Comparaison n’est pas raison mais nous, les gaulois, depuis Vercingétorix à Alésia aimons les perdants magnifiques, le brave Poulidor toujours derrière Anquetil, les défaites de Glasgow et Séville en football, le « naïf » Rocard face au « manœuvrier » Mitterrand, la dernière charge des cuirassiers à Reichshoffen en 1870…
« Alésia ? Connais pas ! »
La formule bien connue du chef Abraracourcix, dans les albums d'Astérix, demeure plus que jamais d'actualité.
Le siège d'Alésia se conclut aux alentours du 27 septembre de l'an 52 av. J.-C. par la reddition des Gaulois et de leur jeune chef Vercingétorix.
Le vainqueur est le général romain Jules César. Il clôt ainsi, non sans peine, la guerre des Gaules, entamée sept ans plus tôt.
Jules César vs Vercingétorix : une stratégie romaine implacable
Bien que le rapport de force soit largement en défaveur des Romains, ces derniers ont obtenu la victoire finale à la bataille d'Alésia grâce à leur maîtrise de l'art de la guerre. En effet, 82.000 Romains ont vaincu 328.000 Gaulois.
Les deux versions de la rencontre entre Vercingétorix et César :
César écrit : «César ordonne que les armes soient rendues, que les chefs soient conduits à lui. Lui-même s’assied dans le retranchement, devant le camp. Les chefs y sont conduits. Vercingétorix se rend. Les Eduens et les Arvernes furent mis à part, pour le cas où il pourrait, grâce à eux, reprendre des villes. Les autres captifs sont distribués à toute l’armée comme butin, à raison d’un prisonnier par personne».
C’est plus romanesque chez Plutarque (Vie de César) et c’est cette image que l’on a conservée : «Les assiégés, après s’être donné bien du mal à eux-mêmes et en avoir donné beaucoup à César, finirent par se rendre. Vercingétorix, qui avait été l’âme de toute cette guerre, fit parer son cheval, prit ses plus belles armes et sortit ainsi de la ville. Puis, après avoir fait caracoler son cheval autour de César, qui était assis, il mit pied à terre, jeta toutes ses armes et alla s’asseoir aux pieds de César où il se tint en silence, jusqu’au moment où César le remit à ses gardes en vue de son triomphe».
Le 6 août 1870, lors de la bataille de Reichshoffen* (ou Froeschwiller-Woerth) a lieu un événement qui va rentrer dans les annales héroïques de l’Armée française. Les cuirassiers français chargent pour l’honneur les troupes prussiennes, quasiment quatre fois supérieures en nombre.
Lors de cette dernière charge perdue d’avance mais menée avec panache, c’est toute la cavalerie lourde française qui meurt - et sa doctrine d’emploi.
LA CHARGE DES CUIRASSIERS ICI
La 4ème division (général Lartigue) est alors en grande difficulté. Mac-Mahon demande au général Michel, commandant les 8ème, 9ème régiment de cuirassiers et deux escadrons du 6ème régiment de lanciers, d’attaquer les Prussiens autour de Morsbronn afin de donner de l’air à la 4ème division.
Les quelques Prussiens embusqués dans les vignes et les houblonnières près du village sont vite bousculés par les cavaliers lourds français, qui entrent dans le village par le Nord.
L’ennemi occupe les maisons et tire depuis les fenêtres. Les cavaliers français arrivent alors à une bifurcation ; certains partent à gauche vers la route de Woerth, et la plupart s’engagent à droite, dans la rue principale de Morsbronn. Ils se rendent compte trop tard que la rue, menant à l’église, se rétrécit. Les cuirassiers sont alors des cibles faciles pour les soldats prussiens qui les abattent à bout portant. Derrière, les lanciers arrivent à leur tour et font la même erreur.
Devant le bruit de la fusillade, le général Michel, encore en dehors de Morsbronn, récupère les derniers cavaliers valides et leur déclare :
« Camarades, on a besoin de nous, nous allons charger l’ennemi ; montrons qui nous sommes et ce que nous savons faire, vive la France ! »
Les cavaliers du général Michel chargèrent pour aider leurs camarades pris dans Morsbronn. Mais arrivés devant le village, ils se heurtèrent à des bataillons prussiens. Après avoir subi de lourdes pertes, ils réussirent à encercler le village. Une autre charge du 9ème cuirassier parvint à dégager Morsbronn, sous la forte pression des troupes prussiennes.
Ils durent évacuer le village, et seule une cinquantaine de cavaliers réussit à rejoindre les troupes françaises à Saverne. Le 8ième cuirassier, lui, eut moins de chance : seuls 17 cavaliers en réchappèrent.
Emmanuel Macron honore de Gaulle, 80 ans après la Bataille de France
Le président de la République commémorera, ce dimanche, la bataille de Montcornet. Une défaite célèbre de la France lors la Seconde Guerre mondiale où Charles de Gaulle s’est illustré en tentant une contre-attaque contre l’armée allemande, le 17 mai 1940.
C’est une première. Jamais un président de la République en exercice ne s’était rendu dans ce village de l’Aisne, qui plus est pour célébrer cette défaite fondatrice du mythe gaullien: la bataille de Montcornet. Ce dimanche, Emmanuel Macron consacre son premier déplacement hors covid-19 à la commémoration de cette contre-offensive menée par le colonel de Gaulle le 17 mai 1940.
Montcornet: pourquoi Macron célèbre cette défaite du colonel De Gaulle? ICI
Le chef de l’Etat a présidé dimanche la commémoration de la bataille de Montcornet, le 17 mai 1940, quand Charles de Gaulle, à la tête de la 4e division cuirassée, parvint à freiner l’avancée allemande.
Le colonel Charles de Gaulle au côté du président de la République, Albert Lebrun, en visite à Goetzenbruck, le 23 octobre 1939.
Source : Yves Buffetaut, De Gaulle chef de guerre, 39-45 magazine, supplément au n°50, éditions Heimdal, Bayeux, juin 1990, pp. 20-25
Présentation
Ce document administratif brut présente Charles de Gaulle, en soldat professionnel, technicien de la chose militaire, connaisseur de la guerre des blindés. Il a reçu une mission et des moyens pour la remplir, notamment des chars d’assaut dont il s’est fait le chantre dans Vers l’armée de métier, publié en 1934.
Se battre militairement pour Montcornet 16-17 mai 1940 ICI
Montcornet, une victoire en trompe-l’œil ICI
FIGAROVOX/ANALYSE - Célébrée par Emmanuel Macron ce dimanche 17 mai, la bataille de Montcornet est restée dans la mémoire collective comme la seule victoire française de mai-juin 1940, sous le commandement du colonel De Gaulle. La réalité fut tout autre.
Par Jean-Robert Gorce
Publié le 15 mai 2020
Le 17 mai 1940, dans la petite bourgade de Montcornet, dans l’Aisne, la 4e division cuirassée du colonel De Gaulle attaque le flanc gauche des troupes blindées allemandes qui foncent vers la Manche. Dans la mémoire collective, cette «bataille» est devenue un moment clé de la guerre de 1940: la seule victoire obtenue par l’armée française durant les terribles mois de mai et juin.
La réalité est pourtant tout autre et, à aucun moment, les troupes de De Gaulle n’ont inquiété les Allemands. Quelle est la vérité sur cette action? Comment le mythe de Montcornet est-il né et comment a-t-il pu perdurer?
Un simple colonel
Le 24 avril 1940, le colonel De Gaulle, qui commande alors les chars de la 5e armée en Alsace, est convoqué par le général Gamelin qui lui annonce qu’il a décidé de créer deux nouvelles divisions cuirassées et qu’il compte lui donner le commandement de la dernière d’entre elles.
A ce moment, De Gaulle, pourtant simple colonel, n’est pas tout à fait un inconnu. Son livre, Vers l’armée de métier, paru en 1934, était un réquisitoire contre la doctrine en vigueur à l’époque dans l’armée française. Il y avait composé un vibrant plaidoyer pour la constitution d’un puissant corps de bataille cuirassé, fort de 100 000 hommes, tous des soldats professionnels. De Gaulle y reprenait, pour l’essentiel, les idées développées au début des années 1920 par le général Estienne, mais sans réellement en maîtriser les aspects tactiques et pratiques. L’auteur utilisait en effet des formules vagues, qui ne donnaient jamais le «mode d’emploi» du char. Il énonçait quelques caractéristiques comme: «l’arme blindée s’avance à la vitesse du cheval au galop» ou encore «les tanks gravissent des talus de trente pieds de haut». Jamais il ne rentrait dans les détails techniques et logistiques. Surtout, De Gaulle n’y abordait que très superficiellement le rôle de l’aviation et des transmissions.
Vers l’armée de métier, tenait ainsi plus de l’essai littéraire, que de la définition précise du concept d’emploi du char au combat. Les principes de guerre cuirassée proposés par De Gaulle étaient, partant, assez éloignés de ceux qui étaient au même moment prônés en Allemagne par le général Guderian ou, en France, par le général Flavigny. Ces derniers privilégiaient la rapidité et la manœuvrabilité, alors que le futur homme du 18 juin ne parlait quasiment que de la puissance de feu supplémentaire apportée par la nouvelle arme.
Mais, s’il ne maîtrise pas l’emploi de l’arme blindée, ou du moins pas plus que la plupart des théoriciens militaires de son époque, De Gaulle avait sur eux un gros avantage: il avait perçu avant eux le rôle de la communication. Pour arriver à ses fins, il avait convaincu du bien-fondé de ses thèses des journalistes comme Jacques Chabannes de Radio-Paris, et utilisé un de ses amis, l’avocat Jean Auburtin, pour se faire présenter à des hommes politiques influents, notamment Paul Reynaud. De Gaulle s’était ainsi donné les moyens de diffuser sa pensée dans les cercles des hommes de pouvoir et de décision. Cette technique de la communication, De Gaulle la maîtrisera parfaitement, de juin 1940 à mai 1968. C’est la raison pour laquelle, après avoir adhéré aux concepts d’emploi de l’arme blindée d’hommes aux compétences infiniment supérieures, il en est devenu le vecteur médiatique.
L’année 2020 marque un triple anniversaire pour le général de Gaulle, celui de sa naissance il y a 130 ans, de son décès il y a 50 ans et de l’appel du 18 juin 1940. En novembre dernier, l’Élysée avait annoncé que le président Macron marquerait le coup par « trois événements destinés à célébrer, à travers de Gaulle, l’esprit de résistance, l’esprit de la République et l’esprit de la Nation », un message plus que jamais d’actualité dans le contexte actuel de pandémie de Covid-19.
Dimanche 17 mai, le chef de l’État se rendra ainsi à Montcornet, Dizy et dans la commune de La Ville-Aux-Bois-Lès-Dizy, dans l’Aisne, quatre-vingts ans jour pour jour après la bataille de Montcornet à laquelle prit part le colonel de Gaulle, commandant la 4e division cuirassée. L’armée française, qui avait lancé une contre-offensive, avait pris plusieurs points stratégiques avant d’opérer un repli face à la Wehrmacht allemande.