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22 mars 2022 2 22 /03 /mars /2022 06:00

Le grand emprunt : véritable peau de chagrin ? - Raphaël DIDIER explique  l'économie

Je n’ai pas pu m’en empêcher, le nouveau chevalier blanc du vin levant l’étendard de la révolte contre le F noir de Nutri-score est doté d’un patronyme à rallonge, j’adore les patronymes à rallonge avec un faible pour Roux&Combaluzier, qui nous fait prendre de la hauteur, Pinay-Rabaroust donc, Franck de son prénom, jusqu’ici plutôt spécialisé dans le ragout sur son site Atabula, est doté d’un tarin qui hume le buzz, opportuniste, il se porte à la rescousse  des professionnels du vin qui s’inquiètent de l’apposition du F noir de Nutri-score sur leurs belles étiquettes.

 

La folie de l'emprunt Pinay | Alternatives Economiques

 

Pinay, Antoine de son prénom, maire de Saint-Chamond, évoque immanquablement, la rente Pinay, émise à deux reprises, en 1952 et en 1958, à l'initiative d’Antoine Pinay, lorsque les caisses de l'État se trouvaient vides, la rente 3 1/2 % avait dû être dotée d'avantages exorbitants du droit commun, tant était grande la méfiance des souscripteurs régulièrement spoliés par une inflation galopante.

 

Le résultat fut très brillant, compte tenu de la situation à l'époque : 430 milliards de francs légers collectés en 1952, dont 195 seulement en numéraire, il est vrai, et 320 milliards en 1958, dont 290 d'argent frais, auxquels il faut ajouter respectivement 35 et 140 tonnes d'or apportées à la Banque de France. L'amortissement était prévu jusqu'en 2012, et l'indexation sur le napoléon, passé de 36 F, en 1958, à 120 F actuellement, portait la valeur de remboursement et de reprise des 100 F originels à 250 F au 1er juin dernier, et à environ 330 F au 1er décembre prochain.

 

Le mécanisme de l'évasion fiscale

 

L'achat de rente Pinay, emprunt d'État, a donc, une fois n'est pas coutume, été profitable pour l'épargnant, et assez peu coûteux en définitive pour le Trésor, puisque la faiblesse du taux d'intérêt servi compensait en grande partie l'augmentation du prix de remboursement. L'agent de change Émile Meeschaert, dans un article publié dans la Vie française, chiffrait à 8,69 % le taux réel de l'emprunt, soit un niveau assez raisonnable. Ce qui était beaucoup plus lourd, en revanche, c'était le coût de l'évasion fiscale qu'offrait, en toute légalité, cet emprunt.

 

Le retour aux valeurs refuges – L'actu en patates

 

Depuis plus de dix-neuf ans, dès qu'un futur défunt fortuné donnait quelques signes de faiblesse, lui-même - ou bien souvent ses héritiers - faisait vendre tout ou partie de ses biens, dont le produit était transformé illico en titres de l'emprunt Pinay, revendus sitôt le décès acquis et la succession déclarée (en franchise de droits pour la partie constituée par l'emprunt). Cette pratique était si fréquente, notamment pour les valeurs mobilières, et en y ajoutant les donations anticipées, que, selon certains contrôleurs de l'enregistrement, la rente Pinay représentait le tiers ou la moitié de l'héritage déclaré dans les successions importantes. Par cette faille gigantesque du code fiscal, véritable " plaie ouverte au flanc de la direction générale des impôts ", plus du tiers des grandes fortunes transmises échappaient au fisc. La perte était difficilement chiffrable : les services de la Rue de Rivoli l'estiment à 400 millions de francs, mais le même M. Émile Meeschaert l'évalue à près de 900 millions de francs en 1972, chiffre que le Rue de Rivoli juge un peu fort.

 

Revenons à notre Pinay à tiret, je trouve que son poulet a des accents d’un autre chevalier blanc, le sieur Denis Saverot, de la vieille RVF, comme le dit une petite fille de 7 ans « ils en font des tonnes »

 

Avant que l’on m’accuse de collusion avec l’ennemi, le gang des blouses blanches, prohibitionnistes masqués, je rappelle que j’estime depuis toujours, ceux qui me suivent depuis l’origine de ce blog le savent, les messages de santé publique, en bandeau déroulant à la télé, sur les étiquettes, sur les paquets de tabac (je ne fume pas) les logos sur les étiquettes, sont sans effet sur les consommateurs, ils ne sont que l’expression de la bonne conscience de nos prescripteurs de Santé Publique.

 

Cependant, dans cette affaire du F noir de Nutri-score les professionnels du vin, avec leur combat d’arrière-garde contre la mention des composants du vin, comme c’était le cas de tous les autres produits alimentaires, leur communication sur le thème le vin est bon pour la santé, ont provoqué l’ire des blouses blanches qui, bien évidemment, ne ratent aucune occasion de monter au créneau pour imposer leurs normes.

 

Je suis un buveur festif de vin, je côtoie dans les bars à vin, les dégustations, les cavistes, de nombreux alcooliques qui ne se vivent pas comme tel, le vin c’est de l’alcool et l’addiction est pour certains un fait avéré qu’il serait stupide de nier. Tant que l’outrance dans les deux camps dominera, ce ne sont ni les dénis, ni les logos qui feront reculer l’alcoolisme qui est une maladie, un fléau qui brise des vies, des familles.

 

Du côté nutritionnel, le vin c’est beaucoup de calories, lorsque je pratique mes jeûnes, pour retrouver mon poids de forme, je ne bois que de l’eau.

Revenons à la prose du PINAY de la bouche : Nutri-score sur le vin : le F noir de la honte ICI 

 

par Franck Pinay-Rabaroust | Fév 7, 2022 | À BOIREÀ LA UNELE BILLET D'HUMEUR DE FPROPINION

 

Ce F noir change radicalement l’approche du système : elle ne hiérarchise plus, elle stigmatise. Elle pointe du doigt un coupable qui n’a même plus l’opportunité de plaider sa cause puisque son existence et sa nature sont nocives pour la société.

 

Faut-il alors lever une armée d’hoplites munis de sécateurs pour éradiquer la vigne ou, simplement, bannir à tout jamais ce F noir de la honte ? La réponse semble tellement évidente qu’elle pourrait échapper, par simple mégarde ou ivresse de la forfaiture, à la Sainte pensée nutriscorienne.

 

Comment peut-on tomber aussi bas dans la bêtise règlementaire, dans cette volonté de tout hiérarchiser, compartimenter, noter ? Ainsi de la volonté des concepteurs du Nutri-Score d’apposer un grand F noir sur toutes les bouteilles qui contiennent de l’alcool, même en faible quantité, dans tous les pays européens.

 

Un F pour dire quoi ?

 

Pour dire au consommateur abêti que le vin et consorts contiennent de l’alcool. Mais ne le sait-on pas « naturellement » que le vin en contient, n’est-ce pas déjà indiqué sur la bouteille ? Bien sûr que si, mais il faut toujours faire plus pour une frange de la population qui exècre la liberté individuelle et le bon sens collectif. Pour elle, il n’y a d’ordre que par la règlementation, par la mise au ban du citoyen, par l’instauration d’une société moutonnière uniforme, sans pensée ni aspérité. Puisque selon ces extrémistes le désordre vient du libre arbitre, il faut l’anéantir en offrant un schéma de pensée univoque issue d’une règlementation omniprésente. L’heure n’est plus au contrat social à la Rousseau, mais au Leviathan de Hobbes. L’ordre, c’est la vie, l’obligation son quotidien.

 

Le tout ICI 

 

 

Des professionnels inquiets de voir bientôt un Nutri-score «F» affiché sur les bouteilles de vin

Le système de Nutri-Score, mis au point en 2017 avait pour but d'améliorer la qualité des normes nutritionnelles. Ce système d’étiquetage des aliments de santé Nutri-Score AE établis par des scientifiques reviendrait à classer les bouteilles de vin «F».

Par Tatiana Jean-Dorize

 

Publié le 15/03/2022

 

 

Des étiquettes toquées d’un large F noir sur les flacons de vin ? Cette nouvelle a fait frissonner l’ensemble de la filière viticole. Alors que la filière se remettait avec soulagement de la décision prise par le parlement européen le 16 février dernier, ce dernier adoptant ainsi le rapport d'initiative de la commission de lutte contre le cancer (BECA) en retirant l'idée de risque sanitaire dès le premier verre, voilà que le vin français risque désormais d’être étiqueté comme nutritionnellement «malsain».

 

Une nouvelle vague de colère dans l’industrie viticole

 

Alors que le système de Nutri-Score est échelonné de A à E, le vin – et toutes boissons alcoolisées – serait fiché «F», et ce, en plus d’afficher sa teneur en sucre et en calorie. Lorsqu’il s’agit d’afficher des informations nutritionnelles et des ingrédients en général, le vin et la plupart des autres alcools qui n’ont qu’un seul ingrédient principal (raisins ou céréales) mais qui peuvent contenir des substances supplémentaires comme les sulfites, ont été spécialement dispensés de porter toutes les informations sur la bouteille. «Nous n'aurons pas besoin d'une étiquette supplémentaire sur la bouteille, mais plutôt d'un code QR ou d'un lien Internet» explique Christophe Château, responsable de la communication au Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB). La nouvelle n’avait pourtant pas manqué de faire réagir le ministre italien de l’Agriculture, ce dernier écrivait dans une lettre ouverte à ce sujet au président Macron. «Je voudrais savoir ce que Macron pense de la dernière proposition avancée par les concepteurs du Nutri-Score, qui suggèrent maintenant d'apposer un F noir sur toutes les boissons qui contiennent une quantité même minime d'alcool. Le président français est d'accord ?» 

 

 «Boire pour le plaisir et avec modération»

 

À partir de la fin de l’année prochaine, l’obligation de porter des informations nutritionnelles standard sur les aliments sera étendue dans l’UE aux boissons alcoolisées.


Le Nutri-Score a débuté en France en 2017 et n'est pas obligatoire, mais fortement conseillé. Une teneur élevée en fruits et légumes, en fibres, en protéines et en huiles saines signifie généralement des scores A et B. À l'inverse, un excès de sucre, d’acides gras saturés ou de sodium signifie généralement un D ou un E. Christophe Château, responsable de la communication au Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, a déclaré : «Nous n’aurons pas besoin d’avoir une étiquette supplémentaire sur la bouteille, mais plutôt un code QR ou un lien Internet». Il a ajouté : «C’est un rappel que le vin contient beaucoup de calories – environ 80 pour un verre de vin rouge. Nous sommes convaincus que la plupart des gens verront les informations telles qu’elles sont. Nous conseillons toujours aux gens de boire pour le plaisir et avec modération». L’organisme Demeter, qui certifie les vins biodynamiques, a commenté : «Nous continuerons à faire certifier des vins en tant que vins Demeter avec les principes biodynamiques les plus élevés possibles. Si Nutri-Score dit que c’est un F, c’est leur problème, pas le nôtre». Reste à savoir si les consommateurs suivront la tendance. 

 

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21 mars 2022 1 21 /03 /mars /2022 06:00

Inscription en seconde au Lycée Louis le Grand et Henri IV

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Figure 3 – Proportion d’élèves issus de catégories socio-professionnelles très favorisées par lycée public général et technologique (élèves entrés en seconde à la rentrée 2021)
 
Lecture : À la rentrée 2021, 80 % des élèves qui sont entrés en seconde générale et technologique au lycée Louis-le-Grand étaient issus de catégories socio-professionnelles (PCS) très favorisées (chefs d’entreprises, professions libérales, cadres et professions intellectuelles). Cette proportion s’élevait à 87 % parmi les élèves précédemment scolarisés dans l’académie de Paris.

Champ : Élèves inscrits en seconde générale et technologique dans les lycées publics de l’académie de Paris à la rentrée 2021 et qui étaient scolarisés en troisième l’année précédente.
Notes : Pour déterminer l’origine sociale d’un élève, on utilise la PCS la plus élevée de ses responsables légaux.
Source : Base Élèves de l’académie de Paris. Calculs des auteurs.

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Le titre : «J’ai compris que j’étais pauvre en arrivant au lycée Henri-IV» de cet article du Monde m’a fait bondir.

 

H4 ou Henri IV est avec LLG Louis le Grand est, dit-on, le temple de la méritocratie républicaine.

 

Pauline Charousset & Julien Grenet du Collège de France répondent :

 

« Rentreront-ils dans le rang ? La modification annoncée de la procédure de recrutement des deux prestigieux lycées de la capitale est accusée par ses opposants de « briser l’excellence » et de faire le jeu du privé. L’analyse des données de l’académie de Paris va à l’encontre de ces arguments. »

 

ICI 

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Tableau 1 – Un « nivellement par le bas » ? Profil des élèves qui auraient été admis à Henri-IV et Louis-le-Grand en 2016 selon différentes modalités de sélection
 
Lecture : En 2016, 1537 élèves ont déposé un dossier de candidature pour entrer en seconde au lycée Henri-IV. Les 271 candidats ont obtenu une note moyenne de 16,0 au baccalauréat général (colonne 2). Les 271 candidats qui auraient été admis s’ils avaient été sélectionnés uniquement sur la base de leur note moyenne au contrôle continu de troisième ont obtenu une note moyenne de 16,3 dans les lycées où ils ont poursuivi leur scolarité (colonne 5). Les élèves qui auraient été admis s’ils avaient été sélectionnés selon la nouvelle procédure prévue pour la rentrée 2022 ont quant à eux obtenu une moyenne de 15,8 (colonne 8).

Champ : Élèves ayant déposé un dossier d’admission en seconde aux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand à la rentrée 2016.

Source : Données Affelnet-Lycée 2016 et données des sessions 2018 à 2020 du baccalauréat. Calculs des auteurs.
« J’ai compris que j’étais pauvre en arrivant au lycée Henri-IV » ICI 

 

« Premières fois » : récits de moments charnières autour du passage à l’âge adulte. Cette semaine, Tony évoque sa scolarité au lycée Henri-IV et le choc social qu’il y a vécu en intégrant cet établissement parisien en seconde.

Par 

Publié le 14 mars 2022

EXTRAIT

 

Capital culturel

 

Au départ, j’étais très mal à l’aise. J’étais dépassé par le niveau d’anglais des élèves. Tous avaient beaucoup voyagé et évoluaient dans des environnements cosmopolites ; de mon côté, je n’avais jamais pris l’avion. Leurs parents étaient plus âgés que ma mère, qui m’a eu à l’âge de 22 ans. Cette différence de génération se reflétait dans les goûts de mes camarades, très marqués : ils écoutaient les Beatles, parlaient des films de la Nouvelle Vague. La bourgeoisie ex-soixante-huitarde avait transmis ce capital culturel à ses enfants. A l’époque, je me disais qu’on ne vivait pas dans le même pays.

 

J’entends aussi des discours qui me mettent en colère, comme cette proposition d’un camarade, en cours d’économie, de baisser le smic, alors qu’il vit dans un hôtel particulier. Tous étaient pourtant très bienveillants et admiratifs de mon parcours. Je me servais de mon histoire pour me démarquer.

 

Tous les week-ends, je prends le train pour retrouver ma famille et travailler au tabac-presse de mon village, en Isère. Je sens douloureusement un fossé se creuser entre mon milieu et mon nouvel environnement. Je me déconnecte complètement des préoccupations des jeunes de mon âge.

 

Après le premier trimestre de la classe de 1re, je craque. Je dis à ma mère que je commence à étouffer. Il se trouve que la situation devenait financièrement difficile : je décide de rentrer définitivement en Isère. J’avais pourtant été positionné pour représenter Henri-IV aux concours généraux de français et d’histoire.

Histoire du lycée – Lycée Louis Le Grand

A Paris, « l’intégration forcée des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand dans Affelnet serait une erreur » ICI 

TRIBUNE

 

Collectif

Dix jours après l’annonce de l’entrée des deux prestigieux établissements scolaires dans la procédure d’affectation informatisée, des parents d’élèves et des élèves, anciens et actuels, prennent la parole pour défendre ce qu’apporte, selon eux, la sélection sur dossier.

Publié le 01 février 2022 

 

Tribune. Les élèves, anciens élèves, parents d’élèves et professeurs des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand ont récemment appris avec surprise la volonté du rectorat de supprimer la sélection des élèves parisiens sur dossier pour entrer dans ces établissements.

 

Henri-IV et Louis-le-Grand seraient des temples de « l’entre-soi » et de la bourgeoisie, des « mauvais élèves » de la mixité sociale et scolaire. En tant qu’anciens élèves et parents d’élèves de ces lycées, nous exprimons ici notre stupéfaction. La réalité de notre expérience est très loin de ces clichés.

 

Pourquoi est-ce un mauvais procès ? Le rectorat met en avant un pourcentage de 9 % de boursiers à Henri-IV et Louis-le-Grand pour l’année 2021, chiffre qui serait inférieur à la moyenne nationale. Or ce chiffre ne reflète nullement la réalité historique des entrées de boursiers dans ces lycées depuis 2015. A Louis-le-Grand, par exemple, 20 % des entrants au lycée en 2015 étaient boursiers, et le taux moyen de boursiers y oscille entre 10 % et 14 %, ou plus, selon les années, et, en classes préparatoires, ce chiffre dépasse régulièrement les 20 %. Par ailleurs, les internats sont réservés en priorité aux boursiers (en classes préparatoires) pour encourager leur venue.

 

 

En 2020, les 260 élèves admis à Louis-le-Grand en seconde provenaient de 175 établissements. A Henri-IV, ce sont quelque 170 établissements dont sont issus les 280 élèves de seconde. Quel autre lycée en France peut se vanter d’une telle diversité ? En analysant leur indice de position sociale (IPS) [un indicateur créé par l’éducation nationale] sur la base d’un calcul rétrospectif, la moitié des collèges d’origine aurait un score de 600 ou 1 200 [scores d’un collège intermédiaire et/ou défavorisé, intégrés depuis 2021 à l’algorithme Affelnet, et jouant comme un « bonus » pour les collégiens qui y ont fait leur scolarité]. Par ailleurs, Henri-IV et Louis-le-Grand sont parties prenantes, depuis plusieurs années, d’un programme de « cordées de la réussite », qui permet à d’excellents élèves issus de collèges très défavorisés d’intégrer ces lycées.

 

Accompagnement individuel

 

Les lycées Henri-IV et Louis-le-Grand mettent un point d’honneur à accompagner leurs élèves issus de milieux modestes grâce à leurs fondations respectives : d’ores et déjà 750 élèves ont été aidés financièrement par le fonds de dotation d’Henri-IV, et 700 élèves l’ont été par la Fondation de Louis-le-Grand. Au-delà de cette aide financière, les élèves qui en ont besoin bénéficient d’un accompagnement individuel qui leur permet de s’épanouir, de bénéficier de la même vie culturelle et des mêmes opportunités que leurs camarades plus favorisés : solutions d’hébergement, sorties culturelles, séjours linguistiques, programmes de soutien et de tutorat.

 

Si le souhait est de recruter plus de boursiers ou de profils plus divers, l’étude individuelle et humaine des dossiers de candidature permet tout à fait de réaliser ces objectifs. Il suffit pour cela de puiser davantage dans le vivier d’excellents dossiers d’élèves éligibles – on estime, par exemple, à Louis-le-Grand, qu’il y a environ 350 « admissibles » ayant le niveau souhaité sur 260 places en seconde –, sans pour autant dévaloriser la qualité du recrutement. Pourquoi donc, dans ce cas, insister pour confier à l’algorithme Affelnet cette démarche, alors même que la sélection sur dossier, très sensible et personnalisée, intègre toutes les dimensions du profil de l’élève : notes, appréciations de ses professeurs, motivation et bien entendu son statut de boursier ?

 

L’intégration forcée des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand dans le système Affelnet serait une erreur. En ce qui concerne les notes, tout d’abord : Affelnet fonctionne sur un agrégat beaucoup moins riche en informations qu’un bulletin scolaire. Affelnet ne distingue que faiblement la part de telle ou telle matière dans le résultat moyenné et empêche d’identifier les cas atypiques, ainsi que les élèves excellents en sciences ou en lettres par exemple (les coefficients de chaque matière étant plus ou moins les mêmes). Aussi, ce que le rectorat appelle « lissage » (il s’agit en réalité d’un nivellement) permet de rehausser ou d’abaisser les notes en fonction de tranches de points : un 15 et un 20 se valent dans ce système. Par conséquent, Affelnet ne fait pas de différence entre un excellent dossier et un autre simplement bon ! Ce qui révèle, en creux, l’un des objectifs de la réforme Affelnet : la disparition des « lycées de niveau ».

 

Disparition des filières d’excellence

 

Autre problème, le score IPS. L’indice de position sociale utilisé par Affelnet est un outil statistique illustrant en un « score » la diversité des positions sociales et métiers des parents d’élèves d’un collège donné, tels que renseignés par les parents à chaque rentrée de sixième sur des formulaires demandant d’indiquer la « profession des parents ». Si, sur cette base déclarative, le collège est jugé privilégié, Affelnet lui affecte un score IPS de zéro. Cela pénalise d’un malus de points tous les collégiens de cet établissement, qui ne sortiront donc pas, à niveau scolaire égal, parmi les premiers dossiers retenus sur la base du score total. A contrario, si l’IPS d’un collège est élevé, tout élève qui en est issu bénéficie d’un bonus de 600 à 1 200 points supplémentaires.

 

D’après les études communiquées par les parents d’élèves du collège Victor-Hugo à Paris, sur la base des scores et affectations des élèves de l’année 2020-2021, le score IPS permet d’ajouter jusqu’à près de 8 points à la moyenne de l’élève ! L’effet pervers est évident : quid de l’enfant de famille modeste habitant dans les « beaux quartiers », qui aura un « IPS 0 » ? Quid du fils de cadre supérieur d’un quartier jugé moins favorisé, qui aura, lui, un « IPS 1 200 » ? Un enfant scolarisé dans un collège à IPS avec bonus « IPS 1200 » avec 12/20 de moyenne se retrouverait peut-être ainsi en haut de la pile pour entrer dans un lycée d’excellence, alors qu’un excellent élève fréquentant un collège à « IPS 0 » en serait possiblement exclu. On voit bien l’incohérence d’un tel mécanisme avec l’objectif d’une sélection par le pur mérite. Quand bien même des aménagements à Affelnet seraient proposés pour Louis-le-Grand et Henri-IV, ils n’atténueraient qu’à la marge les effets structurels d‘un logiciel qui vise une autre finalité, difficilement conciliable avec la dynamique d’excellence républicaine.

 

En conséquence, avec les paliers de notes qui empêchent les excellents élèves de se démarquer, et l’indice IPS sans lien avec la qualité propre de l’élève, il n’y aura plus aucune motivation pour les élèves travailleurs et sérieux, les profils d’exception, à candidater dans ces établissements, tant leurs chances d’y entrer seront désormais encore plus réduites et surtout très fortement aléatoires.

 

Une telle absence de clarté et un si fort sentiment d’iniquité ne peuvent que faire le jeu des établissements privés, aux dépens des élèves de familles n’ayant pas les moyens financiers ou les relations pour y accéder. Pour ceux qui resteront dans le public, ces filières d’excellence auront bel et bien disparu. En les mettant en péril, tout en ne servant qu’à la marge l’ouverture sociale, la réforme proposée entraînera demain une véritable ségrégation de niveaux et de classes sociales entre un secteur public dépouillé et un secteur privé en plein essor.

 

Tribune écrite par un collectif d’élèves, de professeurs, d’anciens élèves et parents d’élèves des lycées Louis-le-Grand et Henri-IV, et co-signée par des représentants d’associations de parents d’élèves, des élus, des anciens élèves et des professeurs de ces établissements, dont : Anne Biraben, membre des Conseils d’Administration du college et lycée Henri-IV, ancienne élève du lycée Henri-IV ; Alexandre Barrat, membre du Conseil d’administration du lycée Louis-le-Grand, ancien élève du lycée Louis-le-Grand ; Antoine Bonneval, FCPE Louis-le-Grand, président depuis 2021, élu au Conseil d’administration ; Céline Jeanjean, FCPE Louis-le-Grand, vice-présidente depuis 2016, élue au Conseil d’administration ; Bruno Bensaid, FCPE Louis-le-Grand, membre du bureau, élu au Conseil d’administration et ancien du Lycée Henri-IV ; Béatrice Millot, FCPE Louis-le-Grand, secrétaire du bureau local, élue au Conseil d’administration et ancienne élève du lycée Henri-IV ; Nicolas Balaresque, professeur d’Histoire-Géographie en ECG au lycée Henri-IV ; Marie-Noëlle Faure, professeure honoraire de chaire supérieure, Lycée Henri-IV ; Martine Leloup, professeure honoraire de Lettres, lycée Henri-IV ; Carine de Saint-Rémy, professeur d’histoire au lycée Henri-IV ; Aliocha Piéchaud, élève de l’École normale supérieure, ancien élève du lycée Henri-IV (2016-2021) ; Aline Boutchenik, juriste publiciste, ancienne élève du lycée Henri-IV (2010-2013) et du CPES-PSL (2014-2017) ; Karim Bouyad, ancien élève du lycée Henri-IV (1998-2004), entrepreneur ; l’Association des anciens élèves de Louis-le-Grand (AAELLG) avec Bernard Chapot, president ; Habib Shoukry, vice-président ; Sophia Fassassi, membre du Conseil d’administration et professeure de Lettres ; Ophélie-Tiphaine Arcilla Borraz, membre du Conseil d’administration et enseignante ; Bérengère Chmielewski, membre du Conseil d’administration etc.

 

Collectif

 

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20 mars 2022 7 20 /03 /mars /2022 06:00

Concert sur le Maïdan à Kiev – culture

Sur la célèbre place Maïdan, une vingtaine de musiciens de l’Orchestre classique de Kiev ont joué quelques morceaux, dont les hymnes ukrainien et européen, alors que les troupes russes s’approchent chaque jour un peu plus de la capitale.

 

L’orchestre symphonique de la Philharmonie nationale d’Ukraine a donné mercredi un concert sur la célèbre place Maïdan alors que les troupes russes se rapprochent de la capitale, au 14ème jour de l’offensive militaire. Les musiciens dirigés par le chef d’orchestre Herman Makarenko ont joué quelques symphonies mondialement connues sur celle que l’on nomme également la place de l’Indépendance. Le répertoire était composé de l’Hymne à la joie de Beethoven, devenu l’hymne officiel de l’Union européenne, et d’autres musiques traditionnelles.

 

L’hymne ukrainien a également résonné sur la place Maïdan, lieu symbolique de la révolution ukrainienne de 2014. Quelques personnes sont venues assister à ce concert « pour la paix », comme l’a défini Herman Makarenko

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19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 06:00

Marcel Dalio

Ne pas confondre comme je l’ai longtemps fait Henri Jeanson le dialoguiste avec Francis Jeanson, figure de proue des "porteurs de valises" du FLN ICI 

Le réseau Jeanson (porteurs de valises) - Algerie-dz.com

Collaboration « chaude » ou collaboration « froide » ? Le cas d'Henri Jeanson (1938-1947)

Laurent Martin dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire 2005/2 (no 86), pages 91 à 106

 

Photos de Henri Jeanson - Babelio.com

 

Réévaluer la place exacte que Henri Jeanson, journaliste et homme de cinéma, tint sous l’Occupation : tel est le défi relevé ici. L’itinéraire de cet intellectuel pacifiste et anticonformiste est passé au crible afin de cerner son degré de compromission avec le régime de Vichy et avec l’ennemi. Plus largement, c’est à une réflexion sur le sens de la collaboration, entre collaborationnisme acharné et petits accommodements, qu’est convié le lecteur de l’article.

 

Voilà déjà quelques mois, un ouvrage dirigé par Marc Olivier Baruch faisait le point sur l’état de la recherche historique en matière de collaboration et d’épuration dans la France des années 1940 ; recueil d’études passionnantes et neuves, il passe en revue divers professions et milieux en s’efforçant d’en replacer le comportement collectif – et, parfois, les écarts individuels à la moyenne – dans le contexte national.

 

Une poignée de misérables.…. Les lacunes, selon cette logique même, étaient inévitables ; en particulier, les spécialistes de l’histoire de la presse ont pu regretter l’absence d’articles concernant ce champ de recherche, un champ il est vrai déjà largement défriché dans les années qui ont précédé la parution de cet ouvrage.

 

« L’épuration…. Nous voudrions ici apporter notre contribution à cette entreprise collective en examinant le cas d’un homme de presse et de cinéma, dont le parcours singulier à la fois reflète et s’écarte du destin de la communauté nationale : Henri Jeanson. Sur cet intellectuel pacifiste et anticonformiste, né en 1900 et mort en 1970, nous disposons d’assez peu d’études, hormis celle, savante mais qui tient davantage de la recension des sources disponibles que d’une biographie raisonnée, de Christophe Moussé la découverte et à l’exploitation des archives Jeanson, nous sommes en mesure de renouveler substantiellement ce travail qui reste cependant très précieux

 

La suite ICI 

Chroniques du Cinéphile Stakhanoviste: Entrée des artistes - Marc Allégret ( 1938)

Aujourd’hui c’est « Entrée des Artistes » (1938)

 

Pourquoi ce film ?

 

Ciné papy a envoyé plus de cinquante-deux fiches à son metteur en images préféré. À raison  d’une par semaine cela va donc faire un peu plus d’un an que ce vieux graphomane s’est mis à  la tâche. 

 

Un an déjà ! Il y a donc, semble-t-il, un anniversaire à fêter.

 

Au commencement (in illo tempore…) dans sa fraiche naïveté Ciné papy a présenté des films  chers à son cœur dont deux très grands films « La Rose et la flèche » 1976 et « Un homme  pour l’éternité » 1966 qui fut qualifié de chef d’œuvre tout comme « Quai des Orfèvres » 1947.

 

Tout au long de ses fiches Ciné papy s’est attaché à montrer sa passion pour les acteurs. Aujourd’hui, pour marquer cette année de production nous passons à la catégorie chef  d’œuvre hors compétition avec un des plus grands acteurs français, déjà croisé dans « Quai des  Orfèvres », Mesdames Messieurs voici, sous vos applaudissements : Monsieur Louis Jouvet

 

Quelle est l’histoire ?

 

François, Cœcilia et Isabelle sont élèves de la classe d'art dramatique du conservatoire que  dirige le professeur Lambertin. François est amoureux d'Isabelle qui l'aime également, mais il est poursuivi par Cœcilia, son ancienne maîtresse. C’est une nouvelle illustration de la pièce  de Musset dont le titre est devenu adage « On ne badine pas avec l’amour ». S’y mêle  également une mince affaire policière qui permet de maintenir l’intérêt du spectateur et de  trouver une fin à ce qui apparaît parfois comme un marivaudage.

 

Entrée des artistes, un film de 1938 - Télérama Vodkaster

 

Réalisation

 

Marc Allégret

 

68 films en 43 ans de carrière ! Ce cinéaste prolifique a été un réel découvreur de talents.  Fernandel, Raimu, Jean-Louis Barrault, Joséphine Baker ont débuté au cinéma dans un film  de Marc Allégret. Il est le premier à avoir confié des rôles importants à Simone Simon et à  Michèle Morgan, qu'il a révélées. Il a fait jouer dans ses films des acteurs alors en devenir,  tels que Bernard Blier, Louis Jourdan, Danièle Delorme, Gérard Philipe, Daniel Gélin,  Brigitte Bardot, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Patrick Dewaere ou encore Johnny  Hallyday. Roger Vadim a été son assistant.

 

Il a également fait tourner Micheline Presle, Odette Joyeux et Fernandel  Il dirige notamment Jeanne Moreau avec Jean Marais, Danielle Darrieux, mais aussi Annie  Girardot et Robert Lamoureux mais encore Bourvil et Catherine Deneuve. Cette longue liste illustre son importance dans le paysage cinématographique français de cette  époque qui s’acheva avec « La nouvelle vague » de Truffaut poursuivant « La qualité  française » de sa vindicte.

 

à la ville Marc Allégret est le frère aîné du cinéaste Yves Allégret et l'oncle de Catherine Allégret, la fille de Simone Signoret et d'Yves Allégret. * C’est dire son milieu naturel. * On sait tous le couple quelle formait avec Yves Montand qu’elle appelait « Montand » pour  bien savoir, de qui on parlait.

 

Entrée des Artistes de Marc Allégret - 1938 - Shangols

 

Qui fait quoi ?

 

Claude Dauphin : François Polti

 

C’est un de ses premiers rôles. Bilingue il eut une activité non négligeable au sein des forces  de la France Libre. Acteur doué donnant l’impression de jouer avec une facilité déconcertante  il sut conquérir l’Amérique grâce à ce bilinguisme. Il va ainsi tourner pour Joseph L.Mankiewicz, Peter Ustinov, John Frankenheimer, Otto Preminger, Roman Polanski ou  Stanley Donen. Sa carrière française n’en fut pas oubliée pour autant. Un de ses rôles les plus  célèbres est le maquereau de Casque d'or de Jacques Becker aux côtés Simone Signoret. Il  joue également la même année dans le classique Le Plaisir de Max Ophuls.

 

Janine Darcey : Isabelle Didier

 

« Entrée des artistes » est pratiquement son premier film avec un rôle de premier plan.  Jusqu’à cette date elle tenait des petits rôles de figuration. Une carrière discrète avec un  palmarès cependant de 60 films

 

Odette Joyeux : Cœcilia Prieur

 

Actrice de cinéma, comédienne de théâtre elle débute avec Louis Jouvet dans « Intermezzo » Elle écrit abondamment notamment des romans et un roman en forme de biographie : « Entrée d'une artiste » aux Éditions Payot couronné par l’Académie française. Wikipédia mentionne qu’une rose porte son nom la variété « Odette Joyeux »

 

Louis Jouvet : Lambertin, professeur au Conservatoire

 

En roue libre ! Tout le monde s’accorde à penser qu’il tient là son propre rôle de professeur de  théâtre du Conservatoire et qui est presque un reportage sur l'art de Jouvet. Alors silence on savoure les cours du Maître !

 

André Brunot : M. Grenaison, l'oncle d'Isabelle

 

Je ne connais pas particulièrement cet acteur. Il mérite cependant de retenir notre attention  tant il est remarquable dans les scènes qui l’oppose à Jouvet. Avoir autant de présence juste,  sans emphase, il faut le faire. Bravo l’artiste « Soyez léger, vous serez lourd »

 

Louis Jouvet - Entrée des artistes | Facebook

Julien Carette : Lurette

 

Il a joué dans plus d'une centaine de films qu'il a marqués par sa forte personnalité et son  accent parisien. C’est idéalement un « second rôle » essentiel

 

Je me souviens de lui dans les films de Jean Renoir. Il est un titi parisien dans « La Grande Illusion »1937, un volontaire dans « La Marseillaise », 1938 Pecqueux, le chauffeur du mécanicien Lantier dans « La Bête humaine » 1938, et surtout Marceau, le braconnier  magnifique, qui se joue du garde-chasse Schumacher, dans « La Règle du jeu » 1939.  Il devient aussi un acteur fétiche pour il devient le comédien fétiche de Claude Autant-Lara.  On se souvient bien sûr de « L'Auberge rouge » 1951, aux côtés de Fernandel et Françoise  Rosay, il campe avec conviction l'inquiétant patron assassin de l'auberge de Peyrebeille.

 

Marcel Dalio : Le juge d’instruction

 

Un Sale Juif ! * Ses origines vont lui ouvrir, puisqu’il est contraint de s’exiler les portes d’Hollywood. Il est à présent inscrit, pour l’éternité au génériques de film devenus cultes.  Ainsi « Casablanca » 1942 de Michael Curtiz avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman.  Marcel Dalio y joue Émile, un croupier mais aussi « Le Port de l'angoisse » 1944 d'Howard  Hawks, ou encore « Les Neiges du Kilimandjaro » 1952 d’Henry King ou « Les hommes  préfèrent les blondes » 1953 d’Howard Hawks. Tout cela ne l’a pas empêché de jouer pour  Jean Renoir les chefs d’œuvres que sont « La Grande Illusion » 1937 et « La Règle du jeu » 1939.

 

Ici, il campe un juge d’instruction avec des inventions qui en font un grand numéro d’acteur.

 

* Sa carrière française prometteuse est cependant interrompue lorsque l’Allemagne envahit la  Pologne le 1er septembre 1939. D’origine juive, Marcel Dalio s’enfuit avec sa femme. Après  moult péripéties ils gagnent Montréal. Pendant ce temps, l’Allemagne a envahi la France où  s'est installé le gouvernement de Vichy La propagande antisémite tire de quelques photos  publicitaires de Dalio une série d’affiches où il fait figure de « Juif typique ».  Réalisé en 1938, le film « Entrée des artistes » ressort sur les écrans, en juillet 1944, après  que l'on a pris soin de retourner avec un acteur non-juif, Alfred Pasquali, toutes les scènes où  Dalio apparaissait, tout en gardant sa voix sur la bande-son. Bêtise que de crime on commet  en ton nom !

 

Entrée des artistes – Marc Allégret (1938) | citylightscinema

 

Roger Blin : Dominique

 

Bernard Blier : Pescani

Ciné papy va finir par détester cet acteur au 200 films. Marre de le rencontrer à chaque coin  d’un générique des attachants films auquel il a participé. Fidèles lecteurs à vos fiches si vous  voulez en savoir un tout petit peu plus.

 

André Roussin : Giflard

Oui, oui, c’est bien Le Célèbre André Roussin de l’Académie Française. Il est surtout auteur  de pièce de théâtre à succès aussi bien comique que polémique. Il est plein de fantaisie et de  drôlerie. Il est joué dans le monde entier

 

Michel Vitold : Gabriel

 

Acteur de cinéma et de théâtre ou il est parfois metteurs en scène. Sa carrière s’étend des  années trente à quatre-vingt-dix. Il participa à la première aventure du Festival d’Avignon. Après avoir échoué deux fois au Conservatoire mais passionné par le théâtre, il fut un temps, pensionnaire de la Comédie Française.

 

Noël Roquevert : Pignolet, un vigile

 

Déjà rencontrée cette « gueule » typique avec sa moustache. On le retrouve toujours avec  plaisir . Voir aussi la fiche sur « Marie Octobre » 1959

 

Dora Doll : Elève du conservatoire

 

Elle est la première épouse de l'acteur Raymond Pellegrin, avec qui elle se marie en 1949, ils  ont une fille Danielle, l'année suivante. Ils divorcent en 1954, année où elle commence une  liaison avec Jean Gabin qui dure deux ans. La rumeur lui prête également une relation avec  Marlon Brando. Elle se marie ensuite avec François Deguelt

 

Voilà pour Dora Doll « à la ville »

 

On l’a déjà rencontré dans « Le quai des Orfèvres » 1947 dont la fiche, sauf erreur ne  mentionne pas qu’elle a tourné dans près de 170 films dont quelques-uns aux Etats Unis. N’oublions pas que c’est Louis Jouvet qui lui mit le pied à l’étrier.

 

Monique Mélinand : Une élève du conservatoire

 

Même chose que ci-dessus. Elle fut l’élève de Louis Jouvet puis à la défection de Madeleine  Ozeray, elle la remplace dans ses rôles et dans le cœur de Jouvet. Elle a fait surtout une  grande carrière au théâtre. 

 

Roland Piétri : un élève du Conservatoire

 

Essentiellement acteur et metteur en scène de théâtre il n’a que deux films à son actif Il compte parmi le monde du théâtre pour avoir été le metteur en scène de Jean Anouilh

 

Sans oublier le dialoguiste Henri Jeanson qui est également le scénario avec André Cayatte.

 

Il fit parler les acteurs dans près de quatre-vingt-cinq films dont il fut parfois également le  scénariste. Il se démarque d’un autre dialoguiste célèbre, Michel Audiard, car Jeanson adapte ses répliques aux personnages et aux situations. Ils restent pourtant, chacun dans leurs genres,  auteurs de répliques cultes dans « Les tontons flingueurs » pour l’un et « Atmosphère…  atmosphère… est ce que j’ai une gueule d’atmosphère dit par Arletty dans « Hôtel du Nord » 1938 ou « Moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est étrange. - Je vous assure mon cher cousin que  vous avez dit bizarre bizarre. - J’ai dit bizarre ? comme c’est bizarre » Dialogue entre Louis  Jouvet et Michel Simon dans « Drôle de Drame » 1937

 

Dialoguiste préféré de Louis Jouvet ils étaient aussi de grands amis.

 

Voir aussi la fiche sur « Marie Octobre » 1959

 

N’oublions pas non plus les décors Alexandre Trauner et Jacques Krauss.

 

En cette fin de fiche, l’épuisement et la flemme aidant, j’m’en va faire un thé et vous laisse  avec Wikipédia.

 

Bons Moments

 

Les scènes d’enseignement au Conservatoire 

 

La scène dans la blanchisserie. Venu défendre la cause d’une de ses élèves particulièrement  douée mais contrariée par un oncle et une tante blanchisseur, Jouvet croit l’affaire entendue  alors qu’il s’est laissé emporté par ses souvenirs et a tout gâché.

 

La scène où il quitte la blanchisserie en dévisageant chacune des jeunes blanchisseuses et  leurs attribut un emploi au théâtre : « Coquette…amoureuse…soubrette…intrigante… » et  une chute dont, pour l’instant, je en me souviens pas.

 

Quelques belles tirades.

 

Jouvet quittant « La boutique »

« Laver le linge des autre, en famille ! pouah, comment peut-on être blanchisseur ? »

 

Jouvet terminant le récit de sa visite chez les blanchisseurs seule famille d’Isabelle « Voilà à peu près ce que j’aurai du dire à mes parents quand j’avais dix-sept ans mais je n’au  plus dix-sept ans parce que vous avez dix-sept ans et des dix-sept ans, il n’y en à pas pour tout  le monde

 

« Soyez léger vous serez lourd » conseil aux élèves qui en font trop

 

« Quand le rideau se lève votre vie commence » faites qu’elle continue quand il se baisse »

 

Pax

 

Prochainement « Volpone »

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18 mars 2022 5 18 /03 /mars /2022 06:00

Guerre en Ukraine: plus de 25 000 armes distribuées à des civils à Kiev |  Le Devoir

La guerre, avec son lot d’innocents sacrifiés, de réfugiés, seuls ceux qui la subissent dans leur chair ont pour moi le droit à la parole loin des gloseurs des plateaux télés, politiques, journalistes, qui manient l’Histoire, la géopolitique avec la hauteur d’un premier violon. Je laisse de côté les experts des réseaux sociaux, qui eux, bégaient les arguments de leur camp.

 

Entretien.

Andreï Kourkov : “Pour nous les Ukrainiens, la liberté est plus importante que la stabilité” ICI

Publié le 14/03/2022 - 06:09

 

 

Contraint de fuir Kiev avec sa famille, le célèbre écrivain ukrainien Andreï Kourkov a accordé un entretien au quotidien italien La Repubblica depuis le lieu où il s’est réfugié, près de la frontière avec la Biélorussie. Il raconte son quotidien depuis le début de la guerre, la détermination de ses compatriotes et sa révolte devant l’offensive de Vladimir Poutine qui, “sous prétexte de protéger la langue russe, tue des milliers de russophones”.

 

D’un côté, un pays qui a appris à aimer la démocratie. De l’autre, un Poutine crépusculaire, à qui il ne reste qu’un seul rêve : fonder un nouvel empire soviétique. Et pour atteindre cet objectif fou, il est prêt à tout, même à engloutir un pays entier.

 

C’est ainsi qu’Andreï Kourkov, 61 ans, l’un des écrivains ukrainiens contemporains les plus connus, décrit une Ukraine assiégée, consciente de ses racines et de son histoire complexe (Kourkov est issu d’une famille russophone, et il a écrit une bonne partie de ses œuvres en russe), mais prête à tout sacrifier pour sa liberté.

 

ANDREÏ KOURKOV : Ma famille et moi, nous allons bien. Au troisième jour de guerre, nous avons quitté Kiev pour un village situé à 90 kilomètres, où nous avons une maison de campagne. Mais des amis sont venus nous mettre en garde, pendant que nous préparions le thé : ce n’était pas prudent de rester là. Nous avons mis 22 heures pour parcourir 400 kilomètres en voiture, et maintenant nous nous trouvons dans un lieu plus sûr, même si les Russes possèdent une base militaire en territoire biélorusse, à 30 kilomètres d’ici.

 

  • Vous avez évoqué dans vos livres la menace que représentait Poutine. Vous attendiez-vous à ce que cela aille aussi loin ?

 

Je savais qu’il ne nous laisserait pas en paix, mais je ne pensais pas qu’il irait jusqu’à déclencher une guerre. Maintenant qu’il est âgé [le président russe a 69 ans], il craint de ne pas avoir le temps de recréer l’Union soviétique et l’empire russe. Ce qui n’est pas possible sans l’Ukraine. Aujourd’hui, il n’a plus besoin de [davantage] d’argent, ni de rien d’autre. Il veut rester dans les manuels d’histoire comme l’homme qui aura fait revivre la superpuissance dont tout le monde doit avoir peur.

 

  • Les Ukrainiens font preuve d’un courage et d’une solidarité, qui, vu d’Occident, paraissent extraordinaires. Que pouvez-vous nous dire de l’esprit dans lequel ils affrontent l’invasion ?

 

Je suis étonné par le courage des soldats ukrainiens. Je connais beaucoup de vétérans de la guerre du Donbass [la région de l’est de l’Ukraine où se sont affrontés à partir de 2014 l’armée ukrainienne et des séparatistes prorusses], qui sont prêts à mourir pour l’Ukraine ; la plupart d’entre eux se sont enrôlés dans l’armée dès le premier jour de la guerre. Et puis il y a les civils qui se sont engagés dans les milices pour défendre le territoire, ainsi que les volontaires qui aident les réfugiés, préparent des cocktails Molotov, creusent des tranchées et installent des barricades. Les Ukrainiens sont déterminés à lutter jusqu’au bout.

 

  • Dans Journal de Maïdan (Liana Levi, 2014), vous racontez les événements de 2013 [lors du déclenchement de manifestations proeuropéennes sur la place de Kiev qui vont donner son nom au mouvement Euromaïdan] et vous écrivez que “l’homme qui vit en un ‘point chaud’ du monde, ou simplement au voisinage d’un volcan en activité, juge différemment le temps”. Qu’est-ce que cela implique de vivre dans une situation d’instabilité permanente ?

 

Nous sommes habitués à l’instabilité : pour nous, la liberté est plus importante que la stabilité. Pour les Russes, au contraire, la stabilité est plus importante que la liberté. Depuis 2014, nous sommes beaucoup d’Ukrainiens à croire que nous vivrons toujours comme les Israéliens, dans un danger permanent. Mais cela ne veut pas dire qu’il faille changer son mode de vie. Aujourd’hui, beaucoup d’Ukrainiens sont préoccupés par leurs travaux agricoles : nous devrons bientôt semer des céréales, et puis planter des patates. C’est très difficile à faire quand on essuie des tirs. Mais dans le Donbass, les gens ont cultivé leurs potagers même sous les bombardements.

 

  • Cela rappelle le personnage de votre dernier roman [Les Abeilles grises, paru début février aux éditions Liana Levi] : un apiculteur qui, dans le tumulte de l’histoire, est bien décidé à sauver ses abeilles.

 

Sergueïtch, le protagoniste des Abeilles grises, est un habitant typique de l’est de l’Ukraine, de la “zone grise” coincée entre les séparatistes et les loyalistes. Il n’est pas très instruit, mais il est honnête et travailleur. Il ne s’intéresse pas à la politique, et encore moins à l’histoire. Il a vécu comme vivent des centaines de milliers d’autres Ukrainiens. En pensant seulement à lui-même et à ses abeilles. Cela ne veut pas dire qu’il est méchant, il est seulement normal. C’est quelqu’un qui n’a pas appris à ausculter son pays comme un médecin ausculte son patient, ou comme un étudiant écoute un professeur.

 

  • De nombreux Ukrainiens, en revanche, s’intéressent à la politique. Que s’est-il passé depuis 2013 ?

 

L’Ukraine s’est rapprochée de l’Europe, même si l’Europe ne lui a pas beaucoup prêté attention. Les Ukrainiens veulent des réformes, ils veulent entrer dans l’Union européenne. C’est pourquoi ils s’élèvent contre la corruption en Ukraine et contre les responsables politiques russophiles. “Revenir” vers la Russie, ce serait revenir à la servitude soviétique. Aucun d’entre nous, sauf un petit nombre d’adorateurs de Poutine, ne souhaite quoi que ce soit de ce genre. Nos valeurs sont aujourd’hui la liberté et l’indépendance : la liberté et le droit de chacun à avoir propre opinion sur tout, y compris sur l’action du président et du gouvernement. L’Ukraine dispose de beaucoup de compétences techniques, elle a l’un des niveaux les plus élevés de services publics numériques du monde ou encore l’entreprise publique Antonov qui a produit le plus grand avion-cargo du monde, le Mriya, que les troupes russes ont détruit [il n’existait qu’un exemplaire de cet Antonov-225, construit en 1988 et surnommé “le rêve” en ukrainien]. Nous pouvons tout relancer. Mais il faut avant tout que la Russie mette fin à son agression.

 

  • Les citoyens européens vivent ce qui se passe en Ukraine avec une grande empathie. Cela ne vous étonne pas ?

 

L’Europe est très émotive, et en même temps méfiante. Elle a commencé à nous aider seulement quand elle s’est rendu compte que Poutine avait déclenché une guerre, une guerre du XXe siècle — avec des canons, des blindés, en bombardant les villes. Je suis content que les Européens se soient réveillés, nous avons besoin de leur soutien.

 

  • Une dernière question. Vous êtes l’un des auteurs ukrainiens les plus importants, mais vous écrivez en russe. Comment vivez-vous cette double identité ?

 

Je suis issu d’une famille russe, je suis né près de Leningrad [aujourd’hui, Saint-Pétersbourg]. Je suis parti pour Kiev avec mes parents à l’âge de deux ans. En 1991, quand l’URSS a disparu et qu’une Ukraine indépendante est apparue, j’étais heureux. Au cours des trente dernières années, je suis devenu un Ukrainien engagé politiquement. Oui, j’écris en russe, comme beaucoup d’autres écrivains et poètes ukrainiens, mais j’ai appris l’ukrainien et j’ai écrit deux essais dans cette langue, je parle l’ukrainien. Et tout ce que je vois, c’est que sous prétexte de protéger la langue russe, Poutine tue des milliers de russophones, des gens d’origine russe, comme moi.

Lara Crinò

 

L'Ostalgie 3/5 : Les affiches staliniennes - Balises - Le magazine de la Bpi

En pensant imiter Staline, Poutine a commis une grave erreur

Gérard Grunberg et Telos — Édité par Hélène Pagesy — 13 mars 2022

La défaite russe en Ukraine, probable à plus ou moins long terme, provoquera à coup sûr la seconde mort de l'Union soviétique.

 

 

 

 

Vladimir Poutine, converti au nationalisme russe, a renié depuis longtemps une Union soviétique coupable à ses yeux d'avoir mené, en premier lieu avec Lénine, une politique des nationalités qui a conduit à la situation actuelle de l'autonomie de l'Ukraine. Certains observateurs estiment qu'il entend reconstituer l'Empire des Romanov. Si tel est son but, c'est néanmoins en héritier du totalitarisme stalinien qu'il compte l'atteindre.

 

La vision du monde de Poutine, ancien lieutenant-colonel du KGB, s'est construite à l'intérieur du monde soviétique et il a très mal vécu la fin de l'URSS, dont il affirmait en 2005, six ans après son arrivée au pouvoir, que c'était «la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle». Cette même année est fondé en avril un mouvement de jeunesses poutinistes dont le nom, «Nachi» («les nôtres», écrit Наши en russe) donne le ton de ce qui va suivre.

 

 

Car après une période de flottement dans son premier mandat, la Révolution orange de 2004 en Ukraine semble lui avoir fait redouter qu'une autre révolution démocratique se produise et fasse exploser la Russie comme hier l'Union soviétique. Il semble se convaincre alors que, pour bloquer cette évolution, il lui faut établir une dictature personnelle, estimant que la chute de l'URSS a été due d'abord à la faiblesse du pouvoir, avant comme après cette chute. Il s'agit, pour lui, après la politique de décentralisation lancée par Boris Eltsine, de recentraliser fortement le pouvoir.

 

C'est dans ces années-là qu'apparaissent dans la phraséologie officielle des formules comme «verticale du pouvoir», «dictature de la loi», «démocratie souveraine», «capitalisme administré». Le pouvoir central se renforce alors face aux oligarques et aux gouverneurs des régions; l'opposition s'affaiblit. Après l'alternance en trompe l'œil de 2008, le retour de Poutine à la présidence en 2012 est marqué par des contestations qui occasionnent un nouveau tour de vis. Il ne va plus cesser de renforcer son pouvoir jusqu'à devenir un véritable autocrate.

 

 

Réécriture révisionniste de l'histoire

 

Dès le milieu des années 2000 il entreprend parallèlement une réhabilitation de Staline, modèle à ses yeux du véritable dirigeant; une entreprise clairement révisionniste. En 2008, de nouveaux manuels scolaires, commandés par l'administration présidentielle, réhabilitent l'ancien maître du Kremlin. Ils abordent notamment la question des purges, affirmant qu'il y avait beaucoup coupables parmi les personnes poursuivies et que ces purges avaient permis de gagner la guerre en se débarrassant de la cinquième colonne.

 

La réécriture révisionniste de l'histoire trouve son aboutissement quand en décembre 2020, il fait dissoudre l'ONG Mémorial, fondée en 1989 dans le but d'archiver les exactions de la période stalinienne et, plus largement, les violations des Droits de l'Homme jusqu'à aujourd'hui. Dans un esprit qui évoque furieusement les procès des années 1930, le procureur qui traite l'affaire estime que le simple fait d'évoquer les purges est une justification du nazisme.

 

 

La fausse alternance de 2008 s'était déroulée dans le respect de la lettre des institutions, et sans toucher à la constitution. Mais le 10 mars 2020, la Douma vote un amendement du projet de révision constitutionnelle qui permettra à Vladimir Poutine de briguer deux nouveaux mandats consécutifs après 2024, ouvrant ainsi la voie à la possibilité du maintien au pouvoir du président russe jusqu'en 2036. Le 22 décembre, il fait adopter une loi donnant l'immunité judiciaire à vie aux anciens présidents ainsi qu'à leurs proches. Ce nouveau texte dispose qu'un ex-président russe «ne peut être poursuivi pénalement ou administrativement»; il ne peut pas, par ailleurs, être arrêté par la police, subir un interrogatoire ou être perquisitionné.

 

Royaume de la propagande

 

Poutine, dès lors seul maître à bord, se met à traiter ses collaborateurs comme Staline traitait les siens, leur assassinat en moins il est vrai. Il suffisait pour s'en convaincre d'observer son patron du renseignement extérieur, au cours d'un conseil de sécurité convoqué en février sur la question ukrainienne, trembler et bégayer debout devant lui, pressé de donner clairement son avis sur la déclaration d'indépendance des deux républiques autoproclamées de l'est du pays.

 

Staline était considéré par certains spécialistes comme un pervers narcissique. Poutine, lui, pourrait être atteint d'un délire paranoïaque, isolé dans sa tour d'ivoire, peu curieux des avis de ses collaborateurs mais exigeant d'eux une obéissance et une loyauté absolues. Cette folie se communique à l'espace public. Comme sous Staline puis ses successeurs, la Russie poutinienne est le royaume de la propagande la plus grossière et de la pure désinformation, ce qu'Antoine Cigila notait dans son ouvrage publié en 1938, Dix ans au pays du mensonge déconcertant.

 

 

Cet art du mensonge est une seconde nature de ces régimes totalitaires où le pouvoir considère que toute personne qui s'écarte du discours officiel est à la fois un ennemi à abattre et un personnage sans valeur qu'il faut traiter par l'injure et le mépris. Rappelons le temps où Alexandre Fadeïev, au Congrès mondial des intellectuels pour la paix, en 1948, avait qualifié Jean-Paul Sartre, absent de la cérémonie, de «chacal muni d'un stylo» et de «hyène dactylographe».

 

Aujourd'hui les «ennemis de l'intérieur» ne sont pas beaucoup mieux traités qu'hier, même si les procès de Moscou ne sont pas réapparus: assassinats de journalistes, empoisonnement d'opposants tel qu'Alexeï Navalny condamné à une lourde peine de prison, rafles par milliers de manifestants contre la guerre. «L'opération spéciale» en Ukraine s'accompagne à l'intérieur du recours à des mesures totalitaires pour contrôler la population russe.

 

Ainsi, les parents d'élèves ont reçu des avertissements des écoles leur enjoignant de surveiller l'utilisation par leurs enfants des réseaux sociaux. Dans les écoles, les élèves assistent à des sessions spéciales destinées à leur inculquer la ligne officielle. La censure d'internet se fait de plus en plus complète. Il s'agit de déconnecter la population russe du monde extérieur. On assiste ainsi à une résurgence du cauchemar stalinien. Le mot totalitarisme ne doit pas être prononcé à la légère, mais il s'impose ici pour décrire l'évolution de la société russe.

 

L'ennemi extérieur

 

L'ennemi extérieur doit être traité comme l'ennemi intérieur. Ici encore le vocabulaire rappelle le temps de Staline. Ainsi le gouvernement ukrainien n'est pour Poutine qu'une bande de nazis et de drogués qu'il faut liquider. Quant à la population ukrainienne, il faut l'écraser sous les bombes et obtenir une reddition sans conditions. Il n'existe pour ces deux hommes ni droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ni prix de la vie humaine. Les destructions et meurtres de masse sont les seules réponses adéquates aux demandes de liberté.

 

Il faut relire l'ouvrage de Robert Conquest, Sanglantes moissons, qui a décrit le martyre du peuple ukrainien à l'époque de la politique de la collectivisation forcée des terres par Staline au cours de l'hiver 1932-1933, qui entraîna une famine généralisée et cinq millions de morts. Les répressions, les persécutions et les purges y furent menées plus largement encore qu'ailleurs. Il faut dire que Staline, comme plus tard Poutine, détestait toute forme de pensée nationale s'écartant du modèle «grand-russe».

 

C'est cette politique d'une extrême brutalité qui fut menée par Poutine en Tchétchénie, avec la destruction de Grozny, puis en Syrie, et qui semble prendre la même direction aujourd'hui en Ukraine. L'entrée des chars russes dans les grandes villes renvoie à leur entrée hier à Budapest, en 1956, et à Prague, en 1968: la loi de la force et la politique de la terreur.

 

 

Comme pour Staline, l'ennemi est pour Poutine l'Occident et ses régimes démocratiques dont il faut se protéger de la possible et dangereuse expansion. D'où l'abaissement d'un nouveau «rideau de fer» qui isole les habitants de l'empire russe. L'OTAN est le bras armé de cet ennemi, jugé seul responsable des réponses «purement défensives» adoptées par le pays. Après quelques années d'hésitation, Poutine est ainsi revenu à la vision stalinienne de la guerre froide.

 

Dans ce monde deux camps s'opposent irréductiblement sur la planète. Les États-Unis et la Russie en sont les deux puissances dominantes. Face à l'ennemi occidental, Poutine tente de renouer avec la «mobilisation patriotique» du temps stalinien. Faute de fournir au peuple russe la modernisation économique promise, cette mobilisation, qui s'était avérée particulièrement efficace au temps de la «grande guerre patriotique» (il est vrai activée par les commissaires politiques), connaît une adaptation au temps présent. Car, si l'Ouest est considéré comme étant en guerre contre la Russie, celle-ci ne fait en revanche que «se défendre», son invasion de l'Ukraine n'étant qu'une «opération spéciale» et non une guerre, une sorte d'opération de maintien de l'ordre. Comme Staline, Poutine se présente comme le seul capable de protéger le peuple russe contre les agressions extérieures.

 

Stalinisme et hitlérisme

 

Un élément capital distingue cependant la Russie poutinienne de la Russie stalinienne. Staline, plus rusé et prudent que Poutine, n'avait mené de guerre offensive en 1939 que contre la petite Finlande, guerre qu'il avait fini par remporter malgré de sévères et nombreux revers (c'est pendant la guerre d'hiver que les Finlandais inventèrent le cocktail Molotov utilisé par les Ukrainiens aujourd'hui contre les chars), et contre la Pologne, guerre qu'il ne risquait pas de perdre puisque Hitler attaquait ce pays de son côté. En revanche, c'est une guerre défensive contre l'Allemagne nazie qu'il avait victorieusement menée. Poutine, moins prudent et plus mégalomaniaque, a nettement sous-estimé le rapport de forces en Ukraine.

 

C'est en réalité à l'offensive d'Hitler contre la Russie que l'on serait alors tenté de comparer le blitzkrieg raté de Poutine. Il faut d'ailleurs se rappeler que la dernière fois que Kyiv et d'autres villes ukrainiennes ont subi une telle brutalité militaire, ce fut aux premières heures du 22 juin 1941. Il s'agissait alors du lancement par Hitler de l'opération Barbarossa contre l'Union soviétique. Deux jours avant l'invasion de l'Ukraine par Poutine, est paru sur RIA Novosti un éditorial annonçant prématurément la conquête du pays, où l'auteur qualifiait «l'opération spéciale» de «solution de la question ukrainienne»

 

 

Si Staline n'a pas perdu de guerre, en revanche, ses successeurs en ont perdu une, en Afghanistan. Une défaite qui a joué un rôle notable dans l'écroulement de l'Union soviétique. Une défaite de Poutine en Ukraine, probable à plus ou moins long terme, provoquera à coup sûr, mais après quelle catastrophe humanitaire et quelles destructions, la fin de Poutine et de la Russie poutinienne, la seconde mort de l'Union soviétique en quelque sorte.

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17 mars 2022 4 17 /03 /mars /2022 06:00

La salle des ventes : le commissaire-priseur (auct...

À l’entame de ma seconde année à la Fac de Droit, ayant épuisé les charmes du CEG de Pouzauges, où j’exerçais en tant que prof à mi-temps, j’optai, afin de régler ma situation financière peu reluisante, pour une solution très en vogue à cette époque : le pré-concours à l’école nationale des impôts de Clermont-Ferrand. Même si ça peut paraître de nos jours incroyable, l’État peinait à recruter des fonctionnaires et proposait à des étudiants une rémunération pour qu’il s’engage à passer le concours d’Inspecteur des Impôts. Je réussis l’examen de filtrage, suivis les cours, rendis les examens sur table, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Pour me loger je devins colocataire, place Victor Richard, avec un autre étudiant en droit et un étudiant en médecine marié à une belle irlandaise à qui il avait fait un enfant, dans une maison avec jardin, le couple occupait le rez-de-chaussée, les deux célibataires à l’étage. Le propriétaire était un expert-comptable important, trois de ses employés travaillaient dans une soupente de notre logement.

 

Comment devenir commissaire-priseur ?

 

Si je vous raconte cet épisode de ma vie trépidante d’étudiant c’est que pour meubler ma chambre je fréquentai la salle des ventes. L’idée me vint alors que je pourrais embrasser la profession de commissaire-priseur, non pour diriger les enchères de meubles pourris mais pour devenir une star du marteau. Le cursus titulaire d'un double diplôme en droit et en histoire de l'art, arts appliqués, archéologie ou arts plastiques, m’y fit renoncer.

 

Pour conclure cet épisode:

 

  • je passai le concours mais rendis une copie blanche en droit commercial, le zéro étant éliminatoire, le divisionnaire, qui me considérait comme son meilleur élément, faillit s’étrangler, il me convoqua pour explications, je lui répondis effrontément : j’ai fait l’impasse je pensais que ce serait le droit civil qui serait choisi. Je lui épargnai  le « je n’ai pas une tronche à aller à Clermont-Ferrand pour faire plaisir  au déplumé de Chamalière… »

 

Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme: École Nationale des Impôts.… | Flickr

 

 

  • dans la même veine, mon propriétaire me fit du rentre dedans pour que je passe le concours afin de devenir un expert en fiscalité afin d’aller pantoufler dans son cabinet par la suite.

 

  • Enfin, j’ajoute que mai 68 passa par là, mon colocataire étudiant en droit, se révéla être un activiste CDR qui organisa à Nantes avec sa bande se fachos le défilé frère de celui des Champs-Elysées

 

Collection privée iDealwine

 

Enchères : une collection très privée de 9000 flacons met à l'honneur la Bourgogne et le vin nature ICI 

 

Le spécialiste des ventes aux enchères viticoles iDealwine, dévoile jusqu’au 24 mars une sélection de bouteilles d’exception à travers une collection privée de 9 000 flacons mis à l’encan et mettant à l’honneur les plus grandes signatures françaises.

Par Arthur Frydman

Publié le 14/03/2022

 

 Après une énième année record sous le marteau – 42 % des adjudications de vin et de spiritueux en France pour la plateforme – iDealwine dévoile une nouvelle vacation de prestige. Jusqu’au 24 mars prochain, les amateurs peuvent enchérir en ligne sur une sélection de 9 000 bouteilles pour une estimation globale de 1,5 million d’euros. Des vins provenant de la cave d’un collectionneur privé et connaisseur aiguisé des plus belles signatures des vignobles hexagonaux, notamment la Bourgogne et le Jura, une région qui est de plus en plus recherchée aux enchères, surtout pour ses vins de type oxydatifs (vin jaune) et plus généralement ceux issus du cépage phare de la région, le savagnin donnant des vins d’une grande originalité.

 

Un patrimoine viticole conservé dans des conditions idéales

 

«Cette cave représente le rêve des amateurs pointus qui forment l’essence de la clientèle d’iDealwine. Dans chaque région, nous retrouvons les meilleures signatures mais pas forcément les “étiquettes“ donc les plus chères, mais plutôt les domaines prisés des grands connaisseurs. Avec 9 000 flacons, cette collection privée promet d’être une des plus belles ventes jamais enregistrées sur notre plateforme», commente Cyrille Jomand, PDG d’iDealwine.

 

La suite ICI 

 

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16 mars 2022 3 16 /03 /mars /2022 06:00

Auguste Piccard - Tournesol Auguste Piccard - CC BY-SA 3.0 de

Le Figaro s’alarme : Alerte sur l'huile de tournesol, nouvel or jaune agricole ICI 

 

En raison du poids de l'Ukraine, dont les ports sont bloqués, dans le commerce mondial de cet oléagineux, le risque de rupture d'approvisionnement dans quelques mois est réel.

 

«Si l'Ukraine n'arrive pas à planter, il y aura une crise majeure sur l'huile de tournesol», prédit ainsi Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe avril, leader français des huiles végétales. Dans le cas de ce scénario noir, il serait quasiment impossible de trouver des provenances alternatives suffisantes pour compenser.

 

Désolé, mais pendant quelques années je fus PDG de la SIDO (société interprofessionnelle des oléagineux, protéagineux, plantes textiles) et, à ce titre, membre de droit au Conseil d’Administration du fonds  financier Sofiprotéol l’ancêtre du groupe avril mentionné ci-dessus.

 

Le tournesol j’en connais un rayon, avec Fruit d’Or la multinationale Unilever en a fait l’huile raffinée qui a succédé à Lesieur arachide, et ce avec la complicité de Jean-Claude Sabin, petit paysan du Tarn, ancien de la JAC, président de la FOP (fédération des oléoprotéagineux) méprisé par les arrogants céréaliers.

 

Fruit d'Or - 1 l

 

Fruit d'Or prêt à voler de ses propres ailes

 

Je vous raconte plus bas la saga du tournesol, du colza industriel pour produire des bio-carburants, et le petit empire agro-alimentaire qu’est avril.

 

En France, où une bouteille d'huile végétale vendue en grandes surfaces sur trois (37%) est issue du tournesol, pas d'inquiétude à ce stade chez les consommateurs. En revanche, chez les industriels gourmands de cet ingrédient, comme le spécialiste français du pain industriel et de pâtes à tarte Cérélia, l'heure est à la crainte d'un «risque de rupture d'approvisionnement avéré», selon son président Guillaume Réveilhac. Chez les syndicats des fabricants de biscuits, gâteaux ou pains industriels, on souligne déjà des problèmes de disponibilité sur cet ingrédient qui leur est indispensable. L'heure est donc aux solutions de fortune, comme la substitution du produit manquant par de l'huile de colza.

 

Avec ses champs de tournesol à perte de vue, l'Ukraine est le premier producteur mondial de cet oléagineux. Il est aussi le premier exportateur mondial de cette huile utilisée dans les cuisines, restaurants ou usines agroalimentaires du monde entier. Chaque année, les terres très fertiles du pays envahi par la Russie fournissent ainsi la moitié des exportations mondiales d'huile de tournesol et 70% de celles de tourteaux utilisés en alimentation animale, selon les chambres d'agriculture

 

Dans ce contexte, le blocage des ports ukrainiens et plus globalement de la mer Noire fait peser une menace forte sur les approvisionnements mondiaux de cet oléagineux et de son huile. Si l'Ukraine arrive peu ou prou actuellement à acheminer par train 10% de ses exportations habituelles de céréales et de protéines, cela reste insuffisant pour assouvir la demande mondiale. Ce qu'a confirmé cette semaine Lesieur (groupe Avril), le leader du rayon, qui n'aura pas de souci pour ses produits à sa marque, mais reste dans la plus grande incertitude sur sa capacité à trouver de la matière première pour les volumes qu'il fabrique à marque de distributeur.

Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Centre-Val de Loire, Pays de la Loire, Bourgogne-Franche-Comté

 

Tribune agriculture

La saga de Jean-Claude Sabin

 

Des fondateurs regroupés après-guerre par Roger Petit, tels Jean Bustarret, André Cauderon, Claude Héros, Bernard Le Quéllec, Raymond Noury, etc. autour du CNTA/OLEAGRI porteurs d’une vision commune quant à la nécessité de souveraineté alimentaire nationale : celle de produire dans l’Hexagone en se dotant d’outils industriels (huileries, raffineries) suffisamment d’huiles végétales pour la France tout en ayant le souci d’offrir au travers de partenariats public-privé (USGOS/AMSOL, PROMOSL, CODISOL, CETIOM) la meilleure génétique et des semences de qualité aux agriculteurs, ainsi que des conseils avisés de culture et un revenu décent.

 

Des héritiers regroupés autour de Jean-Claude Sabin et Philippe Tillous-Bordes, Jean-Paul Jamet, Emile Choné, Yves Delaine, Georges Vermeersch, etc. soutenus par la coopération agricole, plus gestionnaires et dotés d’appuis politiques puissants, capables de faire rebondir la filière en 1976-78 et de créer Sofiprotéol en 1983 après la défaillance du CNTA, puis la filière Diester®, biodiesel à base d’huile de colza et de tournesol en 1992 et le lancement du premier marché à terme européen de graines de colza en 1994, puis encore de démultiplier leurs actions jusqu’en 2013 pour transmettre dans de bonnes conditions la poursuite du développement de la masse critique – cette notion est essentielle pour la pérennité à long terme de la filière dans une économie désormais largement mondialisée – à l’international de cette filière à une troisième génération de dirigeants qui créa en 2015 le Groupe Avril, Terres Univia et Terres Innovia.

 

Dans les années 1970, la France manque de protéines : elle dépend à 70 % de l'extérieur pour ses approvisionnements. Ses vaches se nourrissent de tourteaux de soja du Midwest. L'embargo américain sur le soja, en 1973, a révélé l'ampleur de la menace et affolé les campagnes. On parle « plan Protéines. En 1977, VGE dans son grand discours de Vassy appelle à l'« agro-puissance ». Grâce à deux hommes, Jean-Claude Sabin, un paysan du Tarn, patron à l'époque de la Fédération des producteurs d'oléagineux et protéagineux, et Philippe Tillous-Borde, un ingénieur agronome venu de chez Louis Dreyfus, vous pouvez aujourd'hui regarder défiler de votre TGV une France où le jaune du tournesol et du colza vient égayer le vert.

 

Avec l'appui des pouvoirs publics, et cette merveille sémantique à la française qu'est la « contribution volontaire obligatoire » versée par les agriculteurs à leur organisation professionnelle, ils créent Sofiprotéol. Pour encourager la culture de nouvelles graines, dont on extrait en les broyant à la fois des huiles et des fibres, il faut leur assurer des débouchés. Cela se fera en bâtissant une industrie de la transformation qui conduira les mayonnaises Lesieur sur les tables, et le Diester dans les réservoirs des diéselistes. Au début, Sofiprotéol procédera essentiellement par prise de participations, mais l'établissement financier va au fil des ans renforcer son rôle d'opérateur industriel. La récolte a porté ses fruits. Les quinze premières années sont surtout consacrées au développement des usines de trituration, où s'effectue le broyage, mais l'huile de colza n'est pas encore reconnue pour ses qualités nutritionnelles. Qu'en faire ? A Bruxelles, face aux montagnes de beurre, aux lacs de lait, aux tonnes de céréales du début des années 1990, on commence à parler jachères. La grande idée de Sabin et de Tillous-Borde fut d'inventer un nouveau carburant, le Diester, et surtout de convaincre la commission d'utiliser les surfaces en jachère pour des cultures non alimentaires.

80% d'acide oléique, 12% d'acide linoléique, 4% d'acide palmitique, 3% d'acide stéarique

16 JANVIER 2021 PAR ALAINBONJEAN

 

Les oléagineux à graines en France depuis 1750 ! ICI 

 

La pandémie actuelle étant propice à la consultation de nos archives, je viens de relire un article du biologiste et botaniste Auguste Chevalier (1873-1956) paru en 1941, intitulé « La culture des plantes oléagineuses en France. Prospérités de cette culture de 1750 à 1870. La régression depuis 1880. Essais et amélioration à entreprendre1 » que j’avais découvert au début des années 1980 et conservé.

 

Au vu de ce que j’ai pu connaître durant ma vie professionnelle, trois périodes de production d’oléagineux à graines ont traversé les années 1750 à 2020 dans notre pays :

 

  • une première phase d’expansion effectivement de 1750 à 1870,
  • une phase de recul drastique de 1880 à 1945,
  • une seconde phase d’extension de 1950 à 2020.

 

 

Usine - Groupe Avril

ACTIVITES

Avril est l’acteur industriel et financier de la filière des huiles et protéines végétales.

ICI 

Culture tournesol

TOURNESOL ICI 

 

La composition du tournesol (Helianthus annuus) a grandement évolué depuis son apparition en Amérique du Nord. Aujourd’hui, sa richesse en oméga 6 et en oméga 9 comme ses propriétés antioxydantes en font une plante très appréciée, tant par l’homme que par les animaux d’élevage pour leur alimentation.

Première apparition de Tournesol dans Le Trésor de Rackham le Rouge

Prénom

 

Pour le prénom de Tournesol, Hergé s'est inspiré d'une personne réelle. Ce merveilleux Tryphon, si délicieusement anachronique, fut en effet emprunté par l'auteur à un menuisier de sa connaissance qui habitait non loin de chez lui. À lui seul ce prénom, couplé avec ce patronyme qui explique l'intérêt du professeur pour l'astronomie, résume l'ensemble du personnage.

 

 

Famille

 

On ne sait quasiment rien de la famille de Tryphon Tournesol. La seule indication qu'il livre à ce sujet s'énonce en forme négative : il n'a jamais eu de sœur !

Tournesol n'a pas de soeur - Tintin et les Picaros

« Le professeur Tournesol, ce serait un point commun avec Hercule Poirot, est né avec un âge certain et indéfini. On pourrait lui donner une cinquantaine, un peu vieillie ou une petite soixantaine. Il la gardera. Il la gardera alerte, voire sportive. Mais enfin, c'est un homme qui a déjà une longue carrière derrière lui. Il est presque chauve. Il porte des lunettes d'un autre temps, un petit chapeau, un manteau pour frileux, car on l'imagine très frileux. Il se sépare rarement d'un parapluie. Quand il sort, les parapluies joueront un grand rôle dans ses aventures. Bref, il est déjà anachronique au moment où Hergé le crée. Et pourtant, c'est un pionnier. C'est un homme d'avenir, puisque c'est lui qui mènera Tintin et Haddock jusque sur la Lune. Il y a quelque chose de tout à fait ambivalent, tout à fait extraordinaire, une trace de ces films burlesques qu'Hergé a vus dans son enfance et en même temps, un regard sur des savants réels qu'il a pu observer Haroun Tazieff qu'il avait côtoyé, et surtout Auguste Picard, l'explorateur de la stratosphère, qui était un temps son voisin et qui semble avoir inspiré physiquement le personnage. Sauf qu'il a fallu le raccourcir un peu. Car, disait Hergé, si j'avais représenté Picard dans sa taille, il aurait dépassé des cases. »

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15 mars 2022 2 15 /03 /mars /2022 06:00

Lourdes amendes pour le glyphosate | Chappatte.com

Pan sur le bec comme le dit le palmipède du mercredi !

 

La synthèse bibliographique de l’INRAE, qui met en évidence les mécanismes d'action du glyphosate et des herbicides à base de glyphosate sur la fertilité mâle et femelle sur les animaux modèles et chez les humains, tombe à point nommé dans la mesure où la guerre en Ukraine bouleverse l’équilibre des grandes cultures.

 

Russie et Ukraine, aux premiers rangs des exportations

 

« La Russie est le premier exportateur mondial de blé tendre avec 34 millions de tonnes ; l’Ukraine, 4e exportateur mondial avec 25 MT, soit 29 % des échanges mondiaux. La Russie et l’Ukraine exportent respectivement 4 MT et 6 MT d’orge, soit 31 % des échanges mondiaux. L’Ukraine est le 3e exportateur mondial de maïs (32,5 MT), soit 13 % des échanges mondiaux d’orge »

« Quant au tournesol, il atteint des sommets vertigineux, à plus de 700 €. "Parce que l’Ukraine en produit 50 % de la consommation mondiale, comme pour le maïs. Le tournesol, ce sont les huiles, les carburants, lubrifiants »

 

« Il y a urgence à revoir la PAC et recommencer à produire »

 

Pour Jean-François Gleizes, il y a urgence « à produire à nouveau afin de retrouver une sécurité alimentaire pour le pays, les pays européens et ceux qui les entourent. La question va se poser pour le Maghreb. Prenons l’exemple de l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Non seulement ils ne sont pas autosuffisants, mais en plus, aujourd’hui, ils se sont approvisionnés en blé en Ukraine, un pays auquel ils n’ont plus accès aujourd’hui. Il y a donc une grande fébrilité. S’il n’y a pas la production française pour répondre à leur demande – et à des prix accessibles –, on va au-devant d’une grave crise », mettent en garde les agriculteurs. « Il faudrait vraiment avoir un deal international sur la Méditerranée. On y a, en plus, tout intérêt. L’Algérie, par exemple, a du gaz », estime Jean-François Gleizes. Et tous de s’interroger : "On a du mal à comprendre, nous, producteurs, comment on peut mettre 10 % de terres en jachère alors qu’on a ce souci, d’autant qu’on essaie de travailler dans le plus grand respect de l’environnement, avec de la technicité. Il faut revoir la politique agricole commune, et très vite ».

 

Henri Blanc abonde : « Si on veut remonter les stocks rapidement, il faut commencer par enlever toutes les entraves écologiques et de réduction de production. On s’y était adaptés mais voici que maintenant, pour 2023, on est en train de nous en rajouter de nouvelles qui vont nous faire perdre encore 7 à 8 % de plus de production de terres agricoles. Il n’est pas question, là, de remettre les mines de charbon en route, mais de produire davantage pour nourrir la population ».

 

Une question de souveraineté alimentaire

 

« Ce conflit montre à quel point la production céréalière française est stratégique pour notre souveraineté alimentaire, mais pas seulement. C’est un approvisionnement vital pour tout le pourtour méditerranéen. Avec cette guerre, on risque de connaître à nouveau les émeutes de la faim, comme en 2008 où les cours du blé dur étaient remontés à 500 € la tonne. On n’en est pas loin », relève Evelyne Guilhem. « On avait eu des blés tendres à 310 €. On ne manquait pas de blé, et pourtant on estime, à cause de la hausse des prix, à 2,5 millions le nombre de personnes mortes de faim dans les pays pauvres. Aujourd’hui, si on bloque 20 % de la production mondiale, on peut avoir 10 millions de morts », relève Antoine Bernabé, directeur industriel de la filière meunière du groupe Arterris.

 

Même son de cloche du côté de la présidente de la FNSEA et du big boss d’In Vivo-Soufflet très engagé en Ukraine&Russie.

 

Attention, je n’affirme pas qu’il faille  dans le secteur des grandes cultures rester les bras croisés mais avant de remettre le pied sur l’accélérateur il faut examiner la réalité en face : la répartition de nos céréales entre alimentation humaine et alimentation animale pour la réorienter et du côté des oléagineux leur utilisation en biocarburant, dont le bilan carbone n’est pas positif, prive la sole alimentaire de surfaces plus utiles.

 

Ne fonçons pas tête baissée dans un scénario « sécurité alimentaire » qui ne résiste pas à la réalité des chiffres.

 

Là où la question de l’arrêt des produits de synthèse, dont le glyphosate, ne pose pas c’est pour notre chère et tendre viticulture qui élabore un produit non essentiel à l’alimentation humaine.

illustration Le glyphosate perturbe les fonctions de reproduction animale et humaine

Le glyphosate perturbe les fonctions de reproduction animale et humaine ICI

Glyphosate : à taaaaaaable ! - Cartooning for Peace

Le glyphosate (G), également connu sous le nom de N-(phosphonométhyl)glycine, est l'ingrédient actif déclaré pour les herbicides de la famille baptisée GBH (herbicides à base de glyphosate) et qui sont largement utilisés dans l'agriculture conventionnelle (tels que le Roundup). Le glyphosate est toujours utilisé en mélange avec d’autres substances.

Une synthèse bibliographique a été réalisée à partir des travaux scientifiques portant sur les mécanismes d'action du glyphosate et des herbicides à base de glyphosate sur la fertilité mâle et femelle chez les animaux modèles et les humains. Au cours des dernières décennies, les chercheurs ont montré, en utilisant divers modèles animaux, que les GBH sont des perturbateurs endocriniens des fonctions de reproduction.

Cette synthèse décrit les effets de l'exposition au G ou aux GBH sur l'axe hypothalamo-hypophyso-gonadique (HPG) chez les mâles et les femelles, sur les régulations hormonales et la viabilité et la prolifération cellulaire. Les concentrations plasmatiques de la plupart des hormones régulatrices de la fonction de reproduction (GnRH, LH, FSH, estradiol, progestérone, testostérone) ou encore l’expression de leurs récepteurs sont altérés aux différents niveaux de l’ensemble de l’axe reproducteur : hypothalamus, hypophyse, ovaires, testicules, placenta, utérus) par l'exposition aux GBHs. Les GBHs ils sont considérés comme plus toxiques que le G seul en raison de la présence d’adjuvants tels que la polyoxyéthylène amine (POEA). En outre, des impacts intergénérationnels de l'exposition au G ou aux GBH sont rapportés. Les différentes stratégies pour réduire les effets négatifs des GBH sur la fertilité sont également discutées dans cette revue, comme par exemple des traitements protecteurs à base de plantes.

Les G et les GBHs peuvent donc induire à des doses équivalent glyphosate parfois inférieures à la NOAEL (dose sans effet nocif observable) des altérations de l'ensemble de l'appareil reproducteur chez les mâles et les femelles. D’autres études sont prévues afin d'analyser les conséquences de ces impacts physiologiques sur la fertilité, c’est-à-dire sur l’aptitude à se reproduire, mais aussi sur les pathologies éventuelles induites, notamment dans l’espèce humaine. Les effets transgénérationnels sont également encore méconnus. Certains auteurs envisagent enfin de trouver des stratégies pour diminuer ou éviter les impacts négatifs des GBH, même si à terme, ces substances ont vocation à être interdites.

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14 mars 2022 1 14 /03 /mars /2022 06:00

Alain Krivine, lors d'une conférence de presse, le 8 avril 1974.Alain Krivine, lors d'une conférence de presse, le 8 avril 1974. © AFP / STF

Je sais, je sais, comme le chantait Gabin, cette chronique, qui semble sans queue ni tête, va dérouter certains de mes lecteurs, et pourtant elle n’est pas aussi foutraque qu’il n’y paraît, elle est pleine de liens, ceux de mes souvenirs.

 

Baby-boomer encore véloce, soixante-huitard non révisé, buveur de vin nu qui n’existaient pas au temps du PSU, j’ai croisé sur ma longue route, des gens fort différents.

 

La difficile restructuration financière de Pierre & Vacances

Le président et fondateur de Pierre et Vacances-Centre Parcs, Gérard Brémond, à Paris le 21 novembre 2018. 

 

Prenons Gérard Brémond, fondateur de Pierre & Vacances-Center Parcs, je l’ai rencontré dans un scénario type Citizen Kane (pour faire plaisir à ciné Papy), le prédateur étant en 1982, Robert Hersant, l’empereur de la presse qui avait concentré jusqu’à 40% des titres de la presse française dans les années 1980. Mon patron, Louis Mermaz, alors président du CG de l’Isère et de l’AN, voyait d’un mauvais œil les manœuvres du Robert pour mettre la main sur Le Progrès de Lyon et le Dauphiné Libéré. Il me confia la mission de provoquer un tour de table afin de contrer le papivore. C’est dans ces conditions que je rencontrai Gérard Brémond, de même que Jean-Claude Gallienne, le papa de Guillaume Gallienne, l’acteur bien connu. À cette occasion je constatai qu’il était plus facile d’aligner des millions de francs que d’en trouver quelques centaines pour faire ses fins de mois. Bref, le tour de table fut bouclé mais un veto vint de l’Elysée, Tonton nous fit savoir qu’Hersant était intouchable.

 

La concentration des médias au temps de Robert Hersant

 

Dix ans après sa mort en 1996, l’ombre de Robert Hersant plane encore sur son défunt empire de presse. De son vivant, le magnat était passé à travers toutes les gouttes, tant les autres pouvoirs, politique ou judiciaire, semblaient redouter le sien. À titre posthume, un vieux dessous de table de 90 millions de francs remonte tardivement à la surface, à l’occasion de l’interminable agonie du quotidien France-Soir. Ses ayants droit vont peut-être devoir assumer cet héritage encombrant, ressurgi d’un paradis fiscal.

 

Robert Hersant aura rythmé cinquante années de la vie politico-médiatique française et construit un empire de papier (Le Figaro, France-Soir, Auto Moto, Paris Turf, La Voix du Nord, Le Dauphiné libéré, Le Progrès, Presse Océan, etc.), dont il ne reste aujourd’hui plus rien. Seule la Ve République pouvait mettre en selle ce type de personnage… Il est né en 1920 en Loire-Atlantique, fils d’un capitaine au long cours. Étudiant en Normandie, il est secrétaire des Jeunesses socialistes locales et fréquente alors deux futurs destins politiques : Jean Lecanuet, qui sera candidat centriste à l’élection présidentielle de 1965, et Alexandre Hébert, qui incarnera plus tard l’anarcho-syndicalisme avant de devenir membre du Parti des travailleurs (trotskyste-lambertiste). Mais Robert Hersant a d’autres vues : bien plus que la politique, il embrasse le monde de la presse. Au plus mauvais moment : sous l’occupation allemande.

 

Chef en 1940 du mouvement collaborationniste Jeune Front, il fonde deux ans plus tard le journal pétainiste

 

Que reste-t-il du Groupe Hersant ? ICI  

 

Revenons à Gérard Brémond sa capacité à séduire les décideurs, avec ce qu’il faut de rouerie et de prestidigitation économique. Ses armes ? « Empathie, humour, détermination » Il était jazzman, guitariste de bonne famille. Son quintette écume les caves parisiennes. Le succès le fuit, la passion lui reste ; il chroniquera l’avènement de John Coltrane pour Jazz Hot puis, fortune faite, rachètera la radio de jazz TSF et le Duc des Lombards, célèbre club parisien. Il s’amuse aujourd’hui de ses « horaires de jazzman » – difficile de le joindre le matin ou de l’empêcher de travailler le soir. Robert Faure, son factotum à Avoriaz, y voit la source de son art de la synthèse, de l’improvisation et du rythme des affaires.

 

L’expérience Avoriaz est à la fois rude et joyeuse. Une formidable vitrine, trop peu rentable, jusqu’à ce que le Festival du film fantastique, à partir de 1973, en fasse une station branchée où M. Brémond convie les cabinets ministériels comme les stars, et tisse ainsi son réseau. Il importe un modèle commercial original, la « nouvelle propriété » : des particuliers financent la construction d’une résidence en achetant de petits appartements, que Pierre & Vacances s’occupe de louer.

 

Nous avons sympathisés.

 

(Voir article plus bas : La triste sortie de Gérard Brémond)

Passons au café charbon : « Votre Taulier, lors d’une dégustation des vins du Plan de Dieu, au resto Touller Outillage, rue Pierre Timbaud, haut-lieu des bobos d’Oberkampf (le café charbon où je croisais le dinosaure de l’ancienne Ligue Communiste Révolutionnaire, Alain Krivine, le papa politique de Besancenot de la NPA) est tombé nez-à-nez avec Gilles Ferran et Calendal. ICI 

 

Alain Krivine et Olivier Besancenot, en 2005.© MARTIN BUREAU/AFP

 

Charbon, séduisante brasserie (a)typique, emblématique de l’Est Parisien ICI 

by Frédérique de Granvilliers

 

Alain Krivine est mort, mais pas le rêve présidentiel de l’extrême gauche française ICI 

 

Le décès d’Alain Krivine, figure historique de l’extrême gauche française, est intervenu samedi alors que cette mouvance politique sera bien présente dans les urnes le 10 avril, pour le premier tour de la présidentielle

Richard Werly

 

Publié dimanche 13 mars 2022

 

La révolution, en France, continue de passer par la conquête de l’Elysée. Au moins sur le plan symbolique. Décédé samedi à l’âge de 80 ans, le leader trotskiste Alain Krivine, co-créateur de la Jeunesse communiste révolutionnaire en 1966, incarnait toutes les aspirations contradictoires de l’extrême gauche française. Laquelle fut, dans les années 1970, l’un des principaux viviers de recrutements de la nouvelle génération de dirigeants du Parti socialiste, avec des personnalités telles que Lionel Jospin, Jean-Luc Mélenchon, Jean-Christophe Cambadelis ou Pierre Moscovici, tous issus de la mouvance trotskiste dont ils s’extirpèrent après leurs études pour gravir les marches de la politique et du pouvoir, parfois jusqu’au sommet.

 

 

Krivine, ou le miroir d’une réalité française qui, vue de l’étranger même proche, continue de fasciner: celle de l’attirance d’une partie de l’électorat et de l’élite intellectuelle pour des thèses révolutionnaires qu’incarnent aujourd’hui dans la campagne présidentielle deux candidats déjà sur les rangs en 2017: Nathalie Arthaud, enseignante et porte-parole de Lutte Ouvrière. Et Philippe Poutou, ouvrier dans l’industrie automobile et figure de proue du Nouveau parti anticapitaliste. Il y a cinq ans, les deux avaient obtenu respectivement 0,64% et 1,09% des suffrages. Soit, sur la base d’un corps électoral de 48 millions, environ 800 000 voix. Alain Krivine s’était lui, par deux fois, porté candidat à l’Elysée. Il avait recueilli 1,1% des voix en 1969 (lors de l’élection de Georges Pompidou) et 0,4% en 1974 (lors de l’élection de Valery Giscard d'Estaing).

 

Evoquer le souvenir d’Alain Krivine revient à réveiller, y compris en Suisse Romande, un monde politique d’un autre âge alors que la guerre en Ukraine renvoie à la guerre froide et aux fantômes de l’ex-URSS: un âge internationaliste, façonné par les luttes idéologiques et les combats parfois physiques entre trotskistes et communistes «staliniens», dominé par les querelles intestines entre mouvements d’extrémum (divisée en France entre la Ligue Communiste révolutionnaire, devenue aujourd’hui le Nouveau Parti anticapitaliste, et Lutte Ouvrière) et soutenu, peu ou prou, par une frange non négligeable de la population. Krivine – dont le fils Frédéric est un réalisateur de télévision de premier plan, co-auteur de la série «Un village français» qui raconte le pays sous occupation allemande en sept saisons – était un enfant des années soixante, de la lutte antiaméricaine contre la guerre au Vietnam, des événements de mai 1968.

Alain Krivine et Arlette Laguiller participent à une manifestation contre l'intervention militaire au Tchad, en 1983.© GEORGES BENDRIHEM/AFP

«Militant jusqu'au bout»

 

Il était un «68ard qui n’a jamais renié ses convictions anticapitalistes et révolutionnaires et est resté militant jusqu’au bout», a souligné Nathalie Arthaud – successeure à Lutte Ouvrière d’Arlette Laguillier, l’ex-rivale politique de Krivine bien plus populaire jusqu’à obtenir 5,30% des suffrages à la présidentielle de 1995, et 5,72% en 2002 – qui lui reprochait pourtant d’avoir rompu avec le communisme et de ne plus prononcer ce mot. «Il était une figure du combat vital de l’opposition de gauche à ce stalinisme dont Poutine est l’ultime avatar», a pour sa part commenté le fondateur de Médiapart Edwy Plenel, qui démarra sa carrière journalistique à Rouge, le journal de la Ligue Communiste révolutionnaire.

 

De ce monde politique là, nourri à la soif d’égalité et au rejet du système capitaliste, trois types de personnalités politiques sont sorties en France. Les premiers sont les ex-trotskistes qui s’employèrent ensuite à gommer leur passé, comme l’ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin. Les seconds sont les militants restés passionnés par la lutte et résolus à dénoncer tous les pouvoirs, comme Olivier Besancenot, Philippe Poutou ou Nathalie Arthaud, dont le seul moment d’exposition au premier plan est la présidentielle, même si celle-ci est un combat inégal (ils seront ainsi absents, l’un comme l’autre, de la première grande émission TV sur la guerre en Ukraine avec huit des douze candidats lundi sur TF1) . Et un troisième a réussi, seul, à concilier à la fois sa fidélité et une posture rassembleuse: Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise, parvenu à 19,6% des voix au premier tour de la présidentielle de 2017. Mélenchon qui, de nouveau candidat en 2022 (crédité pour l’heure de 11 à 15% des voix) a salué le décès d’Alain Krivine en ces termes: «Émotion et chagrin. Une pensée affligée à sa famille et salut fraternel à tout le mouvement trotskiste».

 

Pourquoi une telle persistance du trotskisme et de ses avatars en France? Pourquoi deux candidats à nouveau sur la ligne de départ du sprint élyséen? La seconde question trouve sans doute sa réponse dans une «frustration» de la gauche française. «Beaucoup d’élus de gauche donnent leurs parrainages à l’extrême gauche pour se faire en quelque sorte pardonner commentait devant nous récemment le politologue Pascal Perrineau. Les mouvances trotskistes, c’est la nostalgie de la révolution, c’est l’idée que la lutte finira bien par l’emporter, ou en tout cas qu’elle ne meurt pas». Et pourquoi deux candidats? «Krivine, alias «le président» incarnait aussi l’esprit féroce de chapelles de cette gauche groupusculaire, avec son lot de règlements de comptes, de zones d’ombres, d’autocritiques et de contradictions, juge un de ses anciens amis, un temps élu écologiste. Cette gauche ultra-radicale se vit en combat permanent. Elle ne peut se résoudre à l’union ou au compromis puisqu’elle affirme détenir la vérité sur la société». Dans son livre de mémoires publié en 2006, Alain Krivine avait osé un titre provocateur « Ça te passera avec l’âge..» (Flammarion). Pour mieux s’employer à dire, au fil des pages, que le goût de la révolution, chez lui, ne s’était jamais éteint.

 

Photo archives Progrès /Renaud LAMBOLEZ

Domaine Ganevat : le nouveau propriétaire russe va devoir vendre ICI 

 

La famille Pumpyansky figure sur la liste noire de l’Union européenne visant à sanctionner la Russie pour l’invasion de l’Ukraine. Six mois après avoir fait l’acquisition du célèbre domaine situé à Rotalier, elle est contrainte de s’en défaire. Un énorme coup dur pour Jean-François Ganevat qui restait étroitement associé à l’exploitation.

Par Arnaud BASTION

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1983, roulée – intemporel

Éprouvé par la crise sanitaire et écrasé par la dette, Pierre & Vacances-Center Parcs a un besoin urgent de nouveaux investisseurs pour renforcer son assise financière. Rothschild & Co, qui conseille le groupe de résidences de tourisme fondé par Gérard Brémond, avait demandé aux prétendants de remettre leurs propositions fermes lundi 8 novembre : trois offres étaient attendues, mais, déception, deux seulement devraient porter sur la totalité du groupe.

 

L’une émane d’un consortium regroupant l’investisseur immobilier français Atream, associé aux fonds londoniens Alcentra et Fidera, l’autre est présentée par le fonds de capital-investissement américain Sixth Street. Dernier postulant, l’attelage entre le fonds américain Certares (déjà actionnaire de Voyageurs du monde et Marietton) et le new-yorkais Davidson Kempner paraissait jusque-là tenir la corde. Mais, selon nos informations, le tandem aurait in extremis renoncé à déposer une offre globale, réduisant son intérêt à Center Parcs. Ce qui serait un coup dur pour les organisateurs de ce « processus d’adossement ».

 

Après des mois de panne sèche, pour cause de confinement et de restrictions sanitaires, l’activité redémarre à peine pour Pierre & Vacances. Le groupe s’est félicité, le 19 octobre, d’avoir dégagé, entre juillet et septembre, « une croissance du chiffre d’affaires des activités touristiques de 17,3 % par rapport au même trimestre de l’exercice précédent, et de 2,2 % par rapport à l’été 2019 ». Les réservations sont également en hausse par rapport aux deux exercices précédents. Mais cette reprise de l’activité ne suffit pas, à elle seule, à remettre sur pied l’opérateur de tourisme et promoteur immobilier qui accumule les pertes depuis dix ans : son endettement a grossi pendant la crise, pour atteindre 1,1 milliard d’euros.

 

L’Etat suit de près le dossier

 

Une restructuration financière apparaît dès lors indispensable afin de réduire le poids de cette dette. De deux manières. D’abord en remboursant la dette d’urgence émise au premier semestre grâce aux capitaux apportés par les investisseurs, soit environ 300 millions d’euros. Ensuite en convertissant une partie des crédits en actions. A quel niveau ? C’est ce que chacun des prétendants devra détailler dans son offre. A noter qu’Alcentra et Fidera sont des porteurs de dette de Pierre & Vacances tandis qu’Atream a investi près de 600 millions d’euros dans des résidences du groupe de tourisme.

 

Le projet industriel et la capacité à développer le groupe tricolore seront également des critères importants pour Franck Gervais, le directeur général de Pierre & Vacances. Cependant, les investisseurs devront au premier chef convaincre Gérard Brémond, le président du groupe. L’octogénaire détient 49,4 % du capital de Pierre & Vacances et plus de la moitié des droits de vote à travers une holding, elle-même endettée. Selon plusieurs sources, les repreneurs sont incités à investir directement dans la holding de M. Brémond, afin de renflouer l’homme d’affaires.

 

Un montage qui pourrait fâcher les petits porteurs. En outre, l’entrepreneur n’est pas le seul à décider. Pour s’assurer d’avoir leur mot à dire, les « partenaires financiers » de Pierre & Vacances ont obtenu, en mai, en échange d’un prêt de 300 millions d’euros, que les titres de Center Parcs – le principal actif du groupe – soient placés en garantie dans une fiducie. De quoi donner à ces créanciers un puissant levier dans la discussion.

 

Les investisseurs devront au premier chef convaincre Gérard Brémond, le président du groupe qui 49,4 % du capital de Pierre & Vacances et plus de la moitié des droits de vote à travers une holding

 

Or, ils ont peu été associés aux négociations avec les repreneurs jusqu’à présent. D’aucuns n’excluent pas que les banques décident in fine de prendre le contrôle de l’opérateur de tourisme, si leurs intérêts n’étaient pas respectés. Tout le monde a en tête comment BNP Paribas et Natixis notamment ont pris la barre du groupe Bourbon en 2019 après un bras de fer avec Jacques de Chateauvieux, le fondateur du spécialiste des services maritimes.

 

L’Etat, enfin, suit de près le destin du dernier géant national du tourisme. Et pas seulement car il a garanti deux prêts pour un montant total de 274,5 millions d’euros. Le dossier est politique à plus d’un titre. Les six Center Parcs en France sont des investissements dans des territoires à l’écart des circuits touristiques, auxquels les collectivités locales sont associées logistiquement et économiquement. La Caisse des dépôts et consignations est un propriétaire important d’appartements et de cottages.

 

Surtout, quelque 20 000 foyers français ont succombé aux tentations de la déduction fiscale liée aux résidences de tourisme, et sont aujourd’hui propriétaires particuliers de cottages ou d’appartements. Un tiers d’entre eux a refusé la dernière proposition de conciliation du groupe, qui leur réclame un abandon de sept mois et demi de loyer.

 

Clément Guillou et Isabelle Chaperon

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13 mars 2022 7 13 /03 /mars /2022 06:00

Le Convoi - la critique

Ernest Borgnine OSCAR DU MEILLEUR ACTEUR EN 1955

 

Né le 24 janvier 1917 à Hamden, dans le Connecticut, dans une famille d'immigrés italiens, il avait reçu l'Oscar du meilleur acteur en 1955 pour son rôle dans Marty, également récompensé par les Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario.

 

Ernest Borgnine avait débuté sa carrière cinématographique en 1953 avec le rôle du sergent "Fatso" Judson dans le film Tant qu'il y aura des hommes. Il avait ensuite joué dans des dizaines de films, dont certains sont devenus des classiques (Les Vikings en 1958, Les Douze Salopards en 1967, La Horde sauvage en 1969, L'Aventure du Poséidon en 1972) et de nombreux téléfilms et séries de télévision (Supercopter de 1984 à 1986). Le comédien s'était marié cinq fois et avait quatre enfants.

 

« Jouer, pour moi, c'est très simple. Vous devez juste utiliser ensemble votre cœur et votre tête », confiait-il en 2007. Dans la même interview, il conseillait néanmoins aux apprentis acteurs « de se chercher un vrai travail avant d'essayer de décrocher un rôle ».

 

Ernest Borgnine en 2008.

 

Ernest Borgnine, la mort d'un grand de Hollywood ICI

Par Assma Maad

Publié le 09/07/2012

 

 

LE CONVOI -AFFICHE DU FILM 1978-ORIGINALE 120 X 160-TBE | eBay

Aujourd’hui c’est « Le Convoi » (1978)

 

Pourquoi ce film ?

 

C’est Frédéric Schiffter,* le « Philosophe sans qualité » de Biarritz qui m’a donné l’idée de parler de ce film compte tenu dit-il de l’actualité des mouvements de mécontentements.

 

Frédéric Schiffter, philosophe sans qualités: novembre 2012

* Prof de philo à Biarritz, dont le cheval de bataille est le doute selon Montaigne ou Clément Rosset et qu’un certain pax a déjà évoqué dans ses commentaires en vous recommandant de le lire toutes affaires cessantes. Dilemme : lire Schiffter ou regarder le Convoi ? Les deux valent le coup…

 

Quelle est l’histoire ?

 

En Arizona, des camionneurs forment un convoi contestataire par solidarité avec Rubber Duck, l’un des leurs en butte aux persécutions du shérif Wallace. Après le passage au Nouveau-Mexique, les forces de l'ordre se déploient pour disperser les manifestants, mais la résistance s'organise en même temps que l'affaire prend de l'ampleur. (Wikipédia)

 

Il fait savoir qu’aux States, comme au Canada les chauffeurs sont propriétaires de leurs camions. Il existe peu de « flotte de camions de transport » comme en Europe. Ce qui explique, entre autre, le blocage subit par le Canada du fait de camionneurs exaspérés.

 

 

Réalisation

 

Sam Peckinpah

 

Un cinéaste hors norme, inclassable, plein d’apparentes contradictions et surtout de malentendus. Exemple criant : « Convoi »ignoré et/ou démoli par la critique fut le plus gros succès public de Pechinpah.

 

En général on lui reprochait une «  apologie » de la violence illustrée par « La Horde sauvage » 1969, un western élégiaque et ultra-violent pour l'époque. « Au début, un massacre. À la fin, un carnage », écrira le critique de L'Express nous dit Wikipédia.

 

Le film,  est aujourd'hui son film la plus célèbre. Il fait naître une controverse. L'extraordinaire violence qui y règne, témoigne de certains aspects essentiels de la nature humaine et ne s’arrête pas à glorifier cette violence.

 

Un autre exemple de cette conviction profonde de Peckinpah est le film « Les Chiens de paille » 1971. Ce film tourné en Angleterre nous montre un jeune mathématicien américain pacifiste, incarné par Dustin Hoffman, qui se voit contraint de puiser en lui un instinct de tueur dont il ignorait l'existence.

 

Le Convoi - Film de Sam Peckinpah (Convoy, USA, 1978) de Sam Peckinpah  (Film d'action) : la

Qui fait quoi ?

 

 

Kris Kristofferson                             Rubber Duck

 

Chanteur et acteur américain, entre répétions et tournées, concerts et enregistrements il a trouvé le temps de tourner près d’une soixantaine de films dont certains mémorables. Avec Peckinpah dont « Pat Garrett et Billy le Kid » 1973  « Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia » 1974 de Sam Peckinpah ou encore « Alice n'est plus ici » 1974  de Martin Scorsese mais aussi « La Planète des singes »  1980 de Tim Burton sans oublier l’éblouissant

 

 

« La Porte du paradis » 1980 de l’immense Michael Cimino  ni, quoique de moindre importance, le passionnant «  Payback » 1999 de Brian Helgeland avec Mel Gibson excellent remake du tout aussi passionnant  « Le Point de non-retour » 1976 de John Boorman avec Lee Marvin. Kristofferson, très, avec des yeux bleus et immédiatement reconnaissable surtout, que je ne lui connaît pas d’autre couleur de cheveux que le blanc.

 

Il a osé !: Le Convoi

Ali MacGraw                               Melissa

 

On ne présente pas cette beauté à la vie et la carrière chaotique.

 

Débuts fulgurant pour cette carrière avec des succès commerciaux tels que  « Goodbye Columbus » 1969 et « Love story » 1970 qui lui assure une célébrité internationale.

 

Sur le tournage de  « Guet-apens » 1972 de Sam Peckinpah du « bad goy » Steve McQueen. Va commencer une passion destructrice. Entre autre il lui interdira de tourner. Las de d’être cantonnée à la maison et de ses cuites, ses infidélités et ses coups,  elle finira par divorcer.

 

Elle renouera avec le cinéma avec «  Le convoi » qui fut un échec au box-office. La suite de sa carrière sera essentiellement alimentaire.

 

Burt Young                                  Love machine

 

Acteur fétiche de John Ford et de Pechinpah, sa carrière fut quand même couronnée par un Oscar. Ne pas confondre avec le Don Johnson de la série « Deux flics à Miami »

 

Jean Dorel regarde des films: Le Convoi (Sam Peckinpah, 1978)

 

Ernest Borgnine                        le shérif Lyle Wallace

 

Tout le monde connaît la face rubiconde de cet acteur au physique imposant. Son visage présente une bouche en forme de grande balafre ouverte sur une dentition qui permet de douter des intentions du personnage. C’est pourquoi, ses rôles sont ceux d’un balourd un peu benêt souvent pervers ou carrément d’un vrai méchant, la figure devenant alors patibulaire à souhait. C’est l’illustration parfaite du proverbe arabe :  « Si du lion tu vois les dents, ne croit pas qu’il sourit. »

 

Ici quelques un des films qui permettront à ceux à qui ce nom ne dit rien de réaliser de qui il s’agit. « Tant qu'il y aura des hommes » 1953  « Les Douze Salopards » 1967 et « L'Empereur du Nord » 1973 de Robert Aldrich : « Nom de code : Oies sauvages » 1984 . Un choix au sein d’une carrière s’étalant sur cinquante ans celle d’un «  méchant » qui curieusement, à la ville, était connu et reconnu comme un vrai gentil.

 

Seymour Cassel                         le gouverneur Jerry Haskins

 

Acteur ami et fétiche de Cassavetes. Il fait partie de sa bande ou l’on trouve aussi Ben Gazara et Peter Falk (L’inspecteur Colombo)

 

 

Bons Moments

 

C’était l’époque de la Cibi et, en France, celle d’une émission radiophonique « Les routiers sont sympa » créée et animée par Max Meynier de 1972 à 1983 sur les ondes de RTL.

 

Dans le film, les échanges entre chauffeurs par ce moyen donnent des dialogues pas piqués des vers.

 

Le traitement infligé à la poulaille et à leurs véhicules.

 

Avis de Ciné papy

 

Un film curieux dans la filmographie de Peckinpah, cinéaste de la violence. « Le Convoi » est un film des grands espaces américains qui vous ballade et dont l’intérêt croit à la mesure de l’enthousiasme que ce convoi suscite dans la population des bourgs traversés.

 

Jubilatoire.

 

Pax

 

Prochainement «  Entrée des Artistes »

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