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25 août 2020 2 25 /08 /août /2020 06:00

 

Dans mon job sous les ors de la République j’ai croisé beaucoup de préfets, surtout lorsque je tenais le dossier Corse sous Michel Rocard premier Ministre. Avant, j’avais apprécié l’accueil de Claude Erignac alors préfet du Gers. Ensuite, lors de ma mission VDN il fut beaucoup question du préfet Bonnet qui s’illustra en Corse avec l’incendie des paillotes sous JP Chevènement, j’ai récemment appris que le préfet Dartout qui m’accueillit chaleureusement à Perpignan en plein mois d’août, Préfet de la région PACA, prendra ses fonctions à Monaco comme ministre d'Etat le 1er septembre. Mon collègue à la présidence de l’AN Jean-François Gueulette fut nommé préfet des Deux-Sèvres Joël Thoraval préfet de région Corse m’impressionna, ancien directeur de cabinet de Pasqua à l’Intérieur, il devint à sa retraite président du Secours catholique. Celui qui pleura devant moi,  travailla au Conseil général de la Nièvre en 1970, fut nommé préfet de l’Ardèche en 1983, dans le palais Lantivy avait tenu 1 an dans l’univers impitoyable de la Corse. 1989-1990.

 

Notre guide suprême Emmanuel Macron vient de procéder à un vaste mouvement de préfets il a profité du dernier conseil des ministres avant la pause estivale, mercredi 29 juillet, pour nommer 18 nouveaux préfets.

 

S’il n’est pas inédit, un changement d’une telle ampleur est rare.

 

Plus de cinquante nominations de préfets étaient intervenues à l’été 1981, au lendemain de l’élection de François Mitterrand. Un vaste mouvement préfectoral avait également suivi l’arrivée de Pierre Joxe à l’intérieur, en 1984. En 1993, une cinquantaine de préfets avaient également bougé, après la nomination d’Edouard Balladur à Matignon. « Mais, en 1981 comme en 1993, il s’agissait de débarquer des préfets marqués politiquement, ce n’est pas le cas ici, rappelle Gildas Tanguy, maître de conférences à Sciences Po Toulouse. Ce mouvement, en cours de mandat, n’est pas une épuration, au contraire. Il s’agit vraisemblablement d’imposer une rupture et une nouvelle ligne politique, plus territorialisée, décentralisée. »

 

Il n’est sans doute pas un corps administratif de l’État en France qui véhicule – depuis sa création – autant de fantasmes, d’a priori, de caricatures, de parodies et de mises en scènes savantes et littéraires, et bien sûr de commentaires politiques, que le corps préfectoral.

 

De fait, la figure du préfet semble – et ce quel que soit le régime – vouée de façon récurrente à occuper le devant de la scène, de deux façons principales.

 

D’une part, l’institution est souvent évoquée au travers des individus, tour à tour héroïques ou comiques, qui l’ont incarnée : Rambuteau, Haussmann, Cambon, Lépine, Poubelle, Schrameck, Carnot, Moulin, Érignac sont autant de noms qui symbolisent et personnifient le corps.

 

D’autre part, cette individualisation marquée de l’institution va de pair avec l’usage d’un vocabulaire attendu ou routinisé et d’un imaginaire approprié. En témoignent les mutations ou les évictions, si controversées et médiatisées, du préfet de la Manche Jean Charbonniaud en janvier 2009 et du préfet de l’Isère Albert Dupuy en juillet 2010. Ces « affaires » rassemblent tout l’arsenal rhétorique qui entoure la définition de l’institution : pour le dire vite, le préfet est un agent politique du gouvernement, un fonctionnaire d’autorité révocable ad nutum. Ce qui est advenu des préfets de la Manche ou de l’Isère résonne telle une antienne de la longue histoire de l’institution préfectorale, tant la mutation et la révocation semblent l’alpha et l’oméga de l’histoire de cette administration

 

À dire vrai, rien de très original. Depuis la création du corps, les analyses, les commentaires savants ou non, et a fortiori les évocations littéraires ont toujours retenu ce critère comme déterminant. Les exemples sont légion. Que l’on songe à la vision d’Henri Chardon qui envisageait la suppression des préfets comme le préalable nécessaire à toute réforme administrative.

 

« Le préfet dans tous ses états ». Une histoire de l’institution préfectorale est-elle (encore) possible ? ICI 

Gildas Tanguy

 

Les préfets sont nommés par décret du Président de la République pris en Conseil des Ministres sur proposition du Premier Ministre et du ministre de l’Intérieur. Ils sont recrutés parmi les sous-préfets et administrateurs civils et, dans une proportion d’un cinquième de l’effectif global, pris discrétionnairement parmi les fonctionnaires ou les non-fonctionnaires, sans aucune condition spéciale. Soumis à un loyalisme particulièrement strict à l’égard du gouvernement, les préfets ne possèdent pas le droit syndical ni le droit de grève. Ils sont regroupés au sein de l’association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur.

 

ICI 

 

Non, la casquette du préfet de police de Paris n'est pas aussi ...

 

Emmanuel Macron décide d’un vaste mouvement de préfets ICI

 

Des proches du chef de l’Etat ont été promus. Les femmes, les jeunes et les nouveaux profils ont été privilégiés.

 

Par Benoît Floc'h, Denis Cosnard et Solenn de Royer

Publié le 31 juillet 2020 - Mis à jour le 31 juillet 2020

 

Le président de la République, Emmanuel Macron, a profité du dernier conseil des ministres avant la pause estivale, mercredi 29 juillet, pour nommer 18 nouveaux préfets, procéder à 15 mutations et changer un certain nombre de directeurs d’administration centrale. Préparé de longue date mais retardé par la crise sanitaire, ce mouvement est le plus important depuis des années, alors que 13 nouveaux préfets ont déjà été nommés en janvier.

 

S’il n’est pas inédit, un changement d’une telle ampleur est rare. Plus de cinquante nominations de préfets étaient intervenues à l’été 1981, au lendemain de l’élection de François Mitterrand. Un vaste mouvement préfectoral avait également suivi l’arrivée de Pierre Joxe à l’intérieur, en 1984. En 1993, une cinquantaine de préfets avaient également bougé, après la nomination d’Edouard Balladur à Matignon. « Mais, en 1981 comme en 1993, il s’agissait de débarquer des préfets marqués politiquement, ce n’est pas le cas ici, rappelle Gildas Tanguy, maître de conférences à Sciences Po Toulouse. Ce mouvement, en cours de mandat, n’est pas une épuration, au contraire. Il s’agit vraisemblablement d’imposer une rupture et une nouvelle ligne politique, plus territorialisée, décentralisée. »

 

Soucieux d’affirmer son autorité et d’insuffler un nouvel élan pour les six cents jours qui lui restent, le chef de l’Etat, qui vient de remanier en profondeur son gouvernement, poursuit son grand ménage. « Le président a fait le choix de gens frais, compétents et motivés, sur qui s’appuyer, dit-on dans son entourage. Il veut montrer que la transformation se poursuit avec force et non pas au fil de l’eau, ce qui est souvent le cas à ces moments du quinquennat. »

 

« Rattraper les choses »

 

Ces nominations ont été l’occasion pour Macron de remercier et promouvoir plusieurs proches et conseillers. Laurent Hottiaux, qui suivait les affaires intérieures à l’Elysée, devient préfet des Hauts-de-Seine et le chef de cabinet adjoint du palais, Rodrigue Furcy, est nommé dans les Hautes-Pyrénées. Le conseiller en communication du président, Joseph Zimet, devait quant à lui hériter de la préfecture de la Haute-Marne, mais son nom a été retiré de la liste juste avant le conseil des ministres ; il pourrait être nommé fin août pour une prise de poste plus tardive.

 

Emmanuel Macron récompense aussi son précieux directeur de campagne en 2017, Jean-Marie Girier, qui, à 36 ans, devient préfet du Territoire de Belfort, après avoir dirigé le cabinet de Richard Ferrand à l’Assemblée nationale. Fin politique, ce Lyonnais, ancien collaborateur de Gérard Collomb, devient l’un des plus jeunes préfets de France, derrière Pierre Sudreau, nommé préfet à 32 ans seulement, en 1951.

 

Plusieurs anciens conseillers de Matignon sont également promus. Eric Jalon, ex-chef du pôle intérieur à Matignon, est nommé préfet de l’Essonne, Xavier Brunetière, ex-conseiller outre-mer, préfet du Gers, ou encore Anne Clerc, ex-chef de cabinet d’Edouard Philippe, préfète déléguée pour l’égalité des chances dans les Hauts-de-Seine.

 

Côté Beauvau, l’ex-directeur de cabinet adjoint de Christophe Castaner, Etienne Stoskopf, devient préfet des Pyrénées-Orientales, l’ancien directeur de cabinet, Stéphane Bouillon, est nommé secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale. Il était programmé pour la prestigieuse préfecture d’Ile-de-France, mais ce poste revient finalement à Marc Guillaume, évincé sans ménagement du secrétariat général du gouvernement (SGG). « Ils ont voulu rattraper les choses avec Guillaume pour ne pas donner l’impression d’un licenciement sec », explique un fin connaisseur de l’administration.

 

Il est en effet extrêmement rare qu’un SGG soit remercié après un changement de gouvernement, souligne Jean-Michel Eymeri-Douzans, professeur à Sciences Po Toulouse. « Cela ne s’est produit qu’une fois, en 1986, lors de la première cohabitation, dit-il. Cette décision est plus importante que la nomination de tous les autres préfets réunis. Jean Castex veut signifier qu’il y a un nouveau maître à Matignon. »

 

« Il y en a pour tout le monde »

 

Plusieurs critères ont guidé ces nominations, explique l’Elysée. Le rajeunissement : trois nouveaux préfets ont moins de 40 ans. La féminisation : 8 primo-nommés sur 18 sont des femmes ; la France compte désormais 38 préfètes, contre 24 en 2017, et pour la première fois, une femme, Pascale Regnault-Dubois, prend la tête des CRS. La diversification des profils, enfin : la cadre dirigeante d’une entreprise privée, Salima Saa, qui avait des responsabilités au sein de l’UMP, est par exemple nommée en Corrèze.

 

Autre bénéficiaire du mouvement, Frédérique Calandra, l’ancienne maire du 20e arrondissement de Paris, nommée déléguée interministérielle à l’aide aux victimes. Cette socialiste de 57 ans avait été la seule maire de l’équipe Hidalgo à rejoindre le camp macroniste et à se présenter en mars sous les couleurs de La République en marche. Une évolution sanctionnée par les électeurs : elle n’a obtenu que 9 % des voix au second tour, et n’a été réélue ni maire d’arrondissement ni même conseillère.

 

Ce mouvement voit aussi la promotion ou le retour de plusieurs ex-collaborateurs de l’ex-premier ministre Bernard Cazeneuve à Beauvau, dont son ancienne conseillère spéciale, Marie-Emmanuelle Assidon, nommée secrétaire générale de la zone de défense et de sécurité à Paris. « Il y a des ex de chez Cazeneuve mais aussi de chez Valls, il y a également des promus à droite, observe un fin connaisseur de l’administration. Il ne faut pas voir de sens politique à ce mouvement, il y en a pour tout le monde. » Emmanuel Macron pourrait réunir ces nouveaux préfets à la rentrée.

 

Benoît Floc'h, Denis Cosnard et Solenn de Royer

 

Macron nomme 18 nouveaux préfets, dont quatre dans la région Occitanie

Emmanuel Macron a nommé mercredi 29 juillet, 18 nouveaux préfets de département, dont plusieurs conseillers de l’Élysée et de Matignon, et en a déplacé 15 autres. C’est le plus vaste mouvement préfectoral depuis le début du quinquennat, après les 13 nouveaux préfets nommés en janvier. ICI

 

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24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 06:00

Eros au secret, l'enfer de la bibliothèque - Le journal de Maître Po

« L'enfer n'existe pas – STOP – Tu peux te dissiper – STOP – Préviens Claudel – STOP – Signé : André Gide »

 

Télégramme et canular littéraire le plus fameux, reçu le 20 février 1951 par François Mauriac. Soit deux jours après la mort de Gide au Vaneau.

 

« Ce petit bleu d'outre-tombe a été attribué à divers auteurs potentiels : Jean-Paul Sartre, Roger Nimier ou encore Anne-Marie Cazalis… »

 

« On a beaucoup ri d'un télégramme que Mauriac a reçu peu de jours après la mort de Gide », note Julien Green le 28 février dans son Journal.

 

L'année suivante le Vatican, qui espérait une conversion jusqu'au dernier souffle de Gide, inscrit l'ensemble de son oeuvre à l'index. Le 2 juin 1952, à la suite d'un décret du 24 mai 1952 de la Suprema Sacra Congregatio Sancti Officii, "Andreae Gide opera omnia" est inscrite à la liste des "librorum prohibitorum". L’Osservatore romano l'accuse d'être "un négateur du Christ ", "Un poète de la joie la plus trouble et de la gloire la plus vaine.

 

« C’était le ciel que mon enfer épousait », écrit André Gide dans Si le grain ne meurt. Si Juliette Rondeaux, sa mère, lui avait grandes ouvertes les portes du ciel, Gide ne pouvait y rencontrer qu’un ange. Mais « à sainte femme fils pervers » et son enfer était celui des revendications de la chair. Pour joindre le ciel et son enfer, des noces blanches furent célébrées, mettant à l’abri Madeleine, son ange, qui a respecté les « suppliciantes délices » de l’enfer de Gide. Du désir mortifié nous allons voir par quel miracle Gide a fait un désir vivant. « Il anime tout ce qu’il touche », disait de lui son ami, Roger Martin du Gard.

Isabelle Morin

 

 

Le 23 mars 2008 Classé X : les "Enfers" du sexe... (interdit aux moins de 16 ans) j’écrivais :

 

À la tentation j’ai longtemps résisté mais ce matin j’y ai succombé avec un grand plaisir que j’espère vous partagerez.

 

Pudibonds, pudibondes passez votre chemin, l’ouverture de la porte de son Enfer par notre Bibliothèque Nationale, ce grand X rose placardé la nuit sur le flanc d’un des 4 grands vits érigés sous le règne de François Mitterrand, m’y invitait depuis des mois. Bien évidemment je ne puis me pencher sur un tel sujet sans vous offrir quelques gâteries, le sexe dans tous ses états, frivole, grave, polisson, esthétique et parfois sadique…

 

Âmes pudiques, femmes honnêtes ou sages, prudes et prudes retirez-vous nous allons emprunter le chemin de la licence, de l’indécence et de l’obscénité. Mais, permettez-moi quand même, en un temps où la sexualité trop souvent se réduit à une frénétique mécanique des corps, de vous confier qu’il est temps de réenchanter le désir. Ne rallumez pas pour moi les feux de l’enfer mes propos matinaux, comme toujours, sont là pour vous éclairer non pour vous dévergonder.

 

La suite ICI

 

L'enfer de la bibliothèque – Éros au secret - YOZONE

 

Pourquoi avoir mis en oeuvre un tel projet ?

 

« Parce que cet enfer nourrit tous les fantasmes. On le voit comme une sorte de pénitencier de la censure ou, à l'opposé, comme un boudoir galant, un lieu clos où serait conservé, à l'abri des regards, l'obscène et le licencieux, explique Marie-Françoise Quignard, l'une des commissaires de l'exposition. Or l'enfer de la BN, ce n'est ni un boudoir ni une prison, mais une cote attribuée à un volume conservé dans la réserve des livres rares. »

 

L'enfer est né au XIXe siècle. La première mention d'un livre portant la mention "Enfer", suivie d'un numéro, date de 1844.

 

« Cette décision n'est pas le fait du pouvoir politique, mais sans doute des bibliothécaires, précise Mme Quignard. Peut-être parce la BN de l'époque était devenue un lieu de lecture publique et que, le puritanisme aidant, on voulait éviter de mettre certains livres "osés" entre toutes les mains. Pour avoir accès à ces ouvrages, il fallait que la demande passe devant un comité consultatif. »

 

Les publications qu'on y garde sont presque toujours clandestines, et souvent imprimées à l'étranger. Ce sont les saisies qui facilitent la constitution de ce fonds, riche de 620 livres en 1876, et qui compte aujourd'hui près de 2 000 références.

 

 

En 1969, quelques mois après Mai 68, l'enfer de la BN avait été liquidé et les titres "licencieux" intégrés aux collections ordinaires. En revanche, une cote - 8o Y2 90000 - avait été ouverte pour la "basse pornographie", qui disparaîtra à son tour. « Pour des raisons pratiques et la nécessité de mieux classer les livres érotiques, on a rouvert l'enfer en 1983, mais les difficultés de communication n'existent plus », explique la commissaire de l'exposition. Mieux, les principales pièces de l'enfer quittent la clandestinité pour se montrer au grand jour.

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23 août 2020 7 23 /08 /août /2020 06:00

 

Le corporatisme était la pierre angulaire de « l’état français » du maréchal Pétain ; du côté de la paysannerie ce fut étiqueté comme tel avec la Corporation Paysanne qui fournira les futurs cadres de la FNSEA et des Chambres d’agriculture ; dans les professions libérales naquirent toute une tripotée d’Ordre : médecins, pharmaciens, avocats, notaires, architectes…

 

Régime de Vichy - Wikiwand

 

De Gaulle les légitima.

 

L’un des plus connu est l’Ordre des médecins.

 

Le jour où Vichy a liquidé la CSMF du Dr Cibrie ICI 

 

 

Alors même que le syndicalisme médical, porté par le Dr Paul Cibrie, avait fait en 1940 des offres de service au premier gouvernement du maréchal Pétain, il fut littéralement interdit et ses biens immédiatement dévolus au Conseil supérieur de l’Ordre dont un projet existait depuis 1933. Cet été, « le Quotidien » retrace l'histoire de médecins qui se sont illustrés pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

Quant au printemps 1945, il vient enfin de rentrer dans ses murs huit mois après la Libération de Paris, le Dr Paul Cibrie raconte dans le numéro du « Médecin de France » paru en juillet 1945 l’humiliation qu’il avait subie cinq ans plus tôt avec la « liquidation » de la CSMF.

 

Le secrétaire général de la confédération – plus général que secrétaire, selon ses détracteurs – n’a rien perdu du mordant qui caractérise habituellement ses relations avec ses adversaires : « Nous sommes partis après avoir signé l’inventaire établi par M. l’inspecteur des Domaines dont la courtoisie fut parfaite. Messieurs de l’Ordre arrivèrent, raides chacun comme un bâton de maréchal, daignèrent trouver la maison “digne d’eux”. Leur discourtoisie fut totale. Pas un mot, pas un geste, pas une carte. Rien : rien à l’égard des représentants présents des syndicats dont ils héritaient (!!) – ce vol légal étant pudiquement qualifié “d’héritage”. Deux seuls médecins praticiens [...] perdus dans un brillant aréopage, témoignaient du mépris bien net dans lequel on tenait la tourbe médicale. »

 

Un pilier du syndicalisme médical

 

À la veille comme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Paul Cibrie est le personnage emblématique de la vie médico-politique. Rentré de la Première Guerre en 1918, avec moult médailles au plastron, il avait été mobilisé pour la Seconde en septembre 1939 avant d’être libéré six mois plus tard pour motif d’âge (il avait 56 ans !). Mais son vrai titre de gloire était d’avoir littéralement « porté » le syndicalisme médical sur les fonts baptismaux d’abord, en 1927-1928, puis dans les coulisses lorsqu’il lui avait fallu négocier avec Louis Loucheur, ministre du Travail de l’époque, les termes du compromis ouvrant la voie aux assurances sociales.

 

On date souvent de la Libération, et de ses ordonnances de 1944-1945, la création de la Sécurité sociale actuelle, faisant injustement litière du régime qui l’avait précédée avec quelques nuances, mais « nuances » seulement : paiement à l’acte, tarif de responsabilité, tiers-payant, convention, autodiscipline étaient autant de concepts qui faisaient déjà débat avant-guerre. Lui était l’inventeur du concept d’« entente directe », opposé à la notion de « liberté contractuelle » défendue par la majorité et les dirigeants de l'Union rescapée d’avant-1914.

 

Mais le Dr Cibrie, provincial « monté à Paris » pour y faire carrière, était finalement moins doctrinaire que pragmatique, opportuniste, voire « social-traître » comme on ne disait pas encore. Et ses meilleurs ennemis, lorsqu’il eut accédé à la barre de la Confédération, devinrent… les mêmes barons parisiens ou lyonnais qui l’avaient porté aux affaires en 1928 !

 

Il aurait fourni à Pierre Laval une capsule de cyanure

 

Il avait en effet œuvré avec tous les pouvoirs que lui offrait le suffrage universel, y compris avec le Front populaire de 1936, heurtant alors le libéralisme de sa base qu’il engageait à investir dans des « centres de diagnostic » afin de contrer les projets de dispensaires de toutes obédiences. Son activisme était demeuré vain et il avait dû batailler pour garder le cap de la raison dans les années folles. Combattre aussi les excès de la… déraison à propos d’une prétendue pléthore professionnelle, qui avait, depuis le berceau, servi de boussole au syndicalisme médical.

 

À cet égard, Cibrie était un xénophobe assumé, au moins sur le plan professionnel, affolé par l’immigration médicale massive des années vingt et trente. Il avait bataillé pour obtenir le vote, en 1934, d’une loi dite Armbruster, du nom du sénateur qui en avait repris la proposition, protégeant (mal) les intérêts des médecins français titulaires du diplôme d’État. Une thèse récente fait néanmoins du personnage un « antisémite qui s’ignore » sans autre démonstration qu’une relecture partiale de ses propos du moment et au motif d’une prétendue amitié avec Laval, fondée sur un seul témoignage… forcément précaire. Le médecin aurait fourni, dans d’obscures conditions, la capsule de cyanure qui aurait permis à l’homme politique d’échapper au poteau d’exécution. Mais d’autres médecins avaient enrayé l’issue fatale du poison !

 

Personnage controversé

 

À la vérité, l’histoire reste, et restera sans doute, définitivement obscure, en tout cas insuffisante à qualifier d’antisémites Cibrie et la Confédération, dans les rangs de laquelle on trouve d’ailleurs beaucoup plus de résistants que de suspects de collaboration.

 

Ne subsiste qu’un seul élément « à charge » : l’audience accordée à trois médecins juifs sarrois (lorsque cette province avait été réinvestie par les troupes du Reich) venus lui demander son soutien pour une dérogation à la loi Armbruster. Vainement, mais le compte rendu qu’il avait fait de ce rendez-vous était un réquisitoire objectif et sincère du régime racial à ce moment déployé outre-Rhin.

 

À sa décharge : une motion d’Assemblée générale adoptée à son initiative en solidarité aux confrères juifs allemands après 1933 et – plus éloquent encore –, le fait qu’il avait lors de l’Assemblée générale de 1938 publiquement ridiculisé les comptes du délégué de banlieue nord, un dénommé Paul Querrioux, médecin de Saint-Ouen, antisémite du haut de l’affiche. La relecture de la presse de l’époque démontre en outre qu’il prenait garde de se tenir à l’écart des banquets de l’Action française où s’exprimaient le plus ouvertement les grandes voix antisémites de l’époque. Ce qui n’empêcha Paul Cibrie de flatter le pouvoir issu du coup de force constitutionnel du 10 juillet 1940.

 

Au service de Vichy

 

Dans son dernier éditorial, intitulé « Servir », daté du 4 juillet et de la ville de Brive où il avait organisé le repli de la CSMF, il racontait : « […], nous nous sommes adressés au vice-président du Conseil avec lequel, lors de l’application en 1930 et 1931, de la loi des Assurances sociales, nous avions eu de nombreux contacts, et qui, à ce moment, avait pu se rendre compte de notre organisation, la plus complète déjà dans l’ordre corporatif. » Laval était donc le destinataire de cette missive ! Et se réclamant de la « courtoisie » de leurs échanges, il se montrait rapidement disposé à « travailler dans le sens […] indiqué par le gouvernement ».

 

Quand il livrait copie de sa missive à Pierre Cathala, directeur de cabinet du même Laval et avec qui il était d’évidence plus intime, il précisait dans une note manuscrite : « Nous sommes particulièrement résolus à nous employer ardemment et sans faiblesse au redressement national. Nous sommes prêts, en conséquence, à prendre la place qui nous serait attribuée dans la représentation des professions envisagée par le gouvernement. »

 

La CSMF dissoute... pour faire place à l'Ordre

 

L’offre – spontanée – de service ne fait donc aucun doute alors même qu’on ne sait, à ce moment, rigoureusement rien des intentions du gouvernement. Le 20 juillet, Cibrie rentrait donc seul dans ses locaux parisiens ayant envoyé son adjoint à Vichy essayer de nouer, vainement, des contacts plus féconds avec des interlocuteurs « autorisés ».

 

Pas de nouvelles avant le 17 septembre où on trouvait une nouvelle « offre de services » de la Confédération au gouvernement, cette fois dans les colonnes de Paris-« Soir : elle s’y déclarait disposée à mobiliser ses troupes de terrain pour y procéder au recensement des médecins étrangers – privés du droit d’exercice par une loi largement improvisée en date du 16 août – sans se cacher de son intention de les remplacer par des praticiens – français – de son choix selon les termes d’une autre loi adoptée avant la déclaration de guerre.

 

Difficile de faire plus explicite ! Paul Cibrie savait-il à ce moment déjà, que le sort de son œuvre était déjà scellé et condamnés le syndicat et ses 20 000 adhérents, ses « œuvres » connexes (MACSF mais aussi une centrale d’achat et un système domestique de retraite), ses biens (le siège social de l’époque, boulevard Latour-Maubourg mais aussi le précédent, rue du Cherche-Midi). Le décret de dissolution fut signé le 26 octobre, le même jour que les textes officialisant la création d’un Conseil supérieur de l’Ordre et désignant ses responsables.

 

L'Ordre légitimé par le Général de Gaulle après la guerre

 

La CSMF était donc le seul syndicat frappé d’une telle infamie sans que Paul Cibrie puisse s’en offusquer, lui-même défendant la création d’un Ordre depuis … 1932. « Il eut presque suffi de changer l’étiquette – écrivait-il dans son ultime circulaire aux syndicats départementaux – en rendant le syndicat obligatoire […] et la Corporation était créée. Un “Ordre” qu’aucun d’entre vous ne reconnaîtra […]. Il est non pas corporatif mais nettement étatiste. Les “dignitaires” en sont directement nommés par le secrétaire général de la Santé. […] Sans réunions, sans avis, eux seuls administreront, réglementeront, ordonneront, jugeront. » Et avec, en guise de conclusion, cet oracle : « La foudre ne tardera pas à tomber. Retenez bien cette prédiction hélas facile. »

 

« Le mépris vient de changer de camp », observait le même Cibrie à son retour triomphal à la Domus Medica en 1945. Il s’apprêtait pourtant à devoir cohabiter durablement avec un Conseil de l’Ordre que le général de Gaulle venait de doter de la légitimité des urnes.

 

Jean-Pol Durand

Conseil de l'Ordre - Encyclopédie médicale

L'ordre et le repentir ICI
Par par Anne-Marie Casteret et ,
 

Après Jacques Chirac, l'ordre des avocats et l'Eglise catholique, et en plein procès Papon, l'ordre des médecins va-t-il faire l'autocritique de son comportement institutionnel pendant la Seconde Guerre mondiale? Bernard Glorion, président du conseil national, et Olivier Dubois, chargé de moderniser l'institution, y seraient favorables. Au même moment, le conseil départemental de la Haute-Garonne traduit le Dr Henri de Serres-Justiniac devant les instances régionales pour avoir écrit dans une revue professionnelle: «L'ordre, au nom de la sélection raciale, a dénoncé les médecins juifs avant même que l'occupant le lui demande...» Malaise dans la profession. A ceux qui réclament depuis des années une grande repentance, la réponse officielle était, jusqu'à présent, stéréotypée: l'ordre créé par Vichy en 1940 ne peut être représentatif des instances actuelles, réorganisées par de Gaulle en 1945. La collaboration contrainte et forcée de 1940-1945 appartiendrait donc à une autre branche, préhistorique et avortée, de l'arbre généalogique professionnel. Mais, pour qui se penche sur les documents de l'époque, la réalité apparaît tout autre. 

1940-1944 - Les années noires de la Collaboration - Herodote.net

 

La guerre de 1939-1940, la défaite française, la formation du gouvernement de Vichy et l’occupation allemande engendrent l’apparition en France d’une nouvelle force, la Résistance. Celle-ci est aussi une force nouvelle dans les professions libérales.

 

Mais ce que Jean-Pierre Rioux appelle « le grand parti de la Résistance » ne prend jamais forme ; de même, dans la profession médicale la Résistance ne se substitue pas à l’Ordre des médecins qui, bien que dissous, est réinstallé par l’ordonnance du 24 septembre 1945. La Résistance se trouve immédiatement en lutte pour le contrôle de l’Ordre, contre les syndicats médicaux traditionnels d’avant-guerre dissous par Vichy mais reconstitués à la Libération. Cette concurrence dure jusqu’en 1946, et finit par tourner à l’avantage des syndicats. Comment et pourquoi ? L’objet de cet article est d’analyser les raisons qui ont contribué à ce que la Résistance, réputée novatrice, perde le contrôle de cet organisme médical nouveau et important, au profit de syndicats qui représentent la continuité dans les traditions de l’exercice médical. Comme pour la pérennisation d’autres mouvements issus de la Résistance, déjà étudiée historiquement, la pérennisation de la Résistance médicale est un échec.

Monument aux morts de la faculté de médecine Paris-Descartes, à Paris

Le triomphe de l’ignoble Dr Querrioux ICI 

 

PUBLIÉ LE 11/08/2020

Fleuri tous les ans le 11 novembre, le monument aux médecins « morts pour la France » de la faculté de médecine Paris-Descartes, à Paris, présente une singularité : un nom y a été masqué à la lettre « Q », celui de Fernand Querrioux. Explication, exhumée des poubelles de l’histoire.

 

Le 16 août 1940, le maréchal Pétain a consacré (« J.O. » du 19) le monopole d’exercice médical aux citoyens français « nés de père français » Également signée ce jour-là, la création des « corporations » pour revenir à l’organisation sociale de l’ancien régime, mais seule la profession agricole en sera dotée, au grand dam des corporatistes médicaux qui devront se contenter d’un « Ordre », créé, lui, par une loi du 26 octobre.

 

Le législateur n’avait pas eu à chercher bien loin l’inspiration puisqu’une proposition législative existait depuis 1933, facile à recycler et recueillant a priori l’assentiment de toute la profession qui en avait, vainement, réclamé l’adoption.

 

Cette tutelle ordinale n’était pourtant pas celle des Allemands qui lui auraient préféré leur propre organisation, avec un gauleiter des médecins, en charge de toute la police professionnelle, « éthique » et comptable. Le Dr René Leriche, premier praticien à prendre la présidence de l’Ordre, avait expliqué dans ses mémoires n’avoir accepté la charge de la nouvelle institution que pour éviter cette jurisprudence nazie et sur la demande expresse du ministre de la Santé, Serge Huard.

 

Dermatologue, activiste antisémite

 

Cet Ordre alimentait évidemment les espoirs les plus débridés de la droite extrême : « La première tâche de l’Ordre des médecins sera de faire appliquer la loi du 19 août [mais] tout notre effort doit maintenant tendre vers le rétablissement de la Corporation qui, pour nous, […] est devenu le mot magique que la résurrection », peut-on ainsi lire sous la signature d’un dénommé Fernand Querrioux. Auteur du libelle paru en novembre 1940 sous le titre « La médecine et les Juifs » aux « Nouvelles Éditions Françaises » - faux nez des éditions Robert Denoël qui avaient précédemment édité « Comment reconnaître le Juif » du Dr George Montandon – le médecin pouvait exulter à la perspective de voir triompher, enfin, la thèse qu’il défendait de longue date.

 

La suite ICI 

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22 août 2020 6 22 /08 /août /2020 06:00

 

Le bonheur est dans le pré, 1995, réalisé par Etienne Chatiliez avec Michel Serrault, Eddy Mitchell, Sabine Azéma

 

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Télérama fait la fine bouche :

 

Le PDG d'une usine de lunettes pour WC profite d'une méprise pour changer de vie. Il part vivre dans le Gers. Là-bas : le bonheur.

 

Après La vie est un long fleuve tranquille (petits-bourgeois javellisés contre prolos crados) et Tatie Danielle (méchante vieille femme contre famille neuneu), Etienne Chatiliez et sa scénariste, Florence Quentin, se livrent à nouveau à leur exercice favori : plonger un corps étranger dans un univers donné et voir ce qui se passe. Ici : petites femmes de la ville, coincées et prétentieuses, contre filles de la campagne, sympas et libérées. Tant qu'à faire dans la caricature, autant aller le plus loin possible... Jusqu'à la vulgarité. Chatiliez ne l'évite pas, il la traque. Heureusement, les comédiens, déchaînés, sont savoureux, et la tendresse finit par l'emporter sur la caricature. Car, ici, pour arriver au bonheur, il faut surmonter la plus grande des vulgarités, celle d'une société qui a codifié les sentiments. — Philippe Piazzo

 

Superbe

 

J'ai mis des années avant de me convaincre de regarder ce film, et j'ai très rapidement compris mon erreur.

 

Le jeu des acteurs est criant de réalisme et captivant dans la qualité des interprétations. Je salue bien bas les performances d'Eddy Mitchell, excellent, de Sabine Azéma, qui touche également l'excellence, La réalisation est simple, impeccable. Le scenario, de par sa forme si proche d'une situation réelle dans notre pays, nous fait vivre une vraie aventure dans une vie française de tous les jours. A tel point que je qualifierais l'oeuvre d' "action contemporaine". Et sans qu'il n'y ait d'action, le film ne revêt pourtant aucun temps mort, aucunes longueurs. On se complait à accompagner les pérégrinations de nos personnages et le cheminement psychologique et moral qu'ils effectuent tout au long de l'histoire.

 

Un véritable moment de détente, de tranquillité, d'émotions, de sensibilité et... de bonheur qui, cette fois, est dans la télé plutôt que dans le pré !

 

Une oeuvre vraie et superbe.et bien entendu celle du très regretté Michel Serrault.

 

Je vous ai mis l’eau à la bouche, je vous ai fait languir, mais il est l’heure d’abandonner les amuses-bouche pour passer au plat de résistance :

 

« Ma belle, pendant des années à chaque fois tu me regardais avec l’air de dire que ma bite elle a un goût, et maintenant tu t’habilles comme un sapin de Noël pour avoir des nouvelles. »

Eddy Mitchell

 

Les mots délicieusement surannés

 

Faire une tête de monsieur-votre-bite-a-un-goût ICI 

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21 août 2020 5 21 /08 /août /2020 06:00

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Né à Marseille en 1929, mort à Argenteuil le 28/03/2012 Jacques Carelman s'installe comme dentiste à Paris en 1956. Il se consacre également à diverses activités artistiques : décoration théâtrale, illustration de livres, peinture et sculpture.

 

Dès 1962, il réalise les décors et les costumes pour plusieurs pièces de théâtre de Molière, Gogol, Dostoïevski ou Raymond Queneau. Ses sculptures-machines lui sont inspirées par la littérature : Mécaniques pour Cyrano (1965), la Hie et le Diamant (d'après Locus Solus de Raymond Roussel), Machine à inspirer l'amour (d'après Le Surmâle d'Alfred Jarry), Machine de la colonie pénitentiaire (d'après Franz Kafka, 1975). Certaines de ses machines sont présentées en 1975 lors de l'exposition itinérante Machines célibataires, organisée par Harald Szeemann, dans les principaux musées d'art moderne européens.

 

Jacques Carelman illustre de nombreux ouvrages classiques, tels que les contes des Mille et Une Nuits ou les Fables de La Fontaine en rébus, mais aussi ceux d'écrivains contemporains, comme Noël Arnaud, François Caradec, Jacques Lacarrière et Claude Roy. En outre, il revendique avoir participé à la réalisation de plusieurs affiches pendant les événements de Mai-68. (la célèbre affiche de Mai 68 qui représente un CRS avec une matraque)

 

Son affiche du CRS lors des événements de Mai 68

 

En 1969, Jacques Carelman devient membre du Collège de 'pataphysique. Il collectionne les instruments de musique, les jeux, des objets en spirale... Cette idée d'accumulation liée à son goût pour les machines lui inspire un Catalogue d'objets introuvables (1969), comme une cafetière pour masochiste dont le bec verseur est du côté de l'anse ou la machine à mettre les points sur les i. L'auteur parodie ici le Catalogue de la manufacture d'armes et cycles de Saint-Étienne du début du XXe siècle, en utilisant la même mise en page, le même style.

 

Il publie en 1972 un second catalogue, le "Catalogue de timbres-poste introuvables".

 

C'est à son initiative que le mouvement artistique Oupeinpo (Ouvroir de peinture potentielle) a été (re)fondé en 1980.

 

« Les activités humaines sont innombrables et variées. Certains détournent des avions, d’autres des fonds publics ou la conversation, je préfère, quant à moi, détourner de leur usage courant les objets usuels. C’est moins dangereux, plus honnête, et infiniment plus divertissant ! Mes objets, parfaitement inutilisables, sont le contraire de ces gadgets dont notre société de consommation est si friande. Si on me le demandait, je les qualifierais de : poétiques, hilarants, absurdes, philosophiques, ingénieux, morbides, puérils, profonds, dérisoires… Le lecteur serait alors prié, selon son humeur, ses goûts et sa culture, de biffer les qualificatifs inutiles. » J.C.

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20 août 2020 4 20 /08 /août /2020 15:40

 

PÉTRONILLE était la reine des mers…

 

CAMOMILLE, sa fille, adorait les méduses, elle les élevait avec grands soins dans un vaste jardin où poussaient toutes sortes de planctons.

 

Son petit frère, AMBROISILLE, était un galopin qui aimait faire des grimaces, des farces et des bêtises.

 

Très souvent, alors que CAMOMILLE dormait, couchée sur un parterre d’algues, il invitait ses copains les poissons à venir manger du plancton dans le jardin de sa sœur.

 

Des goinfres, des pageots, des maquereaux, des mulets, des barracudas, des sars, des sardines, des anchois, ils se gavaient et, lorsqu’ils repartaient du jardin il ne restait presque plus rien.

 

I pesci marini

CAMOMILLE était alors très très en colère contre son petit frère, elle le grondait, le menaçait : « Tu es un affreux Jojo ! Si tu continues je demande à maman d’appeler ADÈLE… »

 

Il se jetait à ses genoux.

 

  • Non, je t’en supplie, pas elle, pas ADÈLE !

 

AMBROISILLE ce coquin n’en pensait pas moins, il récitait dans sa petite tête, les réparties de cette petite harpie :

 

Joyeux Noël Adèle

 

  • Si j'ai bien compris, vous voudriez que j'ouvre des paquets déposés en pleine nuit par un inconnu qui s'est introduit chez nous par effraction ?

 

Et vous estimez être des parents responsables ? Eh bah dis donc…

 

ADÈLE, surnommée dans toutes les mers du globe : MORTADELLE, semait la terreur auprès de toutes les mères.

 

Si vous ne la connaissez pas, vous verrez, elle est vraiment terrible, horrible, cette Adèle, c’est un sacré phénomène !

Mortelle Adèle, le phénomène jeunesse

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Pendant ce temps-là RAPHAËLLE était en vacances, avec sa jolie maman, dans un charmant cabanon du RACCOU. Elle apprenait à nager pour pouvoir affronter les vagues qui roulaient avec fracas sur la plage.

 

Elle buvait du CACOLAC.

CACOLAC boîte métal 25 cl SOURIRE DES SAVEURS, Cave Toulouse

Une nuit, alors qu’elle venait juste de s’endormir après avoir englouti une belle assiette de spaghetti, elle entendit une voix qui lui murmurait à l’oreille : « Viens avec moi, suis-moi, nous allons faire un tour tout au fond de la mer… »

 

Étonnée Raphaëlle répondit « Mais je ne suis pas un poisson… »

 

  • Ne t’en fait pas je suis le fils de PÉTRONILLE la reine des mers, avec son trident magique elle te transformera en un joli poisson.

 

  • Quel poisson ?

 

  • Celui que tu voudras RAPHA !

 

  • Comment connais-tu mon prénom ?

 

  • Parce que j’ai entendu ta jolie maman t’appeler sur la plage.

 

  • Et toi, quel est ton prénom ?

 

  • AMBROISILLE

carte postale ancienne fantaisie, jeune garçon avec un poisson, 1er avril,  enveloppe | Rakuten

  • Ça me rappelle quelqu’un !

 

  • Je sais…

 

  • Mais dis-donc mon Loulou tu es un monsieur je sais tout…

 

  • C’est ce que dis ma grande sœur.

 

  • Tu as une grande sœur ?

 

  • Oui, CAMOMILLE.

 

  • Maman préfère la verveine.

 

  • Comprends pas ?

 

  • Ha, ha, monsieur je sais tout ne sait pas tout…

 

  • Assez de bla-bla-bla, il est temps de partir.

 

  • Tu es bien pressé jeune Loulou !

 

  • Oui, les bêtises ça n’attend pas…

 

  • Tu es comme ADÈLE toi !
  •  

AMBROISILLE vira au vert, ses yeux s’écarquillèrent, il balbutia : « tu connais ADÈLE, tu en penses quoi ? »

 

  • Elle me fait bien marrer, tu en fais une drôle de tête, aurais-tu peur d’elle ?

 

  • Bien sûr que non !

 

  • Menteur, ton nez bouge comme celui de Pinocchio.

 

  •  Dis-donc, tu as la langue bien pendue aurais-tu peur d’aller faire des bêtises au fond de la mer ?

 

  • Moi, je n’ai peur de rien. Allons-y !

 

Sans bruits, ils quittèrent le cabanon, marchèrent sur la plage et, là où la pleine lune projetait un halo de lumière, ils s’enfoncèrent dans la mer.

 

  • Je t’emmène dans le jardin de ma sœur.

 

  • C’est loin ?

 

  • On arrive.

 

Face à eux, un immense jardin tout vert.

 

  • Elle cultive des salades ?

 

  • Non, du plancton…

 

  • Pour qui ?

 

  • Pour ses méduses…

 

Là ce fut au tour de Raphaëlle de frémir mais elle sut faire bonne figure. Prenant son courage à deux mains elle demanda d’une petite voix à AMBROISILLE : « Elles dorment où les méduses de ta sœur ? »

 

  • Dans une immense grotte taillée dans les rochers près du château de ma mère.

 

  • Ta mère a un château au fond de la mer ?

 

  • Bien sûr puisqu’elle est la reine des mers.

 

  • Tu me racontes des histoires, montre-le-moi !

 

 

AMBROISILLE, tout heureux que Raphaëlle ne lui rappella pas qu’ils étaient là pour faire des bêtises mais rien que de penser à ADÈLE, il en avait la chair de poule, lui fit faire le tour du propriétaire du château de sa mère PÉTRONILLE.

 

 

Il y avait des portraits d’elle partout, Raphaëlle ne put s’empêcher de dire « mon Dieu qu’elle est laide mais rigolote ! » Ce qui fit beaucoup rire AMBROISILLE

 

Sorcière | Halloween artwork, Halloween painting, Halloween doodle

  • C’est pour ça qu’elle déteste ma sœur

 

  • Pourquoi ?

 

Regarde !

La petite sirène - Saison 2 - Poisson métallique - Vodkaster

Raphaëlle s’exclama : « Elle est canon ta sœur ! »

 

  • Ouais, ouais, tous les princes des mers veulent l’épouser…

 

  • Mais elle préfère les méduses !

 

  • Comment tu sais ça, toi !

 

  • Mon petit doigt me l’a dit.

 

  • Allez, suis-moi, je t’emmène les voir !

 

  • Les méduses ?

 

  • Ben oui, petite patate !

 

  • Je ne suis pas une petite patate monsieur qui a peur d’ADÈLE.

 

  • Que tu dis !

 

AMBROISILLE bougonna et fonça. Raphaëlle galopa. Ils arrivèrent en face d’une grande anfractuosité.  « C’est le PALAIS des MÉDUSES lui chuchota son guide qui n’en menait pas large.

10022817-la-merveilleuse-grotte-de-phraya-nakhon-en-thailande - Vivre en  Thaïlande

D’une voix fluette il prononça la formule magique « mais où est donc ornicar… » et l’imposante porte s’ouvrit.

Les plus belles photos sous-marines récompensées par Ocean Art en 2018 en  2020 (avec images) | Animaux sous-marins, Photos sous-marines, Photos de  l'océan Photos | Top 10 des méduses les plus incroyables Les méduses Les méduses autour de la Corse | Stéphan Le Gallais PHOTOGRAPHIE

 

Raphaëlle, face au spectacle incroyable de toutes ces méduses allongées sur des lits d’algues, fut estomaquée, chamboulée, émerveillée. Elle emplit sa tête de toutes ces images et tirant AMBROISILLE par le bras, elle lui dit « Il est temps pour moi de rentrer maman va s’inquiéter. »

 

  • Tu as raison rentrons !

 

  • Je suis grande, je saurai rentrer seule. Embrasse ta sœur et dis-lui que j’ai beaucoup aimé ses belles méduses.

 

  • Je ne lui dirai rien c’est notre secret Raphaëlle.

 

  • Comme tu veux AMBROISILLE

 

Elle lui claqua deux bises sur ses joues. Il rougit.

 

Revenue au cabanon elle s’endormit en suçant son pouce. Le matin, alors qu’elle buvait son Cacolac, elle dit à sa jolie maman « J’ai un peu peur des méduses… »

 

Elle ajouta d’une toute petite voix : « Tu ne le dis pas à Ambroise il se moquerait de moi… »

 

Signé : JACQUES

 

 

 

 

 

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20 août 2020 4 20 /08 /août /2020 06:00

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Être une femme active dans le monde du vin, pas un « pot de fleur » qu’on exhibe pour être dans la tendance féministe, aujourd’hui comme hier, est un combat de tous les jours, et plus encore dans l’univers impitoyable des « grands vins ».

 

Dans son Hommage à Madame Lacaussade

 

Publié le 10 avril 2015, Dustin Soiseth écrit :

 

Mes aventures sur les routes du vin - Kermit Lynch - Roman ...

 

Dans Aventures sur la route des vins, Kermit évoque l'esprit indomptable de la propriétaire de l'Hôpital, Madame de Lacaussade, face aux négociants misogynes et aux enfants ambivalents; son attachement indéfectible à la vinification et aux cépages traditionnels; sa splendide relique de château et ses toilettes anciennes. «Je crois que le vin peut refléter la personnalité de l'homme ou dans ce cas de la femme qui le fabrique», écrit-il. «Madame de Lacaussade a une personnalité flamboyante et son vin est loin d'être fade. Puis je me rends compte que, aussi vraie que puisse être ma théorie, elle semble absurde. Le jus de raisin fermenté peut-il exprimer la personnalité d’un homme ou d’une femme? »

 

La suite ICI 

 

Je suis frappé par la persistance des postures de mâles dominants, y compris chez certains vignerons nature ou grands prêtres de cette cause s’affichant « révolutionnaires », des sévèrement burnés (marque déposée Bernard Tapie), des qui profitent de leur réputation pour draguer, harceler, mains baladeuses, les rares jeunes femmes qui exercent la profession de caviste. Ça vogue pas dans la finesse, c’est du lourd, du très lourd. Je me retiens de claquer le bec à certains de ces « Apollon ventripotent », leur river le clou en public…

 

Un jour sans doute, je le ferai sans sommations !

Madame_Lacaussade

Madame Lacaussade © Gail Skoff

Mais revenons à madame de Lacaussade :

 

27 mars 2008

Le courrier commercial d'une propriétaire très vieille France...

 

Cher Monsieur,

 

     Merci de votre lettre. Entendu pour le départ de cartons début octobre.

 

 

     Je suis tout à fait désolée de vous avoir ainsi contrarié au sujet du prix du vin. Je vous avais fait un prix amical pour le 1979, et ne pensais pas que cela deviendrait une habitude !

 

 

     Si j'ai le plaisir de vous revoir, je vous montrerai les factures de mes fournisseurs et de la main-d’œuvre pour le chai !

 

 

    Je ne compte pas mon temps, et vous n'ignorez pas que les expéditions pour les USA sont plus longues à préparer, le paiement plus lent aussi.

 

 

   Mes clients européens n'ont fait aucune difficulté concernant l'augmentation.

 

 

   Le 1979 était à trente francs ; il ne me reste que vingt-quatre bouteilles et autant de magnums, que je voudrais garder. Il me semble tout à fait normal d'augmenter de trois francs mon prix de vente.

 

 

    Le 1980 est peut-être médiocre chez les autres, mais pas ici.

 

 

    J'ai augmenté mon prix lors d'une réunion du CIVB après avis autorisé.

 

 

    N'oubliez pas que mon vignoble bien modeste, bien petit, est un cru exceptionnel rattaché aux Graves de Léognan. Sur ce territoire, il est impossible de trouver un prix approchant ; certains crus y jouent la politique du rendement et leur qualité ne vaut pas...la mienne.

 

 

    Comme je ne veux pas ruiner un homme aussi aimable et aussi amoureux du vin que vous, je veux bien vous consentir une nouvelle fois le prix amical de trente francs au lieu de trente-trois francs pour le millésime 1980, en échange de quoi vous voudrez bien me régler plus rapidement.

 

 

    Recevez, cher Monsieur, mon souvenir le meilleur.

 

                                                  Mme de Lacaussade

 

La suite ICI 

Couverture

Château de l'HOSPITAL ICI
 
 
Le Château de l'HOSPITAL est situé à PORTETS, à 24 km au sud de BORDEAUX, sur la rive gauche de la Garonne.
 

 

Au début du XVIII ° siècle c'était la maison de campagne de Jacques de LHOSPITAL, conseiller du Roi; il appartenait à ses propres vases à vin et des barriques étaient fabriquées au Château. Anne Catherine de LHOSPITAL, sa fille, se marie avec Jean-Jacques FOURNIER de la CHAPELLE, noble connu et puissant, conseiller du Roi. Esthète, il édifie le Château à la fin de l'Ancien Régime, et le nomme «DE L'HOSPITAL» en l'honneur de sa femme.

 

 

Classé Monument Historique en 1973, le Château est une superbe expression du style néoclassique et montre l'harmonie et le raffinement du XVIII ° siècle.

 

 

Propriété de la famille LACAUSSADE depuis plusieurs générations, elle appartient désormais au SCEA Château de l'HOSPITAL.

 
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19 août 2020 3 19 /08 /août /2020 09:37

Lalou Bize-Leroy, le 31 juillet.

Lalou Bize-Leroy, le 31 juillet. Samuel Kirszenbaum pour "Le Monde"

Lorsque je revins aux affaires, comme il est de tradition de le dire, pour occuper le poste de directeur-adjoint du cabinet d’Henri Nallet, je mis un point d’honneur à ne pas mettre mon nez dans les dossiers vins. En effet, je venais de passer trois années comme directeur à la Société des Vins de France, premier opérateur français devant Castel, j’y voyais une forme de conflits d’intérêts. De plus, le poste de conseiller technique était occupé par Alain Berger venu tout droit de l’INAO et le secteur du gros rouge du Midi achevait doucement son agonie. Je dormais donc sur mes deux oreilles bien occupé par d’autres dossiers.

 

Et puis, un beau matin de septembre, c'était le 2 septembre 1988, comme tous les matins je dépiautais les journaux du jour ; en ce temps-là le Ministre et ses deux directeurs de cabinet étaient dotés de ce privilège matinal, Le Monde lui arrivait après le déjeuner.

 

Et soudain, stupeur, la Une du Libération de Serge July affichait Henri Nallet arrête les Japonais en Bourgogne

 

 

Ce fut l'équivalent de Charles Martel en 732

 

J’étais abasourdi.

 

C’était un coup médiatique concocté par les communicants du Ministre. Je fis grosse colère. J'ironisai devant Henri sur le risque de voir la Romanée commercialisée en cubi dans les grandes surfaces japonaises. Je fis aussi remarquer que ce coup de menton, très politique genre j'envie la canonnière, basé sur rien était du pire effet auprès du gouvernement japonais. On me prit de haut. Puis, face à la même colère du côté de Bercy, des Affaires Etrangères et enfin de Matignon, ce cher Henri me dit, tout sourire « arrange-moi ça ! » Ainsi, après une entrevue avec le conseil de Lalou Leroy-Bize, je fis sa connaissance, nous rassurâmes les japonais, nous remîmes le dosser sur ses pieds et tout rentra dans l'ordre...

 

Dans une chronique du 29/02/2008 j’offrais à mes lecteurs des extraits de ce veto historique.

 

Si vous souhaitez la lire c’est ICI 

 

Si vous souhaitez en savoir plus sur Dallas in Burgundy c’est ICI 

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18 août 2020 2 18 /08 /août /2020 06:00

Dionysos et le Ressuscité - Philippe Sollers/Pileface

Dans mes archives j’ai retrouvé ce texte tiré de l'essai sur le goût du vin à l'heure de sa production industrielle écrit par Michel Le Gris présenté par son éditeur comme «philosophe de formation, critique musical à ses heures, exerce à Strasbourg le métier de caviste à l'enseigne du Vinophile. » 10 rue d’Obernai (station de tram Musée d’art moderne)

 

Amazon.fr - Dionysos crucifié : Essai sur le goüt du vin à l'heure ...

 

Loin d'être appréhendés comme l'aboutissement d'une histoire plurimillénaire, les produits de l'activité humaine sont souvent tenus pour l'émanation spontanée d'une nature immuable. Le monde de la vigne et des vins ne fait pas exception à cette perception naïve des choses. En dépit de ce qui le rattache encore à la nature, il a été soumis, comme bien d'autres, à des mutations que nos contemporains ne perçoivent que difficilement, alors même qu'elles ont grandement modifié, avec le goût des vins qu'ils continuent de boire, leur faculté personnelle à les apprécier (...)

 

 

"On ne niera pas que le goût des vins relève  des catégories conjointes du beau et du bon, puisqu'il participe à la formation d'un plaisir stylisé, capable de dépasser la simple appétence sensorielle. Mais, pendant que l'on nous abreuve de propos sublimes sur le vin comme oeuvre d'art, les tendances œnologiques qui prévalent de fait reconduisent inlassablement les formes les plus primaires du goût, plus aptes, il est vrai, à la conquête des marchés qu'au raffinement de la sensibilité. Loin de faire un obstacle à sa banalisation, la célébration du vin comme "produit culturel" en est devenu le prétexte et le paravent, si bien que c'est à une double perversion que nous sommes présentement confrontés : les procédés modernes de stabilisation dénaturent les qualités alimentaires de la boisson, tandis que l'objet esthétique est affadi par sa soumission à de lucratives stratégies de simplification. Ici comme ailleurs, c'est dans la modestie et la discrétion que continue à se chercher une authentique singularité gustative, alors que s'exposent avec ostentation, sur les tréteaux de la "création artistique", des produits complices du plus plat conformisme esthétique.

 

La suite ICI

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17 août 2020 1 17 /08 /août /2020 06:00

 

Rien n’est de moi, tout est de Jérôme Garcin ICI 

 

« Indifférente aux modes, l'Auvergne produit des valeurs sûres, sur quoi le temps n'a pas prise : des pneumatiques, de l'eau minérale, du bleu, de la fourme, des couteaux, de la dentelle et des chroniques de Vialatte. Sans cesse rééditées depuis la mort, en 1971, de l'auteur de «Battling le ténébreux», elles se dégustent nature, à l'unité ou en bloc. On les trouve chez tous les bons libraires. La collection «Bouquins» en a même tiré deux gros volumes, où l'on ressent l'effet de foehn, entend hurler les loups et apprend que «Pascal aimait tellement l'Auvergne qu'il naquit à Clermont-Ferrand».

 

De Jacques Audiberti :

C'est un Peau-Rouge, c'est un hercule forain, c'est le Fuégien tatoué d'une tortue. Que dis-je ? C'est une kermesse complète.»

 

De Blondin :

C'est un cavalier d'Ekebù

 

De Céline :

Il a bâti des cathédrales de vomissure qui se mirent dans des lacs de purin.»

 

De Dutourd :

C'est un don Quichotte qui se méfie des moulins à vent

 

De Montherlant :

Il est tout entouré de bustes et de citations.»

 

De l'homme de Chaval :

C'est un pingouin qui s'est mis le chapeau de Bonaparte.»

 

Et des héroïnes de François Mauriac :

Ce sont des Agrippine de département

 

Ajoutons qu'il n'aimait pas l'Académie française, où «la littérature n'entre que si elle est conformiste, et encore sur la pointe des pieds». Il se moquait - c'est hilarant et injuste - de Jankélévitch en donnant une version charcutière et cantalienne du je-ne-sais-quoi et du presque-rien. Il jugeait que «Gallimard, c'est l'usine et Grasset, la manufacture». Et il tenait que les dictionnaires «sont sûrs, car ils sont faits par des étudiants pauvres».

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