dispositif suivant : une exonération de charges de 50 % systématique pour toutes les exploitations, toutes le caves coopératives et leurs unions quelle que soit leur taille, ainsi que les groupements d’employeurs » propose la filière. Ajoutant qu’« au-delà de 50% de pertes de chiffre d’affaires, nous souhaitons 100% d’exonération de charges ». Dans le premier cas, la filière propose de simplifier la mesure avec une application automatique de l’exonération par la MSA. Dans le second cas, les entreprises devraient poser un dossier justifiant de leur perte d’activité (celui de la cave coopérative pour les viticulteurs apporteurs). Dans tous les cas, il s’agirait d’une exonération des charges sociales et patronales concernant l’année 2020.

 

Fin des demandes de distillation le 20 juin

 

N’oubliant pas de relancer les demandes de fonds de compensation aux mesures de rétorsion américaines (ou de résolution diplomatique du conflit aéronautique), de « demande de prise en charge des intérêts d’emprunts en cas de négociation d’année blanche avec les banques », de réduction de la TVA en CHR pour les boissons alcoolisées (ce qui est le cas en Corse) et d’allégement de la fiscalité sur les stocks (mécaniquement à la hausse), la filière vin rappelle que le temps presse. Avec une adoption des mesures de gestion des excédents prévue ce 3 juin, lors d’un conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, la réception des souscriptions à la distillation devrait s’achever « au plus tard le 20 juin ». Après le temps des revendications, celui des négociations s’ouvre.

 

* : Soit la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC), les Vignerons Coopérateurs de France (CCVF), la Confédération des vins IGP (Vin IGP), les Vignerons Indépendants de France (VIF), l’Association Générale des Producteurs de Vin (AGPV) et la commission viticole de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA).

" Vous avez de tout temps inscrit bien haut, au fronton des appellations d'origine, l'exigence de la qualité. Il faut que par-delà les proclamations l'on retrouve dans chaque bouteille vendue sous le cachet de l'authenticité de l'appellation un produit irréprochable. Dans d'autres domaines certains producteurs ont payé et payent encore très cher les libertés qu'ils ont pris avec les exigences qualitatives.

 

En termes simples : surveillez les rendements, n'admettez pas facilement les dérogations, ne tolérez plus très longtemps mes délimitations imparfaites ou absentes, soyez exigeant lors de l'accession à l'appellation d'origine.

 

Je salue volontiers volontiers votre orientation vers plus de rigueur, mais permettez-moi d'attendre un peu les résultats pour vous transmettre les félicitations. Bien sûr je ne suis pas là pour distribuer des bons ou des mauvais points mais pour encourager vos efforts..."

 

Extraits du discours de Michel Rocard, Ministre de l'Agriculture, devant la session itinérante du Comité National de l'INAO, le 17 mai 1984 à Montpellier.

FranceArchives: Portail National des Archives de France

En faisant des recherches je suis tombé sur cela :

 

Les archives de M. Jacques Berthomeau, conseiller technique au Cabinet du ministre de l'Agriculture Michel Rocard, puis Henri Nallet de 1984 à 1986, ont été versées aux Archives nationales sous protocole de versement en date du 20 mars 1986.
 
Monsieur Berthomeau a été chargé, au moment de sa nomination, d'assurer le suivi des dossiers vins, alcools, productions végétales, fruits et légumes.
 
Les archives inventoriées ci-après reflètent ces activités. Les articles 43 CAB 1 à 26 sont constitués de dossiers concernant les problèmes de production et de marchés dans les secteurs suivants : céréales, viticulture, fruits, légumes. Les articles 43 CAB 27 à 32, ayant trait à l'organisation des marchés agricoles, concernent les offices d'intervention (ONIFLHOR, ONIPPAM) ainsi que l'élargissement de la communauté économique européenne à l'Espagne.
 
Enfin, l'article 43 CAB 33 contient des projets de contrats de plan Etat/régions préparés dans le cadre du IXème plan.
 
Conformément aux dispositions du protocole cité ci-dessus, ces archives seront librement communicables au terme d'un délai de trente ans.

 

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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 14:45

L’image contient peut-être : 2 personnes, plein air

Allez jusqu’à 98 ans comme Michel Piccoli, je signe de suite.

 

La musique dans le cinéma de Claude Sautet

 

Je n’ai pas la pointure pour lui rendre hommage mais l’image de lui et de Romy dans les Choses de la vie, et les autres films de Sautet Max et les ferrailleurs, Vincent, François, Paul et les autres, Mado, c’est une belle part de ma vie. Et puis, le Mépris, la Grande Bouffe, Habemus papam, Themroc… Il change de pieds perpétuellement, bien au-delà de l’acteur, « un irrécupérable. Extravagant (un mot qu’il adorait). Et poétiquement libertaire. L’exact contraire d’un courtisan. »

 

 

Ni commercial, ni narcissique

 

Au mitan des années 1970, il est au top. Tout le monde le réclame : Rouffio, Deville, Rivette, Chabrol, Varda, Demy, Lelouch... Les films, certains de francs succès, ne sont pas tous bons, mais lui l’est toujours : la moindre de ses apparitions a du poids, de la densité. Piccoli, c’est l’anti-Belmondo, l’anti-Delon. Ni commercial, ni narcissique. Viscéralement de gauche, il ne gère pas sa carrière, cultive le zigzag (« Les lignes droites m’ennuient »), « hanté par l’idée de passer pour un vieux con » (disait Francis Girod).

 

En fait, plus il vieillit, moins il s’encroûte. Après avoir beaucoup joué dans les petits théâtres de la rive gauche dans les années 50, il revient à la scène dans les années 1980, et reprend une autre dimension d’acteur encore, aux côtés des plus grands : Peter Brook (La Cerisaie), Patrice Chéreau (La Fausse Suivante , Luc Bondy (Terre étrangère). Avec eux, plus que jamais, il semble capable de tout : de la tragédie comme de la farce, du silence comme du tumulte. Un imprévisible fauve.

 

Les tempes grisonnantes, la prestance d’un capitaine d’industrie, le verbe haut : c’est l’image de Michel Piccoli gravée par les films de Claude Sautet, au début des années 1970. Des rôles où le pouvoir le disputait à l’angoisse, où la force cachait une fêlure. Un éternel quinquagénaire, Piccoli ? L’âge, en vérité, ne semble n’avoir jamais eu de prise sur ce géant, qui avait travaillé avec les plus grands (Buñuel, Ferreri, Hitchcock, Godard, Oliveira, Ruiz..) en fortifiant à chaque fois sa part d’enfance. Chez lui, la grandeur allait de pair avec l’espièglerie. Et si sa carrière, au cinéma, au théâtre comme aux grandes heures de la télévision, fut exceptionnelle, c’est aussi parce qu’elle fut d’une variété rare.

 

Ses parents étaient tous deux musiciens, immigrés italiens. Milieu plutôt bourgeois du côté de Marcelle, sa mère, pianiste ; plus modeste, du côté d’Henri, son père, violoniste, qu’il aimait beaucoup. Avec la mère, les rapports étaient plus compliqués. Juliette Gréco, qui fut l’épouse de Piccoli, a dit un jour à Télérama que son enfance fut « dévastatrice ». On sait juste qu’un frère mort avant sa naissance avait précédé Michel...

 

Enfant, il se terre dans le silence.

 

L’école ? Morne. Au lycée, il est « nul, totalement ailleurs ». Sauf qu’au collège, dans un pensionnat, il rencontre le théâtre. Vertige. « Je devais avoir 9 ou 10 ans. J’étais agacé par le fait que les adultes parlaient beaucoup entre eux, mais jamais aux enfants. Un jour, sur scène, je me suis régalé en jouant un conte d’Andersen, l’histoire de trois tailleurs qui doivent confectionner le plus beau costume pour le roi et qui réussissent finalement à le faire défiler nu. Une farce sublime. Voir tous ces adultes qui m’écoutaient enfin, c’était merveilleux. Je me suis dit : “J’ai trouvé mon lieu à moi.” »

 

Michel Piccoli : « Faites tout ce qui peut bouleverser la vie et les spectateurs »

 

Michel Piccoli garde en lui une capacité d'étonnement presque enfantine qui force l'admiration.

 

Comment fait-il ?

 

Mystère. Cet état d'enfance lui a permis de traverser quelques décennies de cinéma, pas moins de six, et d’en parcourir tout le spectre... C'est par ces quelques mots admiratifs que Serge Toubiana présente la rétrospective Que la cinémathèque française (qu'il dirige) consacre à l'acteur en cette rentrée. 66 films à (re)découvrir, parmi les 200 dans lesquels il apparaît.

 

« Ne courez pas après le triomphe. Voyagez. Allez partout. Faites tout ce qui peut bouleverser la vie & les spectateurs »

 

« C'est pas parce qu'on est acteur qu'il faut être cabotin, prétentiard ou content de soi-même »

Michel Piccoli, légendaire acteur de cinéma et de théâtre, est mort ICI 

L’acteur, disparu le 12 mai à l’âge de 94 ans, a vécu une existence frondeuse et aventurière, s’est essayé à tous les genres de cinéma, a côtoyé les plus grands.

Par 

Mort de Michel Piccoli, un des derniers géants du cinéma français ICI
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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 06:00

 

Comparaison n’est pas raison mais nous, les gaulois, depuis Vercingétorix à Alésia aimons les perdants magnifiques, le brave Poulidor toujours derrière Anquetil, les défaites de Glasgow et Séville en football, le « naïf » Rocard face au « manœuvrier » Mitterrand, la dernière charge des cuirassiers  à Reichshoffen en 1870…

 

FR-TUL - Histoire de France - Les Gaules de Jules César et de ...

 

« Alésia ? Connais pas ! »

 

La formule bien connue du chef Abraracourcix, dans les albums d'Astérix, demeure plus que jamais d'actualité.

 

Le siège d'Alésia se conclut aux alentours du 27 septembre de l'an 52 av. J.-C. par la reddition des Gaulois et de leur jeune chef Vercingétorix.

 

Le vainqueur est le général romain Jules César. Il clôt ainsi, non sans peine, la guerre des Gaules, entamée sept ans plus tôt.

 

Jules César vs Vercingétorix : une stratégie romaine implacable

 

Bien que le rapport de force soit largement en défaveur des Romains, ces derniers ont obtenu la victoire finale à la bataille d'Alésia grâce à leur maîtrise de l'art de la guerre. En effet, 82.000 Romains ont vaincu 328.000 Gaulois.

 

Les deux versions de la rencontre entre Vercingétorix et César :

 

César écrit : «César ordonne que les armes soient rendues, que les chefs soient conduits à lui. Lui-même s’assied dans le retranchement, devant le camp. Les chefs y sont conduits. Vercingétorix se rend. Les Eduens et les Arvernes furent mis à part, pour le cas où il pourrait, grâce à eux, reprendre des villes. Les autres captifs sont distribués à toute l’armée comme butin, à raison d’un prisonnier par personne».

 

Astérix, toute une histoire | Metro

 

C’est plus romanesque chez Plutarque (Vie de César) et c’est cette image que l’on a conservée : «Les assiégés, après s’être donné bien du mal à eux-mêmes et en avoir donné beaucoup à César, finirent par se rendre. Vercingétorix, qui avait été l’âme de toute cette guerre, fit parer son cheval, prit ses plus belles armes et sortit ainsi de la ville. Puis, après avoir fait caracoler son cheval autour de César, qui était assis, il mit pied à terre, jeta toutes ses armes et alla s’asseoir aux pieds de César où il se tint en silence, jusqu’au moment où César le remit à ses gardes en vue de son triomphe».

 

 

Le 6 août 1870, lors de la bataille de Reichshoffen* (ou Froeschwiller-Woerth) a lieu un événement qui va rentrer dans les annales héroïques de l’Armée française. Les cuirassiers français chargent pour l’honneur les troupes prussiennes, quasiment quatre fois supérieures en nombre.

 

Lors de cette dernière charge perdue d’avance mais menée avec panache, c’est toute la cavalerie lourde française qui meurt - et sa doctrine d’emploi.

 

 

LA CHARGE DES CUIRASSIERS ICI  

 

La 4ème division (général Lartigue) est alors en grande difficulté. Mac-Mahon demande au général Michel, commandant les 8ème, 9ème régiment de cuirassiers et deux escadrons du 6ème régiment de lanciers, d’attaquer les Prussiens autour de Morsbronn afin de donner de l’air à la 4ème division.

 

Les quelques Prussiens embusqués dans les vignes et les houblonnières près du village sont vite bousculés par les cavaliers lourds français, qui entrent dans le village par le Nord.

 

L’ennemi occupe les maisons et tire depuis les fenêtres. Les cavaliers français arrivent alors à une bifurcation ; certains partent à gauche vers la route de Woerth, et la plupart s’engagent à droite, dans la rue principale de Morsbronn. Ils se rendent compte trop tard que la rue, menant à l’église, se rétrécit. Les cuirassiers sont alors des cibles faciles pour les soldats prussiens qui les abattent à bout portant. Derrière, les lanciers arrivent à leur tour et font la même erreur.

 

Devant le bruit de la fusillade, le général Michel, encore en dehors de Morsbronn, récupère les derniers cavaliers valides et leur déclare :

 

« Camarades, on a besoin de nous, nous allons charger l’ennemi ; montrons qui nous sommes et ce que nous savons faire, vive la France ! »

 

Les cavaliers du général Michel chargèrent pour aider leurs camarades pris dans Morsbronn. Mais arrivés devant le village, ils se heurtèrent à des bataillons prussiens. Après avoir subi de lourdes pertes, ils réussirent à encercler le village. Une autre charge du 9ème cuirassier parvint à dégager Morsbronn, sous la forte pression des troupes prussiennes.

 

Ils durent évacuer le village, et seule une cinquantaine de cavaliers réussit à rejoindre les troupes françaises à Saverne. Le 8ième cuirassier, lui, eut moins de chance : seuls 17 cavaliers en réchappèrent.

Emmanuel Macron honore de Gaulle, 80 ans après la Bataille de France

 

Le président de la République commémorera, ce dimanche, la bataille de Montcornet. Une défaite célèbre de la France lors la Seconde Guerre mondiale où Charles de Gaulle s’est illustré en tentant une contre-attaque contre l’armée allemande, le 17 mai 1940.

 

C’est une première. Jamais un président de la République en exercice ne s’était rendu dans ce village de l’Aisne, qui plus est pour célébrer cette défaite fondatrice du mythe gaullien: la bataille de Montcornet. Ce dimanche, Emmanuel Macron consacre son premier déplacement hors covid-19 à la commémoration de cette contre-offensive menée par le colonel de Gaulle le 17 mai 1940.

 

Montcornet: pourquoi Macron célèbre cette défaite du colonel De Gaulle? ICI 

À Montcornet, Macron honore de Gaulle et célèbre «l'esprit français»

Dans l’Aisne, Emmanuel Macron cherche à s’inspirer de « l’esprit de résistance » du général de Gaulle ICI 

Le chef de l’Etat a présidé dimanche la commémoration de la bataille de Montcornet, le 17 mai 1940, quand Charles de Gaulle, à la tête de la 4e division cuirassée, parvint à freiner l’avancée allemande.

Par  

La bataille de Montcornet – 2e GUERRE MONDIALE

Le colonel Charles de Gaulle au côté du président de la République, Albert Lebrun, en visite à Goetzenbruck, le 23 octobre 1939. 

Source : Yves Buffetaut, De Gaulle chef de guerre, 39-45 magazine, supplément au n°50, éditions Heimdal, Bayeux, juin 1990, pp. 20-25

 
 

Présentation

Ce document administratif brut présente Charles de Gaulle, en soldat professionnel, technicien de la chose militaire, connaisseur de la guerre des blindés. Il a reçu une mission et des moyens pour la remplir, notamment des chars d’assaut dont il s’est fait le chantre dans Vers l’armée de métier, publié en 1934.

 

 

Se battre militairement pour Montcornet 16-17 mai 1940 ICI

Le Département de l'Aisne lance un concours pour la conception d ...

Montcornet, une victoire en trompe-l’œil  ICI  

 

FIGAROVOX/ANALYSE - Célébrée par Emmanuel Macron ce dimanche 17 mai, la bataille de Montcornet est restée dans la mémoire collective comme la seule victoire française de mai-juin 1940, sous le commandement du colonel De Gaulle. La réalité fut tout autre.

 

Par Jean-Robert Gorce

Publié le 15 mai 2020 

 

Le 17 mai 1940, dans la petite bourgade de Montcornet, dans l’Aisne, la 4e division cuirassée du colonel De Gaulle attaque le flanc gauche des troupes blindées allemandes qui foncent vers la Manche. Dans la mémoire collective, cette «bataille» est devenue un moment clé de la guerre de 1940: la seule victoire obtenue par l’armée française durant les terribles mois de mai et juin.

 

La réalité est pourtant tout autre et, à aucun moment, les troupes de De Gaulle n’ont inquiété les Allemands. Quelle est la vérité sur cette action? Comment le mythe de Montcornet est-il né et comment a-t-il pu perdurer?

 

Un simple colonel

 

Le 24 avril 1940, le colonel De Gaulle, qui commande alors les chars de la 5e armée en Alsace, est convoqué par le général Gamelin qui lui annonce qu’il a décidé de créer deux nouvelles divisions cuirassées et qu’il compte lui donner le commandement de la dernière d’entre elles.

 

A ce moment, De Gaulle, pourtant simple colonel, n’est pas tout à fait un inconnu. Son livre, Vers l’armée de métier, paru en 1934, était un réquisitoire contre la doctrine en vigueur à l’époque dans l’armée française. Il y avait composé un vibrant plaidoyer pour la constitution d’un puissant corps de bataille cuirassé, fort de 100 000 hommes, tous des soldats professionnels. De Gaulle y reprenait, pour l’essentiel, les idées développées au début des années 1920 par le général Estienne, mais sans réellement en maîtriser les aspects tactiques et pratiques. L’auteur utilisait en effet des formules vagues, qui ne donnaient jamais le «mode d’emploi» du char. Il énonçait quelques caractéristiques comme: «l’arme blindée s’avance à la vitesse du cheval au galop» ou encore «les tanks gravissent des talus de trente pieds de haut». Jamais il ne rentrait dans les détails techniques et logistiques. Surtout, De Gaulle n’y abordait que très superficiellement le rôle de l’aviation et des transmissions.

 

Vers l’armée de métier, tenait ainsi plus de l’essai littéraire, que de la définition précise du concept d’emploi du char au combat. Les principes de guerre cuirassée proposés par De Gaulle étaient, partant, assez éloignés de ceux qui étaient au même moment prônés en Allemagne par le général Guderian ou, en France, par le général Flavigny. Ces derniers privilégiaient la rapidité et la manœuvrabilité, alors que le futur homme du 18 juin ne parlait quasiment que de la puissance de feu supplémentaire apportée par la nouvelle arme.

 

Mais, s’il ne maîtrise pas l’emploi de l’arme blindée, ou du moins pas plus que la plupart des théoriciens militaires de son époque, De Gaulle avait sur eux un gros avantage: il avait perçu avant eux le rôle de la communication. Pour arriver à ses fins, il avait convaincu du bien-fondé de ses thèses des journalistes comme Jacques Chabannes de Radio-Paris, et utilisé un de ses amis, l’avocat Jean Auburtin, pour se faire présenter à des hommes politiques influents, notamment Paul Reynaud. De Gaulle s’était ainsi donné les moyens de diffuser sa pensée dans les cercles des hommes de pouvoir et de décision. Cette technique de la communication, De Gaulle la maîtrisera parfaitement, de juin 1940 à mai 1968. C’est la raison pour laquelle, après avoir adhéré aux concepts d’emploi de l’arme blindée d’hommes aux compétences infiniment supérieures, il en est devenu le vecteur médiatique.

 

France, 17 mai 1940

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LA BATAILLE DE MONTCORNET ICI

L’année 2020 marque un triple anniversaire pour le général de Gaulle, celui de sa naissance il y a 130 ans, de son décès il y a 50 ans et de l’appel du 18 juin 1940. En novembre dernier, l’Élysée avait annoncé que le président Macron marquerait le coup par « trois événements destinés à célébrer, à travers de Gaulle, l’esprit de résistance, l’esprit de la République et l’esprit de la Nation  », un message plus que jamais d’actualité dans le contexte actuel de pandémie de Covid-19.

 

Dimanche 17 mai, le chef de l’État se rendra ainsi à Montcornet, Dizy et dans la commune de La Ville-Aux-Bois-Lès-Dizy, dans l’Aisne, quatre-vingts ans jour pour jour après la bataille de Montcornet à laquelle prit part le colonel de Gaulle, commandant la 4e division cuirassée. L’armée française, qui avait lancé une contre-offensive, avait pris plusieurs points stratégiques avant d’opérer un repli face à la Wehrmacht allemande.

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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 08:00

LIP grands hommes

Pub Lip vintage

Contrôler aujourd’hui pour décider demain manifeste a été adopté par le 8° Congrès National du PSU (Toulouse, 9-10-11 décembre 1972)

 

L’autogestion, une appellation à l’époque dévoyée par l’usage qu’en faisait Tito en Yougoslavie.

 

L’autogestion à la Rocard se fonde sur une hostilité, jamais démenti chez lui, à la trop grande intervention de l’État. Ce qui ne signifie pas moins d’État mais ce qu’aujourd’hui on appelle le local, Décoloniser la province au colloque de Saint-Brieuc en décembre 1966, où il fustige la centralisation française et prône une plus grande autonomie des territoires, il propose d’en finir avec « une tradition politique qui, des rois aux républiques, en passant par les empereurs, gouverne à l’intérieur par ses missi dominici, ses intendants et ses préfets en étouffant les pouvoirs locaux. », à l’époque c’était les GAM (groupe d’action Municipale) chers à Hubert Dubedout qui a conquis Grenoble.

 

Les jacobins de tous les bords le raillent, se moquent, et rappelez-vous bien plus tard, lors de son discours de politique générale les moqueries pour son souci des réparations des cages d'escalier, des ascenseurs, des halls d'entrées des HLM dans les quartiers dégradés.

 

La 2ième gauche, le Rocard’Estaing cher aux cryptocommunistes du CERES de Chevènement et des Poperénistes...

 

Les assemblées générales, qui ont décidé de l’occupation du site pour défendre l’emploi et les salaires, ont rythmé la vie des Lip.

 

Mais revenons à l’aventure post-soixante-huitarde de l’entreprise LIP.

 

« En juin 1973, le mouvement de protestation au sein de l’horlogerie LIP de Besançon va leur donner l’occasion d’expérimenter leur idéal. Pour  éviter les licenciements massifs dans cette entreprise en grave difficulté, les employés se saisissent des stocks de montres et relancent la production en privilégiant une commercialisation en circuit court. Le PSU est au cœur de l’expérience, notamment par l’intermédiaire du principal animateur du mouvement Charles Piaget, membre du parti, ainsi que de la CFDT. Michel Rocard lui aussi s’y implique, participant à plusieurs manifestations de soutien au ouvriers de l’entreprise autogérée, notamment la grande marche du 29 septembre qui rassemble 100 000 personnes dans la ville de Besançon. Par le biais de ses réseaux au sein du patronat, il va aider à trouver une solution de reprise, notamment auprès de ses amis José Bidegain et Antoine Riboud. C’est finalement l’un de ses proches, Claude Neuschwander, le numéro 2 de Publicis, qui prend la tête de la société à l’origine du rachat de LIP en janvier 1974. Pur faire rentrer les stocks de montres saisies les mois précédents, une rocambolesque opération va alors se mettre en place, racontée par Michel Rocard à Bernard Ravenel :

 

« Juste avant son installation, il faut récupérer l’argent des ventes et les montres non vendues. Tout doit se faire à Besançon, à l’usine. Un réseau de camionneurs syndiqués CFDT est mis en place. On prévient le préfet pour qu’il n’y ait pas de contrôle, sinon c’est le bordel. Il y aura une nuit sans patrouille dans la région. Dans au moins un cas, un équipage de camion (chauffeur et accompagnateur) aura une mitraillette sur les genoux, contre quiconque empêcherait de passer… Vers minuit et demi arrivent beaucoup d’argent, un paquet de montres dont beaucoup, pas toutes, viennent de couvents. Un autre camion part dans la nuit pour Paris avec l’argent enrobé dans des colis circulaires, des « tommes de fromages ». Arrivée à 4 heures du matin à Pari, où Bidegain et Riboud attendent pour récupérer l’argent et le « légaliser ». Vers 5 heures du matin, ils sont là avec un membre de la FGM-CFDT, Riboud prend livraison des « fromages », il réveille au téléphone son ami banquier de la Compagnie financière, filiale de Rothschild, de Fouchier : « venez en urgence, j’ai arrangé des fromages » De Fouchier, irrité, se rend à 6 h 30 à sa banque. Le veilleur de nuit, stupéfait, ouvre la salle des coffres et on descend l’argent sous forme de colis, tout est décompté, enregistré comme support en capital. Le trésor des Lip est entré dans la légalité. »

 

Mais le projet ne convainc pas les investisseurs. À la tête  de l’entreprise, Claude Neuschwander tente de prolonger l’autogestion ouvrière. Mais il est bientôt désavoué par les patrons qui l’ont soutenu, dont Antoine Riboud, PDG de BSN-Danone. Le gouvernement aussi, confronté désormais à la crise économique, lâche l’entreprise. Lip doit finalement fermer deux ans plus tard. À cette date, Michel Rocard n’est plus au PSU.

 

Michel Rocard

 

De l'usine Lip à Besançon, « il ne reste plus que le nom » ICI 

 Par Audrey Fisne  |  25/05/2018

 

Rachetée in extremis, l'usine ne survivra pas au nouveau capitalisme « où la finance » et « l'intérêt de l'argent sont au cœur de l'économie », explique Claude Neuschwander, le repreneur de l'entreprise en 1974

Les paroissiens de Palente

Quelques écrits du TAULIER

 

Le silence qui s’ensuivit marquait le triomphe du malingre. Il jouissait de son avantage car évoquer devant moi le souvenir du gourou de la Gauche Prolétarienne c’était, il le savait le bougre, me replonger dans un temps où le grand n’importe quoi régnait en maître. Poursuivant son avantage Duruflé, après avoir lampé son Bas-Armagnac, ricanait : « C’était le gros Geismar qui pilotait une vieille 4L vers Palente. Un peu avant l’usine, quelques camarades locaux les attendent. J’en suis car j’étais déjà des deux bords. Quand on s’aperçoit que le Benny est flanqué de Geismar ça gueule sec. «Putain, tu te prends pour un touriste. Franchement si tu pointes ta tronche dans l’usine tout le monde va se dire que les maos viennent foutre la merde dans notre grève… » Le pépère Geismar il n’en revenait pas. Ni une, ni deux, il se retrouvait accroupi au fond d’une bagnole qui, deux précautions en valaient mieux qu’une, le déposait sur le quai de la gare de Dijon pour embarquer dans le premier train pour Paris. Pendant ce temps-là, tel un brave visiteur, « Pierre Victor » dont nul ne connaît le visage du côté de Palente, franchit les grilles de l’usine, accompagné de deux ouvriers de chez Renault, sans encombre. Même qu’il se fait cornaqué par un responsable de l’accueil. Tout lui est ouvert, même les AG, à la condition qu’il respecte la libre parole et bien sûr ne participa pas aux votes. Le gars qui les accueille c’est Jean Raguenès, OS chez Lip depuis 3ans, dont Benny Levy, qui a son service de renseignement, sait que c’est un père dominicain détaché de son couvent qui fut, en mai 68, l’aumônier des étudiants en droit et qu’il a défendu les katangais de la Sorbonne… »

 

Y’a pas photos les mecs, même si je n’aime pas beaucoup mes curés, Piaget et Raguenès, qui ne pouvaient pas se piffer, c’étaient des couillus et même l’archevêque de Besançon, Marc Lallier, il n’envoyait pas dire ce qu’il avait envie de dire. Pas de la petite bière qui défile pépère de République à Nation, des gars qui sont capables de mettre la main sur le trésor de guerre de Lip. Opération commando à la nuit tombée qui investit la « chambre froide », là où sont stockés le disponible, vingt-cinq mille montres prêtes pour la vente, et qui met ce petit trésor en lieu sûr. Le « casse social » du siècle ! Le camarade Benny Levy à l’impression de vivre le scénario idéal, pur et dur en direct et il est partagé entre le malaise et la jubilation… L’illégalité des larges masses c’est le credo de la GP et ça le fait bander, si tant est qu’il bandât ; mais ce qui le trouble c’est que ce mouvement est entre les mains des révisionnistes modérés, Piaget CFDT et PSU est de ce type de catho dévoué qui n’est pas vraiment la tasse de thé de « Pierre Victor » qui haïssait les syndicalistes légaux.

 

Qui se souvient du « discours de Marseille » d’Antoine Riboud du 25 octobre 1972 aux Assises du CNPF ?

 

« La responsabilité de l'entreprise ne s'arrête pas au seuil des usines ou des bureaux. Les emplois qu'elle distribue conditionnent la vie entière des individus. Par l'énergie et les matières premières qu'elle consomme, elle modifie l'aspect de notre planète. Le public se charge de nous rappeler nos responsabilités dans cette société industrielle. (...) La croissance ne devra plus être une fin en soi, mais un outil qui, sans jamais nuire à la qualité de vie, devra au contraire la servir ».

Une lettre de Claude Neuschwander ICI

 

Claude Neuschwander, responsable de l'entreprise, lui-même proche du PSU à cette époque, qui a démissionné en février 1976, nous a adressé la lettre suivante.

Lip, une mémoire ouvrière ICI

LES LIP, L'IMAGINATION AU POUVOIR de Christian Rouaud

 

« Lip, c'est fini ! », déclare le 15 octobre 1973 Pierre Messmer. Le Premier ministre de Pompidou a tort. Après six mois de lutte syndicale, les salariés de l'usine de montres de Palente (Doubs) veulent toujours sauver leur entreprise, en dépôt de bilan depuis avril. Le dénouement aura lieu trois ans plus tard, le 28 novembre 1977, avec la transformation de l'usine en six coopératives, Les Industries de Palente _ des initiales qui sonnent toujours : « LIP ».

LIP, Une maison horlogère Française ancrée dans l’histoire ICI

 

LIP a fait partie des grandes maisons horlogères mondiales, et a pendant longtemps représenté le savoir-faire français des montres à l’international. Les valeurs de la marque se basent sur des innovations techniques importantes et sur des efforts permanents pour rester à l’avant-garde du secteur horloger. Avec des origines remontant à plus de 150 ans, l’aventure LIP n’a pas toujours été facile, mais elle s’est inscrite dans l’histoire et continue de surprendre…

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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 06:00

 

Le 10 mai 1968, rue de la Santé à Paris  Photo Claude Dityvon. Courtesy Millon

Le Quartier latin cher au jeune Patrick Modiano a fait irruption dans la campagne française profonde, en mai 68, par les ondes des radios que l’on dénommait périphériques (Europe N°1, Radio-Luxembourg, Radio Monte-Carlo… car elles émettent hors du territoire national)  qualifiées de « radios barricades », pendant que les émetteurs de l'ORTF sont occupés par l'armée. (1)

 

Les affiches de l'atelier populaire  des Beaux-Arts au service du mouvement de Mai 68

Frédéric Beigbeder, qui a 2 ans parle de ses jours tranquilles à Neuilly le 8 mai 1968 ICI 

 

« Un jardinier en salopette taille les haies de lauriers avec un sécateur rouge. Le 8 mai 1968, j’ai 2 ans et demi ; j’habite une maison avec parc dans un quartier résidentiel bourgeois de la banlieue ouest de Paris. Je pédale sur un tricycle rouge autour d’un chêne centenaire. J’apprends les règles du croquet : à l’aide d’un maillet, il faut faire passer une boule en bois à travers des arceaux, mais mon frère semble plus enclin à viser mes tibias. Ma nurse allemande se prénomme Ann-Gret ; après une adolescence militante dans les Jeunesses hitlériennes, suivie d’une grosse déception militaire, elle s’est réfugiée chez nous avec son loden vert et son chignon gris. Elle promène Charles et moi autour de la mare Saint-James. Nous jetons du pain de mie aux canards pour qu’ils sortent de l’eau. Les marronniers de l’avenue de Madrid sont en fleurs. La brise emporte les pétales blancs dans les airs, comme s’il neigeait au printemps. Les rues et les jardins de Neuilly-sur-Seine sont blanchis par le pollen qui colle à la rosée ; certains résidents âgés sont pris de quintes de toux. Un policier en képi siffle quand des garçons en culotte courte jouent au football sur la pelouse interdite. Ce sera la seule infraction notable de la journée. Un homme portant un chapeau blanc pêche dans le lac ; je n’avais jamais imaginé qu’il puisse nager des poissons dans cette eau croupie. »

 

[…]

 

Notre maison est protégée par une grille surmontée de pointes vertes. A la télévision, les actualités en noir et blanc annoncent l’intronisation de monseigneur Marty, nouvel archevêque de Paris, portant la mitre et la crosse en la cathédrale Notre-Dame, puis des échauffourées entre la police et les étudiants devant le café-tabac Le Cluny, à l’angle des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain (mais le reportage ne diffuse pas le son des explosions).

 

Cinquante ans plus tard, je sais qu’Alain Geismar a pleuré ce jour-là rue Saint-Jacques, pas seulement à cause des gaz lacrymogènes, mais parce que, en ce 8 mai 1968, à la suite d’une négociation secrète avec le gouvernement, les étudiants de la Sorbonne ont failli renoncer à la révolution, avant de se raviser dans la soirée. Ce fut «une journée de doute et d’amertume».

 

Le 8 mai 1968, le calme revient à Paris. Les étudiants ont déposé les pavés. Les CRS, temporairement, ne jouent plus de la matraque, « la gomme à effacer les sourires », comme dit l’un deux. Mais la police et les CRS bouclent le Quartier Latin, autour de la Sorbonne et du boulevard Saint-Michel.

 

Dans la presse, le Canard enchaîné titre « Pas de quartier… Latin ». Le Figaro est rebaptisé par les étudiants Le Flicaro. Dans France-Soir, on peut lire cette offre d’emploi : « Urgent, 2.500 postes à pourvoir dans la police, gardiens, officiers, formations accélérées et avenir assuré, se présenter au 39, rue Henri Barbusse dans le 5e arrondissement. »

L'insolence des radios périphériques

Mai 68, le meilleur des ondes ICI 

 

Face à l'ORTF, verrouillé par le pouvoir gaulliste, les deux radios périphériques, Europe 1 et RTL, ont montré leur force et leur savoir-faire. C'est à leur écoute que la France a suivi, jour et nuit, le cours frénétique des événements.

 

Les états-majors d'Europe 1 et de RTL prennent vite conscience de l'importance des événements. Ces deux radios dites périphériques, parce que leurs émetteurs sont basés hors des frontières (au Luxembourg pour RTL, en Allemagne pour Europe 1), bataillent pour grignoter des parts d'audience à France-Inter, la radio publique, à l'époque la plus écoutée. Théoriquement indépendantes du pouvoir, RTL et Europe 1 (dont l'actionnaire principal est un organisme d'Etat, la Sofirad) sont néanmoins sous contrôle gaulliste, mais bénéficient d'une liberté éditoriale supérieure à la radio publique concurrente. Celle-ci n'ignorera pas les événements. Les journalistes de France-Inter seront sur le terrain au moment des grands affrontements, mais la couverture qu'ils en feront sera "plus sobre", comme le reconnaît aujourd'hui Jacqueline Baudrier, à l'époque rédactrice en chef des journaux parlés de la radio publique. C'est donc surtout sur les radios périphériques que le public va suivre heure par heure, jour et nuit, le cours frénétique des événements.

 

Les rédactions sont mobilisées vingt-quatre heures sur vingt-quatre. En 1968, Europe 1 est "la" radio d'info. Son équipe s'est rodée au grand reportage pendant l'Algérie, la guerre de six jours, le Vietnam. RTL est davantage orientée vers le divertissement, mais va vite casser sa grille pour donner la priorité à l'information. Dès le 3 mai, rue François-Ie, au siège d'Europe 1, le patron et les responsables de la rédaction (Maurice Siegel, directeur général, Jean Gorini, directeur de la rédaction, Jacques Paoli, rédacteur en chef) s'installent autour d'une grande table avec téléphones et télex. Ils ne la quitteront plus pendant un mois. Les "barons" de la station sont pour la plupart à l'étranger, comme Julien Besançon, grand reporter de retour de Saïgon, envoyé en Afghanistan pour suivre la visite officielle du premier ministre, Georges Pompidou. Et, en attendant qu'ils reviennent, les jeunes reporters sont envoyés au coeur de l'action. L'importance des mots Ceux-ci (Fernand Choisel, spécialiste sportif, Bernard Lalanne, Claude Manuel, Pierre Lavigne, François Jouffa ou Alain Cancès...), comme ceux de RTL, ont vingt-cinq ans de moyenne d'âge, celui des étudiants, dont ils se sentent naturellement proches. Alors que la fameuse émission d'Europe 1 "Salut les copains" s'essouffle, la direction a demandé à François Jouffa de créer un nouveau magazine, "Campus", qui s'adresse à ceux que "l'avant garde et la nouveauté séduisent". Public visé : les étudiants. Dès le 4 avril, jour de son lancement, Jouffa consacre son émission à l'assassinat de Martin Luther King. Quelques jours plus tard, il replonge dans l'actualité immédiate avec l'attentat contre Rudi Dutschke, le leader des étudiants socialistes allemands. Il invite en direct des militants du SDS, qui dénoncent "la presse fasciste de Springer". C'en est trop pour la direction d'Europe, dont l'émetteur est en Sarre.

La Place de l'Etoile” : Modiano au firmament dès son premier roman ...

Le Déjeuner des barricades - Pauline Dreyfus ICI 

Publié par Thierry L. sur 3 Septembre 2017, 07:36am

« En mai 68 Patrick Modiano est sur les barricades. Non comme insurgé mais comme journaliste pour Vogue. Dans cette revue pas vraiment gauchisante, il signe un article ironique et distancié sur les « évènements » intitulé Un printemps unique. Le jeune écrivain qui vient de publier La Place de l’Étoile, ouvrage plein de bruit et de fureur sur l’occupation, a du mal à prendre au sérieux l’embrasement du Quartier latin : « Je doute, écrit-il, que les dates de notre guerre en dentelles figurent un jour dans l’histoire au même titre que la bataille de Poitiers… »

 

Au-delà de la farce des petits bourgeois jouant à la Révolution, le quadrillage du Quartier latin l’effraie « Pour moi, c’était l’Occupation qui recommençait. C’était une espèce de Paris policier, et ça me foutait la trouille. Je vivais dans une terreur paranoïaque, comme si c’était la rafle de 1942. »Libération  du 2 septembre 1975, cité par Denis Cosnard.

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J’ai souvenir dans Fleurs de Ruine : Hôtel de l’Avenir. Quel Avenir ?

 

Ce dimanche soir de novembre,  j’étais dans la rue de l’Abbé-de-l’Épée. Je longeais le grand mur de l’Institut des sourds-muets. À gauche se dresse le clocher de l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas. J’avais gardé le souvenir d’un café de l’angle de la rue Saint-Jacques où j’allais après avoir assisté à une séance de cinéma, au studio des Ursulines.

 

Sur le trottoir, des feuilles mortes. Ou les pages calcinées d’un vieux dictionnaire Gaffiot. C’est le quartier des écoles et des couvents. Quelques noms surannés me revenaient en mémoire : Estrapade, Contrescarpe, Tournefort, Pot-de-Fer… J’éprouvais de l’appréhension à traverser des endroits où je n’avais pas mis les pieds depuis l’âge de dix-huit ans, quand je fréquentais un lycée de la Montagne-Sainte-Geneviève.(1)

 

J’avais le sentiment que les lieux étaient restés dans l’état où je les avais laissés au début des années soixante et qu’ils avaient été abandonnés à la même époque, voilà plus de vingt-cinq ans. Rue  Gay-Lussac – cette rue silencieuse où l’on avait jadis arraché  des pavés et dressé des barricades –, la porte d’un hôtel était murée et la plupart des fenêtres n’avaient plus de vitres. Mais l’enseigne demeurait fixée au mur : Hôtel de l’Avenir(2). Quel Avenir ? Celui, déjà révolu, d’un étudiant des années trente, louant une petite chambre dans cet hôtel, à  sa sortie de l’École normale supérieure (3), et le samedi soir y invitant ses anciens camarades. Et l’on faisait le tour du pâté d’immeubles pour voir un film au studio des Ursulines (4). Je suis passé devant la grille et la maison blanche aux persiennes, dont le cinéma occupe le rez-de-chaussée. Le hall était allumé. J’aurais pu marcher jusqu’au Val-de-Grâce, dans cette zone paisible où nous nous étions cachés, Jacqueline et moi, pour que le marquis n’ait plus aucune chance de la rencontrer. Nous habitions un hôtel au bout de la rue Pierre-Nicole. Nous vivions  avec l’argent qu’avait procuré à Jacqueline la vente de son manteau de fourrure. La rue ensoleillée, le dimanche après-midi. Les troènes de la petite maison de brique, en face du collège Sévigné. Le lierre recouvrait les balcons de l’hôtel. Le chien dormait dans le couloir de l’entrée.

 

J’ai rejoint la rue d’Ulm. Elle était déserte. J’avais beau me dire que cela n’avait rien d’insolite un dimanche soir, dans ce quartier studieux et provincial, je me demandais si j’étais encore à Paris. Devant moi, le dôme du Panthéon. J’ai eu peur de me retrouver tout seul, au pied de ce monument funèbre, sous la lune, et je me suis engagé dans la rue Lhomond. Je me suis arrêté devant le collège des Irlandais. Une cloche a sonné huit coups, peut-être celle de la congrégation  du Saint-Esprit dont la façade  massive s’élevait à ma droite. Quelques pas encore, et j’ai débouché sur la place de l’estrapade. J’ai cherché le numéro 26 de la rue des Fossés-saint-Jacques.  Un immeuble moderne, là devant moi. L’ancien immeuble avait sans doute été rasé une vingtaine d’années auparavant.

 

 

 

1- Le Lycée Henri IV – 23 rue Clovis

 

« … j’ai été pensionnaire au lycée Henri-IV, c’est-à-dire enfermé dans la ville où vivaient mes parents, et cela m’a semblé encore plus dur à vivre. »

 

Patrick Modiano est interne (puis externe à Henri-IV, de septembre 1962 à juin 1964, date de l’obtention de son second baccalauréat. Dans Éphéméride, une nouvelle publiée en 2002 au Mercure de France, il évoque son passage au lycée de la place du Panthéon : « Mon père est venu une seule fois me rendre visite dans cet établissement […] Je revois la silhouette de mon père, là, sous le porche, mais je ne distingue pas son visage, comme si a présence dans ce décor de couvent médiéval paraissait irréelle. La silhouette d’un homme de haute taille, sans tête. »

 

2- L’Hôtel de l’Avenir – 50, rue Gay-Lussac

 

L’hôtel qui vit les pavés voler et les barricades s’élever sous ses fenêtres a changé d’enseigne en devenant l’hôtel Latin. En, 2004, les propriétaires l’agrandissent en rachetant l’hôtel du Progrès, voisin.

 

3- l’École normale supérieure – 45, rue d’Ulm

 

« Je me répétais sans cesse : « La rue d’Ulm, la rue d’Ulm ! » et le feu me montait aux joues. En juin, je réussirai le concours de l’École. Je « monterai » définitivement à Paris. » La Place de l’Étoile.

 

Modiano, en hypokhâgne, aurait-il vaguement esquissé le désir d’entrer à Normale Sup’ ? C’est peu probable compte tenu de son statut d’ « étudiant fantôme ». En aurait-il rêvé littérairement ? Il est vrai que la rue d’Ulm est un cénacle dont les élus mettent leurs pas dans ceux d Jean Giraudoux, de Jules Romain, de Jean-Paul Sartre ou de Julien Gracq…

 

4- Le Studio des Ursulines – 10, rue des Ursulines

 

« J’avais gardé le souvenir d’un café à l’angle de la rue Saint-Jacques où j’allais après avoir assisté à une séance de cinéma au Studio des Ursulines. »

 

En 1926, l’acteur Armand Tallier ouvre le Studio des Ursulines avec la volonté de programmer « tout ce qui représente une originalité, une valeur, un effort nouveau, sans distinction de genre ou de nationalité ». Précurseur des salles d’art et essai, ce cinéma a conservé, comme le Panthéon voisin et le studio 28 à Montmartre, sa façade d’origine. Patrick Modiano s’y serait-il rendu au début des années 1960, pour voir Jules et Jim de François Truffaut ? Il aurait pu y reconnaître une scène tournée… dans le foyer du Studio des Ursulines.

 

SOURCE :

 

 

L'ORTF et De Gaulle vus par les affiches de l'atelier populaire des Beaux-arts

Quand Michel Drucker était révolutionnaire

 

Le 22 mai, les journalistes de la radio élisent un "Comité des cinq" pour surveiller l’objectivité de l’information. Réaction du général de Gaulle : "Mettez les trublions à la porte et puis voilà ! » Les journalistes de télévision rejoignent l'intersyndicale le 23 mai sans forcément cesser le travail. Le vendredi 24 mai, à 20 heures, la radio et la télévision diffusent la première allocution du Général.

 

En juin 1968, le comité de grève des journalistes de l'ORTF veut clairement sortir de l'emprise du pouvoir. Il déclare que l'ORTF doit être "au service des 30 millions de téléspectateurs et d'auditeurs et non pas d'une propagande partisane".

 

Dès le début du mois de juin sont annoncées les démissions de Pierre de Boisdeffre, directeur de la radio, d'Emile Biasini, directeur de la télévision, et celle d'Edouard Sablier, directeur de l'information.

 

La direction et le ministère de tutelle essaient de séduire en proposant des avancées matérielles, mais ne cèdent en rien sur la liberté d’information ou l’autonomie des rédactions. Les journalistes de la radio suspendent la grève le 27 juin, bientôt suivis des réalisateurs et producteurs. L'Union des journalistes de la télévision vote la reprise du travail le 13 juillet.

 

50 journalistes ont été licenciés, d'autres sont mutés ou envoyés à la retraite d'office. Les "punis" de Mai-68 s'appellent Michel Drucker, François de Closets, Thierry Roland, Emmanuel de la Taille, Frédéric Pottecher, Roland Mehl, Jean-Pierre Elkabbach, Edouard Guibert.  Beaucoup ont bien rebondi depuis.

 

La reprise en mains

 

En 1969, Georges Pompidou resserre les boulons : l'ORTF passe de la tutelle d'un ministère de l'Information à celle du Premier ministre, directement.

 

Etre journaliste à l'ORTF, ça n'est pas la même chose qu'être journaliste ailleurs. L'ORTF, qu'on le veuille ou non, c'est la voix de la France.

Il pleut sur… la Faculté de Droit du Panthéon (stéréoscopie)

Jour de pluie sur le Panthéon et la Faculté de Droit, rue Soufflot (image extraite de vues stéréoscopiques de Julien Damoy, série n° 4. Rue Soufflot-Le Panthéon. Héliotypie d’E. L. D. Le Deley).

Le quartier latin, entre la Sorbonne, Odéon et Saint Michel, les jeunes de toujours s’y installaient pour vivre dans l’effervescence de la capitale française. Depuis le Moyen-Âge, le quartier était un repaire pour tous les étudiants. C’est d’ailleurs de cette époque que son nom est tiré. En effet, de nombreuses écoles y étaient installées. Les cours étaient alors dispensés en latin et il n’était pas rare d’entendre cette langue “morte” dans les rues. Époque révolue même si on y trouve toujours de prestigieux établissements scolaires comme Louis-le-Grand, Les Beaux-Arts, les Mines ou encore Henri-IV. Normale Sup’ est à la lisière mais depuis mai 68 et la rue Gay-Lussac l’extension est passé dans le langage courant.

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16 mai 2020 6 16 /05 /mai /2020 06:00

 Emmanuel Macron chez le Docteur Knock

Avant la date du déconfinement j’ai fixé mes priorités : les livres, la réparation d’une de mes paires de lunettes, un rendez-vous chez mon médecin traitant.

 

Pour ce dernier pour prendre un rendez-vous c’est via Doctissimo (Créé en 2000 par MM. Laurent Alexandre et Claude Malhuret, deux médecins proches de la droite libérale, Doctissimo est l’un des pionniers français de l’information en ligne sur la santé destinée au grand public. Racheté par le groupe  Lagardère, en 2008, qui l’a vendu à TF1 pour 15 millions d’euros.)

 

Donc je me tape le parcours, choisis le jour et l’heure, je confirme et là j’apprends que ce ne sera pas mon médecin-traitant mais son assistante, une interne. Ça ne me dérange pas vu que ma visite a pour but le simple renouvellement d’une ordonnance et un questionnement sur la stratégie de mon déconfinement.

 

Le 14, je me pointe à l’heure, masqué, je fais salle d’attente dans la cour, pas envie d’être confiné, 35 minutes de retard c’est une tradition médicale, je fais les 100 pas pour me réchauffer. La jeune interne se pointe, je la suis. Je m’assois. Je lui dis que tout va bien et je lui fais part du but de ma visite. Elle m’écoute à peine car elle pianote sur son clavier d’ordinateur. Pour meubler je lui explique mon parcours de confiné solitaire, aucun symptôme, sorties a minima… Manifestement ce qu’elle découvre sur l’écran ne lui plaît pas. Je ne suis pas un bon patient : pas de prises de sang depuis deux ans, mon hypertension : je lui réponds qu’elle est sous contrôle, mon cœur, je lui réponds que l’ablation de mon syndrome de Kent date de 30 ans et que le contrôle cardio pré opération de la hanche était excellent. Ça ne la satisfait pas, elle me balance le dépistage du cancer colorectal, je lui réponds que je reçois les papiers de l’Assurance Maladie mais que je ne fais pas. Ça la chagrine. Elle prend ma tension, j'en ai un peu, je lui indique que c'est parce que je me suis impatienté mais que je surveille ma tension avec une petite machine achetée sur les conseils de mon médecin-traitant et que je suis le protocole à la lettre. Suis un bon patient. Un peu pincée, elle me demande de remplir les tableaux as hoc pour les apporter à la prochaine consultation. J'opine.

 

Puis, en quelques phrases bien senties je lui fais part de ma conception des rapports que j’ai avec mon médecin-traitant et que celui-ci l’a comprise. Enfin, je lui balance que ma première épouse travaillait à l’Institut Curie avec le Dr Calle, père de Sophie Calle artiste déjantée, que le Dr Calle était l’un des plus grands collectionneurs d’art moderne, ses patients le payaient en tableaux, qu’il avait fondé avec Jean Bousquet, Cacharel, le musée d’art moderne de Nîmes. Là je la sens déstabilisée, au bord de la panique, elle rend les armes. Je lui demande de me bloquer une date de rendez-vous avec mon médecin-traitant. Ce qu’elle fait. Je règle. Je la salue en la rassurant « Vous êtes jeune,  je vous comprends… »

 

En rentrant sur mon vélo j’ai repensé à l’épilogue du livre de Luc Perino, Patients zéro. Je l’ai relue et pile poils ça tapait juste.

 

 

Quels seront les acteurs de la médecine du futur ?

 

Pour répondre à cette question, il faut revisiter l’histoire en séparant les deux grands domaines de l’action médicale  que sont le diagnostic et le soin, et dont les parcours historiques ont été très différents et rarement convergents. Ce n’est pas parce qu’il y a des cathédrales que l’histoire de la théologie peut être comparée à celle de l’architecture. Ce n’est pas parce que nous guérissons certaines maladies que l’on doit confondre l’histoire du diagnostic avec celle du soin, comme cela a trop souvent été fait. Aujourd’hui encore, les progrès de l’un et de l’autre sont rarement coordonnés.

 

Le soin existe depuis des millions d’années, depuis la reproduction sexuée, depuis que la survie de certaines espèces dépend des soins parentaux. Chez les primates que nous sommes, chacun est un jour le soignant d’un autre. L’épouillage a précédé de loin les trois cents types de psychothérapies actuels. Les matrones, barbiers et arracheurs de dents n’ont pas attendu la césarienne et la microchirurgie pour prodiguer des soins de qualité. Dans nos pays, les métiers du soin se comptent par centaines, alors que  le diagnostic est réservé aux seuls médecins. Inversement, le soi n’a jamais été et ne sera jamais une exclusivité médicale. Les médecins y tiennent un rôle mineur. L’empathie, l’altruisme et la coopération relèvent naturellement de l’écologie comportementale, les médecins n’en sont ni mieux ni moins pourvus que les autres. Le soin est biologique et universel.

 

Quant au diagnostic, il est né après les premières formes de culture animale. Les chimpanzés savent probablement diagnostiquer une parasitose intestinale, puisqu’ils ingèrent des feuilles non digestibles dont les trichomes (poils) emprisonnent les parasites qui sont alors éliminés dans les selles. Homo sapiens a franchi une nouvelle étape en faisant du diagnostic un métier. Contrairement au soi, biologique et universel, le diagnostic est culturel et spécifique. Le diagnostic est une science où les médecins excellent depuis deux ou trois siècles. Ils en protègent farouchement l’exclusivité, avec raison. Rares sont ceux qui osent contester cette prérogative.

 

Mais les médecins ont tort quand ils revendiquent un monopole sur le soin, car les rencontre fructueuses entre diagnostic et soin relèvent généralement de la contingence. Pasteur ignorait tout de l’immunologie. La grande majorité des médicaments ont été découverts empiriquement bien avant que l’on ne connaisse leur action physiologique. Les citrons ont soigné le scorbut avant que l’on ne découvre que nos organismes sont incapables de synthétiser la vitamine C. C’est par le plus grand  des hasards que les neuroleptiques ont permis de supprimer la camisole de force. Inversement, de nombreux médicaments ont été découverts sur un mécanisme d’action théoriquement parfait se révèlent sans effet clinique.

 

Nous pouvons délimiter une très brève période où le diagnostic théorique et le soin pratique se sont rejoints pour un vrai bénéfice sanitaire. Elle commence en 1921 avec la synthèse de l’inuline après avoir compris la physiopathologie du diabète type 1. Elle se poursuit avec les antibiotiques dans les années 1940 après la compréhension du rôle pathogène des micro-organismes. Elle se prolonge avec la mise en place des essais cliniques dans les années 1960 pour quelques médicaments innovants… Elle se termine dans les années 1980 sous l’effet de la prédominance du marché sur la politique et l’enseignement, lorsque, par impuissance, angélisme ou fatalisme, les ministères ont laissé les industries sanitaires biaiser la science clinique et orienter les diagnostics et les soins.

 

Fort heureusement, cette domination du marché est arrivée alors que notre espèce avait atteint un optimum d’espérance moyenne de vie, grâce à de nombreux autres progrès techniques, politiques et sociaux. Les quelques scandales retentissants comme celui du thalidomide et les autres (Distibène®, Vioxx®, glitazones, Mediator®, etc.) ont tué et lésé des milliers de personnes sans avoir d’impact statistiquement mesurable sur la santé publique.

 

Les soins d’aujourd’hui sont prodigués par un nombre croissant d’acteurs ; ils errent entre la plus grande rigueur scientifique et les plus extravagants obscurantismes. Les rayons de supermarché regorgent de produits dont l’étiquette vante les effets sanitaires. Le journal de 0 heures annonce chaque jour la guérison prochaine d’un cancer ou d’une maladie orpheline. Le magnétisme et la divination renaissent et partagent l’affiche avec les cellules-souches et les anticorps monoclonaux.

 

De son côté, le parcours culturel du diagnostic a franchi deux ultimes étapes dans nos sociétés d’abondance.

 

  • D’une part, il est devenu obligatoire ; la mort naturelle a disparu : le médecin doit inscrire la cause de la mort sur les certificats de décès.

 

  • D’autre part, il est devenu indépendant du vécu des malades, puisque ce sont désormais les médecins qui proposent les « maladies » dont les patients n’ont jamais ressenti le moindre symptôme : ostéoporose ou hypercholestérolémie, anévrismes ou cancers dépistés. Les maladies sont virtuelles, la médecine n’a plus besoin de malades.

 

Reprenons alors la citation introductive de Canguilhem :

 

« C’est parce qu’il y a des hommes qui se sentent malades qu’il y a une médecine, et non parce qu’il y a des médecins que les hommes apprennent d’eux leurs maladies. »

 

Ce n’est plus vrai aujourd’hui, car ce sont le plus souvent les médecins qui apprennent leur maladie aux hommes. Le plus surprenant est la docilité avec laquelle nos concitoyens acceptent des diagnostics de maladies qu’ils n’ont jamais vécues.

 

[…]

 

Pour rester résolument optimiste et produire encore une belle médecine, il faudra séparer de nouveau le diagnostic et le soin, comme ils l’ont toujours été dans l’histoire. Puisque le soin a été investi par tant de leurres et de cupidités, la recherche biomédicale gagnerait à ne plus s’en préoccuper directement. Ne médecine qui chercherait juste à comprendre l’histoire d’Homa sapiens et de ses maladies, qui l’enseignerait aux enfants et aux adultes en les laissant libres d’en tirer profit.

 

C’est ma philosophie, et je n’en changerai pas, de quoi me plaindrais-je ?

 

Presque 72 années, marquées seulement par des soucis mécaniques : un syndrome de Kent de naissance, évacué ; des polypes dans les sinus, évacués ; des soucis de vertèbres, évacués ; une lourde gamelle à vélo, surmontée… Je fus un migraineux chronique, des migraines qui me terrassaient, d’une violence inouïe allant jusqu’à des vomissements de bile, un cycle immuable de 48 heures, sans soulagement médicamenteux, la migraine n’intéresse pas la médecine, la vieillesse m’a  débarrassé de mes migraines. Depuis une vingtaine d’années je souffre d’acouphènes, un bourdonnement continu dans les oreilles, je vis avec. Ce sont mes maladies, sans soins connus de la médecine, alors celles que j’ignore je n’ai nulle envie de les connaître afin de me retrouver dans les couloirs des hôpitaux.

 

« La santé c'est la vie dans le silence des organes » formule du chirurgien René Leriche, datée de 1936.

 

Leriche précise bien que sa définition est celle du malade et non de la médecine. Il sait que le silence des organes n’exclut pas la présence de la maladie. Mais il ne fait pas de la santé « une affaire interne » qui ne concernerait que le malade lui-même.

 

Georges Ganguilhem qui citera fréquemment la formule de Leriche, parlera de « la santé : concept vulgaire et question philosophique ». Il écrira : « Il n’y a pas de science de la santé… Santé n’est pas un concept scientifique, c’est un concept vulgaire. Ce qui ne veut pas dire trivial, mais simplement commun, à la portée de tous. »

 

Pour Leriche, la douleur est « un phénomène individuel monstrueux et non une loi de l’espèce. Un fait de maladie ». « La maladie, c’est ce qui gêne les hommes dans l’exercice normal de leur vie et dans leurs occupations et surtout ce qui les fait souffrir », ajoute-t-il. C’est de la demande du malade que naît la médecine et donc la clinique. On rappelle que parmi les invariants formels de la médecine, mentionnés par Georges Lantéri-Laura et qui permettent de la distinguer de l’art du guérisseur et de la magie, il insiste sur la préséance de la clinique.

 

La douleur est le symptôme qui vient briser la vie dans le silence des organes et amener le malade à consulter.

 

« C’est la vie entière qui est devenue comme une maladie », souligne Pascal Bruckner en évoquant la surmédicalisation qui transforme un moyen, la santé, en une fin. Il ajoute : « On n’est plus en quête d’une simple norme qui inclut défaillance, creux, dépressions, passages à vide, mais d’une “super-norme”. »

 

Je voulais titrer « En revenant de la revue » en référence à la chanson mais lorsque la médecine s’empare de la notion de santé, c’est au docteur Knock, auteur d’une thèse « Sur les prétendus états de santé » que j’ai ensuite pensé.

 

« Tomber malade », vieille notion qui ne tient plus devant les données de la science actuelle. La santé n’est qu’un mot, qu’il n’y aurait aucun inconvénient à rayer de notre vocabulaire. Pour ma part, je ne connais que des gens plus ou moins atteints de maladies plus ou moins nombreuses à évolution plus ou moins rapide. Naturellement, si vous allez leur dire qu’ils se portent bien, ils ne demandent qu’à vous croire. »

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15 mai 2020 5 15 /05 /mai /2020 06:00

 

 

Ce fut, tel un mort de faim qui je me ruai, masqué et ganté, à la librairie Gallimard  boulevard Raspail dès les premières heures du déconfinement. À l’intérieur, liberté d’aller et de venir, masque obligatoire : un vieux monsieur très 7e qui en était dépourvu dû battre en retraite, offusqué, je pus donc pratiquer ma glane habituelle. Je filai ensuite à l’Écume des Pages, boulevard Saint-Germain, et je terminai chez Compagnie rue des Écoles pour emplir plus encore ma besace. Ce cheminement correspondant à mon trajet de retour : rue Saint-Jacques, rue du Faubourg Saint-Jacques, boulevard Saint-Jacques. Comment voulez-vous qu’une telle succession ne monte pas à la tête.

 

La tête très précisément, mon inconscient de confiné de quasiment 60 jours a sûrement guidé mon choix, en effet comme vous le savez la Fabrique des Salauds fut mon livre de chevet pendant ce temps de retrait du monde. C’est de retour chez moi que je l’ai constaté, en effet, sur les 12 livres achetés (dont 3 polars dont un corse, 2 gros romans : un américain et un argentin, le dernier Echenoz, le Miscellanées des fleurs et un roman pour Juliette ma petite-fille) 3 bouquins ayant trait à l’Allemagne nazie : 2 gros, je chroniquerai lorsque je les aurais lu, et 1 petit.

 

Vous le savez j’adore les petits livres.

 

Reinhard Höhn, de la SS à l'élite économique de l'Allemagne de l'Ouest

« Libres d’obéir. Le management du nazisme à aujourd’hui » Johann Chapoutot  nrf essais ; Gallimard (décembre 2019)

 

Le soir venu j’ai commencé par La septième croix d’Anna Seghers chez Métailié. Plus habitué au grand air, mes raids à vélo m’avaient fatigué, j’ai donc éteint les feux aux alentours de 23 heures. Et puis, au cœur de la nuit, je me suis payé une belle séance de crampes, normal 2 mois sans pédaler, c’est douloureux mais maîtrisable (ICI). La tempête  musculaire s’étant calmé, éveillé, j’ai décidé d’entamer le petit livre.

 

Martine Giboureau dans sa fiche de lecture ICI très complète écrit  le samedi 25 janvier 2020

 

Ce petit livre (169 pages, notes, index, table des matières compris) est passionnant car il analyse bien des aspects méconnus du nazisme (dont la vision de l’histoire des peuples et des Etats par les idéologues et juristes du IIIème Reich) et montre que des intellectuels d’avant 1945 continuent à influencer la société après 1945.

 

Tellement passionnant que j’en ai lu plus de la moitié d’une seule traite.

 

Je vous conseille de lire la fiche de lecture ou l’interview  de l’auteur dans Marianne « Le nazisme est de notre temps et de notre lieu » : le management contemporain est-il son héritier ?

 

 

Propos recueillis par Philippe Petit

Publié le 14/01/2020

 

Le nazisme n’est pas un aérolithe tombé du ciel, aime à souligner l’historien Johann Chapoutot qui publie ces jours-ci Libres d’obéir sous-titré "Le management du nazisme à aujourd’hui"* (Gallimard). Un livre remarquable qui nous dévoile la modernité du nazisme en matière d’organisation du travail et ce qu’il en reste aujourd’hui : le culte de la performance, l’obsession de la flexibilité, le mépris des fonctionnaires et de l’État. Un livre qui fait mal et nous montre combien notre relation au monde du travail est encore imprégnée de l’idéologie nazie hostile à la lutte des classes et thuriféraire d’une optimisation maximale des "ressources humaines". Nous avons demandé à l’auteur des explications.

ICI 

 

J’ai seulement sélectionné le passage sur ALDI

 

 

« Ces dernières années, Reinhard Höhn et la méthode de Bad Harzburg ont en effet de nouveau été l’objet d’une attention publique. En 2012, un cadre de la chaîne de grande distribution Aldi, monument de la société de consommation allemande depuis les années 1950 et véritable inventeur du discount a publié un livre sur sa douloureuse expérience de manager d’un centre de distribution de la firme. Dans Aldi au rabais, un ancien manager déballe tout, Andreas Staub décrit le monde oppressant du contrôle et du harcèlement permanent. Aldi se réclame fièrement, depuis des origine de la méthode de managment de Bad Hazburg, comme le précise son manuel des cadres que nous avons consulté dans sa version française intitulée : Manuel Responsable Secteur. La rubrique M4, intitulée « Manager les collaborateurs », précise :

 

 

Ce paragraphe, qui ne se distingue ni par sa qualité littéraire ni par la plus élémentaire maîtrise de la langue, n’en est pas moins éloquent : le passage obligé sur la « critique constructive » et la culture du « dialogue » ne laisse pas de doute sur ce qui est retenu de la méthode de Bad Hazburg, ou plutôt sur la manière dont celle-ci est concrètement mise en pratique. L’essentiel réside dans la fixation des « objectifs », la prescription des « délais » de réalisation et dans l’exercice du « contrôle ». C’est bien ce que décrit et, à sa suite, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel qui, le 30 avril 2012, consacre un dossier à cette entreprise « ivre de contrôle ». Dans un entretien avec le magazine, l’auteur du livre l’affirme : « le système vit sous le contrôle total et de la peur. » Tout semble bon pour assurer la « maximisation du profit » : le contrôle des tâches et de leur durée d’exécution est permanent, y compris au moyen de caméra filmant les employés. En raison de l’illégalité du procédé, Aldi préfère envoyer dans ses magasins des « contrôleurs » pour des « achats tests » qui visent à évaluer la performance des caissières. Tous les défauts et manquement sont notés – il y en a toujours fatalement un –, et servent le moment venu à justifier un licenciement. Pour « jeter quelqu’un dehors », tout l’historique du contrôle est convoqué. Au cours d’un entretien tendu, « on crée une situation de pression » totalement construite : « deux ou trois personnes accablent l’intéressé de reproches » pour le faire craquer et lui faire accepter une rupture conventionnelle (Aufhebungsvertrag) qui évite à l’entreprise de payer des indemnités de licenciement, au profit d’une somme bien inférieure. La stratégie de tension est à son comble lors de ce moment paroxystique, mais elle et également permanente, selon Straub et les journalistes du Spiegel : « Le harcèlement et la pression massive sont quotidiens. »

 

Chez Aldi-Süd, où Straub a travaillé, les « comités d’entreprises » sont inexistants, « absolument bannis […]. Le management a été clair : on ne veut se laisser importuner par personne » Il n’y a personne, donc, pour contrôler les contrôleurs.

 

Deux remarques :

 

ALDI-LEADER PRICE

 

 

  • L’une contemporaine : le 20 mars 2020 Aldi rachète Leader Price au groupe Casino pour 735 millions d’euros  ICI   et Les dessous du rachat de Leader Price par Aldi ICI  
  •  

Amazon.fr - L'ère des responsables - Papon (Maurice) - Livres

  • L’autre historique : en 1954, au moment où Reinhard Höhn prépare la création de son école des cadres de Bad Harzburg,  Maurice Papon, alors secrétaire-général de la Préfecture de Police de Paris, publie un essai de management intitulé L’Ère des responsables. « D’une plume descriptive et sans relief […] il livre avec componction ennuyeuses ses leçons de décideur pour le plus grand bénéfice du secteur public et de l’entreprise privée. » Papon après ses « ratonnades » du 17 octobre 1961, pantouflera à SudAviation, avant de devenir ministre du Budget de Raymond Barre de 1978 à 1981.
L'ère des responsables par MAURICE PAPON

Par J. F. Publié le 04 janvier 1955 Le Monde

 

Actuellement secrétaire général de la Résidence au Maroc et ancien préfet, M. Papon a rencontré le docteur Gros, créateur de la fonction de " conseiller de synthèse ". Ils ont travaillé ensemble, et l'auteur a constaté par sa propre expérience que ce rôle comportait de telles possibilités pour les " chefs " du secteur privé comme de la fonction publique qu'il avait le devoir de le leur dire.

Après une analyse serrée (1) des conditions de travail et de vie dans lesquelles les responsables, industriels, politiques, administratifs, exercent habituellement leurs fonctions, après avoir montré comment ils sont menacés à la fois par la dispersion et la spécialisation, l'auteur décrit les faiblesses qui en résultent et les difficultés que ces responsables rencontrent pour interpréter et résoudre les problèmes.

" L'homme aspire à retrouver des idées directrices, des concepts généraux pour aborder ces problèmes ou soutenir son action avec plus d'unité et de plénitude. Il lui faut restaurer l'esprit de synthèse. " Encore faut-il qu'il soit largement informé et se ménage un temps suffisant à la réflexion. Ce livre l'y invité et l'y aide.

 

Johann Chapoutot, Libres d’obéir. Le management du nazisme à aujourd’hui. Höhn

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14 mai 2020 4 14 /05 /mai /2020 12:00

EN IMAGES - 10 chiffres à connaître sur le film "Titanic" qui fête ...

Auld Lang Syne est un poème écrit par le poète écossais Robert Burns (1759–1796). Il est traditionnellement chanté à la Saint-Sylvestre (*) à minuit au moment du changement d’année. Il l’est également pour marquer un adieu ou un départ majeur (il peut donc aussi être joué lors de funérailles et aux USA il est joué lors de la commémoration de l’armistice du 11 novembre).

 

En Ecosse, il est souvent chanté à la fin d’un ceilidh. Les danseurs forment un grand cercle se donnent la main et balancent les bras d’avant en arrière. Au début du dernier couplet, chacun croise les bras sur sa poitrine et donne sa main droite à son voisin de gauche et vice-versa (c’est une erreur communément faite en dehors de l’Ecosse de croiser les bras dès le début de la chanson). Durant le dernier refrain les danseurs sautillent puis se précipitent vers le centre en se tenant toujours par la main. Ils reculent ensuite pour reformer le grand cercle et chaque danseur fait demi-tour en passant sous ses bras pour faire face à l’extérieur, mains toujours jointes avec ses voisins.     

           

« Auld lang syne » (syne se prononce comme le mot anglais « sign ») est l’équivalent anglais de « Old long since » (ou « long long ago » ou « days gone by » ou « to the good old days ») que les français ont traduit par « ce n’est qu’un au revoir ». L’expression écossaise “In the days of auld lang syne” est l’équivalent anglais de “Once upon a time” (il était une fois).

 

Pour la mélodie, on soupçonne le poète écossais de s’être inspiré de la dernière section de l’ouverture de l’opéra « Rosina » (de William Shield (1748-1829)) jouée au Covent Garden de Londres le 31 décembre 1782 et lui-même inspiré d’un strathspey appelé « The Miller’s Wedding » ou « The Miller’s Daughter ».

 

(*) Fête que les écossais appellent Hogmanay. Il y a beaucoup de curieuses coutumes associées à Hogmanay où l’on cherche à démarrer la nouvelle année en repartant de zéro :

 

- On paye ses dettes

 

- On fait un grand nettoyage de la maison (une sorte de nettoyage de printemps), et surtout on retire toutes les cendres de sa cheminée afin que nul ne puisse y lire l’avenir.

 

- Juste après minuit, on sort faire « le premier footing » pour rendre visite à ses voisins en leur apportant un morceau de charbon, du pain et une bouteille de whisky. Ces cadeaux sont un signe de bonheur (pour une jeune femme il sera d’autant plus grand si celui qui les apporte est un beau jeune homme) et atteste que l’on ne manquera pas de quoi se chauffer, se nourrir et boire. Nul ne sera admis à rentrer chez son voisin s’il oubli un seul de ces trois présents… il apporterait le malheur !

 

Jusque dans les années 1960, Hogmanay est resté plus populaire que la fête de Noël. On le doit à l’Église presbytérienne protestante d’Ecosse qui a activement cherché à décourager la célébration de Noël pendant plus de 300 ans. De ce fait, le jour de Noël a été une journée de travail normale en Écosse jusque dans les années 1960 et même les années 1970 dans certaines zones.

 

Les origines du mot Hogmany font l’objet de beaucoup de débats. Certains pensent qu’il vient de « Haleg Monath », signifiant "mois saint" dans le langage anglo-saxon, d’autres qu’il est dérivé du gaélique « oge maidne », signifiant « new morning ». Enfin certains pensent que c’est une expression française héritée de l’époque de la Auld Alliance « homme ne is » (qui signifie « l’homme est né »).

 

LES PAROLES D’AULD LANG SYNE

 

La paternité des paroles d’Auld lang syne est très controversée. Il est certain que le poète Burns a recueilli plusieurs textes plus qu’il ne les a composés. On retrouve en effet des similitudes avec la ballade "Old Long Syne" imprimée en 1711 par James Watson. Le barde écossais finit par reconnaître qu’il avait emprunté trois des couplets et que seuls deux étaient de sa composition. Tous s’accordent toutefois à dire que ceux de Burns sont les meilleurs.

 

La version de Burns a été publiée pour la première fois en 1796, après la mort du barde.   

         

La chanson est très souvent mal chantée et elle l’est rarement dans son intégralité. Aussi, en parlant de « Auld lang syne » on a pour habitude de dire : un chant « que personne ne connaît » tant les paroles en sont inversement populaires à la musique…

Plus près de toi, mon Dieu — Wikipédia

Nearer, My God, to Thee, est un choral chrétien du XIXe siècle, écrit par la poétesse britannique Sarah Flower Adams (1805-1848) sur une musique de l'Américain Lowell Mason (1792-1872).

 

Il est connu pour avoir été joué sur le RMS Titanic alors que le paquebot coulait. Lors du naufrage, plusieurs musiciens restèrent impassibles et jouèrent cette mélodie avec émotion au violon. On croit que cet hymne a été le dernier morceau joué lors du naufrage réel, mais on parle aussi de Songe d'Automne d'Archibald Joyce, ou même d'aucune musique jouée.

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