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14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 07:00
Les confidences de Philippe de Rothschild : le Médoc féodal, Goering  et Mouton…
  • Comment expliquer que l’on soit resté si longtemps féodal, ici, en Médoc ?

 

  • Parce qu’on était en  dehors de tous les courants. La première fois que je viens ici, je prends le train de nuit à Paris à dix heures du soir, j’arrive à sept heures du matin à la gare Saint-Jean, à Bordeaux, je prends mon petit déjeuner à l’hôtel Terminus, puis un fiacre qui m’amène à la gare Saint-Louis, de l’autre côté de Bordeaux, et enfin un dernier train à huit heures et demie… le reste du trajet s’effectuant en carriole.

 

  • La légende veut que Goering se soit approprié Mouton et Lafite…

 

  • C’est effectivement une légende ; Goering n’est là qu’un symbole. Les deux propriétés ont été nationalisées par Vichy, fort heureusement. Elles étaient sous la garde du Führer des Vins, car il y avait un Führer du Vin de Bordeaux ! En principe, les cuvées étaient réservées pour les grands nazis. Mais comme elles avaient été nationalisées par Vichy, même si l’Allemagne avait gagné la guerre, il aurait fallu qu’ils achètent à Vichy…

 

  • Ce qui fait que le vin a été protégé, ici ?

 

  • Complètement, le vin a été bien protégé pendant la guerre. La propriété était administrée par les Domaines, et le bonhomme qui s’est occupé de Mouton était de premier ordre ; dès que je suis  arrivé, il m’a dit : « Monsieur, nous avons gardé la propriété pour vous. » Tout  de suite, sans hésitation.

 

André Harris/Alain de Sédouy Les patrons Seuil pages 366 et 367

 

En 1941, une belle prise: les caves du Château Mouton Rothschild

 

Mais "l'Ogre", comme le surnomme Michel Tournier dans son roman Le Roi des Aulnes, ne se contente pas de spolier les musées. Amateur de bonne chère, il dévalise aussi les caves des grands restaurants, comme la Tour d'Argent, à Paris. Car cet esthète raffole des grands crus, et notamment des bordeaux. Albert Speer, l'architecte du Reich, racontait qu'il y avait peu de choses qui rendaient Göring aussi heureux que de s'affaler dans un fauteuil, tard dans la nuit, et de déboucher une bouteille de château-lafite. 

 

Göring va donc charger Heinz Bömers, grand négociant d'avant-guerre en spiritueux, d'une mission d'importance: organiser l'importation, en Allemagne, du vin français. Les négociations ont lieu à Paris, à l'hôtel Majestic (aujourd'hui, Le Peninsula). La région bordelaise traverse une grave crise de surproduction, depuis la fin des années 1930, et les viticulteurs français sont ravis de vider leurs chais: année après année, les volumes ne cessent d'augmenter, pour atteindre 232000 hectolitres en 1944. Mais le vin en vrac, transporté en Allemagne dans des wagons-foudres, c'est bon pour les soldats, pas pour le palais délicat du Reichsmarschall Göring.

 

Afin de satisfaire son maître, Heinz Bömers se rend dans les plus grandes maisons bordelaises. Il paie rubis sur l'ongle, en profitant d'un taux de change très favorable. "Et quand les domaines appartiennent à des Anglais ou à des juifs, il confisque purement et simplement les vins", précise Sébastien Durand, enseignant-chercheur à l'université de Bordeaux Montaigne et auteur d'une thèse sur "Les Entreprises de la Gironde occupée (1940-1944)". En 1941, sur les ordres de Göring, il met la main sur Château Mouton Rothschild et, surtout, sur ses précieuses caves. Après d'intenses négociations, l'Ogre se contentera de 10% des stocks. Ce sont ces bouteilles, sans doute, qui dorment aujourd'hui dans les caves de Cricova.

 

Ce vin français enfoui dans le trésor nazi de Göring

 

Durant la Seconde Guerre mondiale, "l'Ogre" nazi a aussi pillé les plus prestigieux domaines viticoles français. Surprise: des grands crus bordelais de sa collection ont été retrouvés dans les caves moldaves réputées de Cricova! Histoire d'un incroyable périple qui passe par Moscou.

 

Des bouteilles, poussiéreuses, reposent sur le flanc, dans une petite cavité creusée dans le calcaire. Les étiquettes, pommelées d'humidité, sont illisibles, mais à côté, un écriteau doré indique ces quelques mots: "Château Mouton Rothschild Pauillac, 1er cru classé, 1936." Plus loin, dans d'autres alvéoles, d'autres noms prestigieux: "Richebourg - Domaine de la Romanée Conti, 1935", côte-rôtie, pommard, châteauneuf-du-pape...

 

Suite ICI 

 

Hermann Göring ou Hermann Goering ICI 

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13 mars 2018 2 13 /03 /mars /2018 07:00
Le Normandie à New York (© : SNTP / COLLECTION CHANTIERS DE L'ATLANTIQUE)

Le Normandie à New York (© : SNTP / COLLECTION CHANTIERS DE L'ATLANTIQUE)

  • Pourquoi New York est-elle surnommée la grosse pomme ?

 

Dans les années 1900 des courses hippiques avaient lieu un peu partout ainsi qu’à New York City, et les gagnants se voyaient remettre une pomme comme récompense. Il s’agissait des prix les plus importants et c’est pour cela que plusieurs personnes commencèrent à surnommer New York comme la grosse pomme, ainsi toutes les courses qui avaient lieu dans les banlieues de New York étaient communément appelées courses « autour de la pomme ».

 

Plus tard dans les années 1970 une campagne touristique appelait officiellement New York, la grosse pomme et attirait des voyageurs du monde entier. Le lien établis avec des vraies pommes rouges dans la campagne permettait de changer les mentalités des gens qui pensaient que New York était une ville dangereuse. Et cela fonctionna véritablement ! La grosse pomme est aujourd’hui l’une des destinations les plus populaires et convoitées par des milliers de personnes à travers le monde !

 

Bien évidemment le lien avec la Normandie, paradis de la pomme à cidre, du Calvados et du Pommeau, est facile d’autant plus que pendant des décennies les paquebots transatlantiques partirent du Havre.

 

Le Normandie fut l’un des plus mythiques paquebots de l’histoire et, pour beaucoup, le plus fabuleux liner jamais réalisé en France. La France, c’est d’ailleurs ce qu’il était. Une ambassade flottante, le représentant unique du meilleur de la technologie, du raffinement et de l’art de vivre de tout un pays. Une véritable gloire nationale. Il y a 80 ans, le Normandie faisait ses débuts au sein de la Compagnie Générale Transatlantique. La légende venait de naître.

 

Une carrière de quatre ans seulement

 

Commencée en mai 1935, sa carrière s'est interrompue du fait de la guerre, à laquelle il ne survivra pas. Saisi par les Américains le 12 décembre 1941 à New York, où il avait été mis en sécurité en 1939, le navire, rebaptisé La Fayette, est en cours de transformation en transport de troupes lorsqu’un incendie éclate dans le grand salon première classe, suite à une étincelle de chalumeau. Nous sommes le 9 février 1942 et cette journée sera fatale pour le fleuron de la marine marchande française. Pour éteindre le feu qui le ravage, les remorqueurs new-yorkais déversent tellement d’eau sur la coque que le bateau finit par chavirer. Le Normandie est renfloué à l’été 1943 et conduit en cale sèche à Bayonne, dans le New Jersey. Les dégâts sont très importants et les Américains abandonnent sa remise en état, jugée trop complexe et coûteuse. En 1945, lorsque la guerre cesse, la France renonce aussi à récupérer le Normandie. L’épave, mise en vente en août 1946, elle finalement adjugée à un ferrailleur de Newark, qui achèvera sa démolition en octobre 1947.

 

La suite ICI 

 

C’est donc tout naturellement que le Consulat Général  de France de New-York donne sur son site Recipe of the month: Apple Tart from Normandy [fr]

 

ICI

 

 

Traduction

 

La cuisine normande est déterminée par sa position géographique, qui bénéficie des fertiles terroirs de la Normandie, qui lui fournissent à foison les produits agricoles, tandis que la mer la pourvoit généreusement en poissons et crustacés divers. Les Normands aiment la bonne chère et leur cuisine se distingue essentiellement par ses productions agricole et piscicole.

 

Les pommes jouent un rôle prépondérant dans la cuisine normande, tant dans les desserts que dans la fabrication du cidre, ainsi que de l’eau-de-vie de cidre, appelée Blanche, dite calvados. Le trou normand est un petit verre de calvados, avalé d’un seul coup en plein milieu du repas, pour stimuler l’appétit. Le pommeau, apéritif à base de calvados et de cidre, est de plus en plus exporté.

 

La tarte normande est, comme son nom l’indique, une pâtisserie typiquement Normande à la pomme et au Calvados. La clef d’une tarte réussie réside dans vos pommes. Si elles sont de qualité, elles tiendront facilement à la cuisson et pourront être joliment caramélisées. Voici donc la recette très simple à réaliser et que vous pouvez accompagner d’une glace vanille.

 

Recette pour 4 personnes :

 

Préparation de la pâte sucrée

• 125 g de beurre

• 250 g de farine

• 1 œuf

• 90 g de sucre glace

• 30 g de poudre d’amande

 

Préparation de la crème normande

 

• 1 œuf

• 18 g de sucre semoule

• 12 cl de crème liquide

• ½ gousse de vanille

• 1 c. à s. de Calvados

 

Préparation des pommes

 

• 2 pommes golden moyennes

• 12 g de beurre

• 5 g de sucre semoule

• 2 c. à s. de Calvados

 

Préparation de la pâte sucrée

 

Tamiser la farine. Mettre le beurre en pommade : il doit être souple pour éviter de trop travailler la pâte. Ajouter le sucre glace, la poudre d’amande et l’œuf. Mélanger le tout. Lorsque la préparation est bien homogène, incorporer la farine tamisée. Rouler la pâte en boule, l’envelopper de film étirable. Réserver 12 heures au réfrigérateur.

 

Préparation du fond de tarte

 

Beurrer un cercle de 14 cm de diamètre. Abaisser la pâte sucrée sur une épaisseur de 3 mm et en garnir le cercle. Le déposer au réfrigérateur pendant 10 min. Chauffer le four à 160°C. Cuire la tarte à blanc puis la réserver.

 

Préparation de la crème normande

 

Casser l’œuf dans un saladier. Ajouter le sucre. Fendre la gousse de vanille, récupérer les graines avec la lame d’un couteau et les ajouter. Verser la crème et bien mélanger le tout. Puis ajouter le Calvados. Bien mélanger. Réserver au frais.

 

Préparation des pommes

 

Laver, éplucher, citronner les pommes. Les couper en cubes. Dans une poêle, faire fondre le beurre et le sucre. Ajouter les pommes et faire sauter quelques minutes. Arroser d’un peu de Calvados. Débarrasser et réserver à température ambiante.

 

Préparation de la tarte normande

 

Préchauffer le four à 180°C. Garnir le fond de tarte avec les pommes sautées puis le recouvrir de crème normande. Cuire pendant 15 minutes. Contrôler celle-ci avec la pointe d’un couteau : il ne doit plus rester d’humidité sur la lame. Débarrasser la tarte sur une grille. Saupoudrer du sucre glace sur la tarte.

 

Je voudrais rendre hommage à un très grand chef qui nous a récemment quitté, le Chef Alain Senderens, précurseur de la nouvelle cuisine, 3 étoiles au Guide Michelin durant vingt-huit années à Paris.

« Au même titre que la littérature, la « science de gueule » chère à Montaigne n’est-elle pas à la fois savoir, sentiment technique et art, quête d’harmonie et de sagesse ? »

Chef Alain Senderens (2 Décembre 1939 – 25 Juin 2017)

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12 mars 2018 1 12 /03 /mars /2018 07:00
Quand la moutarde vous monte au nez faites-vous un cataplasme mais ne mettez pas de moutarde dans votre mayonnaise !

L'origine du mot « moutarde », viendrait de deux mots latin mustum ardens ) qui signifiaient « le moût ardent » car de tout temps on a préparé la moutarde avec du moût (jus de raisin non fermenté). Ce mot aurait donné ensuite le mot " mustard " en anglais.

 

Hippolyte Etiennez dans son Livre de la Phagotechnie universelle, avance cette anecdote :

 

« Pour terminer, disons un mot de la moutarde. Ce ne sera pas la première fois qu’on aura servi de la moutarde après le dîner. Les anciens connaissaient parfaitement cette graine. Pline assure qu’elle est le contrepoison des champignons vénéneux. Mais elle n’a pas toujours porté ce nom de moutarde. On l’appelait autrefois sauve ou sénevé ; ce ne fut qu’en 1392 qu’on la débaptisa. Philippe-le-Hardi, duc de Bourgogne, ayant marché contre les Gaulois révoltés, et Dijon lui ayant fourni pour cette expédition mille hommes d’armes, le duc, reconnaissant, accorda à la ville, entre autres privilèges, celui de porter ses armes avec sa devise moult me tarde. La ville fit sculpter l’un et l’autre sur sa porte principale ; mais un accident ayant détruit le mot du milieu, on ne lisait plus que moult tarde, et l’on donna, par dérision, ce nom au sénevé que fabriquaient en grande quantité les habitants de Dijon.

 

Ceci nous rappelle une autre anecdote. Un fabriquant de la même ville avait écrit sur sa porte cette phrase : multum tardat divio nixam. Les érudits ne manquèrent pas de s’arrêter devant l’inscription, et se mirent à la torture pour en trouver le sens ; mais ils n’y purent parvenir, et dénoncèrent le fabricant, qui, obligé de traduire son enseigne, le fit ainsi : moult tarde Dijon noise (moutarde dijonnaise).

 

« L'origine géographique de la moutarde reste imprécise. Certains situent ses origines en Afghanistan entre 5500 et 2300 av. JC. Pour d'autres, elle est de l'est de l'Inde et la Chine. La moutarde brune est maintenant cultivée et utilisée sur les cinq continents dans les régions à climat subtropical tempéré. Mille ans après les Sumériens (3000 ans av. JC) à qui on doit les premières traces de moutarde, cette espèce est cultivée par de nombreuses civilisations (Egyptiens, Grecs, Romains...). Elle fut introduite en Gaule par les Romains il y a environ 4000 ans. La moutarde est connue, dans l'ancien testament, sous le nom de sénevé. L'apôtre Matthieu, nous en parle dans la parabole du grain de sénevé. »

 

Ce sont vraisemblablement les romains qui importèrent vers la Gaule, l'usage de la moutarde de table. Puis, plus tard Charlemagne recommanda de cultiver cette épice dans tous ses états généraux ainsi que les jardins bordant les monastères en banlieue de Paris. La culture de la moutarde gagne progressivement l'Allemagne puis l'Angleterre. En Europe du nord, une croyance voulait que l'on répande quelques graines de moutarde autour de sa maison pour y chasser les mauvais esprits ...

 

La moutarde de table s'y adapta facilement : la vigne, mère du vin et grand-mère du vinaigre et la moutarde firent bon ménage. Les graines de moutarde poussaient naturellement en abondance. »

 

 

« La moutarde est une plante de la famille des Brassicacées (crucifères) dont les graines servent à fabriquer le condiment du même nom. Pour la fabrication de la moutarde les graines sont d’abord nettoyées puis trempées dans le verjus (le jus acide des raisins n’ayant pas mûri), avant d’être broyées pour obtenir une pâte qui sera tamisée afin d’éliminer les sons puis laissée au repos quelque jours en fûts. La saveur piquante du condiment est due à sa richesse en sénevol, essence issue de la dégradation enzymatique d’un sinigroside contenu dans la graine. Néanmoins, « Il n’appartient pas à tout vinaigrier de faire de la bonne moutarde », c’est pourquoi en France, les moutardiers ou « faiseurs de moutarde » sont reconnus comme tels dès 1412. »

 

L'implantation des moutardiers en Bourgogne est liée à deux principales raisons :

 

- l'abondance des vignes offre le verjus nécessaire à la pâte ;

 

- le sénevé cultivé au 19e s. par les charbonniers de Morvan et de l'Auxois, produisant du charbon de bois pour les premières usines sidérurgiques de Bourgogne (Le Creusot, Montbard, Buffon). En effet, le sénevé poussait très bien sur les sols utilisés par les charbonniers pour carboniser le bois. Depuis longtemps, les charbonniers ont disparu et à présent le sénevé est essentiellement importé du Canada.

 

« Au XVIIIe siècle, une famille dijonnaise (les Naigeon) donne à la moutarde de Dijon ses lettres de noblesse en la confectionnant non pas avec du vinaigre mais avec du verjus (jus de raisin vert). C'est là toute la spécificité du produit.

 

« Il n’est moutarde qu’à Dijon »

 

Dès le seizième siècle, la moutarde de Dijon l’emporte sur toutes les autres. Grimod de La Reynière écrira qu’elle « se distingue encore de beaucoup par son mordant et une saveur piquante ».

 

Au XVIIIe, la concurrence se focalise entre la moutarde parisienne et dijonnaise. À Paris dominent Bordin et Maille, qui s’intitulait modestement « vinaigrier-distillateur du roi ». Ce dernier diversifie déjà ses produits en proposant de la moutarde à l’ail, à l’estragon, à la romaine, aux truffes…

 

Au XIXe siècle, Maurice Grey conçoit et réalise à Dijon une machine destinée à améliorer la production et le rendement de la moutarde. En pleine période de développement économique, c'est le succès immédiat pour la moutarde de Dijon. »

 

Grâce à ce moulin, un homme peut faire 50 kg de moutarde par jour, contre 16 à 17kg avec le procédé manuel. De l'atelier on passe à l'usine qui sera hydraulique à vapeur. Des brevets royaux, on passe à l'ère des brevets d'invention et des expositions universelles, ou chacun concoure pour les médailles les plus recherchées du moment.

 

Le 20ème siècle connaîtra de nombreux bouleversements, essentiellement économiques. Les réglementations sont de plus en plus strictes, à l'image du décret de 1937 qui a défini les conditions de fabrication et de dénomination des moutardes.

 

La « Moutarde de Dijon » correspond ainsi à un procédé bien précis. Elle est fabriquée avec des graines de moutarde noire et/ou brune, blutées ou tamisées. Cependant, le consommateur ne doit pas s'y méprendre : il ne s'agit pas là d'une appellation d'origine.

 

Si quelques fabricants utilisent encore aujourd'hui le procédé traditionnel, c'est à dire le broyage à la meule, la fabrication artisanale tend à disparaître au profit de quelques marques. Amora ou Maille.

 

La production locale de graines de moutarde ne suffisait plus au développement galopant de l'industrie condimentaire (depuis la révolution industrielle, à partir de 1850). Il a fallu importer des graines. La culture de la moutarde disparut de la région vers 1950, victime de ses faibles rendements. Elle fut remplacée par le colza et le tournesol plus rémunérateurs pour l'agriculteur.

 

Depuis 2009, il existe une indication géographique protégée (IGP) : la « Moutarde de Bourgogne » Ce produit est confectionné à partir de grains cultivés en Bourgogne.

 

 

« Amora Maille et Fallot, trouvant dangereux de n’avoir qu’une seule source d’approvisionnement, décident de relancer la production de graines de moutarde en Bourgogne », raconte Marc Désarménien, petit-fils d’Edmond Fallot et Directeur général de la moutarderie familiale Fallot, installée à Beaune depuis 1840. Une poignée d’agriculteurs se lance dans l’aventure, un programme de sélection variétale permet d’améliorer les propriétés génétiques des graines, et peu à peu, la production renaît. « Aujourd’hui 5 000 hectares sont cultivés en Bourgogne », se réjouit Jérôme Cadet, agriculteur et président de l’association moutarde de Bourgogne.

 

« Si la moutarde vous monte parfois au nez, sachez qu'elle peut aussi le déboucher en cas de rhume ! »

 

 

Utilisée en cataplasmes, cette plante dégage les voies respiratoires, décongestionne les bronches et soulage le nez bouché.

 

Pour préparer un cataplasme de moutarde, mélangez 2 cuillerées à soupe de farine de moutarde ou de graines de moutarde broyées avec de l'eau tiède.

 

Appliquez une gaze sur votre poitrine, étalez cette pâte par-dessus et recouvrez d'une seconde gaze. Laissez poser 10 minutes.

 

Il est normal que ça chauffe. En revanche, si votre peau est irritée, retirez le cataplasme immédiatement.

 

Ce remède de grand-mère est d'ailleurs déconseillé pour les enfants car les sensations de chaleur peuvent être désagréables.

 

Pas de moutarde dans la mayonnaise

 

« Indispensables sauces de notre table, la mayonnaise et la rémoulade ont su s’affirmer pour accompagner nos plats de tous les jours. Pourtant une chose les oppose : La moutarde. En effet, si la mayonnaise se prépare avec des jaunes d’œufs, du vinaigre blanc, du sel et du poivre, la rémoulade suit la même recette au détail près que le vinaigre est remplacé par un scrupule de moutarde ! »

Sources : Histoire de la moutarde Chambre d’agriculture de la Côte d’Or

La Moutarde de Bourgogne maison Fallot.

À propos de la moutarde Menu fretin

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8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 07:00
Poireauter, poiroter, poireautage, j’adore les mots verts, crus, balancés sur ceux qui ne me lâchent pas la grappe.

Vous souvenez-vous du sparadrap du capitaine Haddock  dans l’affaire Tournesol ?

 

« À la suite de l'explosion de la maison du professeur Topolino, le capitaine Haddock, blessé, se retrouve affublé de plusieurs sparadraps, dont un sur l'arête du nez. C'est l'amorce du plus long running gag (plaisanterie récurrente, en français) de l'œuvre d'Hergé. Non seulement, en page 45, le «petit sparadrap» voyage dans pas moins de 17 cases (au total, la page en compte 24 !), mais il réapparaît à la page 46 (8 cases). Après son épopée suisse, le vaillant bout de tissu collant est transféré en Bordurie, à la page 47 (4 cases), avant de ressurgir une dernière fois, en page 49. »

 

Sur mon blog j’ai mon sparadrap, il me colle tel Guy Bedos dans la drague avec Sophie Daumier, impossible de s’en débarrasser alors j’ai décidé, en désespoir de cause, de le faire poireauter, poiroter…

 

Jouissance extrême de le voir faire le poireau !

 

Le voir planté comme un poireau c’est beau…

 

Je peux aussi être trivial avec le poireau : « Tête blanche et queue verte » ou même vulgaire « se chatouiller le poireau… »

 

J’adore les mots verts, crus, balancés sur ceux qui ne me lâchent pas la grappe.

 

Laissons-le sparadrap poiroter et revenons au  légume d’hiver, le poireau, originaire du Moyen-Orient et du Sud-Ouest asiatique, bulbe proche de l'ail, de l'oignon et également de la ciboulette, était déjà apprécié des Égyptiens. « D'ailleurs, l'histoire dit que le pharaon Kheops récompensait ses meilleurs guerriers avec des bottes de poireaux. Mais c'est l'empereur Néron qui fut l'un de ses inconditionnels les plus célèbres, utilisant très régulièrement ses vertus pour s'éclaircir la voix. »

 

C’est un légume de la grande famille des alliacées, le poireau est l’emblème protecteur du pays de Galles après que ses habitants eurent gagné une bataille célèbre en affichant un poireau comme signe de reconnaissance sur leur chapeau. « L'idée en reviendrait à l'évêque de l'Église celtique, devenu depuis saint David, patron du pays. »

 

« La tige du poireau doit être droite, charnue, ferme, d'un blanc brillant, sans tache et les feuilles doivent être bien vertes. Ce légume peut se conserver deux à trois mois à une température proche de zéro si l'humidité relative est élevée.

 

Pour laisser échapper les composés soufrés, responsables de son odeur caractéristique et qui rebute les enfants, il faut le cuire à découvert. »

 

Je propose aux naturistes d'adopter ça sent le poireau lorsqu'ils veulent vanner un grand cru classé plein de sulfites ajoutés.

 

Selon Hippocrate, le poireau était capable de « favoriser la diurèse, relâcher le ventre, arrêter les éructations... »

 

Ça me fait penser à Poirot !

 

C’est un vrai légume d'hiver

 

Bon dans la soupe avec patates, carottes, navets, il est aussi dans les bistrots qui se respectent la base d’un grand classique : le poireau-vinaigrette.

 

 

Pour les picards le poireau c’est la flamiche.

 

Il est aussi, comme le disent les présentateurs de télé, incontournable dans le pot-au-feu.

 

 

Copié-collé juin 28, 2016 Critique 4 G

 

juin 28, 2016 Critique 4 G

 

« Retour à Paris, chez Table, toujours le meilleur choix de la capitale au déjeuner, selon moi : entrée, plat, dessert et verre de vin (pinot noir de Binner en magnum, fabuleux) et terrasse calme pour 35 euros. Berthomeau, habitué, perché au comptoir, dans un camaïeux de bleu, n’en finit pas de rocardiser et nous recommande Les climats, un établissement de luxe. »

 

Camaïeu avec un x ben voilà le pompon, quel irrespect pour la langue française ! Retour à l'envoyeur... Je suis outré par tant de légèreté. L'arroseur arrosé...

 

NB. Le dit Berthomeau s’en fut mardi dernier à Table nouvel étoilé et, Ô malheur Critique 4 G va devoir manger son black béret le Bruno il a supprimé le menu déjeuner à 35 euros. Aux Climats, plus anciennement étoilé, il est toujours à 45 euros.

 

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7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 07:00
La Sardaigne, l’Aga Khan, le prix de l’Arc Triomphe, le Meurice, Milena Agus, Terres promises, le pecorino…

Brasser ses souvenirs c’est souvent pour les vieux radoter un peu mais ce matin je le fais sans honte puisque c’est pour l’édification des jeunes pousses acculturées.

 

La Sardaigne d’abord, une île au cul de la Corse, des corses qui prennent les sardes pour des péquenots, que j’ai découvert par ma bouche lorsqu’au bon vieux temps où, avec le Michel Rocard, devenu sur ses vieux jours corse d’honneur au point d’y séjourner pour l’éternité, nous passions nos nuits à négocier la fin du gros rouge qui tache du Midi, enfermé à Bruxelles, nous allions nous restaurer dans un petit resto sarde.

 

 

L’Aga Khan ensuite, son Altesse l’Aga Khan est devenu Imam (chef spirituel) des musulmans Shi’a Imami Ismaili le 11 Juillet 1957 à l’âge de 20 ans, succédant à son grand-père, Sir Sultan Mahomed Shah Aga Khan. Il est le 49ème Imam héréditaire des musulmans Shi’a Imami Ismaili et le descendant direct du Prophète Muhammad (que la paix soit sur lui et sa descendance) par son cousin et gendre , Ali, le premier Imam, et son épouse Fatima, la fille du Prophète. Lire ICI 

 

 

« Passionné de chevaux comme ses aïeux, l’Aga Khan a gagné plusieurs fois les prix de Diane, il a financé en partie la rénovation de l’hippodrome et celle de l’Institut de France à Chantilly. Mais il a surtout créé l’Aga Khan Development Network (AKDN), qui emploie 80.000 personnes et développe des zones d’activités pour l’éducation, la santé, la culture dans de nombreux pays. Basée auparavant à Genève, la fondation doit siéger au palais Henrique de Mendonça, à Lisbonne, une construction qui date du début du XXe siècle. L’Aga Khan IV explique: « Nous nous sommes inspirés du concordat qui lie le Vatican et le Portugal. »

 

La suite ICI 

 

L’Aga Khan je l’ai connu par les chevaux, lorsque garçon dévoué et serviable j’allais représenter mon Ministre au dîner précédent le grand prix de l’Arc de Triomphe au Meurice. Au Meurice car le dit Aga Khan en était à cette époque le propriétaire.

 

À ce dîner je ne me contentais pas de faire tapisserie en vague doublure de mon Ministre, je prononçais le discours de clôture, exercice que j’adorais. L’Aga Khan, homme fort civil était à cette époque marié depuis le 28 octobre 1969 avec Sarah Croker-Poole, qui était devenue la bégum Salimah. Avant de divorcer en 1995, ils ont eu trois enfants, Zahra en 1970, Rahim en 1971 et Hussain en 1974. Son second mariage avec Gabriele Thyssen Homey ne durera que cinq ans, le temps d’un quatrième enfant, le petit Ali, né en juin 2000.

 

Mais quel lien entre l’Aga Khan et la Sardaigne me direz-vous ?

 

« La Sardaigne et sa « côte d’émeraude » est le joyau du littoral italien. Grandes plages désertes, criques sauvages, fonds marins cristallins, falaises de granit plongeant dans des eaux limpides. C’est le décor de conte de fées d’une des îles les plus pauvres et isolées d’Italie il y a encore quelques décennies et qui survivait essentiellement grâce à l’activité de ses bergers. Le prince qui a réveillé cette Belle au bois dormant s’appelle Karim Aga Khan Ismaili.

 

Tombé sous le charme de ses paysages, il fonde en 1962 avec un groupe d’industriels et de financiers internationaux, dont le propriétaire de San Pellegrino et le magnat de la bière Patrick Guiness, le consortium Costa Smeralda. Son but est la transformation de 55 km de côtes splendides mais presque inhabitées et sans aucune infrastructure moderne en un lieu de villégiature renommé. 

 

«Le prince Aga Khan a carrément fait décoller le tourisme. Avant lui, les chèvres des bergers broutaient sur les collines et les habitants vivaient de l’agriculture»

 

Je résume, par deux fois je me suis rendu au dîner de l’Arc de Triomphe au Meurice, bien sûr j’étais placé à la droite du Président de la Société d’Encouragement à la Table d’Honneur et j’étais entouré des vieux barbons du Jockey Club alors que tout à côté l’Aga Khan présidait une table où se pressaient des beautés sardes.

 

Reste Milena Agus, et Terres Promises,  « La terre promise, tout le monde la cherche. Pour Raffaele, de retour en Sardaigne juste après la guerre, elle se situe sur le Continent. Mais une fois là-bas, Ester, sa jeune épouse, a le mal du pays, elle qui était pourtant si pressée d’en partir… Alors la famille y retourne. Leur fille, Felicita, s’adapte aux humeurs locales et s’initie avec la même conviction au communisme et au sexe. De ses amours naîtra Gregorio, drôle de petit bonhomme qui trouvera sa voie dans la musique. Au fil des ans et des rencontres, ils avanceront dans leurs vies imparfaites, croisant la route d’autres êtres en quête de bonheur. Pour tous, Felicita est l’indispensable pivot. Car à ses yeux les gentils ne sont pas des perdants et la terre promise est au coin de la rue. Une saga familiale décalée, portée par une héroïne qui ressemble comme une soeur à Milena Agus. »

 

 

« C’est un roman magnifique. Il y a beaucoup d’amour, beaucoup de gentillesse, ce n’est pas la gentillesse mièvre et les gens idiots… C’est la bienveillance. C’est fait avec beaucoup d’intelligence et vraiment il y a quelque chose qui se dégage de ce roman. Elle nous parle de la Sarde avec des mots magnifiques. »

 

« Milena Agus, cet(te) auteur(e) sarde, a commencé à être traduite en français il y a une dizaine d’années, à l’occasion de son roman « Mal de pierres«. (Et si vous ne l’avez pas encore lu, lisez-le, c’est absolument magnifique). ICI  »

 

Illustration de mon histoire matinale :

 

 

« Les jours passaient et Felicita attendait celui où ils iraient enfin à la mer, mais personne ne semblait s’en soucier de la mer. Sauf son père qui, à ce sujet, se disputait avec ses beaux-frères, lesquels considéraient que les foules de touristes envahissant les plages étaient une aubaine pour les Sardes. Il disait qu’il préférait l’époque où la Sardaigne n’était que monts, ravins sauvages, chênes courbés par le vent, ânes et brebis, et où la mer n’existait pas. Dans la génération de leurs pères, nombre de ceux qui habitaient l’intérieur des terres étaient morts sans l’avoir vue et puis hop, voilà que l’Aga Khan, surgi d’un conte oriental, avait inventé la Côte d’Émeraude… Et soudain, sur cette terre bénie, il n’était plus resté que la mer, et ses plages à vendre et à détruire. »

 

 « Une terre promise, allons donc ! On construisait partout des villages touristiques et on bitumait les routes menant aux plages. Sans répit, sans l’ombre d’un regard amoureux et respectueux pour la nature. Ça déracinait, ça incendiait, réduisant en cendres des hectares et de maquis méditerranéen pour pouvoir bâtir.

 

Ses beaux-frères se moquaient de lui. Il voulait retourner dans la montagne avec les brebis ? Il préférait les besaces aux sacs, les habits d’orbace aux vêtements confortables, les ânes aux automobiles, l’odeur du pecorino aux parfums ? »

 

« Le dernier jour, ils s’embrassèrent, émus, mais ils rirent un peu aussi. Les beaux-frères allaient regretter les étonnantes gamelles à la continentale mitonnées par Ester, que Raffaele, naturellement, partageait avec eux : escalope et risotto à la milanaise, tourte  de blettes, pâtes au pistou, osso bucco aux petits pois, poulet rôti et purée de pommes de terre. Désormais, ils devraient se contenter des robustes gamelles de malloreddus, les petites pâtes de blé cuites la veille, et du sempiternel morceau de pecorino. »

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5 mars 2018 1 05 /03 /mars /2018 07:00
La valse des logos bio. http://vidberg.blog.lemonde.fr/2009/03/03/la-valse-des-logos-bio/

La valse des logos bio. http://vidberg.blog.lemonde.fr/2009/03/03/la-valse-des-logos-bio/

Il est loin le temps où l’agriculture biologique était considérée comme le territoire de quelques illuminés en sandales, de néo-ruraux issus du retour à la terre de soixante-huitard, le vivier des confédérés paysans, objet de la risée conjointe de tout le gotha agricole.

 

Souvenir du temps où, pour payer mes études, je préparais ma thèse de doctorat, j’enseignais à l’école d’agriculture des Établières à la Roche-sur-Yon : j’avais organisé pour mes élèves une rencontre avec des agriculteurs pratiquant la méthode Lemaire-Bouchet pour le blé.

 

Que n’avais-je fait ?

 

Je fus convoqué par le Conseil  d’Administration de l’école, composé de la fine fleur de la profession agricole, pour me faire tirer les bretelles. Je frôlai l’exclusion. Ça avait un petit goût des pratiques du PCF, celles que revisitent les actionnaires du média révolutionnaire de Mélenchon, la fine fleur des petits bourgeois révolutionnaires type Miller et Lancelin.

 

C’était un temps que les jeunes ne peuvent pas connaître,  le bio  a le vent en poupe, tout le monde au Salon de l’Agriculture chante sur tous les tons l’avènement d’une agriculture durable, c’est beau  comme la ruée des ouvriers de la 25e heure.

 

Paradoxalement, dans ce concert des nouveaux zélotes du bio, les plus rétifs sont les hauts dignitaires du monde vin qui, sans être aussi radicaux que les céréaliers, se tortillent du cul pour avancer à pas comptés vers le bio tout en nous bassinant sur leur foi en la défense de notre santé.

 

Bref, le tableau qui suit vaut mieux que tous les discours : le bio c’est une affaire de gros, notre GD nationale a trouvé là de quoi se refaire une virginité.

 

 

Quoi en penser ?

 

À mon sens peu de bien, je n’ai jamais eu beaucoup d’estime pour les pécheurs repentis qui viennent vous prêcher la bonne parole. Leur donner un chèque en blanc c’est, aussi bien pour les producteurs que les consommateurs, vite retomber dans les mêmes errements.

 

Face à l’offensive de la GD les gros loulous de l’alimentaire ne pouvaient rester inertes, subir, le sieur Faber de Danone a donc, profitant de la fenêtre médiatique du SIA, sonné la charge.

 

Salon de l’agriculture, le leader mondial des yaourts dévoile son plan pour passer de 4 % à 15 % de bio dans ses produits laitiers frais en France d’ici à 2022.

LE MONDE | 20.02.2018 à 22h15 | Par Laurence Girard

 

Danone veut être largement présent au rayon bio. D’abord avec une offre destinée aux enfants, mais aussi en déclinant la plupart de ses marques, de Blédina à Evian en passant par Volvic, Danonino et même l’emblématique Danone. Un projet dévoilé mardi 20 février, à quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture.

 

 

Pour l’heure, la marque Les 2 Vaches était la seule dans le portefeuille du leader mondial des yaourts à porter le label à la petite feuille verte. Elle pèse environ 4 % du chiffre d’affaires des produits laitiers frais de Danone en France, selon François Eyraud, directeur général du programme One Danone en France. La gamme Les 2 Vaches est fabriquée en Normandie dans l’usine de Molay-Littry (Calvados), en lien avec 35 éleveurs convertis au bio.

 

Accélérer l’offre à destination des enfants

 

Le « bio de Danone », une déclinaison du plus classique des yaourts, devrait arriver dans les magasins courant 2018. Tout un symbole. Il sera fabriqué dans l’usine de Bailleul dans le Nord et, pour ses débuts, dépendra du lait vendu par Biolait. Si les clients sont au rendez-vous, une centaine d’éleveurs pourraient être accompagnés dans une conversion au bio d’ici à 2022. Sachant que Danone collecte le lait de 2 000 éleveurs en France.

 

Sans attendre, le groupe d’agroalimentaire a déjà converti au bio sa gamme Evian fruits et plantes et Evian Kusmi Tea. Volvic devrait suivre, toujours dans le segment des eaux aromatisées, avec une version Infusion bio. Elle prépare aussi une boisson bio pour enfants, Juicy Kids,dont la teneur en sucre est allégée.

 

La volonté affichée est justement d’accélérer l’offre en bio à destination des enfants. Juicy Kids en fait partie. Mais la balle est tout particulièrement dans le camp de Blédina.

 

Une nouvelle gamme, Les Récoltes bio, sera lancée le 1er mars. Markus Sandmayr, directeur général de Blédina, explique que 50 % des ingrédients des recettes de ces produits sont aujourd’hui d’origine française avec l’ambition de faire passer ce taux à 80 % d’ici à 2020. Blédina, qui travaille avec 10 agriculteurs partenaires, se dit prêt à accompagner des conversions pour faire passer ce chiffre à une centaine à cet horizon. Et pour compléter le menu pour enfants avec un produit laitier, un Danonino bio sera proposé dès cette année.

 

Mieux valoriser ses produits

 

Danone s’est fixé des objectifs. Selon M. Sandmayr, Blédina doit atteindre une part de marché de 30 % dans l’alimentation infantile bio d’ici à 2020. M. Eyraud, a, lui, en ligne de mire, une part de 15 % de bio dans les produits laitiers frais d’ici à 2022.

 

Une manière de mieux valoriser les produits. Ainsi le Danone bio devrait être vendu 1,49 euro contre 0,99 euro le yaourt Danone standard. Mais aussi de répondre aux attentes des consommateurs.

 

En parallèle, Danone veut donner d’autres gages aux consommateurs de plus en plus soucieux de connaître la composition des produits industriels. Le groupe se dit prêt à simplifier ses recettes, s’est engagé à supprimer l’aspartame dans ses produits laitiers et devrait livrer des informations plus claires sur la composition des produits et l’origine des ingrédients sur les sites Internet de ses marques. En outre, Danone devrait commencer à déployer le système d’étiquetage Nutriscore prôné par le ministère de la santé sur ses produits laitiers frais à partir de 2018.

 

Bio : à qui va profiter le nouvel or vert?           

 

Par Jean-François Arnaud et Valérie Xandry le 03.03.2018 à 09h21 Challenges

 

Une déferlante.

 

Avec 8,2 milliards d'euros de ventes en 2017 en hausse de plus de 17 %, ce marché est l'un des plus prospères de l'économie.

 

La France devient bio !

 

Et la décision du gouvernement d'instaurer 50 % de menus bio dans les cantines scolaires, les hôpitaux et les maisons de retraite va accélérer la tendance. " Ce n'est plus une mode, indique Florent Guhl, le directeur de l'Agence Bio. Nos études montrent un niveau record de la confiance des Français dans les produits bio à 84 %. " Selon le cabinet d'études Xerfi Precepta, le marché bio pourrait peser une douzaine de milliards d'euros dans deux ans.

 

Cet irrépressible appétit est renforcé par la succession des scandales alimentaires souvent mal résolus. Œufs contaminés au fipronil qui se retrouvent dans les rayons, lait infantile de Lactalis contaminé à la salmonelle et vendu comme si de rien n'était par la quasi-totalité des enseignes… Acheter bio limiterait les risques. De même, les Français approuvent massivement l'interdiction prochaine du glyphosate. " Quels que soient nos convictions et nos arguments, nous devons tenir compte de l'opinion publique qui paraît s'être cristallisée ces derniers mois sur le sujet du glyphosate ", reconnaît Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA. Signe des temps, la patronne du puissant syndicat paysan, elle-même éleveuse de porcs en Mayenne, reste officiellement partisane du modèle agricole productiviste français, mais reconnaît qu'à titre personnel, elle " achète parfois des légumes bio au marché et les poulets bio élevés par l'un de mes neveux, mais je ne mange pas bio tous les jours ".

 

Pénurie pour le lait, les œufs, la viande...

 

Pour de nombreux agriculteurs, le bio apparaît comme une planche de salut les libérant des aléas des cours mondiaux des matières premières et leur permettant de bénéficier d'aides à la conversion. " Avec seulement 8 % des fermes françaises et 11 % des emplois agricoles, le bio est encore très minoritaire, indique Florent Guhl. Une montée en puissance rapide est nécessaire. " Pour l'heure, seules 5,6 % des surfaces agricoles ont été " converties " . Si le gouvernement espère arriver à 8 % dans les deux ans, cela ne suffira pas à éviter les pénuries déjà visibles dans plusieurs produits tels le lait, les œufs ou encore la viande. Bien malin qui peut se fournir en viande de porc bio française aujourd'hui. Soucieux de répondre aux attentes des consommateurs, des industriels comme Herta (groupe Nestlé) s'approvisionnent à l'étranger.

 

" Il ne faut pas exagérer le phénomène mais la France importe 30 % de son alimentation bio, signale Florent Guhl. C'est assez logique pour les fruits exotiques ou le sucre, mais l'offre doit se densifier dans presque toutes les régions françaises autres que l'Occitanie, la Nouvelle Aquitaine et Paca. " Il faudra aussi dépasser les inquiétudes de ceux qui s'étonnent que l'on veuille convertir notre agriculture à un modèle dont les rendements sont 20% inférieurs et dont les prix risquent de se faire rattraper à moyen terme par ceux de concurrents moins exigeants en termes de qualité et de main-d’œuvre.

 

Nouvelle bataille de la grande distribution

 

Les conséquences de ce phénomène sont spectaculaires et ne vont pas seulement redessiner le paysage agricole français. Les enseignes de la grande distribution ont décidé d'en faire leur nouveau champ de bataille, après s'être battues entre elles sur les prix bas pendant plusieurs années, pour capter les consommateurs. De quoi perturber des circuits de distribution spécialisés comme La Vie Claire, Biocoop et autre BioCBon, qui, jusque-là, bénéficiaient seuls de la folie bio. Ils risquent de devoir bientôt se contenter des restes.

 

 

Idem pour les transformateurs, qui forment une myriade de PME spécialisées réalisant 10 à 40 millions d'euros de chiffre d'affaires. Toutes vont devoir se professionnaliser pour résister à la montée en puissance d'une poignée d'acteurs historiques (Bjorg, Léa Nature, Triballat Noyal) qui chacun réalisent déjà plusieurs centaines de millions d'euros de ventes. Eux-mêmes sont sous le regard envieux des géants de l'agroalimentaire, les Nestlé, Pepsico, Mondelez qui, à l'image de Danone avec Whitewave, rêvent de mettre la main sur des marques vedettes, capables de leur offrir une croissance inespérée sur des marchés qu'ils croyaient mûrs.

 

UNE ACTIVITÉ EN PLEIN BOOM

 

Sept Français sur dix mangent bio une fois par mois et plus de neuf sur dix, au moins une fois par an.

 

Avec la hausse des volumes, les prix des œufs bio ont chuté dès 2011, avant de se stabiliser.

 

Le gouvernement veut porter la part des surfaces agricoles bio de 6,5 à 15 % en cinq ans.

 

Leclerc, Carrefour, Monoprix: qui gagnera la bataille du bio?

Par Claire Bouleau le 03.03.2018

 

Lire ICI 

Agrial confirme sa stratégie de développement du bio dans sa branche lait

 

Acteur historique de la collecte et de la transformation de lait de vache biologique en France depuis près de 25 ans, Eurial, branche lait d’Agrial, a constamment soutenu le développement de cette production. En France, d’après les projections, la collecte devrait passer de 500 ML à 900 ML d’ici 2 ans. Au niveau d’Agrial, avec 60 millions de litres collectés en 2017, un nouveau cap va être franchi, avec un objectif de collecte fixé à 100 millions de litres en 2020, pour atteindre les 140 millions de litres d’ici 2022.

 

Une aide à la conversion

 

Afin d’accompagner les adhérents qui souhaitent passer à la production de lait biologique, la Coopérative a mis en place un plan de conversion qui prévoit, dans la phase de transition, le versement d’une aide à la conversion de 30€/1 000 litres. En contrepartie, l’adhérent s’engage à livrer son lait durant 5 ans à la Coopérative. Celle-ci accompagne également l’éleveur sur le plan technico-économique et en apportant des conseils concernant les productions végétales, la nutrition animale, les bâtiments ainsi qu’une aide sur les démarches administratives spécifiques au bio (aides régionales, Etat, PAC…).

 

Un contexte très porteur

La Coopérative dispose aussi de deux atouts majeurs vis-à-vis des éleveurs. D’une part, le métier dispose d’un mode de gouvernance dédié au sein d’Agrial : un conseil de métier lait avec 9 administrateurs et un bureau métier, présidé par Bruno Martel, éleveur Bio, dont l’exploitation est basée près de Redon, lequel est par ailleurs membre du Conseil d’administration de la Coopérative. D’autre part, Agrial, présent en Bio également sur ses autres branches (Légumes, Pommes, Viandes, etc.) dispose d’une expertise forte en matière de conseil agronomique et d’agrofournitures biologiques. Forts de leur conviction, les producteurs de lait bio ont souhaité mettre en place une démarche didentification qui a abouti à la création d’une signature et d’un logo. Comme le souligne, Bruno Martel : « Agrial assume pleinement la diversité des modèles dexploitations biologiques et les accompagne du champ à lassiette ».

 

Une ambition : renforcer les positions d’Eurial sur le marché du Bio

 

En Bio, Eurial dispose d’une large gamme de produits et est présent sur de nombreux segments : beurre, crème fraîche, yaourts, fromage blanc, crème dessert, ainsi qu’en poudre de lait biologique. En GMS, sa marque Grand Fermage est n°2 en beurre Bio, et sa marque Bio’ Nat est n°3 sur le marché de l’ultra-frais Bio. La RHD (restauration hors domicile), notamment les grossistes, les chaînes de restauration et également les industriels de l’agroalimentaire, sont des clients de plus en plus demandeurs de produits biologiques. Pour répondre à cette demande croissante et aux ambitions du Groupe, une nouvelle stratégie d’innovation et de marketing est en cours de développement. Celle-ci s’inscrit pleinement dans la volonté de la branche de rechercher de la valeur pour les adhérents d’Agrial.

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4 mars 2018 7 04 /03 /mars /2018 11:15
«J'ai lu Entre deux mondes d’Olivier Norek avec rage et parfois des pleurs. C'est un roman magistral. Je suis à terre, je n'arrête pas d'y penser». Joann Sfar

J’ai lu hier Entre deux mondes d’Olivier Norek, je suis sous le choc et pas très matinal car je me suis couché tard.

 

Je ne vais pas faire des phrases mais vous proposer ce que j’ai trouvé sur la Toile à son propos.

 

 

« Il faut dire que l'on reçoit tel un puissant direct dans le bide le quatrième roman du policier et écrivain aubinois déjà auréolé de prix littéraires pour sa trilogie policière quasi sociologique braquant ses projecteurs sur les banlieues du 93 : Prix classé premier pour Code 93; Prix sang pour sang polar pour Territoires ; Grand Prix des lectrices de Elle policier 2017 et Prix Le Point du polar européen 2016 pour Surtensions. »

 

  • Comment est venue l'idée d'une intrigue policière dans la jungle de Calais ? Vos expériences dans l'humanitaire et de lieutenant de police ?

 

Si vous posez la question au flic, il y avait ce défi de raconter une enquête de police dans le seul endroit en France où, justement, on ne peut pas enquêter : un camp de réfugiés. Les témoins ne parlent pas à la police, les ADN et empreintes digitales ne sont pas répertoriés, pas de réseaux sociaux, et toutes les lignes de téléphones sont ouvertes sans identité... et comme tous ces points sont les piliers d'une enquête, cela s'annonçait acrobatique. Mais si vous posez la question au petit-fils de migrant, il y avait une histoire que j'avais envie de raconter parce que quelque part, c'est aussi la mienne.

 

Lire ICI

 

 

« Entre deux mondes est un roman noir, profond, terriblement inhumain mais faisant aussi preuve d’humanité. Car, finalement, quel que soit l’Enfer sur Terre, il y a toujours des hommes bons et généreux pour venir en aide aux autres. Il faut juste qu’ils aient le cran de regarder la réalité en face et de l’affronter. »

 

Extraits

 

– J’aimerais savoir ce qui s’est passé. Comment on peut crever dans un pays en paix sans que personne n’en ait rien à faire.

 

– Ce n’est pas le premier. La violence est partout puisque la pauvreté est immense. Tu ne peux pas mettre ensemble près de dix mille hommes, venant des pays les plus dangereux de la Terre, quasiment enfermés, tributaires de la générosité des Calaisiens et des humanitaires, sans autre espoir qu’une traversée illégale, et croire que tout va bien se passer. Des morts il y en a toutes les semaines. Les No Border les trainent aux limites de la Jungle, devant les CRS, mais parfois ils sont simplement enterrés entre les dunes et la foret. Si un jour ils rasent la Jungle, il ne faudra pas creuser trop profond.

 

« A la fin, il faudra regarder tout ce qu’on a accepté de faire. Et ce jour-là, je refuse d’avoir honte. »

 

 

Calais. La Jungle. « Un bidonville de toile, de tôles et de bâches plastiques. Des êtres humains coincés là pour de multiples raisons, entre un futur inaccessible et un passé qu'ils ont fui. Ils sont Soudanais, Afghans, Syriens, Français, réfugiés ou flics, bloqués sur ce bout de terre. Un espace entre ciel, mer et forêt, nauséabond, putride, une zone de non-droits si ce n’est celui du plus fort. Si la loi définit une nation, alors ce n’est pas un morceau de France, ni d’aucun autre pays, le droit ne s’y applique pas. On constat à l'extérieur, on n’y enquête pas. S’il y a assassinat, les No borders - activistes altermondialistes militant pour la liberté totale de circulation - traînent les corps dès l’aube à l’orée du camp, les services idoines les ramassent et l’affaire est entendue.

 

Ajoutez des humanitaires débordés faisant ce qu’ils peuvent pour organiser ce bordel infernal, quelques islamistes, des agences de renseignements, plus une population locale exaspérée par la baisse de la valeur de leurs biens immobiliers et la fermeture des commerces due à la fuite des touristes. Les Anglais sont toujours prompts à déléguer la gestion de la misère aux autres, mais pas à venir la contempler sur place. Depuis les accords du Touquet, ils font un gros chèque à la France pour déplacer la frontière de leur île de Douvres à Calais, le reste, ils s’en lavent les mains.

 

 

Le jour, tout se passe apparemment dans le calme, quelques petits commerces sont apparus, chacun vaque à ses trafics, prépare son passage clandestin et s’occupe de se nourrir. La nuit est un rituel bien huilé. Les réfugiés tentent de créer des barrages pour bloquer les camions, s’introduire dans les cargaisons et passer en Angleterre, les policiers, les douaniers et la DDE essaient de les en empêcher par tous les moyens. Pas d'interpellation, pas de mise en examen, l’administration a amputé sa police de toutes ses prérogatives. Seuls les CRS peuvent de temps en temps pénétrer en force, casser et gazer, pas chercher à savoir, surtout pas. Le cirque potentiellement mortel se termine avec l'aube, chacun rentre chez soi jusqu’au crépuscule suivant. Sans rancune. Suffit de ramasser encore une fois ceux qui n’ont pas su éviter les roues d’un poids lourds. Quelques corps de plus à la fosse commune. Show must go on. »

 

La suite ICI

 

 

La « jungle », point de non-retour

LE MONDE | 09.11.2017 à 08h00 | Par Macha Séry

 

Encore faut-il parvenir jusqu’à Calais. Encore faut-il y survivre. Démantelée il y a tout juste un an, la « jungle » de Calais fut à tout point de vue une zone de non-droit. Pénurie de toilettes, manque d’hygiène, infections (malaria, gale, teigne), arrêtés préfectoraux interdisant les échoppes et l’eau chaude, violences en tout genre, non-intervention de la police… « Tu ne peux pas mettre ensemble dix mille hommes, quasiment enfermés, tributaires de la générosité des Calaisiens et des humanitaires, sans autre espoir qu’une traversée illégale, et croire que tout va bien se passer, lit-on dans Entre deux mondes, d’Olivier Norek. Des morts, il y en a toutes les semaines. Les no border [collectif d’activistes antifrontières] les traînent aux limites de la Jungle, devant les CRS, mais parfois ils sont simplement enterrés entre les dunes et la forêt. Si un jour ils rasent la Jungle, il ne faudra pas creuser trop profond. »

 

Passer en « Yuké »

 

Lieutenant en Seine-Saint-Denis aujourd’hui en disponibilité, auteur d’une formidable trilogie policière située dans le « 9-3 », Olivier Norek a relevé cette gageure insensée : écrire un polar, mieux, un très bon polar, sur le camp de la Lande en s’inspirant de drames réels. Pour cela, il a séjourné à Calais auprès des migrants chassés sans trêve ni humanité, qui lui ont parlé de leur parcours et du kit indispensable pour passer outre-Manche : une lame de rasoir pour trancher une bâche, une couverture de survie destinée à déjouer les caméras thermiques, un sac-poubelle à enfiler sur la tête contre les détecteurs de gaz carbonique et un préservatif pour faire ses besoins.

 

 

Norek a également interrogé des humanitaires, des journalistes locaux et des collègues de la BAC (brigade anticriminalité) de manière à bâtir un récit à la fois réaliste et kaléidoscopique. Au-delà de sa dimension documentaire, Entre deux mondes tresse subtilement plusieurs odyssées personnelles jusqu’à un point de non-retour.

 

Echoué dans ce campement, comme tant d’autres réfugiés désireux de passer en « Yuké », Adam, un ex-policier syrien, y attend sa femme et leur fillette. Il ignore qu’elles ont été jetées par-dessus bord durant leur traversée… Pour avoir protégé un jeune Soudanais de la communauté qui l’asservissait et enquêté officieusement sur deux meurtres survenus dans la « jungle », il s’expose à des représailles. Bientôt, il fait la connaissance de Bastien, lui aussi nouvellement arrivé à Calais, côté forces de l’ordre cette fois. L’homme est curieux à double titre. Pour raisons familiales, il s’est porté candidat à un poste si ingrat qu’à Calais les policiers en place n’ont pas le droit d’être mutés. Ensuite, il n’a pas peur de se renseigner afin de saisir toutes les facettes de la situation : la mafia afghane contrôlant les aires de repos, les barrages montés par les passeurs, les agressions de chauffeurs de poids lourd toujours plus à cran. « Ajoutée au danger et à la violence des assauts, la pression financière mise sur ces routiers venait de tuer. Un homme qui, sans identité ni nationalité, finirait dans une fosse commune, là où les allées arborées des cimetières ne mènent pas. » Au commissariat de Calais, les bombes lacrymogènes arrivent par palettes chaque semaine, afin d’éloigner des hommes, des enfants, qui risqueront leur vie encore et encore.

 

Absurdité et désespoir.

 

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19 février 2018 1 19 /02 /février /2018 07:00
Séparer de façon capitalistique le conseil de la vente, faut-il s’en tenir qu’aux produits phytosanitaires où les coopératives et le négoce agricole, assurent 60 % et 40 % des ventes.

En 2007, le Grenelle de l’environnement abordait déjà ce sujet :

 

« Le conseil séparé de la vente, une logique implacable : Un pharmacien n’est pas un médecin et réciproquement. Le pharmacien est tout aussi respectable que le médecin, mais ce sont bien deux personnes, deux métiers et deux organismes différents. Ainsi tous les élus, les dirigeants..., de syndicats, d’OPA, d’offices et de commissions de toutes sortes..., qui prétendent désirer la meilleure santé économique possible aux agriculteurs, associée à un respect de l’environnement, et une meilleure considération de l’agriculture par les consommateurs, devraient facilement le comprendre et faire leur possible pour que la fonction de chacun soit précisément définie et respectée, sans privilèges statutaires... C’est aussi cela la bonne image de l’agriculture : il ne s’agit pas de révolution mais simplement d’évolution. La crédibilité et l’avenir de l’agriculture passent par-là. A moins d’être directement ou indirectement lié à ces organismes..., à ce manque de transparence, il est facile de comprendre qu’il ne s’agit ici ni de polémique, ni d’attaque, mais tout simplement de bon sens, de logique.

 

Les freins à cette évolution, à cette logique, sont multiples et variés. Si le cumul des postes, n’est normalement plus d’actualité, il l’est encore hélas trop souvent en agriculture, aussi bien dans la quantité que dans la durée et avec des contradictions (certains sont à la fois juge et parti : syndicat + coopérative + chambre d’agriculture + ... + ... + ...). S’ajoute à cela, la surcharge et les chevauchements d’offices et de commissions de toutes sortes, avec les mêmes ou leurs exécutants... (nommer ou s’octroyer un poste..., sécurise les situations...). Leur premier critère de recrutement est la capacité à rentrer dans le moule, sans jamais chercher à en sortir.

 

De même, si les privilèges ne sont normalement plus d’actualité, là aussi, ce n’est pas encore le cas en agriculture et dans ses filières. Un conservatisme agricole (para-agricole) protégeant et garantissant l’avenir de carriéristes et d’opportunistes. C’est ainsi que l’on entend des dirigeants, des présidents de coopératives..., faire des déclarations comme : « On ne pourra pas accepter que les distributeurs ne puissent plus diffuser de conseil » Rien ne peut être crédible dans l’argumentation de tels propos (voire de telles pressions, menaces...) . C’est encore une fois la démonstration des dangers qu’entraîne le conservatisme, le protectionnisme de nombreux intérêts personnels d’une minorité... (Performants dans la tromperie, donc gênés par la transparence).

 

Lire  ICI 

 

 

À Rungis, le 11octobre 2017, le président de la République a réitéré son engagement de campagne: il veut séparer le conseil et la vente des produits phytosanitaires, via une loi.

 

 

Le gouvernement veut une nette séparation entre les vendeurs de pesticides aux agriculteurs et ceux qui les conseillent, pour réduire l'utilisation de ces produits, une mesure qui va obliger les professionnels à revoir leur modèle.

 

Cette séparation, prévue dans le projet de loi présenté mercredi au Conseil des ministres, doit permettre de diminuer drastiquement le recours aux produits phytosanitaires, selon l'exécutif.

 

Le 31/01/2018 une dépêche AFP synthétisait les réactions des principaux intéressés : 

   

Du côté des agriculteurs, la FNSEA, le syndicat majoritaire s'inquiète d'un éventuel surcoût pour les agriculteurs.

 

« On peut très bien aboutir à un scénario catastrophe qui conduise à une distorsion de concurrence », avec les autres pays européens qui ne seront pas soumis à la même loi, estime Eric Thirouin, secrétaire général adjoint du syndicat.

 

La Confédération paysanne juge pour sa part que cette mesure « tombe sous le sens », mais questionne « sa portée réelle », selon Emmanuel Aze, l'un de ses responsables.

 

Mais le projet va surtout contraindre coopératives et le négoce agricole, qui assurent respectivement 60 % et 40 % des ventes aux agriculteurs, à revoir leur modèle.

 

« Si les entreprises doivent faire un choix entre l'une ou l'autre des missions, elles seront fragilisées du point de vue économique, assure Damien Mathon, délégué général de la Fédération du négoce agricole (FNA).

 

Le négoce agricole comme les coopératives ont un double métier: ils conseillent et vendent tous types de solutions, dont les pesticides, en amont, et en aval, ils collectent les productions agricoles pour les vendre aux industriels ou les transformer eux même.

 

« L'accompagnement tout au long du cycle cultural permet de respecter au mieux les cahiers des charges vis à vis des acheteurs. Si on coupe le lien conseil/vente, le niveau de responsabilité de l'entreprise ou du négoce pour pouvoir tenir des engagements contractuels devient de plus en plus compliqué », souligne M. Mathon.

 

« Ce qui nous importe aujourd'hui c'est moins la question de la vente pour la vente mais la vente pour répondre à des marchés, d'où l'importance du lien avec le conseil », explique également Pascal Viné, le directeur général de Coop de France, qui représente 2.600 coopératives hexagonales de toutes tailles.

 

Ambiguïté

 

« Le rôle des coopératives c'est d'acheter de manière collective des produits pour leurs adhérents pour jouer sur les économies d'échelle », assure-t-il.

 

Il reconnait cependant que « pendant des années le conseil a été intégré à la vente des produits et il y a eu des situations de compensation qui ont conduit un certain nombre d'acteurs à critiquer le système ».

 

« Il faut faire évoluer cette organisation là pour qu'il n'y ait plus cette ambiguïté qui puisse laisser penser que les produits phytosanitaires sont une source de profit pour les coopératives », ajoute le responsable de Coop de France.

 

La FNA propose de son côté une facturation séparée pour que les choses soient plus claires.

 

 

« Le conseil a une valeur, mais le prix du conseil est inclus dans la vente de produits », reconnait M. Mathon.

 

 

Le gouvernement veut aller plus loin que la proposition de la FNA, en imposant une « séparation capitalistique » entre les deux activités, donc des sociétés différentes.

 

 

« On l'a dit de manière un peu caricaturale, si on a à choisir entre l'un et l'autre, on choisira le conseil », déclare M. Viné qui défend cependant l'idée « qu'il est possible d'articuler conseil et vente pour accompagner la baisse annoncée des phytosanitaires ».

 

 

C'était d'ailleurs l'idée qui sous-tendait la création en 2015 de certificats d'économie des produits phytosanitaires (CEPP), distribués aux vendeurs de pesticides quand ils réussissent à faire acheter aux agriculteurs une solution plus verte: produits de biocontrôle ou variétés de semences plus résistantes aux maladies.

 

 

Le gouvernement veut maintenir ce dispositif des CEPP tout en séparant le conseil et la vente des produits phytosanitaires.

 

 

« Nous avons besoin d'avoir le modus operandi, car le dispositif des CEPP n'a de sens que parce que les vendeurs de solutions sont aussi des préconisateurs et des conseils », selon M. Mathon.

 

 

Les coopératives estiment pour leur part « qu'on doit pouvoir trouver un équilibre, par exemple que le conseil annuel soit totalement indépendant des liens capitalistiques, mais après qu'il y ait au quotidien le conseil des cultures et l'achat pour le compte des adhérents de produits, c'est parfaitement articulable dans le contexte des CEPP », assure M. Viné.

 

 

SÉPARATION DE LA VENTE ET DU CONSEIL : CATACLYSME OU CATALYSEUR POUR LA DISTRIBUTION AGRICOLE ?

 

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18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 07:00
Sebastian Barry : « J’ai mis plus de cinquante ans à écrire Des jours sans fin » et moi quelques heures à le dévorer.

Ma critique de « Des jours sans fin » de Sebastian Barry se résume ainsi « lisez ce livre, vous n’en sortirai pas indemne… »

 

 

« Mon roman préféré de l’année reste le magnifique Des jours sans fin », a écrit dans The Guardian Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature 2017.

 

« L’écrivain Sebastian Barry livre en effet une fresque puissante, une épopée au souffle terriblement romanesque où il n’épargne à ses héros ni la faim ni le froid ni l’horreur. Mais la voix de Thomas McNulty ne perd jamais de son humanité, ce qui rend si bouleversant ce récit qui lie épique et intime dans un style spontané et souvent poétique. »

 

« Une rencontre sous une haie. Les nuages noirs du Missouri se sont fendus pour déverser un déluge sur deux garçons qui se sont réfugiés sous le même bosquet. L’un et l’autre ont déjà fui bien pire que les colères mouillées des cieux. Lorsque la terre de son père a fini par s’épuiser, John Cole a quitté seul la Nouvelle-Angleterre pour filer vers l’ouest et ses promesses d’une vie meilleure. Thomas McNulty vient de beaucoup plus loin, de Sligo en Irlande où il a vu mourir toute sa famille pendant la disette de 1847. À 13 ans, il a embarqué à destination du Canada dans les cales d’un bateau où des Irlandais faméliques ont péri par centaines pendant la traversée. Dans le Nouveau Monde, sa vie n’a pas plus de valeur que dans l’Ancien. « Ça vous donne une idée de mon bonheur d’avoir croisé John Cole, explique Thomas McNulty. C’était la première fois que j’avais l’impression d’être à nouveau humain. » Ces deux fétus de paille ballottés par l’histoire deviennent tout l’un pour l’autre: ami, famille, amour. »

 

Corinne Renou-Nativel la Croix

 

« C’est à la fois le livre d’un père à son fils, mais aussi d’un petit-fils à son grand-père. »

 

  • Des jours sans fin s’appuie aussi sur une solide documentation, à propos des massacres des Indiens, puis de la guerre de Sécession. Comment avez-vous préparé ce roman ?
  •  

« Le matériau dont je me suis servi pour écrire ce livre fut un mélange de lectures et d’imagination. J’ai lu environ cent soixante ouvrages en un an, sans forcément prendre de notes, plutôt pour m’imprégner d’eux. Je suis allé aussi aux Etats-Unis, dans le Tennessee entre autres. Tout ça fut bien sûr nécessaire, mais ce n’est pas ce qui a donné vraiment naissance au roman. Dans mes lectures, c’était souvent les toutes petites choses qui me nourrissaient. »

 

  • Vous évoquez la voix de Thomas mais, justement, sa langue simple et candide, sa syntaxe sont particulières...
  •  

Quand on parvient à attraper la syntaxe et la manière de parler d’un personnage, c’est comme si l’on avait accès à son cœur et à son âme. J’ai passé trente ans à étudier la langue anglaise. Longtemps, les Irlandais ont été obligés de parler anglais. Je me suis donc interrogé sur l’évolution de cette langue au Royaume-Uni dans les années 1850, mais aussi sur ce qu’elle est devenue quand les Irlandais sont partis pour les Etats-Unis, avec les métissages qu’elle a connus. Ensuite, il faut faire confiance au personnage qui, un jour, se met à s’exprimer comme ça et pas autrement. Là, il faut l’écouter.

 

Lire ICI

 

 

« Au fond de nous, on savait que la mission, ça serait les Indiens. Les colons de Californie voulaient qu’on les en débarrasse. Il les voulaient plus en travers de leur chemin. Alors, bien sûr, les soldats avaient pas le droit aux primes, mais un haut gradé avait accepté de donner un coup de pouce. Deux dollars le scalp d’un civil, c’était quand même pas rien. Une façon amusante de gagner de l’argent pour le jouer aux cartes. Des volontaires partiraient en mission, tueraient pour environ soixante dollars et ramèneraient les corps ».

 

« Puis la mission a pris fin on entendait plus que les pleurs des survivants et les terribles gémissements des blessés. La fumée s’est dissipée, et on a enfin pu voir notre champ de bataille. Mon cœur s’est tapi dans le nid formé par mes côtes. Il y avait là uniquement des femmes et des enfants. Pas un seul brave. On était tombés sur la cachette des squaws, le refuge qu’elles avaient trouvé pour échapper à l’incendie et à la tuerie. J’étais épouvanté et étrangement outré, surtout envers moi-même, car j’avais ressenti un étrange plaisir dans cet assaut ».

 

« L’aide-soignant, qui était tout ce dont on disposait à l’époque comme médecin, faisait ce qu’il pouvait, mais à part éponger, y avait pas grand-chose à faire. Tous les tuyaux dans le ventre du sergent étaient foutus, la merde lui sortait parfois par la bouche comme si elle avait perdu le sens de l’orientation dans les plaines de son corps ».

 

« On a pas envie que ça arrive. On refuse qu’une histoire de défaite remonte jusqu’au Nord. Voilà le genre de petites choses auxquelles on pense. Il y a aussi cette étrange terreur qui nous fait mal au ventre. Qu’on a rempli de porc salé et de biscuits. Certains doivent déféquer, mais les latrines sont trop loin derrière. Quand vous rotez, la nourriture remonte dans votre gosier comme si elle voulait à nouveau saluer le monde. Vous pissez dans votre froc, aussi. La vie de soldat, c’est ça. Maintenant, on bien les troupes des Fédérés, la bannière de chaque régiment, eux aussi ont une cavalerie qui approche lentement. Il déploient leurs forces, on imagine  les colonels tenter de maintenir tout ça en ordre. Le cousin de l’ordre, c’est le chaos…Chaos et ordre, ça fait partie de la même famille. On sent presque le sol trembler sous nos pieds. Pendant qu’il s’assure que les hommes sont en position, ce pauvre Starling Carlton vomit son porc à grands jets. Il perd pas une seconde pour autant, et il se moque qu’on le voie. Il essuie sa bouche sale et lâche rien. La terreur est la cousine du courage, aussi. »

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16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 07:00
Cultures et nature : « La terre entre les plants était une surface uniforme, désherbée : la steppe après le passage de la cavalerie gengiskhanide. »
  • Vous portez sur les paysages un regard plutôt scientifique, de botaniste, de naturaliste, de géologue…

 

  • J’ai une formation de géographe, et j’aime beaucoup Vidal de La Blache quand il explique que nous croyons être les régents de l’histoire, alors que nous sommes d’abord les disciples du sol. Le fait de marcher à travers cette extraordinaire mosaïque climatique, géologique, écosystémique de la France, m’a confirmé dans cette idée. Je ne crois pas qu’on soit tout à fait le même quand on vit dans le calcaire que lorsque l’on vit dans le granit.

 

« Le monde devint mauve. Un plateau de lavande, Valensole? Non, une place d'armes ! Les rangs étaient alignés, militaires. Les plantations intensives d'hévéas en pleine Malaisie procuraient le même sentiment de mise en ordre. Ici, le pinceau paysan avait produit une toile parfaitement lissée, brossée de longs à-plats acryliques où naissait la perspective de la rentabilité. La terre était cimentée, lavée de produits chimiques, domestiquée pour les besoins de la parfumerie et de la production de miel. La lutte contre les insectes avait été remportée. On y avait gagné un silence de parking. Il n'y avait pas un vrombissement dans l'air.

 

Et moi je divaguais dans ces rainures bleutées avec des pensées de Parisien stupide, admiratif des insectes. Elles auraient fait ricaner les producteurs qui craignaient, malgré des décennies de napalm, les attaques des cicadelles sur les plants.»

 

[...]

 

« Au pied de la colline du Cheval Long apparurent les premières vignes sulfatées, industrielles. La terre entre les plants était une surface uniforme, désherbée : la steppe après le passage de la cavalerie gengiskhanide. Les grappes étaient lourdes de grains identiques, dopées de chimie. Ces vignes-là étaient parfois lardées de parcelles où des herbes folles poussaient entre des pieds moins conformes : celles-là étaient des vignes d’appellation biologique, sans traitement chimique. Elles offraient du vin qui rendait les matinées moins douloureuses au buveur. Un vin à faire boire sans crainte aux petits enfants. »

 

Sylvain Tesson

Sur les chemins noirs

 

 

  • L’homme qui arrive dans le Cotentin est différent de celui parti du Mercantour ?

 

  • D’abord, je m’étais reconstruit physiquement par cette belle activité, très simple, très pure, et probablement fondatrice, qu’est la marche. Deuxièmement, j’avais porté un regard sur un pays que je ne connaissais pas, la France, et j’avais pu me rendre compte de la disparition d’une catégorie de population, les paysans, ceux-là même qui ont forgé le visage de la France. Ils nous lèguent quelque chose qui s’appelle le paysage, et ils ne seront plus jamais là pour nous l’expliquer. Troisième leçon, c’est qu’il est possible de traverser le pays en se glissant dans les interstices grâce à un outil très simple, la carte au 1/25000e, cette carte au trésor qui nous révèle les chemins de traverse. J’ai essayé de bâtir un texte autour de cette idée qu’il y avait une forme d’accomplissement intérieur de la pensée, de l’équilibre, du sentiment d’être à la verticale de soi-même, à condition de se tenir sur ces chemins où on est autonome, libre, environné par la beauté des paysages.
  •  

Il y a plus de virus dans les plantes cultivées que dans les végétaux "sauvages"

SCIENCES ET AVENIR  Par Loïc Chauveau le 10.02.2018 à 06h00

 

HYPOTHESES. Les virus se diffusent plus facilement quand ils sont en présence d'une population –animale, humaine ou végétale- ayant un même patrimoine génétique. C'est ce que confirme une étude que vient de publier la revue d'écologie microbienne ISME Journal. De plus, une hypothèse ancienne vient d'être validée : les maladies virales qui représentent 50% des maladies émergentes chez les plantes, sont plus fréquentes au sein des zones cultivées qu'au sein des zones non cultivées. "L'idée a été de comparer la biodiversité de virus présents dans des agrosystèmes où les plantes sauvages voisinent avec les cultures", explique Philippe Roumagnac, chercheur au Cirad et co-auteur de l'article.

 

Grâce à une bourse Marie-Curie de l'Union européenne, ce phytopathologiste a pu travailler deux ans en Afrique du sud dans la région floristique du Cap, une zone où la culture des céréales voisine avec le Fynbos un milieu naturel au fort taux d'endémisme. Les chercheurs ont défini dans la nature des points de collecte où les plantes les plus répandues ont été prélevées. Par analyse génétique, ils ont ensuite identifié les différentes familles de virus présentes sur les plantes sauvages et les céréales cultivées. Puis retour en France, où la même démarche de prélèvements et de séquençage génomique a été effectuée sur des plantes sauvages de Camargue voisinant avec les rizières intensives du delta du Rhône. Et les résultats ont été comparés.

 

La concentration d'êtres génétiquement proches favorise les épidémies

 

SAUVAGES. Premier enseignement : les plantes cultivées sont plus fréquemment infectées par des virus que les plantes sauvages. "En écologie virale, c'était une affirmation qui n'avait jamais été vérifiée", précise Philippe Roumagnac. La concentration dans un même endroit d'individus ayant le même patrimoine génétique favorise la diffusion d'agents pathogènes ou non. Les maladies humaines sont ainsi apparues au moment de l'apparition de l'agriculture qui a poussé les hommes à se regrouper dans des villages, favorisant ainsi les épidémies. "

 

Que ce soit en Afrique du Sud ou en France, nous constatons par ailleurs la présence d'au moins 19 familles de virus ainsi qu'une distribution similaire entre sauvages et cultivées", poursuit Philippe Roumagnac.

 

Le fait qu'il s'agit des mêmes familles, voire des mêmes espèces virales entre milieux naturel et cultivé démontre qu'il y a des échanges importants entre ces deux compartiments du paysage. "Or, contrairement aux espèces cultivées, les virus des espèces sauvages ont jusqu'ici été très peu étudiés et on aurait tout intérêt à s'intéresser à la grande quantité de virus présents dans les zones bordant les parcelles agricoles pour mieux comprendre l'émergence des maladies des plantes", assure le chercheur. L'étude montre en effet qu'en Afrique du Sud comme en Camargue, 80% des nouveaux virus révélés par les analyses génétiques proviennent des plantes sauvages.

 

Mieux connaître les virus des plantes sauvages permettrait de mieux endiguer les maladies émergentes

 

AGRO-ECOLOGIE. Depuis un siècle et la découverte du tout premier virus, le virus de la mosaïque du tabac à la fin du XIXe siécle, la recherche s'est concentrée sur les virus des plantes cultivées pour connaître leurs effets pathogènes car 50% des maladies émergentes sont d'origine virales. Sur les 1400 espèces de virus des plantes répertoriées par le Comité international de taxonomie des virus, 10% seulement proviennent de plantes sauvages. "Notre connaissance du monde des virus des plantes reste donc extrêmement partielle en termes de diversité, mais aussi en termes de répartition à l'échelle de l'agroécosystème, souligne Denis Filloux, chercheur en virologie végétale au Cirad. Ce manque de connaissances représente un écueil dans la compréhension du fonctionnement global des agrosystèmes, et dans la définition et la quantification des facteurs de risque d'émergence de nouvelles maladies virales des plantes ou la définition de stratégies de lutte contre ces maladies".

 

Mieux connaître les espèces de virus, savoir quelles plantes-hôtes ils préfèrent, cartographier leurs aires de répartition, pourrait permettre à terme de gérer les paysages agricoles pour empêcher la survenue et la diffusion des maladies virales. " Une meilleure connaissance des virus donnerait ainsi à l'agroécologie un moyen supplémentaire de contenir les maladies en favorisant par exemple les mélanges variétaux ou la culture simultanée de diverses espèces végétales" conclut Philippe Roumagnac.

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