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24 mai 2019 5 24 /05 /mai /2019 06:00
Quand t’as Xavier Niel dans ton tour de table à 1,5 millions d’€ tu ne viens pas taper 1 pauvre Taulier : EPC, la jeune start-up de Champagne d’Alain Edouard, ce n’est que de la mousse éventée !

Quand tu pètes plus haut que ton cul tu prends le risque de subir en retour une douche froide, en langage plus diplomatique c'est la fable de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Le modèle champenois avec son kg de raisin, son S.V.C puissant, ses grandes maisons, son brut sans année, a permis à la viticulture de cette région de vivre des jours heureux, même les grosses coopératives : Nicolas Feuillatte, Jacquard ont copié-collé le modèle. Depuis quelques années une poignée de vignerons se sont défait des rets de ce modèle, ils voguent dans le nouvel univers des vins authentiques. Certaines grandes maisons ont senti le vent, elles produisent à côté de leurs cuvées à prix stratosphériques des cuvées flirtant avec le bio, le  zéro dosage...  

 

Les bulles plaisent, les manants du Prosecco, du Cava, taillent des croupières aux champagnes du bas ; les fameux millénium se lichent du Spritz, des pet'nat, des vins nus plein de gaz... On transgresse, on se fout des codes immémoriaux, on ne déguste pas on boit.  

 

Bref, on aurait pu penser que ce nouveau marché intéressa les fameuses start up qui prolifèrent, durent le temps que durent les roses après avoir généreusement bouffé tout le pognon levé. Hé bien, non, c'est sur une vieille haridelle qu'un groupe de nouveaux riches s'est attelé. Ils ont créé une marque de champagne digitale, c'est chic et choc et, pour ce faire, ils ont levé un gros paquet de pognon.

 

Je vais vous en conter l'histoire, une histoire à laquelle je fus associé à l'insu de mon plein gré.

 

Exemplaire !

 

Acte 1 : Comme Macron m’a raclé ma CSG sans m’exonérer de ma taxe d’habitation je suis au regret de ne pouvoir mettre mon blé dans l’opportunité unique d'investir dans une maison de Champagne digitale Alain Edouard

 

Sur la Toile faut s’attendre à tout lorsqu’on est comme moi un VB, vieux blogueur, un VC, vieux con, un VD, vieux débile qui crache sa bile comme dirait l’immense Mimi, mais un qui a aussi le bras très long, un influenceur de Première League, un gars un peu lu.

 

Je vous livre, brut de décoffrage, sans commentaires, ça vaut mieux, le gars qui me donne du Jacques comme si nous avions gardé les vaches, ne doit pas me lire, la dernière proposition, qu’on vient de me faire, elle est tombée à 9 h 32 le 2 octobre

 

Bonjour Jacques,

 

Je me permets de vous contacter afin de vous soumettre un projet unique et atypique d'investissement : le champagne Alain Edouard !

 

**il reste mois d'1 mois pour participer à ce tour de 1,2M€, dont 800K€ sont commit (liste des investisseurs plus bas) **

 

Petite relance :

 

Bonjour Jacques,

 

Désormais 950k sont commit, 150k de plus depuis lundi.

 

Nous cherchons encore 250k€ pour compléter ce tour d'1,2M€ dont le closing est prévu fin octobre.

 

Je me tiens à votre disposition pour organiser un call avec Edouard - avant qu'il ne soit trop tard !

 

Très bonne journée à vous,

 

A bientôt j'espère.

 

Bien évidemment, que serais-je allé faire dans cette galère verbeuse, bourré jusqu’à la gueule d’un sabir marketing de sous-école de commerce, prétentieuse, et surtout pour moi totalement à côté de la plaque des nouvelles tendances dans les bulles.

 

Donc, je me contentai d’ironiser sur mon blog mais comme j’avais joint la fiche financière mon interlocuteur me supplia de retirer ma chronique :

 

« C’est très ennuyant pour Édouard qui ne souhaite pas que ces informations soient divulguées de cette façon.

Est-ce que vous accepteriez de retirer votre article ?

Ce serait une grande aide pour moi, ainsi que pour Édouard ! »

 

Bon prince, ne voulant pas la mort du pécheur j’ai retiré du fil de mon blog ma chronique.

 

Acte 2 : la bourrée auvergnate pour le retour du blida censé dépoussiérer le champagne

 

Et puis, la communication étant comme la bourrée auvergnate l’art de danser avec de gros sabots, la start-up vient de sortir du bois sans cette fois-ci avoir recours à mes services de grand influenceur.

 

La Champagne de Sophie Claeys

 

« Oubliez tout ce que vous savez sur le Champagne. Finies les cuvées qui mélangent tant de crus qu’on s’y perd, finis les champagnes avec des surplus d’additifs, finie la consommation poussiéreuse et sacralisée datant d’un autre temps. Le Champagne EPC propose une nouvelle approche. »

 

Avec une telle accroche, voici la nouvelle façon de vendre du champagne d’EPC, une jeune start-up de Champagne, qui vient de lever 1,5 millions d’euros afin de financer son lancement. Xavier Niel (Kima Ventures), Cédric Siré (Webedia) et Cédric Sellin (Aruba Networks) font partie de ce tour de table. Le Groupe Richard est quant à lui distributeur partenaire du lancement. EPC est le fruit de la réflexion d’Edouard Roy, un entrepreneur passionné et de Jérôme Queige, développeur de marques en champagne (ex directeur commercial du champagne Jacquart). Edouard Roy, âgé de 28 ans, est fils et petits-fils de vignerons de Bethon. »

 

La suite ICI 

 

Ça vaut le détour je vous assure.

 

C’est du lourd !

 

Comme le dit un commentateur « Rien de nouveau sous les ceps de vigne »

 

Un autre « J'ai rien compris ! Derrière ce gros bullshit marketing ils ne font au final que du champagne ?!

Mon moment préféré "proposer une nouvelle expérience de consommation pour libérer le champagne de ses codes" ... Magique »

 

Un dernier pour la route « Ces jeunes consommateurs commenceront dans des blidas et finiront dans des Zaltos... avec le temps. C'est la vie. Et comme ils partent "de loin" ils découvriront le grand frisson »

NB. Les blidas ... ce sont des petits verres sorte de verres à liqueurs... et les zalto , ce sont les verres que nous avons quand on vous venez..

 

« Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. »

 

Cette petite phrase, oh combien d’actualité, est pourtant due à un homme politique. Elle est du petit père Queuille, en réalité Henri Queuille, plusieurs fois président du conseil (même pendant deux jours en 1950) et également ministre des finances et de l’intérieur sous la 3eme république. Il fut même ministre et secrétaire d’Etat plus de trente fois ! Un véritable professionnel de la machine politique, et sa fameuse petite phrase est incontestablement le fruit d’une expérience professionnelle riche.

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23 mai 2019 4 23 /05 /mai /2019 06:00
Toujours en avance Hubert de Boüard avec son Silver Bell St Émilion Grand cru 2010 les gabelous bordelais se réveillent enfin.

Le 19 décembre 2013, je commettais une chronique d’une vulgarité sans nom, comment pouvais-je clouer au pilori un membre éminent et influent du Comité National vins de l’INAO ? Cet homme, désigné par la puissance publique pour défendre et promouvoir les appellations (les membres du CN de l’INAO sont nommés par les Ministres du Budget et de l’Agriculture) se permettait de leur chier dessus pour se faire plus d’oseille chez ces ignorants de chinois.

 

Sans être mauvaise langue, je le suis, la suite des événements a largement démontré que le boss des jurats de St Émilion, l’homme au petit sécateur, nichait à l’INAO pour mettre la main à la pâte de l’élaboration d’1 décret de classement des GC de St Emilion aux petits oignons, chouchouter les braves cons de la commission de classement, engranger le gros lot qui transforme le terroir en dollars.

 

Les appellations, lui, tout comme ses chers collègues des GCC, il s’en tamponne comme de son premier sécateur, leur château est une marque dont ils sont les propriétaires alors pourquoi ces emmerdeurs de la Direccte, fonctionnaires de surcroît, auraient l’outrecuidance de venir leur chercher des pous dans la tête. Z’ont qu’à s’occuper des naturistes en tongs !

 

Voilà le décor : le 19 décembre 2013 j’écrivais :

 

Comment se faire des couilles en or avec une cloche d’argent : les tribulations d’un GCC de Saint-Emilion en Chine.

 

L’étiquette ensuite : la Silver Bell a la gueule d’une Silver Bell donc pas grand-chose à  se mettre sous la dent sauf que tout en bas la mention est très explicite : signé Hubert de Boüard de Laforest, of Château Angelus avec en prime la cloche du château l'Angélus.

 

Je suis très admiratif, vraiment c'est de la belle ouvrage, du cousu main, je trouve ça beau comme la ligne de défense de l’INAO au plan international « Touche pas à mes AOC ! » qui disaient les gars de Montreuil. Les pauvres, va falloir les recycler vite fait sinon on va se demander à quoi servent leurs ODG. Ne parlons pas du Comité National qui, en dehors de s’empailler sur la chaptalisation, sucre de plus en plus les fraises pendant que d’autres mettent du  beurre dans leurs épinards.

 

Vive le droit des marques !

 

La suite ICI

 

Bien évidemment, mon libelle n’éveilla aucun émoi du côté de l’INAO et des gabelous, on ne touche pas à Hubert le cumulard !

 

Et puis, depuis quelques temps le vent semble avoir tourné, l’INAO est sorti de sa léthargie, les pandores de leur gendarmerie et les pieds plats de la Direccte de leur bureau chauffé.

 

Sur le Face de Bouc de Nicolas Lesaint, directeur technique du château de Reignac, je découvre un article du Journal Sud-ouest:

 

Comme il est pompé par lui je vous le livre en intégralité :

 

« Depuis quelques mois, un vent de panique souffle sur le vignoble. Les agents de la brigade des vins de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) ont visité des dizaines de châteaux et maisons de négoce, jusqu’aux plus prestigieux. Dans le viseur des limiers spécialisés dans la fraude dans le vin, l’utilisation des marques domaniales. Ou comment des noms de châteaux célèbres se retrouvent sur des étiquettes, même si le vin ne provient pas du domaine figurant sur le flacon…

 

Pendant longtemps, la filière bordelaise a veillé sur les attributs de son excellence. Baptiser une crème anti-âge grand cru, commercialiser le nom de Saint-Émilion ou accoler le mot Petrus sur une étiquette n’en contenant pas une larme, déclenche systématiquement une action en justice. Mais, parallèlement, depuis quelques années, fleurissent des étiquettes hybrides sur lesquelles figurent des références plus ou moins explicites à des domaines prestigieux, pour des vins souvent de qualité, mais issus du négoce ou de coopératives.

 

Le modèle vient de loin. Le premier à l’avoir éprouvé est le célèbre grand cru classé Mouton Rothschild. Dans les années 1930, le baron Philippe de Rothschild a eu l’idée de transformer son second vin, Mouton Cadet, en vin de négoce. Dès lors, le « petit mouton » n’avait plus rien à voir avec le nectar issu des vignes de la célèbre appellation de Pauillac. Aujourd’hui encore, la confusion amuse les initiés comme cet opérateur bordelais :

 

J’étais chez des amis en Suisse. Ils nous ont vanté un grand cru classé de derrière les fagots. Quand ils nous l’ont servi, c’était du Mouton Cadet ! Comme on est polis, on n’a rien dit ! »

 

Des dizaines de châteaux

 

Sauf que quatre-vingt-dix ans plus tard, le coup de génie du baron Rothschild a fait des émules. Premier à s’être lancé dans ce type d’opération ces dernières années, château Maucaillou, un très joli nom du Médoc, en Moulis. Il y a quelques années, il a créé son Bordeaux de Maucaillou : même logo sur l’étiquette, même typographie mais… du vin issu de coopératives.

 

Des dizaines de châteaux prestigieux ont, depuis, décliné leur nom en marque pour commercialiser des bordeaux, souvent excellents, mais qui ne sont pas issus des vignes auxquelles le château se rapporte. Sur les étals, on trouvera, par exemple, du Bordeaux de Gloria (un vin d’assemblage issu d’une collaboration entre château Gloria Saint-Julien et un négociant), un Esprit de Pavie (issu de raisins de vignes appartenant au propriétaire de Château Pavie, mais pas de celles du grand cru classé), ou encore, cette initiative du négociant Ginestet, qui a créé le Bordeaux de Larrivet Haut-Brion. Il assure bénéficier du « savoir-faire » des équipes de Larrivet Haut-Brion qui participent à la sélection des raisins. Mais ceux-ci ne proviennent pas du célèbre château en Pessac-Léognan.

 

Sur le bureau des gendarmes

 

Ces étiquettes, même si elles sont assorties de contre-étiquettes mentionnant un vin d’assemblage sont-elles de nature à tromper le consommateur non averti ? La justice, destinataire des procédures de la Direccte semble l’envisager pour certains cas. Plusieurs bouteilles sont déjà sur les bureaux des gendarmes, dans le cadre d’enquêtes préliminaires visant à s’assurer que les dites étiquettes ne relèvent pas du délit de « tromperie ». C’est le cas, par exemple, du Bordeaux de Larrivet Haut-Brion. Interrogé, le château n’a pas souhaité faire de commentaire. Quant à la Maison Ginestet, elle a tenu à préciser qu’elle ne faisait à ce jour l’objet d’aucune poursuite (ce qui est bien sûr exact).

 

Pascal Dourthe, le propriétaire de château Maucaillou confie avoir déjà reçu la visite des gendarmes.

 

J’ai été un des premiers à être contrôlé. Mon avocat me dit que je vais probablement être renvoyé devant le tribunal. »

 

Il est conscient que son destin judiciaire sera scruté de près. « J’ai alerté mes petits copains ». Plus de 500 000 bouteilles de Bordeaux de Maucaillou, très bien noté par les critiques, s’écoulent chaque année. « Au départ, je travaillais des raisins de mon autre propriété en Bordeaux supérieur. Puis, on a soigneusement sélectionné du vin de coopérative pour augmenter les quantités. L’idée était de créer un bordeaux de très haute qualité. C’était pas idiot », pense-t-il, assurant n’avoir jamais pensé « commettre une fraude ». S’il concède que « la Direccte m’a ouvert les yeux sur ce risque », il s’interroge : « Faut-il tuer la poule aux œufs d’or qui profite à tout le vignoble ? Grâce au travail des négociants, le Bordeaux de Maucaillou était plus connu en Asie que le château Maucaillou. »

 

L’alerte de l’Inao

 

L’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), le gardien des appellations s’est alarmé récemment. Dans une note, révélée par le site Vitisphère, il stipule que « la référence à un nom de château dans la dénomination du vin marque l’origine et l’appartenance ou la correspondance au château pour un consommateur raisonnablement averti » et que « lorsque les vins ne sont pas produits sur le parcellaire du château, mais résultent d’assemblages de vins de différentes origines, tel qu’un vin de négoce, ces constats pourraient qualifier le délit de pratique commerciale trompeuse sur l’origine du vin ».

 

Dans une revue spécialisée, Yann le Goaster directeur de la Fédération des grands vins enfonçait le clou, en février dernier. « Il est vivement recommandé de commercialiser sous une marque domaniale des vins exclusivement issus de l’exploitation qui les produit », écrit-il.

 

Les juges seront facilement amenés à considérer qu’un consommateur lambda assimile la marque domaniale et la marque du château qui porte le même nom. »

 

De son côté, le conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) assure « attendre les décisions de justice ». Toutes les subtilités des premières jurisprudences seront regardées à la loupe.

 

Depuis la visite des fraudes, le Bordeaux de Maucaillou s’est transformé en « B par Maucaillou ». « La langue française est bien faite », sourit Pascal Dourthe, estimant qu’en remplaçant le « de » par un « par », il ne sera plus possible de lui reprocher de laisser entendre que les raisins de son vin proviennent de son château.

 

L’Inao attaqué au tribunal administratif

 

La note de l’Inao (lire plus haut) n’est pas du goût de tout le monde dans le bordelais. Plusieurs instances, telles l’Union des maisons de bordeaux ont décidé de porter l’affaire devant le tribunal administratif.

 

Selon les informations de «Sud-Ouest», la date de l’audience n’est pas encore fixée. Quelle que soit son issue, elle ne devrait pas éteindre les procédures pénales en cours par ailleurs. Mais le bras de fer ne fait sans doute que commencer. La puissance d’une marque commerciale issue d’un domaine viticole semble séduire de plus en plus d’opérateurs. Par exemple, un château du bordelais a déjà accolé son nom à un whisky. Un autre envisage sérieusement de commercialiser des vêtements portant l’estampille de son domaine! »

 

Affaire à suivre !

 

L’INAO pourrait engager Me Morain qui connaît bien le terroir de Bordeaux.

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22 mai 2019 3 22 /05 /mai /2019 06:00
Bernard pourquoi viens-tu si tard ? Pourtant bio rimait avec Arnault : pendant Vinexpo c’était le bal des opportunistes !

L’opportunisme désigne particulièrement, dans l'histoire de France la fraction centrale du parti républicain, animée par Grévy, Gambetta et Ferry, au début de la IIIe République. Aux militants intransigeants qui critiquaient sa modération Gambetta répond, le 12 août 1881, en relevant le mot pour définir une « politique avisée, ne laissant jamais passer l'heure propice, les circonstances favorables mais ne sacrifiant rien ni au hasard ni à l'esprit de violence »

 

« C'est, disait-il, la politique de la raison et [...] c'est la politique du succès. »

 

Les opportunistes, qui se qualifient eux-mêmes de républicains de gouvernement, ont lutté activement pour l'établissement d'un régime républicain, parlementaire et démocratique, mais ils acceptent l'existence d'une haute assemblée, le Sénat ; ils décident la laïcisation de l'école primaire publique, mais ils respectent, au moins pour un temps, le Concordat ; ils développent l'empire colonial, mais recherchent toujours le maintien de la paix. Malgré l'absence de structure permanente et l'affaiblissement dû aux rivalités de personnes, l'opportunisme est la force politique prédominante en France de 1879 à 1895. Une relève se fait ensuite, au profit du radical-socialisme plus avancé. Gambetta et Ferry étant morts, leurs compagnons se partagent : les républicains de gauche, avec Waldeck-Rousseau, s'associent à la reprise de l'action anticléricale décidée par les radicaux-socialistes au nom de la défense républicaine, les progressistes, avec Méline, passent à l'opposition, jugeant l'équilibre social menacé par la montée du socialisme.

 

Depuis quelques temps, passé le temps des ricanements des huiles des GCC, pensez-donc à Bordeaux ça n’est pas possible vu la météo, charitable comme je suis-je ne rappellerai pas les déclarations péremptoires des winemaker, le sémillant Hubert en tête, c’est la ruée vers la bio et même la biodynamie.

 

Vu le pedigree de ces hauts du panier il ne serait pas de bon ton de causer d’ouvriers de la 25e heure, alors je me contenterai de ma référence aux opportunistes.

 

Pour ce grand moment, ils sont venus, ils sont tous là, sauf françois Ruffin : Vinexpo Bordeaux : Arnault, Niel, Bouygues…, un casting de gala au Château d’Yquem

 

Le compte-rendu de Mathieu Hervé dans Sud-Ouest vaut son pesant de cacahuètes (rappelons que Jimmy Carter Président des USA était un grand producteur de cacahuètes).

 

Lundi soir, au Château d’Yquem à Sauternes (33), le dîner organisé par le conseil des grands crus classés en 1855 présentait un plateau de personnalités exceptionnel, dont Bernard Arnault, propriétaire des lieux.

 

L’ambassadrice des Etats-Unis Jamie McCourt, Martin Bouygues, Xavier Niel (patron de Free), l’ancien ministre de l’économie Thierry Breton (PDG de la société Atos), le maire de Bordeaux Nicolas Florian, le designer Philippe Starck, le propriétaire de château Lafite Eric de Rothschild, le PDG du groupe Roederer Frédéric Rouzaud, le verrier Maximilian Riedel, Christophe Navarre (Vinexpo)… Plateau de personnalités exceptionnel ce lundi soir au château d’Yquem, pour le dîner organisé par le conseil des grands crus classés en 1855 (Médoc et Sauternes)

 

400 invités de prestige, quelques gilets jaunes à l’entrée la suite ICI 

2 grands moments :

 

  1. L’allocution de Bernard Arnault nouveau gourou de la bio bordelaise

 

Lors de son discours dans une gigantesque serre érigée dans les jardins de la propriété, Bernard Arnault a évoqué le terroir de Bordeaux comme une “oeuvre collective”.

 

« Nous avons le devoir de le perpétuer et de la faire croître ».

 

Le PDG de LVMH a aussi souligné “l’exigence” et “le rayonnement” du classement de 1855 et de ses vins ainsi que l’histoire du “mythique” château d’Yquem, “sa recherche de perfection”(…) Notre action n’a eu d’autre but que de prolonger les quatre siècles d’excellence qui nous précédaient”.

 

Puis de lancer cette phrase qui n’a rien d’anodine dans l’univers des grands crus : « Nous avons des pratiques de culture exemplaires. Ces dernières années, Yquem a franchi des étapes décisives pour parvenir à une viticulture aujourd’hui intégralement biologique, et bientôt biodynamique ». Ajoutant dans un sourire : « Je le dis pour Monsieur Lurton (ndlr : Pierre Lurton, directeur du domaine, il gère Yquem et Cheval Blanc pour le groupe LVMH) ».

 

A la fois une annonce et une façon de fixer les objectifs pour les années qui viennent.

 

C’est beau je suis sûr que le bedeau de Butane&Degaz, s’il était invité, a pleuré comme pour les cloches de son ami Hubert le Forestier.

 

Sans transition, comme on disait à la télé de mon temps, je vous offre aussi le suc de César Compadre le meilleur tendeur de micro de Bordeaux :

 

  1. Pierre Lurton : "Nous sommes en démarche bio depuis des années" directeur du château d’Yquem dans le Sauternais et de Cheval Blanc à Saint-Emilion, précise les propos de Bernard Arnault, PDG de LVMH, le groupe propriétaire des deux domaines.
  2.  

Pierre Lurton : Nous sommes en démarche bio depuis des années, sans vraiment communiquer sur le sujet. Yquem (105 ha) est dans cette logique. Nous n’utilisons plus depuis longtemps d’herbicides, d’insecticides, de produits CMR…. On va rentrer dans la procédure pour obtenir la certification officielle. Il faut trois ans de conversion pour cela. On connait bien toutes ces questions. On réfléchira par la suite à la biodynamie, qui est une autre étape.

 

  • Et au château Cheval Blanc (SaintEmilion), autre propriété que vous dirigez ?

 

Nous allons engager le même processus à Cheval Blanc (38 ha). Mais attention, notre climatologie bordelaise est parfois difficile. On a vu les conséquences des attaques de mildiou en 2018, avec de nombreuses pertes de récolte. Il faut rester prudent. D’autant que l’usage du cuivre (contre le mildiou) est désormais limité par les autorités. Il peut être nocif pour les sols. Sur tous ces points, les grands crus comme nous doivent montrer l’exemple.

Propos recueillis par César Compadre

 

Souvenir du Vinexpo qui suivit mon rapport, la place de Bordeaux m’avait placé une pancarte dans le dos : cet homme est dangereux, le directeur d’alors du CIVB me qualifiait de haut-fonctionnaire parisien, double tache, alors je lui répondis que je n’étais ni haut, ni fonctionnaire et que j’avais vendu beaucoup plus de litres de vin que lui.

 

Qu’avais-je proféré comme insanité ?

 

Tout bêtement j’avais placé le respect de l’environnement en toute première priorité pour le vignoble français et qualifié le gros du vignoble bordelais de lac de vin.

 

Presque vingt ans de cela, mais ces messieurs n’ont guère de mémoire, ils sont les nouveaux maîtres du monde, ils glanent sans vergogne les pépites des autres à pleines mains avant de monter en chaire pour nous abreuver de discours pompeux et creux.

Ruffin a bien été espionné par LVMH pendant le tournage de « Merci Patron ! »

Un espionnage méthodique. Pendant environ un an entre 2015 et 2016, François Ruffin - élu député LFI en 2017 - a fait l’objet de surveillances commandées par le groupe LVMH, écrit Mediapart ce mardi 21 mai. A cette époque, le patron du journal satirique « Fakir » était alors en plein tournage de « Merci Patron ! », récompensé ensuite du César du meilleur documentaire, un film qui donne à voir comment un couple d’ouvriers au chômage obtient de l’argent du groupe de luxe au terme d’épisodes rocambolesques.

 

Il y a eu des rebondissements depuis. Le 17 janvier dernier, la première fortune de France et patron de LVMH Bernard Arnault a été auditionné comme simple témoin dans cette affaire. Selon le procès-verbal de son audition consulté par Fabrice Arfi, l’auteur de cette enquête publiée dans Mediapart, il se serait contenté de se décharger sur des cadres du groupe et de répondre : « Je n’ai aucune information à ce sujet.

 

Baptisé I2F, le cabinet en charge de cet espionnage était dirigé par Hervé Seveno et supervisé par Bernard Squarcini, ex-patron des services secrets intérieurs sous Nicolas Sarkozy et reconverti dans le privé, notamment au service de LVMH. Ce cabinet, I2F, a consigné divers éléments de la vie privée de François Ruffin, y compris une relation sentimentale qu’il avait à cette époque. Interrogé sur le sujet, l’intéressé déplore : « Ah ouais, quand même ! À l’époque, cette relation sentimentale n’était pas officielle. Tous les membres de “Fakir” n’étaient pas forcément au courant… »

 

La suite ICI

 

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21 mai 2019 2 21 /05 /mai /2019 06:00
Ceci n'est pas un critique gastronomique tableau inspiré de Magritte

Ceci n'est pas un critique gastronomique tableau inspiré de Magritte

le magicien, 1952 de Rene Magritte

 

Quand, comme ma pomme, on est né dans un pays de bocage, on aime les raccourcis, ceux où il faut sauter les échaliers, s’abandonner aux délices des chemins creux à jamais disparus, alors on pond des titres réducteurs pour frapper les esprits amollis.

 

Bordel, faut savoir frapper les mous du bulbe, les pâlichons d’un monde politically correct, placer un bon uppercut là où ça fait mal, savoir leur pisser le long de la raie (bouclée bien sûr).

 

Je monte comme un soufflé (à propos pourquoi les chefs nous privent de soufflé), je m'enflamme comme une crêpe suzette, je me prends pour Périco lorsqu'il se la joue chroniqueur politique.

 

Dans le petite monde de la table, ça cancane, ça déblatère, ça ricane, ça se pousse du col, ça ne se prend pas pour de la petite bière, ça fonctionne dans un tout petit bocal, ça se donne des baisers de Judas, ça court les coquetelles, les Bocus d’or, les lancements de guides rouge et noir comme chantait Jeanne Mas, ça pond de la copie comme des saucisses industrielles sur les réseaux sociaux, ça tortore avec affectation, ça étrille, ça encense, des mecs majoritairement comme partout dans notre vieux pays qui  proclame avoir inventé la gastronomie.

 

Vous allez m’objecter : si tu as la dent si dure vis-à-vis de ces braves plumitifs de la fourchette c’est que tu as, toi aussi, barboté dans leur marigot ?

 

La réponse est oui, dans les premières années de mon blog je me suis coltiné le parcours du combattant des déjeuners de presse, des dîners parfois, un seul voyage de presse, ça m’a vacciné ils étaient odieux, double peine car je me tapais à la fois le vin et le food, des remises de prix, le Sirha et plein d’autres joyeusetés. Les agences, les attachées de presse (majoritairement féminine), me bombardaient de courriel, de courrier, d’appels téléphoniques pour j’aille gonfler leurs statistiques.

 

J’ai jeté l’éponge, en dépit de ma lourde expérience du monde politique mon sens de la diplomatie s’érodait et je me disais qu’un jour j’allais entarter l’un de mes chers confrères à statut officiel.

 

Depuis, je me contente de les suivre sur les réseaux sociaux, la presse hebdomadaire, parfois la radio, ça met de la distance entre nous, me permet de me gondoler en solitaire, de les charrier...

 

Bien évidemment je ne les mets pas tous dans le même panier, en bon ex-enfant de chœur nourri à l'eau bénite et à l’hostie consacrée des curés je sais trier le bon grain de l’ivraie.

 

Avant d’aller plus avant, le  vieux blogueur que je suis, qui bavasse sur tout et rien, donc aussi de cuisine – la gastronomie m’est étrangère lire ICI

26 novembre 2010 Chère maman d’accord avec Yves Camdeborde : «enlevons le mot gastronomique» au repas à la française inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco

je ne suis, tout comme pour le vin, tout sauf un critique, je me contente d’observer le cheptel (prononcer à la vendéenne le ch’tel) et je dois avouer que, plutôt que de gloser sur le poulet au vinaigre cher à Claude Chabrol ou la vrai recette de la carbonara que je n’ai jamais goûté chez Giovanni Passerini, je préfère faire un brin de cour aux jolies filles.

 

Pourtant je confesse que, parfois, j’ai de folles envies de tailler des costars à certains membres de ce petit monde des gros ego. Mais, comme je suis un vieux ramier dont la devise est « moins j’en fais mieux je me porte » sans que je ne lui eusse rien demandé le camarade Méjanès, qui a un bon gauche tendance un chouïa sucre roux non raffiné, s’y est collé.

 

Il connaît mieux que moi le marigot et sans vouloir le flatter il émerge très nettement au-dessus du niveau du dit marigot.

 

Tailler une plume

 

Avant de me livrer à la critique en règle du petit opus qu’il vient de publier aux éditions de l’Épure : tailler une plume croquons la critique gastronomique  ICI qu’il définit ainsi : « Cet ouvrage en forme de brocard n’est pas une enquête, il ne s’appuie que sur des choses vues et entendues Si tout n’est pas vrai, tout est vraisemblable. Dans ce pamphlet à clefs, on force le trait de telle sorte que, sous la caricature, l’on reconnaisse son voisin mais jamais soi. Et pourtant, Potache et de mauvaise foi, cette satire a pour seule ambition de faire sourire en se moquant des autres et de soi-même »

 

je vous conseille de la lecture de mon cru (suis mon propre agent alors je ne manque jamais l'occasion de vendre ma soupe).

 

Si ça vous dit prenez le temps de lire cette chronique du 30 novembre 2011 ICI 

Éloge de la critique : « faire de la critique » est une démarche totalement paradoxale suscitant des interrogations… 

 

Et aussi celle-ci encore plus ancienne : 17 novembre 2006

 

Le Masque et la Plume ICI 

 

Elle est courte, ça ne peut que plaire à la mouche du coche PAX, et elle résume bien mon opinion à propos de la critique.

 

Du côté de la « critique gastronomique » j’ai aussi une longue antériorité.

 

Je sais, je suis chiant, je touille à n'en plus finir mon ragoût, je beurre mes tartines au Président gastronomique (joke) et je ne me soigne pas.

 

Donc, comme tout bon étudiant en droit je lisais le journal de référence : Le Monde et, même si j’étais un petit marquis à la bourse plate, je lisais la critique gastronomique de La Reynière. Je n’aimais pas son côté sentencieux, sous sa plume d’excellente facture pointait souvent un filet de fiel, mais je ne soupçonnais pas que Sirius, Hubert Beuve-Méry, ait accueilli un collabo de la pire espèce.

 

La rumeur veut que le chroniqueur judiciaire Jean-Marc Théolleyre, ancien résistant déporté à Buchenwald, se soit un jour effacé pour le laisser passer d'un « Après vous, cher collaborateur… » (sans doute une bonne histoire voir plus bas)

 

« J'ai tout de même eu la Francisque avant François Mitterrand ! » se vantait-il.

 

Les lois d'épuration avaient interdit aux anciens collaborateurs nombre d'activités, et notamment celle d'écrire dans la presse de la Libération… sauf aux rubriques tourisme et gastronomie, considérées comme subalternes et sans conséquences politiques. La carte de presse n'y était pas nécessaire.

 

Robert Courtine, alias La Reynière, ne se risquait dans la rédaction du Monde. Chaque semaine, il déposait chez la concierge de la rue des Italiens une enveloppe jaune contenant sa chronique.

 

Jean Planchais  (c'est une figure historique et morale du Monde, un ancien résistant à qui ses articles contre la torture pendant la guerre d'Algérie, notamment, ont valu une Légion d'honneur qu'il n'a acceptée qu'après son départ du journal. C'est aussi le gardien de la mémoire d'Hubert Beuve-Mery, à tel point que dans les couloirs on le surnomme « Jésus »

 

… dans la sa chronique nécrologique a fait au mieux pour résumer en un paragraphe l'autre vie de Robert Courtine et l'engagement, après la défaite de juin 1940, d'un ancien militant de l'Action française de 30 ans.

 

 « Dans la pire des aventures, celle de la presse de collaboration ». Il en a gommé les détails les plus terribles, renonçant à détailler les chroniques littéraires publiées dans L'Appel, le Pariser Zeitung, Au pilori ou La Gerbe. Il n'a pas mentionné non plus les contributions de Courtine au premier numéro des Cahiers de la France nouvelle intitulé Les Juifs en France, publié en 1941 sous la direction d'Henry Coston. Il a volontairement « oublié » son adhésion à l'Association des journalistes antijuifs et ses critiques de spectacles écrites pour le Bulletin d'information antimaçonnique ou dans Je vous hais, une publication de propagande antisémite, où l'on peut lire ses avis d'expert : « Mademoiselle Levy, qui manque singulièrement de talent, comme son nom le laissait déjà présager… »

 

L'ancien résistant a préféré expédier l'essentiel en quelques lignes : « En août 1944, s'estimant, à juste titre, gravement compromis par ses écrits, Courtine fuit Paris et se retrouve à Sigmaringen, où s'entre-déchire le petit monde éperdu de la collaboration. A l'arrivée des Alliés, il passe en Suisse, puis rentre en France après les premières rigueurs de l'épuration, est jugé et purge sa peine. »

 

Le 18 avril 1998, le passé collaborationniste de Robert Courtine, qui a tenu la chronique gastronomique du « Monde » quarante ans durant, ressort dans la nécrologie que lui consacre le quotidien. Lire ICI 

 

Revenons à nos critiques post-modernes que Méjanès croque sans jamais les nommer :

 

La Reynière proclamait « Je n'ai jamais pondu d’œuf, mais je goûte une omelette mieux qu'une poule

 

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Je suis d’accord, étant moi-même un honnête cuisinier de ménage j’estime qu’un critique n’a nul besoin d’avoir fait ses preuves au piano pour officier, la seule qualité qu’il doit cultiver c’est l’humilité.

 

Le problème de la critique gastronomique ne se situe pas à ce niveau mais plutôt dans l’incapacité où nous sommes d’étalonner la valeur et la pertinence de ses critiques.

 

C’est toute la singularité de ce type de critique dont l’objet : le plat, le mets, sitôt servi, sitôt englouti, ne peut faire l’objet d’une appréciation parallèle par une autre bouche - sauf si le critique vient en famille comme pour « L’Instant Resto » le site gastronomique de l'imposteur Charles-Henri Orliac - même si les chefs s'efforce de reproduire à chaque service des plats à l’identique.

 

Le livre, le film, la sculpture, le tableau, sont uniques, le concert, l’opéra, la pièce de théâtre, le tour de chant sont soumis aux aléas de l’interprétation mais par le bonheur du vinyle, puis du CD, du DVD, du podcast, ils peuvent se prêter au jugement comparatif.

 

Petite critique aux « critiques gastronomiques » ils sont aussi influencés par l’ambiance, l’environnement, la qualité du service, la vaisselle, l’humeur des serveurs, la compétence du chef de rang, la propreté des chiottes, les attentions de la taulière, l’addition et une foultitude de détails souvent mineurs, alors que je n’ai jamais vu un critique de cinéma se plaindre du confort du fauteuil,  un critique de théâtre pester contre les ouvreuses, certes ils peuvent critiquer l’acoustique mais ça pèse moins lourd que le décorum des restaurants étoilés, un critique littéraire lisant aux cabinets, tel Henry Miller, rouscailler à propos de l’ergonomie de la lunette…

 

La supériorité de la dégustation du vin sur celle de la bouffe c’est que l’on peut déguster, commenter à plusieurs le vin d’une même bouteille à un instant donné.

 

Dernière flèche perfide de mon cru : la grande majorité des critiques gastronomiques traitent le vin comme la dernière roue du carrosse, c’est sans doute mieux car ils ont souvent des goûts de chiottes puisqu’ils ne consomment que l’étiquette.

 

Purée, mon introduction est longue comme un jour sans pain !

 

Comme ce dernier dimanche était gris j’ai consommé le pamphlet de Méjanès au lit.

 

Notre ex-journaliste sportif à l’Équipe (j’ai rêvé enfant d’être radioreporter comme Georges Briquet lire ICI et j’ai joué au basket à un bon niveau) n’a nul besoin  de tailler sa plume, elle est naturellement acérée.

 

Notre homme a du style, de l’aisance naturelle, c’est enlevé, ça vous change des grosses tartines de Pudlowski, des ébraiements de Périco Légasse, des ménages d’Atabulabonnesoupe.

 

Chapeau l’artiste !

 

Son pamphlet dresse le portrait de dix typologies de critiques de la diva à l’influenceur. Il ne manque aucun bouton de guêtre, la coupe est pleine sans déborder, c’est pertinent et bien troussé mais à mon goût pas assez saignant.

 

De noms, je veux des noms !

 

Et pourquoi pas un autoportrait !

 

Je conviens que tailler en pièces les stars du top 10 de la critique gastronomique c’eut été 10 procès assurés à la clé pour le plus grand bonheur de Me Morain défenseur des veuves, des affligés et des naturistes.

 

Isabelle Saporta,  lorsqu’elle monta à l’assaut du Mondovino de Bordeaux ne prit pas de gants elle pointa sa plume sur « le parrain », Hubert de Boüard de Laforest, direction 17e chambre, puis appel et Hubert s’en retourna la queue entre les jambes. Jouissif !

 

Bien sûr, dans le texte brillant du barbu grisonnant Méjanès on peut isoler, extirper, désincarcérer des paragraphes qui collent pile-poils à des plumitifs connus de la fourchette. C’est le jeu favori de l’entre soi du milieu.

 

Ceci écrit la lecture de l’opus bleu de Méjanès vaut la chandelle.

 

Alors filez chez votre libraire l'acheter ou commandez-le aux éditions de l’Épure (voir plus haut)

 

Par exemple : le stakhanoviste

 

« Et, surtout, il est perfusé aux communiqués de presse et a le numéro direct de tous les responsables d’offices de tourisme de France, de Navarre et des pays limitrophes. Ce dernier réseau est essentiel à sa survie. C’est grâce à lui qu’il peut être invité, tous frais payés, couvert et parfois gîte, si nécessaire. Rares en effets ont les organes de presse encore capables de financer les déplacements et les additions de leurs émissaires. Tous, gros tirages ou audiences confidentielles, titres nationaux, presse régionale ou feuilles de chou, pure player ou blogs bricolés, autorisent leurs envoyés spéciaux à accepter des repas et des voyage dits « de presse » Même les rédactions dotées de chartes déontologiques draconiennes se laissent tenter, sans le crier sur les toits, réduction des budgets consacrés aux frais oblige. »

 

Remarque du Taulier :

 

  • Je paye mes notes de restaurant et mes bouteilles pour alimenter mon blog mais je ne suis pas un modèle économique transposable car je suis un aisé dans le collimateur de Macron : dire que la CSG a été inventé par Rocard !

 

  • Une amie attachée de presse, dotée d’un budget communication, m’a un jour demandé de l’accompagner à un show d’un humoriste célèbre offert par la régie publicitaire du Nouvel Obs., le buffet était minable et le champagne dégueulasse mais y'avait du beau linge.

 

  • Les dégustateurs vin du journal le Monde affichaient après Vinexpo leurs mines réjouies sur les réseaux sociaux lors de la Fête de la Fleur de Bordeaux, je ne vous dit pas le prix de la table ça coûte un bras. Qui les régalaient ?

 

L’image contient peut-être : 7 personnes, dont Gasparotto Laure et Ophélie Neiman, personnes souriantes

 

J’ai croisé une palanquée de Pique-Assiette...

 

Merci Stéphane pour le « Oh non, j’ai raté mon Insta ! » des gaffeuses flamboyantes, les mecs aussi s’y collent. Instagram c’est le degré zéro pour bulbes ramollis. Je préfère la cervelle de veau !

 

L’ingénu

 

La pièce rapportée, le clan fait bloc contre l’intrus, on le tient à l’écart, faut pas qu’il s’avise de revendiquer une place de choix. Bref, un peu de vent frais dans les branches des vieux graphomanes qui sentent le renfermé et la chaussette mal lavée.

 

« Au sein de la coterie des critiques gastronomiques, il en va de même. À ce stade, il n’est pas inutile de préciser que le critique est un journaliste et que journaliste est un métier qui s’apprend, avec des outils, des techniques, des méthodes, des routines, comme boulanger, comptable ou pharmacien. À toutes fins utiles, on n’oubliera jamais que le folliculaire est d’abord un artisan de l’information, ignare en tout et expert en rien, mais à même d’écrire sur n’importe quoi car formé à déterrer les savoirs, à les assimiler, à les digérer et à les restituer de manière compréhensible pour le plus grand nombre. Dans un monde où chacun prétend savoir tout faire, au prétexte que la technologie s’est démocratisée, mettant les instruments des professionnels à la portée des amateurs, il est bon de rappeler que l’on ne s’improvise pas journaliste au prétexte que l’on sait utiliser un stylo, pas plus que l’on est chirurgien parce que l’on est imbattable à Docteur MABOUL. »

 

Il vous reste à découvrir : la diva, l’incognito, l’influenceur, le glouton, le blasé, le tyran, l’antique…

 

Du pain, au blé ancien, à l’épeautre, au kamut, sur la planche, quoi !

 

En passant mention spéciale à l'ami Bruno Verjus passé de blogueur émérite à chef étoilé à Table !

 

Moi je rêve encore, en dépit de mon âge canonique, d’ouvrir un bouiboui pourri, mais, gâte-sauce est un dur métier qui ne convient plus guère à l’état de mes vieux os.

 

À propos de métier notre Méjanès qui se love dans des tee-shirts provocateurs, conclut :

 

« Critique gastronomique, le plus beau métier du monde ? À vous de juger. »

 

Stéphane, faut pas pousser pépé dans les chiottes, certes y’a pas de sot métier, comme le disait ma mémé Marie, mais moi je suis plus fourche que fourchette : le plus beau métier du monde c’est sans contestation aucune celui de mes aïeux : laboureur et paysan.

 

 

Cher Stéphane,

 

Je viens de constater que j’exerce la fonction de critique littéraire à l’insu de mon plein gré puisque je viens de recevoir ce courrier via mon blog.

 

Bonjour,

Je me réjouis chaque jour de vos commentaires divers et variés .Vous avez également fait de moi un lecteur assidu des livres que vous recommandez et il y a parmi eux quelques perles rares.

 

Il s’ajoute à Pax et quelques autres. Je remercie en passant Actes Sud et le Rouergue de me faire bénéficier  de service de presse.

 

Je fais vendre quelques livres, donc ne t’étonnes pas si à la suite de mon « poulet » de plus de 3 kg les ventes de ton opus explosent.

Jay Rayner: 'I have no time for exclusionist food fads'

Après la publication de son dernier livre, nous interrogeons le critique de restaurant Observer sur sa carrière à ce jour. ICI 

Wasted Calories and Ruined Nights - Jay Rayner

 

Coup de gueule… Gros billets pour plates assiettes chez le Joia de Darroze

par  FranckPinay-Rabaroust 17 mai 2019

 

Joia : plats sans âme et addition douloureuse : un bistrot attrape-nigauds signé Darroze. ICI 

 

Les « grands » chefs l’ont bien compris : on ne fait plus son beurre avec la haute gastronomie. Elle vous mange les marges, elle vous met la rate au court-bouillon pour un rien et ne s’inscrit plus dans l’air du temps. Désormais, il faut proposer de la « food », qu’elle soit « comfort », « cool », « fast » ou « slow ». En français, cela s’appelle un bistrot, l’adresse du coin de la rue où l’on grignote un morceau et lève le ballon pour pas cher. Chez Joia, on a gardé l’idée du bistrot pour faire cool, mais on a oublié le pas cher.

 

C’est un choix me direz-vous et le client est libre de passer son chemin. N’empêche que cela fait un peu attrape-nigauds, à l’image de la « Macaronade au homard, ris de veau et morilles, sauce au vin jaune », facturée 38 euros, où les macaronis remplissent confortablement le poêlon. Quant aux autres plats, il vous faudra prendre l’accompagnement en supplément : les patates à huit euros, la polenta à sept euros, etc. Déjà, on sent la piquante douloureuse en fin de repas. Mais, juste avant, il y a la tentation de goûter l’ultra-instagramé « Mille-Crêpes au thé matcha, crème de yuzu. Résultat : fadasse à souhait, sans intérêt !

 

Asperges vertes du Var, morilles et foie gras de canard des Landes comme chez Amaïa (25 euros)

 

Macaronade au homard, ris de veau et morilles, sauce au vin jaune (38 euros)

 

Hélène Darroze, la cheffe, elle dit qu’elle fait chez Joia « sa » cuisine du dimanche pour les copains. Justement, ces derniers ont eu l’occasion de venir en nombre, invités à tour de bras à tout goûter et à tout poster sur les réseaux sociaux. C’était gentillet comme un film de Canet. Mais disons-le franchement, Joia ne casse pas trois pattes à un canard et vous fait inutilement sortir les gros billets.

 

Mille-crêpes au thé matcha, crème au yuzu (12 euros)

 

Pratique – Joia, 39 rue des Jeuneurs, Paris (2e arr.) – 0140200606 – Ouvert sept jours sur sept – Entrées de 16 à 25 euros, plats de 25 à 38 euros (ajouter l’accompagnement entre six et huit euros), dessert entre dix et 14 euros.

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20 mai 2019 1 20 /05 /mai /2019 06:00
BILLET D’HUMEUR DE LUCIEN BOURGEOIS : Revenu agricole : pourquoi noircir le tableau ?

Qui c’est ce Bourgeois me direz-vous ?

 

Pas un gars de Calais mais un vieux de la vieille comme moi à qui on ne la fait pas, un gars de l’APCA, soit l’assemblée permanente des chambres d’agriculture, un truc de l’ancien monde, un homme de chiffres et de bon sens que j’ai croisé dans ma vie officielle quand nous discutions des chiffres officiels des comptes de l’agriculture.

 

L’un de mes ministres, Louis Mermaz, détestait l’annonce de l’évolution du revenu agricole en me disant avec un certain bon sens que le Ministre du commerce et de l’artisanat ne proclamait pas les chiffres de l’évolution du revenu des bouchers, des charcutiers, des vendeurs de 4 saisons.

 

J’avais beau lui dire qu’il n’y couperait pas, il boycottait la conférence de presse.

 

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Lucien Bourgeois, est à la retraite, il fut responsable des études économiques et de la prospective du réseau Chambres d’Agricultures à l’APCA à Paris, secrétaire de la section Economie et Politique de l’Académie d’agriculture, et ancien Président de la Société française d’économie rurale, consultant chez TransFormation associés depuis 2008, comme responsable des études économiques et de la prospective du réseau Chambres d’Agricultures à l’APCA à Paris. Il est membre des Comités de rédaction de la revue « Paysans » et du livre annuel DEMETER. Il est membre du Conseil scientifique de la Fondation ResPublica et de la Mission des Agrobiosciences.

 

 C’est un fervent mais lucide défenseur d’un volontarisme politique dans le secteur agricole au niveau national, européen et mondial. Lorsqu’il s’agit d’exprimer ses convictions, cet homme n’hésite pas à prendre la plume. Il est ainsi l’auteur de plusieurs ouvrages - « Politiques agricoles » (Flammarion, 1993), « La sécurité alimentaire, une affaire d’Etat  », dans la revue Futuribles (janvier 2007) -, ainsi que de nombreux articles dans la revue « Chambres d’Agriculture » et « Paysan ».

 

Il tient un blog ICI

 

Donc pas un ramier comme moi qui passe mon temps à boire des vins qui puent et à manger dans des cantines à bobos parigots têtes de veaux.

 

Il vient de mettre des points sur les I à propos des chiffres misérables du revenu des agriculteurs qui circulent sur les réseaux sociaux.

 

Je ne suis pas un adorateur des statistiques mais si on les prend pour ce qu’elles sont dans ce domaine : des indicateurs de tendance, elles permettent de ne pas colporter des informations fausses.

 

Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même [...] - Winston Churchill...

 

Je vous livre le billet d’humeur de Lucien Bourgeois :

 

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Des glaneuses  tableau de Jean-François Millet, peint en 1857 détourné de façon magistrale et humoristique par Banksy

 

C’est répété en boucle par les responsables des organisations agricoles, par le Ministre de l’agriculture et même par le Président de la République. Un tiers des agriculteurs, voire la moitié selon les diverses versions, gagnent moins de 350 € voire 450 € par mois. Peu importe le pourcentage ou le seuil exact, cela concerne un grand nombre de personnes et à un niveau de revenu indécent.

 

C’est la Mutualité sociale agricole (MSA), l’équivalent de la Sécurité sociale, qui est à l’origine de cette rumeur colportée depuis 2015. La MSA avait lancé cette alerte en s’appuyant sur les déclarations des cotisants à ce régime social qui ne concerne que l’activité proprement agricole des personnes concernées. Il aurait donc été plus juste de dire qu’un tiers des cotisants MSA qui sont aussi des pêcheurs ou des centres équestres déclaraient moins de 350 € par mois de revenu pour leur activité agricole et après déduction de toutes les possibilités d’optimisation fiscale et sociale. La MSA ne donnait par ailleurs aucune information sur les autres revenus éventuels d’autres activités non agricoles exercées par ces personnes.

 

Il est aussi très étonnant que malgré les variations de revenu dues aux aléas climatiques de 2016 et 2017, les chiffres cités soient restés à peu près les mêmes depuis 4 ans. Ces chiffres soient répétés en boucle sans que personne ne se soucie d’en vérifier la fiabilité.

 

On ne manque pourtant pas de statistiques. Le Gouvernement a mis en place depuis près de 50 ans une Commission des comptes de l’agriculture chargée justement d’éclairer cette question essentielle de la mesure du revenu. Cette Commission réunit deux fois par an les statisticiens et les Organisations professionnelles agricoles. Comment se fait-il que le chiffre le plus souvent repris n’ait pas été validé par cette Commission ?

 

Lors de la dernière réunion de fin 2018, les statisticiens ont exposé une situation moins alarmante. Les prévisions de l’Insee pour 2018 font état d’un redressement notable du résultat par actif non salarié après les baisses dues aux aléas climatiques de 2016 et 2017. Le niveau 2018 constituerait même un record historique pour les 18 dernières années.

 

Par ailleurs, le Ministère de l’agriculture traite chaque année les comptabilités d’un échantillon de 8 000 exploitations dans le Réseau d’information comptable agricole (RICA). Ce réseau représente les 300 000 exploitations qui ont un chiffre d’affaires de plus de 25 000 €. Ces exploitations réalisent 97 % de la production totale. Pour 2017, dernière année connue, le résultat courant avant impôt par actif non salarié était cette année-là de 2 300 € par mois. Il y a des disparités. La moitié des exploitations dégage moins de 1 725 € par mois. On est loin des 3 ou 450 € évoqués ! Ajoutons qu’en 2017, 14 % des exploitations ont un revenu négatif et 15 % un revenu supérieur à 4 000 € par mois par actif non salarié.

 

Il y eut certes des crises sévères qui ont secoué de nombreux secteurs. Cela a fragilisé le revenu de certains agriculteurs. Pourquoi s’obstine-t-on même parmi les responsables de l’Etat à noircir le tableau ? Pourquoi attacher plus d’importance aux chiffres d’un organisme social qu’aux spécialistes de la statistique publique ? Si la situation est aussi mauvaise qu’on le prétend, qu’attend-on pour utiliser les aides directes au revenu de la PAC qui comme leur nom l’indique devrait servir à assurer un revenu décent aux agriculteurs. Le montant de ces subventions représente, selon le RICA, en moyenne 33 000 € par exploitation en 2017. C’est une marge de manœuvre largement suffisante pour atténuer les disparités éventuelles. Fort heureusement, il y a en France, de très nombreux agriculteurs qui innovent en permanence et qui savent s’adapter au changement sans écouter les fausses nouvelles.

 

Lucien Bourgeois, le 14 Mars 2019.

 

 

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19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 07:00
Le «black bloc» n’est ni 1 parti, ni 1 syndicat, n’a aucune existence légale, ni chaîne de commandement, ni unité de direction, c’est 1 agrégat, 1 assemblage hétérogène 1 réunion éphémère

Je suis frappé par l’amateurisme de certains journalistes qui présentent les « black bloc » comme une sorte d’armée de l’ombre, des commandos bien organisés de l’ultragauche, des casseurs politisés fer de lance d’une Révolution violente…

 

Alors, face à ces guerriers encagoulés, vêtus de noir, le bon peuple et certains politiques opportunistes proclament « y’a qu’à les encercler, les appréhender, les menotter, les foutre au trou pour les juger… »

 

Simple comme la bataille d’Alger pour les rues de Paris, Nantes, Toulouse… où les rizières du Vietnam pour les ZAD de Sivens ou de Notre Dame des Landes...

 

Éric Delbecque écrit dans Les Ingouvernables (voir plus bas) :

 

 

Un black bloc ne constitue pas une organisation internationale permanente aux multiples sections nationales. Le concevoir comme une espèce de pyramide  bureaucratique n’a aucun sens. Expression de l’âge des réseaux, on un agrégat, c’est-à-dire un assemblage hétérogène ou »doit l’appréhender comme une tactique, un mode  d’action collective visant à manœuvrer en groupe à l’intérieur d’une manifestation (la technique dite du « coucou », cet oiseau qui pond dans le nid des autres), chacun des « combattants » gardant son anonymat grâce à un masque et des vêtements noirs. Par conséquent, les journalistes commettent un abus de langage lorsqu’ils évoquent le « mouvement des black bloc » ou rendent comptent de leur action en les considérant – explicitement ou inconsciemment – comme une structure dotée de chefs, d’une hiérarchie, de directives élaborées en amont et de projets stratégiques.

 

Répétons-le : les vêtements, la capuche et le masque noirs visent évidemment l’anonymat et le repli rapide et efficace, furtif, dans la masse du black bloc. Emportant et cachant tout leur attirail dans leur sac à dos, ils se changent en plein milieu de l’évènement et enfilent de nouveau leurs « habits civils » lorsqu’ils doivent évacuer. Ce sont des « kidnappeurs de manifestations », pour reprendre la formule d’Alain Bauer. Ils surfent sur le rassemblement, qui n’est finalement pour eux qu’un prétexte. Au moment de la manif, le travail d’identification immédiat des policiers devient impossible ; ensuite, aucune surveillance a posteriori n’est envisageable puisque les forces de l’ordre et les médias ne disposent pas d’images exploitables.

 

En fin d’action, les blacks soldiers se dispersent, changent de vêtements, retirent leurs masques et s’éloignent incognito en se mêlant à la foule. Cela même que prône le Comité Invisible dans L’insurrection qui vient : « Quand les gauchistes de tous pays ne cessent de « visibiliser » leur cause – qui celle des clochards, qui celle des femmes, qui celle des sans-papiers – dans l’espoir qu’elle soit prise en charge, ils font l’exact contraire de ce qu’il faudrait faire. » Il faut cultiver l’anonymat, la conspiration, « l’action nocturne ou cagoulée », sans leader, sans revendication et sans organisation visible…  

 

Black blocs : définition, histoire récente (1999-2019), et objectifs apparemment poursuivis

Écrit par Bryan MULLER, doctorant contractuel chargé d'enseignement en Histoire contemporaine, Université de Lorraine, et Hugo MELCHIOR, doctorant en histoire politique contemporaine, Université Rennes 2,

(5 Mai 2019)

 

Héritage contemporain du mouvement autonome implanté en ex-RFA dans les années 1980 et qui souhaitait défendre les « lieux de vie collectifs » contre les irruptions policières jugées illégitimes, le « black bloc » est devenu un acteur politique remarqué à l’échelle internationale, et par là même un mode opératoire imitable et universalisable, à partir de 1999, lors du contre-sommet de l’OMC à Seattle.

 

Un cortège de militants révolutionnaires habillés en  noir susceptibles de  recourir à  l’action directe

 

Ni parti, ni syndicat, n’ayant aucune existence légale et résultant de la réunion éphémère d’un certain nombre d’acteurs politiques ne se connaissant pas nécessairement en amont, mais qui sont issus des rangs de l’extrême-gauche « extra-parlementaire, anti-capitaliste et antifasciste » : un black-bloc pourrait se définir comme une forme d’action et d’apparition collective non conventionnelle de militants révolutionnaires habillés en noir dans le cadre d’une manifestation de rue. Autrement dit, comme un « cortège révolutionnaire d’action directe » ou, pour le dire encore d’une autre façon, « un cortège de militants révolutionnaires habillés en noir susceptibles de recourir à l’action directe ».

 

Ceux qui décident d’agir en commun en se regroupant momentanément dans l’espace public pour former un « black bloc » sont, le plus souvent, partie prenante de « groupes d’affinités » qui s’inscrivent eux-mêmes dans ce que l’on désigne de façon générique sous le nom de « mouvance autonome ».

 

Ils peuvent être également sans attache partisane, ni enchâssés dans des réseaux de connivences affectives et ainsi venir se greffer à la faveur de la constitution d’un black bloc à des groupes déjà constitués en nouant des relations amicales sur le tas. Enfin, ils peuvent – même si c’est moins commun – appartenir à des organisations légales évoluant dans le champ politique radical, qu’elles soient d’obédiences anarchistes, communistes libertaires ou marxistes-léninistes. Ces derniers, décidant de contribuer à la formation et à la mise en mouvement d’un cortège de type black bloc, viennent de leur propre chef et agissent en leur nom propre, c’est-à-dire qu’ils n’engagent pas leur organisation.

 

Ni chaîne de commandement, ni  unité de  direction

 

De ce point de vue, loin d’être monolithique, un black bloc est d’abord un agrégat, c’est-à-dire un assemblage hétérogène d’éléments qui adhèrent solidement entre eux et qui développent en réaction une puissance d’agir dans l’espace public à la vue de tous, et notamment des médias.

 

Par-delà leur relative diversité, les participants à un black bloc ont des dénominateurs communs qui leur donnent la possibilité d’agir ensemble. Outre la critique radicale de l’ordre des choses existant, l’intégration du recours à la violence physique dans le répertoire d’action, au risque d’être réprimé par les institutions coercitives – que ce soit la police et la justice –, il y a aussi le fait d’apparaître tout de noir vêtu et de s’encagouler de façon à demeurer anonymes aux yeux des autorités et des médias.

 

Cela leur permet de se rendre collectivement le plus remarquable dans l’espace public, tout en affirmant un refus des hiérarchies et des figures de leaders. Ainsi, n’étant la courroie de transmission d’aucune organisation politique et n’ayant aucun lien organique avec un quelconque syndicat, le black bloc est-il un cortège se voulant à la fois inclusif et autonome. C’est-à-dire que n’importe quel militant révolutionnaire peut venir prendre part à ce cortège non orthodoxe qui ne dépend de personne en particulier.

 

En l’absence de chaîne de commandement et d’unité de direction officielles et identifiables, les membres d’un black bloc peuvent autant décider de manifester seulement pacifiquement avec des banderoles renforcées et des drapeaux servant à publiciser leurs aspirations communes que de recourir, parallèlement, à des modes d’action illégaux qui relèvent de la « propagande par le fait non insurrectionnel » au sens qu’ils ne sont pas mortifères – contrairement à ce qui pouvait se donner à voir en Russie tsariste ou en France à la fin du XIX siècle.

 

Ces militants usant de la violence physique n’ont, d’ailleurs, pas la prétention que leurs dégradations et/ou leurs interactions violentes avec les forces de l’ordre puissent servir de levier pour permettre une montée impétueuse des masses subalternes ou engendrer un tel cycle de répression de la part du pouvoir d’État qu’il arracherait le peuple de sa torpeur, de son atonie sociale.

 

La revendication du rôle incontournable de  la  « violence révolutionnaire »

 

Recourir à l’émeute politique, c’est une façon d’exprimer publiquement sa tolérance, sinon son appétence, à l’endroit de la violence en politique. C’est revendiquer le rôle incontournable de la « violence révolutionnaire » dans un processus de recomposition générale des rapports sociaux au travail et en société. C’est récuser pratiquement le « pacifisme intégral » comme guide pour l’action collective, tout en affirmant que les procédures électorales ne sauraient constituer a priori une modalité d’accès au pouvoir envisageable pour des militants révolutionnaires.

 

Ces derniers doivent envisager a contrario

 

  • soit une stratégie révolutionnaire de conquête du pouvoir d’État par l’avènement d’une situation de dualité du pouvoir (grève générale insurrectionnelle, guerre populaire prolongée) ;

 

  • soit une politique visant à multiplier à l’échelle du territoire national des isolats, c’est-à-dire des « zones autonomes » émancipées du « règne de la marchandise » devant permettre de vivre le futur post-capitaliste dès à présent.

 

Automatiquement, en agissant de la sorte, ces militants révolutionnaires assument une forme d’insubordination par rapport à la loi en vigueur, consentent à se positionner en marge de la légalité. Toutefois, contrairement aux discours fantasmagoriques de certains commentateurs ou ceux émanant des services de renseignement, il n’est pas question pour ces militants, ayant momentanément recours à des modes d’action relevant de la « délinquance politique » du fait qu’ils transgressent des normes juridiques, de s’abandonner à une quelconque dérive militariste/brigadiste.

 

Le rejet de la lutte armée

 

En effet, aucun groupe ou réseau révolutionnaire connu à ce jour ne prône publiquement un recours à la lutte armée clandestine, et donc le maintien prolongé dans l’illégalité, dans nos sociétés démocratiques et libérales, l’enlèvement de personnes assumant des fonctions électives ou encore l’assassinat ou la mutilation de décideurs économiques.

 

De même, en ce qui concerne les militants formant des « black blocs », il est notable qu’ils ne viennent jamais en manifestation avec des armes à feu avec l’intention de causer la mort d’un ou de plusieurs policiers, mais avec un outillage composé exclusivement d’armes par destination (pierres, bouteilles, feu d’artifice…) qui sont, certes, susceptibles de provoquer des blessures plus ou moins sérieuses chez les fonctionnaires, mais qui demeurent néanmoins de faible intensité.

 

Outre les considérations morales et éthiques, outre le refus pour ces militants de risquer de sacrifier 20 ou 30 ans de liberté sur l’autel d’un engagement politique qui ne se veut en définitive ni total, ni absolu, il n’est pas question de recourir à la lutte armée du fait de l’échec historique de la stratégie des groupes ayant eu recours en Europe (dans des contextes politiques dissemblables) à la « violence révolutionnaire armée ».

 

Ainsi, si le Comité invisible fait l’apologie de l’émeute dans son dernier opuscule Maintenant, en tant qu’expérience collective sensorielle et émotionnelle au-dessus de l’ordinaire, son propos apparaît sans commune mesure avec celui tenu par la Ligue communiste au début des années 1970 qui défendait la nécessité « d’armer les masses du désir de s’armer » dans le cadre de « l’autodéfense ouvrière » et dans la perspective d’une conquête révolutionnaire du pouvoir d’État. Sans même parler du « Mai-rampant » italien et de ces dizaines d’organisations révolutionnaires ayant assumé une militarisation de leurs modes d’action dans le contexte politique de l’Italie des années 1968, celui « d’une guerre civile de basse intensité ».

 

Marquer l’ennemi au fer rouge

 

Dans le cadre d’un black bloc, il s’agit essentiellement pour ces membres de marquer l’ennemi au fer rouge, autrement dit de commettre des actes de déprédation à l’endroit de ce qui est identifié comme des cibles politiques – que ce soient les symboles de « l’État de classe » (commissariats de police, casernes de gendarmerie, véhicules des forces de l’ordre), du « mode de production capitaliste » (banques, assurances, agences immobilières, boutiques de luxe), de la démesure consumériste et « bourgeoise ». C’est-à-dire tout ce qui incarne, aux yeux de ces militants révolutionnaires, le « règne de la marchandise » et celui de la propriété privée et lucrative.

 

En parallèle, il s’agit d’assumer des interactions violentes avec les forces de l’ordre chargées de protéger le « statu quo pro-capitaliste », l’ordre usinier, et de façon générale la structure normative de la société que ces militants révolutionnaires voudraient abolir à terme.

 

Même si aucune victoire « militaire » n’est évidemment pensable du fait d’un rapport de forces totalement et définitivement asymétrique, les agents du maintien de l’ordre sont des cibles, car ils se situent à l’interface entre eux et les décideurs politiques et économiques introuvables et inatteignables le temps de la manifestation de rue. Aussi, s’en prendre physiquement à eux, c’est essayer d’atteindre – par personne interposée – les différentes formes de gouvernances jugées illégitimes se dissimulant derrière.

 

Par ailleurs, leur violence collective, qui demeure en France en permanence contenue et auto-limitée, se présente comme une violence ciblée et différenciée, mais aussi comme une réponse aux violences sociales, économiques et autres destructions environnementales. Elle se définit comme une contre-violence politique, comme l’expression de la légitime défense auxquels auraient le droit de recourir à un moment donné « les dominés », « les exploités », « les opprimés » et, plus largement, celles et ceux qui souhaiteraient que les sociétés modernes ne soient plus régies par « la morale de l’intérêt privé » et « la concurrence des égoïsmes » pour reprendre les expressions chères au philosophe Alain Badiou.

 

Dès lors, la réalité de cette violence militante sera toujours perçue et présentée par ses acteurs comme inversement proportionnelle aux multiples formes de violences structurelles d’un « système capitaliste autophage », pour reprendre l’expression d’Anselm Jappe.

 

________________________________________________________

Article publié sur The Conversation : ICI 

 

(Mis en ligne le 5 Mai 2019)

 

Suis en train de lire Les ingouvernables : de l'extrême gauche utopiste à l'ultragauche violente, plongée dans une France méconnue, d'Éric Delbecque, éditions Grasset, 352 pages, 20,9 euros.

 

 

Expert reconnu en sécurité intérieure, responsable après les attentats de janvier 2015 de la sécurité de Charlie Hebdo, Éric Delbecque publie aujourd'hui un essai consacré à la montée des violences au sein des mouvements sociaux récents. À ses yeux, la multiplication des affrontements armés entre groupuscules d'extrême gauche et forces de l'ordre ne résulte pas du hasard, mais s'inscrit, au contraire, dans le cadre d'un projet pensé. Un projet qui vise à déstabiliser le système capitaliste occidental et qui menace, selon lui, d'ébranler les fondements du système démocratique et, par voie de conséquence, la stabilité de notre République. Pour l'auteur, docteur en histoire contemporaine et ayant enseigné dans différentes grandes écoles (École nationale d'administration, École nationale de la magistrature...), par ailleurs colonel de la réserve citoyenne de la gendarmerie, les plus hautes autorités de l'État n'ont pas vraiment pris la mesure du danger durant plusieurs décennies. Son livre, un brin alarmiste, fera sans doute bondir dans les rangs de La France insoumise. Éric Delbecque assure ne pas vouloir faire polémique mais seulement « amener celles et ceux qui pourraient être tentés par l'idéologie nihiliste de ces mouvements contestataires à prendre la mesure du chaos qu'ils contribuent à créer ».

 

  • Le Point : Vous avez écrit votre ouvrage bien avant la crise des Gilets jaunes. Mais son sujet entre étonnamment en résonnance avec l'agitation sociale que nous venons de vivre. Est-ce à dire que vous sentiez monter un climat insurrectionnel depuis plusieurs mois ?

 

  • Éric Delbecque : Il faudrait être aveugle pour ne pas avoir vu venir ce mouvement. Depuis le sommet de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle, en novembre 1999, au cours duquel étaient apparus au grand jour les premiers Black Blocs, les manifestations anticapitalistes sont de plus en plus souvent violentes. Il y a eu des affrontements très rudes à Gênes en juillet 2001, à Évian en 2003, en marge du G8 et à Toronto, en 2010, au moment du G20. L'ambition des manifestants était claire en chacune de ces occasions : ils ne voulaient pas seulement défiler en criant des slogans de protestation. Ils voulaient perturber les meetings, interrompre les discussions entre chefs d'État (comme à Strasbourg en 2009, lors d'une réunion de l'Otan). En un mot, influer directement sur la marche du monde.

 

  • Ne caricaturez-vous pas ces mouvements de contestation sociale? Après tout, il y a aussi eu beaucoup de manifestations sans heurts. La suite ICI

 

À suivre lecture du roman d’Elsa Marpeau Black Blocs Gallimard série Noire plutôt démoli par les critiques :

 

 

  • Pas convaincu par les Black Blocs ICI  

 

 

  • ELSA MARPEAU: Black blocs (série noire 2012) ICI 

 

Le Comité Invisible revient : “Maintenant”, une injonction à vivre
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19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 06:00
Comme James Steward dans Sueurs Froides j’ai porté des chemises à col  pin-collar

 

La semaine dernière j’ai revu, dans sa version restaurée, Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, avec James Steward.

 

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Impeccable, tiré à quatre épingles, costume gris perle, chemise blanche à col pin-collar qui met en valeur le nœud de cravate.

 

J’ai toujours été fasciné par l’élégance des grands acteurs américains des grands crus hollywoodiens d’Hitchcock : Cary Grant, James Steward, Robert Walker, Montgomery Clift, Henry Fonda, Sean Connery, Laurence Olivier, Gregory Peck, Paul Newman ICI 

 

Manque à l’appel Steve Mc Queen dans l’Affaire Thomas Crown.

 

Des costumes impeccablement coupés, des chemises d’un blanc nacré, des cravates bien nouées et chemise à barrette :

 

Cela s'appelle un pin-collar. Il est apparenté au tab-collar, et nécessite en effet une épingle pour être maintenu. Ce type de col est en général assez court, est se caractérise par deux petites ouvertures ménagées dans les pointes destinées à laisser passer l'épingle (un peu comme les boutonnières des cols boutonnés, sauf qu'elles sont rondes au lieu d'être allongées).

 

Les épingles utilisées sont soit des épingles de sûreté (étudiées pour): soit des épingles à col:

 

 

J’ai porté ce genre de chemise, Maison Courtot - 113, rue de Rennes - 75006 Paris

 

Les barrettes sont maintenant rangées dans une boîte.

 

 

Je profite de cette occasion pour vous faire des révélations de la plus haute importance :

 

  • Je déteste les chemises à col et poignets blanc sur tissu bleu ou rouge ou à rayures. La première personne que j’ai vu en porter une c’était le ministre de l’Agriculture de Margaret Thatcher : Peter Walker. Sur des anglais je trouve ça très apparié alors que sur la peau des banquiers français je trouve ça vulgaire.

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  • Je n’ai contrairement à James Steward dans Sueurs Froides jamais utilisé de pince à cravate, ma seule coquetterie fut d’acheter l’épingle à cravate ci-essous en souvenir de mon chien boxer le brave et gentil Ulysse.

 

 

  • Enfin, j’ai rarement acheté des chemises à poignets mousquetaire (j’ai pourtant craqué un jour pour une merveilleuse chemise en jean à col anglais chez Old England qui en avait) ça ne m’a pas empêché d’acheter quelques boutons de manchette, pour le plaisir.

 

 

Bilan des courses, comme vous pouvez le constater j’ai été et je reste un être léger, un peu snob sur les bords, coureur de chiffons, j’ai même acheté un costume Princes de Galles Cary Grant à la Manufacture des beaux vêtements  près des Halles qui a fermé depuis belle lurette, sur mes vieux jours je suis devenu plus raisonnable j’achète mes fringues à Monoprix.

 

Résultat de recherche d'images pour "la manufacture des beaux vetements"

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18 mai 2019 6 18 /05 /mai /2019 06:00
Framboises 0.99 €

Framboises 0.99 €

Lidl France

Framboises 0.99 € ICI 

 

Les parlementaires bossent en dehors de l’hémicycle : ainsi sur l’application de la loi Alimentation et notamment du relèvement du SRP, le seuil de revente à perte, dont  le rapporteur est  Grégory Besson-Moreau (LREM).

 

Daniel Sauvaitre, producteur de pommes, et secrétaire général d’Interfel (interprofession des fruits et légumes.), a donc été auditionné le 9 mai 2019  devant la commission d’enquête parlementaire sur les pratiques de la grande distribution avec leurs fournisseurs.

 

En un propos liminaire il  a expliqué qu’ « Il y a, pour les fruits et légumes, de nombreux produits dont les prix psychologiques sont à 0,99 euro » ce qui entraîne parfois, effet pervers, des baisses de prix.

 

« Faut que tu me fasses moins cher »

 

« Eh bien ! Quand vous gardez ce 0,99 d’avant, avec [le relèvement du] SRP, ça amène le distributeur à appeler son producteur pour lui dire : “Il faut que tu me fasses moins cher, puisque je dois respecter le coefficient et je veux toujours afficher 0,99” », a déclaré Daniel Sauvaitre.

 

Le relèvement du seuil de revente à perte (SRP), une des dispositions phares de la loi portant sur l’alimentation, destinée à redonner du revenu aux agriculteurs, prévoit qu’un produit alimentaire devra être revendu au moins 10 % plus cher que le prix auquel il a été acheté.

 

« Une pression sur la production »

 

« On a eu ce souci, qui est temporaire, qui mettra le temps qu’on déplafonne le prix psychologique, mais dans l’immédiat, cela a plutôt été une pression sur la production qui nous est remontée et qui a suscité des situations un peu difficiles », a affirmé Daniel Sauvaitre.

 

« Je vois de moins en moins d’opérateurs, dans notre profession des fruits et légumes, se plaindre durement du comportement de la grande distribution, parce que les intérêts sont liés », a-t-il toutefois tempéré.

 

De nombreux chercheurs se sont penchés sur ce phénomène ont avancé 3 explications : psychologique, ophtalmologique et, enfin, esthétique. Aucune d’entre elles n’est entièrement satisfaisante.

 

La première repose sur un des concepts-clés du marketing, le « prix psychologique ». Le consommateur ignore le coût de fabrication réel des produits. Il doit se fier à son intuition pour évaluer un prix et aboutir à une de ces trois conclusions : « c’est trop cher » (le produit ne sera acheté que s’il est indispensable), « ce n’est pas assez cher » (la qualité du produit peut être mise en doute), ou « c’est le juste prix ».

 

Un prix en « 9 » apparaîtra plus facilement juste. « Ce n’est pas bradé, mais c’est quand même une bonne affaire », se dit l’acheteur. Le vendeur semble en effet lui proposer un prix plancher, celui au-dessous duquel il ne peut plus descendre sans réaliser une perte. En réalité, un euro ou un centime de moins n’affecteront guère ses marges.

 

La manoeuvre est aussi grossière qu’ancienne. Comment peut-on encore en être dupe ? Des chercheurs plus portés sur les sciences naturelles que le marketing estiment que l’acheteur est en fait victime d’une illusion d’optique.

 

Armés d’oculomètres, ils ont étudié les mouvements des yeux lors de la lecture d’une étiquette ou d’un catalogue. Notre regard s’arrête beaucoup plus longtemps sur les informations situées à gauche de la virgule : un CD à 14,99 euros semble en fait coûter 14 euros. Sans virgule, l’effet est identique : lorsque nos yeux lisent « 29 euros », notre cerveau retient « 20 ».

 

Mais les psychologues et les ophtalmologistes n’ont pas réponse à tout. Selon leurs hypothèses, les chiffres 8, 7 ou 6 devraient logiquement avoir le même impact que le 9. Ce n’est pourtant pas le cas.

 

D’autres chercheurs proposent une autre explication, esthétique cette fois-ci. Selon des tests menés auprès de consommateurs, la forme du 9 est non seulement proche de celle du 0, mais elle est jugée très sensuelle. Mais on pourrait en dire autant du 8 ou du 6, tout aussi arrondis. Le mystère n’est donc qu’en partie résolu.

 

L’inventeur présumé des prix en 9 était loin de se poser ces questions. Ce quincaillier américain du XIXe siècle soupçonnait ses employés de le voler, et a donc eu l’idée de diminuer le prix de ses marteaux. Empocher discrètement un billet de 2 dollars dans un coin du magasin était facile. Un prix de 1,99 dollars compliquait la tâche, puisqu’il obligeait à rejoindre le patron à la caisse pour rendre la monnaie aux clients.

 

Plus sérieusement Daniel Sauvaitre pose le vrai problème :

 

« Aujourd’hui, nous vivons cette contradiction permanente entre un législateur qui veut me donner des moyens d’imposer des prix meilleurs pour que je vive mieux mais de l’autre côté, j’ai l’autorité de la concurrence, qui est prête à m’envoyer les gendarmes », en cas d’entente, ou s’il semble « que le prix (n’est) pas le résultat de la confrontation entre deux entités totalement libres qui forment les prix à l’abri de toute pression extérieure « 

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17 mai 2019 5 17 /05 /mai /2019 06:00

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Cette remarque d’un professionnel de la place de Bordeaux, citée par Vitisphère en mars, m’exonère du reproche récurrent du Bordeaux Bashing. De plus je ne tire jamais sur une ambulance, d’ailleurs de ma vie je n’ai jamais tiré sur qui ou quoi que ce soit.

 

J’ai connu les riches heures de Vinexpo, pour parodier le Grand Charles, « sûr de lui et dominateur », incapable de percevoir les premiers signaux qui allaient amener à sa chute. Souvenir de l’ancien directeur balayant d’un revers qui se voulait gagnant les propositions qui lui étaient faites pour amorcer en douceur le virage à prendre.

 

Bref, je ne vais pas enfoncer le clou plus avant dans la plaie, je vais faire bref pour répondre à la supplique de mon Strasbourgeois éploré et préféré.

 

Que faire ?

 

Repli en bon ordre sur Paris en s’alliant avec un faiseur de Salons, je ne sais et surtout je me garderai  bien de mettre mon grain de sel dans un dossier mal ficelé et managé par des dirigeants qui ne captent pas le sens du vent, engoncés qu’ils sont dans leurs vieilles recettes.

 

La soudaine glorification du bio et de la biodynamie dans le dernier Vinexpo en est l’illustration la plus parlante.

 

Sans vouloir être désagréable à l’endroit de ceux qui s’affichent journalistes du vin mais qui ne pissent que de la copie de commande j’aimerais bien qu’une plume libre éclaira ma pauvre lanterne.

 

Si elle existe, je suis preneur d’une analyse et de propositions pour jauger l’avenir des salons en carton succédanés des foires expositions.

 

Merci par avance !

 

Satisfait Pax, vos désirs sont des ordres, moins j’en fait mieux je me porte !

 

Vinexpo Paris et Wine Paris se tiendront ensemble en février 2020

 

Profitant de la tenue de Vinexpo à Bordeaux, les organisateurs des deux salons français annoncent que Vinexpo Paris et Wine Paris se tiendront ensemble du 10 au 12 février 2020.

 

« C’est une bonne nouvelle pour la filière viticole française ! » lance, tout sourire, Pascale Ferranti, directrice de Wine Paris (1). Rodolphe Lameyse, directeur général de Vinexpo, est tout aussi satisfait. « Un mois après mon arrivée, nous avons déjà réussi à faire parler les parties prenantes pour que du 10 au 12 février 2020 Wine Paris et Vinexpo Paris(2) se tiennent sur un site commun. C’est une énorme annonce qui était très attendue. Et ce n’est pas fini, cela ne fait que commencer ! » La filière mondiale vins et spiritueux peut ainsi compter sur un évènement d’envergure à Paris l’an prochain. Les deux salons sont parvenus à s’entendre pour répondre aux attentes des exposants et des visiteurs qui réclamaient un unique salon français, pour pallier la dilution événementielle qui menaçait. « C’est une réponse aux producteurs, aux négociants et aux marques pour optimiser leur ressource » poursuit Pascale Ferranti.

 

La suite ICI 

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16 mai 2019 4 16 /05 /mai /2019 06:00
Roberto Battaglia

Roberto Battaglia

Le procureur de Rome Giuseppe Pignatone, dans la préface d’un livre, estimait :

 

« Désormais, les organisations mafieuses cherchent à éviter les actes violents et éclatants, conscientes que ceux-ci alarment l’opinion publique et attirent l’attention de la police et de la magistrature. Mieux vaut recourir à la corruption, qui n’est pas en elle-même révélatrice d’une présence mafieuse mais qui, cependant, favorise le mélange entre le monde mafieux et " l'autre monde” »

 

Lire 5 août 2017

L’agromafia en Italie : le trésor de la came rouge

 

ICI 

 

Quand Mozzarella rime avec Mafia par Daniel Psenny

 

Une enquête détaille par le menu les nombreux scandales révélés autour de ce marché très lucratif

 

Mozzarella : le business de l’or blanc, de Rémi Delescluse (Fr., 2015, 50 min). Dimanche 31 mai à 20 h 40 sur France 5.

 

C’est l’or blanc de l’Italie. Avec plusieurs millions de tonnes produites chaque année en Campanie dans la région de Naples, la mozzarella est devenue le fromage le plus consommé au monde. La petite boule blanche apparue en Italie vers le XIIe siècle, que l’on peut manger crue ou cuite, agrémentée d’huile d’olive, de poivre, de tomates ou de basilic, est un des produits les plus vendus dans les supermarchés et les boutiques spécialisées dans la gastronomie italienne. Fabriquée à la main ou industriellement, la mozzarella tire son nom du verbe mozzare, qui signifie couper. Aujourd’hui, on la retrouve sur la carte des meilleurs restaurants du monde entier.

 

Mais il est parfois difficile pour le consommateur de s’y retrouver devant la dizaine de marques différentes dont la fabrication n’est pas toujours bien précisée. Les producteurs italiens le rappellent : la seule et véritable mozzarella (dont le nom n’a jamais été déposé) qui peut bénéficier de l’appellation d’origine protégée et porter le nom de Mozzarella di Bufala Campana est fabriquée exclusivement en Campanie, à partir de lait frais de bufflonne et non de vache.

 

Dénaturer le produit

 

Ce succès planétaire qui brasse aujourd’hui des millions d’euros est devenu un business que la Mafia, très présente en Campanie, ne pouvait ignorer. A travers la Camorra, l’organisation mafieuse s’est emparée du marché jusqu’à dénaturer le produit pour le rendre plus rentable.

 

Dans son enquête « Mozzarella : le business de l’or blanc », le réalisateur Rémi Delescluse raconte comment les mafieux ont infiltré ce secteur alimentaire et provoqué de nombreux scandales. Ainsi, au début des années 2000, le monde entier découvre, grâce à des enquêtes policières et les témoignages de plusieurs repentis mafieux, qu’une grande partie de la production de la mozzarella est fabriquée avec du lait congelé en provenance de l’étranger ou du lait en poudre. Des laboratoires, qui ont analysé le produit, ont même retrouvé de la céramique dans les petites boules blanches. Pire : en 2008, les policiers italiens qui traquent les activités de la Camorra s’aperçoivent que la mozzarella a été contaminée à la dioxine. Une découverte qui fait suite au scandale des décharges publiques que la Mafia utilisait pour faire disparaître des produits toxiques. La contamination des champs s’était propagée dans la chaîne alimentaire et notamment au fourrage que les producteurs utilisaient pour nourrir les bufflonnes.

 

Arrivé en France au début des années 1990, c'est le fromage le plus consommé au monde.

 

Certains producteurs n’ont pas cédé au racket de la Mafia, comme Roberto Battaglia, qui a refusé de laisser la Camorra infiltrer son entreprise pour recycler de l’argent sale. Pour avoir brisé l’omerta, il vit sous escorte policière et a dû s’exiler à Rome, où il fabrique la véritable mozzarella que les Romains s’arrachent. D’autres, comme des associations antimafieuses, se sont emparés des fermes de la Mafia confisquées par la police. Ils ont investi les terrains pour relancer une « exploitation propre » où le goût (« gusto » en italien) se conjugue avec le mot juste (« giusto ») d’une économie équilibrée.

 

Les différents scandales qui ont entouré la mozzarella ont permis à d’autres fromages italiens d’émerger sur le marché mondial. C’est le cas de la burrata, un dérivé de la mozzarella fabriquée dans les Pouilles, où l’on ajoute de la crème à la pâte filée. Mais pas de souci : pour les spécialistes, c’est aussi un délice…

 

SÜDDEUTSCHE ZEITUNG - MUNICH ICI

le 25/04/2019

 

Les parrains ne se salissent plus les mains, ils investissent. De l’or blanc (mozzarella) à l’or rouge (tomates cerises), des cultures en rase campagne aux restaurants des grandes villes, ils contrôlent (presque) tout dans le secteur alimentaire. Au détriment des petites entreprises et des consommateurs de tous les pays.

 

 

Il faut qu’elle soit douce, la mozzarella de Roberto Battaglia. Surtout pas salée, de grâce. “Le sel masque toutes les saveurs”, explique Roberto. Muni d’un couteau, il entaille, sur une assiette, la peau ferme de la petite boule zébrée d’une cicatrice. “Regardez le lait qui coule, c’est pas merveilleux, ça ?” Les petites gouttes blanches perlent comme des larmes sur la lame du couteau.

 

L’oro bianco, disent les Italiens en parlant de la mozzarella di bufala, l’or blanc. Et l’appellation est à prendre au pied de la lettre. La seule mozzarella à base de lait de bufflonne est produite au nord et au sud de Naples, dans la région de Caserte et de Salerne. Là où ces animaux à la robe noire et aux cornes galbées, originaires d’Asie au départ, ont trouvé depuis des siècles une seconde patrie. Un climat humide, un sol sablonneux, l’idéal. Si la mozzarella est plus salée à Caserte qu’à Salerne, c’est parce que le bain dans lequel elle est plongée lors de la fabrication est plus fort.

 

Sauf, justement, la mozzarella de Roberto Battaglia, plus douce. Trop douce ? Les Italiens se livrent à de véritables guerres de religion en cuisine, y compris sur ce qu’on met sur les pizzas : mozzarella ou fior di latte ? On est ici au-delà du folklore. La mozzarella est un business qui pèse des milliards. Elle est prisée dans le monde entier, même sous sa forme insipide et caoutchouteuse. Un marché mondial que le crime organisé a découvert depuis belle lurette. Un marché noyauté par la Camorra, la mafia de Naples.

 

Le blanchiment passe aussi par l’or blanc

 

La Camorra a mis Roberto Battaglia à genoux, lui a volé son lait et ses tracteurs, a incendié ses remises, lui a prêté de l’argent à taux usuraire, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus et aille voir la police. “J’en avais assez, la peur s’est envolée d’un coup.”

 

Un soir chez Eataly, à Rome. L’enseigne qui propose tout l’éventail des délices de la gastronomie italienne s’est installée dans les halles, près de la gare d’Ostiense [sud de Rome]. Il est 19 heures, les trois étages de la boutique sont bondés. Au-dessus des étals de fromages et de viandes, de mortadelles aux truffes et de saucisses cuites au vin, pendouillent des jambons par dizaines, une voûte céleste de prosciutti. La rosticceria exhale des parfums de poulets fraîchement grillés, les clients font le pied de grue à la caisse. Roberto est en retard, de trois quarts d’heure. Depuis qu’on lui a retiré sa protection policière, il n’a plus de gyrophare pour se faufiler à travers la circulation romaine.

 

“J’arrive tout de suite”, nous prévient-il par texto depuis sa voiture. “La vie est un combat, et je suis bien placé pour le savoir…”, dit son statut sur WhatsApp. Battaglia veut dire “bataille” en italien. Le voilà qui arrive enfin, par l’entrée des fournisseurs, un ours d’homme de 49 ans, arborant une barbe de trois jours poivre et sel. Il porte un coupe-vent camouflage, des baskets aux pieds, deux portables dans la main droite. Tout le monde le connaît, il tient ici une fromagerie où l’on assiste en direct à la fabrication du produit. Des “Ciao Roberto” tous les trois mètres. Battaglia est le producteur de mozzarella di bufala le plus célèbre d’Italie. Il arrive de le voir à la télévision, généralement dans des émissions politiques. Il y parle de la nouvelle mafia qui s’immisce partout, noyaute l’économie légale et blanchit son argent sale là où on l’attend le moins. Y compris sur le marché de l’oro bianco.

 

la mozzarella di bufala campana di Roberto Battaglia

 

La moitié des élevages de bufflonnes de la province de Caserte sont aux mains des camorristi, soupire Roberto. Des individus sans scrupules qui font peu de cas de la santé de leurs clients. Ils ont déjà coupé le lait avec des produits chimiques pour que la mozzarella soit plus blanche, ou bien ont fabriqué le fromage avec du lait en poudre bolivien ou du caillé roumain congelé et tenté de vendre leur marchandise sous le label DOP – la denominazione di origine protetta censée garantir l’origine et l’authenticité des produits haut de gamme.

 

24,5 milliards de chiffre pour l’agromafia

 

Chaque fois que les combines des mafieux sont percées à jour, les Italiens se demandent comment on a pu en arriver là, comment la mafia a pu faire main basse en sous-main sur la fierté nationale – il cibo, la nourriture.

 

L’agromafia. La mafia de l’agriculture et de l’alimentaire. Elle a pris pied dans tout ce qui rend le made in Italy désirable, dans le mythe de la cuisine méditerranéenne : l’huile d’olive, le vin, les fruits et légumes, le fromage, le jambon… Elle est partout, dans tous les produits, authentiques comme frelatés.

 

Évidemment, la plupart des producteurs italiens sont honnêtes. Mais la part de la mafia dans l’alimentaire explose. Le crime organisé fait 24,5 milliards d’euros de chiffre par an dans l’alimentaire, rien qu’en Italie. Une partie est exportée, y compris vers l’Allemagne. Ceux qui achètent du fromage ou du jambon italiens dans les grandes surfaces allemandes n’ont cependant pas forcément à se faire de souci pour leur santé, même s’ils proviennent de producteurs mafieux. Car eux aussi veulent se maintenir sur le marché, écouler le plus possible, maximiser leurs bénéfices. Même si, au moment d’écouler un produit douteux, ils n’ont à l’évidence aucun état d’âme.

 

Le business mondial de l’“Italian sounding”

 

À quoi s’ajoute le business mondial de l’Italian sounding. C’est ainsi qu’on appelle les produits commercialisés aux quatre coins du monde dont le nom sonne plus ou moins italien. Au Brésil, par exemple, on trouve une “mortadella siciliana”, dont le nom est en lui-même une aberration puisque la vraie mortadelle vient de Bologne. Les contrefacteurs aguichent le chaland avec des étiquettes qui leur donnent des envies d’Italie, frappées du Colisée ou de la tour de Pise.

 

Rien dans ces produits n’est italien, hormis le fait que la mafia italienne se sert au passage. Elle achète la marchandise auprès d’entreprises agroalimentaires étrangères, par exemple en Amérique, et participe à l’entreprise de séduction et de mystification du client. Aucune importance si l’orthographe du nom italien est mauvaise sur l’emballage, c’est parfois même fait exprès : ça permet de dissiper les soupçons. Le business de l’Italian sounding rapporterait chaque année une centaine de milliards d’euros, dont la mafia empocherait la moitié, disent les spécialistes.

 

Viennent ensuite les restaurants, les pizzerias, les bars. Quelque 5 000 établissements de Milan, de Rome et d’autres grandes villes du pays appartiendraient aux cartels, au premier rang desquels la ‘Ndrangheta calabraise et la Camorra napolitaine. À Rome, sur la via Veneto, l’artère chic de l’époque de la Dolce Vita, plusieurs restaurants ont été fermés quand on s’est aperçu qu’ils étaient tenus par la ‘Ndrangheta. La via Veneto est devenue une rue fantôme jalonnée de pas-de-porte abandonnés. Dans les établissements qui tournent encore, les serveurs ne savent même pas pour qui ils travaillent.

 

Pieuvre ou caméléon ?

 

“On dit toujours que la mafia est une pieuvre”, observe Gian Carlo Caselli, ancien procureur devenu spécialiste de l’agromafia. “Moi, elle me ferait plutôt penser à un caméléon.” Elle s’adapte en permanence, à l’époque et au lieu. La nouvelle mafia est le fruit de l’ancienne et suit toujours des rites archaïques. “Sauf que, dorénavant, elle porte des cols blancs.”

 

Ceux qui sont à sa tête aujourd’hui sont les enfants des vieux chefs de clan, ont étudié dans des universités prestigieuses, parlent plusieurs langues, ont un carnet d’adresses international. Ils s’y connaissent en cryptomonnaie, en blockchain, en activités offshore, en trading haute fréquence et en fonds structurels européens.

 

Ils étudient tous les marchés, même ceux qui sont en apparence les plus éloignés de leurs activités habituelles. Et quand on s’aperçoit que le monde raffole de mozzarella, plus ou moins salée, plus ou moins authentique, on investit dans l’or blanc. Le bio est à la mode ? On rajoute la mention “bio” sur l’étiquette, même si le produit n’a rien de biologique. La mafia est également très forte dans la vente alimentaire en ligne. Les produits ne sont pas forcément mauvais, mais qui a envie de commander ce qu’il mange à la mafia ?

 

“Quand la mafia ne tire plus, il faut s’inquiéter”

 

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Gian Carlo Caselli parle de la “mafia 3.0”. Dans les années 1990, quand les clans de Corleone dirigeaient Cosa Nostra et terrorisaient toute la péninsule depuis la Sicile, posant des bombes, assassinant des juges, Caselli était procureur général de Palerme. Pendant neuf ans. Il a mis les patrons de la mafia à l’ombre à la chaîne, a démantelé la Cupola, le conseil d’administration de Cosa Nostra, a confisqué ses biens. La mafia était allée trop loin dans la violence. Et c’était inhabituel.

 

La mafia ne fait usage de la violence, explique Gian Carlo Caselli, que quand tous les autres moyens ont échoué : la menace, la corruption, le chantage.”

 

Elle préfère de loin que ses affaires se fassent sans bruit, proprement, mais que tous cèdent à la peur et se soumettent à sa loi.

 

La drogue, c’est sale, et les assassinats font les gros titres. Une plaisanterie italienne dit que c’est quand la mafia ne tire plus qu’il faut commencer à s’inquiéter. Car c’est là qu’elle est vraiment puissante. Comme en ce moment. Il n’y a plus guère qu’à Naples que ça tire encore, et de temps à autre dans la région de Foggia, dans les Pouilles. Ailleurs, les armes se sont tues.

 

Gian Carlo Caselli a 79 ans mais ne s’est pas rangé des voitures, loin s’en faut. Depuis quelques années, il se consacre presque exclusivement à l’agromafia. Il écrit sur le sujet, donne des conférences. Et, pour avoir un rendez-vous, il faut s’armer de patience. Surtout en ce moment, à l’heure où sort le nouveau rapport annuel qu’il publie avec l’organisation professionnelle agricole Coldiretti et l’Osservatorio sulla criminalità nell’ agricoltura e sul sistema agroalimentare, l’observatoire de la criminalité dans l’agriculture et l’agroalimentaire. “Agromafie”, c’est le nom du rapport, le mot mafia étant ici décliné au pluriel pour englober tous les syndicats du crime et assimilés.

 

L’agromafia affiche à nouveau une croissance de 10 %. Comme chaque année. C’est un business juteux, où l’on gagne beaucoup et où l’on risque peu. Bien sûr, il y a des tas de contrôles et d’inspections, explique Gian Carlo Caselli. Des centaines de milliers, même. Réalisés par les agents du corps forestier [qui a des pouvoirs de police judiciaire], les carabinieri, le ministère de l’Agriculture.

 

Mais les mafieux n’ont pas grand-chose à craindre, les lois italiennes datent de Mathusalem dans le domaine. Elles remontent à l’époque où les escrocs coupaient le vin avec de l’eau.”

 

Aujourd’hui, ils frelatent, clonent, imitent, copient et trafiquent en usant de méthodes sophistiquées et en déployant des trésors d’énergie criminelle.

 

L’agromafia fait florès depuis la crise économique. Les petits entrepreneurs aux abois n’obtenaient plus de crédits auprès des banques. Les clans, en revanche, avaient du foin dans leurs bottes, payaient comptant les entreprises et les exploitations. Tout est allé très vite. Les milliards sales ont inondé l’économie légale mais les noms des entreprises sont restés les mêmes. Le marché ne devait pas avoir de soupçons. Caselli parle de la “mafia perbene”, la mafia respectable, tout en précisant : “Mettez bien l’expression entre guillemets, s’il vous plaît” – après tout, c’est un oxymore.

 

Main basse sur les matières premières agricoles

 

La mafia, c’est comme une tique, explique Roberto Battaglia, le producteur de mozzarella. “Elle s’accroche à ta peau et te pompe le sang, très lentement, et grossit.” La serveuse apporte un tagliere, une assiette garnie de salami, jambon, coppa, parmesan et mozzarella. Avec une pointe de vinaigre balsamique de Modène, car le vinaigre se marie à merveille avec le parmesan. Roberto ne prend qu’une gorgée de vin, pour trinquer. “Je n’ai jamais eu de problèmes jusque-là, dit-il, mais, là, j’ai du diabète.” Son médecin lui dit que c’est le stress.

 

La famille de Roberto vient de Naples. Son père tenait une agence de voyages à Caserte. Il était aussi agent Alitalia, la compagnie aérienne nationale. “Parmi nos clients, il y avait aussi – malheureusement – les clans de Casal di Principe.” Autrement dit les redoutables familles Schiavone et Zagaria, les “Casalesi”. Elles réservaient leurs billets chez les Battaglia, presque toujours des croisières : comme la plupart n’avaient pas de passeports, il ne restait que les voyages en bateau. “Ils ne payaient pas souvent.”

 

La Camorra fixe des prix en deçà du marché

 

Quand les affaires ont commencé à battre de l’aile à cause d’Internet et de la fermeture des agences Alitalia en province, la famille Battaglia a racheté une petite ferme à Caiazzo. “La ferme, c’était ma grande passion. J’avais toujours rêvé d’avoir des animaux et de faire le paysan”, se souvient Roberto Battaglia, qui possède bientôt 400 buffles et 100 bœufs. “On avait une salle de traite dernier cri.”

 

Au début, il ne produit que du lait, fournit les fromagers de la plaine, les caseifici” Puis les clans sont arrivés et lui ont dit quels fromagers il fallait fournir. Leurs fromagers, ceux de la Camorra. Ils ont fixé le prix, très en deçà des prix du marché.

 

Ils ont dit : ‘C’est nous qui te paierons’. Autant dire que j’étais foutu. Souvent, ils ne payaient même pas. Ils t’étranglent.”

 

Roberto perd ainsi plusieurs centaines de milliers d’euros. Il commence alors à produire sa mozzarella lui-même pour s’extirper des griffes de la mafia. Mais la Camorra vient lui réclamer le pizzo, toujours plus salé. “500 000, 600 000 euros”. La mafia, poursuit Roberto, cherche à contrôler les matières premières agricoles : l’eau, le lait, la viande – comme ça, elle contrôle tout. L’alimentaire, après tout, est un secteur qui ne connaît pas la crise. Huit années durant, Roberto courbe l’échine, jusqu’en 2008. Il trouve alors le courage de dénoncer ses maîtres chanteurs. “Ils venaient sans arrêt nous voir à la maison, et souvent ma femme était seule.”

 

Caiazzo, à deux heures et demie au sud de Rome. Les brumes hivernales flottent sur la plaine du Volturno, il pleut. Nous longeons des usines désaffectées et des maisons inachevées. L’exploitation est située dans le hameau de San Cristina, sur les hauteurs de Caiazzo. Roberto Battaglia appelle depuis Rome, son collaborateur de longue date nous ouvre. L’homme garde la propriété décatie, un cheval, un poney, deux chats. Les buffles, c’est fini. Vendus ou morts, pour certains sans doute empoisonnés par la mafia. Les abreuvoirs sont vides depuis longtemps.

 

“La Camorra ne pardonne jamais”

 

La salle de traite dernier cri est envahie de feuilles mortes. Des meubles sous le toit où l’on entassait naguère le foin. Du matériel agricole qui prend la rouille. Les pneus du tracteur sont à plat, les portes arrière de la camionnette de livraison pendouillent sur leurs gonds. Dans un coin, un crâne de chien avec ses dents.

 

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C’est dans cette ferme qu’on a arrêté à l’époque le cousin de Sandokan. Sandokan, à Naples, c’était le surnom de Francesco Schiavone, le big boss des Casalesi, qui s’est retrouvé sous les verrous et dont on disait qu’il continuait à diriger le clan depuis sa cellule. “Le cousin en question, Luigi Schiavone, c’était de la famille proche”, précise Roberto. Uno di sangue. Jusque-là, il avait toujours eu affaire au menu fretin, aux sbires des Casalesi. Le cousin, lui, c’était un gros poisson.

 

Il m’a dit : ‘Tu passes pour un bon payeur. On n’aura sûrement aucun problème, toi et moi’.”

 

Sauf qu’à l’époque Roberto Battaglia collabore déjà avec la justice, duplique les chèques, enregistre les conversations. Le jour de l’arrestation, Roberto est censé remettre une forte somme au cousin. L’argent se trouve sur la table. Dans la pièce d’à côté, les carabinieri attendent, en civil, armés jusqu’aux dents.

 

Quand ils en ont assez entendu, ils envoient un collaborateur indien de Roberto dans la pièce où ont lieu les négociations. “On avait convenu avec Singh qu’il entre dans la pièce en disant : ‘Il y a une vache qui est en train de vêler, patron, il faut que tu viennes’.” Luigi a des soupçons. Il se lève, inspecte l’abat-jour à la recherche de micros. “Tu serais pas en train de me faire un sale coup, des fois ?” “Mais non, qu’est-ce que tu vas imaginer ?” répond Roberto.

 

Les carabiniers font irruption dans la pièce. Schiavone les supplie : “S’il vous plaît, ne me tuez pas.” Le boss n’en mène pas large, il pense que Roberto a engagé un clan rival pour l’éliminer – le genre de choses qui peut arriver dans la région de Caserte. Pour Roberto, l’arrestation du cousin de Sandokan est une libération. Et dans le même temps une petite mort. Il sait que le clan ne le laissera plus jamais en paix, qu’il va devoir partir. “La Camorra ne pardonne jamais”, soupire-t-il.

 

Il quitte la ferme de Caiazzo, baisse le rideau des quatre boutiques qu’il tenait dans la région, part à Rome. Oscar Farinetti, le fondateur d’Eataly, lui a sauvé la vie, raconte Roberto, avec cette boutique au deuxième étage. Roberto fabrique désormais ses fromages à Eataly, en direct, devant les passants, vers l’escalier roulant, le meilleur emplacement. Un peu d’artisanat fromager, un peu de poudre aux yeux, deux têtes de buffles pour logo, enserrant le “B” de Battaglia. La boutique est courue, des célébrités figurent parmi la clientèle, comédiens, politiques, footballeurs. Si les Romains achètent la mozzarella de Roberto, c’est aussi parce qu’ils connaissent son visage, son courage, son abnégation.

 

Lâché, sans motif, du jour au lendemain par l’État

 

Voilà encore peu, il faisait la démonstration du mozzare, la division de la pâte à la main, sous la protection de gardes du corps, ce qui en dit long sur l’absurdité de la situation où il était rendu. Il ne remerciera jamais assez celui qui lui a sauvé la vie : “Je suis paysan, dit-il. Dans mon exploitation, c’est moi qui étais au volant de mon tracteur, qui conduisais la camionnette de livraison, je donnais la main partout.”

 

Le journaliste sicilien Paolo Borrometi, 35 ans, de Raguse [sud de l’île], a vécu une expérience analogue. Lui aussi a tenu tête à l’agromafia à l’époque où elle n’était pas encore aussi connue, ni aussi grosse, ni aussi puissante. “Avant, ça faisait sourire, parce qu’elle ne portait pas les marques d’infamie habituelles : la drogue, les armes, la prostitution”, confie Paolo Borrometi. Sa première grande enquête pour La Spia, un journal en ligne, a ouvert les yeux des Italiens. Il y mettait au jour l’infiltration du marché de fruits et légumes en gros de Vittoria, dans le sud de la Sicile, le plus grand du Mezzogiorno.

 

Borrometi a découvert que les clans achetaient des terres à tour de bras pour y faire pousser des légumes. Bien entendu, avec l’aide de travailleurs d’Europe de l’Est et d’Afrique qu’ils considéraient comme des esclaves, payaient au lance-pierre et maltraitaient. Les mafiosi fixaient également le prix des tomates, des oranges, des citrons. Ils infiltraient tous les consortiums, soit directement, soit en passant par des sociétés-écrans.

 

Les tomates assurent une marge supérieure à celle de la cocaïne

 

Les célèbres tomates cerises de Pachino ? Une bonne partie des “princesses de nos tables”, comme les appelle Borrometi, étaient produites par la mafia locale, la stidda, et partaient aux quatre coins du monde. Un kilo de pomodorini coûte environ 40 centimes aux producteurs. À Milan, on le paie 7,50 euros, à Londres 14, au Canada plus de 15 euros. Soit une marge supérieure à celle de la cocaïne, que la mafia doit faire venir d’Amérique du Sud et faire entrer subrepticement en Europe – la logistique à elle seule coûte une fortune. Les légumes, c’est plus innocent.

 

Sur les 74 “box” du marché de gros de Vittoria, le nombre de ceux qui étaient tenus par le crime organisé était tel qu’il a fallu fermer les halles. Il y avait bien un poste de police sur place, mais les policiers fermaient les yeux. Aujourd’hui, les 74 box doivent être réattribués. Les candidats doivent montrer patte blanche, prouver qu’ils travaillent sans commanditaires. L’État vient d’instaurer une charte pour le marché. Reste à savoir si cela suffira.

 

Le business des fruits et légumes est si lucratif que la mafia a mis la main sur l’ensemble de la chaîne de production : des champs aux rayonnages des supermarchés, en passant par les cuisines des restaurants. “La mafia vient de la campagne, et c’est à la campagne qu’elle retrouve ses racines”, observe Paolo Borrometi.

 

L’agromafia a la main sur toute la logistique

 

La mafia contrôle tout de A à Z, y compris les accessoires : les engrais, les films plastiques pour les serres, les cagettes. Et même le transport, du sud au nord, de Vittoria à Milan en passant par Rome et Fondi – la “route de la soie” de l’agromafia. Les livraisons en camionnette ? Tous les livreurs ou presque travaillent pour des clans ou leur appartiennent. Les cartels italiens, qui ne travaillent d’ordinaire jamais ensemble, se sont associés pour organiser la logistique. C’est le meilleur moyen de suivre le trajet des marchandises, d’entrepôt en entrepôt. “Le marché de Milan est entre les mains de la ‘Ndrangheta”, explique l’ancien juge Gian Carlo Caselli d’une voix calme et définitive, comme si c’était le destin.

 

Depuis six ans, Paolo Borrometi vit à Rome où il a été muté d’office. Pas moins de quatre clans siciliens veulent avoir la peau de celui qui a gêné leurs affaires. Les anciens gérants du box 65 du marché de Vittoria lui ont dit qu’ils feraient griller son cœur à la poêle et le mangeraient. L’année dernière, les enquêteurs ont appris grâce à des écoutes que la mafia prévoyait un attentat à l’explosif contre Paolo, les préparatifs en étaient bien avancés. Le journaliste ne fait plus un pas sans garde du corps. Tout ça à cause de tomates cerises, l’oro rosso, l’or rouge.

 

Roberto Battaglia s’est vu supprimer sa protection policière l’été dernier. “Sans motif, du jour au lendemain”, soupire-t-il. Il était “niveau 4” : deux policiers et une voiture de la guardia di finanza, la police financière [chargée notamment de la lutte contre la mafia]. Ils le suivaient entre le moment où il laissait son épouse et sa fille le matin, jusqu’au soir, au moment où il éteignait la lumière chez lui. Surtout, ils le conduisaient à Naples, aux procès. Trente membres du clan ont pu être confondus grâce à Roberto, qui a révélé leurs agissements au grand jour devant le tribunal.

 

Aujourd’hui, l’État l’abandonne à son sort. Seul avec son courage, alors qu’il doit encore témoigner dans cinq procès contre les cartels. En tant que premier témoin contre les Casalesi, les Zagaria et les Schiavone, contre les gros poissons et leurs hommes de main. Il a fait appel de la décision du préfet, est allé sur les plateaux de télévision, a passé tous les coups de fil possibles : à la préfecture, au ministère de l’Intérieur.

 

Ils n’ont même pas répondu à mes demandes par courrier. Je crois que ce qui m’arrive leur est bien égal.”

 

Quand Roberto prend sa voiture pour aller à Naples, il n’y a plus personne avec lui pour le protéger. Un jour, en sortant du tribunal, ils avaient mis le feu à sa voiture, qu’il a retrouvée carbonisée sur le parking. Il a souscrit une assurance-vie, dit-il. Plus de 500 000 euros. Pour sa femme et sa fille. Au cas où.

 

Oliver Meiler

 

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