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24 juillet 2019 3 24 /07 /juillet /2019 06:00
Le train de vie modeste de la salle à manger de Michel Rocard Ministre de l’Agriculture : Anne-Marie et Bernadette… nous étions loin des dîners de Rugy.

L’affaire de Rugy n’était pas une affaire d’État mais malheureusement la perpétuation de très mauvaises pratiques sous les ors de la République.

 

Les ministres doivent « adopter un comportement modeste et respectueux de chacun » Cette exigence d’exemplarité, établie par la circulaire du 24 mai 2017.

 

La circulaire rappelle également « qu'il convient de limiter l'usage des deniers publics au strict accomplissement de la mission ministérielle en ne tirant pas profit de ses fonctions pour soi-même ou pour ses proches […]. De manière générale, les dépenses à caractère personnel ou familial ne peuvent évidemment être mises à la charge de l'État ».

 

Edouard Philippe pourrait réformer le train de vie des ministres « Une réflexion est en cours pour voir si la circulaire de mai 2017 mérite d’être complétée ».

 

Tout cela est bel et bon, nous verrons !

 

Comme toujours dans ce genre d’histoire de ma mémoire remonte des souvenirs.

 

Nous étions en 1984, je venais de rejoindre le cabinet de Michel Rocard nouveau ministre de l’Agriculture, il venait de boucler l’épineux dossier des quotas laitiers et il lui fallait enchaîner avec celui de l’élargissement du Marché Commun à l’Espagne et au Portugal.

 

J’étais là pour ça : les dossiers vins et fruits et légumes étaient chauds bouillants, François Guillaume tonnait.

 

La salle à manger et la cuisine de l’appartement du Ministre, qu’il n’occupait pas il logeait avec Michèle boulevard Raspail, étaient dans un état lamentable. Si une commission d’hygiène et de sécurité avait déboulée la fermeture aurait été immédiate.

 

Dans la cuisine officiaient deux bretonnes en blouse : Anne-Marie la cuisinière du genre dragon domestique et Bernadette son souffre-douleur. Anne-Marie décidait de tout, des menus servis lors des réceptions officielles, elle était économe, cuisinait comme si c’était du frichti pour un repas de laboureur.

 

Détail d’intendance, le linge de table, la vaisselle, les couverts avaient beaucoup d’heures de vol. Le vin venait de l’épicier du coin.

 

Nous discutions en priorité avec nos voisins espagnols des dossiers chauds, nos amis portugais se sentaient un peu, même beaucoup marginalisés. Rocard, bonne âme, qui connaissait sur le bout des doigts les « bienfaits » du régime Salazar et avait suivi de très près la Révolution des œillets, décida d’inviter son homologue portugais.

 

Un déjeuner fut programmé.

 

J’y participais bien sûr.

 

Que nous proposa notre Anne-Marie pour ce déjeuner d’empathie ?

 

En plat principal, je vous le donne en mille : de la morue sauce blanche avec des patates à l’eau.    

 

Le père Rocard, habitué aux casse-croûtes du PSU, n’était pas du genre à exiger une tortore de luxe mais là, son sens politique et diplomatique lui fit saisir le côté humiliant de ce menu pour le représentant d’un pays vivant encore très modestement et exportant essentiellement de la main-d’œuvre.

 

Pour autant il ne fit pas un scandale, se contentant de quelques remarques embarrassées auprès du chef de cabinet.

 

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Il en allait ainsi à l’hôtel de Villeroy  en 1983, lors de l’alternance de 86, François Guillaume succéda à Henri Nallet intérimaire, puis en 88 lors de la réélection de Tonton Nallet succéda à François Guillaume, Michel Rocard étant Premier Ministre.

 

Première constatation, le Ministre-paysan avait entrepris des travaux de rénovation de la cuisine, et de l’hôtel en général, Anne-Marie et Bernadette étaient toujours là flanquée d’une petite nouvelle venue de sa Haute-Marne natale. Les Nallet, très petits bourgeois, Thérèse surtout, continuèrent l’œuvre du grand François : Ha ! les « biscuits » (1) de Thérèse Nallet !

 

Anne-Marie prit sa retraite… et puis la vie continua… le train de vie de l’hôtel de Villeroy gagna quelques galons tout en restant dans les clous d’un budget modeste.   

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(1) Un biscuit est une faïence cuite entre 980 et 1040 °C sans glaçure (sans émaillage), une porcelaine tendre ou dure, cuite sans glaçure à haute température (de 1 200 à 1 400 °C), et il existe aussi des grès biscuités qui sont aussi sans glaçure. Le biscuit de porcelaine est utilisé pour réaliser des statuettes, des surtouts de table, des réductions de grandes statues

Réné Souchon : "Michel Rocard ne faisait pas de la politique pour faire des coups"

René Souchon : "Michel Rocard ne faisait pas de la politique pour faire des coups"

 

Pendant deux ans, entre 1983 et 1985, René Souchon, maire d’Aurillac et député du Cantal, a travaillé à proximité immédiate de Michel Rocard, alors ministre de l’Agriculture, sous la troisième gouvernement Mauroy puis sous le gouvernement Fabius, en juillet 1984.

 
Secrétaire d’Etat chargé de l’agriculture et de la forêt, l’ancien président de la région Auvergne (2006 - 2015) se souvient de relations de travail fructueuses. 
 
“On a quand même fait la mise en place des quotas laitiers européens, le 31 mars 1984. Nous avions un cabinet commun, on se parlait tous les jours. J’avais d’autres secrétaires d’Etat au téléphone qui se plaignaient de n’avoir aucune marge de manoeuvre. Ce n’était pas mon cas, il me donnait carte blanche sur les dossiers dont j’avais la charge.” 
 
René Souchon, qui était alors plus mitterrandien que rocardien, se souvient d’un homme “impressionnant par son intelligence”. “Au début, son entourage pensait que j’avais été mis là par Mitterrand pour le surveiller. Il a vite compris que ce n’était pas le cas, entre nous il n’y a jamais eu de coup tordu”.  
 
En avril 1985, Michel Rocard démissionne parce qu’il est opposé à l’instauration du mode de scrutin proportionnel aux législatives de 1986. Henri Nallet prend son poste à l’agriculture, René Souchon reste en place, cette fois comme ministre délégué. 
 
“Ce n’était pas un politicien, il avait une rectitude morale extraordinaire, il ne faisait pas de la politique pour faire des coups. Il était vraiment sur les idées, il allait tout droit… et ne voyait pas venir les coups des autres. C’est pour cela que Michel, que je n'ai pas vu depuis deux ans, était très critique sur la politique d’aujourd’hui, avec ses “coups” politiques et sa médiatisation.”
 
Philippe Cros

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23 juillet 2019 2 23 /07 /juillet /2019 06:00
L’e-cuisine du taulier : sorbet à la pêche de vigne

Nouvel épisode de canicule, la buvaison d’eau est recommandée surtout pour les vieux. Le sorbet allie l’eau avec la saveur des fruits, du bon sucre.

 

Le pêcher de vigne?

 

Comme son nom l'indique, cet arbre fruitier était autrefois cultivé dans les vignobles, à l'extrémité de chaque rangée de ceps : durant l'année, l'arrivée de taches blanches sur ses feuilles prévenait, le cas échéant, le vigneron de la progression de l'oïdium ainsi que de la nécessité d'un traitement, tandis qu'à l'époque des vendanges, la cueillette de ses fruits juteux rafraîchissait les vendangeurs en plein effort.

 

 

La pêche de vigne ou pêche sanguine

 

La pêche de vigne est une catégorie de pêches que produisent des pêchers (Prunus persica). Appelée aussi pêche sanguine, ce n'est pas vraiment une variété précise. Elle se reconnait à sa peau duveteuse gris clair et sa chair rouge foncé, le plus souvent.

 

On l’appelle pêche de vigne, d'une part, parce qu'elle arrive à maturité en même temps que le raisin, soit en septembre, et d'autre part, parce qu'elle a été beaucoup plantée dans les vignes afin de repérer au plus vite les attaques d'oïdium et le traiter pour éviter qu'il ne se propage sur la vigne.

 

Comme les autres variétés de pêchers, cet arbre est aussi auto-fertile et nécessite d'être taillé pour garantir une meilleure longévité à l'arbre. La pêche de vigne est souvent plus acidulée que les autres types de pêches.

 

Variétés conseillées de pêche de vigne pour planter au jardin

 

L'une des variétés de pêches de vigne la plus connue est 'Sanguine de Savoie', à la chair rouge foncé, acidulée, qui pousse partout en France. 

 

NectaVigne® est née de la pêche de vigne.

 

C’est grâce à un homme, René Monteux-Caillet, et à quelques producteurs locaux qui ont su déceler le potentiel extraordinaire de ce fruit, que la Nectavigne® a pu être préservée et adaptée aux besoins des marchés actuels.

 

« En mariant les attraits d’un produit moderne, la nectarine, avec la typicité d’un fruit rustique et traditionnel, la pêche de vigne, nous avons obtenu un fruit unique : une « nectarine de vigne », c’est à dire une nectarine à chair sanguine ».

 

C’est un fruit tout à fait original qui a vu le jour : descendante directe de la pêche de vigne, la Nectavigne® présente aujourd’hui les mêmes caractéristiques que son ancêtre à l’exception de sa peau duveteuse. Elle a conservé la couleur lie de vin de son épiderme, le pourpre traditionnel de sa chair et l’équilibre aromatique subtil de son parfum, à la fois sucré et acidulé. Parfaitement reconnaissable à son épiderme pigaillé, indicateur de sa forte teneur en sucre, Nectavigne® est un fruit de terroir, coloré, gorgé d’arômes et de saveurs, à la fois rustique, noble et une véritable découverte pour les amateurs de grands crus.

 

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Avec le réchauffement climatique la pêche de vigne et la Nectavigne® sont sur les étals dès juillet.

 

Alors, le taulier qui ne fait que pensez à vous s’est mis en cuisine.

 

C’est simple :

 

Pour 1 litre de sorbet 1 kg de pêches de vigne et de Nectavigne®, 20 cl d’eau, 60 g de sucre en poudre, 1 cuillère à café de Maïzena®

 

Dénoyauter les fruits, pelez-les (si les fruits sont bien mûrs c’est facile, attention le jus de pêche de vigne et de Nectavigne® tache)

 

Faire cuire les fruits pendant 10 mn.

 

Récoltez le jus en pressant les fruits dans un chinois.

 

Mixer les fruits.

 

Mélangez le jus des fruits avec le sucre en poudre, portez à ébullition pendant 2 mn.

 

Mélangez la compote de fruits et le sirop, ajoutez la Maïzena®

 

 

Laissez refroidir au réfrigérateur.

 

Turbinez.

 

 

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22 juillet 2019 1 22 /07 /juillet /2019 06:00
Les écolos trouvent qu’elles pètent trop, les dingos leurs ont foutu des hublots, voilà t’y pas qu’en broutant dans les prés pollués nos vaches attrapent   la « maladie de la quincaillerie »

Moi qui ai gardé les paisibles vaches du pépé Louis je suis horrifié par ce qu’on fait subir à ces pauvres ruminantes.

 

Alors je proteste !

 

  1. Procès : 14 décembre 2010
  2.  

Les vaches qui «pètent» * menacent-elles la planète ? Bovins et Vins même combat ! ICI 

 

  1. Les vaches à hublot

 

Trois questions sur les vaches à hublot après la diffusion d'1 vidéo choc de l'association L214 ICI 

 

  1. Des millions de pneus vont être retirés des prairies pour préserver la santé des vaches

 

Les pneus utilisés dans les exploitations agricoles pour maintenir les bâches d’ensilage sont responsables de la « maladie de la quincaillerie ». Les fabricants s’engagent à les récupérer.

 

La « maladie de la quincaillerie » : c’est ainsi que l’association Robin des Bois a baptisé le fléau des vaches qui, en broutant, ingèrent tout un tas de débris. Fils barbelés des clôtures, clous, canettes jetées au bord des routes, mais aussi morceaux de pneus utilisés dans les exploitations agricoles pour maintenir les bâches d’ensilage et qui, au fil du temps, libèrent des microcaoutchoucs et des fils de ferraille… Toute cette pollution des prairies finit par atterrir dans la panse des bovins et par provoquer chez eux abcès, inflammations ou tumeurs.

 

Pour lutter contre ce phénomène, un accord visant à récupérer les millions de vieux pneus présents dans les champs français doit être signé, lundi 15 juillet, avec la filière pneumatique, comme le révèle Le Parisien. « Les fabricants s’engagent à récupérer les pneus des exploitations agricoles à leurs frais », explique au quotidien le cabinet de Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la transition écologique.

 

Jusqu’en 2015, les pneus d’ensilage représentaient la technique la plus répandue chez les éleveurs de bovins pour maintenir les bâches qui protègent le fourrage dans les champs, permettant, dans le même temps, de donner une seconde vie aux pneus usés. Dans une évaluation de 2006, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) estimait le nombre de pneus utilisés pour l’ensilage à 800 000 tonnes.

 

Techniques alternatives

 

Un précédent plan signé en 2007 a permis d’éliminer, en dix ans, près de 80 000 tonnes de pneus. Depuis 2015, la réglementation encourage par ailleurs les exploitants à se tourner vers des techniques alternatives et se débarrasser progressivement de leur stock. L’association Robin des Bois, qui est signataire du nouvel accord et sera chargée de veiller à sa mise en œuvre, estime toutefois qu’il y a encore entre 400 000 et 600 000 tonnes de pneus dans les champs en France, principalement dans le Sud-Ouest, le Centre, la Normandie et la Bretagne.

 

Dans l’accord signé lundi, intitulé « Accord volontaire de la filière pneumatique pour une économie circulaire et la réduction des impacts environnementaux », les fabricants de pneus s’engagent à collecter jusqu’à 15 000 tonnes chaque année, soit l’équivalent de 2,3 millions de pneus. Cette opération est « réservée en priorité aux exploitants qui cessent leur activité », puis « aux agriculteurs qui s’engagent à remplacer ces pneus par l’une des techniques validées » par l’Ademe. Selon cet accord, les fabricants, distributeurs et réparateurs de pneus s’engagent à participer aux opérations à hauteur de 50 %.

 

« Les pneus ne sont pas la seule source de débris métalliques ingérés par les vaches, mais ils sont responsables de la maladie de la quincaillerie, et c’est bien qu’il y ait un début de prise en main », explique au Monde Jacky Bonnemains, président de Robin des Bois. Cet accord présente « un triple intérêt », selon lui : « Protéger les vaches qui ingèrent des morceaux de pneus, lutter contre les moustiques-tigres qui font de ces pneus un gîte préférentiel, et lutter contre les incendies en milieu rural. »

 

Reste à savoir ce que deviendront les pneus usagés. Selon Jacky Bonnemains, « à l’heure actuelle, les pneus broyés n’ont pas d’autre exutoire fiable disponible que la valorisation en cimenterie ». De fait, la vente de pneus usagés aux cimentiers ne cesse de prendre de l’ampleur ; ces derniers les utilisent pour chauffer leurs fours et réduire leur consommation de fioul. L’accord court jusqu’en 2025 et est renouvelable. Selon l’association Robin des Bois, il faudra compter entre quinze et vingt-cinq ans pour éliminer les pneus d’ensilage.

 

 

 

 

La face sombre de ceux qui dénoncent les vaches à hublot et l'élevage

Jocelyne PorcherDirectrice de recherches à l'INRA, spécialiste de la relation de travail entre humains & animaux, auteur de "Cause animale,cause du capital"

Si la dénonciation par L214 de la violence contre les animaux sert à promouvoir une agriculture industrielle biotech aux mains des GAFAM, la question est: voulons-nous de ce fantasme de "monde meilleur" sans animaux?

 

 

Pourquoi diantre la très riche et très médiatisée association L214 a-t-elle sorti une “nouvelle vidéo choc” à propos des vaches ”à hublot” alors que, dans la liste de toutes les violences actuelles faites aux animaux dans le champ industriel, celle-ci, bien que symptomatique de la pensée instrumentale zootechnique, n’est pas la pire? Comme l’ont remarqué les commentateurs, qui néanmoins n’ont pas manqué de relayer dans quasiment tous les médias cette information d’une actualité majeure, la pratique n’a rien de nouveau. Elle fait partie de tout l’arsenal expérimental des productions animales depuis bientôt cinquante ans. Et bien en amont même si l’on considère que les productions animales, en tant que rapport industriel aux animaux, sont nées, portées par la science et par l’industrie, au milieu du 19ème siècle avec la zootechnie, la “science de l’exploitation des machines animales”, bien décidées à détruire l’élevage paysan et à prendre sa place. Ce qui a été fait. Dans les pays industrialisés, l’élevage paysan n’existe plus que dans la résistance au modèle dominant et sa survie dépend de l’énergie que nous mettrons à le défendre.

 

La suite ICI 

 

 

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21 juillet 2019 7 21 /07 /juillet /2019 07:00
Beppe Fenoglio, écrivain singulier «Ce n’est rien, ce n’est que le vin qui est allé le toucher au cœur»

Suivez mon regard malicieux « On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre… » mais, avec des livres, c’est possible pour celles du coche…

 

De passage chez un marchand de livres, un libraire, j’ai acquis La Paie du samedi de Beppe Fenoglio en me disant que je ne l’avais pas lu.

 

La paie du samedi

 

Beppe Fenoglio est peu connu en France, né à Alba en 1922, en 1943 il rejoint les partisans pour combattre les troupes fascistes. A la fin de la guerre il choisit de rester à Albe, d'y exercer sa profession de négociant en vin. Il conservera cette profession jusqu'à la fin de sa vie, préférant composer ses livres en marge de son travail, en « gentlemen writer »

 

« Beppe Fenoglio parvint à rester à l'écart et silencieux à une époque où les écrivains tombent facilement dans le piège de se prendre pour des personnages publics. Il sut si bien se défendre qu'il ne reste aujourd'hui de lui qu'une image aux traits sévères et fiers ; ce n'est au fond qu'un masque, derrière lequel se dissimule un être qui continue de à nous être inconnu. »

Italo Calvino

 

Beppe Fenoglio est un écrivain singulier, ne suivant ni modèle, ni genre, il se tint toujours en marge de la vie littéraire italienne pour effectuer un travail de recherche et d'expérimentation très original. Fenoglio c'est un style traduisant l'expérience de sa vie passée dans la région des Langhe.

 

J'aime ses livres : je vous recommande deux d'entre eux Le Mauvais sort (1954) et Une affaire personnelle (posthume).

 

« Ce n’est rien, ce n’est que le vin qui est allé le toucher au cœur », c’est la sœur de Tobia qui la prononce le jour du mariage de Ginotta.

 

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Le mauvais sort, publié en Italie en 1954, relate la vie miséreuse mais fière d’un jeune gagée par son père dans une ferme des Langue. C’est un tableau puissant et sobre de la vie paysanne piémontaise de l’entre-deux-guerres que l’auteur trace avec une écriture simple mais si proche du corps à corps de l’homme avec la terre.

Carte

 

La Paie du samedi

 

Désœuvré. Retour à l'Italie d'après-guerre avec ce roman du talentueux, mais trop méconnu, Beppe Fenoglio.

 

Si Cesare Pavese a passé les Alpes, ce n'est pas le cas, hélas, de Beppe Fenoglio (né en 1922, et non en 23 comme indiqué dans la notice de l'éditeur). Si ses principaux livres ont été traduits ces dernières décennies, et fort bien, ils sont aussi fort difficiles à trouver, tous ou presque épuisés qu'ils sont aujourd'hui. Comme Pavese, Fenoglio était piémontais. Comme lui, il est mort assez jeune, en 1963. Une mort de fumeur, par les poumons. Il avait 41 ans.

 

Beppe Fenoglio ne verra jamais publier ce roman, paru en 69, l'un de ses tout meilleurs assurément, et qui vient juste après le mémorable La Guerre sur les collines (1968), sans aucun doute possible son maître-livre.

 

Du reste, à l'exception de quelques-uns (Les Vingt-Trois Jours de la ville d'Albe, 1952 ; Le Mauvais Sort, 1954 ; Le Printemps du guerrier, 1959), ces livres les plus aboutis seront tous posthumes. Cette publication d'outre-tombe, justement, c'est ce qui a permis, en Italie, d'entretenir sa mémoire. Des querelles philologiques liées aux divers états de ses manuscrits ont maintenu Fenoglio en vie. Mais en France, ces lecteurs se font rares. Et quand on aurait pu le découvrir, par exemple lorsque la littérature italienne tint salon (du livre) il y a quelques années à Paris, curieusement il passa inaperçu. À d'autres les honneurs et les fleurs.

 

Le personnage principal de La Paie du samedi s'appelle Ettore et, par certains traits, il ressemble à l'auteur. La part de l'autobiographie n'est sans doute pas négligeable dans ce roman puisque Ettore, comme Fenoglio, a participé à la Résistance. Tout comme son personnage, il a pris les armes et le maquis contre les milices fascistes. Le Duce tombé, Fenoglio travaillera dans une entreprise vinicole, au contraire d'Ettore qui, et c'est bien là tout le propos du livre, ne parvient pas à se réadapter socialement. Certains reviennent du feu comme des zombies, ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, parce que blessés, brisés, traumatisés. Pas lui. Il est de ceux que la paix revenue laisse désœuvré.

La suite ICI 

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20 juillet 2019 6 20 /07 /juillet /2019 06:00
En images et en mots la soupe au caillou des 50 ans de Claire : Il sort et va choisir dans la cour devant la petite maison un caillou, rond, blanc ; bref, un beau petit caillou qui donne envie.

Pour le dîner du samedi à Bully Claire nous avait écrit « Apportez un légume à soupe par personne, pour la « soupe au caillou »: nous vous expliquerons !

 

Va pour la soupe au caillou, je suis allé acheter chez un marchand de 4 saisons qui vend des légumes de maraîchers le fameux légume, mais comme je suis un coquin j’ai choisi une grosse tomate pour deux raisons : la première c’est qu’on ne sait si c’est un fruit ou un légume, et la seconde c’est que j’adore l’acidité. Pris de remord j’ai aussi acheté une aubergine violette.

 

Arrivé chez Claire dans les Hautes-Cotes de Beaune, sans me perdre grâce à mon guide qu’a une drôle de voix, les petites mains épluchaient des légumes, y’en avait pour un régiment de zouaves.

 

Dans ma petite auto je m’étais gavé de la Flûte enchantée.

 

Mon inutilité en cuisine étant évidente je suis monté avec Claire, par un chemin à peine carrossable, jusqu’au lieu des agapes.

 

Là je me suis assis et j’ai réfléchi, ça m’arrive, la soupe au caillou en voilà un beau titre pour une petite chronique qui ravira Pax friand de sujets où il peut affûter sa plume à commentaires.

 

 

 

L’histoire qui suit se retrouve un peu partout, notamment dans divers albums pour enfants, avec des protagonistes bien différents de la version d’origine. Elle serait basée sur une histoire vraie et s’intitule : la soupe au caillou (au singulier, s’il vous plaît). Chose rare dans le monde des contes (mais fréquente dans celui des anecdotes), la soupe au caillou peut être datée des années 1870, même si aucune preuve ne l’atteste formellement.

 

« Une histoire vraie et datée »

 

Un soldat se retrouve démobilisé, sans son arme qu’il a rendue aux Prussiens ou à ses supérieurs Français. La guerre est finie, ou du moins une trêve a-t-elle été signée. Nous serions donc en février ou mars 1871. Le soldat doit rentrer chez lui. Sa maison, son pays, sont par-là : il entend le nom d’une ou de deux grandes villes par lesquelles il lui faudra passer. Ensuite, il se reconnaîtra bien. Il garde l’uniforme, qu’il a acheté lui-même en juillet 1870 comme cela se faisait, ainsi que son paquetage, c’est à dire une couverture roulée sur un sac bien maigre.

 

Hélas, le bout de pain et la gourde de vin donnés au moment du départ sont vite passés dans son estomac qui grogne et gargouille à tire-larigot. La neige des chemins lui offre une bien maigre consolation.

 

Arrivant dans une ville, il constate qu’elle a été en partie incendiée : ils ont eu l’Alsace et la Lorraine, se dit-il, comprenant que les combats qu’il a menés ne se sont sans doute pas déroulés au bon endroit ni au bon moment. La désorganisation continue : il dort là où il peut, dans une maison en ruines. Il marche sans presque s’arrêter, sans reconnaître les terres sur lesquelles il passe, perdu face à l’immensité blanche de la neige, incapable le plus souvent de se diriger dans la brume. Mais il marche toujours par là-bas, dans la direction du bras de cet officier dont il n’a même pas su le nom.

 

Après des collines et des vallons, comme un décor minuscule se répétant sur nombre de kilomètres, il arrive dans un village. C’est là que les versions diffèrent en indiquant que c’est dans le Châtillonnais, le Beaujolais, dans le nord de l’Yonne, perdu dans la Nièvre, sur les hauteurs du Morvan, dans le Jura ou la Bresse du côté de Beaurepaire. Enfin, c’est tout de même un village et la disposition des maisons lui rappelle quelque chose : son pays n’est plus très loin, juste une bonne centaine de kilomètres !

 

Tout semble désert, sauf la dernière maisonnée faite de petites pierres grises entassées comme on monte une cabotte, une cadole, une cabioute. La mousse du toit fait l’étanchéité et permet de garder la chaleur donnée par la cheminée qui laisse s’échapper de la fumée dont l’odeur promet une bonne soupe. Le soldat tape à la porte et doit insister pour qu’elle s’ouvre. Une vieille femme est là, qui ne veut pas le laisser entrer. Après une âpre discussion, elle accepte qu’il aille dormir dans la grange, s’il trouve de la paille. Mais elle n’a rien à lui donner à manger. Elle lui concède cinq minutes près du feu, le temps qu’il sèche ses affaires trempées par la brume verglacée. Dommage qu’il n’y ait qu’une toute petite bûche et rien dans la marmite. La guerre a tout pris à la vieille femme. Elle a juste un peu de neige à faire fondre et la solution de boire cette eau chaude. Le jeune homme lui propose alors de faire une soupe de chez lui ou, selon les versions, une soupe à soldats.

 

 

Il sort et va choisir dans la cour devant la petite maison un caillou, rond, blanc ; bref, un beau petit caillou qui donne envie. Le caillou est mis dans la marmite et le soldat touille avant de goûter : « c’est bon, mais chez nous, on mettrait juste un peu de sel ». La vieille hésite et demande : « du sel ? il doit m’en rester une poignée. Si je t’en donne, tu me feras goûter ? ». Le soldat acquiesce et voit l’ancienne ouvrir une boîte remplie à ras-bord. Il prend une pincée, la met dans la marmite, tandis que son autre main met une pleine poignée de sel dans la poche de sa veste. La grande louche en bois remue l’eau, le sel et le caillou.

 

La vieille s’impatiente : « c’est prêt ? ». Pas encore, répond notre malin, et puis, chez nous, on y mettrait un bout de pain, même dur, pour que ce soit meilleur. Tu me feras goûter ? Bien sûr ! Et la villageoise de dénicher un pain entier, rond, presque trop frais pour être mis dans une soupe. Le soldat coupe la miche en deux, en met la moitié sous sa veste et découpe l’autre pour en plonger les morceaux dans la marmite.

La suite ICI 

 

 

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19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 06:00

Image associée

À l’heure où le gros paquebot de Bordeaux a des voies d’eau il est facile de tirer sur le pianiste surtout lorsqu’on est un tout petit calibre.

 

Bernard Farges encore et toujours... ICI 

 

Que Bernard Farges ait sa part de responsabilités dans ce qui arrive aujourd’hui aux vins de Bordeaux, qui pourrait le nier, mais pour autant lui faire endosser toutes les responsabilités de ce début de naufrage relève des idées courtes d’un quasi-naufragé de la critique payante.

 

N’ayant jamais eu la vocation de procureur je ne vais pas m’atteler à dresser la liste des responsables, comme l’avait dit l’oubliée Georgina Dufoix, « Responsable mais pas coupable… », me mettre à instruire le procès de Bordeaux.

 

J’ai déjà commis une chronique sur le sujet.

18 juin 2019

Et si le vin dit de Bordeaux subissait au XXIe siècle le même déclin que le vin de table du Languedoc au XXe siècle ? ICI 

 

Jacques Dupont, l’arpenteur de Bordeaux, s’est attelé à la tâche :

Vin : comment Bordeaux a perdu la guerre du goût

ÉDITO. Trop cher, pas assez écolo... Bordeaux n'a plus la cote. En cause, des maladresses, mais aussi beaucoup d'idéologie. Le coup de gueule de Jacques Dupont. Par Jacques Dupont ICI 

 

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Et pendant ce temps-là, les plumitifs du vin, dont l’immense, l’inégalable, le très envié critique Yohan Castaing que le monde entier nous envie, glosent sur le vin le plus cher du monde : Liber Pater

 

Liber Pater n’est-il en fait qu’un formidable storytelling ? ICI 

 

Trop de mots, un gloubiboulga de mots, tout ça pour ne pas prendre position à la fin, c’est toute l’hypocrisie d’un type qui se pousse du col pour picorer dans les belles assiettes des châteaux de Bordeaux.

 

Surenchère :

 

Vin : il vend un Bordeaux à 31 000 euros, le plus cher du monde… « parce qu’il le vaut bien »

 

Plus cher que le Liber Pater 2015, coté 30000 euros la bouteille, on a trouvé un Cadillac côte de Bordeaux à 31000 euros la quille : le château Bessan 2017.

 

Les prix des grands crus flambent sous l’effet croisé de la spéculation et des coups de marketing. Une production vient de crever les plafonds en proposant la bouteille de son millésime 2017 au prix de 31000 euros la bouteille : le château Bessan, propriété viticole familiale de l’appellation Cadillac côte de Bordeaux, basée à Tabanac. Il s’agit d’un record en bordelais, puisque ce tarif place ce rouge au-dessus du Liber Pater, Graves produit à Landiras, et dont la valeur est montée ces derniers jours à 30000 euros le col.

 

Le domaine de Bessan, ce sont 14 hectares exploités en bio sur des coteaux exposés sud-est au-dessus de la vallée de la Garonne. C’est Mathieu Verdier, à la tête de l’exploitation, qui a décidé de fixer le prix de sa production 2017 à ce niveau, « parce que je le vaux bien », affirme-t-il.

 

Parce que je le vaux bien

 

Ma maman et mes amis m’ont noté 99 sur 100. Tout le monde me dit que mon vin est délicieux. Je travaille en bio. J’ai donc décidé de vendre la bouteille à 31.000 €, soit 1.000 € plus cher que le Liber Pater, considéré comme le vin le plus cher du monde ! »

 

La suite ICI 

 

Et pendant ce temps-là, le CIVB, lance une contre-attaque qui en dit plus long qu’un long discours sur le désarroi des dirigeants qu’aime tant notre grand critique de garnds vins, le CIVB devrait l’embaucher pour faire l’article dans la GD !

 

Relance commerciale

La bière a sa Saint-Patrick, le vin de Bordeaux veut sa Saint-Vincent

Mardi 16 juillet 2019 par Alexandre Abellan

 

Pour rebondir, la filière girondine compte créer l’évènement dans les points de vente les 24 et 25 janvier 2020. En soutenant une tournée française de la grande distribution, des cavistes et des restaurants.

 

La suite ICI 

 

Pognon de dingues !

 

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18 juillet 2019 4 18 /07 /juillet /2019 06:00
Andrea Camilleri « Le fascisme est un virus, dont on a cru se débarrasser en pendant le chef par les pieds, mais qui revient depuis des décennies, sous des formes différentes» Ciao maestro !
Andrea Camilleri « Le fascisme est un virus, dont on a cru se débarrasser en pendant le chef par les pieds, mais qui revient depuis des décennies, sous des formes différentes» Ciao maestro !
Andrea Camilleri « Le fascisme est un virus, dont on a cru se débarrasser en pendant le chef par les pieds, mais qui revient depuis des décennies, sous des formes différentes» Ciao maestro !
Andrea Camilleri « Le fascisme est un virus, dont on a cru se débarrasser en pendant le chef par les pieds, mais qui revient depuis des décennies, sous des formes différentes» Ciao maestro !
Andrea Camilleri « Le fascisme est un virus, dont on a cru se débarrasser en pendant le chef par les pieds, mais qui revient depuis des décennies, sous des formes différentes» Ciao maestro !

Andrea Camilleri est mort mercredi 17 juillet, à l’âge de 93 ans, à Rome.

 

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Je veux bien le rejoindre au même âge.

 

 

Plus qu’un écrivain, Andrea Camilleri, qui ne s’est pas fait connaître uniquement grâce à ses romans policiers drôles et politiques – conteur engagé, homme de gauche, il a placé la corruption, la mafia,  la crise migratoire au cœur de son œuvre.

 

Camilleri c’était aussi et surtout une langue. « En version originale, ses livres sont écrits dans un mélange de dialecte sicilien et d’italien, parfois déroutant pour un Milanais ou un Vénitien. « À la maison, nous avions toujours parlé un dialecte constamment enrichi d’italien, et la distinction établie par Pirandello me convenait parfaitement : la langue italienne exprime le concept, tandis que le dialecte exprime le sentiment », expliquait-il en 2000 à Livres Hebdo. »

 

« Cette richesse d’écriture a été mise en mots en France par Serge Quadruppani. Grâce à ce travail impressionnant de traduction, empruntant au « français du Midi », la complexité des multiples influences culturelles siciliennes est rendue intelligible pour le lecteur de l’Hexagone. « Le “camillerien” n’est pas la transcription pure et simple d’un idiome par un linguiste, mais la création personnelle d’un écrivain, à partir du parler de la région d’Agrigente », explique le traducteur dans un « avertissement » présent dans chaque volume.

 

Mon amour pour les romans siciliens d’Andrea Camilleri date de l’année 2006, 13 ans de fidélité et d’admiration sans bornes.

 

Ciao l'artiste, je suis triste...

 

Quelques Références

 

21 juillet 2006

La disparition de Judas ICI  

 

5 août 2009

La vie de 10 nonnes pour celle de l'évêque d'Agrigente : une histoire sicilienne ICI  

 

29 août 2009

Le feuilleton coquin de l’été des Bons Vivants : « Ta femme te fais cocu avec le commissaire divisionnaire. »  ICI 

 

12 septembre 2009

Le feuilleton coquin de l’été des bons vivants : « Tâche voir de pas me faire mal, je suis une petite nature. »  ICI 

 

9 septembre 2010

Les bonnes feuilles de l’été de tonton Jacques « Giurlà, déjà benouillé de sueur, sentit qu’il durcissait dans son pantalon »  ICI 

 

4 septembre 2014

« Merci pour ce moment» : la vengeance est un plat qui se mange froid sans-dents : à la socialiste, Taninè ! ICI

 

21 octobre 2014

Sicile au temps où les effusions du Saint-Esprit engrossaient 4 vierges : j’en fais tout un fromage le caciocavallo… ICI 

 

26 mars 2015

En 1 heure ½ maximum la récolte était vendue, parce qu’elle venait d’une terre cultivée avec amour et que l’amour ça donne bon goût…  ICI 

 

22 juin 2015

La Donna é mobile « Les glaces de Cecè sont la joie des gourmets ! Une glace chez Cecè et la chaleur disparaît ! » ICI  

 

12 décembre 2015

En 1677 la Sicile est gouvernée pendant 27 jours par 1 femme, beauté envoûtante, intelligence redoutable, équanimité révolutionnaire, lisez Camilleri au sommet de son art !  ICI 

 

3 avril 2016

Andrea Camilleri l’homme qui aimait les FEMMES… Oriana un nom de guerre pour exercer le plus vieux métier du monde.  ICI 

 

11 septembre 2016

« Alors que la 1ière fois elle était restée silencieuse, ce coup-ci, elle se mit à miauner. Et Giurlà trouva la chose bien à son goût. Par le fait, il poussa aussi de grands han à chaque enfournée. » ICI

 

17 juin 2018

Ma sélection du dimanche : 2 livres, 1 vin, 1 plat, Leonard Cohen homme à femmes, Andrea Camilleri et sa Nora femme mariée aux multiples amants, homard de l’Ile d’Yeu et 1 Morgon vieilles vignes… ICI

 

Un entretien avec Andrea Camilleri

Protagoniste d'un exceptionnel phénomène éditorial en Italie, Andrea Camilleri, écrivain inconnu il y a seulement cinq ans, est aujourd'hui le plus lu des romanciers de la péninsule. Depuis deux ans, ses romans, qui se sont vendus à plus de deux millions d'exemplaires, occupent sans discontinuité les premières places des classements des meilleures ventes et ont été traduits dans de nombreux pays où ils ont toujours reçu un excellent accueil. Tous ses livres ont pour cadre une petite ville sicilienne appelée Vigàta, qui est la transfiguration littéraire de Porto Empedocle, la ville natale de l'écrivain. Certains de ses romans appartiennent au genre de l'énigme historique, un genre très cher à Sciascia, et explorent - sans renoncer à l'ironie - les malheurs de la Sicile du siècle passé ; les autres sont des romans policiers plus classiques dans lesquels le commissaire Montalbano - une sorte de Maigret sicilien des années quatre-vingt-dix - s'efforce de comprendre et de combattre la criminalité d'aujourd'hui. Dans les deux cas, Camilleri propose des histoires bien ficelées - avec parfois des procédés de construction assez originaux - qui, tout en utilisant de nombreuses références littéraires plus ou moins affichées, affrontent les problèmes de son pays, à commencer par la mafia et par la corruption des institutions et des hommes politiques, mais savent aussi évoquer la fierté et la richesse de l'identité sicilienne. Mais surtout, cet écrivain de soixante-quatorze ans, qui était metteur en scène et producteur pour le théâtre et la télévision, a su inventer, à partir d'un mélange d'italien et de sicilien, une langue savoureuse et efficace, qui convient parfaitement à ses histoires, mais qui a dû poser de nombreux problèmes à ses traducteurs.

 

En France, où cinq de ses livres ont déjà été traduits, deux nouveaux romans sont attendus ce printemps dans les librairies : le troisième épisode des aventures de Montalbano, Le Voleur de goûters (Fleuve Noir), un récit qui croise les problèmes de l'immigration aux activités illicites des services secrets et aux crimes passionnels, et Le Coup du cavalier (éd. Métailié), où, dans la Sicile de la fin du xixe siècle, un homme honnête voulant dénoncer l'illégalité et la corruption est victime d'une machination qui vise à lui attribuer la responsabilité d'un meurtre.

 

Nous avons rencontré Andrea Camilleri dans sa villégiature du Monte Aviata, campagne toscane.

 

ICI

 

 

Littérature Actualité Sciences humaines Histoire

 

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17 juillet 2019 3 17 /07 /juillet /2019 06:00
L'invention de l'anniversaire, celui de Claire dans ses vignes des Hautes Cotes de Beaune au lieu-dit Bully 1ier épisode

J’étions invité.

 

J’y suis allé samedi 13 avec ma petite auto.

 

Je ne me suis pas égaré grâce à mon guide qui cause bizarrement. Faisait beau, arrivé chez Claire plein de petites mains s’affairaient.

 

Qu’allais-je faire ?

 

Avant de faire ripaille, de boire, de papoter, de voir Claire souffler ses 50 bougies, je m’étais dit, moi qui suis tout sauf journaliste (lire Faut-il vraiment être "con" pour être journaliste? ICI ) je vais jouer au paparazzi, sortir mon petit Leica de son sommeil pour immortaliser l’événement.

 

Jean-Yves me conduisit au fin fond des vignes par un chemin à peine carrossable à la maison de Bully, là je me suis assis et j’ai réfléchi.

 

 

Pourquoi fête-t-on les anniversaires de sa naissance ?

 

C’est un an de plus, pourquoi faire la fête alors que l’on vieillit ?

 

Alors j’ai cherché.

 

J’ai trouvé.

 

Dans un article publié par la revue Annales (juillet-août 2007, 248 p., 17 €), le médiéviste Jean-Claude Schmitt retrace « l'invention de l'anniversaire ». Pour cela, il part d'un texte du XVIe siècle : le Livre des costumes, de Matthäus Schwarz. Ce fils de marchand de vin, directeur financier de la firme commerciale des Fugger d'Augsbourg, avait tenu à rédiger, images à l'appui, son "autobiographie vestimentaire". Or il y avait porté une attention particulière, rare à l'époque, à la date de sa venue au monde. Décortiquant avec bonheur ce document exceptionnel, Jean-Claude Schmitt signe une étude passionnante sur l'émergence de l'anniversaire moderne comme rituel collectif et familier.

 

Le rythme de la vie collective domine et embrasse les rythmes variés de toutes les vies élémentaires dont il résulte; par suite, le temps qui l’exprime domine et embrasse toutes les durées particulières, écrivait Émile Durkheim en conclusion aux Formes élémentaires de la vie religieuse (1912); et il précisait : « c’est le rythme de la vie sociale qui est à la base de la catégorie de temps » [1]

 

Parmi l’immensité des problèmes posés, je ne m’intéresserai ici qu’à l’historicité des « rythmes de la vie » et plus particulièrement à la manière dont les acteurs sociaux se représentent leur vie, ses étapes, l’âge qu’ils ont eu, qu’ils ont, qu’ils vont avoir, dans leurs écrits et le cas échéant dans les images qu’ils produisent. Le premier document que j’ai examiné de près est, au début du XVIe siècle, l’« autobiographie vestimentaire » de Matthäus Schwarz. Parmi tous les traits qui font de cet ouvrage un témoignage de premier plan, j’ai été frappé par la place que tient dans les préoccupations de l’auteur son propre anniversaire. Cet aspect n’a guère été remarqué jusqu’à présent. Sans doute parce que l’anniversaire est un petit rite personnel et familial qui ne bénéficie pas des fastes des rituels religieux et publics qui ont scandé et scandent encore en partie les vies individuelles (première communion, mariage, etc.); fêter son anniversaire ou celui de nos proches semble aller de soi, au point que nous ne nous interrogeons guère sur l’histoire d’une telle pratique. Rares sont les études qui lui sont consacrées [6]

 

[1]

ÉMILE DURKHEIM, Les formes élémentaires de la vie religieuse.…. Il faisait écho à Marcel Mauss qui, dans son Étude sommaire de la catégorie du temps dans la religion et la magie, observait que « le calendrier n’a pas pour objet de mesurer, mais de rythmer le temps 

 

[2]

MARCEL MAUSS et HENRI HUBERT, Mélanges d’histoire des… ». « Rythmer le temps » : l’Essai sur les variations saisonnières des sociétés eskimos avait montré en effet, dès 1904-1905, que l’alternance de l’hiver et de l’été déterminait pour les populations du Grand Nord l’alternance de deux formes différentes de la vie sociale, dense, collective et festive dans le repli hivernal de l’igloo, dispersée et plus individuelle à la saison estivale, consacrée à la chasse plus lointaine 

 

[3]

MARCEL MAUSS, « Essai sur les variations saisonnières des…. La postérité des intuitions des fondateurs de la sociologie et de l’anthropologie a été étudiée récemment par plusieurs auteurs, alors même que la notion de rythme, dans ses acceptions diverses et à propos de notre propre société s’impose sur le devant de la scène : que l’on pense aux rythmes du travail, aux rythmes scolaires, aux effets dissolvants, pour le tissu social comme pour la personnalité de l’individu, de l’« arythmie » sociale, dans le cas du chômage par exemple

 

[4]

EVIATAR ZERUBAVEL, Hidden rhythms. Schedules and calendars in…. En effet, la société occidentale, passée ou moderne, ne saurait échapper au souci anthropologique d’analyser dans la synchronie ses rythmes fondamentaux, comme les catégories, les usages pratiques et les techniques du temps que ces rythmes soutiennent : du temps biologique (sommeil et veille, respiration, menstruation) à la mesure horlogère du temps diurne, des rythmes du corps à ceux de la danse et de la musique, du calendrier annuel à la périodisation de l’histoire collective, du temps du travail et des loisirs au temps de la vie, etc., en insistant sur le rôle de la combinaison de tous ces rythmes dans le procès d’individuation collectif et personnel

 

[5]

PASCAL MICHON, Rythmes, pouvoir, mondialisation, Paris, PUF,…. Mais le regard historien peut et doit ajouter autre chose encore : une observation de ces rythmes et de ces « catégories du temps » dans la diachronie de l’histoire, les changements de rythmes dans le temps, les conflits entre rythmes rivaux en tant que facteurs du procès historique, l’apparition ou la disparition de rythmes nouveaux et ce qu’elles signifient.

 

[6]

PHILIPPE ARIÈS, L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien… : les folkloristes ne s’en préoccupent guère, et si, par exemple, Arnold Van Gennep avait bien prévu dans son questionnaire une entrée « Anniversaire », il n’en parle plus ensuite

 

 

La suite ICI

 

Je dois à la vérité que pour mes 71 balais on m’a offert :

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Depuis quand fêtons-nous notre anniversaire ?

 

La question n’a guère intéressé les historiens jusqu’à aujourd’hui. Pourtant elle ouvre des aperçus féconds sur l’évolution des rythmes de la vie humaine. Au Moyen Âge, où l’on se préoccupait surtout du jour de la mort des individus, s’est effectué un retournement lourd de conséquences : l’anniversarium funéraire est devenu ce que l’on appelait alors la « natalité ». Textes et images permettent de suivre le lent établissement de la pratique de l’anniversaire et sa dissémination, d’abord dans les milieux aristocratiques, puis dans la bourgeoisie du XIXe siècle et enfin dans les milieux populaires.

 

Ce livre invite le lecteur à découvrir l’histoire surprenante et le caractère finalement très tardif de ce rituel qu’est l’anniversaire de notre naissance.

 

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Historien spécialiste de l’anthropologie historique, Jean-Claude Schmitt est directeur d’études à l’EHESS. Médaille d’argent du CNRS, il a enseigné dans les plus grandes universités américaines et européennes. Il a publié Les Rythmes au Moyen Âge chez Gallimard, 2016. Ses ouvrages sont traduits dans plus d’une quinzaine de langues. Il dirige la collection Oblique/s chez Arkhê.

A suivre…

 

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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 16:15

Toujours à la pointe du buzz 17 juin 2019 j’osais écrire une chronique que je n’osais titrer : Homard m’a tué. ICI

 

« En quoi un homard est-il plus ridicule qu'un chien, qu'un chat, qu'une gazelle, qu'un lion ou toute autre bête dont on se fait suivre ? J'ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer, n'aboient pas ».

 

Gérard de Nerval

 

« Le homard est un animal paisible qui devient d’un beau rouge à la cuisson. Il demande à être plongé vivant dans l’eau bouillante. Il l’exige même, d’après les livres de cuisine.

Précisons de plus que le homard n’aboie pas et qu’il a l’expérience des abîmes de la mer, ce qui le rend très supérieur au chien et décidait Nerval à le promener en laisse, plutôt qu’un caniche ou un bouledogue. »

Alexandre Vialatte

 

Prescience de ce qui vient d’arriver à François de Rugy.

 

Les homards sont dangereux, certes ils n’aboient pas, ils laissent ce soin à la bande à Moustache.

 

 

 

L'ombre d'un doute

Edwy Plenel, enquête sur l'enquêteur

 

Il sort des affaires, fait tomber les puissants, sans craindre de jouer les procureurs : Edwy Plenel incarne le journalisme d’investigation à la française. Mais qui est vraiment le fondateur de Mediapart  ? Après quoi court-il ? Quelles sont ses méthodes ?

 

Sophie des Déserts a enquêté sur l’enquêteur. ICI 

 

Enfin je dédie la palme de la chronique la plus creuse, la plus dénuée de sens sur cette affaire à Fabrizio Bucella Professeur des Universités (Université Libre de Bruxelles), physicien, docteur en Sciences et sommelier

 

Ce que disent les vins de François de Rugy

 

Concentrons-nous sur le côté oeno-gastronomique de l’affaire.

ICI 

 

Vu de Suisse. François de Rugy a démissionné, l’histoire d’une affaire bien française

 

La question nous est tombée dessus sans crier gare. “Vos politiciens, en Suisse, ils se gobergent aussi de homards et de vins fins ?” Gêne de quelques minutes. Coup d’œil rapide, sur Internet, aux dernières révélations de Mediapart sur les repas fastueux, version crustacés et grands crus, du ministre de l’Écologie et ancien président de l’Assemblée nationale François de Rugy. Et nous voilà à expliquer que non, sauf erreur de notre part, les homards ne frétillent pas dans les cuisines du Palais fédéral…

 

La question, évidemment, ne portait pas seulement sur les homards servis à table par François de Rugy à ses hôtes. Ni sur le sèche-cheveux plaqué or que la compagne du ministre – pour l’heure maintenu en fonction par Emmanuel Macron – aurait acquis lors de leur court passage à l’Hôtel de Lassay, résidence du président de l’Assemblée nationale. Ni sur les travaux réalisés dans son appartement de fonction. L’interrogation visait surtout le rapport au luxe des politiciens.

 

L’élite monarchique

 

D’un côté, une élite française présumée dispendieuse, installée sans complexe dans les habits de l’élite monarchique d’Ancien Régime et dans les meubles de la République. De l’autre, une classe dirigeante helvétique supposée plus attentive à l’usage des deniers publics, voire carrément décevante côté fastes et réceptions.

 

La réponse exige des précautions. Genève, on le sait, a connu récemment son lot de convulsions et de controverses. N’empêche : ce qui se passe ces jours-ci à Paris ressemble bien à une maladie française. Le goût du faste. La présence à ces dîners de journalistes parisiens triés sur le volet, peu regardants sur la dépense.

 

Des bombes à retardement

 

L’impression qu’à Paris un “si petit monde” n’a toujours pas compris les exigences de transparence et de frugalité de l’époque. Comme si, une fois installés dans les meubles de la République, une partie des élus et de leurs conjoints s’affranchissaient logiquement du monde réel.

 

Cette France-là, perdue dans la tour d’ivoire du pouvoir, mérite d’être rappelée à l’ordre. L’apparat démocratique impose plus de discernement. Or les homards distribués aux bons amis et arrosés de vins fins, hors dîners officiels et réceptions diplomatiques, sont des bombes à retardement. Ceux qui l’oublient perdent, dans la foulée, toute crédibilité pour réclamer à leurs compatriotes les efforts exigés par leurs réformes.

 

Richard Werly ICI

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15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 06:00
Que conseiller à Pax : lire or not lire la mémoire des vignes par Ann Mah ?

Moi je l’ai lu et je suis bien embarrassé pour conseiller PAX…

 

La Mémoire des vignes par Mah

 

C’est joliment écrit et bien troussé.

 

Deux intrigues se mêlent dans ce roman : « les boire et déboires de Kate » à notre époque, ses ambitions professionnelles : elle doit réussir le « très prestigieux concours de Master of Wine ». Elle fait pour cela le choix de se rendre en Bourgogne, dans le domaine appartenant à sa famille depuis des générations. Elle pourra y approfondir ses connaissances sur le vignoble et se rapprocher de son cousin Nico et de sa femme, Heather, qui gèrent l’exploitation. Son passé amoureux dont les cendres sont ravivées, c’est Jean-Luc, un jeune et talentueux vigneron, son premier amour. Le quotidien tragique d’Hélène, jeune fille de vigneron dont le futur est anéanti par l’Occupation allemande et une marâtre infâme. Secret de famille !

 

Sur la Toile j’ai lu une critique « En revanche, je suis restée assez indifférente aux problèmes de l’héroïne : j’ai peiné à comprendre son obstination à passer son examen de Master of Wine alors que sa passion pour le vin ne m’est pas apparue clairement, je n’ai pas senti l’alchimie entre elle et son ex, et je n’ai pas réussi à m’attacher à sa famille ou à détester sa rivale, un peu trop caricaturale. Par-dessus le marché, pour une connaisseuse de la France, j’ai trouvé que l’auteure s’attardait lourdement sur des clichés du Français macho et peu ouvert sur le Monde dont je me serais bien passée. »

 

Comme vous le savez le Master of Wine n’est pas ma tasse de thé, c’est même un répulsif, du côté cœur je dirais, au risque de me faire taxer d’antiaméricanisme primaire, c’est très love story, mais du côté vigneron, elle n’a pas tout à fait tort Ann Mah, d’ailleurs j’aurais bien aimé que Jean-Yves Bizot, le vigneron de Vosne-Romanée le lise pour me donner son éclairage sur ses confrères vignerons.

 

Le volet, la vie d’une famille de vignerons sous l’Occupation, au travers du journal tenu par Hélène, est plus convaincant, bien documenté, reflet d’une période où ceux qui se sont engagés, ceux qui ont résistés, n’ont pas été forcément les gagnants à la Libération.

 

Pour éclairer PAX voici un lien avec le site ICI 

Babelio

Elodieuniverse   21 juin 2019

On est en immersion totale dans le monde œnologique, ses pressoirs, ses vignes, ses vendanges... Ne vous inquiétez pas si vous n'êtes pas de grands amateurs de vins, l'histoire est bel et bien compréhensible. Grâce au journal d'Hélène, on entre au coeur de la guerre, de la résistance, de l'Occupation, de la collaboration... Les secrets de famille sont bien présents. Qui était Hélène? Pourquoi dans la famille personne n'en a jamais parlé? Et surtout qu'est-elle devenue? La quête que va mener Kate va mettre à jour les non-dits mais aussi la honte, la trahison, la culpabilité de cette famille. J'ai aimé que les personnages cherchent en même temps que le lecteur et en savent même moins.C'est un livre documenté que ce soit sur l'oenologie ou la SGM.(Sombre période qui me passionne, je raffole des romans parlants de l'Histoire) Bref, ce livre mélange romance, terroir (La Bourgogne, ses terres et sa gastronomie) et roman historique à merveilles. (...)

 

Ann Mah est journaliste et écrivain. Elle vit entre Paris et Washington. Passionnée de voyages et de cuisine elle écrit régulièrement pour de nombreux journaux et magazines américains comme Le New-York Times, Vogue ou Condé Nast.

Elle a remporté le prix des lectrices de Elle aux Etats-Unis pour son essai Mastering the Art of French Eating en 2013.

Page 20 : L’Examen pour me MW

 

« La dernière fois que je l’avais passé remontait à dix-huit mois, mais je me rappelais les quatre jours d’épreuves dans les moindres détails. La forme des carafes en verre qui contenaient le vin pour les dégustations à l’aveugle. Le bruit que faisait mon stylo en courant sur le papier, rédigeant de courtes descriptions de chaque vin, d’où il venait, comment il était produit. Les arômes d’amandes grillées, de fleur de sureau, de silex composaient le bourgogne blanc sur lequel je m’étais tant interrogée. La cuisante sensation d’humiliation qui m’avait envahie lorsque je m’étais rendu compte que je m’étais trompée dans l’identification d’un des vins les plus vénérés au monde – celui que ma famille française fabriquait depuis des générations. Le vin  dont elle pensait qu’il coulait dans mes veines. » 

 

« Je connaissais personnellement des ribambelles de professionnels du vin qui étaient respectés et se moquaient du titre de Master of Wine, le considérant comme une affectation idiote et coûteuse. Mais d’un autre côté – quand je passais au crible le Wine Spectator avec envie, que je veillais jusqu’à l’aube pour préparer des fiches – je me trouvais nulle de ne pas l’avoir. La qualification MW était comme un doctorat ou un master, en plus prestigieux encore, quand on savait qu’il y avait dans le monde moins de trois cents Masters of Wine. J’avais consacré cinq ans à me préparer pour l’Examen, investi des centaines d’heures et des milliers de dollars pour humer, goûter, cracher toute sorte de vins. »

 

Page 61 : La frugalité de leur mode de vie s’appliquait aussi au vignoble

 

« Ma mère et son frère avaient grandi au domaine, mais alors qu’elle avait quitté la France pour faire ses études, mon oncle Philippe avait passé toute sa vie dans ce même endroit ; aujourd’hui, à un peu plus de cinquante ans, le chef vigneron était encore loin de prendre sa retraite. Ma tante Jeanne et lui vivaient à l’extérieur du village, dans une maison où elle avait grandi ; ils faisaient pousser leurs légumes, élevaient des poules et un cochon. La frugalité de leur mode de vie s’appliquait aussi au vignoble, qui souffrait, tant les équipements étaient vétustes et les murs lézardés ; je soupçonnais qu’elle était la cause d’une certaine tension entre les générations. »

 

Page 76 : Après l’enterrement du père de Jean-Luc

 

« Après la cérémonie, nous suivîmes la foule jusqu’à la maison de la famille de Jean-Luc. Dans le jardin, il resta au milieu d’un groupe d’hommes aux visages et aux mains  burinés. Vu la manière dont ils contemplaient les vignobles au loin – avec une inquiétude de propriétaires –, ils devaient être également vignerons, des viticulteurs de domaines voisins, des collègues du père de Jean-Luc. Lui se tenait les bras croisés, la tête baissée tandis qu’il écoutait les conseils, mais son expression n’avait rien de la raideur que j’apercevais  parfois à Paris. Ici, au milieu des vignes, il était chez lui. »

 

Page 77 : le premier millésime de mon père

 

« Ce soir nous le boirons en son honneur ». Il réussit à sourire.

 

  • À ton père dis-je tout en admirant la couleur du vin, riche et dorée, comme un souvenir de rayon de  soleil.

 

  • Papa ouvrait un millésime chaque printemps, quand les vignes commencent à se réveiller. Il disait  que c’était une offrande. Il cogna son verre contre le mien. « À une bonne année. Ma première… comme vigneron. »

 

J’en eus le souffle coupé. »Tu … tu reprends le domaine ? » Au moment où je le dis, les pièces du puzzle trouvèrent leur place. Bien sûr qu’il allait le reprendre. Il était le seul fils, et sa sœur était impatiente de fuir la province. Il se préparait à ce rôle de chef vigneron depuis sa naissance.

 

Dans la semi-pénombre de la cuisine, son visage était fermé, difficile à lire. « Nous avons envisagé de trouver un viticulteur pour s’occuper des vignes. Ou de vendre notre récolte à un négociant. Mais finalement… disons que papa n’approuverait pas. J’ai pensé que c’était la meilleure solution, et maman a fini par donner son accord. »

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