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9 mai 2020 6 09 /05 /mai /2020 12:00

"La lutte engagee contre l'Allemagne est la lutte meme de la civilisation contre la barbarie", lancait, le 8 aout 1914 devant des academiciens, le philosophe francais Henri Bergson.

L’actualité traitée par les moulins à prière des toutologues a permis à André Comte-Sponville de faire entendre, avec courage et pondération, une certaine politesse dirais-je, une petite musique discordante.  

 

Politesse, vous avez dit politesse, mais c’est un gros mot, une incongruité, un genou à terre prosterné devant notre Jupiter, le temps est à l’invective, à l’insulte, à la grossièreté, plus c’est gras et lourd plus le buzz est au rendez-vous. Au nom d’une ironie soi-disant décalée l’heure est à traîner ses adversaires, ceux qui ne pensent pas comme vous, dans la boue.

 

N’en déplaise à  ses détracteurs, l’exécration de Macron ne peut tenir lieu d’une politique alternative, bien au contraire elle conforte, cimente le socle de ses partisans.

 

J’adore les mots crus, ils ont de la saveur, avec une pointe d’acidité, lorsqu’on débat il n’est pas interdit de décocher des flèches là où ça fait mal, Mitterrand qui n’était pas ma tasse de thé comme vous le savez, était un as en la matière, tel Talleyrand, son « Monsieur le Premier Ministre » lors de son débat face à un Chirac, grand bourrin, fut un must.

Pure hypocrisie me rétorquera-t-on, une vertu soi-disant aristocratique pour « mieux faire passer le suppositoire avec de la vaseline… »

 

Alors je me suis souvenu d’André Comte-Sponville qui eut il y a une quinzaine d’année une grande notoriété avec notamment son « Petit traité des grandes vertus » ce qui lui valut des volées de bois vert de Pierre Marcelle, journaliste à Libération, qui juge les propositions de Comte-Sponville « indigentes » et ses propos « venteux » que son « omniprésence de penseur consensuel est censée légitimer. Jacques Bouveresse, philosophe français, ne lui conteste pas son statut de philosophe mais lui reproche de faire partie de ces confrères contemporains devenus des « obligés du pouvoir ». Chronique de juillet 2015

 

Revenons donc à Comte-Sponville dont j’ai lu le Petit traité des grandes vertus (1995)

 

La politesse est la première vertu, et l'origine peut-être de [...] - André Comte-Sponville...

 

« C’est dire, sur la politesse, l’essentiel : qu’elle n’est que l’apparence d’une vertu, pour cela aussi socialement nécessaire qu’individuellement insuffisante. »

 

« Politesse », par André Comte-Sponville

Mis en ligne le 24/09/2013

 

En partenariat avec les Presses universitaires de France, Philosophie magazine propose chaque jour une entrée du «Dictionnaire philosophique» d'André Comte-Sponville. Aujourd'hui: « Politesse ».

 

« Après vous. » Dans cette formule de politesse, Levinas voyait l’essentiel de la morale. On comprend pourquoi : c’est mettre l’égoïsme à distance et court-circuiter la violence par le respect. Tant que ce n’est que politesse, l’égoïsme reste pourtant inentamé ; le respect, presque toujours, n’est que feint. Peu importe. La violence n’en est pas moins évitée, ou plutôt elle ne l’est que mieux (s’il fallait respecter vraiment pour la faire disparaître, quelle violence presque partout !). C’est dire, sur la politesse, l’essentiel : qu’elle n’est que l’apparence d’une vertu, pour cela aussi socialement nécessaire qu’individuellement insuffisante. Positivité de l’apparence. Être poli, c’est agir comme si l’on était vertueux : c’est faire semblant de respecter (« Pardon », «S’il vous plaît », « Je vous en prie »…), de s’intéresser (« Comment allez-vous ? »), de ressentir de la gratitude (« Merci »), de la compassion («Mes condoléances »), de la miséricorde (« Ce n’est rien »), voire d’être généreux ou désintéressé (« Après vous »)… Ce n’est pas inutile. Ce n’est pas rien. C’est ainsi que les enfants ont une chance de devenir vertueux, en imitant les vertus qu’ils n’ont pas encore. Et que les adultes peuvent se faire pardonner de l’être si peu.

 

La suite ICI 

Mais, comme vous voulez tout savoir sans jamais rien payer – pas très polie la remarque – cette chronique est née de mes retrouvailles avec un petit livre : La Politesse d’Henri Bergson.

 

La Politesse : Et autres essais: Amazon.fr: Bergson, Henri, Worms ...

 

Henri Bergson n’est plus aujourd’hui, pour beaucoup, qu’un puits à citations, quitte à se les approprier sans le citer.

 

La citation exacte est « J’ai toujours voulu que l’avenir ne soit plus ce qui va arriver mais ce que nous allons faire. »

Henri BERGSON en exergue de CAP 2010

 

« Le Défi des Vins Français » le 17 mai 2002 NOTE d’ORIENTATION STRATÉGIQUE à l’attention de Monsieur le Ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche et des Affaires Rurales.

 

« Le cœur c’est la vertu, une charité faite de modération opposée aux susceptibilités de l’amour-propre. Savoir écouter ; vouloir comprendre ; pouvoir entrer dans la vie d’autrui ; ne pas choquer, telles sont pour Bergson les composantes de la « vrai politesse ». Le respect de l’opinion d’autrui ne s’acquiert que par un effort continu pour dompter en soi l’intolérance qui est un instinct naturel. »

 

« Contemporain de la seconde révolution industrielle, aux prises avec l’idéologie ambiante caractérisée par une confiance immodérée dans les progrès de la science, Henri Bergson dénonce alors l’apparente simplification de la pensée humaine découlant des avancées de la science. Un scepticisme à l’encontre des apparences trompeuses qu’il développe magistralement à l’occasion de son cours sur la politesse.

 

Bergson est alors, à l’aube d’une brillante carrière qui le verra successivement titulaire de la chaire de philosophie au Collège de France, Président de l’académie des sciences morales et politiques, académicien et couronné du Prix Nobel de littérature.

 

Remarquable orateur, doté d’une expression d’une rare clarté, Bergson n’est pas un philosophe « révolutionnaire ». Il se méfie du positivisme d’Auguste Comte (1798-1857) et de l’école matérialiste issue de Marx (1818-1883) et de Hegel (1770-1831).

 

Il s’oppose au scientisme des positivistes et des matérialistes qui ne voient en l’homme qu’un élément d’une vaste mécanique complexe et déterminée et défend l’enseignement unitaire de la philosophie qui se voit déclassée par de nouvelles disciplines, notamment la Sociologie de Dürkheim et la psychologie. »

 

Bergson nous invite à aller au-delà des apparences et à tenter de comprendre ce que Jung nommera plus tard des archétypes. Sa philosophie nous invite poliment à la modération dans un dialogue d’une belle intelligence permettant de s’affranchir de la tentation totalitaire face au progrès.

 

ICI 

Espace Temps | Etienne Klein

Henri Bergson ou l'humanité créatrice ICI

Nadia Yala Kisukidi nous invite à découvrir Henri Bergson, grand philosophe français ayant abordé des sujets aussi divers que la liberté, la dualité du corps et de l’esprit, la morale ou encore l’évolution du vivant.

Le temps, ce n’est pas de l’espace. Simple évidence ? Telle fût pourtant la « surprise » qui attendit Bergson quand il fût conduit à analyser l’expérience même du temps.

Cette surprise saisit également le lecteur de l’œuvre du philosophe. De l’analyse du temps réel, vécu, de la durée, toute une philosophie se déploie abordant des sujets aussi divers que la liberté, la dualité du corps et de l’esprit, l’évolution du vivant, l’art, la religion, la morale, la technique, la guerre.

 

Le 6 avril 1922, Einstein rencontre Bergson pour la première fois. Un fameux débat a lieu entre eux sur la nature du temps, à la lumière de la théorie de la relativité.

 

Est-ce que le temps du physicien est le même que celui du philosophe?

 

Le conflit entre les deux perspectives est alors inévitable, et la controverse entre Bergson et Einstein devient l’emblème des relations difficiles entre science et philosophie. Les conséquences de cette fracture sont innombrables.

 

Le débat entre Einstein et Bergson le 6 avril 1922 s'est très mal passé. Einstein a dit que Bergson ne comprenait rien à la physique. Bergson, quant à lui, voyait chez Einstein une philosophie, et même une métaphysique, dont l'élaboration laissait à désirer.

 

L'avantage de refaire les conférences du passé, c'est qu'on peut les infléchir. Grâce à deux spécialistes de Bergson et de l'histoire de la physique, Elie During (Nanterre) et Jimena Canales (Harvard), nous allons donc reprendre le dialogue comme si Einstein et Bergson avaient eu la vraie discussion qu'ils n'ont pas eue en 1922 sur leurs métaphysiques respectives.

 

Est-ce le monde de Bergson qui inclut celui d'Einstein ou le monde d'Einstein qui inclut celui de Bergson ?

 

Afin d'arbitrer le débat, nous demanderons à l'artiste Olafur Eliasson, dont toutes les œuvres portent sur cette question d'inclusion et d'exclusion de l'art et de la science, de nous expliquer comment il s'y prendrait pour composer la relation du monde et des sciences.

 

Le débat Bergson / Einstein

Bruno Latour, Olafur Eliasson, Elie During, Jimena Canales ICI

 

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9 mai 2020 6 09 /05 /mai /2020 06:00

 

C’était mieux avant, refrain connu !

 

Grâce à la daronne, Hannelore Cayre dans Richesse Oblige je me suis décrassé de mon ignorance en découvrant Le remplacement militaire.

 

Richesse oblige

 

EXTRAITS

 

  • Tu vas être content, j’ai tiré un 4, répondit Auguste dans un souffle avant de se laisser tomber sur son siège.

 

Son père le rassura :

 

  • Ne t’inquiètes surtout pas, j’avais pris les devants en provisionnant, comme je l’avais fait pour ton frère, les 2000 francs exigés par l’État pour régler ton exemption. Mais puisque avec cette maudite loi nous devons aujourd’hui nous débrouiller tout seuls pour te trouver un remplaçant, j’aurai largement de quoi payer un marchand d’hommes pour nous en amener un bon. Je me suis rapproché de la Compagnie Kahn & Levy, place Sainte6Opportune, qui dit-on en regorge.

 

  • C’est dans ce torchon publié par votre ami Tripier que vous avez trouvé vos trafiquants de chair humaine israélites ? fit le beau-frère Jules.

 

  • Entre une réclame pour la toise Naudia et la méthode simplifiée pour apprendre l’allemand ! renchérit Ferdinand.

 

  • L’Assurance n’est pas un torchon mais un journal de pères de famille. Le conseil de recrutement aura lieu le 18 juillet, ce qui nous laisse, à nous tous, et j’insiste sur ce point, à NOUS TOUS, six petits mois pour trouver un remplaçant à notre cher Auguste.

 

[…]

 

  • Avec la Prusse qui nous fonce dessus comme une locomotive, m’est avis que le prix vont grimper et que vos petits 2000 francs seront impuissants à attirer tous les rabatteurs que vous voudrez. Croyez-moi, ça n’est pas gagné, précisa le beau-frère Jules qui s’y connaissait en matière de conscription pour avoir gâché un tiers de son existence à barboter dans la morne routine de la garnison.

 

  • C’est sûr qu’avec les rumeurs de guerre, ces maquignons gagnent plus à acheter et à revendre des hommes qu’à trafiquer des bestiaux, approuva Ferdinand la bouche pleine.

 

[…]

 

  • Penses-tu que nous ne sachions pas ce qui te tracasse ? Le remplacement militaire est une bonne chose en ce qu’il contribue justement à rétablir cette justice sociale qui t’est chère. Il fait tomber l’argent des mains de ceux qui possèdent, dans celles, vides, de ceux qui n’en ont pas, pour au bout du compte donner à l’armée un bon soldat au lieu d’un mauvais. N’écoute pas les sottises que les socialistes que tu fréquentes t’auront mises dans la tête. En les soustrayant à l’air impur de leur atelier et à la mauvaise nourriture, le service n’a que des bienfaits pour les prolétaires alors qu’il compromet la santé des fils de bourgeois et ruine leur carrière. Cette rupture d’égalité dont tu nous parles sans cesse réside justement dans cette idée absurde du service pour tous.

 

[…]

 

Les nouvelles n’étaient pas bonnes

 

La société de remplacement israélite place Sainte-Opportune, qui soi-disant regorgeait d’hommes à vendre, s’était avérée une impasse : elle avait été pillée et n’en proposait plus un seul, alors qu’on avait versé un acompte de 1000 francs. M. Levy avait fini par rembourser, mais le problème restait entier car partout dans Paris les agences se retrouvaient dans la même situation de pénurie.

 

[…]

 

La taille réglementaire des recrues s’était abaissée de 14 centimètres depuis Louis XIV en raison des nombreux conflits avec l’Angleterre et l’Autriche et surtout des campagnes napoléoniennes grandes consommatrices de jeunes mâles en bonne santé. Compte tenu de la pénurie de beaux gaillards, on était donc devenu beaucoup moins exigeant : un jeune devait à présent mesurer 5 pieds 1 pouce, soit 1 mètre 55 au minimum pour être enrôlé, Auguste faisait 1 mètre 77. Un magnifique dragon.

 

Jadis, pour ma thèse, j’avais été amenée à étudier le roman Sébastien Roch d’Octave Mirbeau et je m’en suis souvenue tout de suite.

 

Sébastien Roch par Mirbeau

 

Aujourd’hui, j’ai tiré au sort, comme on dit, et il m’a été défavorable. Mon père m’a acheté un remplaçant. Je reverrai toujours la figure de ce marchand d’hommes, de ce trafiquant de viande humaine, lorsque mon père et lui discutèrent mon rachat, dans une petite pièce de la mairie. (…) Ils marchandèrent longtemps, franc à franc, sou à sou, s’animant, s’injuriant, comme s’il se fût agi d’un bétail, et non point d’un home que je ne connais pas, et que j’aime, d’un pauvre diable qui souffrira pour moi, qui sera tué peut-être pour moi, parce qu’il n’a pas d’argent. Vingt fois, je fus sur le point d’arrêter cet écœurant, ce torturant débat, et de crier : « Je partirai ! » Une lâcheté me retint. Dans un éclair j’entrevis l’existence horrible de la caserne, la brutalité des chefs, le despotisme barbare de la discipline, cette déchéance de l’homme réduit à l’état de bête fouaillée. Je quittai la salle, honteux de moi, laissant mon père et le négrier discuter cette infamie.

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Carte postale couleur montrant des militaires en train d'épucher des pommes de terre autour de bassines dans une cour.

Le remplacement militaire au XIXe siècle 

[article] ICI

Exemple : La Gironde

Par Girondine

« Acheter un homme » ou trouver un remplaçant...
Servir à la place d’un autre « tombé au sort »...
Le remplacement, un aspect souvent méconnu du vécu des obligations militaires au 19° siècle.

Le remplacement - Un système qui permettait à un soldat ayant tiré « un mauvais numéro » de se faire remplacer par un volontaire qu'il payait pour se substituer à lui et effectuer à sa place le service militaire

 

LA RÉFORME MILITAIRE DE 1867 ET LA DÉFAITE DE 1870  ADRIEN DANSETTE ICI

1867-1872 - Tirage au sort, exonération et remplacement au service militaire ICI
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8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 12:00

En politique il ne faut jamais enterrer quiconque avant sa mise en bière, François Mitterrand de Jarnac en est la démonstration la plus éclatante : pur produit des curés, flirtant avec le régime de Pétain, la francisque, mais résistant, garde des Sceaux sous la IVe a beaucoup laissé guillotiner, tout le monde le croyait disqualifié suite à l’affaire de l’Observatoire il met en 1965, candidat unique de la gauche, de Gaulle en ballotage, puis prends le contrôle du PS à Epinay en s’alliant avec Deferre et Chevènement, au nez et à la barbe d’un Savary pourtant porteur de la tradition socialiste. Il tient alors un discours pur et dur, maniant avec délice une rhétorique néo-marxiste de rupture avec le capitalisme, enterrant ce pauvre Rocard au Congrès de Metz en 1979, les amis de François Mitterrand se déchainent, Gaston Defferre allant même jusqu’à comparer les choix économiques de Michel Rocard à ceux de Pierre Laval, et Laurent Fabius y lance sa célèbre phrase « Entre le marché et le rationnement, il y a le socialisme ». En 1981, « la France passe de l’ombre à la lumière » proclame Jack Lang, pour vite déchanter avec le tournant de la rigueur en 83, les affaires se succèdent dont le sabotage du Rainbow Warrior de Greenpeace qui permettra au petit moustachu Plenel de se faire un nom, Patrice Pelat, Bousquet, les écoutes téléphoniques, les Irlandais de Vincennes… j’en oublie sans doute. 1986, il évite la déculottée grâce à la proportionnelle, inaugure la cohabitation avec Chirac, tout le monde pense qu’il est cuit, à nouveau il renvoie Rocard à ses illusions, nous sert la France-Unie, devient le bon Tonton, le père de Mazarine l’enfant cachée, son cancer caché lui aussi, il finit comme un quasi-saint invoquant « les forces de l’esprit » en convoquant Thérèse de Lisieux.  

 

François Mitterrand, un destin français - L'Express

 

En voilà une vie bien remplie, 14 ans au pouvoir suprême, record de la Ve !

 

Et alors pourquoi notre Mélenchon qui vénérait tant Tonton, son deuxième maître en politique après Pierre Lambert, l’étrange gourou trotskyste de l’OCI, se la joue solo en se prenant pour un leader Minimo ?

 

Revenons à sa rencontre qui fut, pour lui, une révélation :

 

« C’était à Besançon en 1972. J’étais un syndicaliste étudiant très audacieux et je n’avais peur de personne. On m’avait envoyé parasiter le discours de Mitterrand en meeting dans notre université. Quand il prend la parole, « le Vieux » se met à parler... du bonheur. Je vous garantis que je n’étais pas un type fragile. Mais là, mon blindage doctrinaire a été percé. J’ai été marqué à vie. »

 

Bastille : et si Mélenchon la jouait comme Mitterrand ?

 

Converti au PS par un Tonton christique, Mélenchon est devenu un apôtre zélé du mitterrandisme. Après la mort du sphinx, tandis que ces anciens camarades socialistes se sont perdus en inventaire, Mélenchon est resté fidèle. Et s'est échiné à lui trouver des circonstances atténuantes. Le virage de la rigueur en 1983 ? « Nous pensions tous que c’était une pause. La logique de François Mitterrand était de stabiliser nos conquêtes sociale », a justifié Mélenchon. L’auteur du Hareng de Bismark ne fait même pas grief à son mentor du pari maastrichtien : « Personne n’imagine en ce temps ce grand machin ultralibéral à 29 que vous connaissez aujourd’hui. »

 

En 1997, le socialiste Mélenchon, qui arbore alors volontiers le feutre noir et l’écharpe rouge de son modèle, lance à la tribune du congrès de Brest :

 

« Il était un maître à penser pour moi. Il m’a dit « ne cédez jamais ». Marchez votre chemin. Je marche, Monsieur ! »

 

Ego en béton armé le Jean-Luc, exit le PS des synthèses de Tonton, gros flirt avec les derniers débris du PCF, puis le voilà à la tête des Insoumis, lui qui en pince « pour un ancien ministre indéboulonnable de la IVème République, un ambitieux qui a marabouté la vieille SFIO, un aventurier de la politique qui a régné sur la France pendant 14 ans au prix de deux cohabitations, d’un cancer secret et d’une litanie de scandales... Un Machiavel énigmatique, venu de la droite catholique qui tendait la main aux communistes, aux boursicoteurs, à la génération des potes de SOS Racisme et au chancelier allemand Helmut Kohl. »

 

Le 21 octobre 2018

Je pourrais chroniquer sur Mélenchon « l’idiot utile » de Mitterrand

 

Il est de bon ton dans les cercles de ses affidés de souligner que François Mitterrand, qui s'intéressait à lui, confiait volontiers : «Jean-Luc Mélenchon est l'un des plus doué. Il ira loin à condition que sa propre éloquence ne l’enivre pas

 

Permettez-moi de sourire, ayant fréquenté chaque jour pendant deux ans un mitterrandiste de la première heure et du premier cercle, Louis Mermaz, je sais que le Mélenchon et son alter-ego de l’époque Julien Dray de la Gauche Socialiste étaient considérés par Tonton comme les idiots utiles qu’ils pouvaient jeter dans les roues des réformistes, Rocard en tête, pour se refaire la cerise de la vraie gauche. Mais, et ce mais est de poids, il n’a jamais au grand jamais proposé à Mélenchon d’être Ministre alors que celui-ci en rêvait le jour et la nuit. Il lui faudra attendre l’arrivée de Jospin, ancien trotskyste comme lui pour accéder au maroquin de Ministre et de le soutenir à la Présidentielle où il s’est vautré… Tout le Jean-Luc est là.

 

Et même si ça déplaît à ceux qui croient  benoîtement qu’il incarne une «opposition humaniste, écologiste et sociale», Jean-Luc Mélenchon est « l’homme de toutes les ruptures : rupture avec la Ve République, qu’il veut remplacer par une VIe République, régime d’assemblée piqueté de démocratie directe, rupture avec l’Union européenne, rupture avec le FMI, rupture avec l’OMC, rupture avec l’économie de marché, rupture avec le monde réel.

 

Jean-Luc Mélenchon reprend la place qu’occupait Georges Marchais au début des années 70, une place dont François Mitterrand a délogé le PCF. C’est l’inverse même de la démarche de l’homme de Latché, et c’est la voie qui se dessine. Le Parti socialiste n’est pas mort mais il est très gravement atteint et il lui faudra des années pour se reconstituer, se réunifier, se relever. En somme, le PS se retrouve dans la position qu’il occupait durant les années 60, avant que François Mitterrand le ressuscite. Et Jean-Luc Mélenchon a repris le rôle de Georges Marchais à l’orée des années 70 : la longue impasse de la gauche de rupture. »

 

Mélenchon, le caméléon politique - Matière et Révolution

 

Et puis, virage à 180° Dans un entretien donné à Leading European Newspaper Alliance (Lena), une alliance de journalistes européens, et relayé par le journal espagnol El Pais, Jean-Luc Mélenchon annonce un changement drastique de direction.

 

El líder de Francia Insumisa, Jean-Luc Mélenchon, escucha al primer ministro, Édouard Philippe, durante su presentación del plan de desescalada la semana pasada

 

Il assume : qu'il a usé « jusqu'à maintenant » de « la stratégie du choc frontal » sur tous les sujets, comme « générateur de conscience politique », il la considère comme désuète en période de crise sanitaire et trompette une approche toute nouvelle

 

« Il n'est pas question d'agresser ceux qui nous gouvernent », prévient-il. Mélenchon s'érige même en exemple de non-violence, montrant la voie d'une opposition constructive et responsable : « Je crois que mon comportement a obligé les autres à changer de ton. Madame Le Pen a commencé de manière agressive et, maintenant, elle aussi demande que les consignes sanitaires soient respectées. Ce n'est pas ce qu'elle disait au début. Donc, c'est beaucoup mieux. Le plus important, c'est la santé publique. »

 

Comme Tonton, le leader de La France insoumise part à la pêche des électeurs modérés.

 

Lors de la dernière campagne présidentielle « en se muant brièvement en pédagogue du peuple, et en multipliant les clins d'œil à la « force tranquille » mitterrandienne. Une stratégie payante, favorisée par le délitement du Parti socialiste, dont l'aile droite avait opté pour Emmanuel Macron, convaincue par sa promesse sociale-démocrate ou par le vote utile face à Marine Le Pen. Au coude à coude avec Benoît Hamon, le candidat du PS, il avait fini par le dépasser, puis par le distancer nettement grâce à une brillante campagne, apparaissant comme l'unique recours à gauche et obtenant finalement un score important : 19,58 % des voix. La stratégie de « l'adoucisseur » avait donc été particulièrement efficace. »

 

« Sauf que, au lendemain de l'élection, Mélenchon croit devoir imputer son succès relatif à la radicalisation de l'électorat de gauche, que son amertume d'être passé si près du but le pousse à soutenir. »

 

« Depuis le début du quinquennat, Mélenchon et les Insoumis se sont donc systématiquement et violemment opposés aux réformes proposées par le gouvernement. Une stratégie assumée encore aujourd'hui : « Il y avait une manière de parler qui devait correspondre au moment. Je crois que nous l'avons bien fait. Nous avons été utiles au pays »

 

« Sauf que les électeurs de gauche modérés se sont détournés de LFI et le socle du mouvement s'est rabougri. Il est progressivement revenu au niveau de la présidentielle de 2012, c'est-à-dire environ 11 % avant les européennes. Puis Jean-Luc Mélenchon s'est disqualifié personnellement en perdant ses nerfs devant la police lors des perquisitions des locaux de La France insoumise. La liste LFI avait, par la suite, enregistré un résultat désastreux d'environ 6 % des voix lors des européennes. »

 

Le Mélenchon nouveau est-il arrivé ?

 

Je ne sais, mais son éloge d’Édouard Philippe, sonne comme un mea-culpa :

 

« Édouard Philippe est un homme élégant, d’un côtoiement agréable, un libéral assumé et qui le dit clairement. Il est de droite et n’a jamais prétendu autre chose »

 

« Savoir le sport qu’il pratique aide à comprendre un homme politique. Lui, c’est la boxe. Regardez-le faire! Quand il répond, il tourne et danse sur le ring le temps qu’il faut pour que vous baissiez la garde. À ce moment-là, il choisit le point où frapper : c’est un mot qu’il a pris dans votre discours, et il en fait ce qu’il veut, pan ! »

 

Certes c’est aussi pour mieux dézinguer « Monsieur Macron, en revanche est un bandit de grand chemin”, lance-t-il. “Lui-même dit qu’il a fait un hold-up sur le pouvoir! Il a trompé tout le monde. Il est sans foi ni loi, capable d’entrer, grâce à nous, les gens de gauche, dans la présidence de Monsieur Hollande. Puis d’en sortir en disant qu’il n’est ni de droite ni de gauche, puis de devenir chef de la droite ».

 

Rire et montrer les dents - département d'Ethnologie et d ...

Amazon.fr - François Mitterrand: Portrait d'un ambigu - Short ...

Dans son livre le journaliste britannique Philip Short, François Mitterrand, portrait d'un ambigu (2015), celui-ci raconte

 

«Un chirurgien-dentiste s’occupa de ses canines, qui lui donnaient un petit air de vampire. Mitterrand commença par refuser, mais Séguéla lui dit : « Si vous ne vous faites pas limer les canines […] vous susciterez toujours la méfiance. […] Vous ne serez jamais élu à la présidence de la République avec une denture pareille.»

7 février 2016

« Mitterrand - Un jeune homme de droite » : le jeune Mitterrand fut le produit de son temps et de son milieu social… ICI

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8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 06:00

 

 

Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, mardi, à l'Élysée. © LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Pour ne rien vous cacher, pour avoir croisé une seule fois dans ma vie Emmanuel Macron, aux Invalides lors de l’hommage à Michel Rocard, je le trouve étriqué dans ses petits costars cintrés, emprunté comme un petit communiant sage, cravaté, engoncé, à son crédit élève de Paul Ricœur, garçon brillant pour les peaux d’âne chères à la méritocratie républicaine, même s’il se plante à Normale Sup, transgressif qu’avec Brigitte mais affreusement conformiste en presque tout, il veut toujours avoir le dernier mot sur tout. Je ne suis pas de ceux qui lui reproche son passage chez Rothschild, Pompidou et Emmanuelli l’ont fait aussi, même si ce n’étaient pas les mêmes. Sa chance il a su la saisir lorsqu’il perçut avant tout le monde que «  François Hollande est un nihiliste  », qu’il a enterré le PS avant les funérailles avec la collaboration active des « frondeurs » et de l’impérieux Manuel Vals.

 

Faute de mieux, comme à chaque présidentielle depuis que je vote, j’ai voté par défaut pour lui. Je ne le regrette pas car l’offre des Présidentiables était et reste d’une indigence qui atteint, sur l’échelle de Richter de la politique, des valeurs himalayennes.

 

La question de savoir s’il est un personnage de roman ou non, m’indiffère, mais alors pourquoi s’intéresser aux réponses de deux écrivains ?

 

Tout simplement parce que le sieur Bellanger exprime, bien plus brillamment que moi, pourquoi l’arrogant Macron a pu survivre à l’affaire Benalla, aux Gilets Jaunes et, peut-être à la présente crise sanitaire.

 

  • La réponse du thuriféraire Philippe Besson

« Un personnage de roman », Julliard, 216 p., 18 euros

 

Pour l'écrivain Philippe Besson, Emmanuel Macron est «  un personnage de roman  ». Pas étonnant que le récit, par ce proche du président et de son épouse, de la conquête de l'Élysée par l'ancien ministre de l'Économie se lise comme un roman. ICI

 

Dans Atlantico, qui est plutôt  de droite, Benoît Rayski sort la sulfateuse :

 

Du temps de la Rome antique l'empereur Caligula, un grand mégalomaniaque, fit de son cheval un consul. Du temps de la France 2018 Macron, un autre mégalomaniaque, fit d'un de ses favoris un consul.

 

La nomination de l'écrivain Philippe Besson au consulat de France à Los Angeles a soulevé une petite tempête parisienne. D'aucuns s'offusquent que l'on ait choisi pour ce poste un homme de lettres alors que tant de diplomates talentueux et chevronnés sont dans l'attente d'une affectation.

 

D'autres rappellent que ce poste convoité fut naguère, et quand même, occupé par un écrivain. Pierre Assouline, toujours bien inspiré, donne son nom : Romain Gary. Et ce dernier, écrit-il « doit se retourner dans sa tombe » en voyant qui lui succède. En effet entre Gary et Besson il y a une distance que le copain de Macron ne franchira jamais.

 

Mais le scandale n'est pas là où on le dit. Qu'un écrivain, même d'envergure moyenne devienne consul à Los Angeles n'est pas en soi une monstruosité. Il s'agit de bien autre chose et qui est infiniment plus grave.

 

Besson est un auteur à succès. Un de ses livres les plus remarqués porte comme titre Un personnage de roman. Et vous savez qui est ce personnage qui vaut un roman ? Emmanuel Macron! Une hagiographie enflammée…

 

Dans l'Evangile, selon St Besson le président de la République n'est quand même pas le Christ. Mais, en le lisant, on imagine que s'il le voulait il marcherait comme lui sur les eaux du lac Tibériade.

 

Le livre a séduit le président de la République. Il s'est pris d'amitié pour Philippe Besson qui avait besoin d’être consolé après une douloureuse déception amoureuse. Il a fait de lui un consul. Jamais, s'il connaissait le sens du mot "tact", il n'aurait dû le faire. Pas parce que Besson est écrivain. Mais parce qu'il a écrit "Un personnage de roman". Nommer quelqu'un qui vous a encensé, ou, soyons plus directs, qui vous a ciré les pompes, est un acte assez vulgaire.

 

La décence et la pudeur aurait commandé à Macron de ne pas proposer le poste de Los Angeles à Besson. La décence et la pudeur aurait voulu que Besson le refuse aussitôt qu'il lui a été proposé. Mais ces gens-là ont l'arrogance chevillée au corps.

 

Emmanuel Macron le 7 mai 2017 dans la cour du Louvre. L'aboutissement d'une marche que, des sa demission du gouvernement, l'ecrivain Philippe Besson a jugee "irresistible".

  • Celle du facétieux Bellanger

 

L’intégrale ICI  

 

Mon choix illustré par la photo romanesque

 

On m’a souvent demandé si Macron était un personnage romanesque. Je ne suis pas sûr que le romancier que je suis s’y connaisse spécialement en personnages romanesques, mais je répond en général que le roman n’aime pas trop les personnages de premier plan. On fait de meilleures histoires avec un séminariste raté fou de Napoléon qu’avec Napoléon lui-même, et Rastignac lui-même ne fit jamais beaucoup mieux que ministre. J’aimais bien Sarkozy pour cela : une dimension de personnage secondaire, de valet de comédie, même au sommet de sa gloire.

 

[…]

 

Non, je ne crois pas que Macron soit un personnage de roman. Sa trajectoire est trop nette et ses aventures trop institutionnelles. Si, comme Julien Sorel, on voit qu’il admire l’Empereur, avec lequel il accuse d’ailleurs une petite ressemblance physique — c’était le message immanquable de son discours à la Pyramide du Louvre —, il a, lui, épousé Madame de Rénal, et ainsi gardé sa tête. Je suis retombé l’autre jour sur ce fameux portrait de groupe des jeunes rocardiens (ndlr. Bellanger se trompe il s’agit de jeunes socialistes lorsque Rocard occupa le poste de 1er secrétaire du PS rue de Solférino) et, pour tout dire, j’ai trouvé cette seule photo plus romanesque que toute la séquence présidentielle du printemps.

 

Vals, Franco-phile et francophobe

 

Le principal rival de Macron y figure, comme la plupart des leaders ou ex-leaders socialistes actuels. Mais ce qui crève l’écran c’est une spectaculaire absence. Non pas celle de Macron, bien sûr, qui devait avoir 15 ans à l’époque. Ce qu’on ne peut s’empêcher de voir, fasciné, c’est la surnaturelle absence de charisme de Jean-Luc Mélenchon.

 

Qu’un professeur de Français en lycée technique dans le Jura soit devenu sénateur, c’est exceptionnel, mais ça demeure de l’ordre du possible — la magie des années Mitterrand. Ce n’est pas plus fou que d’imaginer qu’une petite ville de l’Essonne reçoive un opéra et une gare TGV. Tiens, justement : c’est la ville, dont il fut sénateur : on est déjà dans les dessous de l’histoire contemporaine, dans le romanesque pur. (Ndlr. Massy-Palaiseau de Claude Germon auprès duquel Mélenchon entama sa carrière voir plus bas)

 

Quand Rocard couvait la deuxième génération de la seconde gauche ...

 

Qu’il devienne ensuite ministre de l’enseignement professionnel cela appartient encore à sa logique biographique. Mais le reste, sa mutation récente en Jaurès, en héros de la jeunesse, en Mitterrand tardif — synthèse improbable de ces deux France qui normalement ne se parlent pas, celle de l’Ancien Régime et du respect de l’immuable, des privilèges obtenus et des statuts spéciaux, et celle de la Révolution : cela en fait un personnage romanesque. Non pas complexe, ni même éblouissant, mais glorieusement invraisemblable. Etant entendu, bien sûr, le pacte romanesque ne souffre aucune exception, qu’il n’accède jamais au pouvoir suprême.

 

La PHOTO-TITRE

 

Le 21 novembre 2017, Emmanuel Macron « a bien des défauts mais il a la qualité de ne pas fuir le débat », a déclaré Jean-Luc Mélenchon à l'issue d'un entretien avec le président sur l'Europe à l'Elysée.

 

Jean-Luc Mélenchon qui complimente Emmanuel Macron, voilà qui peut surprendre.

 

 Avec l'actuel président, « ce n'était pas les numéros qu'on a connus ici dans un passé proche » quand « on avait l'impression de discuter avec une anguille », a ajouté, sans citer de nom, le chef de file de La France insoumise (LFI) à la presse dans la cour de l'Elysée.

Mélenchon vante son dialogue avec Macron pour mieux se payer Hollande

A Massy, les grands travaux de Claude Germon restent à payer . Les audits commandés par le nouveau maire UDF accablent le bilan pharaonique de son prédécesseur PS, battu en juin.ICI
Par Olivier Bertrand  
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7 mai 2020 4 07 /05 /mai /2020 12:00

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Titre, emprunté et actualisé, à Frédéric Pommier @fred_pom 4 mai

 

On est censé déconfiner dans huit jours et je n'ai toujours pas fait de pain ni terminé Proust. J'ai honte.

Le style farmer vu par le Bon Marché : c'est 4640 euros sans les ...

"Monsieur le Président, il est temps de déclarer l’état d’urgence culturelle" - La lettre d'Isabelle Adjani lue par

billet - Le blog de JACQUES BERTHOMEAU

Séquence culture ce matin, le secteur culturel le grand oublié de nos technocrates du gouvernement. Petit rappel : 8 janvier 2020

 

Le PIB culture « la culture créait autant de valeur ajoutée que toute la filière agricole et agro-alimentaire et sept fois plus que l’industrie automobile » ICI 

 

  • le cinéma, je m’inquiète pour l’avenir de 1000 et une production la boîte de production de mes enfants. ICI

 

 

Interruption des tournages : le dilemme kafkaïen des assurances

 

Les contrats ne couvrant pas les risques liés au Covid-19, les producteurs en appellent à l’intervention de l’Etat.

Par Nicole Vulser

 

Imaginons le tournage d’un film dans le monde d’après. Les principaux comédiens, le réalisateur et le chef opérateur s’engagent sur l’honneur à se confiner chez eux après leurs prestations sur le film. Le tournage, lui, se déroule sous l’œil vigilant d’une infirmière présente à chaque instant, ou à défaut est surveillé par des caméras thermiques qui permettent d’exclure toute personne susceptible d’être infectée par le Covid-19. L’équipe, bien entendu, est masquée, gantée. La cantine n’existe plus, troquée contre des plateaux-repas individuels. Les figurants sont convoqués en toute fin du tournage pour ne pas risquer de contaminer les acteurs qui tiennent les rôles-titres… C’est l’un des scénarios envisagés par le principal courtier du cinéma français, Hugo Rubini, pour amadouer les assureurs.

 

L’heure est kafkaïenne pour les producteurs cinématographiques contraints d’arrêter leurs tournages mi-mars en raison du confinement imposé par le Covid, et pour ceux qui s’apprêtaient à filmer – une trentaine de longs- ou courts-métrages étaient en tournage et cinquante-huit en préparation. Dans une lettre du 20 avril adressée au ministre de l’économie, Bruno Le Maire, dix-huit producteurs, sous la houlette de Georges-Marc Benamou (Siècle Productions), affirment que, pour reprendre leurs tournages, « ils doivent impérativement être assurés contre les risques d’arrêt ou de suspension liés au coronavirus ». Or, expliquent les signataires, « les compagnies d’assurances excluent toute prise en charge de ce risque, pour l’avenir ». Ce qui « entraîne de fait le blocage de toute création cinématographique et audiovisuelle en France ». Cela au pire moment, puisque le printemps et l’été constituent la pleine saison des tournages.

 

Des résultats attendus mi-juin

 

Comment débloquer cette situation ? Déclarer ce phénomène pandémique en catastrophe naturelle ? Un décret permettrait ainsi d’indemniser les personnes lésées grâce à ce fonds abondé par une taxe qui existe déjà sur chaque police d’assurance. Mais les assureurs n’en veulent pas. Créer un nouveau fonds pour les risques sanitaires majeurs, identique à celui consacré aux catastrophes naturelles ? Il faudrait dans ce cas l’abonder, ce qui pourrait prendre des mois, sauf à faire appel à l’Etat. Certains experts préconisent aussi de s’inspirer de la création du risque contre les attentats, mis en place en 2001.

 

Face à l’urgence, d’autres producteurs ont d’ores et déjà saisi les institutions européennes pour que soient mises en place, grâce au fonds industriel européen de relance prôné par Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur, des dispositions exceptionnelles face à ce problème qui dépasse nos frontières. A Bercy, on assure « travailler pour trouver une solution », si possible européenne dans l’hypothèse d’un nouveau fonds. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a créé un groupe de travail à la direction du Trésor, consacré au développement d’une couverture assurantielle des pertes d’exploitation liées aux pandémies. Un autre groupe de travail sur ce même sujet, et dont les résultats sont également attendus mi-juin, a été mis en place à la Fédération française de l’assurance (FFA), qui a par ailleurs désigné un groupe d’experts sur le cinéma et l’audiovisuel. Toutes les pistes sont à l’étude, le ministère de la culture, le CCHSCT cinéma et le Centre national de la cinématographie (CNC) sont directement concernés par cet imbroglio.

 

Négociations ardues

 

Dominique Boutonnat, le président du CNC, a travaillé dix ans chez l’assureur Axa, avant de se lancer dans le cinéma en 2005. Ce qui pourrait l’aider dans les négociations ardues avec la FFA. « La reprise des tournages sera un problème-clé lors du déconfinement », assure Olivier Zegna-Rata, délégué général du Syndicat des producteurs indépendants (SPI). « La trésorerie des sociétés de production est déjà très tendue, certaines ne tiendront pas le choc », redoute-t-il. Les pertes d’exploitation liées au confinement (les frais financiers ou les surcoûts parfois colossaux liés à la non-livraison des films) ne sont pas couvertes par les assurances. La course contre la montre est engagée pour tous les films aujourd’hui à l’arrêt.

 

 « Et si le film peut se poursuivre, les comédiens seront-ils libres pour la fin du tournage ? Les enfants engagés n’auront-ils pas trop grandi ? », se demande Hugo Rubini. Sans compter que personne ne sera à l’abri d’une deuxième vague de confinement… Pour l’heure, certains assureurs proposent des contrats aux montants stratosphériques pour assurer « l’indisponibilité des personnes » à la reprise des tournages. Auparavant, seules les têtes d’affiche faisaient l’objet de surprimes pour les cas de maladie, désormais tout le plateau est à égalité face à l’aléa potentiellement mortel du Covid, plaident les assureurs.

 

Hugo Rubini tente de faire revenir les assureurs dans la course. Il espère que le risque lié au Covid s’atténuera avec le temps, au point qu’il soit simplement considéré comme une maladie comme une autre. Les deux points de vue entre producteurs et assureurs restent diamétralement opposés et inconciliables. La FFA se dit prête à chercher une solution, mais pour l’heure, rien ne bouge.

 

Antoine Gallimard

 

  • « Si la librairie, maillon faible, casse, toute la chaîne du livre déraille » Antoine Gallimard ICI 

 

Si les ventes de livres numériques n’ont pas franchi des seuils pharaoniques chez Gallimard, le PDG apprécie tout de même les résultats. De 2 % du marché, on passe à 4 % — de même pour les livres audio –, mais cela ne couvre pas les pertes de livres papier. Invité par France Inter, il est revenu sur les efforts fournis par les éditeurs durant cette période, mais également les réflexions à apporter à la profession.

Si les ventes de livres numériques n’ont pas franchi des seuils pharaoniques chez Gallimard, le PDG apprécie tout de même les résultats. De 2 % du marché, on passe à 4 % — de même pour les livres audio –, mais cela ne couvre pas les pertes de livres papier. Invité par France Inter, il est revenu sur les efforts fournis par les éditeurs durant cette période, mais également les réflexions à apporter à la profession.

 

Quelques chiffres : quotidiennement, 1,4 million de livres se vendent en France, et 700.000 sont empruntés. En temps normal, souligne le patron de Gallimard, Flammarion, Casterman. Or, cette période de confinement, et celle qui la suivra, n’a pas été propice au commerce du livre, pas plus qu’au prêt. En numérique, certes, mais cela ne fait pas bouillir la marmite. Et les libraires qui ont cherché des solutions de replis n'ont pas généré pour eux-mêmes un chiffre d'affaires classique.

 

L’enjeu du confinement, indique Antoine Gallimard, aura été de maintenir le lien avec les lecteurs — pour sa maison comme chez les confrères. Et pour ce faire, la seule voie possible fut internet, et la diffusion gratuite, par exemple, de livres. Ceux de la collection Tracts de crise ont ainsi fait l’objet d’un traitement spécial, pour alimenter tant en pensées qu’en lectures (et inversement), les internautes-lecteurs.

 

 Le maillon qui casse...

 

Pudiquement, le patron de la holding Madrigall ne répond pas directement quand on lui demande si l’industrie connaîtra des vagues de licenciements et de fermeture de librairies. Et si seuls les grands groupes s’en sortiront. « Cela nous préoccupe beaucoup. Dans la chaîne, il y a des maillons faibles : le maillon faible, c’est la librairie. » D’ailleurs, son groupe possède aujourd’hui de neuf établissements et connaît le sujet. « Si ce maillon faible casse, c’est toute la chaîne qui déraille. Et c’est grave. »

 

Les auteurs apprécieront, alors que les systèmes d'aides gérés par la SGDL, avec l'argent fourni par le Centre national du livre, entre autres, sont des plus opaques. Et ce, malgré une révision récente des critères d'éligibilité.

 

Pour autant, le risque de concentration, et de perte de la diversité éditoriales existe, reconnaît-il, mais les prêts et subventions sont là pour tenter de panser les plaies, un peu.

 

L’édition, qui représente 5 milliards € de chiffre d’affaires, attend du président d'Emmanuel Macron 500 millions € d’aides. Mais également des initiatives comme les chèques-livres pour aider les jeunes à retrouver le chemin de la librairie. Et peut-être réviser les normes de sécurité : on parle actuellement de 10 personnes pour 100 m2, la souplesse pourrait être de mise.

 

Mais de toute cette mise au repos forcé, le PDG note surtout que La Poste n’a pas pu aider les libraires. La question de tarifs postaux revient de manière récurrente, libraires et éditeurs soulignant que les frais de port sont particulièrement lourds. Bruno Le Maire avait été sollicité pour une intervention urgente : les points de vente qui ne pouvaient pas assurer de click & collect étaient en effet doublement pénalisés, par l’impossibilité de procéder à une vente à distance.

 

Savez-vous, monsieur le ministre, que pour envoyer par La Poste un livre de 250 pages (qui pèse environ 300 g), il en coûte 5,83 € en lettre verte, soit plus d’un quart du prix du livre (sauf à le vendre à un tarif indécent) ? Savez-vous que pour envoyer un livre qui dépasse 3 cm d’épaisseur, il faut le faire par Colissimo, au prix de 7,14 € HT ? Et ces tarifs augmentent chaque année, alors que le prix du livre, lui, est fixe.

 

 

« Ce qui est important, c’est que l’on réfléchisse, que le gouvernement réfléchisse aux frais de port, aux frais de Poste pour le livre, comme il y a pour les journaux », insiste Antoine Gallimard.

 

Appel à suivre, enfin ?

 

On appréciera également les interventions de Pauline Fouillet, gérante de la librairie Livres et vous, qui s’est débattue, durant la crise sanitaire, pour fournir à ses clients des offres spécifiques de lectures et jeux. Emission à réécouter (intervention à 2h20) :

 

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Le ministre Franck Riester et Emmanuel Macron lors de l’annonce des orientations du « plan pour la culture », à l’Elysée, le 6 mai.

Coronavirus : ce qu’il faut retenir des annonces d’Emmanuel Macron pour la culture ICI

Joseph Zimet, le minustre de la culture minister Franck Riester, la sécrétaire génèrale Anne de bayser et le président Emmanuel Macron lors d ela viosonfèrence à l’Elysée sur la question de la culture.

Discours de Macron pour la culture : aide-toi et l’État t’aidera ! ICI

Franck Riester au campus des territoires de La Republique en marche à Bordeaux. Photo : AMEZ / ROBERT/SIPA

Franck Riester : “Je ne suis pas du tout sur cette ligne de date lointaine : dès qu’on peut, on ouvre !” ICI

Interpellé de toutes parts pour sa “non gestion” des conséquences de la pandémie, le ministre répond à “Télérama”, à la veille de la conférence que doit tenir Emmanuel Macron sur le sauvetage de la culture.

 

Une pétition d’artistes directement adressée au président de la République via Le Monde pour se plaindre de son ministre de la Culture et lui demander de prendre les choses en main, un « avis de recherche » dudit ministre ironiquement lancé sur les réseaux sociaux… Depuis sa nomination au portefeuille de la Culture en octobre 2018, Franck Riester subit aujourd’hui les pires camouflets de sa brève carrière ministérielle. Et les reproches quasi unanimes d’une profession anéantie par les conséquences du coronavirus et de la nécessaire politique sanitaire pour le combattre.

 

Fermeture de 2 000 cinémas, 2 500 salles de musique, 1 000 théâtres, 1 200 musées, 3 000 librairies, 16 000 bibliothèques, arrêt de la plupart des 3 000 festivals d’été… Comment les 274 000 intermittents du spectacle que compte la France de 2020 pourront-ils accumuler les 507 heures de travail annuel qui leur donnent droit à des allocations-chômage ?

 

Certains parlent de véritable « tsunami social et culturel », de la mort annoncée de lieux, de jeunes compagnies, d’associations. Et le ministre semble aux abonnés absent depuis de longues semaines. De quoi l’accuser d’un manque de soutien aux professions inquiètes qui font la culture. D’un manque de clarté sur la réouverture d’espaces culturels déjà éprouvés par les grèves contre la réforme des retraites. D’un manque d’ambition quant aux moyens affectés à un secteur aussi essentiel à notre vie individuelle et collective, festive et spirituelle, qu’à notre vie économique et touristique. D’un manque de vision, enfin, pour les années à venir, où rien sans doute ne sera pareil. Nous avons voulu l’interroger.

« L’absence de vision politique à long terme sur le cinéma et l’audiovisuel est désespérante »

 

Tribune. Sept milliards d’euros pour relancer l’industrie aéronautique, rien encore pour le cinéma et la télévision, qui pourtant nous accompagnent quotidiennement dans notre vie confinée, seules fenêtres ouvertes sur un monde devenu inaccessible.

 

Dans les journaux télévisés du soir, on parle plus de l’avenir des fleuristes que des salles de cinéma. D’où vient ce désamour de nos politiques pour ce secteur dont la valeur ajoutée est bien supérieure à celle de l’automobile et qui emploie plus de personnes que l’aéronautique ?

 

Grâce à des femmes et des hommes politiques visionnaires, le secteur industriel du cinéma et de l’audiovisuel a été le seul en France à organiser sa régulation financière, notamment en se dotant d’une taxe spéciale, la TSA [taxe spéciale additionnelle sur les entrées en salles], copiée par beaucoup de pays. Ce système a si bien montré son efficacité que notre gouvernement a pu ainsi justifier de prélever plus de 300 millions d’euros sur le budget du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) depuis 2011, montant qui pourrait aujourd’hui participer à amortir les effets de la crise que nous traversons.

 

Paupérisation accélérée

 

Certes, des plans d’urgence ont été mis en place, à commencer par l’extension à nos métiers du chômage partiel qui permet à nos entreprises de continuer à rémunérer ses salariés en l’absence de revenus. Tant mieux, la catastrophe a été évitée. Mais pour reprendre des formules utilisées pour décrire la crise climatique, vers quel monde s’achemine-t-on ? Car en l’absence de pensée politique forte et de moyens conséquents, le secteur culturel risque bien de ne pas pouvoir se relever de la crise qu’il subit de plein fouet.

 

D’où vient ce désamour de nos politiques pour ce secteur dont la valeur ajoutée est bien supérieure à celle de l’automobile et qui emploie plus de personnes que l’aéronautique ?

 

Dans la mutation majeure amorcée bien avant la crise, c’est l’ensemble des acteurs de la filière qui doit se réinventer et c’est le financement global des œuvres ainsi que leur diffusion qui doivent être repensés. Car, sinon, cette mise à l’arrêt totale, inédite, n’aura servi qu’à une paupérisation accélérée et à un abandon coupable du monde de la création.

 

Plusieurs actions sont à mener urgemment :

 

Les grands gagnants de cette crise, les plates-formes, contrairement à tous les autres opérateurs du secteur, ne payent pas d’impôts, et pourtant s’appuient et prospèrent sur un écosystème vertueux, où des auteurs et des producteurs vivent de leurs droits et doivent pouvoir continuer à le faire.

 

L’application en France de la directive européenne « Services de médias audiovisuels » (SMA), en discussion au sein de la réforme audiovisuelle et reportée sine die, devait s’y atteler. Ces acteurs internationaux majeurs, pour certains plus puissants que des Etats, doivent contribuer à financer la relance globale de notre économie.

 

Les salles de cinéma sont au premier rang dans la chaîne d’exploitation des films. Cette fenêtre premium les oblige. Elles doivent impérativement redonner confiance aux créateurs et aux ayants droit en s’engageant réellement à leurs côtés pour amener et défendre leurs films devant leur public. Sans cela, les plates-formes, bien plus puissantes, sauront donner des gages (comme elles l’ont prouvé avec les réalisateurs Alfonso Cuaron ou Martin Scorsese) pour les séduire et capter leurs œuvres pour leurs seuls abonnés.

 

Diversité

 

Les salles de cinéma savent depuis très longtemps, bien avant l’invention de la carte illimitée, que la fidélisation de leur public passe par la programmation de toute la diversité, donc par des partenariats vertueux avec les distributeurs indépendants et pas seulement avec les studios américains.

 

En 2019, 80 % des films ont été sortis par des distributeurs indépendants. Ils se sont partagé seulement 32 % des séances en France sur l’année. Ces mêmes indépendants ont pourtant su faire découvrir la majorité des films présents à Cannes en 2019, et la plupart des premiers films et films d’auteurs français et européens. La crise actuelle ne doit pas nous faire oublier l’importance de la régulation des films en salles au profit de la plus grande diversité du cinéma. Car, comme pour le climat, la reprise aura beau jeu de permettre tous les écarts à une régulation vitale amorcée dans le monde d’avant.

 

Le service public doit affirmer son rôle dans la création et la diffusion. Prendre exemple sur Arte qui, avec peu de moyens et sans être rivée uniquement sur l’audimat, offre chaque jour à son public des films, des documentaires et des séries audacieuses, sachant allier la satisfaction et la curiosité de ses téléspectateurs.

 

Au cours de cette crise, France Télévision a redécouvert l’attrait du cinéma sur ses antennes, dont acte, mais au seul profit de films multidiffusés et de catalogues déjà ultra-amortis des grands groupes. Les spectateurs confinés n’auraient pas le goût de voir des films plus récents, plus en phase avec notre monde ? Prendre des risques, innover, travailler avec des auteurs et producteurs émergents, voilà ce que l’on attend d’un véritable soutien public à la création.

 

Un monde sans artistes ?

 

Enfin va-t-on cesser d’avoir peur de lutter efficacement contre le piratage qui a explosé depuis le début du confinement et qui prive les ayants droit d’une grande partie de leurs ressources ?

 

A l’instar de la transition écologique, cette crise, si elle ne tue pas intermittents, auteurs, artistes, salles de proximité, producteurs et distributeurs indépendants, doit être l’occasion d’affirmer une politique culturelle digne de ce nom.

 

L’absence de vision politique à long terme portée sur notre secteur est désespérante. Si le gouvernement est capable d’injecter des milliards dans des secteurs notoirement responsables de notre crise climatique – faut-il rappeler que la pollution tue chaque année plus de 40 000 personnes, à quand ce décompte chaque soir aux journaux télévisés… –, ne doit-il pas s’interroger sur la nécessité de préserver et renforcer notre modèle culturel, vecteur autant d’emplois que de cohésion sociale ?

 

Posons-leur la question : de quel monde rêvez-vous pour vos enfants ? Un monde sans images, sans artistes, sans émotion ? Ou un monde plus juste et plus grand ? Et si oui, quoi de mieux que la création artistique sous toutes ses formes pour en être le berceau ?

 

Carole Scotta dirige la société de production indépendante Haut et Court.

À Paris, les tournages de films et de séries reprendront sous conditions ICI

Omar Sy en Arsène Lupin ou Romain Duris dans la peau de Gustave Eiffel vont pouvoir reprendre le travail. Seule ombre au tableau : les assurances.

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7 mai 2020 4 07 /05 /mai /2020 06:00

En achetant ce gros bouquin, lors de mon passage, quelques jours avant le black-out, certes je pressentais qu’il allait me passionner mais j’ignorais que, contrairement à ma pratique habituelle, j’allais le lire à petite dose comme si je craignais, une fois ma lecture terminée de n’avoir plus envie d’en ouvrir un autre.

 

La Fabrique des salauds par Kraus (II)

 

Prenant mon temps, en une sorte de rituel, refrénant mon impatience naturelle, j’ai donc fait de lui mon compagnon de confinement. Par temps de disette on devient plus précautionneux, plus soucieux d’une forme d’économie, la profusion s’étant tarie l’heure est à un retour de la lenteur, à la consommation parcimonieuse, communier sous les deux espèces : lire et cuisiner.

 

Mais, comme le temps de confinement s’est étiré, que les librairies sont toujours closes, j’ai dû me résoudre à entamer le dernier chapitre, refermer le livre. J’ai achevé la lecture dans la nuit du 29 au 30 avril et, bien sûr, au petit matin me voilà face à mon écran pour chroniquer.

 

Comme souvent j’ai choisi ce livre à l’instinct, ou plus précisément poussé par un pressentiment, il n’était pas noté sur ma petite liste du fait que j’ignorais son existence.

 

En fait, je reprenais le fil rouge des Bienveillantes de Jonathan Littell.

 

16 avril 2007

Âmes sensibles s'abstenir absolument ICI 

 

Après avoir lu un papier dans le Nouvel Obs. j'ai acheté à la Fnac, en octobre 2006, un gros bouquin de 894 pages, collection blanche de Gallimard : Les Bienveillantes de Jonathan Littell. Je l'ai posé en bas de ma pile. Il a reçu le Goncourt et le prix de l'Académie Française. Lecteur attentif de Hannah Arendt, les mémoires fictifs d'un officier SS, homosexuel et incestueux, qui n'éprouve ni remord, ni regret, cette somme m'intéressait. En février 2007, j'ai acheté un petit bouquin, les Malveillantes, de Paul-Éric Blanrue, qui mène une enquête à la fois sur les zones d'ombres de l'auteur et du livre et sur les raisons du succès. Ce n'est pas une instruction à charge mais une enquête honnête  qui éclaire la lecture d'un ouvrage au maniement parfois difficile : la bureaucratie nazie, tentaculaire et frisant l'absurde, s'ajoutant au goût immodéré des allemands pour la hiérarchie militaire, est déroutante. Passé cet obstacle il faut aussi supporter l'insupportable.

 

Le narrateur, le sturmbannführer Aue, en visite d'inspection au camp d'Auschwitz, relate une soirée au domicile de Höss le commandant du camp. Ce texte, je vous préviens, est immonde, abject et difficilement lisible.

 

« Les cognacs et les vins étaient de grande qualité ; Höss offrait aussi à ses invités de bonnes cigarettes yougoslaves de marque Ibar. Je contemplai avec curiosité cet homme si rigide et consciencieux, qui habillait ses enfants avec les vêtements d'enfants juifs tués sous sa responsabilité. Y pensait-il en les regardant ? Sans doute l'idée ne lui venait même pas à l'esprit. Sa femme lui tenait le coude et poussait des éclats de rire cassants, aigus. Je la regardai et songeai à son con, sous sa robe, niché dans la culotte en dentelle d'une jeune et jolie Juive gazée par son mari. La Juivesse était depuis longtemps brûlée avec son con à elle et partie en fumée rejoindre les nuages ; sa culotte de prix, qu'elle avait peut-être spécialement mise pour sa déportation, ornait et protégeait maintenant le con de Hedwig Höss. Est-ce que Höss pensait à cette Juive, lorsqu'il retirait sa culotte pour honorer sa femme ? Mais peut-être ne s'intéressait-il plus beaucoup au con de Frau Höss, aussi délicatement recouvert fut-il : le travail dans les camps quand il ne faisait pas des hommes des détraqués, les rendait souvent impuissants. Peut-être gardait-il sa propre Juivesse quelque part dans le camp, propre, bien nourrie, une chanceuse, la pute du Kommandant ? Non, pas lui ; si Höss prenait une maîtresse parmi les détenues, ce serait une Allemande, pas une Juive. » 

Pages 577-578

 

Mon interrogation face à la nouvelle Allemagne réunifiée, est de même nature que celle qui m’a taraudé à propos de la collaboration de certains français avec l’Occupant.

 

Comme l’auteur je me suis souvent posé la question : « Qu’aurais-je fait sous l’Occupation nazie ? » sans arriver à une réponse définitive.

 

La fabrique des salauds»: la grande traversée | Le Devoir

 

Chris Kraus de passage à Paris y répond :

 

Tuer en masse, comme les autres, ou dire non et risquer de se faire exécuter à son tour?

 

«Cette question, j’y pense tout le temps, c’est comme une maladie professionnelle. Je change régulièrement d’avis, mais au final, je crois bien que j’aurais agi comme mon grand-père. Je serais probablement devenu l’un d’eux.»

 

Épuration modérée en France, n’oublions jamais que Papon fut Préfet de Police de Paris et Ministre de la République. Nous avons recyclé une belle floppée de salauds.

 

Mais la RFA comment a-t-elle dénazifiée ? L’a-t-elle fait d’ailleurs ?

 

Je pressentais que ce livre allait me donner des réponses, je n’ai pas été déçu.

 

L’histoire allemande postérieure à la défaite. D’abord, la continuité politique et administrative entre le Reich et la RFA, au plus haut niveau : « A l’automne 1948, ironise Koja, je devins le maître d’œuvre digne de ­confiance de ce docteur sans visage et sans nom [Reinhard Gehlen, fondateur des services secrets de la RFA] qui, avec les millions de dollars des vainqueurs et le personnel des perdants, distillait un arcane de relations prometteuses en un service de renseignement sans plus de visage ni de nom. »

 

Chris Kraus, l’auteur de la Fabrique des Salauds « Exagère-t-il aussi lorsqu’il montre comment les nazis se sont reconvertis sans trop de problèmes après la guerre, dans la mesure où les services secrets occidentaux et soviétiques ont jugé utile de tirer profit de leurs compétences et de leurs réseaux bien implantés ? Que non, le fait est connu, « guerre froide » oblige ! Il n’en alla pas autrement lors de la reconstruction d’une nouvelle Allemagne fédérale sur des bases démocratiques, avec de nombreux cadres formés sous Hitler. Ce n’est pas un scoop, mais peut-être les Allemands d’aujourd’hui ont-ils besoin de se souvenir des conditions de leur renaissance. Les agents nazis, dont nos deux protagonistes, n’eurent donc pas à changer de métier et participèrent à la création de la nouvelle officine du renseignement. »

 

Comment fabrique-t-on un « salaud » ?

 

« L’histoire nous est racontée du point de vue de Koja. Il revient sur sa vie à la première personne. Mais cela ne signifie pas que tout se soit nécessairement passé ainsi. Dans son souvenir, tout homme arrange son histoire. C’est pourquoi l’ensemble du livre est un mélange de vérité et de fiction. »  (Interview de l’auteur parTomasz Kurianowicz, Die Zeit n° 12/2017

 

« …10 années de recherche et neuf mois de rédaction pour achever La Fabrique des salauds. Mais si cet ancrage biographique, comme la nuée de personnages historiques qui peuplent le livre, servent l’« effet de réel », ils ne doivent pas faire illusion. Il s’agit bel et bien d’une fiction. »

 

« Ce long récit a un cadre, qui est tout sauf anodin. Nous sommes en 1974. Koja, le narrateur, a soixante-dix ans et se trouve enfermé dans une chambre d’hôpital en compagnie d’un hippie d’une trentaine d’années à qui il raconte son passé. Koja a une balle logée dans la tête (on n’apprendra qu’à la fin comment c’est arrivé), et le hippie une imposante fracture du crâne : deux générations, deux mondes se trouvent côte à côte, dont la rencontre n’est due qu’à un malheureux hasard. »

 

Koja « passé expert, comme ses contemporains, dans l’art de mentir, notamment à lui-même, afin de supporter, sans trop approfondir, les horreurs vues et commises – la scène primitive qu’est le meurtre d’un enfant dans les bras de sa mère. Ce genre ­d’accoutumance, Koja, ancien officier SS, va la transférer et la transmettre dans le « monde d’après » qui, la guerre froide aidant, mettra peu ­d’énergie à prendre la mesure de la ­catastrophe. »

 

Les deux frères Solm, qui font dans le roman une ascension fulgurante dans la SS et son sinistre Sicherheitsdienst ou SD fondé par Heinrich Himmler, ont pourtant eu un grand-père pasteur, mort pour sa foi. Et l’un d’eux, Hub (Hubert), se destinait lui aussi à la carrière ecclésiastique, avant de faire le premier pas vers l’impardonnable et d’y entraîner son frère Koja (Konstantin), « car devenir un bon nazi était comme devenir un bon chrétien. Les bons nazis étaient une évidence. Il n’y en avait pas d’autres, et les choses se faisaient d’elles-mêmes ». Admissible peut-être, au moins au début, pour ces Allemands nés dans l’empire tsariste, puis victimes des révolutionnaires russes, auxquels le nouveau Reich de Hitler semblait offrir une vraie maison ? Mais de là à tirer sur des femmes et des enfants juifs alignés au bord d’une fosse…

 

Chris Kraus, né en 1963, réalisateur et écrivain allemand, « s’attache aux pas de deux frères, Koja (Constantin) et Hub (Hubert), et de leur sœur adoptée, Ev, qui ignore qu’elle est juive et que les deux épouseront tour à tour. L’action s’engage avec un premier massacre lors de la révolution russe de 1905 : le lynchage du grand-père pasteur par des révolutionnaires. Elle s’achève au milieu des années 1970, à Munich, dans le décor aseptisé d’un hôpital, typique de la République fédérale allemande (RFA), en apparence pacifiée. »

 

Source  des citations « La Fabrique des salauds » : Chris Kraus au cœur du mensonge allemand ICI et Les malveillantes : famille criminelle sous le Troisième Reich ICI

 


        Fratrie. Otto (a dr.), le grand-pere de Chris Kraus, avec ses deux freres, Hans et Lorenz. Ils ont fait partie des sinistres Einsatzgruppen, qui ont orchestre la Shoah par balles.

Fratrie. Otto (à dr.), le grand-père de Chris Kraus, avec ses deux frères, Hans et Lorenz. Ils ont fait partie des sinistres Einsatzgruppen, qui ont orchestré la Shoah par balles

 

Chris Kraus, l’Allemagne du mensonge ICI  

 

Le cinéaste et écrivain allemand s’est plongé dans l’horreur de la Seconde Guerre mondiale, et par la même occasion dans son histoire familiale. Il en découle un roman comme un examen de conscience, dont on ressort tous secoués

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6 mai 2020 3 06 /05 /mai /2020 12:00

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Avant de gloser sur le monde d’après, laissons ça aux bataillons d’intellectuels qui savent tout après et qui se vautrent absolument, parlons un instant des effets de la crise sanitaire sur le monde d’avant et plus particulièrement sur celui qui préoccupe le plus les français confinés : le contenu de leur assiette.

 

Un peu partout fleurissent émanant des instances professionnelles agricoles, des journalistes appointés, des papiers dont le thème récurrent est les français redécouvrent le rôle nourricier de leurs agriculteurs, en les mettant tous dans le même sac, comme si de la fourche à la fourchette, ou plus exactement du producteur au caddie du consommateur on en était encore au bon vieux temps du poulet de la grand-mère et des BOF sous l’occupation allemande.

 

Arrêtons de brasser des images fanées, ce que l’on trouve dans les assiettes des français provient très majoritairement de ce que les experts dans leur jargon nomme les filières.

 

Déconfinons le sac où l’on met si commodément tous les agriculteurs-éleveurs pour produit par produit suivre, non pas le bœuf cher à François Missoffe, mais le lait, l’œuf, le poulet, le cochon, le blé, la carotte, les fraises, les pommes, le chou et le navet… etc.

 

La fin des paysans : changement et innovations dans les sociétés ...

 

Mendras annonça en 1967 La fin des paysans  ICI 

 

« C'est le dernier combat de la société industrielle contre le dernier carré de la civilisation traditionnelle »

 

Si Mendras avait tenu à ne pas mettre de point d'interrogation à son titre, il avait conclu l'ouvrage par une question : « Et que sera un monde sans paysans ? »

 

Dans le Grand-Ouest, la Bretagne en flèche, les producteurs n’ont plus besoin de sol pour élever leurs cochons et leurs poulets, ils leur font bouffer dans des espaces confinés, de l’alimentation importée par cargos entiers accostant à Brest ou Saint-Nazaire, des PSC dit-on, produits de substitution aux céréales, en clair des déchets de l’industrie américaine du maïs, du soja que les éleveurs laitiers feront croquer à leurs vaches Holstein usines à lait. Même qu’un jour les français découvriront que les ruminants bouffent des farines animales qui les rendent folles.

 

Et puis d’élargissement en élargissement, le petit Marché Commun protecteur devient une vaste zone de libre-échange où les cochons ex-allemands de l’Est ou polonais, vont et viennent pour atterrir dans les assiettes des français. Les traités de libre-échange ouvrent les portes au Brésil, à la Chine, au Vietnam, et les manchons de poulets n’ont plus de cartes d’identités.

 

En France, plus qu’ailleurs, le couple infernal, IAA-GD s’impose : les Besnier et consorts, les Carrefour et Leclerc sont les chantres du moins cher du moins cher, les sauveurs du pouvoir d’achat des français qui se foutent pas mal de ce qu’il y a dans leur assiette. Les pauvres ont bon dos, la classe moyenne, y compris la frange jaune chère à madame Sallenave la bécasse de gauche des beaux quartiers, préfère mettre ses sous dans les forfaits téléphones que dans son assiette.

 

Bref, les fameuses filières ces chaînes alimentaires ne vont pas dénouer leurs liens, leurs maillons, par un coup de baguette de bonnes intentions, de discours dit solidaires, de l’irruption massive de la vente directe locavore, y croire n’est qu’illusion.

 

En 1973, ma thèse de doctorat baptisée Les actions de l’Etat sur la filière porc répertoriée dans Quelques aspects des nuisances créées par l'industrialisation ...de JP Bravard ICI

 

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Dans mon CV sans photo ICI j’écrivais :

 

« En effet, Christian Bonnet étant Ministre de l'Agriculture, le cabinet  m'envoya ausculter la Bretagne avicole profonde. Pendant plus de 6 mois je sillonnai les 4 départements : accouveurs, éleveurs, industriels de l'aliment intégrateurs les Guyomard, Sander&Co, les marchands de poulets, de dindes et autres volatiles les Doux, Tilly&Co, les marchands d'oeufs... etc. J'observais, ayant déjà une bonne connaissance via ma thèse sur le cochon, la montée en puissance d'une Bretagne industrieuse, dure, productiviste mais avait-elle d'autres choix, je pondais des notes et pressentais que la machine à faire du poulet export, congelé, gorgé de flotte, expédié dans les pays du Golfe à grand coup de restitution était une machine infernale. Enfin, je constatais que nos petites bestioles consommaient du soja et des PSC importés alors que nos céréales étaient bradées vers l'Empire Soviétique avec le soutien des restitutions. La machine européenne commençait de s'emballer mais en France personne n'osait se risquer à critiquer une mécanique qui rapportait gros au Trésor... »

 

Mon dernier acte actif fut, suite à ma mission de médiation laitière  dans le Sud-Ouest, consista à essayer de convaincre le nouveau Ministre de l’Agriculture de l’époque, Stéphane Le Foll des conséquences redoutables à moyen terme de la fin des quotas laitiers. En vain, lui et son sémillant directeur de cabinet, aujourd’hui chantre de pratiques nouvelles dans le bunker de l’INRA, me traitaient comme un vieux ronchon trop imprégné du monde d’avant. De guerre lasse je rendis mon tablier pour jouir paisiblement de ma retraite…

 

  • L’Association nationale des industries alimentaires (Ania) a publié, vendredi 17 avril, son deuxième baromètre sur la santé de 700 entreprises agroalimentaires depuis le début du confinement.

 

Aucune pénurie alimentaire à l’horizon. Sous-tension pour nourrir les Français confinés, le secteur agroalimentaire (17 000 entreprises, 1,2 million de salariés) est bien debout. Mais à quel prix ? L’Association nationale des industries alimentaires (Ania) vient de publier son deuxième baromètre sur la santé des entreprises depuis le début du confinement. Sur 700 sociétés interrogées du 6 au 10 avril, 70 % à 80 % constatent des baisses de chiffres d’affaires et une rentabilité fragilisée. Les situations sont très variables : les petits et moyennes entreprises souffrent le plus.

 

« Les rayons les plus affectés sont ceux des produits traditionnels, les fromages en particulier, dont les rayons à la coupe sont fermés », pointe le baromètre. Les produits dits « plaisir », comme l’alcool et l’épicerie sucrée, sont également délaissés par les Français. La fermeture des hôtels et de la restauration frappe durement : « Pour ce marché, la baisse d’activité atteint plus de 75 % en valeur et en volume pour près de la moitié des entreprises du secteur ! »

 

Une hausse des coûts

 

Si les prix augmentent peu pour les consommateurs en magasins pour le moment, les industriels font face à des « hausses des coûts comprises entre 3 % et 16 % » . À l’origine : l’augmentation des prix des matières premières, la maintenance des outils de production (mis à rude épreuve), et l’achat d’équipements de protection pour les salariés (nécessaires pour limiter la propagation du coronavirus).

 

« La situation globale reste sous contrôle » en ce qui concerne l’absentéisme, qui gagne tout de même du terrain. Il atteint 13 % en avril, contre 9 % en mars. Le gouvernement a mis en place la plateforme « Mobilisation emploi » pour inciter les Français à venir prêter main-forte à l’agroalimentaire. « C’est un outil précieux pour pallier la chute des effectifs », estime l’Ania. En revanche, les entreprises déplorent un « manque de visibilité sur le traitement des dossiers remontés » pour bénéficier des dispositifs d’aides financières activés par l’État et les banques.

 

 

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  • Bleu d’Auvergne, comté, saint-nectaire… des appellations de fromages modifiées en raison de la pandémie

 

Les conditions de fabrication de plusieurs fromages changent temporairement pour tenter de limiter les pertes de lait.

 

Aucun secteur n’est épargné par la pandémie de Covid-19 : alors que les ventes de fromages sont en baisse et que l’Europe croule sous le lait, les conditions de fabrication du bleu d’Auvergne, du comté, du saint-nectaire et de la fourme d’Ambert ont été modifiées temporairement pour tenter de limiter les pertes.

 

Concernant le bleu d’Auvergne, la durée maximale du stockage à la ferme du lait nécessaire à sa fabrication passe de quarante-huit à soixante heures, à compter du 17 mars et jusqu’à un mois après la fin du confinement, détaille un arrêté publié dimanche 19 avril au Journal officiel. L’emprésurage en fabrication fermière pourra avoir lieu jusqu’à vingt-six heures au plus après la dernière traite (au lieu de seize heures), et la conservation des fromages pourra se faire à une température descendant jusqu’à – 5 °C (au lieu de 0 °C en temps normal).

 

Des mesures similaires sont prises pour l’appellation d’origine protégée fourme d’Ambert. Dans le cas du comté, les conditions du stockage du lait sont également allégées et le délai de distribution des fromages découpés passe de deux à cinq jours ouvrés. Enfin, les fromages saint-nectaire entrés en congélation à partir du 12 mars (au lieu du 1er avril) pourront bénéficier de l’appellation lors de leur mise en vente l’année prochaine.

 

Marchés et restaurants fermés

 

Le pic habituel de production laitière printanier – moment où les veaux naissent et où les vaches retrouvent les prairies après un hiver à l’étable – coïncide avec l’écroulement simultané de pans entiers de consommation sous l’effet du confinement obligatoire : fermeture des restaurants et des marchés de plein air et baisse des exportations.

 

Résultat : les stocks de lait sont trop importants en Europe et des organisations professionnelles appellent à plafonner la production et à indemniser les producteurs, tandis que les ministres de l’agriculture français et allemands exhortent la Commission européenne à une « approche coordonnée et européenne » et demandent notamment un feu vert au « stockage privé » des denrées excédentaires.

 

Deux filières particulièrement touchées par la fermeture des secteurs de fromage à la coupe dans les supermarchés et celle des marchés de plein air ont déjà annoncé des mesures : la filière du comté va produire 8 % de moins durant les trois prochains mois et d’autres, comme le saint-nectaire, ont choisi de congeler leurs fromages blancs afin de les affiner et de les vendre plus tard.

Selon le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), semaine après semaine, les ventes explosent sur un rythme de + 30 % à + 40 % comparé au flux d’achat habituel.

  • « Avec le confinement, l’œuf nouvelle star des listes de courses » ICI

CHRONIQUE Laurence Girard

 

Dans les rayons des supermarchés, la chasse aux œufs a démarré avec le confinement, le 17 mars. Et la traque ne faiblit pas, même après Pâques, observe Laurence Girard, journaliste au « Monde ».

 

Matières premières. L’œuf crâne… Pensez donc, depuis le début de la crise liée au coronavirus, cette denrée se trouve au cœur de l’approvisionnement des Français. Une vraie star des listes de courses. La chasse aux œufs dans les rayons des supermarchés a démarré avec le confinement, le 17 mars. Et la traque ne faiblit pas. Selon le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), semaine après semaine, les ventes explosent sur un rythme de + 30 % à + 40 % comparé au flux d’achat habituel. La tendance se poursuit même après Pâques.

 

Avec le Covid-19, l’œuf sort de sa coquille. Au sein des familles, on se découvre des talents de pâtissier et on multiplie les ateliers gâteaux avec les enfants. D’ailleurs, le rayon farine est tout autant dévalisé. Autre élément qui pousse les Français à gober les œufs en accéléré : cet aliment fournit une protéine bon marché. Un point à ne pas négliger quand les cantines sont fermées.

 

Une telle fringale met la filière sur les dents. Au point que, parfois, le client fait chou blanc. Des ruptures d’approvisionnement sont bien réelles dans certains magasins. Pourtant, les poules ne se sont pas mises en chômage partiel. « Près de 40 millions d’œufs sont pondus chaque jour en France », rappelle Philippe Juven, président du CNPO. Mais tous ces œufs ne vont pas dans le même panier. D’ordinaire, 40 % du fruit de la ponte est vendu en magasins, un tiers est transformé par l’industrie et le solde alimente la restauration et les cantines. La baisse de régime de l’industrie, la fermeture des restaurants et la forte demande dans les supermarchés imposent de réorganiser les flux.

 

Les fabricants de boîtes sous pression

 

Cependant, jongler avec des œufs est un exercice délicat. D’autant qu’il faut jouer avec deux couleurs, le blanc et le roux. Les Français boudent les coquilles blanches. A l’inverse, les industriels les plébiscitent, car les poules blanches sont de grosses pondeuses. En tout cas, plus que les poules rousses, plus lentes à peindre leurs œufs en roux pour le plus grand bonheur des consommateurs de l’Hexagone.

 

Quand la consommation s’emballe, le maillon de l’emballage a du mal à suivre

 

Autre souci, blanches ou rousses, les coquilles sont fragiles. Il faut donc bien les emballer. Les centres de conditionnement doublent de cadence pour satisfaire la demande depuis le début de la crise. La pression se reporte sur les fabricants de boîtes. Le nombre de références a été réduit afin d’accroître la productivité. Mais quand la consommation s’emballe, le maillon de l’emballage a du mal à suivre. L’idée de la vente en vrac a même été émise, mais écartée, car comment classer les œufs notés 0,1 2 ou 3 selon le mode d’élevage ?

 

Dans les grandes surfaces, les œufs de poules élevées en cage représentent 40 % des volumes. La filière s’est engagée à produire la moitié des 14,8 milliards d’œufs pondus annuellement dans des élevages en plein air, au sol ou en bio d’ici à 2022. Mais pour l’heure, tous les travaux de réaménagement des poulaillers sont au point mort. Les poules, elles aussi, ignorent combien de temps elles vont encore rester confinées…

Des fruits et légumes livrés par les producteurs à la Ferme du Ramier, en Occitanie le 1er avril 2020. Photo / Patricia Huchot-Boissier / Hans Lucas / AFP

Coronavirus : les maraîchers en mode survie ici

La fermeture des restaurants, cantines et marchés bouleverse les canaux de distribution. La débrouille et la solidarité rebattent les cartes des gros producteurs et petits exploitants que nous sommes allés voir en Mayenne.

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  • Vu d’Allemagne. Avec le confinement, le secteur agroalimentaire français est en crise FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG

 

Si les Français continuent de consommer, les chaînes d’approvisionnement sont bouleversées. Manque de main-d’œuvre, exportations bloquées, hausse des prix du transport, les entreprises du secteur, très mobilisées, accusent difficilement le coup. ICI 

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J’ignore qui est à l’origine de cette origine mais c’est original. Et oranginal ! Bravo l’artiste.

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6 mai 2020 3 06 /05 /mai /2020 06:00

Helmut Fritz de retour avec "çà m'énerve" version confinée

Ce dimanche je jeûne, ça m’a pris au matin sans la queue d’une raison…

 

Pendant des siècles, Saint Philippe et Saint Jacques ont été fêtés au 1er mai, jour où leurs reliques furent transférées dans la basilique romaine des douze apôtres. Récemment, ils ont laissé leur place à l'humble saint Joseph pour réconforter les travailleurs.

 

On les a transféré le 3 mai, alors des âmes bien intentionnées me souhaitent ma fête.

 

Ça m’énerve !

 

Per què ?

 

Car le Jacques en question c’est le Mineur ICI

 

Le mien c’est le Majeur, fêté le 25 juillet, notez-le !

 

Les exégètes distinguent plusieurs Jacques autour du Seigneur. Jacques le Majeur, fils de Zébédée et frère de Jean. Jacques fils d'Alphée dont on sait seulement qu'il fut apôtre.

 

À la vérité, ce n’est pas cette raison qui m’a donné l’idée de chroniquer sur « Ça m’énerve »

 

En effet, dans mes piles de livres j’ai découvert un petit livre cartonné de Marie-Ange Guillaume Ça m’énerve.

 

 

J’avoue qu’accoupler à Marie l’un des prénoms cultes corse, Ange, m’a toujours ravi.

 

Une nana qui se prénomme Marie-Ange ça a pour moi le petit côté léger des Gazelles, troupe de danseuses de la Mothe-Achard en Vendée où les Solange et les Marie-Ange étaient légion, qui me fait rêver à mes jeunes années.

 

 

Mon premier flirt se prénommait Marie-Flore, elle habitait Sainte-Flaive-des-loups et j’allais la voir à vélo.

 

Je m’égare, j’espère que je ne vous énerve pas trop…

 

En ce temps de confinement quand j’entends les Retailleau, Ciotti, Onfray, Martinez, Ferry, Miller, Natacha Polony, Gaccio, Dhorasoo, Trump, Bolsonaro, Garrido, la cohorte des « journalistes » qui se font mousser sur Twitter, les peoples qui profitent de la crise pour étaler leur soi-disant solidarité avec les soignants, Paris-Match et sa une sur Brigitte Macron, les je ne suis pas… mais je vais vous expliquer ce que j’aurais fait, les idolâtres de Macron, les Macron démission, les toutologues…

 

Ça m’énerve !

 

Quant à la nébuleuse qui gravite autour de la gastronomie et du vin, celle qui en vit, je suis tellement consterné par ce que je lis que ça m’en touche une sans faire bouger l’autre

  

Mais revenons à Marie-Ange Guillaume :

 

 

13 octobre 2012

Son caviste préféré la conseille : « Et un vin qui sent le vin, tu as ? » Marie-Ange Guillaume nous livre tout ce qui l’énerve un peu, beaucoup, parfois énormément ICI

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Citations :

 

- Oui, bon, ben ça va ! ... s'énerve Catherine de Médicis. Si on doit épargner tout le monde, ce n'est même pas la peine de le faire !

 

Ne t'énerve pas. Assieds-toi. Mets les mains sur les genoux, tes poignets te feront moins mal. Et puis tais-toi. Essaye de dormir ou réfléchis.

Jean-Paul Sartre Morts sans sépulture (1946)

 

« Ne parlons pas d'argent: ça énerve les gens qui n'en n'ont pas. »

Francis Blanche

 

« Pourquoi l'homme de notre temps est-il instable, énervé, excité, pourri de tics ? Pourquoi a-t-il sans cesse un infarctus de Damoclès suspendu au-dessus de l'aorte ? Pourquoi frôle-t-il à chaque seconde la dépression nerveuse s'il est français et le nervous break down s'il est anglo-saxon ? »

Pensées, répliques, textes et anecdotes - Jean Yanne

 

Simple proposition à celles et ceux qui adorent écrire sur mon espace de liberté : et si vous chroniquiez sur ce qui vous énerve ?

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« C'est curieux chez les soi-disant critiques de vin cette manie de faire des phrases ... anti vins natures. Le bashing, dénigrement à la mode, touche toutes les classes du Mondovino. Yohan Castaing, auparavant connu sous le pseudonyme pompeux d'Ambroise Chambertin, directeur éditorial de la revue Anthocyanes, rien ne l'exaspère plus que d'entendre sans arrêt parler de vin "naturel". Alors, comme il est énervé, il en parle.

 

« Bref, nous disait-il, comme on dit à la mode germanopratine, le sujet des vins naturels m’énerve. »

 

 

Lire ICI

 

Amazon.fr - Tout m'énerve - Picard, Georges - Livres

« Georges Picard est de ces écrivains qui jouent le sens de leur vie dans la littérature et y sacrifie leur existence sociale. Fils d'ouvrier, employé dans une usine à sardines puis journaliste à «60 millions de consommateurs», Georges Picard est l'auteur de quinze livres à la musique délicate. Il est un peu notre Cioran, l'amertume et le goût du désastre en moins. Comme le génial ­Roumain, il a sacrifié dans sa jeunesse à l'illusion de changer le monde par la violence, avant de devenir athée en politique. Comme lui, il a beaucoup vagabondé à travers la France, à vélo et surtout à pied, pour tenter de trouver un sens à sa vie. Enfin, il a préféré le retrait aux tapages médiatiques et vit comme un anachorète en plein Paris, dans son appartement du XVe arrondissement » 

 

 

30 juillet 2010

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Un come-back improbable. Onze ans après la sortie de son tube «Ça m’énerve», Helmut Fritz a partagé vendredi 10 avril sur Facebook une nouvelle version de son hit, intitulée «Ça m’énerve 2020», sur le thème du confinement lié au coronavirus.

 

En une décennie, l'auteur-compositeur-interprète français, de son vrai nom Eric Greff, n'a rien perdu de son humour et de son ton décalé, ni de son inimitable accent allemand. «J'rêve du Costes et d'un verre, mais tout Paris est désert, ils sont tous à la maison, moi aussi, j'ai l'air d'un con», lance-t-il sa chanson. 

 

Avant de lister toutes les raisons de son énervement durant le confinement, sur la même musique dance que son tube de 2009 : «toutes celles qui boivent du champagne rosé, pour oublier le confinement qui va durer», «tous ces gens qui font la queue devant l’Franprix, tout ça pour des Panzani, mais bon, en 5 minutes c'est cuit», «toutes celles qui sortent plus et picolent à la Kate Moss, le rouge à lèvres c'est fini, pas l'temps y'a les gosses».

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5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 12:00

Ernest Higgins Rigg (1868-1947), Les Ramasseurs de pomme de terre 

Le titre de cette chronique pourra vous surprendre mais elle a un dénominateur commun : la Vendée.

 

En effet dans Extension du domaine de la lutte, le roman le plus personnel de Houellebecq, La Roche-sur-Yon offre à l’auteur le cadre idéal pour décrire la misère affective de son héros.

 

« Un romancier peut tout faire. Y compris avancer d'une heure et demie le premier train en gare de La Roche-sur-Yon. C'est que le héros-narrateur de Michel Houellebecq a besoin d'un peu d'avance : à mi-parcours du livre Extension du domaine de la lutte (1), l'arrivée à 5 h 52 permet une petite promenade avant de rejoindre « la Direction départementale de l'Agriculture », alors située place de la Vendée, lorsque Houellebecq a écrit ses lignes au début des années 90.

 

Formateur à la direction départementale de l'agriculture » la suite ICI 

 

Bernard Suaud, c’est un lien avec mes souvenirs de la Vendée d’avant.

 

Les îles : Noirmoutier est officiellement vendéenne, elle fait face à la baie de Bourgneuf et au marais breton ; elle fait face à l’anse de l’Aiguillon et au marais poitevin, ne l’est pas, mais les Vendéens, aux familles nombreuses, ont beaucoup migré vers les Charente et au Bourg-Pailler on évoquait souvent les cousins des Charentes comme s’ils étaient partis aux Amériques.

 

Pourquoi le décès de Bernard Suaud à la Roche-sur-Yon me touche ?

 

C’est lui qui a vendu à mon père Arsène, entrepreneur de travaux agricoles et de battages, sa première moissonneuse-batteuse de la marque Claas.

 

 

Je suis allé avec papa à la Caillère où était situé alors le siège de son entreprise, c’était un homme au franc-parler, plein d’humour, qui n’épargnait personne, même ses amis politiques. Tel fut le cas pour l’ancien maître de la Vendée Philippe de Villiers, il fut parmi les rares personnalités de droite (UDF) à s’être opposées à lui.

 

Né à La Châtaigneraie et ayant grandi à La Caillère, le Vendéen était connu pour être « un de ceux qui ont bâti le miracle économique vendéen ».

 

Il est décédé dans la nuit du 3 au 4 mai, à l’âge de 91 ans dans une maison de retraite de La Roche-sur-Yon.

 

Il était le fondateur de l’entreprise de matériel agricole Suoma, installé dans la zone industrielle face au lycée agricole des Etablières (qui avait pris la succession de l’école d’agriculture ND de la forêt de la Mothe-Achard où j’ai fait mes études secondaires) où j’ai enseigné pendant 3 ans pendant que je rédigeais ma thèse de doctorat.

 

ICI 

Je ne crois pas aux déclarations du genre « rien ne sera plus jamais comme avant » - M. Houellebecq

 

Michel Houellebecq est écrivain. C'est la première fois (hier 4 mai) qu'il s'exprime depuis le début de la pandémie. Dans cette lettre, il récuse l’idée de l’avènement d’un monde nouveau après la crise du coronavirus. Son texte et la lecture proposée par Augustin Trapenard, sont reproduits dans leur version intégrale.

À chaque produit agricole son syndicat adhérent à la FNSEA, les confédérés paysans en ont aussi quelques-uns, et bien sûr chaque année ce syndicat tient son Assemblée Générale, et comme le Ministre de l’Agriculture n’a guère d’appétit pour ces pinces-fesses, il se paye que les gros morceaux, il faut aller se taper à sa place le discours de fin de Congrès face à des gars qui ont plus d’appétit pour le banquet que pour votre blablabla.

 

Je crois les avoir tous fait, même celui de la patate.

 

Mais pour la patate, depuis 2002, l'Union Nationale des Producteurs de Pommes de Terre (UNPT) regroupe la fédération nationale des producteurs de pommes de terre industrielles (FNPTI) et la fédération nationale des pommes de terre de consommation (FNPTC).

 

Le 17ème congrès de l'UNPT s’est déroulé à Paris les 27 et 28 janvier 2020.

 

Dans la patate, y’a les grosses patates qui vont dans les usines, en France, dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme, la pomme de terre a fait naître une importante industrie de transformation qui produit des frites, des chips, des flocons déshydratés et un bon nombre de préparations surgelées.

 

La vie secrète et croustillante de la frite Mc Cain : visite d’usine ICI 

 

L'amidon de cette plante, appelé aussi fécule, a notamment de nombreuses utilisations.

 

L'amidon peut remplacer la farine, être employé comme épaississant dans les sauces et servir dans la confection des biscottes. On se sert aussi de la pomme de terre à des fins non alimentaires, par exemple pour préparer certains médicaments, du rouge à lèvres, des couches pour bébés, mais aussi dans la papeterie, le textile et le contreplaqué ! Traité par de l'eau chaude, l'amidon issu de cette plante entre dans la confection du caoutchouc et dans le glaçage du papier photo. Et, depuis 2007, on peut même utiliser la fécule de la pomme de terre afin de produire des matières plastiques, ainsi qu'un produit de lutte contre les feux de forêt

 

Roquette Frères basée à Lestrem. L'entreprise fait partie des leaders mondiaux concernant les ingrédients d’origine végétale et un pionnier dans la recherche des nouvelles protéines végétales biodégradables, ainsi qu'un produit de lutte contre les feux de forêt.  ICI 

 

 

Découvrez la filière de la pomme de terre en chiffres ICI 

 

 

Quelques expressions :

 

 « Avoir la patate » la forme !

 

‘Avoir les patates au fond du filet » signifie être chaud comme une baraque à frites

 

« En avoir gros sur la patate »rancœur !

 

« Se refiler la patate chaude » se débarrasser d’un sujet emmerdant.

 

« Petite patate bouillie… » Joli

 

La scène culte des Tontons flingueurs (1963) de Georges Lautner par Michel Audiard

« 50 kilos de patates, un sac de sciure de bois, il te sortait 25 litres de 3 étoiles à l'alambic. Un vrai magicien ce Jo. Et c'est pour ça que je me permets d'intimer l'ordre à certains salisseurs de mémoires de bien vouloir fermer leur claque-merde! »

 

Jean Yanne J'me marre (2003)

 

« L'alcool de patates, ça ne m'a jamais tenté. Autant le vin, les types qui foulent des grappes de raisins aux pieds, on arrive encore à faire de bons produits, mais fouler des patates aux pieds, c'est pas humain comme boulot! »

 

 

21 mai 2009

Mesclun de l’Océan aux Bonnottes de Noirmoutier confites et le vin qui va avec… ICI 

 

Photo archive Bruno Fava  

 

Coronavirus : les producteurs de pommes de terre demandent aux Belges de manger des frites deux fois par semaine  ICI 

Selon les estimations de Belgapom, une fédération représentant les négociants et transformateurs de pommes de terre belges, un million de tonnes de patates seraient déjà invendables.

 

 

 

Sur l’île de Ré, les agriculteurs retiennent leur souffle. La récolte des pommes de terre primeurs vient de débuter. Emballées dans leurs cagettes bleu turquoise estampillées du précieux label AOP, elles sont prêtes à être commercialisées. Les plus belles « truffes » sont vendues 3 euros le kilo par la coopérative Uniré. Comme la bonnotte de Noirmoutier, la grenaille de l’île de Ré tient le haut du panier. Et sonne le début d’une nouvelle saison pour la pomme de terre. Mais, cette année, avec le confinement, les Français auront-ils envie de succomber ? Les producteurs de Charente-Maritime s’interrogent avec quelque appréhension.

 

Genou-7839.JPG

 

Le marché de la pomme de terre n’échappe pas, en effet, au coup de presse-purée de la crise due au Covid-19. Si le tubercule a trouvé sa place dans le panier panique des consommateurs aux côtés des pâtes et du riz glanés dans les rayons de supermarché, il a vu les portes des cantines, restaurants et autres fast-foods se fermer le 15 mars. La pomme de terre n’a plus la frite.

 

Les industriels tranformant pour McDonald’s, KFC ou Burger King ont donc mis le pied sur le frein et rechignent désormais à accepter les livraisons des producteurs sous contrat. Même s’ils acceptent parfois de dédommager l’agriculteur.

 

Des exportations déséquilibrées

 

Résultat, des pommes de terre viennent engorger le marché. « L’industrie en consomme en moyenne de 5 000 à 6 000 tonnes par jour », estime Antoine Peenaert, producteur dans le Pas-de-Calais, qui chiffre le trop-plein à 200 000 voire 300 000 tonnes. Même si les Français ont acheté 20 % de pommes de terre fraîches en plus dans les magasins, le compte n’y est pas. D’autant que les variétés ne sont pas les mêmes. La petite frite blanche demandée par McDonald’s ne franchira jamais les portes d’une friterie des Hauts-de-France, où les amateurs l’exigent d’un jaune doré…

 

Dans ce jeu de chamboule-tout, l’excédent de tubercules vient déséquilibrer les exportations. Or, la France vend hors de ses frontières les deux tiers de sa production estimée à 6,1 millions de tonnes. « Sauf pour les très belles variétés, les prix ont été divisés par deux et se négocient entre 100 et 130 euros la tonne, parfois moins », affirme M. Peenaert. A comparer aux 180 voire 240 euros la tonne pour un produit frais vendu en supermarché. Sachant que, pour continuer à alimenter les marchés espagnol, portugais, italien, grec ou roumain, la pomme de terre saute les frontières, même en temps de confinement…

 

Les agriculteurs français, mais aussi belges et néerlandais, logés à la même enseigne de la frite en berne, ont interpellé Bruxelles. La Commission européenne, qui s’est déclarée, mercredi 22 avril, favorable à des mesures d’aide au stockage privé des produits laitiers et de la viande, des filières confrontées également à des surplus, a donné son accord pour des retraits de produits sur le marché de la pomme de terre. Quitte à déroger aux règles de la concurrence. Reste à savoir comment ces mesures de soutien agricole seront financées. La patate chaude du confinement….

 

Laurence Girard

Les pommes de terre vues par les peintres ICI

 Vincent Van Gogh (1853-1890) "Paysans plantant des pommes de terre"

Les pommes de terre vues par les peintres - "Au pays du rêve, nul ... Henry Lerolle (1848-1925) "Récolte de pommes de terre"

Articles de mamgoudig67 taggés "Lucien Simon" - "Au pays du rêve ... Lucien Simon (1861-1945) "Récolte de pommes de terre à ND de la Joie (Penmarch)"

Vincent Van Gogh (1853-1890) Les mangeurs de pommes de terre 1885 ... Vincent Van Gogh "mangeurs de pommes de terre"

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5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 06:00

 

Certains jouent sur les mots, ce matin je joue sur les titres, Monsieur Klein est un film français de Joseph Losey sorti en 1976, produit par Alain Delon qui en est l'acteur principal, alors que le mien est le physicien Etienne Klein qui nous invite à réfléchir au temps dans un article sur le site The Conversation, et les épidémies au cinéma sont une chronique d’Elsa Bellanger, publiée le 01/05/2020 par le Quotidien du Médecin.

 

Monsieur Klein - film 1976 - AlloCiné

 

Avec le confinement, notre espace-temps est chamboulé

 

 

Comme à peu près tout le monde, je ne pensais pas vivre un jour pareille situation : ce mélange sidérant d’hyperconnectivité numérique et de jachère sociale, d’urgence absolue et de calme apparent, de tranquillité dans les rues et de course contre la montre en certains autres lieux, tels les hôpitaux.

 

Dans son Essai sur le don, Marcel Mauss avait inventé le terme de « fait social total ». La pandémie en cours représente davantage encore : c’est un « fait mondial total », puisqu’elle concerne l’humanité tout entière. Elle touche tout le monde, directement ou indirectement, et chacun a quelque chose à en dire. Quant au confinement, qui, lui, n’aura affecté que la moitié des humains, il se contente de n’être qu’un fait mondial semi-total, ce qui est déjà extraordinaire.

 

Cette expérience exceptionnelle ne va certes rien changer au temps tel que le figurent les équations de la physique, et il n’y a nul doute que toute minute du monde d’après durera toujours 60 secondes, qu’elle soit de douleur ou d’extase, de télétravail ou d’ennui. Mais elle trouble notre perception du temps : les jours de confinement en viennent à tous se ressembler ; notre métrique des durées devient de plus en plus molle ; le défilement des heures manque de rythme, de figures imposées, de marqueurs, de rendez-vous, de sorte que la place que nous occupons au sein du temps semble s’étaler, presque s’évanouir.

 

C’est le premier paradoxe dont le confinement nous fait prendre conscience : le fait d’avoir du temps nous fait perdre la notion même de temps.

 

Pour bien sentir le temps qui passe, faudrait-il donc se laisser « intoxiquer par la hâte » ?

 

En réalité, nous sommes tout le temps confinés dans le temps puisque ce dernier est, malgré ses faux airs de fleuve, une authentique prison sans barreaux, au moins pour notre corps. Le temps est comme une étreinte vis-à-vis de laquelle nous ne pouvons être que passifs : nous habitons physiquement l’instant présent et ne pouvons pas en sortir, sauf peut-être par la mémoire ou l’imagination. Mais depuis quelques semaines, nous sommes en plus confinés dans l’espace, qui est d’habitude le lieu de notre liberté ; d’un seul coup, notre logement s’est transformé en cage, en petit vase beaucoup trop clos.

 

Une double assignation à résidence

 

La suite ICI 

 

Philadelphia - Film (1993) - SensCritique

 

Les épidémies au cinéma : une fenêtre sur nos imaginaires et nos représentations en temps de crise

 

Et si le cinéma pouvait nous éclairer sur l’état d’esprit actuel de la population et nous aider à comprendre nos représentations d’une crise épidémique et nos imaginaires collectifs ? Dans « JAMA Network Open », ICI un chercheur de l’école de médecine du Nouveau Mexique aux États-Unis s’est penché sur un siècle de représentations de la menace épidémique portées sur grand écran.

 

À travers une sélection de 80 films sortis en salle de 1914 à nos jours, il explore l’évolution des peurs et des espoirs accompagnant les épidémies et dégage une série de thèmes récurrents, reflet de nos perceptions.

 

 

Certes, nous dit-il, l’épidémie s’inscrit dans le temps long ; certes, ce qu’il appelle « le petit coronavirus » vient chambouler notre perception (nous avons perdu la notion du temps jusqu’à ne plus savoir quel jour on est) ; certes, notre rapport à l’espace s’en trouve perturbé également puisque le virus nous confine dans un espace réduit, que « notre ligne d’univers individuelle s’en trouve ratatinée de façon drastique » et que même si « chacun est chez soi, presque plus personne ne sait où il habite ».

 

La suite ICI 

 

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