Andrea Camilleri est mort mercredi 17 juillet, à l’âge de 93 ans, à Rome.
Je veux bien le rejoindre au même âge.
Plus qu’un écrivain, Andrea Camilleri, qui ne s’est pas fait connaître uniquement grâce à ses romans policiers drôles et politiques – conteur engagé, homme de gauche, il a placé la corruption, la mafia, la crise migratoire au cœur de son œuvre.
Camilleri c’était aussi et surtout une langue. « En version originale, ses livres sont écrits dans un mélange de dialecte sicilien et d’italien, parfois déroutant pour un Milanais ou un Vénitien. « À la maison, nous avions toujours parlé un dialecte constamment enrichi d’italien, et la distinction établie par Pirandello me convenait parfaitement : la langue italienne exprime le concept, tandis que le dialecte exprime le sentiment », expliquait-il en 2000 à Livres Hebdo. »
« Cette richesse d’écriture a été mise en mots en France par Serge Quadruppani. Grâce à ce travail impressionnant de traduction, empruntant au « français du Midi », la complexité des multiples influences culturelles siciliennes est rendue intelligible pour le lecteur de l’Hexagone. « Le “camillerien” n’est pas la transcription pure et simple d’un idiome par un linguiste, mais la création personnelle d’un écrivain, à partir du parler de la région d’Agrigente », explique le traducteur dans un « avertissement » présent dans chaque volume.
Mon amour pour les romans siciliens d’Andrea Camilleri date de l’année 2006, 13 ans de fidélité et d’admiration sans bornes.
Ciao l'artiste, je suis triste...
Quelques Références
21 juillet 2006
La disparition de Judas ICI
5 août 2009
La vie de 10 nonnes pour celle de l'évêque d'Agrigente : une histoire sicilienne ICI
29 août 2009
Le feuilleton coquin de l’été des Bons Vivants : « Ta femme te fais cocu avec le commissaire divisionnaire. » ICI
12 septembre 2009
Le feuilleton coquin de l’été des bons vivants : « Tâche voir de pas me faire mal, je suis une petite nature. » ICI
9 septembre 2010
Les bonnes feuilles de l’été de tonton Jacques « Giurlà, déjà benouillé de sueur, sentit qu’il durcissait dans son pantalon » ICI
4 septembre 2014
« Merci pour ce moment» : la vengeance est un plat qui se mange froid sans-dents : à la socialiste, Taninè ! ICI
21 octobre 2014
Sicile au temps où les effusions du Saint-Esprit engrossaient 4 vierges : j’en fais tout un fromage le caciocavallo… ICI
26 mars 2015
En 1 heure ½ maximum la récolte était vendue, parce qu’elle venait d’une terre cultivée avec amour et que l’amour ça donne bon goût… ICI
22 juin 2015
La Donna é mobile « Les glaces de Cecè sont la joie des gourmets ! Une glace chez Cecè et la chaleur disparaît ! » ICI
12 décembre 2015
En 1677 la Sicile est gouvernée pendant 27 jours par 1 femme, beauté envoûtante, intelligence redoutable, équanimité révolutionnaire, lisez Camilleri au sommet de son art ! ICI
3 avril 2016
Andrea Camilleri l’homme qui aimait les FEMMES… Oriana un nom de guerre pour exercer le plus vieux métier du monde. ICI
11 septembre 2016
« Alors que la 1ière fois elle était restée silencieuse, ce coup-ci, elle se mit à miauner. Et Giurlà trouva la chose bien à son goût. Par le fait, il poussa aussi de grands han à chaque enfournée. » ICI
17 juin 2018
Ma sélection du dimanche : 2 livres, 1 vin, 1 plat, Leonard Cohen homme à femmes, Andrea Camilleri et sa Nora femme mariée aux multiples amants, homard de l’Ile d’Yeu et 1 Morgon vieilles vignes… ICI
Protagoniste d'un exceptionnel phénomène éditorial en Italie, Andrea Camilleri, écrivain inconnu il y a seulement cinq ans, est aujourd'hui le plus lu des romanciers de la péninsule. Depuis deux ans, ses romans, qui se sont vendus à plus de deux millions d'exemplaires, occupent sans discontinuité les premières places des classements des meilleures ventes et ont été traduits dans de nombreux pays où ils ont toujours reçu un excellent accueil. Tous ses livres ont pour cadre une petite ville sicilienne appelée Vigàta, qui est la transfiguration littéraire de Porto Empedocle, la ville natale de l'écrivain. Certains de ses romans appartiennent au genre de l'énigme historique, un genre très cher à Sciascia, et explorent - sans renoncer à l'ironie - les malheurs de la Sicile du siècle passé ; les autres sont des romans policiers plus classiques dans lesquels le commissaire Montalbano - une sorte de Maigret sicilien des années quatre-vingt-dix - s'efforce de comprendre et de combattre la criminalité d'aujourd'hui. Dans les deux cas, Camilleri propose des histoires bien ficelées - avec parfois des procédés de construction assez originaux - qui, tout en utilisant de nombreuses références littéraires plus ou moins affichées, affrontent les problèmes de son pays, à commencer par la mafia et par la corruption des institutions et des hommes politiques, mais savent aussi évoquer la fierté et la richesse de l'identité sicilienne. Mais surtout, cet écrivain de soixante-quatorze ans, qui était metteur en scène et producteur pour le théâtre et la télévision, a su inventer, à partir d'un mélange d'italien et de sicilien, une langue savoureuse et efficace, qui convient parfaitement à ses histoires, mais qui a dû poser de nombreux problèmes à ses traducteurs.
En France, où cinq de ses livres ont déjà été traduits, deux nouveaux romans sont attendus ce printemps dans les librairies : le troisième épisode des aventures de Montalbano, Le Voleur de goûters (Fleuve Noir), un récit qui croise les problèmes de l'immigration aux activités illicites des services secrets et aux crimes passionnels, et Le Coup du cavalier (éd. Métailié), où, dans la Sicile de la fin du xixe siècle, un homme honnête voulant dénoncer l'illégalité et la corruption est victime d'une machination qui vise à lui attribuer la responsabilité d'un meurtre.
Nous avons rencontré Andrea Camilleri dans sa villégiature du Monte Aviata, campagne toscane.