Toujours à la pointe du buzz 17 juin 2019 j’osais écrire une chronique que je n’osais titrer : Homard m’a tué. ICI
« En quoi un homard est-il plus ridicule qu'un chien, qu'un chat, qu'une gazelle, qu'un lion ou toute autre bête dont on se fait suivre ? J'ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer, n'aboient pas ».
Gérard de Nerval
« Le homard est un animal paisible qui devient d’un beau rouge à la cuisson. Il demande à être plongé vivant dans l’eau bouillante. Il l’exige même, d’après les livres de cuisine.
Précisons de plus que le homard n’aboie pas et qu’il a l’expérience des abîmes de la mer, ce qui le rend très supérieur au chien et décidait Nerval à le promener en laisse, plutôt qu’un caniche ou un bouledogue. »
Alexandre Vialatte
Prescience de ce qui vient d’arriver à François de Rugy.
Les homards sont dangereux, certes ils n’aboient pas, ils laissent ce soin à la bande à Moustache.
L'ombre d'un doute
Edwy Plenel, enquête sur l'enquêteur
Il sort des affaires, fait tomber les puissants, sans craindre de jouer les procureurs : Edwy Plenel incarne le journalisme d’investigation à la française. Mais qui est vraiment le fondateur de Mediapart ? Après quoi court-il ? Quelles sont ses méthodes ?
Sophie des Déserts a enquêté sur l’enquêteur. ICI
Enfin je dédie la palme de la chronique la plus creuse, la plus dénuée de sens sur cette affaire à Fabrizio Bucella Professeur des Universités (Université Libre de Bruxelles), physicien, docteur en Sciences et sommelier
Ce que disent les vins de François de Rugy
Concentrons-nous sur le côté oeno-gastronomique de l’affaire.
Vu de Suisse. François de Rugy a démissionné, l’histoire d’une affaire bien française
La question nous est tombée dessus sans crier gare. “Vos politiciens, en Suisse, ils se gobergent aussi de homards et de vins fins ?” Gêne de quelques minutes. Coup d’œil rapide, sur Internet, aux dernières révélations de Mediapart sur les repas fastueux, version crustacés et grands crus, du ministre de l’Écologie et ancien président de l’Assemblée nationale François de Rugy. Et nous voilà à expliquer que non, sauf erreur de notre part, les homards ne frétillent pas dans les cuisines du Palais fédéral…
La question, évidemment, ne portait pas seulement sur les homards servis à table par François de Rugy à ses hôtes. Ni sur le sèche-cheveux plaqué or que la compagne du ministre – pour l’heure maintenu en fonction par Emmanuel Macron – aurait acquis lors de leur court passage à l’Hôtel de Lassay, résidence du président de l’Assemblée nationale. Ni sur les travaux réalisés dans son appartement de fonction. L’interrogation visait surtout le rapport au luxe des politiciens.
L’élite monarchique
D’un côté, une élite française présumée dispendieuse, installée sans complexe dans les habits de l’élite monarchique d’Ancien Régime et dans les meubles de la République. De l’autre, une classe dirigeante helvétique supposée plus attentive à l’usage des deniers publics, voire carrément décevante côté fastes et réceptions.
La réponse exige des précautions. Genève, on le sait, a connu récemment son lot de convulsions et de controverses. N’empêche : ce qui se passe ces jours-ci à Paris ressemble bien à une maladie française. Le goût du faste. La présence à ces dîners de journalistes parisiens triés sur le volet, peu regardants sur la dépense.
Des bombes à retardement
L’impression qu’à Paris un “si petit monde” n’a toujours pas compris les exigences de transparence et de frugalité de l’époque. Comme si, une fois installés dans les meubles de la République, une partie des élus et de leurs conjoints s’affranchissaient logiquement du monde réel.
Cette France-là, perdue dans la tour d’ivoire du pouvoir, mérite d’être rappelée à l’ordre. L’apparat démocratique impose plus de discernement. Or les homards distribués aux bons amis et arrosés de vins fins, hors dîners officiels et réceptions diplomatiques, sont des bombes à retardement. Ceux qui l’oublient perdent, dans la foulée, toute crédibilité pour réclamer à leurs compatriotes les efforts exigés par leurs réformes.
Richard Werly ICI