Il est des jours où tout s’enchaîne avec une belle fluidité : alors que je maraudais dans une de mes librairies je tombe sur le dernier Camilleri : Noli me tangere / Ne me touche pas, et puis en furetant dans ma boîte mail je découvre que Sylvie Simmons, une journaliste anglaise vivant aux Etats-Unis, a passé des années sur les traces de Léonard Cohen, le Canadien errant, pour écrire une volumineuse biographie I’m your man.
J’ai lu tout Camilleri, le conteur sicilien, pas ses polards avec son commissaire Montalbano, je lui consacré de très nombreuses chroniques et j’ai osé écrire « Si à 50 ans on n'a pas lu un roman sicilien d’Andrea Camilleri, c'est qu'on a raté sa vie. »
Pour Léonard Cohen lire :
5 février 2012
12 novembre 2016
Dans la foulée je déjeune avec l’ex-Taulière du Lapin Blanc, lieu interlope des hauts de Ménilmontant où l’ami PAX s’était aventuré, et nous partageons un homard de l’Ile d’Yeu en deux services et, même si ça surprends certains, nous nous offrons un superbe Morgon 2016.
Que du beau et du bon, le matériau idéal pour une chronique dominicale.
- « Andrea Camilleri, malgré son âge Andréa Camilleri (né en 1925), garde une incroyable capacité de renouvellement. Déjà très polyvalent, maître dans l’art du polar, du roman historique, de la biographie romanesque, de la grande littérature, il ne cesse pas de renouveler ses outils littéraires. Noli me tangere est un ouvrage très singulier. Il ne se situe pas dans un genre bien défini. Il est tout à la fois.
Sur le plan de la forme, on le trouve dans les parages frontaliers du « giallo » et du roman épistolaire. L’intrigue se tisse par juxtaposition d’informations. Des interviews, lettres, témoignages, interrogatoires, souvenirs, qui chronologiquement apportent leur petite contribution à la toile. Un morceau de mosaïque, une pièce de puzzle par jour… »
Stefano Palombari
- « Peu de musiciens valent un livre de cinq cents pages. Mais il suffit d’avoir fréquenté la discographie de Leonard Cohen pour savoir que sa relative minceur (quatorze albums studio en cinquante ans) recèle un personnage d’une épaisseur considérable. Sylvie Simmons, journaliste anglaise vivant aux EtatsUnis, a passé des années sur les traces du Canadien errant. Elle a tiré de ses rencontres et recherches une biographie à l’américaine, chronologique et factuelle, empathique et sans concession, fourmillant de mille détails. Cela donne une lecture parfois fastidieuse mais toujours prenante. Le portrait complet d’un homme difficile à saisir dans sa complexité et que l’auteure nomme tout du long « Leonard » — pour le rendre plus intime ?
Elle cite Virginia Woolf : « Un biographe peut s’estimer heureux s’il parvient à cerner six ou sept facettes d’une personnalité qui en compte pourtant des centaines. » En nous décrivant un Cohen montréalais, juif, poète, chanteur, homme à femmes, solitaire, chef de bande, dépressif, moine bouddhiste, Simmons remplit quant à elle son contrat. Du côté de la musique, elle a tendance à lisser l’œuvre au nom d’un recul magnanime. Il est d’ailleurs frappant de relever que les trois premiers albums de Leonard Cohen, généralement estimés comme les meilleurs (et contenant la plupart de ses classiques), ont été les plus durement critiqués en leur temps. »
François Gorin
- Noli me tangere / Ne me touche pas Andrea Camilleri - Métailié - 140 pages (traduit de l'italien par Serge Quadruppani)
- I’m your man, la vie de Leonard Cohen, biographie de Sylvie Simmons | Traduit de l’anglais (EtatsUnis) par Elisabeth Domergue et Françoise Vella, éd. L’Echappée, 512 p., 24 €.
« Noli me tangere » (Ne me touche pas… ou… Ne me retiens pas) est une locution latine tirée de la vulgate, version latine de la Bible. Elle fait référence à l’épisode pascal de la résurrection lorsque Marie-Madeleine découvre le tombeau vide et un étrange personnage qui s’avère être le Christ. L’expression traduit la parole de Jésus envers Marie-Madeleine. »
« Une trop grande différence d’âge. Essayez de comprendre. Quand on s’est mariés, Laura avait trente et un ans et moi soixante-cinq. J’aurais pu être son… si nous avions eu des enfants, j’aurais été un père-grand-père. Je trouvais ça absolument ridicule, et je n’ai pas changé d’avis. »
Homard de l’Ile d’Yeu en deux services
D’abord la queue de homard avec légumes de saison, mousseline de pomme jaune ; puis linguine avec les pinces et le corail
Domaine Guy Breton Morgon Vieilles Vignes 2016
252 Rue Pasteur, 69910 Villié-Morgon