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23 mai 2020 6 23 /05 /mai /2020 06:00

 

Ce titre un peu tiré par les cheveux, normal au temps du confinement où les merlans éaitnt en cale sèche, mais il m’est venu du prénom du père d’Henry-Pierre : Alfred et du souvenir du film les Malheurs d’Alfred de et avec Pierre Richard.

 

LES MALHEURS D ALFRED

 

Le grand Alfred travaillait à la perception place de l’église, alors qu’il était un « laïcard », et habitait un joli pavillon sis à la montée de la gare. Avec mon père Arsène il siégeait au Conseil Municipal présidée par une femme Marthe Régnault, sage-femme, celle qui avait accouché de son petit dernier, moi, ma mère Berthe au Bourg-Pailler. Joie du panachage, papa avait fait un score soviétique sur la liste de l’ancien maire, Antoine Morrison de la Bassetière, 33 ans aux manettes, Inspecteur des finances comme Baumgartner, balayée par les rénovateurs de Marthe Régnault dont Alfred Troussicot faisait partie. Papa fut adjoint aux travaux, chemins ruraux… pour Alfred je ne sais pas mais vu son job au ramassage des sous, contrôleur du Trésor, il devait s’intéresser aux finances de la commune qui étaient saines vu que le père de la Bassetière était un vieux grippe-sous.

 

 

 

 

Alfred TROUSSICOT (1917-2001) avait épousé Helene GIRAUDEAU (1918-2009) qui lui avait donné que des garçons, dont deux étaient mes copains, avec le Dominique Remaud, le fils aîné du boulanger me p’tit Louis, Gervais et Jack…

 

Alfred TROUSSICOT Helene GIRAUDEAU

 

Bref, l’aîné, le Henry-Pierre, c’était un grand et nous ne nous sommes guère connus mais c’est ce blog qui nous a réunis. C’est le vivant portrait d’Alfred son père.

 

photo henry-pierre troussicot vient de publier son quatrième livre. © ouest-france

 

La Roche-sur-Yon. Henry-Pierre Troussicot sort un nouveau roman

 

Le peintre et graveur yonnais est aussi écrivain. La Vigne maudite du Pont-Charrault est son quatrième ouvrage.

 

La vigne maudite du Pont-Charrault - Editions Ex AEquo

 

Les Yonnais le connaissent comme peintre et graveur. Henry-Pierre Troussicot écrit aussi des livres. La Vigne maudite du Pont-Charrault est son quatrième ouvrage après Ceux des bords de l’Auzance , Le Crime de l’Hermitière et Le Secret de l’Hermitière .

 

Ce roman plante son décor dans la région de Chantonnay, à Saint-Philbert-du-Pont-Charrault, à l’approche des années 1950. Le sujet, une « pure fiction », évoque le monde des « carroulets », les gens du voyage . « Quand j’étais gamin, ils stationnaient près de la rivière. Les enfants venaient à l’école et j’étais très curieux de ces camarades », explique-t-il.

 

Il évoque une communauté qui « fait toujours l’objet de la stigmatisation ». Son intrigue fera éclater la vérité sur des méfaits injustement attribués aux « bohémiens », et confronte une « société égoïste, étriquée et souvent inculte ». L’auteur fait le lien avec l’actualité récente, celle des violences subies par des Roms en région parisienne.

 

Résultat de recherche d'images pour "henri pierre troussicot le crime de l'hermitière"

 

Le crime de l'Hermitière est plus une chronique qu'un polar, dont l'action se situe dans un bourg vendéen (probablement entre La Mothe-Achard et Les Sables-d'Olonne) en... 1921 ! La Première Guerre mondiale est finie, le monument aux morts se construit, on éclaire à la bougie, on entend le forgeron battre l'enclume dès potron-minet.

 

 Peut-être que cette histoire, qui a probablement existé, aurait mérité quelques dizaines de pages en moins pour la rendre plus percutante encore, comme un Frédéric Dard ou un Simenon. Henry-Pierre Troussicot se distingue par la reconstitution de l'ambiance de l'époque, évitant tout anachronisme, avec des dialogues, où resurgit le caractère de cette population rurale, jusqu'à l'enjomineur de La Roche-sur-Yon et le juge sablais. Troussicot écrit comme il peint, en mettant des couleurs autour de clairs obscurs à la Rembrandt. Ce roman devient superbe et le procès révèle encore mieux les haines, les ragots et les « sorcelages » de ces paysans rugueux, parfois retors.

 

NDLR : ça se passe à la Célinière, et ça parle de mes ancêtres...

 

"La mare de la Vinière" EF + Aquat 15 x 20 cm

 

Henri-Pierre est sur Face de Bouc et pendant le confinement il fait des gravures de confinement :

 

Ma gravure de confinement.

Tirage hier, porte ouverte, par un temps magnifique... "Le halo" EF+Aquatinte +burin sur zn. 20 x 25 cm sur Arches France 300 gr 12 ex.

 

À tous,

 

Voici le texte éponyme que ma gravure "Le halo" a inspiré à mon ami poète Jacques Braud. Encore merci Jacques.

 

Vous êtes nombreux à avoir commenté, fait le lien entre cette percée d'espoir dans le ciel sombre du confinement.

 

Je ne vais pas vous dire qu'il ne faudrait pas pour autant se précipiter sur les achats inutiles, sur les routes pour aller  nulle part, dans les airs pour "faire comme tout le monde" lorsque nous aurons libéré nos chaînes... Je ne dis pas ça, mais je ne me fais pas d'illusion... Notre frénésie consumériste risque fort de reprendre le dessus, à moins que nous ayons pris conscience que les choses les plus simples  de la vie sont les plus belles ?

 

Non, je ne vous le dis pas, ne veux pas entendre " t'est pas plus fin que les autres" comme aurait dit ma chère mère !

 

Savourez ce beau texte, à l'ombre, avec une petite gorgée et surtout...

 

PORTEZ-VOUS BIEN, y a du bon dans la réclusion !

 

Amitiés.

 

HPT

 

La Mothe Achard - LA MOTTE ACHARD FAUBOURG DES ESSAYS ROUTE DE ST ...

 

LE HALO

 

   La grande plaine est blanche, immobile et déserte. La neige étouffe tous les bruits, tous les sons. Aucun aboi de chien en maraude ne vient troubler le silence nocturne. La vie semble s'être retirée du monde. Le Bonhomme Hiver rôde dans un ciel sombre au-dessus de ce qui semble un village endormi, à peine visible à l'horizon lointain sous la lumière pâle dispensée chichement par la lune. Discrète,  craintive peut-être, elle s'est abritée derrière un halo que diffractent les  cristaux de givre en suspension dans l'atmosphère glacée, comme une belle  se voile d'un foulard diaphane pour cacher sa timidité ou pour accentuer son mystère. Elle n'éclaire pas  le paysage comme lorsque, à son plein, gonflée de prétention, elle se prend pour le soleil au zénith. Joue-t-elle les timides ou bien, avare de ses rayons, se réserve-t-elle pour une occasion plus importante à ses yeux ? Sait-elle seulement qu'elle ne fait que réfléchir les rayons de son modèle ? Peu importe. Laissons-la croire à son fantasme et  profitons  de la clarté diffuse qu'elle jette parcimonieusement sur le paysage tout en le magnifiant.

 

    Sous les arbres dénudés, on a éradiqué la haie dont ne subsistent que quelques longs rejets de ronces lancées à la recherche de futurs marcotages, pour la remplacer par une clôture de  barbelés. À qui donc ces  fils griffus distendus sur de noirs piquets encapuchonnés de blanc veulent-ils faire obstacle ? Il fait un temps à ne pas laisser un troupeau dehors. Le promeneur  qui aurait l'intention de franchir l'échalier qui lui tend les bras risquerait de s'égratigner douloureusement aux épines d'acier ou d'y laisser quelque lambeau de ses pantalons. Mais qui serait assez audacieux ou assez fou  pour s'aventurer ainsi dans cette nuit glaciale ?

 

 Un amoureux ? … Peut-être, mais transis, c'est sûr, et fou probablement.

 

                                                                J.B. Le 11/04/2020

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22 mai 2020 5 22 /05 /mai /2020 06:00

 

Longtemps je me suis rendu à Caen dans le turbotrain brinquebalant, précisément pendant 5 ans, pour présider le BNICE, dit bureau du Calvados, que j’ai transformé en une interprofession du cidre, du Calvados, du poiré dotée d’un affreux acronyme IDAC. (Les cidres d'appellation Pays d'Auge et Cornouailles, Calvados, Calvados Pays d'Auge, de Domfront, Pommeau de Normandie et de Bretagne, Poiré)

 

Étrange présidence, je n’avais aucune légitimité professionnelle, ne possédant ni pommier ni poirier, n’étant point élaborateur ni qui que ce soit d’ailleurs, mais du côté des cidriers la première fracture était une frontière entre les bretons et les normands, la seconde entre les industriels Ecusson (CCLF) et Loïc Raison (CSR ex du groupe Pernod-Ricard) et les fermiers. Deux interprofessions qui mettaient les fonctionnaires du Ministère de l’Agriculture en transes. De plus l’ombre du puissant groupe Pernod-Ricard, il possédait la marque Busnel.

 

JEU DE 54 cartes Père Magloire Calvados- complet-a servi-bon état ...

 

Il leur fallait à la fois un médiateur et un défenseur de leur indépendance face à la voracité des grands groupes.

 

J’ai accepté.

 

publicité pour le Calvados | Poster retro, Affiche

 

Un mot sur le fameux Calva :

 

« Dans tous les bistrots bretons et normands ouverts de bon matin, les hommes de la terre et ceux de la mer puisaient souvent leur courage avec, au fond de leur tasse à café, une eau-de-vie de pomme rude et bien corsée. Cette odeur de café-calva, que, pour une raison qui m’échappe, on appelle ici mic, reste gravée au fond de ma mémoire, tout imprégnée de celle, plus âcre et râpeuse du tabac gris à rouler. Quels récits, quels voyages, quelles aventures partageaient-ils ?

 

J’ai tenté de comprendre dans mes rêves à quel moment cette rencontre entre le café du lointain port de Moka et l’eau-de-vie de pomme du pays a pu se faire. Cette histoire est probablement proche de l’Irish coffee… »

 

Université populaire de Caen — Wikipédia

 

À l'époque mon intérêt pour Michel Onfray se résumait à ce que me disait de lui une de mes amies qui le fréquentait. Rien lu de lui mais je savais qu’il officiait à Caen dans son Université Populaire.

 

Lors d’un déjeuner j’abordai la question avec un Caennais qui me balança ironique :

 

« Avec son « université populaire » pleine de vieux retraités de la fonction publique et de commerçants qui ont toujours rêvé d'être franc-mac...

 

« Le mec dit s'impliquer dans la vie sociale de son département en faisant venir tout un tas de vieux bourgeois dans sa maison de campagne de l'Orne pour donner des cours de cuisine géants.... Il ferait mieux d'aller dans nos quartiers difficiles faire du soutien scolaire comme je le faisais quand j'avais le temps. »

 

Alors je me suis renseigné sur les origines du bonhomme qui n’était pas encore un monstre médiatique, pour constater que la pierre angulaire de la démarche de Michel Onfray reposait à la fois sur ses origines : fils d’un ouvrier agricole et d’une femme de ménage et sur son statut professionnel originel : professeur en lycée technique.

 

Docteur en philosophie, Michel Onfray enseigne en classe terminale au lycée technique de Caen. Il démissionne de l'Education Nationale en 2002 pour créer l'Université Populaire de Caen, afin d'y enseigner une "contre-histoire" de la philosophie.

 

Valeurs Actuelles, le JO de la Droite Dure dans sa présentation de la dernière trouvaille de l’omniprésent Michel :   

 

Fils d'ouvrier agricole et ancien professeur en lycée technique, le philosophe du “petit peuple” s'est imposé au fil des années comme l'un des meilleurs bretteurs de la bataille culturelle. Avec sa nouvelle revue, Front populaire, il est en passe de devenir une nouvelle icône du populisme français…

 

« Agir, c'est combattre », disait Pierre-Joseph Proudhon. Voilà une maxime qui pourrait décrire l'état d'esprit avec lequel Michel Onfray se prépare aux grandes crises du “monde d'après”. Le mercredi 15 avril, au plus sombre de la débâcle sanitaire, le philosophe annonçait avec fracas la création de sa nouvelle revue, Front populaire, une « machine de guerre pour la plèbe ».

 

« Michel Onfray est né en 1959 d’un père ouvrier agricole et d’une mère femme de ménage. Il passe une partie de son enfance, de 1969 à 1973, dans un pensionnat catholique à Giel qui fait office d’orphelinat et qu’il décrira dans la préface d’un de ses ouvrages, La puissance d’exister (Grasset, 2006) »

 

La puissance d'exister : Manifeste hédoniste / Michel Onfray ...

 

« Dans le prolétariat, le vrai destin c’est le destin du manuel auquel on oppose l’intellectuel. L’intellectuel c’est vaguement un homosexuel, on doute un peu de sa puissance ou de sa force. »

 

« L’intellectuel c’est un peu une malédiction dans un couple d’ouvriers. »

 

« C’est Zola, l’orphelinat en 1969. Je me retrouve dans un milieu d’enfer, un milieu infernal : violence, pédophilie, saleté. »

 

« Entre le silence paternel et l’abandon maternel. Pourtant, l’enfance du philosophe n’a pas toujours été facile. Avec "un père qui ne parle pas" et n’a jamais témoigné de son amour ou de sa fierté envers son fils, même si toute parole était "d’or", "une promesse". "J’ai longtemps été dans cette idée que si l’on ne dit pas ses sentiments, c’est qu’on n’avait pas de sentiments". Alors, à dix ans, "je ne comprends pas plus le silence de mon père que le comportement de ma mère", se souvient Michel Onfray.

Cette mère, femme de ménage, a abandonné devant un orphelinat ce gamin "intellectuel". "Un intellectuel, c’est une malédiction. On se dit ‘qu’est-ce qu’on va faire de lui ?’". Elle-même avait été une enfant abandonnée : "Une mère douloureuse pour elle-même, pour moi aussi. Elle était en colère contre l’humanité tout entière." Mais "la paix a été faite" entre elle et moi, a indiqué Michel Onfray, semblant apaisé. »

 

Pour moi, enfant de pas très riches, qui, comme je le faisais remarquer à mes Ministres « s’était lavé le cul dans une bassine d’eau froide » jusqu’à l’âge de 16 ans, le viatique de ses origines et de ses choix originels ne constitue pas un vaccin immunisant d’une dérive en des marais boueux et nauséabonds.

 

Download Le crépuscule d'une idole Ebook {EPUB} {PDF} FB2 - video ...

 

En ce temps-là le Michel me laissait indifférent, il tartinait comme un malade et lorsqu’il dézingua Freud en 2010 Le Crépuscule d'une idole, j’imaginais un dialogue entre Sigmund et moi :

 

Freud le réprouvé d’Onfray m’adjurait :

 

-         Cherchez la femme vous trouverez l’homme !

 

-         ...

 

-         Prenez BHL, le col blanc, il ne sort jamais dans le monde sans son Arielle...

 

-         Le baril ? 

 

-         Mais non crétin sa moitié qui a un si beau popotin : la Dombasle... 

 

-         Pardonnez-moi Sigmund, ce n’était qu’une plaisanterie à deux balles...

 

-         Epargnez-moi vos Colucheries, je cherche une rombière...

 

-         Avec une guêpière comme l’Arielle ! 

 

-         Allons Berthomeau, sachez qu’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui... 

 

-         Ce n’est pas de vous... 

 

-         Je sais, Desproges est maintenant mon voisin de chambrée... 

 

-         Alors vous vous offrez un petit week-end à Paris ? 

 

-         Oui je fais un extra pour le St Esprit. 

 

-         Vous auriez dû aller en Normandie ! 

 

-         Au club du 3ième  âge de Caen de mon ami Michel...  

 

-         L’archange ?

 

-         Décidément vous n’êtes pas sérieux...

 

-         Et vous Sigmund, si j’en crois l’Onfray, vous êtes aussi habillé pour l’hiver... vous un imposteur docteur... 

 

-         Mais je n’ai pas dit mon dernier mot... 

 

-         Et quel est votre dernier mot ? 

 

-         Le premier ! 

 

-         Vous plaisantez... 

 

-         Jamais !

 

-         Alors dites

 

 Et c’est alors que Sigmund m’a dit « Ce Onfray, qui est le Delly de la philosophie à 2 balles, a-t-il, comme BHL, son Arielle Dombasle ? »

 

 Et il est reparti.

 

Et moi je me suis dit « Fais quelque chose pour répondre à cette brûlante question. La face du monde en sera changée. Pensez-donc, dans le petit monde des lettres parisien, la grande nouvelle c’est qu’au hit-parade de l’intellectuel médiatique l’Onfray d’Argentan, le fils d’un ouvrier agricole et d’une femme de ménage, qui fait passer le temps aux retraités désœuvrés, qu’est pote avec Mélenchon, a détrôné l’héritier des bois exotiques, le BHL qui achète ses chemises blanches chez Charvet rue de la Paix.

 

Je m’aperçus aussi que le Michel  s’intéressait au vin 2 novembre 2010

« L’heureuse ivreté » de Michel Onfray déclinée par un amateur-philosophe venu au vin sur la tard « le vin est cathartique »  ICI mais qu’il était d’un conservatisme rance mais c’était son droit et y’avait déjà un léger parfum de la terre qui ne ment pas.

 

« Les pierres qui font les vins sont roturières pour la plupart. Mais toute sont mêmement chargées de magnétisme : brûlées par le soleil, fendues et fondues par la foudres, polies par les sacs et ressacs, lustrée par l’entropie des vents violents et brefs ou doux et longs, elles eurent pour destin moins les palais et les chefs princiers que les ornières des champs, les fondrières des chemins. On ne les vit pas serties sur un chaton à la main d’une belle, ni pendues autour du cou d’une courtisane, scintillantes de tous leurs feux, en représentation et habits d’apparats, mais révélées à la lumière par le soc d’une charrue, mélangées à la terre et offertes à l’œil par l’acier tranchant d’une araire, ou tout simplement irradiant dans la main de l’homme de l’art qui l’aura extraite de la glèbe qu’il travaille quotidiennement. »

 

Mylène Farmer - L'étoile polaire avec Michel Onfray - Mylene.Net

 

24 Août 2015 le Michel se pâmait pour Mylène Farmer

 

Sur Radio Classique en avril dernier, le philosophe, qui boit, mange, se pâme aussi « Je trouve qu’il y a chez Mylène Farmer une voix extraordinaire, une sensualité, une volupté. Mylène Farmer c’est aussi un corps, une mise en scène, c’est aussi une façon d’être dans le système. Elle n’est pas du tout au-devant de la scène, elle est un peu secrète, discrète, on ne sait pas grand-chose. Et j'aime assez que les gens produisent leur art et soient sur scène puis disparaissent et n'exploitent pas le filon de leur vie privée. »

 

La dérive a commencé sous le règne de Flamby pour s’amplifier en 2017, lors de la campagne présidentielle, où il passait aux invectives

 

Benoit Hamon est le "roi crétin" et le "piège à con". Jean-Luc Mélenchon est "Robespierre le petit". Pourquoi "petit"? Réponse, sans rire du philosophe : "Il n'est pas la hauteur". Quant à François Hollande, c'est « Sphincter Ier », parce qu'il "ne se retient pas, il se répand partout "…

 

Onfray est une vedette de télévision, qui a bâti sa réputation médiatique sur le ridicule intellectuel de ses postures, dont la dernière livraison est emblématique. Onfray est un " bon client " de la télé, qui a compris l'intérêt commercial qu'il y avait à accepter de se produire à On n'est pas couché et Les Grandes gueules. Et de " bon client " de la télé, Onfray est devenu " bon client " pour le papier. Il a ainsi pu enclencher, avec beaucoup de talent, le cercle vertueux qui procure la plus grande des surfaces médiatiques. Il passe à la télé parce qu'il est à la une des magazines, il est à la une des magazines parce qu'il passe à la télé, et ainsi de suite, à l'infini…

 

Michel Onfray, le penseur qui pense à la place de monsieur et de madame tout le monde, imbu qu’il est de son immense succès médiatique et commercial

 

Mais ce n'est pas tout. Désormais tribun de la plèbe réactionnaire, Onfray est aussi le formidable vecteur qui permet aux différentes factions du Vieux monde qui meurt de réfuter la victoire démocratique de Macron et des valeurs qu'il emporte avec lui. En théorisant un vaste complot qui aurait confisqué la démocratie, Onfray apaise les consciences qui prophétisaient que la France 2017, saisie par l'insécurité culturelle, viendrait prendre place aux côtés du Royaume-Uni et des Etats-Unis, entre Trump, Brexit, et soumission à l'ordre mondial de Poutine. De même, il explique aux orphelins de la Vieille maison PS et de la rue de Solférino que la victoire de Macron relève d'une trahison inscrite dans le grand complot, dont Hollande et une partie du PS ont été les complices.

 

Pour les partisans du Vieux monde, de gauche et de droite, de l'extrême gauche et de l'extrême droite, la vision complotiste et délirante d'Onfray est rassurante. Les uns et les autres y trouvent matière à réconfort en ce qu'ils peuvent conclure que ce ne sont pas leurs idées qui ont perdues, mais que ce sont des tricheurs et comploteurs qui ont porté Macron au pouvoir. Cette explication du monde est apaisante, et leur convient. Onfray est le philosophe de l'époque qui traque les Forces occultes qui détournent la démocratie. Onfray est partout.

 

Le terminus d'Onfray

 

Philosophe médiatique et furibard, Michel Onfray crée une revue qui s’appellera Front populaire. Référence à vrai dire trompeuse : rien à voir avec l’été 1936, Léon Blum ou le socialisme réformiste. «Il faut lire séparément "Front" et "populaire"», dit Onfray, ce qu’on comprend très vite.

 

Il s’agit en fait de réunir les «souverainistes des deux rives», lesquelles – cliché habituel – ne signifient plus rien, puisque le «binarisme» droite-gauche, pour Onfray, est artificiel. Deux gros poissons ont mordu à cet hameçon rouillé, Jean-Pierre Chevènement et Philippe de Villiers. Le premier donne un article, mais reste distant, le deuxième a l’air plus enthousiaste. But de l’opération : mettre en lumière, par un travail intellectuel, le «vrai clivage» entre élites européistes d’un côté, et peuple enraciné de l’autre, entre mondialisme sans âme d’un côté et souverainisme charnel et démocratique de l’autre, le tout assaisonné d’un proudhonisme censé montrer que l’opération reste issue de la gauche populaire.

 

A vrai dire cette nouveauté n’a rien de neuf. Alain de Benoist, en son temps, avait proclamé la même ambition, puis divers personnages tout aussi proches de l’extrême droite, tel Florian Philippot. Marine Le Pen avait, elle aussi, lancé des lignes dans cette direction pour pêcher au-delà de son étang. On trouve des précédents historiques dans le boulangisme de la fin du XIXe, ou bien dans les années 30 chez Déat, Doriot et quelques autres, sous une forme nettement plus virulente.

 

Rhétorique vindicative, nationalisme à peine déguisé, dénonciation du cosmopolitisme, de l’islam, du libéralisme réel ou supposé des adversaires, rejet d’une «pensée unique» dont on se proclame le martyr, etc. Comme d’hab, Onfray s’avance en opprimé des médias, lui qu’on voit dès qu’on allume un écran ou qu’on ouvre un magazine. La figure de style est inusable.

 

Avec toujours le même problème. Cette coalition souverainiste a tout du pâté d’alouette (un mélange de viande de cheval et de chair d’alouette) : un cheval de la droite dure, une alouette de gauche. Pour une raison simple : la gauche est par nature universaliste, la rengaine identitaire la tient à l’écart. La règle se vérifie encore une fois : une enquête du Monde montre que les soutiens d’Onfray se recrutent avant tout dans les eaux identitaires, puisque à Philippe de Villiers s’ajoutent, comme auteurs ou comme contributeurs empressés, le même Alain de Benoist, Elisabeth Lévy, Ivan Rioufol, Robert et Emmanuelle Ménard, l’identitaire breton Yann Vallerie, le patron d’un observatoire (d’extrême droite) des médias, Claude Chollet, mais aussi Philippe Vardon, ancien du Bloc identitaire, membre du bureau national du Rassemblement national (RN). Avec, en prime, quelques gilets jaunes tirant sur le brun et l’inévitable professeur Raoult armé de ses cartouches de chloroquine. Quelle bande !

 

On avait naguère rompu des lances avec Onfray qui tenait déjà des propos proches des thèses du RN. La philosophe avait failli casser ses lunettes rectangulaires en hurlant à l’amalgame scandaleux. Aujourd’hui, il confirme lui-même le tropisme qu’on avait détecté à l’époque. C’est le sort de toutes ces entreprises d’hybridation : elles sont toujours tombées du côté où elles penchaient, à la droite de la droite. Proudhon avait écrit un livre intitulé Philosophie de la misère. Marx avait répondu : «Misère de la philosophie.»

 

LAURENT JOFFRIN

 

Avec sa nouvelle revue « Front populaire », Michel Onfray séduit les milieux d’extrême droite

 

La revue, qui doit être lancé en juin, entend réunir les « souverainistes de droite et de gauche ». Parmi ses premiers soutiens, l’on compte de nombreuses figures de la droite de la droite.

 

Par Lucie Soullier et Abel Mestre Publié le 19 mai 2020

 

Débattre du souverainisme en 2020 avec Jean-Pierre Chevènement et Philippe de Villiers. L’affiche poussiéreuse pourrait presque faire sourire. Au temps du « nouveau monde », du « dégagisme », du besoin de renouvellement dans le personnel politique… Le prolifique Michel Onfray annonce le lancement, en juin, d’une revue intitulée Front populaire réunissant l’ancien ministre socialiste et le souverainiste de droite.

 

Objectif affiché par le philosophe : « Fédérer les souverainistes de droite, de gauche et, surtout, d’ailleurs – à savoir ceux qui ne se reconnaissent pas dans le jeu politique bipolarisé, donc manichéen. Nous voulons contribuer au débat d’idées qui n’existe plus depuis des années, explique au Monde Michel Onfray. Nous souhaitons faire de telle sorte que des notions comme “peuple”, “populaire”, “nation”, “souverainisme”, “protectionnisme” ne soient pas des insultes mais des prétextes à débattre. »

 

« La pensée dominante traite toute opposition sur le mode du mépris, de la caricature ou de l’invective. » Michel Onfray

 

D’autant que la crise liée au coronavirus est passée par là, redonnant le goût de la thématique souverainiste à presque toutes les lèvres politiques. Et Michel Onfray a le sens du timing, comme du marketing. Parmi ses recrues emblématiques : le professeur Didier Raoult, très contesté dans le monde médical pour son traitement à l’hydroxychloroquine et nouvelle égérie des pourfendeurs du « système » de tous bords. Ce qui ne pouvait que plaire à Michel Onfray. « La pensée dominante ne respecte pas ce qui n’est pas elle et traite toute opposition sur le mode du mépris, de la caricature ou de l’invective. La “reductio ad Hitlerum” fait la loi. On insulte, on caricature, on déforme, on méprise, on censure, on falsifie, on présente comme intox des infos et comme infos des intox… Nous souhaitons faire entendre une voix alternative », martèle-t-il.

 

Une « voix alternative », devenue sa marque de fabrique depuis quelques années. Front populaire n’est ainsi qu’une déclinaison de plus de la galaxie Onfray. Son logo arbore d’ailleurs les petites lunettes de l’enseignant, comme le site personnel regroupant l’ensemble de ses productions. Son associé, le producteur de télévision Stéphane Simon (qui a travaillé notamment pour Thierry Ardisson) a quant à lui une expérience dans les « médias engagés » : c’est lui qui produit la webtélé RéacnRoll où s’illustrent les figures de la réacosphère Elisabeth Lévy, Ivan Rioufol, Barbara Lefebvre et Régis de Castelnau. Ces deux derniers seront également « auteurs » au sein de Front populaire, dont la ligne éditoriale séduit à l’extrême droite.

 

Des personnalités de la droite radicale émargent ainsi parmi la liste des « contributeurs » (c’est-à-dire les nouveaux abonnés ou donateurs, qui sont à ce jour, plus de seize mille). Entre autres : Alain de Benoist, le fondateur du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (Grece) – cette structure de l’autoproclamée « nouvelle droite » à mi-chemin entre le club de pensée et l’association politique, élitiste, antiégalitaire, antidémocratique, qui a toujours eu pour objectif de réarmer idéologiquement la droite et l’extrême droite, et a fait office d’école de formation, à la fin du XXe siècle.

 

On y croise aussi Patrick Lusinchi, l’un des dirigeants d’Eléments, la revue de ce courant ; l’identitaire breton Yann Vallerie (à qui M. Onfray a accordé un entretien pour le site Breizh-Info) ; Claude Chollet, patron d’un observatoire (d’extrême droite) des médias ; Robert et Emmanuelle Ménard, respectivement maire de Béziers et députée, chantres de « l’union des droites », ou encore Philippe Vardon, ancien du Bloc identitaire, désormais membre du bureau national du Rassemblement national (RN).

 

« Initiative excellente »

 

Alain de Benoist résume l’accueil bienveillant à droite de la droite : « C’est une initiative excellente. Je trouve seulement que le terme de “souverainistes” est un peu limitatif. J’espère que Front populaire tiendra la promesse contenue dans son titre : qu’il soit un lieu d’échanges pour tous ceux qui regardent la notion de peuple comme plus importante encore que celle d’Etat ou de nation. » Même attente concernée du côté de l’identitaire Philippe Vardon, candidat du parti lepéniste aux municipales à Nice : « J’ai trouvé l’initiative intéressante, alors j’ai mis 30 ou 50 euros. Si ça peut participer à décloisonner le débat, c’est très bien. »

 

Près de vingt ans après avoir lancé l’Université populaire de Caen pour contrer les idées de Jean-Marie Le Pen, Michel Onfray se voit même adoubé par son héritière, Marine Le Pen, laquelle est allée jusqu’à écrire un tweet félicitant une « initiative (…) positive » qui « ne peut que [la] réjouir ». Un hommage parmi d’autres, se défend le philosophe, qui prend soin de se détacher des figures des partis.

 

« Il y a plus de seize mille personnes qui saluent [le lancement de Front populaire], elle en fait partie, très bien, déclarait-il sur Sud Radio, le 17 mai. Mais on a fait savoir qu’on ne roulerait pas pour elle, ni pour Mélenchon ni pour Philippot… »

 

Ces soutiens venus de la droite radicale sont toutefois loin d’être surprenants pour l’anthropologue Jean-Loïc Le Quellec. « Il faut se méfier du déshonneur par association, mais sa dérive droitière est de plus en plus accentuée, alors elle pousse forcément certains à s’agglutiner autour de lui », analyse le directeur de recherche émérite au CNRS et signataire d’une tribune dénonçant « la haine des universitaires » de Michel Onfray, publiée dans L’Humanité.

 

Et c’est peu de dire que M. Onfray aime jouer avec les ambiguïtés. « Populiste » et « anarchiste proudhonien », selon ses propres termes, il aime provoquer sur des thèmes ultrasensibles comme la race ou les religions. Quitte à écrire des lignes très loin de la gauche libertaire dont il se réclame. Ainsi, en 2015, dans Le Point, il consacre un petit texte à son éditeur, Jean-Paul Enthoven.

 

Il y décrit l’amitié et l’estime qui lient deux hommes aux antipodes. « Il est urbain et parisien, je suis campagnard et provincial ; il est à l’aise dans le monde des gens de lettres, j’y suis comme un sanglier ; il est un juif libéral cosmopolite, je suis un descendant de Viking enraciné. » Une opposition autour de l’enracinement qu’il reprend dans sa préface au livre Pierre-Joseph Proudhon. L’anarchie sans le désordre, de Thibault Isabel (Autrement, 2017), pour différencier l’anarchiste français « issu d’une lignée de laboureurs francs » de Karl Marx « issu d’une lignée de rabbins ashkénazes ». Thibault Isabel qui n’est d’ailleurs autre que l’ancien rédacteur en chef de Krisis, la revue théorique de la Nouvelle Droite. Et l’un des principaux auteurs de Front populaire.

 

« Zemmour de gauche »

 

Critique des religions en général – comme en témoigne l’un de ses best-sellers, Traité d’athéologie (Grasset, 2005), dans lequel il s’attaque aux trois monothéismes – c’est sur l’islam que le courroux de Michel Onfray se focalise depuis plusieurs années, jusqu’à affirmer, le 18 mai, dans une interview à Causeur, que l’islam serait donc la religion la « plus à craindre » et à voir dans Soumission, de Michel Houellebecq (Flammarion, 2015), une prophétie. En 2015, juste après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, il s’interrogeait déjà en ces termes sur France 2 : « La question qu’on devrait pouvoir poser sans être assimilé à Marine Le Pen, c’est : est-ce qu’il y a une différence de nature entre un musulman pacifique et un terroriste ou une différence de degré ? »

 

Des positions qui, selon ses adversaires, signent son passage à la droite de la droite. « Michel Onfray, qui vient soi-disant de la gauche pure, est devenu l’idiot utile d’une pensée réactionnaire qui a pour point de jonction une obsession anti-islam », juge ainsi Alexis Corbière, député La France insoumise, qui ferraille avec l’enseignant depuis plusieurs années.

 

Et les premiers « contributeurs » issus de l’extrême droite ne s’y sont pas trompés. La colonne vertébrale du Grece historique s’est entichée de cette personnalité venue de la gauche. « Le discours d’Onfray est plaisant chez certains d’entre nous. Quand tu le vois les bousculer sur BFM-TV, c’est assez jouissif. Il a un côté Zemmour de gauche. Il n’est pas de notre ligne, mais les gens l’ont trouvé sympa après son interview à Eléments [en 2016] », raconte Patrick Lusinchi. Lui s’est abonné à Front populaire quand « Alain de Benoist [lui a] dit que c’était possible ».

 

Pas une « catapulte à candidat »

 

« C’est logique, depuis le début la Nouvelle Droite cherche à agir dans le domaine métapolitique et à influer sur le cours des idées. Et elle retrouve une partie de son logiciel dans celui de Michel Onfray », analyse le directeur de l’observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès, Jean-Yves Camus. Reste à connaître le véritable débouché de ce Front populaire souverainiste, poursuit le chercheur : « Si c’est une entreprise éditoriale, le paysage médiatique est déjà assez encombré sur cette ligne ; et s’il y a l’idée d’un débouché politique, la question du rapport avec le RN va se poser. »

 

Michel Onfray, lui, se défend de toute intention politicienne. Pas de « cache-sexe pour couvrir des ambitions de politique politicienne » ni de « catapulte à candidat » derrière Front populaire, serine-t-il. « C’est un procès d’intention », insiste-t-il. Ce qui n’empêche pas les autres d’être à l’affût, comme certains proches de Marion Maréchal ex-Le Pen ne résistant pas à voir là une énième plate-forme pour (re)lancer leur favorite.

 

Dans la famille officielle de Michel Onfray, les soutiens se font plus timorés : ceux qui viennent de la gauche mettent autant de distance que possible avec le projet. « Le front populaire ne fait pas partie de mes préconisations par les temps qui courent, dit même Jean-Pierre Chevènement. J’ai été sollicité pour une contribution sur l’Europe et la démocratie, où je prends soin de me définir comme républicain plutôt que comme souverainiste. »

 

Georges Kuzmanovic, ancien porte-parole de La France insoumise, qui a fondé son petit parti, République souveraine, tient à préciser qu’il « ne rejoint rien », mais contribue simplement à un média naissant : « On nous a contactés, car on représente cette souveraineté nationale et populaire. J’écris un papier sur la souveraineté sanitaire. Ce n’est pas un mouvement, et je n’ai pas créé la revue ni coécrit un article. »

 

« Un mythe des années 1990 »

 

Au fil du temps, M. Onfray s’est d’ailleurs fait un certain nombre d’adversaires à gauche, son opposition aux jacobins, hérissant notamment les partisans de Jean-Luc Mélenchon. « Il manque de rigueur. Il participe à une entreprise de démolition de la Révolution française. Il a une logique vendéenne », affirme M. Corbière, professeur d’histoire dont la spécialité est 1789. Et d’ajouter que Michel Onfray « appelle sa revue Front populaire, alors qu’il le critiquait dans son livre Décoloniser les provinces ». Dans cet ouvrage de 2017 (Editions de l’Observatoire), M. Onfray écrit en effet : « Chaque fois que la gauche est au pouvoir, elle fait preuve de son impéritie : le 13 février 1937, le Front populaire déclare une pause dans les réformes, bientôt l’Assemblée nationale de cette majorité vote les pleins pouvoirs à Pétain. »

 

Autre historien engagé à gauche, Thomas Branthôme est lui aussi « très en colère » contre le philosophe. « Avec sa surface médiatique, il va salir l’idée de souveraineté. L’idée de réunir les deux rives est un mythe des années 1990. Une telle alliance annihile l’idée d’une gauche républicaine antiraciste », assure l’enseignant à l’université Paris-Descartes.

 

L’historien spécialiste de l’extrême droite Nicolas Lebourg va même plus loin. Pour lui, à chaque fois que la question des « nouvelles convergences » s’est posée depuis la seconde guerre mondiale, elle s’est conclue par une alliance à l’intérieur de l’extrême droite. « C’est finalement assez habituel, dit-il, ces gens-là [comme Michel Onfray] refusent de voir qu’ils ne font pas des convergences, mais qu’ils se rallient. »

 

Lucie Soullier et Abel Mestre

 

Après avoir annoncé le lancement de sa revue trimestrielle Front Populaire, dont le premier numéro est prévu juin 2020, le philosophe Michel Onfray a évoqué la possibilité de créer un parti politique si ses lecteurs le désiraient : « Je n'ai pas ça dans l'esprit à priori mais s'il y a un désir des gens, autour de notre revue, de constituer un parti politique, pourquoi pas ». Michel Onfray a également ajouté qu’ « il faut être compétent pour être président de la République et je n'ai pas cette compétence », excluant ainsi la possibilité de le voir se présenter en 2022.

 

Concernant sa vision de la politique, Michel Onfray a affirmé être "un homme de gauche" et "un socialiste libertaire". Le philosophe explique qu'il n'est pas "un défenseur du parti socialiste ni des Robespierristes de la France Insoumise" mais qu'il est d'une "gauche libre, capable de dire qu'une idée de droite est bonne, si elle me semble bonne". "Je ne veux pas réunir les gens en commençant par dire que je vais les écarter" a-t-il ajouté.

Frédéric Dupin @f_dupin

Philosophie, Education populaire, Doliprane

 

Il y avait un problème dès le départ avec Onfray. Jusque dans son projet d'éducation populaire. Je pourrais en parler es qualité (prof de philo engagé dans l'éducation populaire depuis une douzaine d'années), je vais me limiter à quelques anecdotes.

 

Il y a une bonne quinzaine d’années je suis nommé au lycée Camille Desmoulins du Cateau Cambrésis, jeune prof de philo qui descend du TER. Dans les premiers jours, le concierge du lycée me tombe souvent dessus. Il est passionné par la philo.

 

On discute.

 

Qu’est-ce que je peux lire ? Moi - ouvrez l’Apologie de Socrate (pas très original)  par exemple l’échange avec Mélétos sur ce qu’est une bonne éducation…– ah non, il me répond, Platon c’est le totalitarisme et le mépris du corps. »

 

« Ouvrez Descartes, le Discours de la méthode, la morale par provision par ex… - ah non, Descartes, c’est la raison moderne, c’est la source de tous nos problèmes aujourd’hui ! Pas question ! »

 

« La métaphysique des mœurs de Ka… - Mais enfin Kant, c’est le nazisme ! l’obéissance aveugle ! Vous ne voulez pas que je le lise quand même ! »

 

Au bout d’un moment je lui dis « mais vous avez l’air de savoir plein de choses en fait, difficile de vous conseiller… - ah oui, il me répond, j’ai lu tout Michel Onfray, c’est autre chose que vos vieux bouquins réactionnaires ! »

 

Il y a un problème là. Vulgariser, ce n’est pas fermer l’accès au savoir en y substituant des opinions vaguement accréditées. Un professeur n’est pas là pour transmettre ce qu’il faut savoir sur Platon ou sur la morale. Il doit aider à y accéder

 

En ce sens il n’y a pas de vulgarisation possible. Pas de "demi savoir" pour "demi-esprit". Seulement un travail partagé de pédagogie, d’explications et d’efforts. Il faut travailler pour comprendre, malheureusement !

 

Mais il est plus facile de présenter les philosophes comme à la parade (Platon en 1h, allez ouste) et plus facile encore de s’en débarrasser en jouant sur des anecdotes biographiques

 

Le déboulonnage d’idole s’adresse justement au vulgaire, qu’il ne s’agit pas de considérer autrement puisque n’importe quel lecteur un peu préparé voit tout de suite l’escroquerie

 

Dans mon association, j’ai conduit une lecture suivie de la République de Platon en soirée, gratuite, pendant presque 6 ans (les archives sont là ICI  

 

Un des auditeurs, qui avaient l’habitude de prendre sa moto pour aller à Caen écouter Onfray me dit un soir. « Ben je pensais pas que Platon soit aussi subversif » et naïvement « .. et c’est en vente libre comme ça ? personne n’en fait rien ? »

 

C’était un vrai étonnement de sa part et une belle récompense pour le boulot qu’on faisait ensemble

 

Onfray commet quotidiennement des bourdes et des contre-sens qui colleraient n’importe quel étudiant de licence. Mais il suffit de faire passer sa négligence pour une courageuse provocation

 

Celui qui objecte est cloué par des adresses ad hominem (« universitaire », « de droite » « conformiste » etc.) C’est substituer la posture verbale au travail de réflexion. Ce n’est pas de l’éducation

 

Le lien avec l’extrême droite est logique. Edith Fuchs a bien montré comment l’affirmation d’un style indifférent au travail et à la vérité a en philosophie participé de la montée du nazisme en Allemagne

 

S’il suffit de mesurer la qualité d’une pensée au bruit des insultes d’un auteur, le premier brouillon ambitieux venu est « philosophe ». Et ce terme anoblit toutes les démissions intellectuelles

 

Si vulgariser c’est donner au peuple un ersatz parce qu’on le juge incapable de travailler pour comprendre par lui-même et assimiler des choses belles et difficiles, inutile de se dire démocrate. On est pour l'esclavage.

 

Je ne vais pas répondre à tout. Juste quelques précisions et compléments. Sur les effets de la « vulgarisation » sur l’instruction du peuple, cette magnifique page de Simone Weil : ICI  

 

Sur le « nazisme », je n’affirmai évidemment pas que Onfray est néo-nazi. Je faisais allusion à un très beau livre de philosophie qui montre fort bien qui tire en général les marrons du feu lorsqu’on joue de postures « destructrices » en philosophie :

 

Sur « l’esclavage ». Aristote regarde l’esclave comme celui qui « par nature » est incapable d’une pensée libre (détachée du calcul économique pour le dire vite). L’esclavage n’est donc pas tant un statut social, qu’une servitude du jugement (1).

 

Si vous considérez a priori que quelqu’un n’est pas capable de comprendre quelque chose d’exigent, vous le traitez en esclave en un sens. Fournir aux gens curieux d’apprendre des résumés simplistes et qui les enferment plus qu’ils ne les élèvent, c’est au moins les mépriser (2).

 

Alain développe très bien cette idée dans ses Souvenirs sans égards, où il critique du reste le « hussard noir ». « Nul ne veut instruire le peuple », etc (3).  ICI 

 

Enfin, sur Onfray, il faut lui reconnaître d’avoir ouvert la voie. Quand je faisais le tour des bureaux de la mairie de Paris et de celle du 11ème entre 2007 et 2008 pour lancer mon projet d’Université populaire, on me répondait « ah oui comme Onfray, super !

 

Je ne passais pas mon temps à expliquer que c’était différent. Qu’il ne s’agissait pas de conférences ponctuelles devant deux cent personnes, mais d’ateliers de lectures en petits groupes. Qu’on y venait se former et s’instruire, pas écouter quelqu’un etc.

 

J’ai complétement cessé de m’intéresser à lui après son bouquin sur Eichmann et Kant, qui est, au-delà de ses lacunes, un scandale. Il s’agit de prendre au mot un assassin nazi pour expliquer un des plus grands esprits de l’humanité : ICI 

 

Le refus de « l’histoire officielle » de la philosophie est difficilement autre chose qu’un positionnement marketing et une manière de flatter ceux qui achètent ainsi rapidement le droit d’ignorer les classiques.

 

En outre, prétendre comprendre Condillac ou La Mettrie sans avoir saisi d’un peu près ce que Descartes ou Locke entendent par mécanisme ou sensation, là encore, c’est faire passer la charrue avant les bœufs.

 

Qu’est-ce que des « convictions libertaires » ont à voir là-dedans ?

 

Expliquer Descartes en classe ne m’a jamais empêché d’y distribuer des textes de Proudhon ou de Victor Serge.

 

Il y a en outre plus de critique de la religion dans une page de Kant que dans l’œuvre entière d’Onfray ; voyez le chapitre « Sur l’incroyance » des leçons d’éthique. Kant ne fait pas de l’esbroufe. Il risque sa place par ses propos, lui qui est sans autre fortune que son métier.

 

Je me fiche un peu de la personne d’Onfray. Ce qui m’intéresse c’est le statut de l’enseignement philosophique. La France compte des milliers de professeurs qui s’adressent à tous, tous les jours, dans de nombreuses classes de philosophie.

 

Ce sont eux les passeurs, les initiateurs. Ils ne « vulgarisent » pas, ils essayent de former des lecteurs. C’est un travail assez ingrat et qui s’exerce le plus souvent dans des conditions difficiles.

 

Personnellement, il me suffit de rendre disponible gratuitement à chacun quelques échantillons de ce travail. C’est le but de ce site :  ICI 

 

Superdupontpleure La gauche s’aperçoit que Michel Onfray s’inscrit dans la tradition rouge-brun avec son « front populaire ». C’est tardif: dès 2006, je dénonçais son souverainisme réactionnaire identique à celui de l’extrême droite. Mais à l’époque, fallait pas

Aux racines du "non" ICI 

(MISE À JOUR : )

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21 mai 2020 4 21 /05 /mai /2020 06:00

 

Au premiers temps du confinement nous avons frôlé la cata, les œufs avaient disparus des rayonsICI ça me rappelait mon séjour à Constantine où régulièrement c’était « y’a plus de patates… y’a plus de pâtes… y’a plus de bouteilles de gaz… », même si souvent y’en avait dans la soupente pour faire grimper les prix, Il faut dire que l’oeuf est bon marché et peut se conserver assez longtemps. Il se consomme en moyenne 28 jours après la date de ponte. Et puis, ça s’est stabilisé.

 

NATURE MORTE AUX ŒUFS ,FERNAND GUERY-GOLAS

 

En temps ordinaire je suis un assez gros consommateur d’œufs sous toutes ses formes, œufs à la coque, œufs mimosas, omelette, base de la carbonara, pâtisseries… Pendant le confinement ce fut un stock stratégique que j’ai bien géré.

 

Les chefs, les chroniqueurs gastronomiques, nous ont inondés de recettes, soi-disant faciles à réaliser, sauf que très souvent ces grands et beaux esprits y incorporaient des ingrédients introuvables en temps de confinement.

 

Et puis, Blandine Vié vint, elle republiait sur un site un article publié le 11 janvier 2019 : Elle a beau être un de nos petits plats quotidiens, réussir une omelette c’est tout un art !

 

Les Oeufs, Claude Monet 1907, 73x92cm

Les Oeufs, Claude Monet 1907, huile sur toile 73x92cm, collection particulière Etats-Unis

 

Le journaliste gastronomique Francis Amunategui (1898-1972) disait d’elle : « L’omelette est le fourre-tout de la cuisine, c’est le plat le plus accueillant du monde. » Qu’elle se présente plate comme une crêpe, épaisse comme une tortilla, souplement roulée ou rebondie façon chausson, ce petit plat du quotidien passe même pour être trop banal. Oui mais… elle n’est pas pour autant si facile à réussir ! ICI

 

Excellent article à lire pour tous les novices des fourneaux et des plaques chauffantes, je ne citerai pas de noms afin de ménager certaines susceptibilités, chez beaucoup de nos concitoyens « ne pas savoir faire cuire un œuf… » est génétique. Alors, leur demander de se faire une omelette équivaut pour eux d’affronter l’Everest en tongs.

 

Quand j’étais gamin au Bourg-Pailler j’étais préposé à la recherche des œufs, les poules de mémé Marie jouissaient d’une liberté totale, ce qui faisait marronner mon père car ces dames fientaient joyeusement sur ses belle machines agricoles, et elles pondaient dans des lieux improbables. Parfois, je découvrais dans le creux de la paille des nids œufs punais, très vieux, pourris, qui sentent mauvais, puant  lorsqu’on brise la coquille et Dieu sait s’ils nous arrivaient parfois d’en balancer sur des murs pour faire les marioles.

 

Qu'est-ce qui empêche mes poules de pondre ? | Blog conseils Ferme ...

 

L’omelette faisait partie des menus du soir au Bourg-Pailler, agrémentées d’oignons et de lard frits et accompagnée d’une salade du jardin.

 

À ce stade de ma chronique je me dois de faire un coming-out un peu humiliant : très souvent les hommes, lorsqu’ils raillaient entre eux quelqu’un, disaient : « C’est une Hommelette ! » moi phonétiquement j’entendais « Omelette ! » et je ne voyais pas le rapport. Comme dans aucun texte à l’école il n’était question d’Hommelette je suis resté un bon moment face à ce mystère, j’étais trop fier pour demander une explication.

 

Hommelette, substantif féminin, péjoratif : « Homme qui n'a rien des qualités et des vices de l'homme » (Delvau 1883).

 

Et puis, en griffonnant cette chronique, mes neurones déconfinés se sont souvenus que j’avais dû commettre une chronique sur l’omelette.

 

Bonne pioche, c’est ICI 

 

Nos voisins d’au-delà des Pyrénées, qui ne portent pas forcément les Français dans leur cœur, revendiquent la paternité de l’omelette comme l’indique cette anecdote rapportée dans un livre que je suis en train de lire « Aujourd’hui caviar, demain sardines » aux éditions de l’Épure :

 

Le problème c’est que vous autres, les étrangers (ndlr en l’espèce des Uruguayens), vous croyez que tout ce que font les Gaulois, c’est le meilleur du monde. Et en fait, la vérité, c’est qu’ils s’approprient tout ce qui nous appartient, même l’omelette française est espagnole ! Regardez, regardez là – dit-elle en me montrant un livre qui, si j’en crois l’usure, doit être sa bible : le manuel de cuisine régionale de la section féminine de la Phalange –, c’bien clair, là, la recette de l’omelette française a été inventée par un cuisinier de Philippe II qui l’appela l’ « omelette de la Cartuja ». 

 

Au XVIIe « faire une omelette » signifiait déjà « casser des choses fragiles ». Au milieu du XIXe, l’expression évolua et veut dire que l’on n’arrive à rien sans prendre de risques et qu’il faut savoir accepter et assumer les dommages collatéraux qui découlent de toute entreprise humaine.

 

 Cette locution proverbiale devenue expression française fut vulgarisée par Balzac dans Scènes de la vie privée…  

 

- Voulez-vous arriver ? s’écria le grenadier. ​

 

- Au prix de tout mon sang !... Au prix du monde entier !... répondit le major.

 

- Marche !... On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs !...

 

J’y proclamais : viva la frittata di maccheroni !

 

Sauf que mon oeuvre était un peu cramée, j’ai donc décidé de la refaire...

 

LES OMELETTES AUX FRAISES 

 

LES FRAISES , JOSEPH BOUCHOR , 1853-1937.

ICI

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20 mai 2020 3 20 /05 /mai /2020 06:00

 

Henri de La Rochejaquelein dans la bataille de Cholet, Paul-Emile Boutigny, 1899

 

Se moucher, l’irruption du Covid 19 dans notre vie quotidienne a fait de ce geste mécanique lorsqu’on est enrhumé un geste barrière contre la diffusion de la maladie.

 

Tousser dans son coude aussi, l’injonction des mères « mets ta main devant ta bouche si tu éternues » proscrite. Aux USA, il est de tout temps Interdit de tousser dans ses mains, sous peine de passer pour le gros dégoûtant de service : là-bas, on tousse dans son coude – ce qui donne l’impression qu’on embrasse son biceps. Pour les débutants, attention à ne pas rendre la manche de votre pull un lieu où fourmillent les bactéries en tous genres.

 

Comme j’adore les expressions surannées, je vous livre celle-ci qui colle parfaitement à la cohorte des toutologues sévissant sur les plateaux  des chaînes de télé en continue « Ne pas se moucher du pied, du coude… »

 

Donc, mon interrogation du jour : comment se mouchait-on avant l’apparition du mouchoir ?

 

Publié en 1530, en pleine Renaissance, le manuel de civilité d'Erasme, De civilitate morum puerilium dédicacé à Henri de Bourgogne, qui a fait référence pendant plusieurs générations dans nombre de pays européens, déconseille fortement :

 

  • de « se moucher avec son bonnet ou avec un pan de son habit »,

 

  • de même que de « se moucher dans sa main pour l'essuyer ensuite sur ses vêtements. »

 

« Si l'on se mouche avec deux doigts et qu'il tombe de la morve par terre, il faut poser le pied dessus. [...] »

 


Jean Avalon, Comment se mouchaient nos aïeux, in Aesculape, mars 1931 

 

Guitard Eugène-Humbert

Revue d'Histoire de la Pharmacie  Année 1931 

 

« Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le mouchoir n’est pas, comme la chemise, par exemple, une création de l’hygiène moderne. Il existait dans l’antiquité grecque, sous le nom de sudarion, èmitubion, èmicratès, et les élégants avaient coutume de le parfumer et de le porter avec ostentation.

 

À vrai dire nous ne savons pas si ces carrés d’étoffes luxueuses étaient utilisés par les Grecs comme nous utilisons les mouchoirs. Il est certain que le peuple se mouchait avec les doigts, et il semble que les élégants eux-mêmes, n’agissaient pas autrement, leur sudarion leur servant à éponger la sueur et probablement à s’essuyer après mouchage. Peut-être auraient-ils jugé répugnant de souiller ce linge comme nous le faisons.

 

Dans la Rome impériale qui, on le sait, avait hérité des mœurs grecques, le sudarium, appelé aussi orarium ou selabis, était aussi un complément indispensable de la toilette des jolies femmes, mais elles s’en servaient plus discrètement encore que les Athéniens ; la bienséance leur interdisait de se moucher en public et de quelque façon que ce soit.

 

Plusieurs textes du Moyen Âge démontrent que le mouchoir était, à cette époque, un objet de luxe ; en revanche il servait déjà comme aujourd’hui à recevoir le trop plein des narines. Au XVIIIe il commença à se démocratiser, ou, tout au moins à s’embourgeoiser, et c’est la mode du tabac à priser qui le mis entre toutes les mains : un refrain populaire au début de la Révolution, et que M. Avalon aurait pu citer, commençait par les mots : « Ton mouchoir, belle Raymonde. »

 

« Chez les Grecs  et les Romains, on ne connaît pas le mouchoir : on se mouche dans les doigts. Paysans et seigneurs du Moyen Âge se servent, eux, du revers de leur veste. Mais à la cour du Japon, au IXe siècle, les dames utilisent déjà des mouchoirs en papier de soie. Le mot « mouchoir » est cité pour la première fois en France  en 1559 dans L’Heptaméron, un recueil de nouvelles. En 1748, un décret fixe leur forme carrée  et même leurs dimensions, sous « peine de confiscation et d’amende » !

 

La France des normes et des amendes ne date pas d’aujourd’hui !

 

Ha, les mouchoirs de Cholet du pépé Louis et sa manière sonore de se moucher !

 

Ils étaient immenses… ça m’impressionnait…

 

En 1900, le chanteur Théodore Botrel se fait connaître grâce à son interprétation du « Mouchoir rouge de Cholet ». Il y met en lumière l’épisode marquant des Guerres de Vendée.

 

«…Fit de l'autre une cordelette

Pour pendre son sabre au poignet

Fit du troisième une bouclette

Sur mon cœur, ma mie Annette

... Et tout le jour les Bleus visaient

Le petit mouchoir de Cholet !»

 

Lors de la bataille de Cholet en 1793, Henri de La Rochejaquelein l'un des chefs de l'armée catholique et royale au cours de la guerre de Vendée, se bat avec une bravoure hors du commun portant trois mouchoirs sur lui : un sur son couvre-chef, un sur le cœur figurant le cœur vendéen, et un autour de la taille. Nul dans son armée ne devait le perdre de vue, et tous devaient savoir qu’il était en première ligne sur le front, fidèle à son ordre lancé aux troupes : « Si j’avance, suivez-moi. Si je recule, tuez-moi. Si je meurs vengez-moi! ».

 

Blessé dans la bataille, le mouchoir se teinte de pourpre, le sang du futur martyr des royalistes dans leur quête de sauvetage de la monarchie. Symbole tragique d’une mort annoncée qui survient le 28 janvier 1794 à proximité de Cholet. Le mouchoir gardera une empreinte rouge indélébile de cette journée macabre, qui le fera entrer dans l’Histoire.

 

le_mouchoir_de_cholet

 

Léon Maret, un industriel choletais, a découvert cette chanson dans un cabaret parisien. Il décide alors de lancer la fabrication du mouchoir tel qu’il est décrit dans la chanson. Coup de pub de l’époque, Léon Maret en envoie à Théodore Botrel pour qu’il en distribue partout où il passe. L’effet « boule de neige » se produit, ainsi naît le mouchoir rouge et blanc, Cholet devient la capitale du mouchoir.

 

Les mouchoirs n’ont pas toujours ressemblé à ceux d’aujourd’hui.

 

Leurs couleurs avaient toutes une signification et permettaient de reconnaître leur utilisation.

 

Le mouchoir de vendange -> violet

Le mouchoir de travail -> foncé

Le mouchoir tabatou - servant à « chiquer » le tabac -> jaune ou marron

 

« En 2003, Turpault, le dernier fabricant des fameux mouchoirs rouges de Cholet, met la clé sous la porte. »

 

 

« Mais en 1924, c’est la révolution, l’entreprise américaine Kimberley-Clark invente le Kleenex, un mouchoir carré de papier destiné au démaquillage qui va être détourné par le consommateur pour se moucher. Les premiers paquets de mouchoirs jetables apparaissent huit ans plus tard. ICI 

 

 

En 1966, en Alsace, le Français Ferdinand Béghin (à l’origine aussi de la marque de sucre Béghin-Say) transforme une ancienne cartonnerie en usine de mouchoirs en papier et lance la marque Lotus. ICI

Ferdinand Béghin, au début des années 60, est alors propriétaire d’une petite cartonnerie à Kunheim, en Alsace. D’un voyage en Floride, où les produits en papier sont monnaie courante, lui vient l’idée de transformer son usine pour fabriquer des mouchoirs en papier jetables. En 1966, Lotus est lancé. Ferdinand Béghin aurait choisi ce nom en référence à la douceur que lui évoquait la fleur de lotus. Aux mouchoirs, vient s’ajouter le papier toilette.

 

« Une révolution. À l’époque, les Français utilisaient du papier de soie marron ou du journal déchiré », explique Véronique Blot, responsable marketing papier toilette Europe du Sud chez SCA, propriétaire de Lotus depuis 2012.

 

Et même si Lotus appartient au géant suédois leader de l’hygiène en Europe, la marque reste 100% française. « L’usine de Kunheim est toujours en activité. C’est d’ailleurs ici qu’est basé le centre de R & D mondial de SCA pour le papier toilette », déclare Véronique Blot. Les produits Lotus sont aussi fabriqués dans deux autres usines françaises de SCA, à Gien et à Hondouville. Les trois sites emploient environ 1 500 collaborateurs. « 15 millions de mouchoirs sont fabriqués chaque jour à Kunheim. L’usine de Gien produit, elle, 2 millions de rouleaux de papier toilette par jour », ajoute la responsable marketing. »

Le 3 avril 2020
Les petits secrets des mouchoirs en papier ICI 

Pour en finir avec cette histoire de mouchoir, je dois vous avouer que lorsque naquit l’idée de cette chronique j’ai fait un nœud à mon mouchoir pour m’en souvenir :

 

  • Garçon, mon tabac ?

 

  • Ah ! pomme-de-reinette, je l'ai oublié… attendez, je vais faire un nœud…

 

  • Mais il y en a déjà un !

 

  • Le second est pour me rappeler le premier…

 

Source : 1854. Deux profonds scélérats (pochade)

 

Connaissez-vous l'origine de l'expression "Moucher une chandelle ...

 

Dans mon labeur d'enfant de chœur j'adorais moucher les cierges entre mon pouce et l'index...

 

Moucher une chandelle = éteindre la lumière

 

Cette expression date du XVIe siècle et plus particulièrement de l'époque baroque. Durant cette période, le principal mode d'éclairage était la bougie, mais aussi la chandelle : une mèche de tissu trempant dans du gras de mouton et de boeuf. Cette "lampe" pouvait ainsi durer plusieurs heures et pour l'éteindre, la mouchette (ciseaux à réservoirs) était indispensable.

 

La Nausée

- La citation titre est de Sartre, La Nausée, 1938, p.8

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Manger vos crottes de nez, c'est bon pour votre santé et voici pourquoi ICI
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19 mai 2020 2 19 /05 /mai /2020 06:00

Il y a 10 ans 1 petit viticulteur métayer du Beaujolais m’écrivait : son père lui disait « le Beaujolais est perdu »  Qui sauvera le beaujolais ?

Que le secteur du vin, comme beaucoup de secteurs économiques, ait souffert à la fois du confinement de la population et de la fermeture des restaurants, à signaler tout de même que la GD est restée ouverte et que la plupart des cavistes ont assuré le service, je le reconnais sans peine.

 

Que les TPE du vin bénéficient d’un plan de soutien au même titre que les autres entreprises c’est logique.

 

Un point m’interroge : pourquoi distiller, avec aide de l’État, un volume très important d’AOP-IGP ? On avance le chiffre de 3 millions d’hl ce qui équivaut à 400 millions bouteilles de 75cl.

 

Les vins AOP-IGP, comme tous les vins sont stockables, je crois même que pour parer aux mauvaises récoltes l’INAO et les ODG ont prévu des réserves permettant aux vignerons d’alimenter régulièrement leurs circuits commerciaux.

 

On va me rétorquer qu’il s’agit de faire rentrer des liquidités dans les trésoreries asséchées et de libérer les cuves pour la prochaine récolte (le mythe de l’AOP-IGP en bouteilles en prend un coup sur la casquette.

 

Sans vouloir jeter la pierre à Bordeaux, je rappelle ce que j’ai écrit :

 

4 décembre 2019

Le repli subventionné des Bordeaux et Bordeaux Sup en VSIG c’est de la concurrence déloyale ! Faudra songer, comme le Midi rouge l’a fait, à une solution plus radicale…  ICI 

 

J’en reste là pour deux raisons : tout d’abord je n’ai nulle envie de me faire traiter de nantis par l’intersyndicale des vins, je leur signale à toute fin utile que je suis un client-consommateur et un contribuable conséquent, ensuite, tenant l’actuel Ministre de l’Agriculture pour ce qu’il est, il n’est pas de saison de tirer sur les ambulances on aurait plutôt tendance à les applaudir.

 

Je vais me permettre de sortir de la naphtaline comment on gérait les excédents au temps des vins de table.

 

Jean Pinchon, le normand producteur de cidre et de calvados, ancien directeur de cabinet d’Edgar Faure Ministre de l’Agriculture, homme de l’ombre chez Louis-Dreyfus, propulsé à la tête de l’INAO par Michel Rocard afin de mettre fin au monopole de Bordeaux, aimait les discours et, lorsqu’il recevait la Ministre, il ne manquait pas de lui rappeler que, contrairement aux vins de table, les AOC ne coûtaient pas un rond à la République et lui rapportaient beaucoup.

 

16 février 2015

Comment nomme-t-on un Président de l’INAO ? Le fait du Prince ! ICI 

 

En effet, le règlement de l’OCM vin était exclusivement tourné vers la gestion du marché des vins de table structurellement excédentaire du fait de la chute de leur consommation.

 

 

La mécanique, entièrement prise en charge par le budget européen, elle était généreuse cette Europe aujourd’hui vouée aux gémonies, était une petite merveille :

 

1° sitôt la récolte un petit coup de distillation préventive : exit le picrate pas très présentable !

 

souscription de contrats de stockage à court et long terme pour tenir le prix du marché.

 

3° en fin de campagne pour les vins stockés à long terme : distillation des vins stockés à long terme à un prix rémunérateur, ça s’appelait la garantie de bonne fin.

 

Bien sûr, mes éminents collègues œuvrant au 78 rue de Varenne n’ont pas la queue d’un souvenir de ce temps préhistorique où la chaudière des distillateurs fumait, que le Service des alcools était l’un des lieux de pouvoir de la République, Montredon : 2 morts, qu’en 1981 les CAV versaient du mazout dans le pinardier Ampélos à Sète, qu’à  Bruxelles le chargé du vin s’appelait Chiappone, qu’il a fallu instaurer la distillation obligatoire dans les accords de Dublin pour pouvoir acter l’entrée de l’Espagne dans le Marché Commun, qu’il a fallu arracher des milliers d’ha de vigne pour faire entrer le Midi rouge dans la modernité…

 

Bref, la réalité nous revient en pleine poire, les AOP-IGP grand bassin déversoir de tous les espoirs des viticulteurs en quête de la reconnaissance, exit le jaja populaire nous sommes tous des vignerons auteurs de petites cuvées étiquetées, que nous soyons VIF ou coopératifs, laissons aller les rendements la grande éponge de la GD et des Chinois réunis absorbera !

 

Et puis patatras, la conjonction d’un désamour baptisé Bordeaux-bashing, des excentricités du blond dans le vent Trump qui taxe et de l’essoufflement de l’économie chinoise du souriant Xi Jinping, de la crise sanitaire… revoici revenu le temps des excédents.

 

Pure conjoncture ?

 

Les grands chefs proclament : repartons à l’offensive sur notre marché intérieur !

 

Pure illusion, celui-ci qu’il soit domestique ou européen ne va donner beaucoup de marges de manœuvre.

 

Alors il va bien falloir se résoudre à réfléchir sérieusement à la gestion des excédents structurels des AOP-IGP, ce sera douloureux pour les beaux esprits de la CNAOC et de l’INAO, mais l’histoire nous a appris qu’à trop tarder, à tergiverser, ça se termine par des arrachages.

Consultée par Vitisphere, une lettre envoyée à l’exécutif demande de gonfler le paquet d’aides envisagé pour que le vignoble surmonte la crise sanitaire du coronavirus.

 

Après la montée de l’insatisfaction dans le vignoble, les revendications tombent sur les ministères. Envoyant une réponse au plan gouvernemental d’aides sectorielles présenté ce 11 mai, les principales organisations viticoles* signent ce 14 mai une lettre précisant leurs demandes aux ministres de l’Agriculture et de l’Economie, soit Didier Guillaume et Bruno Lemaire. Remerciant l’exécutif pour ses « premières annonces », les représentants du vignoble soulignent que « ce plan est très insuffisant et n’est pas à la hauteur de ce que représente la filière viti-vinicole pour la France (600 000 emplois sur le territoire et 12 milliards d’euros à l’export) ».

 

Le gouvernement ayant prévu une clause de revoyure, la filière précise ses demandes, notamment sur la gestion des volumes invendus pesant sur les marchés. A l’enveloppe gouvernementale de 140 millions € pour la distillation de 2 millions d’hectolitres de vin (un prix moyen de 70 euros par hectolitre), le vignoble français confirme un besoin de 260 millions € pour désormais 3,5 millions hl d’excédents (avec un prix de 80 €/hl pour les AOP/IGP et de 65 €/hl pour les VSIG, ainsi qu’une aide de 20 millions € pour les distillateurs). « Le dispositif ne doit comporter ni contingentement par région, ni contingentement par segment » ajoute le courrier aux ministres, ne souhaitant pas plafond en volume pour la distillation, mais évoquant le souhait d’« une réduction linéaire des volumes engagés identique pour toutes les souscriptions en cas de dépassement des demandes par rapport à l’enveloppe ». Ce mécanisme incitatif étant complété par une menace de « sanction financière en cas de non-livraison de la totalité ou d’une partie des volumes accordés après réfaction ».

 

"Vins conservés plutôt que distillés"

 

Jugeant injuste l’utilisation de 80 millions € du programme national d’aide pour financer toute distillation, la filière demande au gouvernement de maintenir la pression pour que Bruxelles débloque de l’argent frais. Afin de financer les mécaniques de gestion des excédents, y compris le stockage privé, auquel les vignobles septentrionaux sont plus enclins. En la matière, le courrier indique qu’« une aide de 10€/hl/12 mois serait précieuse pour les vins qui peuvent être conservés plutôt que distillés ».

 

50 à 100 % d’exonération de charges sociales

 

Les modalités d’éligibilité à l’exonération de charges sociales suscitant l’incertitude la plus complète dans le vignoble, les représentants viticoles fournissent au gouvernement des « précisions sur le mode de fonctionnement de nos filières de manière à dimensionner le dispositif » afin de redimensionner l’enveloppe (trois fois inférieure aux cotisations nationales pour un trimestre selon la MSA). Si les metteurs en marché enregistrent depuis mars une chute brutale de leurs ventes depuis le confinement, les opérateurs sous contrats avec des négociants ou adhérant à une cave coopérative ne ressentent pas encore commercialement les conséquences de la crise du coronavirus.

 

« Pour ces différentes raisons, nous vous proposons le dispositif suivant : une exonération de charges de 50 % systématique pour toutes les exploitations, toutes le caves coopératives et leurs unions quelle que soit leur taille, ainsi que les groupements d’employeurs » propose la filière. Ajoutant qu’« au-delà de 50% de pertes de chiffre d’affaires, nous souhaitons 100% d’exonération de charges ». Dans le premier cas, la filière propose de simplifier la mesure avec une application automatique de l’exonération par la MSA. Dans le second cas, les entreprises devraient poser un dossier justifiant de leur perte d’activité (celui de la cave coopérative pour les viticulteurs apporteurs). Dans tous les cas, il s’agirait d’une exonération des charges sociales et patronales concernant l’année 2020.

 

Fin des demandes de distillation le 20 juin

 

N’oubliant pas de relancer les demandes de fonds de compensation aux mesures de rétorsion américaines (ou de résolution diplomatique du conflit aéronautique), de « demande de prise en charge des intérêts d’emprunts en cas de négociation d’année blanche avec les banques », de réduction de la TVA en CHR pour les boissons alcoolisées (ce qui est le cas en Corse) et d’allégement de la fiscalité sur les stocks (mécaniquement à la hausse), la filière vin rappelle que le temps presse. Avec une adoption des mesures de gestion des excédents prévue ce 3 juin, lors d’un conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, la réception des souscriptions à la distillation devrait s’achever « au plus tard le 20 juin ». Après le temps des revendications, celui des négociations s’ouvre.

 

* : Soit la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC), les Vignerons Coopérateurs de France (CCVF), la Confédération des vins IGP (Vin IGP), les Vignerons Indépendants de France (VIF), l’Association Générale des Producteurs de Vin (AGPV) et la commission viticole de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA).

" Vous avez de tout temps inscrit bien haut, au fronton des appellations d'origine, l'exigence de la qualité. Il faut que par-delà les proclamations l'on retrouve dans chaque bouteille vendue sous le cachet de l'authenticité de l'appellation un produit irréprochable. Dans d'autres domaines certains producteurs ont payé et payent encore très cher les libertés qu'ils ont pris avec les exigences qualitatives.

 

En termes simples : surveillez les rendements, n'admettez pas facilement les dérogations, ne tolérez plus très longtemps mes délimitations imparfaites ou absentes, soyez exigeant lors de l'accession à l'appellation d'origine.

 

Je salue volontiers volontiers votre orientation vers plus de rigueur, mais permettez-moi d'attendre un peu les résultats pour vous transmettre les félicitations. Bien sûr je ne suis pas là pour distribuer des bons ou des mauvais points mais pour encourager vos efforts..."

 

Extraits du discours de Michel Rocard, Ministre de l'Agriculture, devant la session itinérante du Comité National de l'INAO, le 17 mai 1984 à Montpellier.

FranceArchives: Portail National des Archives de France

En faisant des recherches je suis tombé sur cela :

 

Les archives de M. Jacques Berthomeau, conseiller technique au Cabinet du ministre de l'Agriculture Michel Rocard, puis Henri Nallet de 1984 à 1986, ont été versées aux Archives nationales sous protocole de versement en date du 20 mars 1986.
 
Monsieur Berthomeau a été chargé, au moment de sa nomination, d'assurer le suivi des dossiers vins, alcools, productions végétales, fruits et légumes.
 
Les archives inventoriées ci-après reflètent ces activités. Les articles 43 CAB 1 à 26 sont constitués de dossiers concernant les problèmes de production et de marchés dans les secteurs suivants : céréales, viticulture, fruits, légumes. Les articles 43 CAB 27 à 32, ayant trait à l'organisation des marchés agricoles, concernent les offices d'intervention (ONIFLHOR, ONIPPAM) ainsi que l'élargissement de la communauté économique européenne à l'Espagne.
 
Enfin, l'article 43 CAB 33 contient des projets de contrats de plan Etat/régions préparés dans le cadre du IXème plan.
 
Conformément aux dispositions du protocole cité ci-dessus, ces archives seront librement communicables au terme d'un délai de trente ans.

 

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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 14:45

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Allez jusqu’à 98 ans comme Michel Piccoli, je signe de suite.

 

La musique dans le cinéma de Claude Sautet

 

Je n’ai pas la pointure pour lui rendre hommage mais l’image de lui et de Romy dans les Choses de la vie, et les autres films de Sautet Max et les ferrailleurs, Vincent, François, Paul et les autres, Mado, c’est une belle part de ma vie. Et puis, le Mépris, la Grande Bouffe, Habemus papam, Themroc… Il change de pieds perpétuellement, bien au-delà de l’acteur, « un irrécupérable. Extravagant (un mot qu’il adorait). Et poétiquement libertaire. L’exact contraire d’un courtisan. »

 

 

Ni commercial, ni narcissique

 

Au mitan des années 1970, il est au top. Tout le monde le réclame : Rouffio, Deville, Rivette, Chabrol, Varda, Demy, Lelouch... Les films, certains de francs succès, ne sont pas tous bons, mais lui l’est toujours : la moindre de ses apparitions a du poids, de la densité. Piccoli, c’est l’anti-Belmondo, l’anti-Delon. Ni commercial, ni narcissique. Viscéralement de gauche, il ne gère pas sa carrière, cultive le zigzag (« Les lignes droites m’ennuient »), « hanté par l’idée de passer pour un vieux con » (disait Francis Girod).

 

En fait, plus il vieillit, moins il s’encroûte. Après avoir beaucoup joué dans les petits théâtres de la rive gauche dans les années 50, il revient à la scène dans les années 1980, et reprend une autre dimension d’acteur encore, aux côtés des plus grands : Peter Brook (La Cerisaie), Patrice Chéreau (La Fausse Suivante , Luc Bondy (Terre étrangère). Avec eux, plus que jamais, il semble capable de tout : de la tragédie comme de la farce, du silence comme du tumulte. Un imprévisible fauve.

 

Les tempes grisonnantes, la prestance d’un capitaine d’industrie, le verbe haut : c’est l’image de Michel Piccoli gravée par les films de Claude Sautet, au début des années 1970. Des rôles où le pouvoir le disputait à l’angoisse, où la force cachait une fêlure. Un éternel quinquagénaire, Piccoli ? L’âge, en vérité, ne semble n’avoir jamais eu de prise sur ce géant, qui avait travaillé avec les plus grands (Buñuel, Ferreri, Hitchcock, Godard, Oliveira, Ruiz..) en fortifiant à chaque fois sa part d’enfance. Chez lui, la grandeur allait de pair avec l’espièglerie. Et si sa carrière, au cinéma, au théâtre comme aux grandes heures de la télévision, fut exceptionnelle, c’est aussi parce qu’elle fut d’une variété rare.

 

Ses parents étaient tous deux musiciens, immigrés italiens. Milieu plutôt bourgeois du côté de Marcelle, sa mère, pianiste ; plus modeste, du côté d’Henri, son père, violoniste, qu’il aimait beaucoup. Avec la mère, les rapports étaient plus compliqués. Juliette Gréco, qui fut l’épouse de Piccoli, a dit un jour à Télérama que son enfance fut « dévastatrice ». On sait juste qu’un frère mort avant sa naissance avait précédé Michel...

 

Enfant, il se terre dans le silence.

 

L’école ? Morne. Au lycée, il est « nul, totalement ailleurs ». Sauf qu’au collège, dans un pensionnat, il rencontre le théâtre. Vertige. « Je devais avoir 9 ou 10 ans. J’étais agacé par le fait que les adultes parlaient beaucoup entre eux, mais jamais aux enfants. Un jour, sur scène, je me suis régalé en jouant un conte d’Andersen, l’histoire de trois tailleurs qui doivent confectionner le plus beau costume pour le roi et qui réussissent finalement à le faire défiler nu. Une farce sublime. Voir tous ces adultes qui m’écoutaient enfin, c’était merveilleux. Je me suis dit : “J’ai trouvé mon lieu à moi.” »

 

Michel Piccoli : « Faites tout ce qui peut bouleverser la vie et les spectateurs »

 

Michel Piccoli garde en lui une capacité d'étonnement presque enfantine qui force l'admiration.

 

Comment fait-il ?

 

Mystère. Cet état d'enfance lui a permis de traverser quelques décennies de cinéma, pas moins de six, et d’en parcourir tout le spectre... C'est par ces quelques mots admiratifs que Serge Toubiana présente la rétrospective Que la cinémathèque française (qu'il dirige) consacre à l'acteur en cette rentrée. 66 films à (re)découvrir, parmi les 200 dans lesquels il apparaît.

 

« Ne courez pas après le triomphe. Voyagez. Allez partout. Faites tout ce qui peut bouleverser la vie & les spectateurs »

 

« C'est pas parce qu'on est acteur qu'il faut être cabotin, prétentiard ou content de soi-même »

Michel Piccoli, légendaire acteur de cinéma et de théâtre, est mort ICI 

L’acteur, disparu le 12 mai à l’âge de 94 ans, a vécu une existence frondeuse et aventurière, s’est essayé à tous les genres de cinéma, a côtoyé les plus grands.

Par 

Mort de Michel Piccoli, un des derniers géants du cinéma français ICI
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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 06:00

 

Comparaison n’est pas raison mais nous, les gaulois, depuis Vercingétorix à Alésia aimons les perdants magnifiques, le brave Poulidor toujours derrière Anquetil, les défaites de Glasgow et Séville en football, le « naïf » Rocard face au « manœuvrier » Mitterrand, la dernière charge des cuirassiers  à Reichshoffen en 1870…

 

FR-TUL - Histoire de France - Les Gaules de Jules César et de ...

 

« Alésia ? Connais pas ! »

 

La formule bien connue du chef Abraracourcix, dans les albums d'Astérix, demeure plus que jamais d'actualité.

 

Le siège d'Alésia se conclut aux alentours du 27 septembre de l'an 52 av. J.-C. par la reddition des Gaulois et de leur jeune chef Vercingétorix.

 

Le vainqueur est le général romain Jules César. Il clôt ainsi, non sans peine, la guerre des Gaules, entamée sept ans plus tôt.

 

Jules César vs Vercingétorix : une stratégie romaine implacable

 

Bien que le rapport de force soit largement en défaveur des Romains, ces derniers ont obtenu la victoire finale à la bataille d'Alésia grâce à leur maîtrise de l'art de la guerre. En effet, 82.000 Romains ont vaincu 328.000 Gaulois.

 

Les deux versions de la rencontre entre Vercingétorix et César :

 

César écrit : «César ordonne que les armes soient rendues, que les chefs soient conduits à lui. Lui-même s’assied dans le retranchement, devant le camp. Les chefs y sont conduits. Vercingétorix se rend. Les Eduens et les Arvernes furent mis à part, pour le cas où il pourrait, grâce à eux, reprendre des villes. Les autres captifs sont distribués à toute l’armée comme butin, à raison d’un prisonnier par personne».

 

Astérix, toute une histoire | Metro

 

C’est plus romanesque chez Plutarque (Vie de César) et c’est cette image que l’on a conservée : «Les assiégés, après s’être donné bien du mal à eux-mêmes et en avoir donné beaucoup à César, finirent par se rendre. Vercingétorix, qui avait été l’âme de toute cette guerre, fit parer son cheval, prit ses plus belles armes et sortit ainsi de la ville. Puis, après avoir fait caracoler son cheval autour de César, qui était assis, il mit pied à terre, jeta toutes ses armes et alla s’asseoir aux pieds de César où il se tint en silence, jusqu’au moment où César le remit à ses gardes en vue de son triomphe».

 

 

Le 6 août 1870, lors de la bataille de Reichshoffen* (ou Froeschwiller-Woerth) a lieu un événement qui va rentrer dans les annales héroïques de l’Armée française. Les cuirassiers français chargent pour l’honneur les troupes prussiennes, quasiment quatre fois supérieures en nombre.

 

Lors de cette dernière charge perdue d’avance mais menée avec panache, c’est toute la cavalerie lourde française qui meurt - et sa doctrine d’emploi.

 

 

LA CHARGE DES CUIRASSIERS ICI  

 

La 4ème division (général Lartigue) est alors en grande difficulté. Mac-Mahon demande au général Michel, commandant les 8ème, 9ème régiment de cuirassiers et deux escadrons du 6ème régiment de lanciers, d’attaquer les Prussiens autour de Morsbronn afin de donner de l’air à la 4ème division.

 

Les quelques Prussiens embusqués dans les vignes et les houblonnières près du village sont vite bousculés par les cavaliers lourds français, qui entrent dans le village par le Nord.

 

L’ennemi occupe les maisons et tire depuis les fenêtres. Les cavaliers français arrivent alors à une bifurcation ; certains partent à gauche vers la route de Woerth, et la plupart s’engagent à droite, dans la rue principale de Morsbronn. Ils se rendent compte trop tard que la rue, menant à l’église, se rétrécit. Les cuirassiers sont alors des cibles faciles pour les soldats prussiens qui les abattent à bout portant. Derrière, les lanciers arrivent à leur tour et font la même erreur.

 

Devant le bruit de la fusillade, le général Michel, encore en dehors de Morsbronn, récupère les derniers cavaliers valides et leur déclare :

 

« Camarades, on a besoin de nous, nous allons charger l’ennemi ; montrons qui nous sommes et ce que nous savons faire, vive la France ! »

 

Les cavaliers du général Michel chargèrent pour aider leurs camarades pris dans Morsbronn. Mais arrivés devant le village, ils se heurtèrent à des bataillons prussiens. Après avoir subi de lourdes pertes, ils réussirent à encercler le village. Une autre charge du 9ème cuirassier parvint à dégager Morsbronn, sous la forte pression des troupes prussiennes.

 

Ils durent évacuer le village, et seule une cinquantaine de cavaliers réussit à rejoindre les troupes françaises à Saverne. Le 8ième cuirassier, lui, eut moins de chance : seuls 17 cavaliers en réchappèrent.

Emmanuel Macron honore de Gaulle, 80 ans après la Bataille de France

 

Le président de la République commémorera, ce dimanche, la bataille de Montcornet. Une défaite célèbre de la France lors la Seconde Guerre mondiale où Charles de Gaulle s’est illustré en tentant une contre-attaque contre l’armée allemande, le 17 mai 1940.

 

C’est une première. Jamais un président de la République en exercice ne s’était rendu dans ce village de l’Aisne, qui plus est pour célébrer cette défaite fondatrice du mythe gaullien: la bataille de Montcornet. Ce dimanche, Emmanuel Macron consacre son premier déplacement hors covid-19 à la commémoration de cette contre-offensive menée par le colonel de Gaulle le 17 mai 1940.

 

Montcornet: pourquoi Macron célèbre cette défaite du colonel De Gaulle? ICI 

À Montcornet, Macron honore de Gaulle et célèbre «l'esprit français»

Dans l’Aisne, Emmanuel Macron cherche à s’inspirer de « l’esprit de résistance » du général de Gaulle ICI 

Le chef de l’Etat a présidé dimanche la commémoration de la bataille de Montcornet, le 17 mai 1940, quand Charles de Gaulle, à la tête de la 4e division cuirassée, parvint à freiner l’avancée allemande.

Par  

La bataille de Montcornet – 2e GUERRE MONDIALE

Le colonel Charles de Gaulle au côté du président de la République, Albert Lebrun, en visite à Goetzenbruck, le 23 octobre 1939. 

Source : Yves Buffetaut, De Gaulle chef de guerre, 39-45 magazine, supplément au n°50, éditions Heimdal, Bayeux, juin 1990, pp. 20-25

 
 

Présentation

Ce document administratif brut présente Charles de Gaulle, en soldat professionnel, technicien de la chose militaire, connaisseur de la guerre des blindés. Il a reçu une mission et des moyens pour la remplir, notamment des chars d’assaut dont il s’est fait le chantre dans Vers l’armée de métier, publié en 1934.

 

 

Se battre militairement pour Montcornet 16-17 mai 1940 ICI

Le Département de l'Aisne lance un concours pour la conception d ...

Montcornet, une victoire en trompe-l’œil  ICI  

 

FIGAROVOX/ANALYSE - Célébrée par Emmanuel Macron ce dimanche 17 mai, la bataille de Montcornet est restée dans la mémoire collective comme la seule victoire française de mai-juin 1940, sous le commandement du colonel De Gaulle. La réalité fut tout autre.

 

Par Jean-Robert Gorce

Publié le 15 mai 2020 

 

Le 17 mai 1940, dans la petite bourgade de Montcornet, dans l’Aisne, la 4e division cuirassée du colonel De Gaulle attaque le flanc gauche des troupes blindées allemandes qui foncent vers la Manche. Dans la mémoire collective, cette «bataille» est devenue un moment clé de la guerre de 1940: la seule victoire obtenue par l’armée française durant les terribles mois de mai et juin.

 

La réalité est pourtant tout autre et, à aucun moment, les troupes de De Gaulle n’ont inquiété les Allemands. Quelle est la vérité sur cette action? Comment le mythe de Montcornet est-il né et comment a-t-il pu perdurer?

 

Un simple colonel

 

Le 24 avril 1940, le colonel De Gaulle, qui commande alors les chars de la 5e armée en Alsace, est convoqué par le général Gamelin qui lui annonce qu’il a décidé de créer deux nouvelles divisions cuirassées et qu’il compte lui donner le commandement de la dernière d’entre elles.

 

A ce moment, De Gaulle, pourtant simple colonel, n’est pas tout à fait un inconnu. Son livre, Vers l’armée de métier, paru en 1934, était un réquisitoire contre la doctrine en vigueur à l’époque dans l’armée française. Il y avait composé un vibrant plaidoyer pour la constitution d’un puissant corps de bataille cuirassé, fort de 100 000 hommes, tous des soldats professionnels. De Gaulle y reprenait, pour l’essentiel, les idées développées au début des années 1920 par le général Estienne, mais sans réellement en maîtriser les aspects tactiques et pratiques. L’auteur utilisait en effet des formules vagues, qui ne donnaient jamais le «mode d’emploi» du char. Il énonçait quelques caractéristiques comme: «l’arme blindée s’avance à la vitesse du cheval au galop» ou encore «les tanks gravissent des talus de trente pieds de haut». Jamais il ne rentrait dans les détails techniques et logistiques. Surtout, De Gaulle n’y abordait que très superficiellement le rôle de l’aviation et des transmissions.

 

Vers l’armée de métier, tenait ainsi plus de l’essai littéraire, que de la définition précise du concept d’emploi du char au combat. Les principes de guerre cuirassée proposés par De Gaulle étaient, partant, assez éloignés de ceux qui étaient au même moment prônés en Allemagne par le général Guderian ou, en France, par le général Flavigny. Ces derniers privilégiaient la rapidité et la manœuvrabilité, alors que le futur homme du 18 juin ne parlait quasiment que de la puissance de feu supplémentaire apportée par la nouvelle arme.

 

Mais, s’il ne maîtrise pas l’emploi de l’arme blindée, ou du moins pas plus que la plupart des théoriciens militaires de son époque, De Gaulle avait sur eux un gros avantage: il avait perçu avant eux le rôle de la communication. Pour arriver à ses fins, il avait convaincu du bien-fondé de ses thèses des journalistes comme Jacques Chabannes de Radio-Paris, et utilisé un de ses amis, l’avocat Jean Auburtin, pour se faire présenter à des hommes politiques influents, notamment Paul Reynaud. De Gaulle s’était ainsi donné les moyens de diffuser sa pensée dans les cercles des hommes de pouvoir et de décision. Cette technique de la communication, De Gaulle la maîtrisera parfaitement, de juin 1940 à mai 1968. C’est la raison pour laquelle, après avoir adhéré aux concepts d’emploi de l’arme blindée d’hommes aux compétences infiniment supérieures, il en est devenu le vecteur médiatique.

 

France, 17 mai 1940

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LA BATAILLE DE MONTCORNET ICI

L’année 2020 marque un triple anniversaire pour le général de Gaulle, celui de sa naissance il y a 130 ans, de son décès il y a 50 ans et de l’appel du 18 juin 1940. En novembre dernier, l’Élysée avait annoncé que le président Macron marquerait le coup par « trois événements destinés à célébrer, à travers de Gaulle, l’esprit de résistance, l’esprit de la République et l’esprit de la Nation  », un message plus que jamais d’actualité dans le contexte actuel de pandémie de Covid-19.

 

Dimanche 17 mai, le chef de l’État se rendra ainsi à Montcornet, Dizy et dans la commune de La Ville-Aux-Bois-Lès-Dizy, dans l’Aisne, quatre-vingts ans jour pour jour après la bataille de Montcornet à laquelle prit part le colonel de Gaulle, commandant la 4e division cuirassée. L’armée française, qui avait lancé une contre-offensive, avait pris plusieurs points stratégiques avant d’opérer un repli face à la Wehrmacht allemande.

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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 08:00

LIP grands hommes

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Contrôler aujourd’hui pour décider demain manifeste a été adopté par le 8° Congrès National du PSU (Toulouse, 9-10-11 décembre 1972)

 

L’autogestion, une appellation à l’époque dévoyée par l’usage qu’en faisait Tito en Yougoslavie.

 

L’autogestion à la Rocard se fonde sur une hostilité, jamais démenti chez lui, à la trop grande intervention de l’État. Ce qui ne signifie pas moins d’État mais ce qu’aujourd’hui on appelle le local, Décoloniser la province au colloque de Saint-Brieuc en décembre 1966, où il fustige la centralisation française et prône une plus grande autonomie des territoires, il propose d’en finir avec « une tradition politique qui, des rois aux républiques, en passant par les empereurs, gouverne à l’intérieur par ses missi dominici, ses intendants et ses préfets en étouffant les pouvoirs locaux. », à l’époque c’était les GAM (groupe d’action Municipale) chers à Hubert Dubedout qui a conquis Grenoble.

 

Les jacobins de tous les bords le raillent, se moquent, et rappelez-vous bien plus tard, lors de son discours de politique générale les moqueries pour son souci des réparations des cages d'escalier, des ascenseurs, des halls d'entrées des HLM dans les quartiers dégradés.

 

La 2ième gauche, le Rocard’Estaing cher aux cryptocommunistes du CERES de Chevènement et des Poperénistes...

 

Les assemblées générales, qui ont décidé de l’occupation du site pour défendre l’emploi et les salaires, ont rythmé la vie des Lip.

 

Mais revenons à l’aventure post-soixante-huitarde de l’entreprise LIP.

 

« En juin 1973, le mouvement de protestation au sein de l’horlogerie LIP de Besançon va leur donner l’occasion d’expérimenter leur idéal. Pour  éviter les licenciements massifs dans cette entreprise en grave difficulté, les employés se saisissent des stocks de montres et relancent la production en privilégiant une commercialisation en circuit court. Le PSU est au cœur de l’expérience, notamment par l’intermédiaire du principal animateur du mouvement Charles Piaget, membre du parti, ainsi que de la CFDT. Michel Rocard lui aussi s’y implique, participant à plusieurs manifestations de soutien au ouvriers de l’entreprise autogérée, notamment la grande marche du 29 septembre qui rassemble 100 000 personnes dans la ville de Besançon. Par le biais de ses réseaux au sein du patronat, il va aider à trouver une solution de reprise, notamment auprès de ses amis José Bidegain et Antoine Riboud. C’est finalement l’un de ses proches, Claude Neuschwander, le numéro 2 de Publicis, qui prend la tête de la société à l’origine du rachat de LIP en janvier 1974. Pur faire rentrer les stocks de montres saisies les mois précédents, une rocambolesque opération va alors se mettre en place, racontée par Michel Rocard à Bernard Ravenel :

 

« Juste avant son installation, il faut récupérer l’argent des ventes et les montres non vendues. Tout doit se faire à Besançon, à l’usine. Un réseau de camionneurs syndiqués CFDT est mis en place. On prévient le préfet pour qu’il n’y ait pas de contrôle, sinon c’est le bordel. Il y aura une nuit sans patrouille dans la région. Dans au moins un cas, un équipage de camion (chauffeur et accompagnateur) aura une mitraillette sur les genoux, contre quiconque empêcherait de passer… Vers minuit et demi arrivent beaucoup d’argent, un paquet de montres dont beaucoup, pas toutes, viennent de couvents. Un autre camion part dans la nuit pour Paris avec l’argent enrobé dans des colis circulaires, des « tommes de fromages ». Arrivée à 4 heures du matin à Pari, où Bidegain et Riboud attendent pour récupérer l’argent et le « légaliser ». Vers 5 heures du matin, ils sont là avec un membre de la FGM-CFDT, Riboud prend livraison des « fromages », il réveille au téléphone son ami banquier de la Compagnie financière, filiale de Rothschild, de Fouchier : « venez en urgence, j’ai arrangé des fromages » De Fouchier, irrité, se rend à 6 h 30 à sa banque. Le veilleur de nuit, stupéfait, ouvre la salle des coffres et on descend l’argent sous forme de colis, tout est décompté, enregistré comme support en capital. Le trésor des Lip est entré dans la légalité. »

 

Mais le projet ne convainc pas les investisseurs. À la tête  de l’entreprise, Claude Neuschwander tente de prolonger l’autogestion ouvrière. Mais il est bientôt désavoué par les patrons qui l’ont soutenu, dont Antoine Riboud, PDG de BSN-Danone. Le gouvernement aussi, confronté désormais à la crise économique, lâche l’entreprise. Lip doit finalement fermer deux ans plus tard. À cette date, Michel Rocard n’est plus au PSU.

 

Michel Rocard

 

De l'usine Lip à Besançon, « il ne reste plus que le nom » ICI 

 Par Audrey Fisne  |  25/05/2018

 

Rachetée in extremis, l'usine ne survivra pas au nouveau capitalisme « où la finance » et « l'intérêt de l'argent sont au cœur de l'économie », explique Claude Neuschwander, le repreneur de l'entreprise en 1974

Les paroissiens de Palente

Quelques écrits du TAULIER

 

Le silence qui s’ensuivit marquait le triomphe du malingre. Il jouissait de son avantage car évoquer devant moi le souvenir du gourou de la Gauche Prolétarienne c’était, il le savait le bougre, me replonger dans un temps où le grand n’importe quoi régnait en maître. Poursuivant son avantage Duruflé, après avoir lampé son Bas-Armagnac, ricanait : « C’était le gros Geismar qui pilotait une vieille 4L vers Palente. Un peu avant l’usine, quelques camarades locaux les attendent. J’en suis car j’étais déjà des deux bords. Quand on s’aperçoit que le Benny est flanqué de Geismar ça gueule sec. «Putain, tu te prends pour un touriste. Franchement si tu pointes ta tronche dans l’usine tout le monde va se dire que les maos viennent foutre la merde dans notre grève… » Le pépère Geismar il n’en revenait pas. Ni une, ni deux, il se retrouvait accroupi au fond d’une bagnole qui, deux précautions en valaient mieux qu’une, le déposait sur le quai de la gare de Dijon pour embarquer dans le premier train pour Paris. Pendant ce temps-là, tel un brave visiteur, « Pierre Victor » dont nul ne connaît le visage du côté de Palente, franchit les grilles de l’usine, accompagné de deux ouvriers de chez Renault, sans encombre. Même qu’il se fait cornaqué par un responsable de l’accueil. Tout lui est ouvert, même les AG, à la condition qu’il respecte la libre parole et bien sûr ne participa pas aux votes. Le gars qui les accueille c’est Jean Raguenès, OS chez Lip depuis 3ans, dont Benny Levy, qui a son service de renseignement, sait que c’est un père dominicain détaché de son couvent qui fut, en mai 68, l’aumônier des étudiants en droit et qu’il a défendu les katangais de la Sorbonne… »

 

Y’a pas photos les mecs, même si je n’aime pas beaucoup mes curés, Piaget et Raguenès, qui ne pouvaient pas se piffer, c’étaient des couillus et même l’archevêque de Besançon, Marc Lallier, il n’envoyait pas dire ce qu’il avait envie de dire. Pas de la petite bière qui défile pépère de République à Nation, des gars qui sont capables de mettre la main sur le trésor de guerre de Lip. Opération commando à la nuit tombée qui investit la « chambre froide », là où sont stockés le disponible, vingt-cinq mille montres prêtes pour la vente, et qui met ce petit trésor en lieu sûr. Le « casse social » du siècle ! Le camarade Benny Levy à l’impression de vivre le scénario idéal, pur et dur en direct et il est partagé entre le malaise et la jubilation… L’illégalité des larges masses c’est le credo de la GP et ça le fait bander, si tant est qu’il bandât ; mais ce qui le trouble c’est que ce mouvement est entre les mains des révisionnistes modérés, Piaget CFDT et PSU est de ce type de catho dévoué qui n’est pas vraiment la tasse de thé de « Pierre Victor » qui haïssait les syndicalistes légaux.

 

Qui se souvient du « discours de Marseille » d’Antoine Riboud du 25 octobre 1972 aux Assises du CNPF ?

 

« La responsabilité de l'entreprise ne s'arrête pas au seuil des usines ou des bureaux. Les emplois qu'elle distribue conditionnent la vie entière des individus. Par l'énergie et les matières premières qu'elle consomme, elle modifie l'aspect de notre planète. Le public se charge de nous rappeler nos responsabilités dans cette société industrielle. (...) La croissance ne devra plus être une fin en soi, mais un outil qui, sans jamais nuire à la qualité de vie, devra au contraire la servir ».

Une lettre de Claude Neuschwander ICI

 

Claude Neuschwander, responsable de l'entreprise, lui-même proche du PSU à cette époque, qui a démissionné en février 1976, nous a adressé la lettre suivante.

Lip, une mémoire ouvrière ICI

LES LIP, L'IMAGINATION AU POUVOIR de Christian Rouaud

 

« Lip, c'est fini ! », déclare le 15 octobre 1973 Pierre Messmer. Le Premier ministre de Pompidou a tort. Après six mois de lutte syndicale, les salariés de l'usine de montres de Palente (Doubs) veulent toujours sauver leur entreprise, en dépôt de bilan depuis avril. Le dénouement aura lieu trois ans plus tard, le 28 novembre 1977, avec la transformation de l'usine en six coopératives, Les Industries de Palente _ des initiales qui sonnent toujours : « LIP ».

LIP, Une maison horlogère Française ancrée dans l’histoire ICI

 

LIP a fait partie des grandes maisons horlogères mondiales, et a pendant longtemps représenté le savoir-faire français des montres à l’international. Les valeurs de la marque se basent sur des innovations techniques importantes et sur des efforts permanents pour rester à l’avant-garde du secteur horloger. Avec des origines remontant à plus de 150 ans, l’aventure LIP n’a pas toujours été facile, mais elle s’est inscrite dans l’histoire et continue de surprendre…

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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 06:00

 

Le 10 mai 1968, rue de la Santé à Paris  Photo Claude Dityvon. Courtesy Millon

Le Quartier latin cher au jeune Patrick Modiano a fait irruption dans la campagne française profonde, en mai 68, par les ondes des radios que l’on dénommait périphériques (Europe N°1, Radio-Luxembourg, Radio Monte-Carlo… car elles émettent hors du territoire national)  qualifiées de « radios barricades », pendant que les émetteurs de l'ORTF sont occupés par l'armée. (1)

 

Les affiches de l'atelier populaire  des Beaux-Arts au service du mouvement de Mai 68

Frédéric Beigbeder, qui a 2 ans parle de ses jours tranquilles à Neuilly le 8 mai 1968 ICI 

 

« Un jardinier en salopette taille les haies de lauriers avec un sécateur rouge. Le 8 mai 1968, j’ai 2 ans et demi ; j’habite une maison avec parc dans un quartier résidentiel bourgeois de la banlieue ouest de Paris. Je pédale sur un tricycle rouge autour d’un chêne centenaire. J’apprends les règles du croquet : à l’aide d’un maillet, il faut faire passer une boule en bois à travers des arceaux, mais mon frère semble plus enclin à viser mes tibias. Ma nurse allemande se prénomme Ann-Gret ; après une adolescence militante dans les Jeunesses hitlériennes, suivie d’une grosse déception militaire, elle s’est réfugiée chez nous avec son loden vert et son chignon gris. Elle promène Charles et moi autour de la mare Saint-James. Nous jetons du pain de mie aux canards pour qu’ils sortent de l’eau. Les marronniers de l’avenue de Madrid sont en fleurs. La brise emporte les pétales blancs dans les airs, comme s’il neigeait au printemps. Les rues et les jardins de Neuilly-sur-Seine sont blanchis par le pollen qui colle à la rosée ; certains résidents âgés sont pris de quintes de toux. Un policier en képi siffle quand des garçons en culotte courte jouent au football sur la pelouse interdite. Ce sera la seule infraction notable de la journée. Un homme portant un chapeau blanc pêche dans le lac ; je n’avais jamais imaginé qu’il puisse nager des poissons dans cette eau croupie. »

 

[…]

 

Notre maison est protégée par une grille surmontée de pointes vertes. A la télévision, les actualités en noir et blanc annoncent l’intronisation de monseigneur Marty, nouvel archevêque de Paris, portant la mitre et la crosse en la cathédrale Notre-Dame, puis des échauffourées entre la police et les étudiants devant le café-tabac Le Cluny, à l’angle des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain (mais le reportage ne diffuse pas le son des explosions).

 

Cinquante ans plus tard, je sais qu’Alain Geismar a pleuré ce jour-là rue Saint-Jacques, pas seulement à cause des gaz lacrymogènes, mais parce que, en ce 8 mai 1968, à la suite d’une négociation secrète avec le gouvernement, les étudiants de la Sorbonne ont failli renoncer à la révolution, avant de se raviser dans la soirée. Ce fut «une journée de doute et d’amertume».

 

Le 8 mai 1968, le calme revient à Paris. Les étudiants ont déposé les pavés. Les CRS, temporairement, ne jouent plus de la matraque, « la gomme à effacer les sourires », comme dit l’un deux. Mais la police et les CRS bouclent le Quartier Latin, autour de la Sorbonne et du boulevard Saint-Michel.

 

Dans la presse, le Canard enchaîné titre « Pas de quartier… Latin ». Le Figaro est rebaptisé par les étudiants Le Flicaro. Dans France-Soir, on peut lire cette offre d’emploi : « Urgent, 2.500 postes à pourvoir dans la police, gardiens, officiers, formations accélérées et avenir assuré, se présenter au 39, rue Henri Barbusse dans le 5e arrondissement. »

L'insolence des radios périphériques

Mai 68, le meilleur des ondes ICI 

 

Face à l'ORTF, verrouillé par le pouvoir gaulliste, les deux radios périphériques, Europe 1 et RTL, ont montré leur force et leur savoir-faire. C'est à leur écoute que la France a suivi, jour et nuit, le cours frénétique des événements.

 

Les états-majors d'Europe 1 et de RTL prennent vite conscience de l'importance des événements. Ces deux radios dites périphériques, parce que leurs émetteurs sont basés hors des frontières (au Luxembourg pour RTL, en Allemagne pour Europe 1), bataillent pour grignoter des parts d'audience à France-Inter, la radio publique, à l'époque la plus écoutée. Théoriquement indépendantes du pouvoir, RTL et Europe 1 (dont l'actionnaire principal est un organisme d'Etat, la Sofirad) sont néanmoins sous contrôle gaulliste, mais bénéficient d'une liberté éditoriale supérieure à la radio publique concurrente. Celle-ci n'ignorera pas les événements. Les journalistes de France-Inter seront sur le terrain au moment des grands affrontements, mais la couverture qu'ils en feront sera "plus sobre", comme le reconnaît aujourd'hui Jacqueline Baudrier, à l'époque rédactrice en chef des journaux parlés de la radio publique. C'est donc surtout sur les radios périphériques que le public va suivre heure par heure, jour et nuit, le cours frénétique des événements.

 

Les rédactions sont mobilisées vingt-quatre heures sur vingt-quatre. En 1968, Europe 1 est "la" radio d'info. Son équipe s'est rodée au grand reportage pendant l'Algérie, la guerre de six jours, le Vietnam. RTL est davantage orientée vers le divertissement, mais va vite casser sa grille pour donner la priorité à l'information. Dès le 3 mai, rue François-Ie, au siège d'Europe 1, le patron et les responsables de la rédaction (Maurice Siegel, directeur général, Jean Gorini, directeur de la rédaction, Jacques Paoli, rédacteur en chef) s'installent autour d'une grande table avec téléphones et télex. Ils ne la quitteront plus pendant un mois. Les "barons" de la station sont pour la plupart à l'étranger, comme Julien Besançon, grand reporter de retour de Saïgon, envoyé en Afghanistan pour suivre la visite officielle du premier ministre, Georges Pompidou. Et, en attendant qu'ils reviennent, les jeunes reporters sont envoyés au coeur de l'action. L'importance des mots Ceux-ci (Fernand Choisel, spécialiste sportif, Bernard Lalanne, Claude Manuel, Pierre Lavigne, François Jouffa ou Alain Cancès...), comme ceux de RTL, ont vingt-cinq ans de moyenne d'âge, celui des étudiants, dont ils se sentent naturellement proches. Alors que la fameuse émission d'Europe 1 "Salut les copains" s'essouffle, la direction a demandé à François Jouffa de créer un nouveau magazine, "Campus", qui s'adresse à ceux que "l'avant garde et la nouveauté séduisent". Public visé : les étudiants. Dès le 4 avril, jour de son lancement, Jouffa consacre son émission à l'assassinat de Martin Luther King. Quelques jours plus tard, il replonge dans l'actualité immédiate avec l'attentat contre Rudi Dutschke, le leader des étudiants socialistes allemands. Il invite en direct des militants du SDS, qui dénoncent "la presse fasciste de Springer". C'en est trop pour la direction d'Europe, dont l'émetteur est en Sarre.

La Place de l'Etoile” : Modiano au firmament dès son premier roman ...

Le Déjeuner des barricades - Pauline Dreyfus ICI 

Publié par Thierry L. sur 3 Septembre 2017, 07:36am

« En mai 68 Patrick Modiano est sur les barricades. Non comme insurgé mais comme journaliste pour Vogue. Dans cette revue pas vraiment gauchisante, il signe un article ironique et distancié sur les « évènements » intitulé Un printemps unique. Le jeune écrivain qui vient de publier La Place de l’Étoile, ouvrage plein de bruit et de fureur sur l’occupation, a du mal à prendre au sérieux l’embrasement du Quartier latin : « Je doute, écrit-il, que les dates de notre guerre en dentelles figurent un jour dans l’histoire au même titre que la bataille de Poitiers… »

 

Au-delà de la farce des petits bourgeois jouant à la Révolution, le quadrillage du Quartier latin l’effraie « Pour moi, c’était l’Occupation qui recommençait. C’était une espèce de Paris policier, et ça me foutait la trouille. Je vivais dans une terreur paranoïaque, comme si c’était la rafle de 1942. »Libération  du 2 septembre 1975, cité par Denis Cosnard.

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J’ai souvenir dans Fleurs de Ruine : Hôtel de l’Avenir. Quel Avenir ?

 

Ce dimanche soir de novembre,  j’étais dans la rue de l’Abbé-de-l’Épée. Je longeais le grand mur de l’Institut des sourds-muets. À gauche se dresse le clocher de l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas. J’avais gardé le souvenir d’un café de l’angle de la rue Saint-Jacques où j’allais après avoir assisté à une séance de cinéma, au studio des Ursulines.

 

Sur le trottoir, des feuilles mortes. Ou les pages calcinées d’un vieux dictionnaire Gaffiot. C’est le quartier des écoles et des couvents. Quelques noms surannés me revenaient en mémoire : Estrapade, Contrescarpe, Tournefort, Pot-de-Fer… J’éprouvais de l’appréhension à traverser des endroits où je n’avais pas mis les pieds depuis l’âge de dix-huit ans, quand je fréquentais un lycée de la Montagne-Sainte-Geneviève.(1)

 

J’avais le sentiment que les lieux étaient restés dans l’état où je les avais laissés au début des années soixante et qu’ils avaient été abandonnés à la même époque, voilà plus de vingt-cinq ans. Rue  Gay-Lussac – cette rue silencieuse où l’on avait jadis arraché  des pavés et dressé des barricades –, la porte d’un hôtel était murée et la plupart des fenêtres n’avaient plus de vitres. Mais l’enseigne demeurait fixée au mur : Hôtel de l’Avenir(2). Quel Avenir ? Celui, déjà révolu, d’un étudiant des années trente, louant une petite chambre dans cet hôtel, à  sa sortie de l’École normale supérieure (3), et le samedi soir y invitant ses anciens camarades. Et l’on faisait le tour du pâté d’immeubles pour voir un film au studio des Ursulines (4). Je suis passé devant la grille et la maison blanche aux persiennes, dont le cinéma occupe le rez-de-chaussée. Le hall était allumé. J’aurais pu marcher jusqu’au Val-de-Grâce, dans cette zone paisible où nous nous étions cachés, Jacqueline et moi, pour que le marquis n’ait plus aucune chance de la rencontrer. Nous habitions un hôtel au bout de la rue Pierre-Nicole. Nous vivions  avec l’argent qu’avait procuré à Jacqueline la vente de son manteau de fourrure. La rue ensoleillée, le dimanche après-midi. Les troènes de la petite maison de brique, en face du collège Sévigné. Le lierre recouvrait les balcons de l’hôtel. Le chien dormait dans le couloir de l’entrée.

 

J’ai rejoint la rue d’Ulm. Elle était déserte. J’avais beau me dire que cela n’avait rien d’insolite un dimanche soir, dans ce quartier studieux et provincial, je me demandais si j’étais encore à Paris. Devant moi, le dôme du Panthéon. J’ai eu peur de me retrouver tout seul, au pied de ce monument funèbre, sous la lune, et je me suis engagé dans la rue Lhomond. Je me suis arrêté devant le collège des Irlandais. Une cloche a sonné huit coups, peut-être celle de la congrégation  du Saint-Esprit dont la façade  massive s’élevait à ma droite. Quelques pas encore, et j’ai débouché sur la place de l’estrapade. J’ai cherché le numéro 26 de la rue des Fossés-saint-Jacques.  Un immeuble moderne, là devant moi. L’ancien immeuble avait sans doute été rasé une vingtaine d’années auparavant.

 

 

 

1- Le Lycée Henri IV – 23 rue Clovis

 

« … j’ai été pensionnaire au lycée Henri-IV, c’est-à-dire enfermé dans la ville où vivaient mes parents, et cela m’a semblé encore plus dur à vivre. »

 

Patrick Modiano est interne (puis externe à Henri-IV, de septembre 1962 à juin 1964, date de l’obtention de son second baccalauréat. Dans Éphéméride, une nouvelle publiée en 2002 au Mercure de France, il évoque son passage au lycée de la place du Panthéon : « Mon père est venu une seule fois me rendre visite dans cet établissement […] Je revois la silhouette de mon père, là, sous le porche, mais je ne distingue pas son visage, comme si a présence dans ce décor de couvent médiéval paraissait irréelle. La silhouette d’un homme de haute taille, sans tête. »

 

2- L’Hôtel de l’Avenir – 50, rue Gay-Lussac

 

L’hôtel qui vit les pavés voler et les barricades s’élever sous ses fenêtres a changé d’enseigne en devenant l’hôtel Latin. En, 2004, les propriétaires l’agrandissent en rachetant l’hôtel du Progrès, voisin.

 

3- l’École normale supérieure – 45, rue d’Ulm

 

« Je me répétais sans cesse : « La rue d’Ulm, la rue d’Ulm ! » et le feu me montait aux joues. En juin, je réussirai le concours de l’École. Je « monterai » définitivement à Paris. » La Place de l’Étoile.

 

Modiano, en hypokhâgne, aurait-il vaguement esquissé le désir d’entrer à Normale Sup’ ? C’est peu probable compte tenu de son statut d’ « étudiant fantôme ». En aurait-il rêvé littérairement ? Il est vrai que la rue d’Ulm est un cénacle dont les élus mettent leurs pas dans ceux d Jean Giraudoux, de Jules Romain, de Jean-Paul Sartre ou de Julien Gracq…

 

4- Le Studio des Ursulines – 10, rue des Ursulines

 

« J’avais gardé le souvenir d’un café à l’angle de la rue Saint-Jacques où j’allais après avoir assisté à une séance de cinéma au Studio des Ursulines. »

 

En 1926, l’acteur Armand Tallier ouvre le Studio des Ursulines avec la volonté de programmer « tout ce qui représente une originalité, une valeur, un effort nouveau, sans distinction de genre ou de nationalité ». Précurseur des salles d’art et essai, ce cinéma a conservé, comme le Panthéon voisin et le studio 28 à Montmartre, sa façade d’origine. Patrick Modiano s’y serait-il rendu au début des années 1960, pour voir Jules et Jim de François Truffaut ? Il aurait pu y reconnaître une scène tournée… dans le foyer du Studio des Ursulines.

 

SOURCE :

 

 

L'ORTF et De Gaulle vus par les affiches de l'atelier populaire des Beaux-arts

Quand Michel Drucker était révolutionnaire

 

Le 22 mai, les journalistes de la radio élisent un "Comité des cinq" pour surveiller l’objectivité de l’information. Réaction du général de Gaulle : "Mettez les trublions à la porte et puis voilà ! » Les journalistes de télévision rejoignent l'intersyndicale le 23 mai sans forcément cesser le travail. Le vendredi 24 mai, à 20 heures, la radio et la télévision diffusent la première allocution du Général.

 

En juin 1968, le comité de grève des journalistes de l'ORTF veut clairement sortir de l'emprise du pouvoir. Il déclare que l'ORTF doit être "au service des 30 millions de téléspectateurs et d'auditeurs et non pas d'une propagande partisane".

 

Dès le début du mois de juin sont annoncées les démissions de Pierre de Boisdeffre, directeur de la radio, d'Emile Biasini, directeur de la télévision, et celle d'Edouard Sablier, directeur de l'information.

 

La direction et le ministère de tutelle essaient de séduire en proposant des avancées matérielles, mais ne cèdent en rien sur la liberté d’information ou l’autonomie des rédactions. Les journalistes de la radio suspendent la grève le 27 juin, bientôt suivis des réalisateurs et producteurs. L'Union des journalistes de la télévision vote la reprise du travail le 13 juillet.

 

50 journalistes ont été licenciés, d'autres sont mutés ou envoyés à la retraite d'office. Les "punis" de Mai-68 s'appellent Michel Drucker, François de Closets, Thierry Roland, Emmanuel de la Taille, Frédéric Pottecher, Roland Mehl, Jean-Pierre Elkabbach, Edouard Guibert.  Beaucoup ont bien rebondi depuis.

 

La reprise en mains

 

En 1969, Georges Pompidou resserre les boulons : l'ORTF passe de la tutelle d'un ministère de l'Information à celle du Premier ministre, directement.

 

Etre journaliste à l'ORTF, ça n'est pas la même chose qu'être journaliste ailleurs. L'ORTF, qu'on le veuille ou non, c'est la voix de la France.

Il pleut sur… la Faculté de Droit du Panthéon (stéréoscopie)

Jour de pluie sur le Panthéon et la Faculté de Droit, rue Soufflot (image extraite de vues stéréoscopiques de Julien Damoy, série n° 4. Rue Soufflot-Le Panthéon. Héliotypie d’E. L. D. Le Deley).

Le quartier latin, entre la Sorbonne, Odéon et Saint Michel, les jeunes de toujours s’y installaient pour vivre dans l’effervescence de la capitale française. Depuis le Moyen-Âge, le quartier était un repaire pour tous les étudiants. C’est d’ailleurs de cette époque que son nom est tiré. En effet, de nombreuses écoles y étaient installées. Les cours étaient alors dispensés en latin et il n’était pas rare d’entendre cette langue “morte” dans les rues. Époque révolue même si on y trouve toujours de prestigieux établissements scolaires comme Louis-le-Grand, Les Beaux-Arts, les Mines ou encore Henri-IV. Normale Sup’ est à la lisière mais depuis mai 68 et la rue Gay-Lussac l’extension est passé dans le langage courant.

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16 mai 2020 6 16 /05 /mai /2020 06:00

 Emmanuel Macron chez le Docteur Knock

Avant la date du déconfinement j’ai fixé mes priorités : les livres, la réparation d’une de mes paires de lunettes, un rendez-vous chez mon médecin traitant.

 

Pour ce dernier pour prendre un rendez-vous c’est via Doctissimo (Créé en 2000 par MM. Laurent Alexandre et Claude Malhuret, deux médecins proches de la droite libérale, Doctissimo est l’un des pionniers français de l’information en ligne sur la santé destinée au grand public. Racheté par le groupe  Lagardère, en 2008, qui l’a vendu à TF1 pour 15 millions d’euros.)

 

Donc je me tape le parcours, choisis le jour et l’heure, je confirme et là j’apprends que ce ne sera pas mon médecin-traitant mais son assistante, une interne. Ça ne me dérange pas vu que ma visite a pour but le simple renouvellement d’une ordonnance et un questionnement sur la stratégie de mon déconfinement.

 

Le 14, je me pointe à l’heure, masqué, je fais salle d’attente dans la cour, pas envie d’être confiné, 35 minutes de retard c’est une tradition médicale, je fais les 100 pas pour me réchauffer. La jeune interne se pointe, je la suis. Je m’assois. Je lui dis que tout va bien et je lui fais part du but de ma visite. Elle m’écoute à peine car elle pianote sur son clavier d’ordinateur. Pour meubler je lui explique mon parcours de confiné solitaire, aucun symptôme, sorties a minima… Manifestement ce qu’elle découvre sur l’écran ne lui plaît pas. Je ne suis pas un bon patient : pas de prises de sang depuis deux ans, mon hypertension : je lui réponds qu’elle est sous contrôle, mon cœur, je lui réponds que l’ablation de mon syndrome de Kent date de 30 ans et que le contrôle cardio pré opération de la hanche était excellent. Ça ne la satisfait pas, elle me balance le dépistage du cancer colorectal, je lui réponds que je reçois les papiers de l’Assurance Maladie mais que je ne fais pas. Ça la chagrine. Elle prend ma tension, j'en ai un peu, je lui indique que c'est parce que je me suis impatienté mais que je surveille ma tension avec une petite machine achetée sur les conseils de mon médecin-traitant et que je suis le protocole à la lettre. Suis un bon patient. Un peu pincée, elle me demande de remplir les tableaux as hoc pour les apporter à la prochaine consultation. J'opine.

 

Puis, en quelques phrases bien senties je lui fais part de ma conception des rapports que j’ai avec mon médecin-traitant et que celui-ci l’a comprise. Enfin, je lui balance que ma première épouse travaillait à l’Institut Curie avec le Dr Calle, père de Sophie Calle artiste déjantée, que le Dr Calle était l’un des plus grands collectionneurs d’art moderne, ses patients le payaient en tableaux, qu’il avait fondé avec Jean Bousquet, Cacharel, le musée d’art moderne de Nîmes. Là je la sens déstabilisée, au bord de la panique, elle rend les armes. Je lui demande de me bloquer une date de rendez-vous avec mon médecin-traitant. Ce qu’elle fait. Je règle. Je la salue en la rassurant « Vous êtes jeune,  je vous comprends… »

 

En rentrant sur mon vélo j’ai repensé à l’épilogue du livre de Luc Perino, Patients zéro. Je l’ai relue et pile poils ça tapait juste.

 

 

Quels seront les acteurs de la médecine du futur ?

 

Pour répondre à cette question, il faut revisiter l’histoire en séparant les deux grands domaines de l’action médicale  que sont le diagnostic et le soin, et dont les parcours historiques ont été très différents et rarement convergents. Ce n’est pas parce qu’il y a des cathédrales que l’histoire de la théologie peut être comparée à celle de l’architecture. Ce n’est pas parce que nous guérissons certaines maladies que l’on doit confondre l’histoire du diagnostic avec celle du soin, comme cela a trop souvent été fait. Aujourd’hui encore, les progrès de l’un et de l’autre sont rarement coordonnés.

 

Le soin existe depuis des millions d’années, depuis la reproduction sexuée, depuis que la survie de certaines espèces dépend des soins parentaux. Chez les primates que nous sommes, chacun est un jour le soignant d’un autre. L’épouillage a précédé de loin les trois cents types de psychothérapies actuels. Les matrones, barbiers et arracheurs de dents n’ont pas attendu la césarienne et la microchirurgie pour prodiguer des soins de qualité. Dans nos pays, les métiers du soin se comptent par centaines, alors que  le diagnostic est réservé aux seuls médecins. Inversement, le soi n’a jamais été et ne sera jamais une exclusivité médicale. Les médecins y tiennent un rôle mineur. L’empathie, l’altruisme et la coopération relèvent naturellement de l’écologie comportementale, les médecins n’en sont ni mieux ni moins pourvus que les autres. Le soin est biologique et universel.

 

Quant au diagnostic, il est né après les premières formes de culture animale. Les chimpanzés savent probablement diagnostiquer une parasitose intestinale, puisqu’ils ingèrent des feuilles non digestibles dont les trichomes (poils) emprisonnent les parasites qui sont alors éliminés dans les selles. Homo sapiens a franchi une nouvelle étape en faisant du diagnostic un métier. Contrairement au soi, biologique et universel, le diagnostic est culturel et spécifique. Le diagnostic est une science où les médecins excellent depuis deux ou trois siècles. Ils en protègent farouchement l’exclusivité, avec raison. Rares sont ceux qui osent contester cette prérogative.

 

Mais les médecins ont tort quand ils revendiquent un monopole sur le soin, car les rencontre fructueuses entre diagnostic et soin relèvent généralement de la contingence. Pasteur ignorait tout de l’immunologie. La grande majorité des médicaments ont été découverts empiriquement bien avant que l’on ne connaisse leur action physiologique. Les citrons ont soigné le scorbut avant que l’on ne découvre que nos organismes sont incapables de synthétiser la vitamine C. C’est par le plus grand  des hasards que les neuroleptiques ont permis de supprimer la camisole de force. Inversement, de nombreux médicaments ont été découverts sur un mécanisme d’action théoriquement parfait se révèlent sans effet clinique.

 

Nous pouvons délimiter une très brève période où le diagnostic théorique et le soin pratique se sont rejoints pour un vrai bénéfice sanitaire. Elle commence en 1921 avec la synthèse de l’inuline après avoir compris la physiopathologie du diabète type 1. Elle se poursuit avec les antibiotiques dans les années 1940 après la compréhension du rôle pathogène des micro-organismes. Elle se prolonge avec la mise en place des essais cliniques dans les années 1960 pour quelques médicaments innovants… Elle se termine dans les années 1980 sous l’effet de la prédominance du marché sur la politique et l’enseignement, lorsque, par impuissance, angélisme ou fatalisme, les ministères ont laissé les industries sanitaires biaiser la science clinique et orienter les diagnostics et les soins.

 

Fort heureusement, cette domination du marché est arrivée alors que notre espèce avait atteint un optimum d’espérance moyenne de vie, grâce à de nombreux autres progrès techniques, politiques et sociaux. Les quelques scandales retentissants comme celui du thalidomide et les autres (Distibène®, Vioxx®, glitazones, Mediator®, etc.) ont tué et lésé des milliers de personnes sans avoir d’impact statistiquement mesurable sur la santé publique.

 

Les soins d’aujourd’hui sont prodigués par un nombre croissant d’acteurs ; ils errent entre la plus grande rigueur scientifique et les plus extravagants obscurantismes. Les rayons de supermarché regorgent de produits dont l’étiquette vante les effets sanitaires. Le journal de 0 heures annonce chaque jour la guérison prochaine d’un cancer ou d’une maladie orpheline. Le magnétisme et la divination renaissent et partagent l’affiche avec les cellules-souches et les anticorps monoclonaux.

 

De son côté, le parcours culturel du diagnostic a franchi deux ultimes étapes dans nos sociétés d’abondance.

 

  • D’une part, il est devenu obligatoire ; la mort naturelle a disparu : le médecin doit inscrire la cause de la mort sur les certificats de décès.

 

  • D’autre part, il est devenu indépendant du vécu des malades, puisque ce sont désormais les médecins qui proposent les « maladies » dont les patients n’ont jamais ressenti le moindre symptôme : ostéoporose ou hypercholestérolémie, anévrismes ou cancers dépistés. Les maladies sont virtuelles, la médecine n’a plus besoin de malades.

 

Reprenons alors la citation introductive de Canguilhem :

 

« C’est parce qu’il y a des hommes qui se sentent malades qu’il y a une médecine, et non parce qu’il y a des médecins que les hommes apprennent d’eux leurs maladies. »

 

Ce n’est plus vrai aujourd’hui, car ce sont le plus souvent les médecins qui apprennent leur maladie aux hommes. Le plus surprenant est la docilité avec laquelle nos concitoyens acceptent des diagnostics de maladies qu’ils n’ont jamais vécues.

 

[…]

 

Pour rester résolument optimiste et produire encore une belle médecine, il faudra séparer de nouveau le diagnostic et le soin, comme ils l’ont toujours été dans l’histoire. Puisque le soin a été investi par tant de leurres et de cupidités, la recherche biomédicale gagnerait à ne plus s’en préoccuper directement. Ne médecine qui chercherait juste à comprendre l’histoire d’Homa sapiens et de ses maladies, qui l’enseignerait aux enfants et aux adultes en les laissant libres d’en tirer profit.

 

C’est ma philosophie, et je n’en changerai pas, de quoi me plaindrais-je ?

 

Presque 72 années, marquées seulement par des soucis mécaniques : un syndrome de Kent de naissance, évacué ; des polypes dans les sinus, évacués ; des soucis de vertèbres, évacués ; une lourde gamelle à vélo, surmontée… Je fus un migraineux chronique, des migraines qui me terrassaient, d’une violence inouïe allant jusqu’à des vomissements de bile, un cycle immuable de 48 heures, sans soulagement médicamenteux, la migraine n’intéresse pas la médecine, la vieillesse m’a  débarrassé de mes migraines. Depuis une vingtaine d’années je souffre d’acouphènes, un bourdonnement continu dans les oreilles, je vis avec. Ce sont mes maladies, sans soins connus de la médecine, alors celles que j’ignore je n’ai nulle envie de les connaître afin de me retrouver dans les couloirs des hôpitaux.

 

« La santé c'est la vie dans le silence des organes » formule du chirurgien René Leriche, datée de 1936.

 

Leriche précise bien que sa définition est celle du malade et non de la médecine. Il sait que le silence des organes n’exclut pas la présence de la maladie. Mais il ne fait pas de la santé « une affaire interne » qui ne concernerait que le malade lui-même.

 

Georges Ganguilhem qui citera fréquemment la formule de Leriche, parlera de « la santé : concept vulgaire et question philosophique ». Il écrira : « Il n’y a pas de science de la santé… Santé n’est pas un concept scientifique, c’est un concept vulgaire. Ce qui ne veut pas dire trivial, mais simplement commun, à la portée de tous. »

 

Pour Leriche, la douleur est « un phénomène individuel monstrueux et non une loi de l’espèce. Un fait de maladie ». « La maladie, c’est ce qui gêne les hommes dans l’exercice normal de leur vie et dans leurs occupations et surtout ce qui les fait souffrir », ajoute-t-il. C’est de la demande du malade que naît la médecine et donc la clinique. On rappelle que parmi les invariants formels de la médecine, mentionnés par Georges Lantéri-Laura et qui permettent de la distinguer de l’art du guérisseur et de la magie, il insiste sur la préséance de la clinique.

 

La douleur est le symptôme qui vient briser la vie dans le silence des organes et amener le malade à consulter.

 

« C’est la vie entière qui est devenue comme une maladie », souligne Pascal Bruckner en évoquant la surmédicalisation qui transforme un moyen, la santé, en une fin. Il ajoute : « On n’est plus en quête d’une simple norme qui inclut défaillance, creux, dépressions, passages à vide, mais d’une “super-norme”. »

 

Je voulais titrer « En revenant de la revue » en référence à la chanson mais lorsque la médecine s’empare de la notion de santé, c’est au docteur Knock, auteur d’une thèse « Sur les prétendus états de santé » que j’ai ensuite pensé.

 

« Tomber malade », vieille notion qui ne tient plus devant les données de la science actuelle. La santé n’est qu’un mot, qu’il n’y aurait aucun inconvénient à rayer de notre vocabulaire. Pour ma part, je ne connais que des gens plus ou moins atteints de maladies plus ou moins nombreuses à évolution plus ou moins rapide. Naturellement, si vous allez leur dire qu’ils se portent bien, ils ne demandent qu’à vous croire. »

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