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17 mai 2019 5 17 /05 /mai /2019 06:00

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Cette remarque d’un professionnel de la place de Bordeaux, citée par Vitisphère en mars, m’exonère du reproche récurrent du Bordeaux Bashing. De plus je ne tire jamais sur une ambulance, d’ailleurs de ma vie je n’ai jamais tiré sur qui ou quoi que ce soit.

 

J’ai connu les riches heures de Vinexpo, pour parodier le Grand Charles, « sûr de lui et dominateur », incapable de percevoir les premiers signaux qui allaient amener à sa chute. Souvenir de l’ancien directeur balayant d’un revers qui se voulait gagnant les propositions qui lui étaient faites pour amorcer en douceur le virage à prendre.

 

Bref, je ne vais pas enfoncer le clou plus avant dans la plaie, je vais faire bref pour répondre à la supplique de mon Strasbourgeois éploré et préféré.

 

Que faire ?

 

Repli en bon ordre sur Paris en s’alliant avec un faiseur de Salons, je ne sais et surtout je me garderai  bien de mettre mon grain de sel dans un dossier mal ficelé et managé par des dirigeants qui ne captent pas le sens du vent, engoncés qu’ils sont dans leurs vieilles recettes.

 

La soudaine glorification du bio et de la biodynamie dans le dernier Vinexpo en est l’illustration la plus parlante.

 

Sans vouloir être désagréable à l’endroit de ceux qui s’affichent journalistes du vin mais qui ne pissent que de la copie de commande j’aimerais bien qu’une plume libre éclaira ma pauvre lanterne.

 

Si elle existe, je suis preneur d’une analyse et de propositions pour jauger l’avenir des salons en carton succédanés des foires expositions.

 

Merci par avance !

 

Satisfait Pax, vos désirs sont des ordres, moins j’en fait mieux je me porte !

 

Vinexpo Paris et Wine Paris se tiendront ensemble en février 2020

 

Profitant de la tenue de Vinexpo à Bordeaux, les organisateurs des deux salons français annoncent que Vinexpo Paris et Wine Paris se tiendront ensemble du 10 au 12 février 2020.

 

« C’est une bonne nouvelle pour la filière viticole française ! » lance, tout sourire, Pascale Ferranti, directrice de Wine Paris (1). Rodolphe Lameyse, directeur général de Vinexpo, est tout aussi satisfait. « Un mois après mon arrivée, nous avons déjà réussi à faire parler les parties prenantes pour que du 10 au 12 février 2020 Wine Paris et Vinexpo Paris(2) se tiennent sur un site commun. C’est une énorme annonce qui était très attendue. Et ce n’est pas fini, cela ne fait que commencer ! » La filière mondiale vins et spiritueux peut ainsi compter sur un évènement d’envergure à Paris l’an prochain. Les deux salons sont parvenus à s’entendre pour répondre aux attentes des exposants et des visiteurs qui réclamaient un unique salon français, pour pallier la dilution événementielle qui menaçait. « C’est une réponse aux producteurs, aux négociants et aux marques pour optimiser leur ressource » poursuit Pascale Ferranti.

 

La suite ICI 

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16 mai 2019 4 16 /05 /mai /2019 06:00
Roberto Battaglia

Roberto Battaglia

Le procureur de Rome Giuseppe Pignatone, dans la préface d’un livre, estimait :

 

« Désormais, les organisations mafieuses cherchent à éviter les actes violents et éclatants, conscientes que ceux-ci alarment l’opinion publique et attirent l’attention de la police et de la magistrature. Mieux vaut recourir à la corruption, qui n’est pas en elle-même révélatrice d’une présence mafieuse mais qui, cependant, favorise le mélange entre le monde mafieux et " l'autre monde” »

 

Lire 5 août 2017

L’agromafia en Italie : le trésor de la came rouge

 

ICI 

 

Quand Mozzarella rime avec Mafia par Daniel Psenny

 

Une enquête détaille par le menu les nombreux scandales révélés autour de ce marché très lucratif

 

Mozzarella : le business de l’or blanc, de Rémi Delescluse (Fr., 2015, 50 min). Dimanche 31 mai à 20 h 40 sur France 5.

 

C’est l’or blanc de l’Italie. Avec plusieurs millions de tonnes produites chaque année en Campanie dans la région de Naples, la mozzarella est devenue le fromage le plus consommé au monde. La petite boule blanche apparue en Italie vers le XIIe siècle, que l’on peut manger crue ou cuite, agrémentée d’huile d’olive, de poivre, de tomates ou de basilic, est un des produits les plus vendus dans les supermarchés et les boutiques spécialisées dans la gastronomie italienne. Fabriquée à la main ou industriellement, la mozzarella tire son nom du verbe mozzare, qui signifie couper. Aujourd’hui, on la retrouve sur la carte des meilleurs restaurants du monde entier.

 

Mais il est parfois difficile pour le consommateur de s’y retrouver devant la dizaine de marques différentes dont la fabrication n’est pas toujours bien précisée. Les producteurs italiens le rappellent : la seule et véritable mozzarella (dont le nom n’a jamais été déposé) qui peut bénéficier de l’appellation d’origine protégée et porter le nom de Mozzarella di Bufala Campana est fabriquée exclusivement en Campanie, à partir de lait frais de bufflonne et non de vache.

 

Dénaturer le produit

 

Ce succès planétaire qui brasse aujourd’hui des millions d’euros est devenu un business que la Mafia, très présente en Campanie, ne pouvait ignorer. A travers la Camorra, l’organisation mafieuse s’est emparée du marché jusqu’à dénaturer le produit pour le rendre plus rentable.

 

Dans son enquête « Mozzarella : le business de l’or blanc », le réalisateur Rémi Delescluse raconte comment les mafieux ont infiltré ce secteur alimentaire et provoqué de nombreux scandales. Ainsi, au début des années 2000, le monde entier découvre, grâce à des enquêtes policières et les témoignages de plusieurs repentis mafieux, qu’une grande partie de la production de la mozzarella est fabriquée avec du lait congelé en provenance de l’étranger ou du lait en poudre. Des laboratoires, qui ont analysé le produit, ont même retrouvé de la céramique dans les petites boules blanches. Pire : en 2008, les policiers italiens qui traquent les activités de la Camorra s’aperçoivent que la mozzarella a été contaminée à la dioxine. Une découverte qui fait suite au scandale des décharges publiques que la Mafia utilisait pour faire disparaître des produits toxiques. La contamination des champs s’était propagée dans la chaîne alimentaire et notamment au fourrage que les producteurs utilisaient pour nourrir les bufflonnes.

 

Arrivé en France au début des années 1990, c'est le fromage le plus consommé au monde.

 

Certains producteurs n’ont pas cédé au racket de la Mafia, comme Roberto Battaglia, qui a refusé de laisser la Camorra infiltrer son entreprise pour recycler de l’argent sale. Pour avoir brisé l’omerta, il vit sous escorte policière et a dû s’exiler à Rome, où il fabrique la véritable mozzarella que les Romains s’arrachent. D’autres, comme des associations antimafieuses, se sont emparés des fermes de la Mafia confisquées par la police. Ils ont investi les terrains pour relancer une « exploitation propre » où le goût (« gusto » en italien) se conjugue avec le mot juste (« giusto ») d’une économie équilibrée.

 

Les différents scandales qui ont entouré la mozzarella ont permis à d’autres fromages italiens d’émerger sur le marché mondial. C’est le cas de la burrata, un dérivé de la mozzarella fabriquée dans les Pouilles, où l’on ajoute de la crème à la pâte filée. Mais pas de souci : pour les spécialistes, c’est aussi un délice…

 

SÜDDEUTSCHE ZEITUNG - MUNICH ICI

le 25/04/2019

 

Les parrains ne se salissent plus les mains, ils investissent. De l’or blanc (mozzarella) à l’or rouge (tomates cerises), des cultures en rase campagne aux restaurants des grandes villes, ils contrôlent (presque) tout dans le secteur alimentaire. Au détriment des petites entreprises et des consommateurs de tous les pays.

 

 

Il faut qu’elle soit douce, la mozzarella de Roberto Battaglia. Surtout pas salée, de grâce. “Le sel masque toutes les saveurs”, explique Roberto. Muni d’un couteau, il entaille, sur une assiette, la peau ferme de la petite boule zébrée d’une cicatrice. “Regardez le lait qui coule, c’est pas merveilleux, ça ?” Les petites gouttes blanches perlent comme des larmes sur la lame du couteau.

 

L’oro bianco, disent les Italiens en parlant de la mozzarella di bufala, l’or blanc. Et l’appellation est à prendre au pied de la lettre. La seule mozzarella à base de lait de bufflonne est produite au nord et au sud de Naples, dans la région de Caserte et de Salerne. Là où ces animaux à la robe noire et aux cornes galbées, originaires d’Asie au départ, ont trouvé depuis des siècles une seconde patrie. Un climat humide, un sol sablonneux, l’idéal. Si la mozzarella est plus salée à Caserte qu’à Salerne, c’est parce que le bain dans lequel elle est plongée lors de la fabrication est plus fort.

 

Sauf, justement, la mozzarella de Roberto Battaglia, plus douce. Trop douce ? Les Italiens se livrent à de véritables guerres de religion en cuisine, y compris sur ce qu’on met sur les pizzas : mozzarella ou fior di latte ? On est ici au-delà du folklore. La mozzarella est un business qui pèse des milliards. Elle est prisée dans le monde entier, même sous sa forme insipide et caoutchouteuse. Un marché mondial que le crime organisé a découvert depuis belle lurette. Un marché noyauté par la Camorra, la mafia de Naples.

 

Le blanchiment passe aussi par l’or blanc

 

La Camorra a mis Roberto Battaglia à genoux, lui a volé son lait et ses tracteurs, a incendié ses remises, lui a prêté de l’argent à taux usuraire, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus et aille voir la police. “J’en avais assez, la peur s’est envolée d’un coup.”

 

Un soir chez Eataly, à Rome. L’enseigne qui propose tout l’éventail des délices de la gastronomie italienne s’est installée dans les halles, près de la gare d’Ostiense [sud de Rome]. Il est 19 heures, les trois étages de la boutique sont bondés. Au-dessus des étals de fromages et de viandes, de mortadelles aux truffes et de saucisses cuites au vin, pendouillent des jambons par dizaines, une voûte céleste de prosciutti. La rosticceria exhale des parfums de poulets fraîchement grillés, les clients font le pied de grue à la caisse. Roberto est en retard, de trois quarts d’heure. Depuis qu’on lui a retiré sa protection policière, il n’a plus de gyrophare pour se faufiler à travers la circulation romaine.

 

“J’arrive tout de suite”, nous prévient-il par texto depuis sa voiture. “La vie est un combat, et je suis bien placé pour le savoir…”, dit son statut sur WhatsApp. Battaglia veut dire “bataille” en italien. Le voilà qui arrive enfin, par l’entrée des fournisseurs, un ours d’homme de 49 ans, arborant une barbe de trois jours poivre et sel. Il porte un coupe-vent camouflage, des baskets aux pieds, deux portables dans la main droite. Tout le monde le connaît, il tient ici une fromagerie où l’on assiste en direct à la fabrication du produit. Des “Ciao Roberto” tous les trois mètres. Battaglia est le producteur de mozzarella di bufala le plus célèbre d’Italie. Il arrive de le voir à la télévision, généralement dans des émissions politiques. Il y parle de la nouvelle mafia qui s’immisce partout, noyaute l’économie légale et blanchit son argent sale là où on l’attend le moins. Y compris sur le marché de l’oro bianco.

 

la mozzarella di bufala campana di Roberto Battaglia

 

La moitié des élevages de bufflonnes de la province de Caserte sont aux mains des camorristi, soupire Roberto. Des individus sans scrupules qui font peu de cas de la santé de leurs clients. Ils ont déjà coupé le lait avec des produits chimiques pour que la mozzarella soit plus blanche, ou bien ont fabriqué le fromage avec du lait en poudre bolivien ou du caillé roumain congelé et tenté de vendre leur marchandise sous le label DOP – la denominazione di origine protetta censée garantir l’origine et l’authenticité des produits haut de gamme.

 

24,5 milliards de chiffre pour l’agromafia

 

Chaque fois que les combines des mafieux sont percées à jour, les Italiens se demandent comment on a pu en arriver là, comment la mafia a pu faire main basse en sous-main sur la fierté nationale – il cibo, la nourriture.

 

L’agromafia. La mafia de l’agriculture et de l’alimentaire. Elle a pris pied dans tout ce qui rend le made in Italy désirable, dans le mythe de la cuisine méditerranéenne : l’huile d’olive, le vin, les fruits et légumes, le fromage, le jambon… Elle est partout, dans tous les produits, authentiques comme frelatés.

 

Évidemment, la plupart des producteurs italiens sont honnêtes. Mais la part de la mafia dans l’alimentaire explose. Le crime organisé fait 24,5 milliards d’euros de chiffre par an dans l’alimentaire, rien qu’en Italie. Une partie est exportée, y compris vers l’Allemagne. Ceux qui achètent du fromage ou du jambon italiens dans les grandes surfaces allemandes n’ont cependant pas forcément à se faire de souci pour leur santé, même s’ils proviennent de producteurs mafieux. Car eux aussi veulent se maintenir sur le marché, écouler le plus possible, maximiser leurs bénéfices. Même si, au moment d’écouler un produit douteux, ils n’ont à l’évidence aucun état d’âme.

 

Le business mondial de l’“Italian sounding”

 

À quoi s’ajoute le business mondial de l’Italian sounding. C’est ainsi qu’on appelle les produits commercialisés aux quatre coins du monde dont le nom sonne plus ou moins italien. Au Brésil, par exemple, on trouve une “mortadella siciliana”, dont le nom est en lui-même une aberration puisque la vraie mortadelle vient de Bologne. Les contrefacteurs aguichent le chaland avec des étiquettes qui leur donnent des envies d’Italie, frappées du Colisée ou de la tour de Pise.

 

Rien dans ces produits n’est italien, hormis le fait que la mafia italienne se sert au passage. Elle achète la marchandise auprès d’entreprises agroalimentaires étrangères, par exemple en Amérique, et participe à l’entreprise de séduction et de mystification du client. Aucune importance si l’orthographe du nom italien est mauvaise sur l’emballage, c’est parfois même fait exprès : ça permet de dissiper les soupçons. Le business de l’Italian sounding rapporterait chaque année une centaine de milliards d’euros, dont la mafia empocherait la moitié, disent les spécialistes.

 

Viennent ensuite les restaurants, les pizzerias, les bars. Quelque 5 000 établissements de Milan, de Rome et d’autres grandes villes du pays appartiendraient aux cartels, au premier rang desquels la ‘Ndrangheta calabraise et la Camorra napolitaine. À Rome, sur la via Veneto, l’artère chic de l’époque de la Dolce Vita, plusieurs restaurants ont été fermés quand on s’est aperçu qu’ils étaient tenus par la ‘Ndrangheta. La via Veneto est devenue une rue fantôme jalonnée de pas-de-porte abandonnés. Dans les établissements qui tournent encore, les serveurs ne savent même pas pour qui ils travaillent.

 

Pieuvre ou caméléon ?

 

“On dit toujours que la mafia est une pieuvre”, observe Gian Carlo Caselli, ancien procureur devenu spécialiste de l’agromafia. “Moi, elle me ferait plutôt penser à un caméléon.” Elle s’adapte en permanence, à l’époque et au lieu. La nouvelle mafia est le fruit de l’ancienne et suit toujours des rites archaïques. “Sauf que, dorénavant, elle porte des cols blancs.”

 

Ceux qui sont à sa tête aujourd’hui sont les enfants des vieux chefs de clan, ont étudié dans des universités prestigieuses, parlent plusieurs langues, ont un carnet d’adresses international. Ils s’y connaissent en cryptomonnaie, en blockchain, en activités offshore, en trading haute fréquence et en fonds structurels européens.

 

Ils étudient tous les marchés, même ceux qui sont en apparence les plus éloignés de leurs activités habituelles. Et quand on s’aperçoit que le monde raffole de mozzarella, plus ou moins salée, plus ou moins authentique, on investit dans l’or blanc. Le bio est à la mode ? On rajoute la mention “bio” sur l’étiquette, même si le produit n’a rien de biologique. La mafia est également très forte dans la vente alimentaire en ligne. Les produits ne sont pas forcément mauvais, mais qui a envie de commander ce qu’il mange à la mafia ?

 

“Quand la mafia ne tire plus, il faut s’inquiéter”

 

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Gian Carlo Caselli parle de la “mafia 3.0”. Dans les années 1990, quand les clans de Corleone dirigeaient Cosa Nostra et terrorisaient toute la péninsule depuis la Sicile, posant des bombes, assassinant des juges, Caselli était procureur général de Palerme. Pendant neuf ans. Il a mis les patrons de la mafia à l’ombre à la chaîne, a démantelé la Cupola, le conseil d’administration de Cosa Nostra, a confisqué ses biens. La mafia était allée trop loin dans la violence. Et c’était inhabituel.

 

La mafia ne fait usage de la violence, explique Gian Carlo Caselli, que quand tous les autres moyens ont échoué : la menace, la corruption, le chantage.”

 

Elle préfère de loin que ses affaires se fassent sans bruit, proprement, mais que tous cèdent à la peur et se soumettent à sa loi.

 

La drogue, c’est sale, et les assassinats font les gros titres. Une plaisanterie italienne dit que c’est quand la mafia ne tire plus qu’il faut commencer à s’inquiéter. Car c’est là qu’elle est vraiment puissante. Comme en ce moment. Il n’y a plus guère qu’à Naples que ça tire encore, et de temps à autre dans la région de Foggia, dans les Pouilles. Ailleurs, les armes se sont tues.

 

Gian Carlo Caselli a 79 ans mais ne s’est pas rangé des voitures, loin s’en faut. Depuis quelques années, il se consacre presque exclusivement à l’agromafia. Il écrit sur le sujet, donne des conférences. Et, pour avoir un rendez-vous, il faut s’armer de patience. Surtout en ce moment, à l’heure où sort le nouveau rapport annuel qu’il publie avec l’organisation professionnelle agricole Coldiretti et l’Osservatorio sulla criminalità nell’ agricoltura e sul sistema agroalimentare, l’observatoire de la criminalité dans l’agriculture et l’agroalimentaire. “Agromafie”, c’est le nom du rapport, le mot mafia étant ici décliné au pluriel pour englober tous les syndicats du crime et assimilés.

 

L’agromafia affiche à nouveau une croissance de 10 %. Comme chaque année. C’est un business juteux, où l’on gagne beaucoup et où l’on risque peu. Bien sûr, il y a des tas de contrôles et d’inspections, explique Gian Carlo Caselli. Des centaines de milliers, même. Réalisés par les agents du corps forestier [qui a des pouvoirs de police judiciaire], les carabinieri, le ministère de l’Agriculture.

 

Mais les mafieux n’ont pas grand-chose à craindre, les lois italiennes datent de Mathusalem dans le domaine. Elles remontent à l’époque où les escrocs coupaient le vin avec de l’eau.”

 

Aujourd’hui, ils frelatent, clonent, imitent, copient et trafiquent en usant de méthodes sophistiquées et en déployant des trésors d’énergie criminelle.

 

L’agromafia fait florès depuis la crise économique. Les petits entrepreneurs aux abois n’obtenaient plus de crédits auprès des banques. Les clans, en revanche, avaient du foin dans leurs bottes, payaient comptant les entreprises et les exploitations. Tout est allé très vite. Les milliards sales ont inondé l’économie légale mais les noms des entreprises sont restés les mêmes. Le marché ne devait pas avoir de soupçons. Caselli parle de la “mafia perbene”, la mafia respectable, tout en précisant : “Mettez bien l’expression entre guillemets, s’il vous plaît” – après tout, c’est un oxymore.

 

Main basse sur les matières premières agricoles

 

La mafia, c’est comme une tique, explique Roberto Battaglia, le producteur de mozzarella. “Elle s’accroche à ta peau et te pompe le sang, très lentement, et grossit.” La serveuse apporte un tagliere, une assiette garnie de salami, jambon, coppa, parmesan et mozzarella. Avec une pointe de vinaigre balsamique de Modène, car le vinaigre se marie à merveille avec le parmesan. Roberto ne prend qu’une gorgée de vin, pour trinquer. “Je n’ai jamais eu de problèmes jusque-là, dit-il, mais, là, j’ai du diabète.” Son médecin lui dit que c’est le stress.

 

La famille de Roberto vient de Naples. Son père tenait une agence de voyages à Caserte. Il était aussi agent Alitalia, la compagnie aérienne nationale. “Parmi nos clients, il y avait aussi – malheureusement – les clans de Casal di Principe.” Autrement dit les redoutables familles Schiavone et Zagaria, les “Casalesi”. Elles réservaient leurs billets chez les Battaglia, presque toujours des croisières : comme la plupart n’avaient pas de passeports, il ne restait que les voyages en bateau. “Ils ne payaient pas souvent.”

 

La Camorra fixe des prix en deçà du marché

 

Quand les affaires ont commencé à battre de l’aile à cause d’Internet et de la fermeture des agences Alitalia en province, la famille Battaglia a racheté une petite ferme à Caiazzo. “La ferme, c’était ma grande passion. J’avais toujours rêvé d’avoir des animaux et de faire le paysan”, se souvient Roberto Battaglia, qui possède bientôt 400 buffles et 100 bœufs. “On avait une salle de traite dernier cri.”

 

Au début, il ne produit que du lait, fournit les fromagers de la plaine, les caseifici” Puis les clans sont arrivés et lui ont dit quels fromagers il fallait fournir. Leurs fromagers, ceux de la Camorra. Ils ont fixé le prix, très en deçà des prix du marché.

 

Ils ont dit : ‘C’est nous qui te paierons’. Autant dire que j’étais foutu. Souvent, ils ne payaient même pas. Ils t’étranglent.”

 

Roberto perd ainsi plusieurs centaines de milliers d’euros. Il commence alors à produire sa mozzarella lui-même pour s’extirper des griffes de la mafia. Mais la Camorra vient lui réclamer le pizzo, toujours plus salé. “500 000, 600 000 euros”. La mafia, poursuit Roberto, cherche à contrôler les matières premières agricoles : l’eau, le lait, la viande – comme ça, elle contrôle tout. L’alimentaire, après tout, est un secteur qui ne connaît pas la crise. Huit années durant, Roberto courbe l’échine, jusqu’en 2008. Il trouve alors le courage de dénoncer ses maîtres chanteurs. “Ils venaient sans arrêt nous voir à la maison, et souvent ma femme était seule.”

 

Caiazzo, à deux heures et demie au sud de Rome. Les brumes hivernales flottent sur la plaine du Volturno, il pleut. Nous longeons des usines désaffectées et des maisons inachevées. L’exploitation est située dans le hameau de San Cristina, sur les hauteurs de Caiazzo. Roberto Battaglia appelle depuis Rome, son collaborateur de longue date nous ouvre. L’homme garde la propriété décatie, un cheval, un poney, deux chats. Les buffles, c’est fini. Vendus ou morts, pour certains sans doute empoisonnés par la mafia. Les abreuvoirs sont vides depuis longtemps.

 

“La Camorra ne pardonne jamais”

 

La salle de traite dernier cri est envahie de feuilles mortes. Des meubles sous le toit où l’on entassait naguère le foin. Du matériel agricole qui prend la rouille. Les pneus du tracteur sont à plat, les portes arrière de la camionnette de livraison pendouillent sur leurs gonds. Dans un coin, un crâne de chien avec ses dents.

 

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C’est dans cette ferme qu’on a arrêté à l’époque le cousin de Sandokan. Sandokan, à Naples, c’était le surnom de Francesco Schiavone, le big boss des Casalesi, qui s’est retrouvé sous les verrous et dont on disait qu’il continuait à diriger le clan depuis sa cellule. “Le cousin en question, Luigi Schiavone, c’était de la famille proche”, précise Roberto. Uno di sangue. Jusque-là, il avait toujours eu affaire au menu fretin, aux sbires des Casalesi. Le cousin, lui, c’était un gros poisson.

 

Il m’a dit : ‘Tu passes pour un bon payeur. On n’aura sûrement aucun problème, toi et moi’.”

 

Sauf qu’à l’époque Roberto Battaglia collabore déjà avec la justice, duplique les chèques, enregistre les conversations. Le jour de l’arrestation, Roberto est censé remettre une forte somme au cousin. L’argent se trouve sur la table. Dans la pièce d’à côté, les carabinieri attendent, en civil, armés jusqu’aux dents.

 

Quand ils en ont assez entendu, ils envoient un collaborateur indien de Roberto dans la pièce où ont lieu les négociations. “On avait convenu avec Singh qu’il entre dans la pièce en disant : ‘Il y a une vache qui est en train de vêler, patron, il faut que tu viennes’.” Luigi a des soupçons. Il se lève, inspecte l’abat-jour à la recherche de micros. “Tu serais pas en train de me faire un sale coup, des fois ?” “Mais non, qu’est-ce que tu vas imaginer ?” répond Roberto.

 

Les carabiniers font irruption dans la pièce. Schiavone les supplie : “S’il vous plaît, ne me tuez pas.” Le boss n’en mène pas large, il pense que Roberto a engagé un clan rival pour l’éliminer – le genre de choses qui peut arriver dans la région de Caserte. Pour Roberto, l’arrestation du cousin de Sandokan est une libération. Et dans le même temps une petite mort. Il sait que le clan ne le laissera plus jamais en paix, qu’il va devoir partir. “La Camorra ne pardonne jamais”, soupire-t-il.

 

Il quitte la ferme de Caiazzo, baisse le rideau des quatre boutiques qu’il tenait dans la région, part à Rome. Oscar Farinetti, le fondateur d’Eataly, lui a sauvé la vie, raconte Roberto, avec cette boutique au deuxième étage. Roberto fabrique désormais ses fromages à Eataly, en direct, devant les passants, vers l’escalier roulant, le meilleur emplacement. Un peu d’artisanat fromager, un peu de poudre aux yeux, deux têtes de buffles pour logo, enserrant le “B” de Battaglia. La boutique est courue, des célébrités figurent parmi la clientèle, comédiens, politiques, footballeurs. Si les Romains achètent la mozzarella de Roberto, c’est aussi parce qu’ils connaissent son visage, son courage, son abnégation.

 

Lâché, sans motif, du jour au lendemain par l’État

 

Voilà encore peu, il faisait la démonstration du mozzare, la division de la pâte à la main, sous la protection de gardes du corps, ce qui en dit long sur l’absurdité de la situation où il était rendu. Il ne remerciera jamais assez celui qui lui a sauvé la vie : “Je suis paysan, dit-il. Dans mon exploitation, c’est moi qui étais au volant de mon tracteur, qui conduisais la camionnette de livraison, je donnais la main partout.”

 

Le journaliste sicilien Paolo Borrometi, 35 ans, de Raguse [sud de l’île], a vécu une expérience analogue. Lui aussi a tenu tête à l’agromafia à l’époque où elle n’était pas encore aussi connue, ni aussi grosse, ni aussi puissante. “Avant, ça faisait sourire, parce qu’elle ne portait pas les marques d’infamie habituelles : la drogue, les armes, la prostitution”, confie Paolo Borrometi. Sa première grande enquête pour La Spia, un journal en ligne, a ouvert les yeux des Italiens. Il y mettait au jour l’infiltration du marché de fruits et légumes en gros de Vittoria, dans le sud de la Sicile, le plus grand du Mezzogiorno.

 

Borrometi a découvert que les clans achetaient des terres à tour de bras pour y faire pousser des légumes. Bien entendu, avec l’aide de travailleurs d’Europe de l’Est et d’Afrique qu’ils considéraient comme des esclaves, payaient au lance-pierre et maltraitaient. Les mafiosi fixaient également le prix des tomates, des oranges, des citrons. Ils infiltraient tous les consortiums, soit directement, soit en passant par des sociétés-écrans.

 

Les tomates assurent une marge supérieure à celle de la cocaïne

 

Les célèbres tomates cerises de Pachino ? Une bonne partie des “princesses de nos tables”, comme les appelle Borrometi, étaient produites par la mafia locale, la stidda, et partaient aux quatre coins du monde. Un kilo de pomodorini coûte environ 40 centimes aux producteurs. À Milan, on le paie 7,50 euros, à Londres 14, au Canada plus de 15 euros. Soit une marge supérieure à celle de la cocaïne, que la mafia doit faire venir d’Amérique du Sud et faire entrer subrepticement en Europe – la logistique à elle seule coûte une fortune. Les légumes, c’est plus innocent.

 

Sur les 74 “box” du marché de gros de Vittoria, le nombre de ceux qui étaient tenus par le crime organisé était tel qu’il a fallu fermer les halles. Il y avait bien un poste de police sur place, mais les policiers fermaient les yeux. Aujourd’hui, les 74 box doivent être réattribués. Les candidats doivent montrer patte blanche, prouver qu’ils travaillent sans commanditaires. L’État vient d’instaurer une charte pour le marché. Reste à savoir si cela suffira.

 

Le business des fruits et légumes est si lucratif que la mafia a mis la main sur l’ensemble de la chaîne de production : des champs aux rayonnages des supermarchés, en passant par les cuisines des restaurants. “La mafia vient de la campagne, et c’est à la campagne qu’elle retrouve ses racines”, observe Paolo Borrometi.

 

L’agromafia a la main sur toute la logistique

 

La mafia contrôle tout de A à Z, y compris les accessoires : les engrais, les films plastiques pour les serres, les cagettes. Et même le transport, du sud au nord, de Vittoria à Milan en passant par Rome et Fondi – la “route de la soie” de l’agromafia. Les livraisons en camionnette ? Tous les livreurs ou presque travaillent pour des clans ou leur appartiennent. Les cartels italiens, qui ne travaillent d’ordinaire jamais ensemble, se sont associés pour organiser la logistique. C’est le meilleur moyen de suivre le trajet des marchandises, d’entrepôt en entrepôt. “Le marché de Milan est entre les mains de la ‘Ndrangheta”, explique l’ancien juge Gian Carlo Caselli d’une voix calme et définitive, comme si c’était le destin.

 

Depuis six ans, Paolo Borrometi vit à Rome où il a été muté d’office. Pas moins de quatre clans siciliens veulent avoir la peau de celui qui a gêné leurs affaires. Les anciens gérants du box 65 du marché de Vittoria lui ont dit qu’ils feraient griller son cœur à la poêle et le mangeraient. L’année dernière, les enquêteurs ont appris grâce à des écoutes que la mafia prévoyait un attentat à l’explosif contre Paolo, les préparatifs en étaient bien avancés. Le journaliste ne fait plus un pas sans garde du corps. Tout ça à cause de tomates cerises, l’oro rosso, l’or rouge.

 

Roberto Battaglia s’est vu supprimer sa protection policière l’été dernier. “Sans motif, du jour au lendemain”, soupire-t-il. Il était “niveau 4” : deux policiers et une voiture de la guardia di finanza, la police financière [chargée notamment de la lutte contre la mafia]. Ils le suivaient entre le moment où il laissait son épouse et sa fille le matin, jusqu’au soir, au moment où il éteignait la lumière chez lui. Surtout, ils le conduisaient à Naples, aux procès. Trente membres du clan ont pu être confondus grâce à Roberto, qui a révélé leurs agissements au grand jour devant le tribunal.

 

Aujourd’hui, l’État l’abandonne à son sort. Seul avec son courage, alors qu’il doit encore témoigner dans cinq procès contre les cartels. En tant que premier témoin contre les Casalesi, les Zagaria et les Schiavone, contre les gros poissons et leurs hommes de main. Il a fait appel de la décision du préfet, est allé sur les plateaux de télévision, a passé tous les coups de fil possibles : à la préfecture, au ministère de l’Intérieur.

 

Ils n’ont même pas répondu à mes demandes par courrier. Je crois que ce qui m’arrive leur est bien égal.”

 

Quand Roberto prend sa voiture pour aller à Naples, il n’y a plus personne avec lui pour le protéger. Un jour, en sortant du tribunal, ils avaient mis le feu à sa voiture, qu’il a retrouvée carbonisée sur le parking. Il a souscrit une assurance-vie, dit-il. Plus de 500 000 euros. Pour sa femme et sa fille. Au cas où.

 

Oliver Meiler

 

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15 mai 2019 3 15 /05 /mai /2019 06:00
Quel rapport entre 1 fromage et le « petit caporal » Bonaparte ? Bella Lodi et le pont de Lodi
Quel rapport entre 1 fromage et le « petit caporal » Bonaparte ? Bella Lodi et le pont de Lodi

Je suis dans une séquence polars italiens, mon conseiller de la librairie Compagnie me guide, ils sont bien ficelés, bien écrits, imprégnés de la vie quotidienne de la diversité de l’Italie, on y mange et on y boit bien. Alors, au gré de mes lectures je tombe sur des spécialités dont j’ignorais l’existence.

 

 Le fromage Bella Lodi

 

Dans ma mémoire de passionné d’histoire Lodi évoqua de suite la bataille du pont de Lodi.

 

Lodi

 

Commençons par là, en mai 1796, Bonaparte, « après avoir battu le Piémont-Sardaigne et signé la paix de Cherasco fait maintenant face aux Autrichiens du général Beaulieu. Le 2, l'Armée d'Italie traverse le Pô à Plaisance alors que Beaulieu l'attend en force à Valenza. Au combat de Fombio, l'avant-garde française bouscule la division ennemie qui tient le village. Alerté par ces combats et renseigné par ses éclaireurs, Beaulieu fait marche arrière et gagne la ville de Lodi au plus vite : de là, il pourra couper la route de Milan à Bonaparte. »

 

« Toute la stratégie autrichienne va donc consister à tenir le pont de Lodi, passage obligé vers la capitale lombarde. Le 9 mai, à Codogno, un drame vient ébranler l'Armée d'Italie : le général Laharpe, un des quatre divisionnaires de Bonaparte, est tué par un tir fratricide. Son infanterie a subi une brève attaque autrichienne et, dans la confusion et l'obscurité, a tiré sur son propre général. »

 

Le 10 mai 1796, l'avant-garde atteint Lodi, ville cernée par une enceinte. Beaulieu, fortement impressionné par le déploiement de force français, ne songe plus qu'à préserver son armée et préfère sonner le repli. Il laisse derrière lui le général Sebottendorf pour barrer la route aux Français. Bientôt, grâce à la bravoure de deux grenadiers qui n'ont pas hésité à scier les bras du pont-levis protégeant la ville, l'Armée d'Italie investit la position et en chasse les Autrichiens. Ceux-ci se replient et se retranchent derrière le pont sur l'Adda. »

 

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Jean-Pierre de Beaulieu, général dans l'armée autrichienne (1725-1819)

« C'est à ce moment-là que Bonaparte arrive sur les lieux. Juché au sommet du clocher de l'église Saint-François, il observe attentivement le champ de bataille et, en attendant que les soldats de Lannes soient prêts à traverser, il fait porter son artillerie sur la rive droite. A 17 heures, celle-ci entame les hostilités et pilonne les positions autrichiennes de sa trentaine de pièces. Dans le même temps, le général Beaumont est envoyé au Nord-Ouest chercher un gué pour prendre l'ennemi à revers, tandis que Kilmaine pousse plus au Nord et se dirige vers le pont de Cassano. »

 

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« 18 heures. L'Armée d'Italie est renforcée par la division Masséna et lance l'assaut général. Les brigades d'infanterie se ruent sur le pont et sont fauchées par les tirs à mitraille de Sebottendorf. Pour redonner courage à leurs hommes, Masséna, Berthier puis Bonaparte lui-même s'élancent sur le pont et chargent les Autrichiens. Un geste qui n'est pas sans rappeler la bataille d'Arcole quelques mois plus tard... Quoiqu'il en soit, cette participation a un effet décisif sur le moral des soldats de la République qui redoublent d'efforts pour franchir l'Adda. Enfin parvenus sur l'autre rive, les hommes de l'Armée d'Italie engagent un terrible corps-à-corps tandis que d'autres prennent pied sur une étroite bande de terre au milieu du cours d'eau et ouvrent le feu sur les Autrichiens postés sur la rive. Il est maintenant 19 heures. Beaumont, qui a traversé l'Adda à Mozzanica au Nord, arrive sur les arrières autrichiennes et déborde Sebottendorf à qui Beaulieu, qui a gardé un oeil sur la bataille, vient d'ordonner le repli. Après une brève poursuite, la victoire est acquise. »

 

Le "Petit Caporal"

 

« A l'issue de la bataille, les soldats de l'Armée d'Italie remettent à Napoléon le grade de caporal pour le courage dont il a fait preuve au combat. pourquoi ce grade en particulier, alors qu'il possède déjà celui de général de division ? Au début de la Révolution, c'étaient les soldats qui devaient élire leurs officiers, jusqu'au grade de lieutenant-colonel. La pratique, sans doute trop laborieuse, fut vite abandonnée : les soldats ne purent plus choisir que les sous-officiers et la troupe. Après Lodi où il s'est battu comme un simple soldat en s'élançant sur le pont, ses hommes "élevèrent au grade de caporal le soldat Bonaparte". D'où le surnom affectueux qui perdurera durant toute l'épopée et même au-delà, de "Petit Caporal". »

 

C’est la version des groupies de Napoléon.

Plus neutre celle-ci :

 

« La bataille se déroula au pont de Lodi, qui enjambe la rivière Adda, à 31 kilomètres au sud-est de Milan. Elle mit aux prises 5 000 soldats français de l'armée d'Italie et 10 000 soldats commandés par K. P. Sebottendorf, qui formaient l'arrière-garde de l'armée autrichienne de Jean-Pierre Beaulieu

 

Napoléon organisa son artillerie de façon à pilonner les canons et les défenses autrichiennes de l'autre côté de la rivière et envoya des colonnes de soldats passer la rivière à gué en aval et en amont de Lodi. Puis, accompagné des généraux Berthier et Masséna, il prit la tête d'une colonne d'infanterie regroupée devant le pont et lança la charge pour le traverser. Au prix de 400 victimes provoquées par la mêlée sauvage qui s'ensuivit, la colonne repoussa les Autrichiens à coups de baïonnette au-delà de leurs canons. Les autres colonnes françaises attaquèrent alors les Autrichiens sur les flancs droit et gauche, les forçant à la retraite. Le bilan autrichien fut de 153 morts et 1 700 prisonniers. Les rapports de Bonaparte ont décrit cette bataille comme une petite épopée, mais, d'un point de vue tactique, Beaulieu avait bien réussi à s'enfuir. »

 

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Le fromage Bella Lodi est fabriqué de lait provenant de fermes soigneusement sélectionnées des alentours de Lodi, en Italie. Sa croûte noire lui procure une saveur exclusive et une texture granuleuse. Il est vieilli pendant 16 mois et a une saveur de noix.

 

Bella Lodi Classico à croûte noire.

 

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Un fromage unique.

 

Le plus ancien

Bella Lodi « Classico » est un fromage affiné à croûte noire, qui est le produit de la grande tradition fromagère de Lodi, qui remonte au moyen-âge.

 

Un seul producteur

Il n’est produit que par une seule fromagerie, depuis plus de 100 ans, dans une commune de la Réserve protégée du Parc Adda Sud.

 

Lait à kilomètre zéro

Le lait utilisé pour produire cette excellence, frais et noble, provient de la traite quotidienne de l’étable la plus proche, située à moins d’une heure de distance de la fromagerie.

 

Un goût unique

La sélection des ferments lactiques donne un goût unique, inimitable, une couleur blanche, un parfum intense, une saveur pleine mais jamais piquante, ni trop salée.

 

Dans une petite abbaye Abbadia Cerreto près de Lodi, en Italie, est une Madonna. L’abbaye elle-même est imprégnée de beauté du Vieux Monde et de sérénité, et sa Madonna est spéciale. Assise sur la roue d’un fromage connu sous le nom de « Grana noir » de Lodi, On l’appelle souvent la Vierge noire.

 

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Ce Grana noir est un des plus vieux Granas de l’histoire, un fromage qui précède le Grana Padano et le Parmigiano Reggiano, il est en cours de renaissance. Ses origines se trouvent au Moyen Age quand la Lombardie était au faîte de sa gloire.

 

1000 ans de tradition.

 

Connu comme le Parmesan noir en raison de sa croûte noire caractéristique, Bella Lodi est fabriqué par la famille Pozzali, fromagers près de Lodi, la capitale de la province de Lodi en Lombardie. Depuis plus de 100 ans, la famille a fait des  Granas, s’est attachée à ressusciter cet ancien fromage qui était sur le point de disparaître une forme de rébellion face à l’uniformisation.

 

Le début du grand Granas remonte au Moyen Age, un temps où la vallée du Pô était un peu plus qu’un lac marécageux. Les gens de la région mangeaient frais leurs fromages. Ce sont les moines cisterciens lorsqu’ils sont venus dans la région qui ont commencé à enseigner la technologie moderne du drainage des marécages : un système de canaux développé par eux est encore utilisé pour l’irrigation dans la région.

 

Au cours de cette même période, les cisterciens ont commencé à développer un fromage qui pourrait vieillir pendant des années, être conservé pendant de longues périodes de sorte qu’il était capable de fournir une source nutritive de protéine toute l’année ; le vieillissement aussi permis aux moines de vendre le fromage, et de fournir aux abbayes une source de revenu.

 

La légende dit que les moines d’un monastère près de Lodi — l’Abbazia di Chiaravalle ... ont  inventé la première Grana en 1035.

 

Les moines l’appelaient Caseus Vetus pour le vieux fromage, mais il est rapidement devenu connu sous le nom de Formaggio de Grana ou plus simplement Grana en raison de son inhabituel texture granuleuse.

 

Bien sûr,  cette origine est très controversées car en fait, aucun document écrit confirme l’histoire.

 

Le grand Granas inclus Grana Grana Emiliano, Grana Emiliano Lombardo, Grana Veneto et Grana Trentin, tous nommés pour leur zone de production alors que la base recette pour chacun des Granas a été très similaire, chaque région a ses propres variations.

 

La norme pour ces premiers fromages était la croûte noire. Dans les années 1700, on utilisait un mélange d’huile et un oxyde de fer pour frotter la croûte. Dans les années 1800, la croûte était probablement frotté avec un mélange de  les cendres et l’huile de lin, bien que d’autres huiles, comme l’huile de pépins de raisin, pouvait être utilisée. Le mélange réel variait par région et les fromagers auraient eu leur propre « secret »  recettes.

 

Ce mélange de cendres et d’huile progressivement tombé en désuétude à la faveur de méthodes de contrôle du vieillissement. Cependant, certains fromagers traditionnels utilisaient le mélange en 1954.

 

L’un des éléments le plus important d’évolution de l’histoire des Granas fut l’invention de la chaudière à vapeur par Alfred Groen dans les années 1890. Jusqu’à cette époque, le Grana était fait dans des chaudières en cuivre chauffé sur les feux de bois. Donc la production était limitée.

 

Avec l’invention de la chaudière à vapeur, les entreprises pouvaient produire de grandes quantités de fromage plus constamment, ce qui a attiré les intérêts des grandes entreprises. Dans les années 1930, on a normalisé les méthodes de production et un système de garantie de la qualité devenait nécessaire.

 

En 1928, un petit groupe de personnes se réunit pour normaliser et reconnaître le nom Reggiano Emilia pour la Grana produite en Emilie. En 1934, le Consorzio del Grana Tipico a été formé pour unifier et normaliser les Granas d’autres régions, y compris Modène, Mantoue, Lombardie, Parme et Trentin. En 1954, Reggiano Emilia a changé son nom en Parmigiano Reggiano et Grana Tipico est devenu Grana Padano.

 

La fromagerie pour la famille Pozzali a évolué de la production Grana Lodigiano à Grana Tipico à Grana Padano, et maintenant retour à Grana Lodigiano avec un nouveau nom, Bella Lodi.

 

Bella Lodi est faite de lait cru recueilli sept jours par semaine dans les fermes qui se trouvent un maximum de 100 kilomètres de l’usine, bien que la plupart est collectée dans un rayon de 50 kilomètres. Le processus de fabrication du fromage est beaucoup plus moderne mais les anciennes techniques sont encore utilisées

 

Par exemple, lorsque le lait est collecté, il est laissé au repos de sorte que la crème naturellement se sépare et monte au sommet. Ensuite, il est enlevé, pasteurisé et vendu pour d’autres produits. Cette technique, développée par les moines cisterciens pendant une période où rien n’était connu des bactéries, aide à nettoyer le lait. Comme la crème se lève, elle entraîne la majorité des bactéries avec elle parce que les bactéries s’accrochent aux molécules de graisse dans la crème. Alors que les cisterciens jugeaient la quantité de graisse à enlever par la vue, la technologie laser indique aux fromagers modernes quand arrêter l’écrémage.

 

La culture de démarrage est soigneusement conservée et le lactosérum est retiré du dernier lot du fromage du jour  à utiliser comme culture de départ pour le fromage de demain.

 

Les croûtes couennes ne sont plus frottées avec un mélange de cendres et d’huile, elles sont teintées d’une préparation noire sans danger alimentaire.

 

RASPADURA DI BELLA LODI

 

La tradition de la raspadura est de retour comme au début du  Grana Lodigiano.

 

Toutes les roues n’étaient pas parfaites ou adaptées pour un long vieillissement, elles étaient souvent utilisées pour nourrir les ouvriers.

 

Les roues coupées latéralement, la pâte était raclée avec une longue lama courbe, flexible. Dans le dialecte de Lodi, la technique de raclage est appelé Raspa.

 

Ce qui était autrefois considéré comme « la nourriture paysanne » est aujourd’hui très prisée des consommateurs.

 

Les résultats du raclage des flocons et des boucles qui sont doux, léger et fondent dans la bouche. Ils sont servis en tas pour grignoter seuls ou accompagnés de vin, de noix, ou des viandes salées.

 

La raspadura fournit la touche finale parfaite pour les plats traditionnels de Lodi, tels que risotto et polenta. Et les flocons sont idéals comme garniture pour carpaccio et salaisons de viandes.

 

 

 

L'histoire de Pozzali Lodigrana

 

 

Notre histoire commence à Lodi en 1947, lorsque trois jeunes frères qui obtiendront peu après leur licence à Milan décident de devenir entrepreneurs du secteur fromager. À l’intérieur de l’entreprise agricole paternelle ils réalisent leur première fromagerie pour transformer le lait de leur production et celui de plusieurs fermes des alentours. Le succès est immédiat.

 

En 1958 le second des fils, l'architecte Giovanni Pozzali, inaugure la nouvelle fromagerie à quelques kilomètres de Lodi, à Casaletto Ceredano (CR). Dans les années 90 l'entreprise, désormais devenue Lodigrana, s’agrandit et se diversifie jusqu’à arriver au lancement de la spécialité fromagère qui traduit en saveur cette histoire de famille: Bella Lodi, un tribut sincère au passé millénaire de la terre de Lodi.

 

 

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14 mai 2019 2 14 /05 /mai /2019 08:45
Jacques Dupont le Lucky Lucke de l’interview  le 05 mars dernier titrait Sébastien David : militant de la Loire

Il est comme ça le Jacques, capable d’interviewer le président Farges un dimanche matin alors qu’il est dans ses vignes sur son tracteur, de sulfater grave les visages pâles prohibitionnistes masqués, toujours sur l’action comme le célèbre arbitre de la vieille école Robert Wurtz.

 

La preuve : le 5 mars dernier il tendait son micro à Sébastien David :

 

Parcours atypique pour un bio, Sébastien David a passé sept ans aux États-Unis, à vinifier des « vins de fruits », des rosés élaborés à partir de pommes, poires, pêches… « Ça m'a permis de voyager à l'intérieur des États-Unis »… Il était aussi très intéressé par le côté chimie… « Ils ne voulaient pas d'intrants : la norme organique est plus compliquée aux États-Unis que le bio ici. » Revenu sur le domaine en 1999, à Saint-Nicolas-de-Bourgueil, un domaine transmis au fil des générations depuis le début du XVIIe siècle, Sébastien s'est très vite orienté vers le bio dans une sorte de continuité au travail que faisaient ses grands-parents autrefois : « C'était les chevaux, ils mettaient rien… » Avec Jacques Carroget installé dans les coteaux d'Ancenis, ils ont créé Loire vin bio, une structure qui rassemble désormais 1 280 adhérents, soit 70 % des vignerons bio de la Loire. « On s'est dit : On est un groupement reconnu par personne. On a pris notre bâton de pèlerin et, donc, on a une interpro bio, on est intégrés dans la confédération de toutes les structures qui interviennent dans les vins du Val de Loire, on a une voix parmi les huit autres. Il n'y a aucune autre région de France qui donne cette place aux vignerons bio. » Depuis 2017, Loire vin bio est représentée au sein de l'interprofession des vins de Loire.

 

  • Le Point : Il y a une sorte de paradoxe. Le bio a le vent en poupe. Les jeunes vignerons que l'on rencontre ont envie de travailler selon ces critères, mais sans label, car ils trouvent trop contraignant de devoir suivre à la lettre les principes, notamment la réduction du cuivre à 4 kilos par hectare. Les dernières années, les météos compliquées ont refroidi les enthousiasmes, notamment avec le mildiou. Estce que vous faites le même constat ?

 

  • Sébastien David : Je pense qu'il y a deux positionnements bien distincts : les vignerons bio attachés aux labels quels qu'ils soient, qui considèrent que le fait de l'engagement n'est pas uniquement une dialectique, mais plutôt le confortement d'un engagement personnel. Et, bien sûr, toute une partie (plus ou moins grande et nombreuse) de néovignerons, mais pas que, aussi de « retardataires » à l'allumage, qui sentent bien que le vent commercial a tourné depuis quelques années. L'implication de chacun révèle toute notre société actuelle. Les vignerons qui ne souhaitent pas de labélisation – sous couvert de coût ou de complications administratives – ne cherchent même pas à savoir si, depuis le temps que le fédéralisme bio existe (initialement dans les débuts 1970), il porte des leviers techniques et économiques (aides à la conversion ou au maintien). Le nombre de GAB (groupements des agriculteurs biologiques) en France est quasiment à son maximum. Avec les aides et outils techniques à l'heure d'Internet et du conseil « volant », chacun peut grappiller et récupérer des données, voire échanger avec ses confrères sur des forums ou dans des salons de plus en plus nombreux. Par idéologie primaire peut-être, en Loire, de façon officielle nous soutenons les acteurs de la filière bio en leur abaissant les coûts des stands lors des salons s'ils participent à ces groupes de travail bio officiels. On sait aujourd'hui que la technicité du travail en bio (réglages des labours, prise en compte de la faune et la flore, respect des bonnes pratiques) est la plus complexe de toutes les agricultures hexagonales. Le bio est le seul Siqo « environnemental » (signes d'identification de la qualité et de l'origine des produits agricoles) qui se trouve avoir une obligation de résultat, ce qui n'est pas sans conséquence sur l'économie de la ferme. Le dossier cuivre n'est pas terminé, mais il apparaît, clairement, que c'est à cause d'un manque d'investissements des firmes, des pouvoirs publics, et des agriculteurs eux-mêmes qu'on laisse planer un doute sur la filière bio (pas uniquement en vignes). On aura tous remarqué que le désengagement de l'État via l'Inra et donc l'Entav (Établissement national technique amélioration viticulture associé à l'Inra) dans les années 1980 a précipité le pôle pépinière dans l'impasse actuelle (mortalité énorme du parc français). Le nombre de déconversions en 2018 sera connu dans quelques mois, le 31 juillet. Mais il semble faible, voire infinitésimal, chez Demeter, par exemple (un des cahiers des charges le plus restrictif à l'heure actuelle). Les mises aux normes des exploitations (meilleurs systèmes de traitement, panneaux récupérateurs, etc.) dues aux Grenelles, et donc au plan Ecophyto, semblent être le seul point positif dont l'ensemble de la profession peut se targuer. En revanche, il est sûr et certain que de réels progrès sont dus à l'évolution des cahiers des charges non plus seulement à caractères couperets, mais grâce à des contrôles complémentaires participatifs. Ils ont comme but l'amélioration chez celui qui est « audité » et créent une émulation vers de meilleures pratiques. Le vigneron n'est plus seul dans sa démarche. À la moindre impasse technique, ses collègues sont là pour l'aider. La prise de conscience des dérives et autres travers est bien opérationnelle de nos jours.

 

La suite ICI 

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14 mai 2019 2 14 /05 /mai /2019 06:00
Suite à la demande de suspension de l'arrêté ordonnant la destruction du vin de Sébastien David devant le tribunal administratif d’Orléans petit cours de droit : LA DUALITÉ DES ORDRES DE JURIDICTION en France

« Le Tribunal administratif d'Orléans rejette la demande de suspension de l'arrêté ordonnant la destruction du vin de Sébastien David.

MAIS dans le même temps ce même Tribunal ordonne que le fond de l'affaire soit examiné à une très prochaine audience. Le combat continue! »

Signé Me Morain

 

Tribunal administratif d'Orléans : le viticulteur d'Indre-et-Loire saura lundi s'il doit détruire ses bouteilles

 

Sur les réseaux sociaux, à propos de cette affaire, beaucoup d’intervenants, comme la plupart des citoyens de notre beau pays, se sentaient un peu perdu face à la complexité de l’organisation de la justice en France.

 

Afin d’éclairer leur lanterne, je propose aux plus courageux de se reporter à l’intervention de Jean-Marc Sauvé à l'Ecole nationale de la magistrature le 21 juillet 2017

 

C’est un peu long mais ça fait le tour de la question.

 

La présidence du Conseil d'État est confiée au Vice-président. Cette appellation est le lointain souvenir de l'époque où le Conseil d'État était effectivement présidé par le chef de l'État ou par une autorité politique.

 

Traditionnellement, le Vice-président du Conseil d'État se trouve placé, dans l'ordre protocolaire, au premier rang des autorités civiles et militaires de l’État, après les membres du Gouvernement, les présidents des assemblées parlementaires et le président du Conseil constitutionnel.

 

Il préside l'Assemblée générale qui donne des avis au Gouvernement sur les projets de texte et sur les questions les plus importantes et qui adopte le rapport et les études du Conseil d’État. L’Assemblée générale examine également les propositions de loi émanant des membres du Parlement. En théorie, elle peut être présidée par le Premier ministre, et en son absence, par le garde des Sceaux, ministre de la justice. Mais cela ne se produit que de façon très exceptionnelle et pour une séance à caractère protocolaire.

 

Le Vice-président préside également l'Assemblée du contentieux, la formation contentieuse la plus solennelle du Conseil d'État, qui rend des arrêts sur les litiges les plus importants.

 

Par ailleurs, il est, de droit, président du conseil d'administration de l'E.N.A. et du Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel.

 

Il donne son avis sur les nominations de maîtres des requêtes ou de conseillers d'État décidées par le Gouvernement ; le sens de cet avis est publié au Journal officiel.

 

Mercredi 16 mai 2018, Bruno Lasserre, actuel président de la section de l’intérieur, a été nommé vice-président du Conseil d'État. Il succède  à Jean-Marc Sauvé. ICI 

 

21 juillet 2017

 

Dialogue entre les deux ordres de juridiction

Jean-Marc Sauvé, Vice-président du Conseil d'État

 

En France, la justice est rendue par deux ordres de juridiction distincts et aussi par un troisième ordre, le dernier né, mais le premier juridiquement et protocolairement : le Conseil constitutionnel. Les deux ordres juridictionnels historiques sont l’ordre judiciaire, dans lequel vous êtes entrés, à la tête duquel se trouve la Cour de cassation, et l’ordre administratif, composé des juridictions administratives de droit commun – les 42 tribunaux administratifs, dont 31 en métropole, et les 8 cours administratives d’appel –  et des juridictions spécialisées – en particulier la Cour des comptes, la Cour de discipline budgétaire et financière, la Cour nationale du droit d’asile ou les juridictions disciplinaires nationales des ordres professionnels. Cet ordre, qui est régulé par le Conseil d’Etat, juridiction administrative suprême selon les termes mêmes de l’article L. 111-1 du code de justice administrative, reçoit et juge environ 300 000 recours par an, soit 10 fois plus qu’il y a 40 ans. Le dualisme juridictionnel, qui est souvent questionné et parfois contesté, est un élément essentiel de l’organisation et de la compréhension du service public de la justice dans notre pays. Mais si notre histoire, nos missions et nos compétences nous séparent, il nous revient conjointement de répondre aux attentes croissantes, et parfois pressantes, des justiciables et de dispenser un service de la justice de qualité : tels sont les objectifs partagés, pour ne pas dire communs, des juridictions aussi bien judiciaires qu’administratives.

 

Dans cet esprit, je souhaite évoquer devant vous les origines et les compétences de la juridiction administrative (I) ainsi que l’intérêt et l’utilité du dualisme juridictionnel (II). Au-delà de ce qui nous sépare et de ce qui fait notre spécificité, j’insisterai aussi sur ce que nous avons en commun : le fait d’être des juges et de concourir ensemble à la résolution des conflits au service des justiciables et de notre pays (III).

 

I. Le dualisme juridictionnel est le fruit d’une longue histoire nationale, mais il garde aujourd’hui sa pertinence pour des raisons autres que celles qui l’ont vu naître.

 

A- Il résulte, en premier lieu, d’une certaine conception de la séparation des pouvoirs dans notre pays.

 

1. Pour bien comprendre la « conception française de la séparation des pouvoirs »[2], je crois utile de revenir rapidement sur les théories qui sont au fondement de notre développement institutionnel.

 

Notre pays a inscrit la séparation des pouvoirs au frontispice de sa Constitution à l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui proclame que « Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution ». La séparation des pouvoirs est un principe fondateur et fondamental de l’organisation des pouvoirs publics de notre pays, comme de tout Etat de droit. Elle est à juste titre invoquée pour justifier l’indépendance et les pouvoirs propres des juges ; à l’inverse, dans les régimes autoritaires et les démocraties dites « illibérales », comme la Hongrie ou la Pologne, qui s’affranchissent des principes fondateurs inscrits à l’article 2 du Traité sur l’Union européenne, le pouvoir s’emploie de différentes manières, grossières ou subtiles, à « mettre au pas » la justice. Le Conseil constitutionnel a eu l’occasion de juger que l’article 16 de la Déclaration de 1789 « implique le respect du caractère spécifique des fonctions juridictionnelles, sur lesquelles ne peuvent empiéter ni le législateur ni le Gouvernement »[3]. Il en résulte que les décisions de justice ont force exécutoire et que leur exécution forcée ne saurait être subordonnée à une diligence administrative[4]. De même, les principes d’impartialité et l’indépendance des juridictions sont le corollaire de la séparation des pouvoirs affirmée à l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen[5].

 

En 1789, l’application par l’Assemblée constituante de ce principe de séparation des pouvoirs a résulté d’une lecture radicale et orientée de l’œuvre des auteurs qui ont inspiré la philosophie des Lumières et, en particulier, Locke et Montesquieu. John Locke, dans son Traité du gouvernement civil, s’intéresse principalement aux pouvoirs législatif et exécutif et à leur articulation. Dans L’esprit des lois, Montesquieu distingue, quant à lui, « trois sortes de pouvoirs : la puissance législative, la puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens, et la puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil »[6].Tous deux posent le principe d’une séparation ordonnée des pouvoirs comme fondement de la liberté civile et politique. Montesquieu affirmait notamment que  « lorsque dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n’y a point de liberté […] Il n’y a point encore de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice »[7]. Dans le droit-fil de ces théories, le constituant de 1789, soucieux de mettre fin à la confusion des pouvoirs qui caractérisait l’Ancien régime et de protéger les citoyens contre l’absolutisme et les risques de tyrannie que peut comporter toute forme de souveraineté, s’est attaché à promouvoir une organisation des pouvoirs publics dans laquelle chacun d’entre eux est entièrement séparé de l’autre[8]. C’est une conception rigide de la séparation des pouvoirs qui s’est ainsi exprimée, car la lecture de L’esprit des lois permettait d’y déceler une théorie de la balance et de l’équilibre des pouvoirs bien plus que celle de leur stricte séparation[9]. Pourtant, outre que le pouvoir législatif, en ce qu’il exprime la volonté souveraine du peuple, ne saurait être totalement ramené au même niveau que les deux autres pouvoirs, le constituant révolutionnaire était convaincu de la nécessité d’assurer une séparation étanche entre les différents pouvoirs[10]. Si certaines mesures ont alors été prises pour prévenir les empiètements du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire – je pense en particulier au décret des 15 et 20 octobre 1789 qui interdit les évocations, c’est-à-dire la possibilité pour le Conseil du Roi de dessaisir les juges d’une affaire pour trancher directement un litige[11], et à la création en 1790 d’un tribunal de cassation[12] –, ce sont surtout les empiètements du pouvoir judiciaire sur les autres pouvoirs que redoutaient les révolutionnaires. En effet, l’opposition récurrente des Parlements de l’Ancien régime aux initiatives réformatrices du pouvoir royal demeuraient présentes dans les esprits. La Révolution a, par conséquent, été très soucieuse de prévenir l’immixtion des juges dans la conduite des affaires publiques. Les Parlements s’étaient en particulier arrogé le droit de refuser d’enregistrer les ordonnances royales, notamment lorsqu’il s’agissait de créations d’impôts, et d’adresser des remontrances au Roi [13]. A plusieurs reprises, le Roi avait dû les rappeler à l’ordre. En janvier 1632, Louis XIII avait mis le Parlement de Paris en garde en l’avertissant ainsi : « Je veux que vous sachiez que vous êtes les seuls qui entrepreniez contre l’autorité royale. Vous n’êtes établis que pour juger entre maître Pierre et maître Jean et je vous réduirai aux tenues de votre devoir » [14]. En 1641, l’édit de Saint-Germain-en-Laye a rappelé les limites des pouvoirs des cours de parlements qui « n’ont été établies que pour rendre la justice à nos sujets » et leur a fait interdiction de « prendre connaissance d’aucunes affaires qui peuvent concerner l’Etat, administration et gouvernement d’icelui ». Ces avertissements n’ont cependant pas suffi à mettre fin aux dérives constatées. Le 2 septembre 1715, au lendemain de la mort du roi Louis XIV, le Parlement de Paris a ainsi cassé plusieurs dispositions de son testament afin de reconnaître comme seul régent le duc d’Orléans, contrairement à la volonté exprimée par le défunt. Le Parlement de Paris s’est aussi opposé vivement et, finalement, avec succès[15] aux réformes du chancelier Maupeou qui, à la fin du règne de Louis XV, entendait abolir la vénalité des charges afin, notamment, de soumettre les parlements au pouvoir royal. La Révolution s’est donc attachée à limiter le pouvoir des tribunaux. Ce projet pouvait également se recommander des philosophes des Lumières qui, dans leurs écrits, ont tous rappelé le rang inférieur du pouvoir judiciaire par rapport aux autres puissances. N’est-ce pas Montesquieu lui-même qui disait que la puissance judiciaire doit être limitée à n’être qu’une puissance « invisible et nulle »[16], les juges devant n’être que « la bouche qui prononce les paroles de la loi ; des êtres inanimés »[17] ? Dans ce contexte, la fonction judiciaire n’est envisagée par le constituant de 1789 que comme une fonction d’application mécanique de la loi[18].

 

La loi des 16 et 24 août 1790 contient l’essentiel des mesures prises aux fins de subordonner l’exercice du pouvoir judiciaire aux autres pouvoirs. Elle interdit aux tribunaux de « prendre directement ou indirectement aucune part à l’exercice du pouvoir législatif, ni empêcher ou suspendre l’exécution des décrets du corps législatif, sanctionnés par le Roi, à peine de forfaiture »[19]. Les tribunaux doivent « transcrire purement et simplement » les lois qui leur seront envoyées[20]. Les arrêts de règlement leur sont interdits et les juges se voient même privés du pouvoir d’interpréter la loi avec l’institution de la procédure de référé législatif[21]. S’agissant des relations entre les juridictions et le pouvoir exécutif, l’article 13 de la loi des 16 et 24 août 1790 dispose que : « Les fonctions judiciaires sont distinctes et demeureront toujours séparées des fonctions administratives. Les juges ne pourront, à peine de forfaiture, troubler, de quelque manière que ce soit, les opérations des corps administratifs, ni citer devant eux les administrateurs pour raison de leurs fonctions. » En raison de sa méconnaissance persistante, cette interdiction a été rappelée quelques années plus tard par le décret du 16 fructidor an III selon lequel : « Défenses itératives sont faites aux tribunaux de connaître des actes d’administration de quelque espèce qu’ils soient, aux peines de droit ».

 

2. Ces dispositions ont été interprétées comme excluant la compétence des tribunaux judiciaires pour connaître des litiges nés de l’action de l’administration. Ce n’était peut-être pas leur sens profond ou leur développement inéluctable[22]. L’article 13 de la loi des 16 et 24 août 1790 exprime une stricte conception de la séparation des pouvoirs au sens où l’ensemble des théories politiques l’entendent, c'est-à-dire l’impossibilité pour un pouvoir, fût-il le pouvoir législatif, exécutif ou judiciaire, de se substituer à l’un des autres pouvoirs. En vertu de cet article 13, les juges ne peuvent pas faire acte d’administrateur, ni se substituer à l’administration dans l’exercice de ses prérogatives. En cela, ces dispositions sont bien conformes au principe de séparation des pouvoirs. Mais l’application qui a été faite de cet article et les conséquences qui en ont été tirées ne se déduisaient pas clairement de ce principe[23]. La séparation des pouvoirs impliquait sans nul doute que les juges ne puissent se substituer à l’administration. En revanche, elle ne supposait pas nécessairement que les juges ne puissent, en usant des outils qui sont propres et spécifiques à leurs fonctions, trancher les litiges nés de l’action administrative. C’est pourtant la tournure que prit la séparation des pouvoirs en France sous la Révolution. Dès l’origine, la « conception française de la séparation des pouvoirs »[24] et la défiance à l’égard des juges ont conduit à écarter la compétence des tribunaux judiciaires pour connaître du contentieux administratif[25]. Alors que la séparation des pouvoirs commandait qu’une puissance ne puisse à la fois être exécutive et juridictionnelle, la pensée révolutionnaire a soustrait au contrôle du juge toute l’action de l’administration. C’est de ce paradoxe qu’est née la juridiction administrative : de la rigidité d’un dogme poussé à l’extrême au point de se contredire. Ce cadre fixé, il fallait bien résoudre la question du traitement des litiges nés de l’action de l’administration. L’option consistant à les confier à des tribunaux judiciaires spécialisés a été envisagée[26], mais la spécificité de ce contentieux et la volonté d’éviter de créer à nouveau des juridictions particulières, qui avaient été décriées sous l’Ancien régime, ont conduit à l’écarter[27]. Il ne restait dès lors que deux options : priver les litiges administratifs de tout juge ou confier leur traitement à une autorité qui n’est pas un juge, mais qui ferait office de juge[28]. C’est cette dernière solution qui a été retenue avec la décision de confier à l’administration le soin de se juger elle-même ce qui, au regard des théories philosophiques des Lumières sur la séparation des pouvoirs, apparaît comme un contresens.

 

C’est donc d’un vide, d’une absence de juge, qu’est progressivement née la juridiction administrative. Sous la Révolution, le Gouvernement a instauré un mécanisme de recours hiérarchique, dit du « ministre-juge » : l’administration instruisait et jugeait elle-même les plaintes dirigées contre elle. Les ministres étaient alors « juges de droit commun » pour connaître en premier ressort des litiges s’élevant entre l’administration et les usagers. C’est sous le Consulat qu’a commencé à se produire la rupture qui, par étapes successives, a permis la construction d’une véritable juridiction administrative. L’article 52 de la Constitution de l’an VIII créa en effet un Conseil d’Etat « chargé de rédiger les projets de loi et les règlements d’administration publique et de résoudre les difficultés qui s’élèvent en matière administrative ». Là réside l’acte fondateur de la juridiction administrative. Quelques mois plus tard, la loi du 28 pluviôse an VIII créa les conseils de préfecture, présidés par le préfet, qui étaient chargés de trancher certains litiges en matière administrative : ces conseils départementaux[29], puis interdépartementaux[30] furent transformés, par le décret du 30 septembre 1953[31], en tribunaux administratifs devenus juges de droit commun du contentieux administratif. Initialement, la mission contentieuse du Conseil d’Etat et des conseils de préfecture était limitée. Elle s’est affirmée au long du XIXème siècle. Conformément à la théorie du « ministre-juge », le Conseil d’Etat ne disposait initialement que d’une compétence d’attribution dans les seules matières où les textes avaient prévu la possibilité de former un recours contre la décision du ministre devant le chef de l’Etat. Mais par un décret du 11 juin 1806, l’Empereur Napoléon Ier créa au sein du Conseil d’Etat une commission du contentieux, préfigurant l’actuelle section du contentieux. Une ordonnance du 12 mars 1831 institua la publicité des audiences, ainsi que les commissaires du Roi, devenus ensuite commissaires du gouvernement – et, depuis le décret du 7 janvier 2009[32], rapporteurs publics. A cette époque, la jurisprudence a aussi créé le recours pour excès de pouvoir[33]. En 1849[34], sous la Seconde République, fut institué un concours destiné à recruter sur la base du mérite les plus jeunes membres du Conseil d’Etat, les auditeurs dont le grade avait été créé en 1803. Si, les procédures se « juridictionnalisaient » petit à petit, elles se développaient néanmoins dans le cadre du système dit de la « justice retenue » : la décision préparée par le Conseil d’Etat incombait au final au chef de l’Etat. Celui-ci suivait certes presque toujours les avis du Conseil  : Napoléon Ier disait ainsi : « On me fait signer aveuglément des décisions délibérées dans le Conseil d’Etat sur des matières contentieuses ; je ne suis pour cela qu’une griffe »[35]. Mais le Conseil d’Etat ne tranchait pas à proprement parler les litiges. Ce n’est qu’après la chute du Second Empire que la loi du 24 mai 1872 a consacré l’abandon de ce système et le passage de la « justice retenue » à ce que l’on a nommé « la justice déléguée », rendue par le Conseil d’Etat « au nom du peuple français ». Cette mesure très symbolique a été suivie de l’abandon de la théorie du ministre-juge par l’arrêt Cadot du 13 décembre 1889[36]. Cet arrêt, qui a reconnu au Conseil d’Etat une compétence générale pour connaître du contentieux administratif, même sans intervention préalable d’un ministre, a parachevé l’affirmation du Conseil d’Etat comme juridiction souveraine. Il existe depuis lors, en France, un ordre juridictionnel judiciaire, chargé de régler les différends en matière civile et pénale, et un ordre juridictionnel administratif, juge de la légalité des actes administratifs et de la responsabilité de la puissance publique, qui est chargé d’assurer une « tutelle contentieuse »[37] sur les activités de l’ensemble des autorités administratives. L’existence de la juridiction administrative a été ultérieurement dotée d’une assise constitutionnelle par le Conseil constitutionnel par deux décisions majeures, celle du 22 juillet 1980, qui affirme l’indépendance du juge administratif[38], et celle du 23 janvier 1987[39], qui détermine l’existence d’un noyau dur de compétence au profit du juge administratif. Le dualisme juridictionnel est même désormais implicitement, mais très clairement, inscrit dans notre Constitution, depuis la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 qui a créé l’article 61-1 relatif à la question prioritaire de constitutionnalité[40].

 

B - La justice dans notre pays s’appuie donc sur deux ordres de juridiction qui rendent la justice selon une répartition des compétences clarifiée au besoin par le Tribunal des conflits.

 

1. Le dualisme juridictionnel est construit sur deux blocs complémentaires de compétences exclusives et, pour partie, constitutionnellement protégées. Tel est l’objet, par exemple, de l’article 66 de la Constitution qui prohibe la détention arbitraire et qui, à cette fin, érige l’autorité judiciaire en gardienne de la liberté individuelle. La répartition des compétences entre ordres de juridiction est parfois présentée comme inutilement complexe. Elle est pourtant stable et elle suit en son cœur des lignes directrices simples et claires. S’appuyant sur la loi du 24 mai 1872, le Conseil constitutionnel a consacré l’indépendance de la juridiction administrative[41], au titre des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République, avant d’affirmer son existence constitutionnelle en reconnaissant le cœur de sa compétence : le contentieux de la légalité des actes administratifs. Ainsi, selon sa décision Conseil de la concurrence du 23 janvier 1987, « (…) relève en dernier ressort de la compétence de la juridiction administrative l'annulation ou la réformation des décisions prises, dans l'exercice des prérogatives de puissance publique, par les autorités exerçant le pouvoir exécutif, leurs agents, les collectivités territoriales de la République ou les organismes publics placés sous leur autorité ou leur contrôle (…) »[42]. Cette décision prévoit, dès ses premières lignes, l’hypothèse des « matières réservées par nature à l’autorité judiciaire » au nombre desquelles peuvent être rangés la liberté individuelle[43], la privation de la propriété immobilière, l’état et la capacité des personnes et le fonctionnement des juridictions judiciaires. Hors de ces cas, la compétence du juge administratif est garantie par la Constitution, dès lors que sont identifiés un critère matériel, l’exercice de prérogatives de puissance publique, et un critère organique, l’action d’une personne morale de droit public, agissant directement ou par le truchement d’un organisme placé sous son autorité ou son contrôle.

 

Une fois affirmé ce principe constitutionnel, la détermination de la compétence de la juridiction administrative se fait plus fine, sans être dépourvue de rationalité et de logique. Le Conseil constitutionnel a apporté une première nuance au principe précédemment énoncé en reconnaissant la possibilité pour le législateur de modifier les frontières de cette répartition dans « l’intérêt d’une bonne administration de la justice », lorsque « l’application d’une législation ou d’une réglementation spécifique pourrait engendrer des contestations contentieuses diverses qui se répartiraient, selon les règles habituelles de compétence, entre la juridiction administrative et la juridiction judiciaire »[44]. Cette exigence de bonne administration de la justice, qui est au nombre des objectifs de valeur constitutionnelle reconnus par le Conseil constitutionnel[45], vise notamment à « supprimer ou éviter des divergences de jurisprudence » entre les diverses juridictions susceptibles d’être saisies[46]. L’intérêt souvent avancé est aussi de réduire les délais de jugement autant que l’incertitude qui peut naître de procédures contentieuses multiples. Le législateur n’avait d’ailleurs pas attendu que le Conseil constitutionnel l’autorise à créer des blocs de compétence, puisque dès 1937, puis en 1957, il avait reconnu la compétence du juge judiciaire pour traiter, respectivement, de la responsabilité des enseignants[47] et des litiges résultant d’accidents causés par des véhicules, quels qu’ils soient et quelle que soit la qualité du conducteur et de la victime[48]. Par la loi du 9 janvier 1986, le législateur a aussi attribué au juge administratif la compétence pour connaître des actions tendant à la réparation des dommages causés par les attroupements et rassemblements[49]. Il a ultérieurement fait usage de la possibilité ouverte par la jurisprudence constitutionnelle de 1987 à plusieurs reprises : soit au profit du juge judiciaire, s’agissant, par exemple, des décisions d’homologation de la rupture conventionnelle du contrat de travail[50], des sanctions prononcées par la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (HADOPI) – dès lors que ces décisions punissent des atteintes à la propriété intellectuelle, ce qui risquait de multiplier les questions préjudicielles[51] –, ou des décisions d’hospitalisation d’office[52], dont la légalité externe relevait auparavant de la juridiction administrative, ce qui était générateur de complexité et allongeait de manière injustifiée les délais de jugement ; soit au profit du juge administratif, en ce qui concerne la passation et l’exécution des marchés passés en application du code des marchés publics[53] ou le contentieux des plans de sauvegarde de l’emploi[54].

 

La détermination constitutionnelle et législative des règles de compétence ne fait pas obstacle à ce que d’autres critères, d’origine jurisprudentielle, précisent la répartition des matières entre les deux ordres de juridiction. Au juge administratif, il revient d’appliquer les règles du droit public aux litiges nés de l’action de l’administration, dont la finalité et la légitimité reposent sur la poursuite de l’intérêt général. La notion de service public ou l’exercice de prérogatives de puissance publique[55], qui traduisent la spécificité des objectifs et des moyens de l’administration, déterminent à la fois l’application d’un régime de droit public et la compétence du juge administratif. Mais, dès que l’administration agit dans les mêmes conditions qu’une personne privée et cesse donc de faire valoir la particularité de son action, elle doit se voir appliquer les règles du droit privé par le juge judiciaire[56]. Ainsi, les litiges susceptibles de naître de l’activité d’un service public relèvent de la compétence du juge administratif, si ce service est administratif, mais de la compétence du juge judiciaire, s’il est de nature industrielle ou commerciale[57]. Il en va de même des litiges relatifs aux agents employés dans ces services publics[58]. Relèvent aussi du juge administratif les actes de gestion du domaine public d’une personne publique, mais du juge judiciaire ceux qui concernent son domaine privé[59].

 

2. Cette répartition des compétences entre les ordres de juridiction repose sur l’expertise et les compétences développées par chacun d’eux dans les domaines qui leur sont propres. La spécialisation des ordres juridictionnels évite que le juge ne se trouve « démuni sur un terrain qui n’est pas le sien »[60]. L’évolution des lignes de partage procède ainsi de l’idée selon laquelle chaque domaine du droit, privé ou public, obéit à des règles spécifiques et des logiques différentes. A la puissance publique et aux services publics administratifs, qui assument la finalité d’intérêt général de l’action administrative, correspondent les règles du droit public et la compétence du juge administratif. Mais ce fondement, à la fois principiel et technique, justifie en miroir que le contentieux des atteintes au droit de la propriété intellectuelle et artistique ressortisse traditionnellement à la compétence du juge judiciaire[61], y compris lorsqu’est en cause un contrat public[62]. Les théories jurisprudentielles de la voie de fait[63] et de l’emprise[64] illustrent également les lignes de force du partage des compétences : le juge judiciaire, gardien de la liberté individuelle et de la privation de la propriété, est tout désigné, en cas d’empiètement manifeste et grave sur ces droits, pour faire cesser les effets de ces atteintes et en réparer les conséquences. A l’inverse, le contrôle de la légalité des actes administratifs est une compétence propre du juge administratif. Le contrôle, parmi ces actes, des mesures de police administrative prises pour prévenir les atteintes à l’ordre public ou les infractions et, le cas échéant, limiter les libertés relève également de la compétence du juge administratif. C’était le cas depuis les origines de la juridiction administrative ; c’est a fortiori le cas depuis que le Conseil constitutionnel a reconnu à la juridiction administrative une compétence exclusive pour connaître des décisions prises par l’autorité administrative dans l’exercice de prérogatives de puissance publique[65]. Dans ce cadre constitutionnel, la finalité d’une opération de police, selon qu’elle est préventive ou répressive, détermine le juge compétent. Les missions de la police judiciaire, qui visent à réprimer les infractions commises[66], relèvent naturellement du juge judiciaire. C’est cette clé de répartition, aussi ancienne que la République, qui justifie que le juge administratif soit compétent pour les mesures prises sur le fondement de la loi du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence – perquisitions administratives, assignations à résidence, fermetures de lieux de réunion… – qui n’ont pas vocation à réprimer des infractions déjà commises, mais à prévenir que de nouvelles soient perpétrées sur notre territoire. Ainsi, la loi sur l’état d’urgence n’a procédé à aucun transfert de compétence au profit du juge administratif ; la reconnaissance de la compétence du juge administratif pour connaître, notamment, des mesures d’assignation à résidence s’appuie sur une jurisprudence et des principes constitutionnels constants issus de la distinction entre les mesures « privatives » de liberté visées par l’article 66 de la Constitution et les mesures seulement « restrictives » de liberté[67], comme l’a rappelé le Conseil constitutionnel[68]. Ce sont ces principes[69] qui ont aussi justifié que soit confié au Conseil d’Etat le contentieux né de la loi du 24 juillet 2015 relative au renseignement[70] laquelle institue une procédure d’autorisation par le Premier ministre prise après avis de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement, avant que ne soient déclenchées des procédures de collecte d’informations en vue, notamment, de prévenir des actions terroristes ou portant atteinte à la sécurité nationale.

 

Le dualisme juridictionnel et la répartition des compétences qui en procède s’inscrivent par conséquent dans l’histoire de nos institutions, marquée par la Révolution française et une conception radicale de la séparation des pouvoirs. En dépit des conditions de sa naissance, ce dualisme s’est inscrit dans la durée.

 

II. La longévité du dualisme juridictionnel tient à sa pertinence et son efficacité au service de notre Etat de droit.

 

  1. Les remises en cause de cette dualité ne sont pas nouvelles, mais elles sont largement injustifiées.

La suite ICI 

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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 06:00
Pourquoi lit-on tout et n’importe quoi sur la nutrition Que sait-on de solide concernant le bien-manger ? Pas grand-chose. La science confine parfois au bricolage.

En prolongement de mon ras-le-bol d’hier tombe à pic un article subversif du très sérieux JAMA. Le Journal of the American Medical Association est une revue médicale internationale publiée hebdomadairement en ligne et en version papier par l'Association médicale américaine (AMA). Elle publie des travaux de recherche inédits sous forme d’articles ou de revues ainsi que des éditoriaux couvrant tous les aspects des sciences biomédicales. La revue a été créée en 1883 par le rédacteur en chef et fondateur Nathan Smith Davis (en). Le rédacteur en chef actuel est Howard Bauchner (en) de l'université de Boston qui succéda à Catherine DeAngelis (en) le 1er juillet 2011.

 

Notre Jacques Dupont, dégustateur émérite, pourfendeur des manipulateurs de statistiques, va boire du petit lait en lisant ça :

 

« Le problème, rappelle Ioannidis, est que les études de cohorte permettent d’affirmer tout et son contraire. Pour n’importe quel aliment, on peut trouver des associations statistiquement significatives avec un risque de mortalité, ou à l’inverse, avec une meilleure espérance de vie. »

 

Je vous livre donc la chronique publiée par Bertrand Kiefer sur cette publication

 

Pourquoi lit-on tout et n’importe quoi sur la nutrition ICI 

 

La nutrition est le sujet qui intéresse le plus les populations contemporaines et riches. Mais c’est aussi le domaine le moins sérieusement exploré par la science biomédicale, où s’expriment le plus de biais, où les mensonges côtoient les semi-vérités. Des mouvements, souvent commerciaux, mais frôlant parfois le sectaire, nous promettent bien-être et bonheur.

 

Pourquoi c’est problématique. Il se joue dans la nutrition non seulement une importante part de l’économie, mais aussi de la géopolitique et de l’avenir environnemental. Elle a un impact déterminant sur la santé, influençant la survenue de maladies et la longévité: un sujet sérieux qu’on ne peut laisser aux seules puissances du marketing.

 

Sur cet étrange sujet qui, sous le voile d’une apparente banalité, occupe le cœur de notre époque, le très sérieux JAMA (EN) a publié un article subversif.

 

Qu’est-ce que le bien-manger?

 

Son auteur John Ioannidis, prof de médecine préventive à Stanford, y prend le sujet à bras le corps. Que sait-on de solide concernant le bien-manger ? Pas grand-chose. Le problème, c’est que les associations entre données épidémiologiques et facteurs nutritionnels n’équivalent pas à des causes. Entre les deux existe un fossé. Ce que nous pensons solide est souvent incertain, voire faux. Et cela, encore plus en nutrition qu’ailleurs.

 

La science confine parfois au bricolage.

 

C’est le propos de Ionnidis, déjà remarqué pour ses précédents travaux. Déjà en 2005, il bousculait l’establishment avec un article qui a connu un impact majeur, intitulé: «Why Most Published Research Findings Are False». Il a depuis également montré que les neurosciences sont des bricolages peu fiables ou que la plupart des recherches cliniques sont inutiles.

 

Pourquoi les statistiques sont parfois trompeuses. Le problème, rappelle Ioannidis, est que les études de cohorte permettent d’affirmer tout et son contraire. Pour n’importe quel aliment, on peut trouver des associations statistiquement significatives avec un risque de mortalité, ou à l’inverse, avec une meilleure espérance de vie.

 

Florilège d’études, pourtant publiées dans des revues considérées comme sérieuses:

 

«Manger 12 noisettes par jour prolongerait la vie de 12 ans (soit 1 an par noisette), boire 3 tasses de café par jour permettrait de gagner 12 ans et manger une mandarine par jour allongerait la vie de 5 ans. Au contraire, consommer un œuf par jour réduirait l’espérance de vie de 6 ans, et deux tranches de bacon par jour réduiraient la vie d’une décennie, un effet pire que le tabagisme. »

 

Et la liste ne cesse de s’allonger. Des affirmations statistiquement biaisées, argue le professeur.

 

«Ces résultats reflètent probablement des biais cumulatifs…, avec de nombreux rapports résiduels confondants et sélectifs ». En multipliant les études, « presque toutes les variables nutritionnelles sont associées à presque tous les résultats ».

 

Il faudrait séparer la nutrition des autres facteurs sociaux et culturels influençant la santé. Mais la tâche s’avère impossible. Presque toujours, par ailleurs, les données proviennent de questionnaires de comportement alimentaire. On demande aux gens ce qu’ils ont mangé et en quelle quantité. Mais les expériences montrent qu’ils ne s’en rappellent pas de manière fiable (et qu’ils mentent souvent).

 

Où est l’erreur fondamentale?

 

Elle consiste à considérer les aliments comme s’ils étaient des médicaments, autrement dit des molécules isolées. En réalité, chaque aliment – et il en existe des centaines de milliers différents – se compose d’une immense quantité de molécules, dont, pour la plupart, nous ignorons les actions biologiques et les liens qu’elles entretiennent entre elles

 

Une analogie avec la génétique.

 

Pour Ioannidis, établir des liens entre les aliments et la santé revient à faire des associations entre des séquences d’ADN et des risques de maladies. Après des années d’enthousiasme pour ce genre d’approche, on sait maintenant qu’elle ne fait pas droit à la réalité du fonctionnement génétique.

 

Ioannidis écrit aussi:

 

« De même, les données nutritionnelles établies à l’aide d’une poignée de questions ne permettent pas de reconnaître ou de mesurer avec précision un système dont la complexité égale ou dépasse celle du génome. »

 

Faut-il faut individualiser la nutrition?

La suite ICI 

 

The Challenge of Reforming Nutritional Epidemiologic Research. ICI 

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12 mai 2019 7 12 /05 /mai /2019 07:00
DÉCONVENUES

Des cons venus…

 

En ce dimanche 12 mai, 4e dimanche de Pâques, évangile – selon Saint Jean 10, 27-30, j’aurais pu adopter l’orthographe de nos brillants leaders gilets jaunes, purs produits de l’école à la française adepte de la méthode globale.

 

Si je me suis abstenu, tout en confessant mes mauvaises pensées, ce qui vaut aussi péché comme disait mon curé à propos des rêves érotiques nappant ma couche de cartes de France, c’est que les bonnes âmes de gôche, ceux qui pratiquent l’écriture inclusive, m’auraient envoyé au bûcher des affreux adeptes du mépris de classe.

 

Lorsque je me suis libéré du joug des curés de ma vieille Vendée, je suis tombé dans la mécréance et je ne fais que pécher sans regrets ni recours à la contrition parfaite permettant de les laver pour 3 pater et 2 ave.

 

Je regrette pourtant le mercredi des Cendres, le lavement des pieds du jeudi saint, la disparition des cloches me permettant de faire tourner la crécelle, les rogations, la fête Dieu, ma soutane rouge et mon surplis empesé par les bonnes sœurs…

 

Je plaisante à peine, c’était le bon temps de ma jeunesse sauvageonne à jamais perdue… Je ne sais quand je vais voir, façon de parler, le bout de la route. Alors pour occuper mes jours je lis beaucoup.

 

Comme vous avez pu le constater je fais des razzias de livres dans mes librairies préférées.

 

Mes choix ne doivent rien aux critiques, je pratique la pêche à pied au gré de mes humeurs, de mes envies, de mes coups de cœur pour certains auteurs.

 

Mais, n’étant ni adepte d’une quelconque règle, ni psychorigide, il m’arrive parfois de me fier aux avis que je lis sur la toile.

 

Il en fut ainsi pour un roman encensé tant sur Face de Bouc que sur Twitter.

 

Je notai les références sur un petit papelard en compagnie de deux autres bouquins sur les black blocs.

 

Direction la librairie Gallimard boulevard Raspail.

 

J’attache ma monture et j’entre.

 

Fouille dans mes poches, bien évidemment j’ai oublié le papelard, la vieillesse est un naufrage mon pauvre monsieur.

 

Chez Gallimard on me connaît, face à mon désarroi, mes vagues déclarations, une jeune femme et un jeune homme se mettent en branle pour me dégoter mes 3 bouquins.

 

Très vite ceux sur les black blocs sont trouvés mais pour le dernier c’est galère.

 

Je débite quelques précisions, que je ne vous révélerai pas car je risquerais de me retrouver les pieds dans le ciment, je me plante sur la profession officielle de l’auteur tout en me souvenant de son nom.

 

Enfin, du fin fond de la réserve le jeune homme extirpe le livre en me disant gentiment c’est un polar alors que j’avais affirmé le contraire.

 

Je paye, fais tamponner ma carte de fidélité et je rentre au bercail.

 

Bien sûr, une fois ôté le bandeau faisant référence à un Ellroy du Sud je me plonge dans le polar.

 

Dieu que c'est long, je suis allé au bout, ce fut déconvenue.

 

 « Une expression de déconvenue, de tristesse assombrit son visage charmant. »

Gide, Si le grain, 1924, p. 56

 

Je n’en dirai pas plus.

 

Pourquoi ?

 

Tout bêtement parce que j’ai beaucoup donné cette terre et que j'en ai soupé des clichés...

 

Le polar ne m'est pas tombé des mains loin de là, il se lit avec intérêt, mais même si l'auteur connaît bien sa terre, trop bien, tout y est, ça manque de rythme, les descriptions sont longues comme des jours sans pain, la météo sinistre est omniprésente, tout est sinistre, les femmes à leur place, petite, le héros est à la limite de la caricature du flic loser, la poulaille locale et les pandores loin de l'humour de Pétillon, les fonctionnaires venus de l'ailleurs à chier, surtout ceux aux ordres de celle ou de celui qui gardent les Sceaux, les politiques et les pouvoirs publics évoqués, les voyous sont minables, ce qui cadre bien avec la réalité, ça patauge, ça s'emmêle, un sac de nœuds à la dimension du lieu, bref à trop vouloir coller à la réalité, avec trop de tout, l'auteur, c'est son premier roman, ne se laisse pas aller, se bride, avec ce matériau il pouvait prétendre à entrer par la grande porte des grands polars bien plus pointus que la littérature absconse des sociologues officiels.       

 

Après avoir terminé d'écrire cette chronique j'ai lu une courte critique du livre dans le canard du camarade Dupont du vin primeur de Bordeaux, on y sent une touche de lauriers un peu convenus.  

 

Bon dimanche à vous tous.

 

En ce dimanche 12 mai, 4e dimanche de Pâques, évangile – selon Saint Jean 10, 27-30

 

En ce temps-là, Jésus déclara :

 

« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.

 

Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.

 

Le Père et moi, nous sommes UN. »

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12 mai 2019 7 12 /05 /mai /2019 06:00
J’ai 70 balais, qui que vous soyez, pourriez-vous cesser de me gonfler avec vos hypocrites conseils pour ma bonne santé ?

Les conseilleurs ne sont pas les payeurs prétend la sagesse populaire, en quoi  ma santé, comme celle de mes concitoyens, préoccupe-t-elle la puissance publique au point de nous bombarder de conseils du type :

 

« L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération »

« Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour »

« Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière »

« Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé »

« Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas ».

 

Sur l’autre versant, et du côté du vin c’est récurrent, on s’échine à nous démontrer que c’est bon pour notre santé, puisque maintenant pour le vin on prône la modération, pour la bouffe on s’engage dans le « sans » après avoir joyeusement bourrés les aliments prêts à consommer de saletés.

 

La médicalisation de l’alimentation comme de la boisson est une idiotie qui se vautre dans des slogans, c’est la porte ouverte à l’infantilisation du citoyen.

 

C’est quoi la santé ?

 

L'Organisation Mondiale de la Santé en donne une définition qui n'a pas changé depuis 1946 :

 

La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité.

 

La définition de la santé donnée par le Robert : « bon état physiologique d’un être vivant ; fonctionnement régulier et harmonieux de l’organisme pendant une période appréciable, indépendamment des anomalies ou des traumatismes qui n’affectent pas les fonctions vitales (un aveugle, un manchot peuvent avoir la santé). La santé correspond à une idée de la norme (opposée à la pathologie) ; elle n’est pas seulement l’absence de maladies, de symptômes pathologiques, mais suppose l’absence de menace prévisible et un certain bien-être physique. »

 

La santé publique : « l’ensemble des techniques propres à prévenir les maladies, à préserver la santé, à améliorer la longévité des individus par une action collective. »

 

La santé est donc plus un objectif qu'un état, et ceci pour plusieurs raisons.

 

D'abord parce que l'état physique varie d'un moment (d'un âge) à un autre chez une même personne en fonction de son activité, de son alimentation, des heures de sommeil qu'elle s'offre ou se refuse, de son environnement, etc.

 

Ensuite parce que le corps humain n'est pas statique : il change en permanence. Entre la conception et l'âge adulte, les organes se développent de manière quasi continue (on considère ainsi que le développement du cerveau ne cesse qu'autour de l'âge de 25 ans). Passé l'âge adulte, le corps continue à changer selon qu'on le stimule ou qu'on le laisse s'avachir ; et bien sûr il vieillit sous l'effet conjugué de l'activité physique, de l'environnement, du régime alimentaire, des événements normaux (grossesse(s), allaitement) ou accidentels de la vie.

 

L’équation santé est à multiples inconnues ce qui devrait rendre plus modestes ceux qui disent vouloir nous maintenir en bonne santé.

 

Pour ma part, comment suis-je arrivé à 70 balais en bonne santé ?

 

Je n’en sais fichtre rien sauf que j’ai eu la « chance » d’être bien nourri, d’avoir eu une enfance frugale et heureuse, d’avoir été un petit sauvageon aimé, de m’être bien nourri, d’avoir exercé une activité professionnelle protégée de certains risques, d’avoir fait du vélo chaque jour dans une métropole polluée, fumé un peu des cigarettes roulées et des cigares avant de m’arrêter, fait la fête, dansé, aimé, voyagé, bu du vin ordinaire avant de tomber dans le tonneau du vin nu, avoir peu fréquenté mon médecin et mon pharmacien sauf pour mes migraines (je fus un grand migraineux), côtoyé des gens intéressants, fait un job intéressant, été un pessimiste actif, géré des situations de crise, fait de la médiation, « gouverné » un peu ce foutu pays, d’être passé tout près de la mort lorsque mon syndrome de Kent me fit conduire par le SAMU à l’hôpital Lariboisière, pin-pon dans un Paris nocturne, 3 beaux petits-enfants, une belle vie quoi…

 

 

22 septembre 2006

Vivre tue

 

La vie sociale est un segment de droite avec N pour origine et M pour fin. L'avant et l'après ne la concernent pas. À notre naissance nous entrons dans un univers inconnu sans l'avoir ni voulu, ni souhaité et, sans en maîtriser les conditions spatiales et sociales : « on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas les trottoirs de Manille pour apprendre à marcher..." chante Maxime Leforestier. Au début de notre vie sociale, nous sommes dépendants, ensuite nous sommes à la barre : vie professionnelle et personnelle, puis... parcours-type qui peut-être interrompu, brisé à tout moment par un événement sur lequel nous n'avons pas de prise : la mort. Certes on peut s'assurer sur la vie mais ce n'est pas un passeport pour l'immortalité.

 

Bien sûr il y a des variantes à ce schéma-type mais ce qui me préoccupe ce matin c'est de constater que de nos jours on ne meurt pas que de sa propre mort, on peut être jugé responsable de sa mort parce qu'on  a commis des abus, parce qu'on ne s'est pas conformé aux règles du Code de la Santé Publique. En mourant on est jeté en pâture et on entre dans l'univers impitoyable des statistiques.

 

Alors ce matin j'innove en proposant pour améliorer la sécurité de notre vie sociale d'instaurer un PERMIS A POINTS de SECURITE SANITAIRE.

 

ICI 

 

Bref nous vieillirons tous dans le sanitairement correct, les moins vieux pousseront les fauteuils des plus vieux, nous regarderons ensemble dans nos centres médicalisés des séries américaines pleines de gens bourrés, dopés, en sirotant notre orangeade, tous vêtus du même peignoir floqué d'un grand carré blanc cerné de noir avec, écrit en noir : VIVRE TUE ou VIVRE NUIT GRAVEMENT A NOTRE ENTOURAGE...

 

La santé publique est une chose trop sérieuse pour qu'elle soit confiée aux seuls médecins...

 

 « La Santé c’est un mythe » à la bonne vôtre...

 

Le psychanalyste Jacques-Alain Miller décrypte le paradoxe de l’homme occidental qui, «n'a nourri autant d’angoisses, ni vécu aussi longtemps. »

 

Jacques-Alain Miller, né le 14 février 1944 (75 ans) à Châteauroux, est un psychanalyste français. Il a contribué à la fondation de l'École de la cause freudienne et est éditeur des séminaires de Jacques Lacan, dont il est le gendre. Il est le frère de l’autre, le bouffon, Gérard.

 

Le Point : Pourquoi, dans nos sociétés occidentales, la peur semble-t-elle progresser plus qu'ailleurs ?

 

Jacques-Alain Miller : Parce que ce sont les plus « technicisées ». Le sociologue Ulrich Beck l'a montré, la technique donne naissance à une « société du risque » : quand vous vous déplacez à cheval, tout dépend de votre habileté à vous, et de votre connaissance de la bête en question ; quand vous prenez l'avion, votre sécurité est hors de vous, car votre vie dépend d'un réseau de systèmes complexes, auxquels vous devez vous fier a priori. Mais la société du risque devient une société de la peur dès que la science cesse d'inspirer confiance. C'est le cas aujourd'hui : chacun est intimement persuadé que le grand « sujet supposé savoir » ne sait pas tout, qu'il est troué comme un gruyère, et qu'il avance et produit à l'aveugle.

 

Le Point : Nos sociétés n'acceptent le risque qu'à condition de le quantifier...

 

Jacques-Alain Miller : En effet. Le sujet supposé savoir est maintenant mis au défi de prévoir l'avenir. Demain, vos maladies, on n'en fera plus seulement le diagnostic, on vous les prédira à partir du décryptage de votre génome. D'où l'émergence de nouvelles peurs, inédites, purs produits du calcul statistique.

 

Le Point : Notre santé, et en particulier notre alimentation, nous préoccupe le plus. Comment expliquez-vous cette peur ?

 

Jacques-Alain Miller : C'est ce qui résulte de la « mise en sécurité » comme attitude fondamentale de l'homme contemporain. Chacun est à lui-même son bien le plus précieux. Chacun se rapporte à soi-même comme à un objet, à un avoir, non à un être. L'impasse, c'est que la santé est parfaitement aléatoire. Il n'y a pas de science de la santé, disait Canguilhem, l'épistémologue de la biologie. La santé, c'est un mythe.

 

La hausse inexorable des dépenses de santé dans le monde pourrait bien être un enjeu majeur pour le capitalisme contemporain. Je suis d'avis que, dans un avenir relativement proche, le soutien moral, social et politique dont bénéficie le capitalisme sera sérieusement mis à l'épreuve par l'augmentation constante des coûts de systèmes de santé qui se veulent égalitaires.

 

La hausse des revenus, le vieillissement de la population et les nouvelles technologies ont permis de prolonger la vie et d'en améliorer la qualité. Ce phénomène a entraîné une hausse des dépenses de santé supérieure de 3,5 % à celle de l'ensemble des revenus aux Etats-Unis depuis plusieurs dizaines d'années. Certains économistes de premier plan prévoient que ces dépenses, qui représentent déjà 16 % de l'économie américaine, atteindront 30 % du PIB vers 2030, voire 50 % un peu plus tard. D'autres pays à revenus élevés ou intermédiaires connaissent le même type d'évolution et ne tarderont pas à se retrouver dans la même situation.

 

Le début du XXIe siècle a sonné la fin de toutes les idéologies qui menaçaient le capitalisme. Mais ce qui se passe en matière de santé pourrait bien changer la donne. Dans beaucoup de sociétés, les soins sont perçus comme un droit. Il y a cinquante ans, lorsque les dépenses de santé ne représentaient qu'un faible pourcentage des revenus, la conception égalitaire de la santé était un luxe abordable. Elle entraînait des coûts directs et indirects relativement modestes. A partir du moment où les dépenses de santé représentent un tiers du revenu national, le socialisme de la santé tourne au marxisme : à chacun selon ses besoins. Même le capitalisme autoritaire de la Chine finira par souffrir de ce phénomène. Cela se produira lorsque ses populations rurales, dont l'accès à des médecins et à des hôpitaux est aujourd'hui limité, manifesteront leur mécontentement.

 

On entend souvent dire que les soins aux personnes âgées représenteront une part majeure de l'augmentation des dépenses dans les années à venir. Mais, si l'on examine attentivement les prévisions du Congrès américain par exemple, il apparaît que le vieillissement de nos sociétés n'est pas le problème principal. La vraie question est de savoir si nous sommes prêts à offrir aux personnes l'égalité d'accès à des techniques médicales toujours plus modernes et plus perfectionnées.

 

Les tensions actuelles vont se trouver exacerbées par une tendance qui se profile à l'horizon : l'importance croissante des soins personnalisés. Le temps est en effet révolu où l'allongement de l'espérance de vie résultait de précautions collectives relativement peu onéreuses, telles que la fourniture d'eau potable ou le développement des campagnes de vaccinations. Désormais, beaucoup dépend des nouvelles techniques médicales. Dans nombre de pays riches, la chirurgie cardiaque contribue fortement à allonger la durée de vie. Des techniques sophistiquées de diagnostic comme la tomodensitométrie permettent de dépister de nombreux cancers à un stade suffisamment précoce. Certains chercheurs pensent que, grâce à une meilleure compréhension du génome humain, les médecins pourront un jour prévoir l'apparition des pathologies quinze ou vingt ans en avance et prescrire immédiatement un traitement préventif. Certains experts estiment même que vers la moitié du XXIe siècle nous vivrons facilement jusqu'à 110 ou 115 ans, ce qui laisse présager d'énormes bouleversements dans les comportements sociaux.

 

Outre la réduction de la mortalité, les nouvelles techniques médicales ont des répercussions importantes sur la qualité de vie. Environ 250.000 arthroplasties de la hanche sont effectuées chaque année aux Etats-Unis. Les patients de moins de 60 ans prennent de l'importance dans ce contexte, car les nouvelles prothèses sont compatibles avec un style de vie plus actif.

 

En principe, l'usage des mécanismes du marché pour les soins de santé peut ralentir ou même inverser temporairement l'augmentation des dépenses. Mais l'amélioration de l'efficacité a ses limites. En dernière analyse, on constate que les sociétés qui s'enrichissent dépensent une part toujours plus importante de leurs revenus pour les soins de santé, contrairement à ce qui se produit sur la nourriture par exemple. Les pressions financières stimulent aussi l'innovation, ce qui améliore le bien-être de tous à long terme, mais accentue en même temps les inégalités et les tensions à court terme.

 

Je ne suis pas opposé au capitalisme dans le domaine de la santé publique, mais je pense que ce système sera remis en question, bien plus radicalement que ne l'est aujourd'hui la mondialisation. La plupart des pays n'incitent pas suffisamment les patients et les prestataires à faire eux-mêmes des choix efficaces. Les pressions que subissent actuellement les systèmes de santé risquent d'inverser la tendance qui conduit aujourd'hui à une économie de marché toujours plus libre. Autrement dit, certaines sociétés pourraient bien décider d'être « plutôt rouges que mortes » en choisissant de confier une part de leur économie à un système plus socialiste.

 

KENNETH ROGOFF est professeur à l'université Harvard et ancien économiste en chef du FMI. publié dans les Echos du 3 octobre 2007

 

 

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11 mai 2019 6 11 /05 /mai /2019 06:00
Les gus qui affirment ne pas savoir se faire cuire 1 œuf sont clients de Cocotine L'OEUF AU COEUR DE LA CUISINE en bouteille ou en bidon dans 1 ambiance digne d'1 usine pharmaceutique

Si un jour vous allez au grand salon gastronomique de Lyon : le Sirah et que vous vous aventurez loin des paillettes des grands chefs pour pénétrer dans le musée des horreurs industrielles vous trouverez ça :

 

L’oeuf au plat est un produit naturel, pasteurisé et sans conservateur.

 

En effet, ce produit est sans sel et sans ajout de matière grasse.

 

Pratique, l’oeuf au plat est présenté en coupelle, il ne reste plus qu’à le remettre en température.

 

Ça vient de chez Cocotine du groupe d'Aucy, les œufs sont fournis en grande partie par les groupements de producteurs des coopératives Cecab et Coop de Broons, dans une logique de filière, favorisant ainsi la traçabilité.

 

Plus de 120 produits pour chaque instant de consommation

 

Entrées et plats chauds, entrées froides, salades, sandwichs, desserts… mais aussi des bases culinaires parmi lesquelles les ovoproduits et les bombes à dorure. Cocotine, ce sont également des produits sur-mesure grâce au savoir-faire du service R&D, et des emballages et conditionnements adaptés à chaque client.

 

Précurseurs sur l’offre bio avec une gamme de produits élaborés et ovoproduits issue de l'Agriculture Biologique, Cocotine est également soucieuse du bien-être animal et propose une gamme de produits issus de poules  plein air et de poules au sol.

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Cocotine construit une casserie d'oeufs high-tech

 

Stanislas du Guerny  (Correspondant à Rennes) Par STANISLAS DU GUERNY

Publié le 11/03

 

L'entreprise Cocotine achève un investissement de 17 millions d'euros dans un atelier ultra-sécurisé à l'ambiance digne d'une usine pharmaceutique.

 

Chez Cocotine, 150.000 oeufs sont cassés chaque heure pour séparer blancs et jaunes avant pasteurisation et conditionnement. Une partie d'entre eux sont aussi transformés en omelettes cuites sur place. Pour ces produits frais et par nature très fragiles, le groupe d'Aucy, propriétaire de Cocotine , achève un investissement de 17 millions d'euros dans une usine ultra-sécurisée située à Ploërmel.

 

L'ambiance y sera digne de celle d'une industrie pharmaceutique. Pour accéder au site, le personnel devra être vêtu d'une tenue idoine, décontaminée. Et, pour éviter le moindre risque bactérien, « il est prévu que les collaborateurs dédiés à la production ne puissent pas se croiser », indique Fabien Daniel, le directeur. Pas question pour les visiteurs d'accéder aux lignes de production, visibles uniquement derrière une vitre.

 

La suite ICI 

 

Omelettes gastronomes

Oeufs au plat

Œufs brouillés

Omelettes Maxxx

 

                Oeuf à la coque                               

                Conditionnement  en cellulose pure par 6. Emballage sécable individuel. Produits compostables et biodégradables.

 

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ICI 

 

C’est propre, nickel chrome, bon appétit !

 

Et avec ça buvez-donc un Coca-Cola !

 

Enquête sur la science sous influence des millions de Coca-Cola

 

La multinationale finance professionnels de santé et chercheurs pour faire oublier les risques liés à ses boissons. En France, elle a dépensé 8 millions d’euros depuis 2010.

Par Stéphane Horel

 

Montants faramineux. Experts introuvables. Résultats non publiés. Opérations marketing maquillées en recherches. Un « institut » à but purement lucratif piloté par des célébrités de la médecine française. Voilà un échantillon des étonnantes découvertes de l’enquête menée par Le Monde sur les millions d’euros distribués par Coca-Cola aux professionnels de santé français ces dix dernières années.

 

A l’origine, un geste de transparence inédit pour la marque de soda la plus célèbre du monde, plus connue pour entretenir le secret autour de ses recettes comme de ses activités.

 

Une enquête dévastatrice

 

A la fin de l’été 2015, le New York Times publie un article dévastateur pour la réputation de la multinationale. Le quotidien américain dévoile son implication dans la coordination et le financement d’un « réseau mondial sur la balance énergétique » (« global energy balance network »).

 

Depuis plusieurs années, cette organisation réunit des scientifiques influents qui propagent une « solution » à l’épidémie mondiale d’obésité par le biais d’articles publiés dans les revues médicales, d’interventions à des conférences et par les réseaux sociaux. Faites plus d’exercice sans trop vous préoccuper de réduire vos apports en calories : tel est le discours de ces experts qui, à contre-courant des spécialistes en santé publique, passent sous silence le rôle de l’alimentation pour plutôt mettre en avant le manque d’activité physique.

 

Le message est parfaitement calibré pour détourner l’attention des Sprite, Fanta et autres Minute Maid, propriétés de Coca-Cola, leader mondial du secteur. Or, en parallèle, les données scientifiques s’accumulent et mettent en cause les boissons sucrées dans l’explosion de l’obésité et du diabète de type 2 sur la planète entière. Une canette de 33 centilitres du soda couleur caramel contient l’équivalent de sept morceaux de sucre (35 grammes). A l’instar de la France en 2012, de nombreux pays adoptent d’ailleurs des « taxes soda » pour contrer ces tendances

 

La suite ICI 

La transition vers les œufs alternatifs : la filière se prépare

 

Par ALABONNESOUPE

 

Un macroenvironnement comportemental en mutation, une prise de conscience à facteur exponentiel et une tendance qui ne faiblit pas autour des régimes alternatifs. À mesure que ces ingrédients mijotent à feu doux dans la cocotte minute de la RHD, les approvisionnements des grands acteurs de la distribution ont changé d’ADN. Et force est de constater qu’on ne se contente plus de proposer une alternative, au nom du sacro-saint « choix du consommateur ». Dans la filière de l’œuf, l’alternative a manifestement laissé place au remplacement : l’œuf de poules en cage, tombé dans la désuétude, cède sa place à un œuf alternatif, à l’amont plus éthique, plus respectueux du bien-être animal, en phase avec l’exigence d’une alimentation à découvert.

 

Le convive a tranché : son œuf sera alternatif

 

La filière de l’œuf met les petits plats dans les grands et se prépare activement à une transition qualifiée d’irréversible et d’immuable par la profession. Un joyeux barnum qui prend de l’ampleur, à fortiori lorsque l’on sait que la France caracole en tête des pays producteurs d’œufs en Europe avec 15 milliards d’unités en 2017 (+4,3% par rapport à 2016, une performance qui vient rassurer après une petite croissance de 1% en 2016), pour satisfaire une demande massive de 220 œufs par an et par personne, soit 17 unités de plus que la moyenne européenne. Aujourd’hui, la production est encore dominée par la cage aménagée (63,3%), mais l’état des lieux bouge à vue d’œil. En 2017, les élevages alternatifs ont encore grignoté du terrain. Ils constituent désormais 37% du parc, soit 4 points de plus qu’en 2016 et deux fois plus qu’en 2002. Et le consommateur se montre réceptif, puisque les 8 premiers mois de l’année 2018 ont connu un engouement autour de l’œuf alternatif :

 

+9,9% pour les œufs issus des poules élevées au sol ;

+7,8% pour les œufs de plein air ;

+3,2% pour les œufs bio.

 

2018 est donc l’année du basculement, puisque les achats des ménages en volume ressortent une égalité parfaite entre la part des œufs standards (50%) et des œufs alternatifs (50%). Les péripéties de la transition vers l’œuf alternatif, symbole de la mutation profonde des comportements alimentaires, sont densément documentées dans un livre blanc proposé par Cocotine ICI 

 

ICI

 

 

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10 mai 2019 5 10 /05 /mai /2019 06:00
Le goût silencieux : « Tout est devenu excessivement sucré ou excessivement salé, afin de compenser le manque de plénitude que seule peut offrir la palette complète des saveurs. »

« Le goût japonais s’appauvrit  de jour en jour, les saveurs naturelles s’effacent au profit du synthétique et la variété part aux oubliettes »

 

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Nishida san « la silhouette fine, le yeux pétillants, le port droit  […] C’est un homme gracieux d’une soixantaine d’années, de cette beauté masculine digne et forte qui n’a pas eu besoin d’oublier les fragilités de son enfance pour exister. Responsable de la formation des moines à Eihei-ji et spécialiste du Tenzo Kyôkun (Instruction du cuisinier zen, de Dôgen Zenji, 1236), il reçoit chaque jour des laïques venus de tout le Japon pour entendre cette parole d’un autre âge leur parler de nourriture. »

 

Il porte un kolomo : kimono traditionnel des moines dont la spécificité est d’avoir de très longues manches. »On dit qu’ainsi elles emmènent avec elles les illusions des personnes devant lesquelles les moines passent. »

 

« Son discours est sans détour et son introduction s’enfonce comme une flèche dans l’ambiance quelque peu figée de l’assemblée. Il prend pour exemple les yaki soba (plat populaire de nouilles sautées) sur lesquelles, de tout temps, n’étaient saupoudrés que quelques condiments et qui sont aujourd’hui largement arrosées de mayonnaise ou d’une sauce brune ultra sucrée. Tout est devenu excessivement sucré ou excessivement salé, afin de compenser le manque de plénitude que seule peut offrir la palette complète des saveurs. Cette réduction minimale du goût de nos assiettes expliquerait, selon lui, la perception binaire que l’on porte à notre être : on est bon ou mauvais, triste ou joyeux, riche ou pauvre. Effacées les nuances, enfuies les demi-teintes, nous ne savons plus faire la différence entre la nostalgie et la mélancolie, l’amertume ou le ressentiment. Et même s’il le dit avec le sourire, la vérité de ses phrases sonne comme les sentences : notre perception est la conséquence directe de ce que nous mangeons et si le goût est dénaturé, notre vie devient, s’il est perverti, notre monde l’est aussi. Il semble pour Nishida san qu’il y ait une corrélation directe entre le manque de saveurs (en termes de variété) et l’incapacité à nous juger tel que nous sommes.

 

Pire, cette incapacité à percevoir les finesses de notre être aurait pour conséquence grave un jugement réducteur porté sur les autres : l’autre est gentil ou méchant, moche ou beau, intéressant ou pas, et au final deux camps se constituent, ceux que l’on aime et les autres. Il est vrai que l’on entend souvent des enfants dirent « je n’en veux pas, car je n’aime pas » quand en fait ils veulent dire « je n’en veux pas,  car je ne connais pas ». Pour Nishida san, le danger est là, celui de l’ignorance. Sa conférence se termine par une invitation à méditer : si ne pas connaitre c’est ne pas aimer, alors notre rapport à l’aliment devient le reflet de notre rapport au monde. »

 

« Eihei-ji fut construit en 1241, et si la tradition japonaise invite à changer régulièrement les matériaux, le bâtiment central est encore d’origine. Littéralement implanté dans la montagne, le corps de bâtiment vu du jardin se présente comme un château des songes : beauté, force et sérénité s’en dégagent. Le bois y apporte sa douceur. » ICI 

 

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Le goût silencieux

La pratique zen de la nourriture

VALÉRIE DUVAUCHELLE

CHRISTIAN DUMAIS-LVOWSKI

 

Inspirée de la tradition zen de la Chine et du Japon, la « cuisine de la bienveillance » (shôjin ryôri) permet de renforcer son lien à la nourriture, retrouver son espace intérieur et contribuer à la guérison du monde. Cet ouvrage est une invitation à repenser la façon de nous alimenter, à agir avec bon sens.

 

Réveiller le corps de la Terre en nous, retrouver le lien à la nourriture et ressentir que chaque bouchée a le goût des étoiles, des lacs, de nos ancêtres, se reconnecter à la réalité profonde de l’alimentation pour enfin manger et vivre pleinement est la réponse de la shôjin ryôri à la situation de notre monde en transition.

Claire séduite et conquise par le Vosne-Romanée 2011 de Jean-Yves Bizot « Ma plus belle émotion avec le vin…»

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