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3 mars 2019 7 03 /03 /mars /2019 07:00
Palazzo Stern. Dorsoduro Dorsoduro. Près de San Nicolo dei Mendicoli
Palazzo Stern. Dorsoduro Dorsoduro. Près de San Nicolo dei Mendicoli

Palazzo Stern. Dorsoduro Dorsoduro. Près de San Nicolo dei Mendicoli

Jean-Paul Kauffmann écrit dans son Venise à double tour :

 

« C’est certain, l’histoire de Venise s’inscrit dans cette pierre aux propriétés miraculeuses. Elle est dotée d’un principe spirituel propre. Quand on l’extrait des carrières d’Istrie, elle est presque rouge et blanchit au contact de l’air et du sel en gardant une tonalité indéfinissable d’or blanc. »

 

Mais c’est où l’Istrie vont me dire les ignorantes et les ignorants de la géographie ?

 

Résultat de recherche d'images pour "l'istrie carte"

 

C’est en face de Venise, au-dessous de Trieste, et c’est aujourd’hui en Croatie.

 

Istrie, joyau naturel et paradis de gourmands

 

« Terre rurale et gastronome, l'Istrie a comme un air italien de Toscane. Vieilles pierres, villages médiévaux, plages de galets et excellence culinaire, la péninsule croate offre tout le charme méditerranéen en une région à taille humaine. »

 

 

Philippe DESCAMPS ...in  « Les Cahiers de Science et Vie » n°81 de juin 2004 écrit :

 

« Si dans un premier temps, les Vénitiens ont réutilisé les pierres, colonnes et chapiteaux de la cité romaine Altino, cette carrière de ruines s'est par la suite  épuisée. Le rayonnement commercial de la ville a permis à Venise de  créer d'autres réseaux d'approvisionnement vers l'Orient.

 

On a ainsi eu recours pour l'essentiel à la pierre calcaire d'Istrie, très compacte tout en étant d'un maniement facile et résistant bien à l'action corrosive de la marée.

 

La péninsule d'Istrie, à l'opposé du golfe vénitien, est une possession vénitienne à partir de 1085. Sur toute sa côte, on trouve des carrières de pierre, et particulièrement dans la région de BRIONI, ROVIGNO et ORSERA.

 

Venise a très rapidement organisé l'importation de  ces pierres construisant même des navires de transport spécialement dévolus à cette fonction : les marani qui ont transporté nombre des pierres qui soutiennent encore aujourd'hui les édifices vénitiens.

 

Les pierres de ROVIGNO, d'une qualité supérieure, étaient destinées aux ornements, celles de BRIONI, de moindre qualité, étant réservées à des usages plus ordinaires, tels les seuils.

 

Les Vénitiens l'utiliseront abondamment dans les structures et le revêtement des ponts, canaux, maisons, églises, palais, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Dans la sculpture, la pietra d'Istria sera particulièrement employée durant la période gothique en remplacement de nombreux ouvrages en marbre de style veneto-byzantin. Toutefois, il faut attendre le début du XIVe siècle pour voir un lion ailé, symbole de la puissance vénitienne, sculpté en pietra d'Istria.

 

La découverte d'une vera da pozzo à Chalcis illustre comment la pietra d'Istria travaillée par les tailleurs de pierre vénitiens pouvait être exportée jusqu'au Levant.

 

« C'est une pierre calcaire essentiellement composée de micro-cristaux de calcite, de couleurs variées de rosé à vert pâle, mais elle est surtout blanche, de grande densité avec une faible porosité, une haute résistance à la compression (1 350 kg/cm2, soit un peu supérieur aux 1 250 kg/cm2 du marbre de Carrare par exemple) et une grande vélocité dans la diffusion des sons.

 

C'est une pierre idéale pour les structures porteuses (colonnes, arcades, architraves). Sa composition et sa consistance en font donc une pierre très proche du marbre, et elle était autrefois considérée comme une variété de marbre. Mais elle n'est pas classée dans les vrais « marbres » au sens géologique moderne et plus restreint du terme, car cette roche calcaire ne s'est pas formée par métamorphisme. De plus elle ne renvoie pas la même luminosité lorsqu'elle est polie car les cristaux sont beaucoup plus petits et la pierre est donc moins translucide en profondeur. »

 

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La suite ICI 

 

La Venise fermée de Jean-Paul Kauffmann

Article du 24 février 2019

 

Il est le poète du clair-obscur, l’enquêteur opiniâtre des zones d’ombre qui se faufilent entre liberté et enfermement, le chercheur au long-cours des pistes embrouillées, une sorte de Maigret littéraire et historique qui ne se défait jamais de sa panoplie intellectuelle. Sur Venise, il a tout lu, Casanova, Morand, Sollers, Barrès, Sartre, Lacan, Hugo Pratt, bien d’autres, se met en tête de se faire ouvrir les églises fermées (plus d’une quarantaine) de la Sérénissime, se rappelle de sa jeunesse d’enfant de choeur à Corps-Nuds (Ille-et-Vilaine), sollicite un grand Vicaire, un délégué patriarcal et chanoine du chapitre de Saint-Marc ou encore une surintendante des monuments, rend visite à un viticulteur ou à une restauratrice de tableaux, loue un appartement dans l’île de la Giudecca, devient vénitien à part entière ou presque, multiplie les démarches difficiles, les requêtes impossibles, auprès de ceux qui doivent pouvoir lui ouvrir les portes et qu’il nomme « cerf noir » et « cerf blanc », d’énigmatique façon. 

 

la suite ICI 

 

PS. en commentaire ce GC d'Hercule Poirot, dit Gégé la science, ramène encore sa fraise de veau...

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3 mars 2019 7 03 /03 /mars /2019 06:00
belle brochette de présidents

belle brochette de présidents

« Au Salon de l'agriculture 2019, Emmanuel Macron bat tous les records

 

À la Porte de Versailles à Paris, le président a déambulé pendant près de 14h30 dans les allées du salon. »

 

L'an dernier, le président était resté 12h30 au salon. Il avait alors battu le précédent record détenu par François Hollande, qui y était resté douze heures lors de la campagne présidentielle de 2012. L'année suivante, en 2013, François Hollande avait encore passé dix heures dans les allées du salon de l'agriculture.

 

Le président socialiste avait explosé les records de ses prédécesseurs. En 2012, en campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy y avait par exemple passé quatre heures. Jacques Chirac, qui ne manquait pas une édition du salon, pouvait y passer huit heures.

 

Visiblement ravi d'être là, le président a parcouru lentement les allées, s'arrêtant pour discuter à chaque pas, au point de prendre très vite plusieurs heures de retard sur son programme. L'ambiance de ces échanges improvisés, le plus long bain de foule du chef de l'État depuis la crise des gilets jaunes, est restée très bon enfant, ponctuée de nombreux applaudissements et encouragements, même si ça et là ont fusé quelques sifflets et des « Macron démission »

.

Telle fut l’info majeure de ce samedi d’ouverture du Salon, cette « belle vitrine » proclame-t-on de l’agriculture française.

 

Est-ce la réalité ?

 

J’en doute fortement et mon intention en rentrant de mon périple était de pondre une chronique écornant la belle image façonnée pour séduire les visiteurs urbains ultra-majoritaire dans les allées du salon.

 

Et puis je me suis dit : à quoi bon pousser un nouveau refrain sur ce sujet qui me tient à cœur ?

 

Peine perdue, effort inutile, écrire pour rien, mieux vaut que j’aille faire pousser des tomates sur les toits de Paris.

 

Et puis, dans le flot d’infos, est tombé ce compte-rendu surréaliste en provenance de Vitisphère :

 

Emmanuel Macron fait mouche sur le pavillon des vins

 

Lundi 25 février 2019 par Bertrand Collard

 

Le président de la République a séduit les responsables viticoles qui l'ont reçu ce 23 février. Il a marqué des points, faisant preuve d'écoute et de disponibilité après une journée très chargée.

 

En voilà une bonne chose me dis-je.

 

Et je lis :

 

Il s’en est fallu de peu qu’Emmanuel Macron zappe le pavillon des vins lors de sa visite du salon de l’agriculture à Paris, le 23 février. Vers 19 heures, des membres de son équipe débarquent pour prévenir qu’il ne viendra pas. « Il a trop de retard », expliquent-ils aux responsables professionnels qui patientent depuis 16 heures, l’heure initialement prévue du passage du président de la République.

 

« Coup de sang »

 

« Nous sommes première filière agricole française en valeur, il n’est pas question qu’il ne vienne pas », s’emporte Jérôme Agostini, directeur du Cniv (comité national des interprofessions viticoles) à la surprise de son entourage. Mais son coup de sang porte ses fruits. Quelques échanges radio plus tard, la venue d’Emmanuel Macron est confirmée.

 

Il est 21 heures quand il arrive enfin, regrettant son retard. « Cela nous a permis de suivre les matchs de rugby de la France et de l’Angleterre », plaisante Jérôme Agostini. « Et quels sont les scores ? Personne ne m’a rien dit », répond le président. « La France a gagné, l’Angleterre a perdu ». Mais pas question de commenter les matchs, direction l’intérieur du stand.

 

On est presque dans le vaudeville avec les portes qui claquent, et des présidents qui laissent l’aboyeur de service faire son office. C’est à peine risible…

 

Ce qui l’est moins ce sont les sujets abordés par la fine fleur de la vigne France :  ils sont dignes, en dehors du chiffon rouge glyphosate, d’une rencontre avec le Ministre de l’Agriculture ou même de ses directeurs.

 

Étonnant, non !

 

Pas tellement lorsqu’on connaît les préoccupations boutiquières des grands présidents.

 

Intermède plaisant :

 

En face de lui, le sommelier Etienne Laporte l’invite à une première dégustation : un vacqueyras blanc du domaine la Fourmone. « C’est une trouvaille, raconte-t-il. Vacqueyras est une appellation de rouge. Ce blanc est produit sur un terroir qui donne une grande finesse au vin. »

 

« Quel cépage ? » demande Emmanuel Macron. « C’est de la roussanne, un cépage de la Drôme, mais c’est un pur hasard », répond Etienne Laporte en regardant le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, élu de ce département. Comme tous les ans, le sommelier a choisi des vins en rapport avec ses invités.

 

Insoutenable légèreté !

 

La suite est ICI 

 

Glyphosate

 

Puis vient le buzz de la journée : la phrase d’Emmanuel Macron lors de son discours du matin : « je pense que nous pouvons faire du vignoble français le premier vignoble au monde sans glyphosate ». Dès que Jérôme Despey l’évoque, les commentaires fusent. C’est le brouhaha.

Jérôme Despey peine à poursuivre. Mais il y arrive. « [Un vignoble sans glyphosate]… sauf Côte Rôtie et Condrieu, finit-on par comprendre. Dans les vignes en forte pente et dans les vignes en terrasses, le travail du sol va créer de l’érosion. » Si la presse généraliste n’a rien saisi de cette difficulté, le président de la République l’a bien comprise. Sa conseillère agricole nous explique en aparté : « On va abandonner 85 % des usages du glyphosate. Les 15 % qui restent correspondent à des impasses : ce sont les vignes en pente et l’agriculture de conservation des sols ». L’herbicide sera maintenu dans ces deux cas.

 

Tient donc, en voilà une info.

 

Mais Emmanuel Macron n’écoute plus vraiment. Il est 21 h 30. Son entourage lui a déjà fait remarquer plusieurs fois qu’il est attendu ailleurs.

 

Mais pas question qu’il parte sans avoir dégusté un autre vin. Etienne Laporte a choisi un corton-renardes millésime 2011, un grand cru du domaine Maillard père et fils. Un vin à son image, allons-nous comprendre. « Ce vin est un oxymore : il est à la fois jeune et déjà évolué. Il est fin et élégant, mais on en perçoit assez vite la densité et l’épaisseur ».

 

Voilà je n’irai pas au-delà de ce compte-rendu de compte-rendu même si ma plume me démange, que voulez-vous, je sais qu’il est de bon ton, par ces temps de gilets jaunes, de regretter le « mépris » d’Emmanuel Macron pour les corps intermédiaires, mais dans le cas des OPA (organisations professionnelles agricoles) le Président les a brossé dans le sens du poil et il emboîte leurs pas avec enthousiasme.

 

Ça m’inquiète…    

 

Rajout : 

 

Jérôme Despey, qui préside le conseil spécialisé vins de l’organisme public Franceagrimer, estime que pour 20 à 30 % des 800 000 hectares de vigne que compte la France, il y aura des « impasses ». « Nous avons des zones à forte pente où il est impossible de s’occuper du sol avec des machines, et où on est obligé d’utiliser des herbicides chimiques pour empêcher l’érosion des sols », fait-il valoir.

Il cite notamment les terrasses du Larzac dans le sud de la France : « Si on n’utilise pas le glyphosate dans cette région, la viticulture c’est terminé ».

 

Les Terrasses du Larzac ont souhaité réagir par la voie de leur attachée de presse, Sarah Hargreaves:

« Nous tenons à rassurer immédiatement les nombreux fans de notre appellation : ils ne risquent pas de voir disparaître leurs vins préférés dans les années à venir.
En effet, non seulement l’AOC Terrasses du Larzac n’est pas menacée par une éventuelle interdiction du glyphosate, mais elle est bien au contraire en avance sur ce sujet ! A ce jour, près de 80% des producteurs de l’AOC sont en bio, ce qui en fait une des appellations les plus en pointe en la matière.
Nous nous réjouissons donc par avance d’accueillir prochainement en toute sérénité tous les amateurs qui souhaiteraient découvrir notre terroir, ses paysages magnifiques, et ses vins magiques. »

 

PS. Si vous êtes capables de mettre des noms sur la belle brochette de présidents je vous paye un verre...

Où en est le futur « premier vignoble sans glyphosate » du monde?
Les rangées de vigne bien nettes, sans herbe, c’est (presque) fini. Le vignoble français, qui absorbe dans son sol une grosse part de l’herbicide glyphosate consommé en France, tente de se mettre en ordre de bataille pour devenir « le premier vignoble sans glyphosate » du monde, selon le voeu d’Emmanuel Macron.

Lundi, au salon de l’Agriculture, le comité national des interprofessions des vins AOP (CNIV) a relevé le défi lancé samedi par le président de la République. « Nous pouvons aller très, très vite pour sortir du glyphosate, d’autant plus vite que nous recevons des aides de l’État« , a déclaré Jean-Marie Barillère, président du CNIV lors d’une conférence de presse. « Quand je regarde le vignoble français, je pense que nous pouvons faire le premier vignoble du monde sans glyphosate, dans 80% des cas cette transition va d’ailleurs s’effectuer« , avait déclaré samedi le président de la République dans son discours d’inauguration du Salon de l’Agriculture, à propos de ce puissant désherbant, considéré comme « cancérogène probable » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La question du délai n’est toutefois pas résolue.

« Nous allons sortir du glyphosate, c’est sûr, c’est ce que demande la société, mais à quel terme, on ne sait pas exactement« , tempère Bernard Farges, un Bordelais, qui préside la CNAOC (vins et alcools AOC). « Le président a parlé de 80% du vignoble sans glyphosate d’ici trois ans, mais la sortie du gasoil pour le secteur automobile se fait en 25 ans, et pour celle du charbon, on ne sait pas encore« , relève-t-il. Jérôme Despey, qui préside le conseil spécialisé vins de l’organisme public FranceAgriMer, estime que pour 20 à 30% des 800.000 hectares de vigne que compte la France, il y aura des « impasses« . « Nous avons des zones à forte pente où il est impossible de s’occuper du sol avec des machines, et où on est obligé d’utiliser des herbicides chimiques pour empêcher l’érosion des sols« , fait-il valoir.

« Le commerce des phytosanitaires s’effondre »

La suite ICI 

 

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2 mars 2019 6 02 /03 /mars /2019 06:00
« Le terroir n’est pas 1 grand mystère, vous donnez le meilleur terroir du monde à con il fera 1 vin de con » Yves Hérody

Lorsque l’ami Olivier de Moor m’a posté la vidéo d’Yves Hérody et que j’ai vu apparaître sur mon écran un gus avec une longue barbe grise fine comme de la fibre de lin, je me suis dit dans ma petite Ford d’intérieur « Eulala, encore un moine civil qui va nous prêcher la bonne parole… »

 

Mauvaise pioche, très mauvaise pioche, comme quoi la barbe ne fait pas le moine, en effet Yves Hérody est un « géologue qui a mal tourné puisqu’il s’occupe du sol, donc il est aussi pédologue, spécialiste des sols, sachant selon lui un spécialiste est quelqu’un qui fait croire qu’il sait… »

 

Il est jurassien, ça rassurera Olif…

 

44 minutes 32 passionnantes

 

De quoi défriser les qui savent tout sur tout, « Il faut savoir reconnaître les limites de sa compétence » avoue-t-il

 

Il me fait penser à quelqu’un mais je garde ça pour moi.

 

Comme je suis mauvaise langue j’adore sa saillie sur le mythe bourguignon, cet énorme héritage médiatique…

 

Le raisin n’est pas du vin

 

Le lait n’est pas du fromage « contrairement à ce que pensent beaucoup de gens un comté n’est pas du tout du lait caillé, il y a dedans 500 ans de savoir-faire.

 

Son job :

 

« Je vais tout faire pour qu’à partir du sol j’ai un raisin dont les caractéristiques vont permettre une transformation à l’optimum. Aller au bout de son savoir-faire, ne pas se battre contre un défaut, un raisin contre lequel on ne va pas essayer de se battre parce qu’il y aura des déséquilibres, on ne va pas mettre des additifs, on ne va pas corriger des trucs, on va dire ce raisin je vais lui faire sortir ce qu’il a dans les tripes, je vais essayer de l’amener jusqu’au bout… »

 

Ça vous va ? »

 

Bon visionnage…


 

PETIT GUIDE pour comprendre la Méthode Hérody ICI 

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1 mars 2019 5 01 /03 /mars /2019 06:00
Une manifestante pour la légalisation du cannabis à Buenos Aires ©REUTERS/Marcos Brindicci

Une manifestante pour la légalisation du cannabis à Buenos Aires ©REUTERS/Marcos Brindicci

Jacques Dupont, le preux chevalier du beau vin, en ce temps de salon parisien des culards charolais, limousin… chers au grand Jacques, Chirac, dégaine du lourd face à l’arrogance des prohibitionnistes masqués.

 

C’est du très lourd :

 

  • Dans « L'Archipel français », Jérôme Fourquet souligne la chute de consommation d'alcool au profit du cannabis.

 

  • Vin et santé : fatigué du simplisme

 

TRIBUNE. « Et si chacun cessait de courir seul dans son couloir ? » C'est la question que pose le professeur Jean Saric, chirurgien spécialiste de la transplantation du foie. Par Jean Saric, Chirurgien - CHU de Bordeaux.

 

Je suis rose de plaisir.

 

Les hygiénistes rient jaune vont-ils sortir le drapeau blanc ?

 

J’en doute.

 

Notre Jacques, Dupont le bas-bourguignon, est pédagogue, il explique :

Peut-on établir un parallèle entre la baisse de consommation des alcools et des vins et l'augmentation de celle du cannabis ?

 

 

Dans son ouvrage, L'Archipel français, Jérôme Fourquet s'en garde bien et se contente d'une mise « en regard », « sans prétendre y voir une relation de cause à effet ». Précaution que l'intitulé du chapitre « Du gros rouge au pétard » semble contredire. Semble seulement. Les deux phénomènes sont indéniables – hausse d'un côté et baisse considérable de l'autre –, sans pour autant que l'on puisse établir un lien évident. Si les Français consomment moins de vin, les causes n'ont pas grand-chose à voir avec le pétard. La fin du « vin aliment », du gros rouge autrement dit, est davantage à rapprocher de deux facteurs (au moins)

 

  • D'une part une évolution du travail et de la pénibilité de celui-ci

 

  • les nouvelles habitudes plus raffinées, ouvertes au monde et plus en adéquation avec les moments et les saisons

 

Lire ICI

 

Sur le premier facteur, je ne puis qu’être raccord avec le Jacques, c’est du Jacques votre serviteur, la vaneuse de mon père, les battages, les litres de noah aux gerbiers et au pailler ICI   ; un seul détail le Jacques les sacs de blé étaient tarés à 80 kg…

 

Sur le second, je ne vais pas pinailler, mais même si le litron étoilé made in Bercy est mort et enterré les jajas à 2 balles y’en a des kilomètres dans les tristes allées de la GD.

 

Du côté du Professeur Jean Saric :

 

Les avis discordants se succèdent : alcool dangereux dès le premier verre (revue Lancet 2018 ) et ne pas boire plus de deux verres par jour et moins de douze par semaine (Santé Publique France 2019) ; le vin est un alcool comme les autres (Mme Buzyn, ministre de la Santé) et le vin n'est pas un alcool comme les autres (Mr Guillaume, ministre de l'Agriculture ) ; décès par an : 18 000 en 2013 (Plan Santé 2018-2022) et 49 000 (Le Monde-Anpaa 2019). Chacun dans son couloir, face à face entre bons et méchants, opposant modération protectrice et excès néfastes, dans l'arbitrage difficile entre le vivre ensemble et avec soi-même.

 

Vaste sujet, direz-vous, mais pourquoi ne pas l'aborder avec une pensée « globale », associant médecins, psychiatres, historiens, sociologues, politiques, éducateurs, viticulteurs, économistes, alcooliers, etc. « Ce ne sont que les éditeurs et certains journalistes qui croient que les gens veulent des choses simples. Les gens sont fatigués des choses simples. Ils veulent être mis au défi », disait Umberto Ecco. Retenons les plus de chaque couloir, et créons un corpus partagé plus utile à chacun dans sa diversité, et ciblé ce jour sur le seul risque pour soi.

 

La modération conseillée à tous est inadaptée pour chacun. Tout humain n'échappe pas à des comportements plus ou moins addictifs, avec ou sans substance, nocifs ou pas. À nous de décider, mais est-ce possible pour tous, et selon les situations de chacun ? L'alcool est à la fois plaisir, remède et maladie et le vin un alcool comme les autres, cochant ces trois possibles précédents. L'objectif est d'apprendre à se situer dans ces trois possibles, dans des options variables pour chacun et pour chaque période de vie.

 

La suite ICI 

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28 février 2019 4 28 /02 /février /2019 06:00
Barbara-Kirche in Pljos. @ D.W.

Barbara-Kirche in Pljos. @ D.W.

Les « têtes pensantes » des gilets jaunes ont pour la Russie de Poutine les yeux de l’amour, il faut dire que le média Russia Today  les soutient, les manipules avec une facilité confondante.

 

Les Français, en dehors des coupes du monde de foot ou de hand-ball, dédaignent ce petit pays de 5,640 millions d’habitants, membre de l’UE et de l’Otan.

 

 

Le Danemark est un royaume, une monarchie constitutionnelle, la reine Margrethe II de Danemark règne depuis 1972, . C’est l’un des plus plats pays du monde. L’altitude moyenne dépasse à peine 30 m au-dessus du niveau de la mer. Ce sont les glaciations du quaternaire qui ont donné au territoire danois son caractère particulier.

 

ICI 

 

Et pourtant, nous aurions besoin de lever nos yeux au-dessus de notre nombril pour sortir de notre goût immodéré pour les lamentations.

 

La bonne méthode : lire des auteurs étrangers, tel le danois Leif DAVIDSEN

 

Correspondant pour la radio et la télévision danoise en Espagne, puis à Moscou et dans divers pays de l’Est, il s’est spécialisé dans l’histoire de la chute du communisme. Il est aujourd’hui réalisateur de documentaires et auteur de romans noirs très populaires en Scandinavie. 

 

 

La fille du traître est l’un des polars écrit par Leif Davidsen dans lequel, au-delà d’une intrigue bien ficelée, l’intérêt de ce livre, bien écrit ou bien traduit, tient dans le retour de Poutine à la Sainte Russie ainsi résumée par le colonel Constantin Chertsov du FSB (successeur du K.G.B qui a formé Poutine)

 

  •  Tous les Russes cachent un romantique au fond de leur âme immortelle. C'est ce qui fait que ce pays est si spécial. Pourquoi voudrions-nous du style de vie occidental, décadent et athée ? Du culte des Occidentaux pour les homosexuels et les autres êtres dépravés. Du vide infini de l'Occident. L'Occident essaie de supprimer Dieu, mais sans Dieu nous n'avons plus de guide moral. Grâce à notre président, nous avons trouvé notre voie, celle de la Russie et de la religion orthodoxe. C'est la voie éternelle, qui ne nous a jamais trahis. Si nous la suivons, les sanctions et autres menaces américaines ne peuvent nous toucher. Pas vrai ? »
  •  

En face, les oligarques, les nouveaux riches, tel Oleg Patrushev qui, après que la vodka ait coulé à flot, se met à critiquer le régime :

 

  • L'époque actuelle me fait penser à celle de Nicolas Ier.

 

  • Qu'est-ce qu'il avait de particulier ?

 

  • Je peux te résumer ça en trois mots. Orthodoxie. Autocratie. Nationalisme. Enfin, Russitude.

 

  • En effet, ça y ressemble. Je le reconnais volontiers. –

 

  • C'était un despote. Son règne a duré trente ans. Il a mis sur pied une police secrète puissante et un immense réseau d'espions. Il a proscrit la littérature et la presse critiques et poussé je ne sais combien des plus éminents intellectuels russes à l'exil.

 

  • D'aucuns affirment qu'il régnait d'une main de fer, mais qu'il a aussi fait de la Russie une grande nation, crainte et respectée.

 

  • Peut-être, mais il est mort brisé et affaibli après avoir perdu une énième campagne militaire. Et où ? En Crimée. Avec sa folie des grandeurs, Nicolas Ier a cru qu'il pourrait s'attaquer impunément à l'Empire ottoman, à la France et à la Grande-Bretagne. Aux grandes puissances de l'époque. A l'Occident tout entier. Ça ne te rappelle rien ?

 

  • C'est une conversation dangereuse, Oleg. Très dangereuse.

 

Ça se passe à Ples qui est l’une des plus anciennes villes de Russie qui est devenue très prisée, à la fois des oligarques et des touristes, grâce à ses paysages typiquement russes avec ses étendues au bord de la Volga, les coupoles de ses églises et ses maisons aux façades sculptées.

 

 

En Russie, Ples possède plusieurs surnoms : le fleuron de la Volga, l’émeraude du Nord, Ples d’or, ou encore la « Suisse russe ». Environ 150 000 touristes la visitent chaque année. La première mention de Ples comme ville-forteresse sur la Volga remonte au XIIe siècle.

 

 

« Il y avait ces églises à coupoles et ces maisons sur les flancs des collines. Elles étaient si belles dans la lumière dorée du soleil, et représentaient ce qui l'avait séduit en Russie. Le vieux débarcadère à moitié submergé par la Volga avait disparu, comme les communistes qui l'avaient construit. le port qui l'avait remplacé s'offrait comme le reste de la ville aux touristes de passage, et en particulier à leur argent. Ils ne restaient pas très longtemps, aussi s'agissait-il de les traire tant qu'on le pouvait. Les petits chalets, avec leurs fenêtres à croisillons, étaient peints en bleu, en vert profond et en marron, et l'été, dans les rues, il flottait un parfum floral qui enivrait les abeilles comme les gens. »

 

John Arnborg, l’un des personnages important du livre, un Danois du renseignement, au parcours sinueux, un transfuge, au cours d’un dîner chez le Premier Ministre, Dmitri Medvedev, qui possède une magnifique Datcha à Ples, est inquiet :

 

« Encore une fois, il se mit à regretter les folles années 1990 de cet ivrogne d’Eltsine, qui avait instauré un débat ouvert, libre et fantastique. La Russie était alors drôle et horrible à la fois, mais on avait l’impression qu’elle s’apprêtait à prendre un nouveau départ, qu’elle était un phénix libéré qui allait renaître de ses cendres du totalitarisme et déployer ses ailes. Cela avait été exaltant d’assister à la naissance d’une nation. Une nouvelle Russie où il s’était senti chez lui. Une nouvelle Russie capable de devenir le contre-poids nécessaire des États-Unis. Mais ce n’était plus le cas. L’oiseau s’était révélé être un dragon, et des œufs qu’il avait pondus avaient surgi le glaive et la croix qui, une fois de plus, menaçaient de plonger la Russie dans les ténèbres. Pourquoi la Russie était-elle comme maudite ? Pourquoi la liberté et la démocratie n’étaient-elles que des parenthèses suicidaires face au totalitarisme ? Il ne connaissait pas la réponse. Il ressentait juste un malaise physiquement et mentalement. Il avait peur pour l’avenir. »

 

« La Russie ne reconnaît que la force. C’est le seul langage qu’elle comprenne. »

 

 

La fille du traître

Paru le 2 janvier 2019 

Roman de Leif DAVIDSEN traduit du danois par Frédéric Fourreau

Éditeur : GAÏA 

Un drame passionnant sur la loyauté, les secrets de famille, et les tensions politiques actuelles entre la Russie, l'Ukraine, les pays baltes et l'Occident.

À lire !

 

 

 

La spectaculaire résurgence de l'agriculture russe met la France au défi
MURYEL JACQUE Le 22/02 à 08:02
 
 
 
 
 
 
 
   
 
 

La Russie domine les exportations mondiales de blé. Sa stratégie de conquête bouscule les ventes françaises.

« Nous sommes dans le brouillard alors que nos compétiteurs avancent très vite... Tout particulièrement la Russie ». En présentant la dernière note publiée par Agridées en janvier, Yves Le Morvan, le responsable filières et produits du think tank français, ne cache pas que la situation devient préoccupante. « Y a-t-il une filière exportatrice céréalière en France ? Nous nous sommes posé la question. Il s'agit pourtant du premier des débouchés d'export du pays. » Le laboratoire d'idées du secteur agricole depuis un siècle et demi assure qu'il ne tire pas la sonnette d'alarme. Mais il juge l'importance du sujet « très sous-estimée ».

La France est le premier producteur et le premier vendeur européen de blé à l'international. Elle appartient, tout comme l'Allemagne, au club très fermé des exportateurs mondiaux de blé : huit pays se partagent l'immense majorité des exportations de la céréale reine. Mais, depuis quelques années, sa présence sur les marchés de la planète s'étiole, à l'heure où les ventes des pays de la Mer noire, la Russie et l'Ukraine en tête, ont explosé.

 

 

En cinq ans, la production de la Russie a bondi de 25 %. Et, en 2017, pour la première fois, elle est devenue  le premier exportateur mondial de blé « Il y a vingt ans, c'était un des grands importateurs », rappelle Stéphane Bernhard, le directeur d'Invivo Trading. « Nous sommes sortis du temps où la France, l'Europe, marquaient la réalité des prix mondiaux. A présent, nous suivons les leaders. »

 

La suite ICI 

 

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27 février 2019 3 27 /02 /février /2019 06:00
C’est l’histoire d’1 parigot tête de veau affamé qui samedi dernier à Genève débarqua au Gouzer Oyster bar pour manger des huîtres…

 

Samedi matin dernier je m’embarquais dans ce qui devrait être un Lyria, direction Genève Cornavin. Portillon automatique passé, première surprise la rame est un TGV à étage, il est absolument crade de chez crade. Je montais, l’intérieur est fatigué mais propre, je m’installais. Nous partions à l’heure. Très vite seconde surprise je m’aperçus que l’ancien service à la place pour le déjeuner avait été remplacé par un nouveau concept : La Table vous est proposée en BUSINESS 1ÈRE

 

Fallait raquer!

 

Comme j’arrivais autour de midi je me dis j’irai grignoter dans un caboulot près du lac. Ce que je fis en me posant sur un banc dans le jardin anglais face à la Potinière où brunchaient au soleil la bonne bourgeoisie genevoise. 

 

J’hésitais, ça ne m’inspirais pas…

 

Alors j’errais dans les rues de la cité de Calvin, j’avais faim mais je ne trouvais rien qui me donnait envie de me poser pour déjeuner en paix, comme le chante Stéphane Eicher. La pendule tournait, fallait que je me magne. Allais-je être obligé de me replier chez les bourgeois ?

 

Je rousinais encore un peu, têtu, confiant dans ma bonne étoile. Il était 13 H 30, le vert gazon d’une petite façade sympathique captait mon regard. Je lisais Gouzer Oyster bar.

 

 

Je traversais le boulevard helvétique sur le passage protégé. Des huîtres bretonnes à Genève : pourquoi pas. Je poussai l’huis délicatement, demandais poliment si l’on servait encore. On me répondait que oui.

 

Je m’installai au bar. Consultai la petite carte du déjeuner déclarant que je souhaitais manger des huîtres mais, dans mon état de faiblesse, je commandai le Lobster roll au homard bleu de Bretagne.

 

 

Dans le même mouvement je commandais un verre de Muscadet amphibolite de Jo Landron.

 

 

Lorsque Yohann me présenta le Lobster roll mes neurones se reconnectèrent et je me souvins que j’étais rentré pour manger des huîtres. Gentiment Yohann proposait de me satisfaire. Je répondis que non face au Lobster roll qui me semblait fort goûteux. J’ajoutai je goûterai en plus 3 huîtres.

 

 

Rien que pour faire bisquer le hallebardier se B&D je signale que Lobster roll c’est le must-eat des New-Yorkaises : des petits pains garnis de homard, céleri, câpres et mayonnaise maison. Un pur délice.

 

Celui de l’Oyster bar m’a ravi. Le petit pain est d’une légèreté et d’un croustillant exceptionnel et le homard bleu d’une grande finesse.

 

Je le consommai par petites bouchées sans en faire profiter mon pantalon, ne riez pas manger au bar est tout un art.

 

Le Landron avait la droiture adéquate.

 

Yohann avait préparé les 3 huîtres :

  • La pousse de Claire de Charente Maritime « charnue, douce et très longue en bouche » la Rolls des Charente

 

  • La belon de la baie de Quiberon « fin et très longue en bouche, goût de noisette » la reine de Bretagne

 

  • Kerivor de la baie de Plouharnel « puissante et iodée » Une belle claque bretonne.

 

 

Je les dégustais dans cet ordre, nature, sans citron, consommant après chacune un peu de pain de seigle beurré.

 

L’extase !

 

Le Landron vif était un excellent compagnon.

 

Venait le temps du dessert : une tartelette au citron faite maison.

 

 

Je ne suis pas très citron au dessert mais là encore cette tartelette d’une belle finesse, ni trop acide, ni trop sucrée me ravissait.

 

Bonne pioche, comme quoi il ne faut jamais désespérer, accueil impeccable, produits à la hauteur, carte des vins raccord et cerise sur le gâteau un joli geste de la part de Yohann.

 

Dans ces cas-là on dit MERCI et on écrit une chronique.

 

J’ai payé 38 CHF

 

 

GOUZER OYSTER BAR

35 Boulevard Helvétique

 022 736 40 61

 

ICI

désolé pour la qualité de la photo

 

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26 février 2019 2 26 /02 /février /2019 06:00
Garches, Juillet 1936. André Malraux lors d'un meeting de solidarité

Garches, Juillet 1936. André Malraux lors d'un meeting de solidarité

Le 31 octobre 1937, le gouvernement du docteur Juan Negrin a quitté Valence pour Barcelone Il veut raffermir les liaisons entre les trois grandes cités qu'il contrôle encore: Barcelone, Madrid et Valence.

 

 

« Dans cette ville étrange, on peut tout obtenir avec de l’argent, pendant que d’autres sont dans la misère et que des enfants mendient devant les restaurants et les hôtels les plus chers. Magnus adore la cuisine espagnole et découvre constamment de nouveaux plats. Il change de l’argent et invite Joe Mercer à déjeuner de l’autre côté du fleuve, à proximité du port, où il a déniché un petit restaurant tenu par un homme, sa femme et leur fille unijambiste. Le patron s’appelle Juan Carlos, a un fils pêcheur qui lui procure du poisson, un neveu agriculteur qui lui procure des légumes et du riz et un oncle, employé dans l’administration de la ville, qui s’arrange pour que son neveu ne soit pas inquiété.

 

Il n’y a qu’une dizaine de tables sans nappe, les couverts sont en fer-blanc et les plats sont cuisinés dans de grandes poêles noires, sur un gril ouvert chauffé au bois, mais ce qu’on y mange est divin. On leur sert d’abord une copieuse salade, puis un plat énorme que les gens du cru appellent paella. Le riz jauni par le safran est garni de coquillages et de poisson. Magnus estime que de toute sa vie, il n’a jamais rien mangé d’aussi bon ? Il est heureux comme un gamin d’avoir trouvé ce restaurant et de voir Mercer partager le même plaisir à déguster ce repas. On leur sert aussi du pain frais, si difficile à trouver, mais la patronne le fait elle-même. Ils arrosent le tout d’un vin blanc doré au goût fruité.

 

[…]

 

« C’est fantastique, dit Joe Mercer, on peut aller  déjeuner dans les restaurants les plus chics  de Chicago ou de Paris, se faire servir par des maîtres d’hôtels snobs sur des nappes damassées empesées, disposer d’un bataillon de couverts en argent, mais quand on a vraiment faim, personne n’est capable de cuisiner un repas meilleur que celui-ci, si simple en réalité.

 

  • On se croirait loin de la guerre.

 

  • Elle n’est jamais loin,  dans ce pays.

 

  • Pourquoi es-tu revenu ?

 

  • C’est mon job.

 

  • C’est facile à dire.

 

  • La guerre est comme la cocaïne, ou les femmes, ou l’alcool, quand on en a goûté, on devient dépendant.

 

  • Tu es donc un drogué de la guerre.

 

  • Tu le deviendras toi aussi. À la guerre, on se sent formidablement en vie.

 

  • Tant qu’on reste en vie.

 

Magnus Meyer est danois, Joe Mercer est étasunien, ils sont officiellement journalistes en zone républicaine.

 

 

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25 février 2019 1 25 /02 /février /2019 06:00
Marqueur fort de l’intimité et de l’identité de chacun, ce que nous mangeons nous définit en très grande partie tant sur le plan de notre propre santé que sur celui de notre rapport aux autres

Pour un natif d’une Vendée alors profondément ancrée dans la religion catholique, apostolique et romaine, mon alimentation durant toute ma prime jeunesse n’a été marquée que par un seul interdit : celui de manger de la viande le vendredi. Je dois avouer que j’aimais bien le vendredi car la mémé Marie nous faisait manger des galettes de blé noir cuites dans du beurre salé, j’en mangeais 5 ou 6, la dernière tartinée de raisiné. Ce n’était donc jamais poisson le vendredi, nous en mangions souvent le dimanche.

 

Mon jeune âge me dispensait du jeûne du Carème qui d’ailleurs au Bourg-Pailler n’était guère respecté. Le seul jeûne que j’ai connu, de courte durée, fut celui qui devait précéder de 3 heures la communion (Autrefois, l’Église demandait d’être à jeun depuis minuit. Puis, cette exigence a été ramenée à 3 heures précédant la communion. Mais ces dernières décennies ont vu surgir une grande confusion, suite aux nombreux changements (et souvent abus…) survenus dans le sillage du renouveau liturgique; certains décidant que 15 minutes suffisaient, d’autres clamant que l’obligation du jeûne eucharistique n’existait plus.)

 

Le pain était sacré puisqu’on y traçait le signe de la croix avant de l’entamer, le curé distribuait chaque dimanche à la grand-messe du pain béni, offert par une famille. Le curé se sifflait dans son ciboire du vin devenu sang du Christ alors qu’il était blanc. Bref, la dimension religieuse n’a donc guère impactée mes habitudes alimentaires qui n’ont été modelées que par mon appartenance à une famille paysanne où l’on mangeait de tout sauf de ce l’on ne connaissait pas.

 

Ce n’est pas pour autant qu’il faille se désintéresser de ces influences. Je propose à votre lecture ce texte savant qui, même s’il s’en tient à des généralités, pose de bonnes questions et mériterait d’être un peu plus étayé.

 

Le goût des autres par Sébastien Abis

 

Étonnamment, les dimensions culturelles et religieuses semblent mésestimées dans les analyses portant sur l’évolution de la sécurité alimentaire et les dynamiques de consommation dans le monde. Curieusement, de nouvelles pratiques se développent autour de l’alimentation sans être considérées comme de potentielles « croyances ».

 

Deux remarques pour signifier à quel point nos systèmes de valeurs – aussi divers soient-ils – affectent nos comportements alimentaires et, n’étant pas véritablement mesurables, se retrouvent le plus souvent mis à l’écart de nos réflexions sur l’état de l’alimentation dans le monde. Il est fort probable que cette lacune tient à notre difficulté à appréhender des dynamiques sociales éminemment hétérogènes, selon les croyances des individus et les choix alimentaires qu’ils opèrent tout au long de leur existence. Il est aussi possible que notre sacro-sainte laïcité à la française nous amène à écarter ces grilles de lecture essentielles.

 

Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce en quoi tu crois

 

Nos pratiques et nos choix alimentaires répondent en partie à des considérations culturelles ou cultuelles. Ils dépendent à la fois du territoire où nous nous vivons et de notre trajectoire, au fil de rencontres et de découvertes ; ces valeurs et ces croyances transforment inévitablement notre alimentation. Non seulement la religiosité au sein des sociétés reste prégnante mais, simultanément, de nouvelles croyances émergent, chez des individus devenus « consomm’acteurs ».

 

Marqueur fort de l’intimité et de l’identité de chacun, ce que nous mangeons nous définit en très grande partie tant sur le plan de notre propre santé que sur celui de notre rapport aux autres. À travers la nourriture d’un individu et ses pratiques alimentaires, on peut même appréhender une dimension de ce qu’il est, y compris sur le plan religieux. Les interdits ou les tabous alimentaires peuvent renseigner sur les croyances religieuses d’une personne. Le rapport est donc très étroit entre le système alimentaire et l’univers, religieux ou non, de chacun. Impossible de mener une enquête sociologique sérieuse sur les modes de consommation sans intégrer ces variables ! Impossible aussi de scruter la situation alimentaire d’un pays ou d’un territoire sans tenir compte de ses réalités culturelles et religieuses, autrement dit de sa civilisation. Et rien ne laisse penser que ces fondamentaux disparaîtront demain, eu égard aux géopolitiques des religions qui continuent d’animer chaque continent. Il s’avère donc indispensable d’associer ces paramètres pour tenter de cartographier les trajectoires alimentaires de la planète.

 

Sacrée nourriture !

 

La suite ICI 

 

Sébastien Abis Directeur du Club Demeter, chercheur associé à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS)

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24 février 2019 7 24 /02 /février /2019 07:00
Casanova soulève les draps pour contempler sa maîtresse. Eau-forte de Sylvain Sauvage (1888-1948) pour les Mémoires de Giacomo Casanova (détail)

Casanova soulève les draps pour contempler sa maîtresse. Eau-forte de Sylvain Sauvage (1888-1948) pour les Mémoires de Giacomo Casanova (détail)

Comment ai-je pu, dans ma chronique sur la Venise à double tour de JPK oublier Casanova !

 

Ce matin je répare ce fâcheux oubli en me référant à « Casanova, la passion de la liberté » une exposition  à la Grande Galerie BNF, site François Mitterrand (Paris XIIIe) février 2011 :

 

Notre époque devrait éviter de se comparer à d’autres car l’exercice se révèle très souvent à son désavantage. Ainsi, certains voient en Dominique Strauss-Kahn le Casanova de 2011. Allons bon ! S’ils visitaient la belle exposition que la Bibliothèque nationale de France consacre au grand écrivain du XVIIIe siècle, les exégètes des « transports collectifs » de l’ancien patron du FMI ne se seraient pas lancés dans un parallèle aussi hasardeux. Entre l’ex-leader socialiste et le Vénitien de génie, il y a autant de rapports qu’entre les Grecs et la rigueur budgétaire, le Kop de Boulogne et l’esprit de Coubertin, Eva Joly et la tendresse.

 

Casanova, Histoire de ma vie

 

Si la vie de Giacomo Casanova fut un galop d’enfer, elle était assise sur une pensée profonde et magnifiée par un style éblouissant. Joueur, jouisseur, philosophe, espion, franc-maçon, cet « artiste de la vie », comme le surnomme Philippe Sollers, a fait de son existence son grand œuvre. Alors que le XXIe siècle, à la fois puritain et pornographe, en a fait un Rocco Siffredi en perruque. Sous le regard de Pietro Longhi et d’autres peintres de l’époque, la BNF donne à voir le fameux manuscrit d’Histoire de ma vie, le texte mythique que Casanova a écrit en français au soir de sa vie.

 

L’institution présidée par Bruno Racine l’a acquis en 2010 grâce à un mécène - anonyme -, qui a versé la bagatelle de 7,5 millions d’euros. Casanova, quelle aventure ! On ne parle pas ici du restaurant - boîte de nuit parisienne fréquentée par DSK et ses « amis lillois ». Mais de cette chevauchée fantastique qui a conduit le chevalier à travers toute l’Europe. Son carnet d’adresses avait une sacrée tenue. Bernis, c’est tout de même autre chose que « Dodo la Saumure ». Et la Pompadour n’est pas « Béa » la Lilloise. Enfin, si le nom Murano apparaît dans les souvenirs de Casanova, il ne désigne pas l’hôtel parisien qualifié par L’Express d’ « épicentre des plaisirs parisiens de DSK  », mais la petite île au nord de Venise où le libertin allait tourmenter la religieuse M.M. Il se tenait bien, paraît-il.

 

Sébastien Le Fol

 

Les nonnes de Murano

 

La plus célèbre aventure de Casanova n’a pas eu lieu à Venise, mais sur l’île de Murano. Qui était la nonne MM que Casanova allait y retrouver et dont il déclarait « C’est une vestale, je vais goûter d’un fruit défendu, je vais empiéter sur les droits d’un époux tout-puissant, m’emparant dans son divin sérail de la plus belle de toutes ses sultanes ! » ?

 

Passées les boutiques de souffleurs de verre et les vitrines de bibelots, le quartier Venier est situé à l’extrême nord de l’île. Entourée de champs, d’une usine et de modestes maisonnettes, la zone était autrefois couverte par le couvent Santa Maria degli angeli, aujourd’hui disparu. Face au canal, on trouve encore son église : un imposant bâtiment de brique, témoin d’une ancienne splendeur, lorsque le couvent accueillait les filles des plus nobles familles vénitiennes.

 

Les religieuses vénitiennes

 

« Les religieuses vénitiennes, à l’époque, sont un vivier célèbre de galanterie. Un grand nombre de filles, pas religieuses du tout, sont là « en attente », Surveillées, elles peuvent sortir la nuit en douce, si elles ont de l’argent et des relations. Le masque est nécessaire. Il faut rentrer très tôt le matin, avec des complicités. Les gondoliers savent cela, les Inquisiteurs d’État aussi. Il s’agit de moduler les écarts, pas de scandales, pas de vagues. Quand le nonce du pape arrive à Venise, par exemple, trois couvents sont en compétition pour lui fournir une maîtresse. Il y a du renseignement dans l’air, cela crée de l’émulation. On prend une religieuse comme on prend une courtisane de haut vol, une geisha de luxe. Les diplomates sont intéressés, et c’est le cas de l’amant de M. M., puisqu’il s’agit de l’ambassadeur de France, l’abbé de Bernis. »

Ph. Sollers Casanova l’admirable, Folio p. 123

 

Avant d’accéder à l’église, on passe sous un portique où trône un bas-relief : c’est un ange qui annonce la bonne nouvelle à la vierge Marie. On imagine la tête de Casanova, lorsque, levant les yeux au ciel, il s’arrêtait sur l’image pieuse.

 

L’homme est alors âgé de 28 ans et il fait du couvent son lieu d’élection, tombant successivement amoureux de la sœur CC puis de la soeur MM. Casanova fait ses visites depuis Venise, en gondole. Il vient d’abord le dimanche, pour la messe, puis pour échanger quelques mots au parloir. Aujourd’hui l’église est à l’abandon, ses vitres sont brisées, et de vieux objets s’entassent dans la nef. On ne la visite plus. Il faut aussi imaginer la petite porte du jardin par laquelle Casanova attend les sœurs, de nuit. Les nonnes, riches filles d’aristocrates, y passent sans trop de difficultés, en corrompant leurs surveillantes. MM, « rare beauté » de 23 ans, n’est autre que Marina Morosini, héritière d’une famille de Doges.

 

Non loin de l’ancien jardin, sur la rive nord de Murano, une gondole conduisait Marina et Giacomo dans un casino (garçonnière) de la fondamenta Santi, le grand canal de l’île. D’après les Mémoires, ce lieu de débauche, dont on ignore l’emplacement exact, est des plus raffinés. MM y affiche grand style - bijoux, parfums - et fait servir à Casanova mets exquis et vins de luxe. Dans la chambre, un oeuilleton permet au propriétaire du casino [2] d’observer leurs ébats : il s’agit de Monsieur de Bernis, ambassadeur de France, futur ministre de Louis XV, et lui aussi amant de MM. Après quelques rendez-vous, cette dernière convie d’ailleurs CC, la première nonne conquise par Casanova : « enivrés tous les trois par la volupté, et transportés par de continuelles fureurs, nous fîmes dégât de tout ce que la nature nous avait donné de visible et de palpable ».

Crédit : David Bornstein, Libération, « Venise dans les pas de Casanova », 28 sept. 2009.

 

C. C. (Philippe Sollers Casanova l’admirable, extrait)

 

Elle a quatorze ans, nous savons aujourd’hui qu’elle s’appelait Cattarina Capretta. Elle passe en voiture sur une route près de Casa, la voiture verse, il se précipite, la relève dans sa culbute, et aperçoit un instant sous ses jupes « toutes ses merveilles secrètes » (phrase, on s’en souvient, censurée par le professeur Laforgue).

 

C’est la fameuse C. C. qui va, avec la non moins fameuse M. M. (Marina Maria Morosini), être une des vedettes de ce grand opéra qu’est l’Histoire. [...]

 

C. C. a un frère très douteux, P.C., qui voit tout de suite le parti qu’il peut tirer d’un amateur de merveilles secrètes (Giacomo a vingt-huit ans, il est en âge de se marier). Il veut donc vendre sa sœur à ce prétendant. Assez niaisement, il essaie de la pousser, par l’exemple, à la débauche. Casa, pris pour un débutant, est furieux et réagit en défenseur de l’innocence. Son amour commençant pour C. C. devient alors « invincible »

 

Il emmène sa charmante petite amie dans le jardin d’une île à l’est de la Giudecca. Ils courent ensemble dans l’herbe, ils font une compétition de vitesse avec gages de petites caresses, rien de grave, c’est une enfant :

 

« Plus je la découvrais innocente, moins je pouvais me déterminer à m’emparer d’elle. »

 

Se marier ? Après tout, pourquoi pas ? Mais marions-nous alors devant Dieu, ce voyeur insatiable. Ce sera le piment de la scène. Ils reviennent donc dans une auberge de l’île, nous sommes le lundi de la Pentecôte. Au lit :

 

« Extasié par une admiration qui m’excédait, je dévorais par des baisers de feu tout ce que je voyais, courant d’un endroit à l’autre et ne pouvant m’arrêter nulle part, possédé comme j’étais par la cupidité d’être partout, me plaignant que ma bouche devait aller moins rapidement que mes yeux. »

 

Giacomo, ici, nous jette dix clichés à la figure, mais des clichés très étudiés puisqu’ils doivent le décrire comme un animal vorace et un prédateur (et on voit à quel point la thèse classique d’un Casanova simple « jouet » du désir féminin est fausse, quoique très intéressée à se maintenir).

 

Soyons sérieux : il s’agit de dépucelage, question qui choque beaucoup les mères (même féministes) et rend les hommes hésitants, voire convulsivement jaloux :

 

« C. C. devint ma femme en héroïne, comme toute fille amoureuse doit le devenir, car le plaisir et l’accomplissement du désir rendent délicieuse jusqu’à la douleur. J’ai passé deux heures entières sans me séparer d’elle. Ses continuelles pâmoisons me rendaient immortel. »

 

Nous avons bien lu : pas de « petite mort », mais bel et bien une sensation d’immortalité. Décidément, Dieu est de la partie. Un dieu grec, sans doute, ce ne serait pas étonnant. Au même moment, à Venise, a lieu la cérémonie solennelle où le doge, sur le Bucentaure, s’en va au large épouser la mer (exercice périlleux, il ne faut pas que le temps se gâte).

 

Cependant, plus tard : « Étant restés comme morts, nous nous endormîmes. »

 

Et le lendemain...

 

M. M. (par Philippe Sollers Casanova l’admirable, extrait)

 

À lui d’être dragué, maintenant, et carrément.

 

À la sortie de la messe du couvent, par lettre, une religieuse lui propose un rendez-vous. Soit il vient la voir au parloir, soit dans un « casino » de Murano. Elle peut aussi se rendre le soir à Venise.

 

M.M., encore anonymement, vient d’entrer en scène. Bien entendu, c’est « la plus jolie des religieuses », celle qui apprend le français à C. C. Celle-ci a-t-elle été indiscrète ? Giacomo ne veut pas le croire, et c’est son aveuglement possible qui va faire, à partir de là, l’intérêt du récit.

 

Il répond à la lettre, il choisit le parloir par peur de « l’attrape » : « Je suis vénitien, et libre dans toute la signification de ce mot. »

 

Casa a été élu sur sa seule apparence physique (du moins si C. C. n’a pas parlé : ce qui nous apparaît, à nous lecteurs, fort douteux). On ne l’étonne pas facilement, mais quand même : « J’étais très surpris de la grande liberté de ces saintes vierges qui pouvaient violer si facilement leur clôture. » Si elles peuvent mentir à ce point, on ne voit pas pourquoi elles ne lui mentiraient pas à lui, selon la loi inébranlable de la guerre des sexes. On imagine très bien M. M. confessant la petite C. C., surtout après l’épisode des linges sanglants. Tout cela sur fond d’apprentissage de la langue française. La suite du roman conforte cette hypothèse.

 

M. M. se montre au parloir. Elle est belle, plutôt grande, « blanche pliant au pâle », « l’air noble, décidé, en même temps réservé et timide », « physionomie douce et riante », etc. On ne voit pas ses cheveux pour l’instant (ils sont châtains). Elle a de grands yeux bleus (C. C., elle, est blonde aux yeux noirs).

 

Ses mains, surtout, sont frappantes, et ses avant-bras, « où on ne voyait pas de veines et, au lieu des muscles, que des fossettes ».

 

Elle a vingt-deux ans. Elle est potelée.

 

Il revient, elle ne vient pas. Il est humilié, ferré. Il décide de renoncer :

 

« La figure de M. M. m’avait laissé une impression qui ne pouvait être effacée que par le plus grand et le plus puissant des êtres abstraits. Par le temps. »

 

Allons, allons, la correspondance clandestine reprend, tout s’arrange. Ici apparaît, dans le discours, le personnage dont nous connaîtrons bientôt l’identité : l’amant de M. M. Elle a donc déjà un amant ?

 

« Oui, riche. Il sera charmé de me voir tendre et heureuse avec un amant comme vous. C’est dans son caractère. »

 

Loin d’être découragé, Giacomo s’enflamme de plus belle : « Il me semblait n’avoir jamais été plus heureux en amour . » Pauvre petite C. C. ! Avoir un « mari » si volage ! Mais attendons, elle va revenir quand l’opéra en cours le voudra.

 

Casa raisonne froidement : l’être humain, en tant qu’il est animal, a trois passions essentielles, qui sont la nourriture, l’appétence au coït assurant, avec prime de plaisir, la reproduction de l’espèce, et la haine poussant à détruire l’ennemi. L’animal est profondément conservateur :

 

Une fois doué de raison, il peut se permettre des variations. Il devient friand, voluptueux, et plus déterminé à la cruauté :

 

« Nous souffrons la faim pour mieux savourer les ragoûts, nous différons la jouissance de l’amour pour la rendre plus vive, et nous suspendons une vengeance pour la rendre plus meurtrière. »

 

Notre aventurier est en train de parfaire son éducation.

 

Les religieuses vénitiennes, à l’époque sont un vivier célèbre de la galanterie [voir encart ci-dessus] [...]. Les diplomates sont intéressés, et c’est le cas de l’amant de M. M., puisqu’il s’agit de l’ambassadeur de France, l’abbé de Bernis.

 

Bernis est un libertin lettré (il apparaît dans la Juliette de Sade) [...]

 

Voltaire (Mémoires) :

 

« C’était alors le privilège de la poésie de gouverner des États. Il y avait un autre poète à Paris, homme de condition, fort pauvre mais très aimable, en un mot l’abbé de Bernis, depuis cardinal. Il avait débuté par faire des vers contre moi, et était ensuite devenu mon ami, ce qui ne lui servait à rien, mais il était devenu celui de Mme de Pompadour, et cela lui fut plus utile. »

 

Tel est l’amant de M. M., qui ne sera pas fâché si elle prend Casanova pour amant. Bernis va être bientôt célèbre dans toute l’Europe par le traité qu’il va signer avec l’Autriche, lequel vise directement Frédéric de Prusse. C’est une forme de vengeance, puisque Frédéric, comme le rappelle méchamment Voltaire, avait écrit ce vers :

 

« Évitez de Bernis la stérile abondance. »

 

Mme de Pompadour, on le sait, interviendra directement dans la signature du traité. Son ombre est donc là, quelque part « là-haut », à Venise. On comprend que Casanova soit échauffé par un tel plafond. 

 

M. invite donc Casa à dîner dans le casino-studio aménagé par Bernis à Murano. Cette première fois, ils ne font que flirter :

 

« Je n’ai pu qu’avaler continuellement sa salive mêlée à la mienne. »

 

La fois suivante sera beaucoup plus pénétrante. Giacomo est quand même un peu étonné de voir que l’endroit est rempli de livres antireligieux et érotiques. La belle religieuse ardente est d’ailleurs philosophe :

 

« Je n’ai commencé à aimer Dieu que depuis que je me suis désabusée de l’idée que la religion m’en avait donnée. »

 

Ce disque étant désormais usé, on se demande quelle pourrait être aujourd’hui la déclaration d’un tempérament vraiment libertin. Peut-être celle-ci : « Je n’ai commencé à aimer ma jouissance que lorsque je me suis désabusé de l’idée que la marchandise sentimentale ou pornographique m’en avait donnée. Il n’est pas facile d’échapper à ce nouvel opium. Le vice positif demande beaucoup de discrétion, de raffinement, de goût. Venez demain soir et nous nous moquerons de la laideur générale, de la mafia, du fric, du cinéma, des médias, de la prétendue sexualité, de l’insémination artificielle, du clonage, de l’euthanasie, de Clinton, de Monica [4], du Viagra, des intégristes, barbus ou non, des sectes et des pseudo-philosophes. »

 

Chaque moment historique a ses transgressions. Une religieuse libertine n’est guère envisageable de nos jours (mais sait-on jamais). Au milieu du XVIIIe siècle, en revanche. moment de gloire du catholicisme, donc des Lumières (tout est dans la compréhension de ce donc), cette contradiction apparente peut se donner libre cours. M. M. propose bientôt à Casanova de se laisser voir en action avec elle par son prélat ambassadeur dissimulé dans un cabinet invisible. Il doit jouer son rôle naturel. Tous deux sont d’excellents acteurs. À tel point qu’à un moment donné Giacomo saigne. On apprend plus tard que le futur cardinal de Bernis a été très content d’avoir eu, pour lui seul, sa projection privée de cinéma porno live.

 

La suite du programme ne se fait pas attendre. ICI 

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24 février 2019 7 24 /02 /février /2019 06:00
Pour J.P. Kauffmann : Venise, Napoleone il Massimo, Eugène de Beauharnais, la suppression en masse des communautés religieuses, en 1806 et 1810, et la réorganisation des paroisses de la ville provoquèrent une hécatombe d’édifices sacrés, 72 églises furent abattues.

Dans son livre Venise à double tour, JPK évoque à plusieurs reprises Napoléon. Ainsi lorsqu’il va prendre un café au bar du musée Correr : « Á l’entrée, sous les  arcades, une dalle que foulent quotidiennement les touristes indique l’emplacement de l’église San Geminiano, démolie en 1807. La façade Renaissance, l’une des plus belles de Venise, est dessinée sur le pavement. C’est  Napoléon qui a fait raser l’édifice pour agrandir le palais royal. »

 

 

Avec Don Raffaele le curé des Gesuiti, JPK prononce le nom de Napoléon, « évoquant les réformes qu’il a apportées » Il le coupe rudement : « Des réformes ! Il n’avait qu’une seule idée : détruire Venise, détruire le lien qu’elle avait avec l’Église. »

 

JPK soupire en son for intérieur « Napoléon, le grand désaffecteur des églises ! »

 

Le décret du 28 juillet 1806 ordonna la suppression de quinze monastères d’hommes et de dix-neuf de femmes dans Venise. Neuf églises paroissiales furent fermées. Une nouvelle disposition impériale prise le 23 avril 1810 acheva la liquidation des ordres religieux. Á cette date, on pouvait recenser la fermeture de quarante-sept églises dépendant d’autant de couvents. La plupart des objets d’art qu’elles renfermaient furent bradées.

 

Et le curé de conclure :

 

  • Votre Napoléon a fait démolir à côté une église splendide, San Vio. Croyez-moi, cet homme était un vandale.

 

Comme tout bon lecteur de JPK le sait celui-ci a un petit faible pour Napoléon.

 

Une fois refermé son livre et bouclée ma chronique je suis allé rechercher le livre de Alvise Zorzi La République du lion Histoire de Venise que j’avais acheté avant ma première visite à Venise. Je l’ai retrouvé et entre ses pages j’ai même retrouvé mon billet de retour Venezia San Lucia- Paris-Bercy. En effet, j’avais décidé d’utiliser ce train pour me rendre à Venise.

 

 

J’ai repris ma lecture à la signature du traité de Campo Formio  le 18 octobre 1797, c’est le jeune général Napoléon Bonaparte (28 ans) l’impose aux Autrichiens et au Directoire. C'est le début d'une éclatante épopée qui affaiblira durablement la France et changera à jamais l'Europe. ICI 

 

Alvise Zorzi écrit « L’Istrie et la Dalmatie à l’Autriche, les îles Ioniennes à la France. L’empereur François, défait par les armes, a gagné par la diplomatie une bataille commencée trois siècles plus tôt ; la convoitise que les deux derniers empereurs n’auraient pas osé avouer est satisfaite. L’impétuosité, l’improvisation, l’ambition d’un jeune et grand général ont joué un mauvais tour à l’Italie, à la France et à lui-même. Il se vengera, certes, il se vengera ! Mais pour Venise, c’est la fin. L’ultime espoir  d’une possible indépendance sous condition s’est envolé en fumée. »

 

 

18 janvier 1798. En exécution du traité de Campoformio, l’armée impériale occupe la ville de Venise.

 

 

19 janvier 1906 : en exécution de la paix de Presbourg, l’armée française rentre à Venise, « au milieu de l’enthousiasme de la population », écrivent les journalistes de l’époque. Alvise Zorzi note : « Que cet enthousiasme fût vrai ou imaginaire, une chose est certaine, cette journée inaugure la période la plus triste de l’histoire de Venise. »

 

« Les provinces vénitiennes s’inséraient dans un royaume d’Italie qui avait comme roi Napoléon Ier, devenu empereur des Français, et comme vice-roi le fils de Joséphine de Beauharnais, Eugène de Beauharnais. La capitale avait été fixée à Milan ; ce choix signifiait la déchéance au rang de cité provinciale de celle qui avait été durant des siècles la Sérénissime Dominante d’un État s’étendant de l’Asie à la Lombardie. »

 

 

« Venu en visite officielle le 29 novembre 1807, dans un tourbillon de festivités et de flagorneries, Napoleone il Massimo, comme l’appelèrent à cette occasion thuriféraires et orateurs officiels, abaissa son foudroyant regard sur la malheureuse ex-reine des mers et pris une série de mesures de nature, selon lui, à lui permettre de se relever : aménagements portuaires, restauration des digues de Pellestrina, mesures de protection de l’industrie du verre de Murano, affectation de huit millions par ab à l’Arsenal pour la construction de navires… (En pure perte puisque le blocus continental du 21 novembre 1806 imposé à toutes les puissances navales s’appliquait aussi à Venise).

 

« Outre le port franc (limité à la seule île San Giorgio) et la Chambre de Commerce, Napoléon a doté Venise d’un cimetière et d’un jardin public. Le cimetière, s’il a sauvé de la démolition la splendide église Renaissance de San Michele di Murano, a provoqué celle de San Cristoforo della Pace, église gothique construite peu après 1454. Le jardin public, qui abrite de nos jours les pavillons de la Biennale, a coûté la destruction de tout un quartier dont faisaient partie les églises de Sant’Antonio et de Sa Nicolo di Castello avec le séminaire ducal attenant, des Cappucine (les Concette) et de San Domenico di Castello : des œuvres d’art admirables seront en partie dispersées, en partie détruites, très peu seront recueillies par les nouvelles galeries de l’Académie des beaux-arts.

 

 

Le vice-roi, qui exigea la construction d’une salle de bal et d’un grand escalier pour le palais royal, installé dans les anciennes Procuraties de la place Saint-Marc (ce fut une grande chance que l’on n’ait pas décidé de l’installer, comme on y avait pensé d’abord, dans le palais ducal), fut responsable de la démolition de l’église de San Geminiano, chef-d’œuvre de Sansovino, qui fermait harmonieusement la place en face de la basilique Saint-Marc. Mais la suppression en masse des communautés religieuses décidées à deux reprises, en 1806 et 1810, et la réorganisation des paroisses de la ville provoquèrent une hécatombe d’édifices sacrés. Entre Venise et les îles de l’estuaire, soixante-douze églises furent abattues : il nous faut nous contenter aujourd’hui de les admirer sur les estampes et les tableaux datant d’avant la tempête »

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