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10 mai 2022 2 10 /05 /mai /2022 06:00

Aider Marseille sera "bon pour le pays" assure Macron

La doctrine du principe de précaution remonte aux années 1970 avec l’apparition en République Fédérale d’Allemagne d’un nouveau principe juridique : le Vorsorgeprinzip. Celui-ci confère aux autorités l’obligation d’agir face à un risque environnemental grave, même si ce dernier demeure mal cerné d’un point de vue scientifique.

 

Le principe de précaution est une idée neuve en droit constitutionnel français. C’est en effet à la faveur de la révision constitutionnelle du 1er mars 2005 qu’il a été inséré dans le préambule de la Constitution de la Ve République, au même titre que la Charte de l’environnement, dont il est l’une des dispositions phares. L’article 5 de la Charte de l’environnement dispose en effet :

 

 

« Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. » (L'introduction du principe de précaution dans la Constitution : sens ou non-sens ?

Alain Laquièze

Dans Revue de métaphysique et de morale 2012/4 (N° 76), pages 549 à 562 ICI

 

À l’heure où les pizza Buitoni, marque de la tentaculaire multinationale de l’alimentaire Nestlé, empoisonnent des enfants, il m’est difficile de faire dans l’ironie en affirmant qu’elles devaient avoir sans doute un bon Nutri-score, tout comme d’ailleurs les lasagnes de cheval de Findus.

 

À force de border les consommateurs adeptes du caddie en GD, addict de produits transformés, de les bombarder de messages de Santé, de faire dérouler en bas de leur écran plat des avertissements dont ils se foutent, oui Trop de précaution tue la prévention !

 

Démonstration

« Le roquefort ne peut se résumer à un algorithme » Sébastien Vignette (Interview)

« Le roquefort ne peut se résumer à un algorithme » ICI interview/Sébastien Vignette (Interview)

De European Scientist 02.05.2022

Alors que le débat européen sur l’étiquetage nutritionnel (FoP pour Front of Pack labelling) se poursuit à Bruxelles, les critiques à l’égard du Nutri-Score se font de plus en plus nombreuses, rassemblant ainsi sans le vouloir les produits traditionnels européens qui se trouvent injustement notés par l’algorithme. Après l’huile d’olive espagnole, le jambon italien, c’est au tour du fromage français… et notamment un des plus célèbres, le Roquefort. Sébastien Vignette, secrétaire général de la Confédération Générale de Roquefort nous explique ici sont point de vue sur le sujet. Une interview exclusive et sans concession. 

 

The European Scientist : En tant que secrétaire général de la Confédération Générale de Roquefort, vous avez organisé une table ronde sur le Nutri-Score lors du SIA 2022. Pourquoi ce sujet vous importe-t-il tant ?

 

Sébastien Vignette : Cette table ronde portait sur les limites du Nutri-Score, qui apparaît comme un système totalement inadapté aux produits sous signe de qualité. C’est un combat que nous menons depuis près d’une année déjà, non contre le Nutri-Score, mais contre son application aux fromages AOP/IGP, qui serait un véritable non-sens.

 

En effet, ces derniers sont les héritiers de recettes ancestrales, qui ne peuvent être modifiées et répondent à des cahiers des charges stricts, gages de leur qualité et du lien avec le territoire. Ces cahiers des charges sont en outre publiés et donnent lieu à de nombreux contrôles.

 

Et non, nous ne ferons pas du Roquefort avec du lait pasteurisé et écrémé, ni avec des texturants pour remplacer le gras ou des conservateurs chimiques pour remplacer le sel ! Ce ne serait plus du Roquefort ! L’objectif de reformulation n’a évidemment ici aucun sens. D’où notre demande d’exemption non seulement pour le Roquefort, mais plus globalement pour les fromages AOP/IGP.

 

Et non, avec cette demande d’exemption, nous ne confondons pas la qualité ou l’origine avec la composition nutritionnelle.

 

Et non, il n’y a pas de déficit de transparence, car il se trouve précisément que les fromages AOP/IGP correspondent à des produits peu transformés de sorte que la liste des ingrédients comme le tableau nutritionnel, qui figurent au dos de nos produits, ne sont donc ni très longs ni très compliqués à comprendre !

 

Les produits de qualité sont en outre des produits d’exception, consommés comme tels, qui permettent de manger local et bon, de préserver la diversité des goûts et de transmettre un patrimoine gastronomique. Ils ne peuvent se résumer à un algorithme ou à un argument marketing simpliste. 

 

Enfin, si on ne peut qu’approuver le souci d’informer le consommateur et d’encourager une alimentation plus saine et durable, encore faut-il que l’information ne soit pas tronquée et qu’elle contribue à une véritable éducation alimentaire. Ce ne sera pas le cas avec le Nutri-Score, lequel punit par un jugement global, simpliste, réducteur et infantilisant, des aliments aux atouts santé pourtant reconnus et documentés – c’est notamment le cas des fromages – et qui ont dès lors toute leur place dans un régime équilibré.

 

Si l’on convoque la science, alors j’aimerais qu’on nous parle, entre autres, des dernières observations qui montrent, par exemple, qu’il n’y a pas de lien entre la consommation de produits laitiers et les marqueurs de maladies cardiovasculaires, voire qu’il peut y avoir en la matière des bénéfices à la consommation de matières grasses laitières, ou encore des études de l’ANSES qui associent la consommation de fromages à une réduction du risque de diabète de type 2. 

 

Le Nutri-Score, c’est donc en quelque sorte de l’anti-éducation alimentaire ! On est proche du conditionnement. C’est du « prêt à penser » et même du « prêt à manger », qui donne au demeurant une information partielle et partiale et favorise les produits ultra-transformés.

 

Plus globalement, on oublie de plus en plus le produit, que l’on s’apprête à noyer sous une forêt de logos toujours plus nombreux et, l’enfer étant pavé de bonnes intentions, souvent favorables au final aux produits les plus industriels. Voilà ce qui arrive quand on veut expliquer la complexité par des prismes extrêmement réduits.

 

Alors disons-le tout net, si le Nutri-Score peut faire sens pour les produits industriels très transformés, c’est à ces derniers qu’il doit être réservé, mais nos fromages AOP/IGP ne sauraient être mis sur le même plan et doivent en être exemptés.

 

TES. : Lors de cet événement, le député LR du Cantal Vincent Descoeur a pris votre défense en affirmant en substance qu’une canette de soda light (notée B) est mieux notée qu’une portion de Salers ou de Roquefort (notée D ou E) alors que dans la réalité ces fromages sont plus bénéfiques et on « induit en erreur le consommateur » N’est-ce pas un peu exagéré ?

 

S.V. :  Pas du tout. D’abord, il n’y a pas de consensus chez les scientifiques sur le Nutri-Score et vous en avez interrogé plusieurs dans cette revue. Nombre de diététiciens et nutritionnistes s’expriment également pour en souligner les limites.

 

Ainsi, les éléments positifs sont peu considérés par l’algorithme : moins nombreux, partiels, ils rapportent en outre moins de points. Par exemple, les protéines et calcium sont insuffisamment pris en compte. Plus généralement, les oligo-éléments et vitamines, bref les micronutriments d’intérêt ne sont pas du tout récompensés.

 

Le Nutri-Score ne valorise pas non plus les acides gras insaturés. Nombre de professionnels soulignent également qu’il procède en outre d’une sur-pénalisation périmée des acides gras saturés puisqu’au vu des dernières études, il faudrait discriminer entre les différents saturés, tous ne se valant pas, notamment en fonction des quantités et de la matrice (naturelle ou ultra-transformée).

 

Du reste, il ne dit rien de cet « effet matrice » alors que, c’est aujourd’hui bien connu, la valeur nutritionnelle d’un aliment ne se résume pas à sa seule composition en nutriments, mais varie aussi qualitativement en fonction de sa structure physique et des interactions en jeu dans cette matrice, étant précisé que les procédés de transformation complexes altèrent la matrice alimentaire et donc la qualité nutritionnelle des aliments, le devenir digestif des nutriments, leurs effets métaboliques et sur la santé.

 

D’ailleurs, et c’est là encore un élément de « tromperie » pour reprendre votre expression, le Nutri-Score ne dit rien de la présence d’additifs, du degré de transformation, du procédé de cuisson… Ces critères sont pourtant tout aussi importants pour la santé. Nos produits AOP et IGP, peu transformés, sont ainsi injustement pénalisés. 

 

A l’inverse, le Nutri-Score va très clairement profiter aux aliments ultra-transformés que l’industrie pourra modifier à souhait pour obtenir un A ou un B, en ayant recours à des additifs, des édulcorants, des conservateurs ou autres procédés de transformation complexes.

 

Obtenir un A ou un B peut donc devenir un argument marketing pour séduire le consommateur sans que la qualité nutritionnelle soit nécessairement au rendez-vous : risque d’aliments « vides » d’un point de vue nutritionnel mais avec de nombreux additifs, dont Nutri-Score ne dira rien… Or nombreuses sont aujourd’hui les études qui établissement un risque significatif entre la surconsommation de produits ultra-transformés et les maladies cardio-vasculaires, l’obésité, l’hypertension artérielle…

 

Je vous invite à vous poser la question : quelle est, par exemple, la valeur nutritionnelle d’un soda light ? Elle est évidemment nulle. Belle simplification dès lors que ce B sur fond vert qui reste aveugle concernant les additifs intégrés pour obtenir une telle note et permet au soda light d’apparaître comme « healthy » !

 

Et que l’on ne vienne pas nous dire comme on l’entend désormais – mais je devine qu’il faut sauver le soldat Nutri-Score – qu’une bonne note au Nutri-Score ne signifie pas que le produit est sain !

 

D’abord, les communications précédentes sont clairement dans le sens contraire. C’est même toute la philosophie qui sous-tend le Nutri-Score ! On ne peut donc pas prétendre que le Nutri-Score ne dit pas si un produit est bon pour la santé. Le Nutri-Score ne se limite pas en effet à reprendre les données de compositions nutritionnelles, il les agrège en un score unique et juge l’aliment en lui attribuant un code de couleur très signifiant, rouge associé au danger et vert associé à l’autorisation. D’ailleurs ses promoteurs encouragent la consommation de produits les mieux notés et la diminution de la consommation des autres, ce sans autre discrimination entre les produits. Ayons pourtant en tête que selon différentes études, plus de 50% des produits présentés comme favorables selon le Nutri-Score (donc notés A ou B) sont des aliments ultra-transformés et c’est encore plus marqué pour les aliments « marketés » pour les enfants.

 

Ensuite, je vous laisse apprécier le poids de l’aveu : si dans ce contexte une bonne note au Nutri-Score peut cacher un produit qui n’est pas sain, si on peut améliorer sa note précisément en ayant recours à des additifs et en poussant plus loin l’ultra-transformation, quelle est le sens du message ainsi envoyé au consommateur, celui qui lui sera véritablement utile ? A l’évidence, on se trompe de cible. Entre un « ersatz » de fromage fabriqué avec de l’amidon ou un autre texturant pour remplacer le gras et obtenir un C au Nutri-Score, et un fromage AOP noté D ou E (90% des fromages sont notés D ou E) mais qui n’est pas un produit ultra-transformé, lequel selon vous vaut-il mieux consommer ?

 

Mais ce n’est pas tout, songez que les promoteurs du Nutri-Score préconisent de limiter la publicité des produits classés D-E pendant les heures de grande écoute, là encore sans discriminer entre les produits concernés (rappelons que les mêmes autorités de santé recommandent la consommation de produits laitiers, dont les fromages, dans la limite de 30g par jour pour ces derniers, suivant l’avis du Haut Conseil de la Santé Publique). Alors imaginons un peu la situation : demain, nos fromages AOP ne pourront plus faire l’objet de publicité sur les plages horaires concernées quand les chaînes de fast food pourront promouvoir leurs burgers et autres nuggets notés B ou C… Parce que c’est bien connu, nos enfants cherchent à boulotter du fromage AOP en cachette mais ne sont nullement émus par les publicités ventant les produits industriels ultra-transformés qui les visent pourtant plus particulièrement… et avec un meilleur Nutri-Score… On marche sur la tête !

 

TES. : Selon le professeur Philippe Legrand « le Nutri-Score dans son objectif compréhensible de faire évoluer l’industrie alimentaire aurait dû se limiter aux aliments transformés et manufacturés, sans inclure les aliments naturels de base (huile, produits laitiers, pain, sucre, poissons…). Cela aurait amélioré sa crédibilité et réduit les effets contre-productifs » Pensez-vous que cette solution soit envisageable ?

 

S.V. : Ce serait à tout le moins un retour au bon sens. Nous ne sommes pas très éloignés lorsque nous disons qu’on ne saurait pénaliser nos fromages sous indication géographique et que le Nutri-Score doit être réservé aux produits industriels ultra-transformés.

 

Le rapport Farm to Fork ne recommande d’ailleurs aucun système particulier d’étiquetage sur la face avant des emballages (le modèle n’est pas choisi à ce stade). Il est du reste à souligner, ce qu’on oublie de dire en général, que ce rapport vise principalement les produits ultra-transformés et invite bien à prendre en considération les spécificités des indications géographiques. La possibilité d’appliquer des conditions spécifiques à certaines catégories de denrées alimentaires sera donc bien étudiée par la Commission européenne.

 

TES. : Votre confédération AOC n’est pas isolée dans son combat puisqu’on retrouve à ses côtés les producteurs d’huile d’olive espagnole, les producteurs de jambon et de fromages italiens et de nombreux autres produits le plus souvent issus de traditions régionales. Le Nutri-Score aurait-il tendance à mal noter les produits issus de régimes traditionnels partout en Europe ? 

 

S.V. : Il est certain qu’en voulant ainsi s’imposer comme la norme du bon et du mauvais, le Nutri-Score discriminera un pan entier de produits de terroir, qui, respectueux des cahiers des charges de leurs signes de qualité respectifs, ne pourront pas s’adapter. Ces produits se verront dégradés et injustement punis alors qu’ils ont un rôle à jouer dans l’équilibre alimentaire.

 

C’est bien la raison pour laquelle, en tant que dépositaires d’un patrimoine national et gastronomique, les femmes et les hommes de l’AOP Roquefort, ne peuvent accepter la mise au pilori de leur fromage au nom d’une règlementation illisible reposant sur un algorithme tronqué.

 

Mais de grâce, ne nous caricaturez pas comme les défenseurs périmés de la tradition et des territoires – c’est du reste une mission noble, dont nous sommes fiers. Car c’est bien le Nutri-Score qui en l’état repose sur des piliers dépassés (pilier lipidique daté, absence de prise en compte de la matrice etc.)

 

Si un tel système ne prend en effet nullement en considération les régimes traditionnels et les cultures culinaires développés dans les différents pays, s’il ignore par ailleurs la dimension plaisir et convivialité, pourtant essentielle dans l’alimentation, c’est plus globalement sur le terrain de l’éducation alimentaire qu’il manque le coche en punissant l’aliment plutôt que de raisonner sur l’équilibre alimentaire, lequel se conçoit sur un repas, et même une suite de repas. Rappelons quand même qu’aucun aliment n’est équilibré en soi, qu’il faut donc manger de tout, que d’ailleurs qu’un apport lipidique est nécessaire et… qu’on peut utilement choisir de consommer 30 g de Roquefort et renoncer à du soda light, à des nuggets, du ketchup, des chips ou une pizza surgelée, pourtant tous mieux notés !

 

Enfin, il n’y a avec le Nutri-Score, aucune éducation à la portion. Calculé sur 100 g ou 100 ml – qui mange 100 g de Roquefort ou avale 100 ml d’huile d’olive ? – il ne tient compte ni des portions recommandées ni des portions réellement consommées.

 

La réalité s’agissant des fromages, c’est que la portion journalière réellement consommée par les français, qui varie avec l’âge, reste très proche des portions recommandées (autour de 30g) et bien loin des 100 gr du Nutri-Score ! Alors je vous pose une autre question : est-ce que 30 g de roquefort notés E dans une salade apportent plus de gras et plus de sel qu’un seau de 20 morceaux de poulet panés notés C, ou de nuggets, qui seront eux consommés pour bien plus que 100g, ou encore qu’une portion de frites, pourtant mieux notées, mais qui seront passées en friture, salées à volonté et accompagnées le cas échéant de mayonnaise ou de ketchup ? 

 

Une fois encore, on se trompe de cible.

 

TES. : Vous réclamez une exemption du Nutri-Score, n’aurait-il pas été plus simple d’unir vos forces avec les autres contestataires qui partout en Europe le critiquent ? 

 

S.V. : D’autres produits AOP/IGP, des fromages, mais pas seulement, se sont engagés dans ce combat en Occitanie, en France, mais aussi partout en Europe, non pas nécessairement contre le Nutri-Score, mais bien comme nous le demandons pour qu’une exemption leur soit accordée, au regard de leurs spécificités, qu’il revient cependant à chacun de défendre. Et ils sont également soutenus. Nombreux sont aujourd’hui les pays qui expriment des réserves voire une opposition au Nutri-Score (outre l’Italie et l’Espagne que vous citiez, la Grèce, Chypre, la République Tchèque, la Roumanie et d’autres encore). C’est donc bien une mobilisation à la fois transpartisane et transnationale, qui continue de se mettre en place. Toutes ces démarches sont à la fois utiles et complémentaires. C’est un débat complexe, qui mérite du temps et de la pédagogie.

 

TES. : D’ici la fin de l’année, la Commission européenne devra choisir entre plusieurs FOP (système d’étiquetage nutritionnels). Avez-vous connaissance des solutions proposées et si oui laquelle correspond le mieux au cahier des charges dont l’objectif est d’informer le consommateur européen.

 

La commission européenne devrait faire une proposition au mieux fin 2022, qui devra ensuite être débattue, pour une application pas avant 2023 et nous gardons bon espoir que nos arguments en faveur d’une exemption soient entendus et que la spécificité de nos fromages sous indication géographique soit reconnue.

 

D’autres pays proposent des systèmes alternatifs. Ainsi, l’Italie a récemment proposé un système de « Nutrinform Battery », qui semble plus intéressant que le Nutri-Score parce qu’il informe au lieu de punir. Il renseigne sur la contribution d’une portion aux apports journaliers dans différentes catégories de nutriments. Le « Nutrinform » est-il pour autant parfait et adapté aux AOP/IGP ? Non, car il ne renseigne pas nécessairement sur les micro-nutriments ou les autres bénéfices santé, ni sur le degré de transformation par exemple. D’ailleurs il semble que le gouvernement italien préconise un usage volontaire et ne prétend pas l’appliquer à ses produits AOP/IGP, qui ont un logo spécifique pour rendre compte de la qualité.

 

Parce que c’est ce logo AOP/IGP qu’il convient de faire vivre, parce que nous ne pouvons pas modifier nos recettes, parce qu’il n’y a aucun déficit d’information sur la composition nutritionnelle de nos produits peu transformés et parce qu’on ne saurait les envisager avec le même prisme qu’un aliment ultra-transformé, parce que la majorité des systèmes proposés ne reflète pas la juste place de nos fromages dans une alimentation équilibrée, nous restons en ce qui nous concerne sur une position d’exemption pour ces derniers.

 

Par Thesupermat — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39709531

 

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9 mai 2022 1 09 /05 /mai /2022 06:00

Des gâteaux de bouse de vache sur un étal à New Delhi (Inde), le 13 novembre 2015. | Prakash Singh / AFP

Prakash Singh / AFP

Les journalistes, du moins ceux qui pensent qu’ils en sont, une majorité, jamais en reste de versatilité, font de Mélenchon, le phœnix de la gauche, l’accoucheur d’une nouvelle union, celui qui fort de ses « victoires autoproclamées et pourtant ratées » va au forceps faire le Mitterrand d’Epinay.

 

De mon temps, le duel Anquetil-Poulidor avait fait de se dernier, éternel second, son chouchou. Le camarade Mélenchon qui, avant de se présenter à la Présidentielle, n’avait jamais subi l’onction populaire, sénateur PS de l’Essonne, lors de scrutins de liste, par le vote d’une poignée de grands électeurs.

 

Il n’a jamais rien gagné et, au risque de déplaire à ses adorateurs-éructeurs, lors du dernier scrutin il n’a réussi qu’a se placer troisième après avoir raclé les gamelles des Verts, du PS et du PCF.

 

Sa nouvelle Union populaire verdie est toute à sa dévotion, laissant en apparence, que des miettes aux autres composantes de la gauche.

 

Il n’y a pas du Mitterrand dans Mélenchon, et pour avoir été directeur de cabinet d’un mitterrandien du premier cercle, je puis vous assurer que, pour Tonton, Mélenchon était l’un de ses « idiots utiles », jamais promu.

 

https://www.letelegramme.fr/images/2022/05/08/lionel-jospin-est-venu-apporter-son-soutien-a-lamia-el_6438758.jpg

 

C’est Jospin, ancien trosko lui aussi, qui lui a refilé un maroquin, lorsqu’il fut le Premier Ministre de Chirac. Ce même Jospin vient de faire les gros yeux au « futur Premier Ministre de Macron » en allant soutenir dans le XXe la candidate socialiste sortante, exclue de l’investiture par le Jupiter Mélenchon, au profit de sa copine Simmonet, une insoumise qui est logée dans un logement social de la Ville de Paris, y’a pas de petits profits chez les insoumis. ICI

 

Bref, mon titre, bien connu dans la chiraquie puisqu’en mars 2011, Christian Jacob, ex-président de la FNSEA, aujourd’hui SG des Républicains, déclarait :  

 

« Vous permettrez au paysan que je suis de vous dire que c'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses. »

 

Il faut attendre la fin d’un évènement pour en faire le bilan.

 

Alors les Insoumis attendez les résultats des Législatives le 12 et 19 juin avant de qualifier l’Union de votre guide Mélenchon de moment historique...

 

Guy Doussot sur Face de Bouc

 

Je n'ai effectivement aucune illusion sur la consistance et la pérennité de cet "accord" de pure circonstance... Il risque d'être plus démobilisateur que rassembleur pour une partie de l'électorat de gauche, et le niveau malheureusement prévisible de l'abstention pourrait bien avoir pour conséquence l'exclusion du 2° tour pour nombre de candidats FI inconnus dans les circonscriptions visées, pour cause de pourcentage inférieur aux 12,5 % des inscrits requis pour y figurer... Nouveau Front Populaire ? Allons donc ! Quelle méconnaissance, ou quelle injure (ou les deux !) à l'Histoire avec un grand H, que d'essayer de vendre une telle salade !

 

L’apparence et la réalité du rassemblement à gauche

 

L’apparence et la réalité du rassemblement à gauche

ÉDITORIAL

 

Le Monde

 

L’accord conclu entre La France insoumise, EELV, le PCF et le PS est moins un programme de gouvernement, contrairement à ce que ses promoteurs disent, qu’une union électoraliste pour devenir la principale force d’opposition à Emmanuel Macron.

Publié le 06 mai 2022

 

Les électeurs de gauche ont tranché le 10 avril. En propulsant le candidat de La France insoumise à seulement 420 000 voix d’un second tour face à Emmanuel Macron, ils ont fait de Jean-Luc Mélenchon le maître du jeu au sein de leur camp. Ce faisant, ils ont validé son pari tactique qui a consisté à négliger une introuvable unité avant la présidentielle pour mieux l’imposer à ses conditions après cette dernière.

 

La manœuvre a été exécutée en un temps record depuis le 24 avril, permettant de transformer, du moins en apparence, la troisième défaite d’affilée de l’ancien socialiste en tremplin vers un « troisième tour ». Il s’agit de celui des élections législatives, fixées au 12 et 19 juin, qui promettent d’être plus disputées qu’anticipé, même si la coalition présidentielle en reste la favorite.

 

Ce regroupement à gauche a une apparence et une réalité. L’apparence est celle d’une union qui pousse ses architectes et ses supporteurs à convoquer bruyamment l’Histoire en traçant des parallèles avec le Front populaire de 1936, l’Union de la gauche adossée au programme commun de gouvernement de 1972 et la gauche plurielle de 1997, synonymes à chaque fois de conquête du pouvoir.

 

La réalité est un accord purement électoraliste qui a pour objectif, pour chacun des participants, soit de limiter ses pertes, soit de maximiser ses gains. Les écologistes, les communistes et les socialistes, affaiblis par les scores piètres, voire désastreux, de leurs candidats respectifs au soir du 10 avril, n’ont eu d’autre solution que le premier calcul. Le second est celui que fait La France insoumise, qui avait dû se contenter de dix-sept sièges de députés en 2017, alors que le Parti socialiste, pourtant laminé au premier tour de la présidentielle, en avait obtenu bien plus.

 

Détestations recuites et réciproques

 

Le résultat est donc le produit de marchandages inhérents à la politique, dans lesquels est également entré en considération l’accès au financement public (en fonction du nombre de candidats présentés et élus), ou encore la capacité de se constituer en groupe à l’Assemblée nationale (le seuil est de quinze parlementaires).

 

Le Canossa des défaits a non seulement été illustré par le faible nombre de circonscriptions électorales favorables qui leur a été alloué, mais également par un alignement sur les exigences programmatiques de La France insoumise. Finalement, la somme des contorsions sémantiques, des silences assourdissants, ou bien des reniements consentis par les écologistes et les socialistes, principalement à propos de l’Union européenne, pèse lourd.

 

Cela n’en fait cependant pas un programme de gouvernement, contrairement à ce que Jean-Luc Mélenchon va probablement s’efforcer de faire accroire pour combattre une abstention qui pourrait tout particulièrement le pénaliser en juin. Si on lui applique l’analyse qu’il a été prompt à développer, le vote utile à gauche qui a porté le chef de La France insoumise au premier tour ne vaut sans doute pas plus adhésion à son programme de rupture que celui qui a permis la réélection d’Emmanuel Macron.

 

Même en écartant le facteur aggravant des détestations recuites et réciproques, les divergences entre les familles de la gauche exprimées pendant la campagne présidentielle sont réelles, profondes et insolubles dans une campagne législative. L’objectif de devenir la principale force d’opposition au président réélu peut permettre de s’en accommoder, tant bien que mal, à titre provisoire. Pas celui d’exercer les responsabilités.

 

 

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8 mai 2022 7 08 /05 /mai /2022 17:20

En aval du pont Régemortes, vue depuis la rive gauche

En amont du pont Régemortes, vue depuis la rive gauche / © Jean-Marc Teissonnier- ville de Moulins

La France contre elle-même, enquête d'un journaliste franco-suisse sur la  ligne de démarcation | Global Geneva

La France contre elle-même

Charles Péguy recommandait de « Regarder la France comme si on n’en était pas ». J’ai tenté de le faire. Avec la conviction que la France s’épuise à se battre contre elle-même. Et à se refuser telle qu’elle est. Georges Bernanos affirmait, dans La Liberté pour quoi faire ? : « Ce n’est pas servir la France que de répéter à tort et à travers qu’elle se porte bien, qu’elle ne s’est jamais mieux portée... Ah, des millions et des millions d’hommes se fichent absolument d’apprendre que nous ne désespérons pas de nous-mêmes : ce qu’ils souhaitent, c’est de savoir qu’ils peuvent espérer de nous. » Regard extérieur et foi dans la lucidité de la France : quelles meilleures armes pour comprendre ce que la démarcation de 1940 dit, peut-être, des fractures d’aujourd’hui ? et vice versa.

Grasset et Fasquelle (@EditionsGrasset) / Twitter

« La France contre elle-même » : critiques et éloge d’un pays divisé ICI 

 

Richard Werly, journaliste franco-suisse au « Temps », a sillonné les territoires de l’ancienne ligne de démarcation entre la France libre et la zone d’occupation nazie. Dans son ouvrage, il décrit comment l’ancienne fracture « raconte à sa manière la France d’hier et d’aujourd’hui ».

Par Alain Beuve-Méry

Publié le 24 mars 2022 à 05h00 

 

Livre. Lorsqu’on est suisse, la France reste un sujet d’étonnement constant. Correspondant du quotidien francophone Le Temps, Richard Werly rappelle que tout oppose la Confédération helvétique à son grand voisin : un multilinguisme imposé, une démocratie directe et une décentralisation poussée dans ses recoins les plus cachés, sans parler d’un goût cultivé pour le compromis et le consensus ! Bref, tout ce qui déplaît aux Français qui se vivent « imbibés de culture révolutionnaire », explique ce fin analyste de la vie politique française.

 

Installé à Paris depuis 2014, Richard Werly était aux premières loges pour assister aux soubresauts d’une France qui se déchire, avec la fronde des « gilets jaunes », événement qui a marqué le quinquennat d’Emmanuel Macron. Il a eu l’idée de chausser les bottes du journaliste zurichois Herbert Lüthy (1918-2002), auteur d’un essai remarqué sur la France d’après-guerre, publié en 1955, A l’heure de son clocher, dont le titre fut choisi par Raymond Aron, alors directeur de la collection « Liberté de l’esprit » aux éditions Calmann-Lévy. Comme son prédécesseur, M. Werly entend porter un regard « sévère mais amical » sur la France d’aujourd’hui où, note-t-il, « des forces qui combattent pour elle, la plus forte demeure le passé ».

 

Le constat riche est à la hauteur des reportages faits dans treize départements français, mais pas n’importe lesquels : du Jura à Orthez, en passant par la campagne berrichonne et les coteaux de Touraine, il s’agit de ceux qui ont été balafrés par la ligne de démarcation séparant la France en deux, du 25 juin 1940 au 11 novembre 1942, selon les exigences de l’envahisseur nazi. Deux raisons expliquent ce choix. La première est privée : enfant, il a passé de longs séjours avec sa mère dans un hameau de la Nièvre, situé non loin du pont Régemortes à Moulins-sur-Allier, un des principaux points de passage de la ligne.

 

Joli tour de force

 

La seconde repose sur une intuition journalistique : les très fortes analogies que cette période historique clé comporte avec la situation contemporaine. « Comment ne pas constater une certaine résonance, entre le débat actuel sur la mondialisation et la prétendue mainmise de l’Union européenne sur la France… et l’idéologie de la révolution nationale pétainiste fondée sur le triptyque souverainiste “Travail, Famille, Patrie” », écrit-il.

 

Richard Werly est ainsi parti à la rencontre de cette « France du vide » et dessine un « archipel français » bien différent de celui décrit par le directeur du département opinion de l’IFOP, Jérôme Fourquet, dans le livre éponyme publié en 2019, au Seuil. Le sien est plus en adéquation avec L’Identité de la France, décrite par Fernand Braudel : les permanences plutôt que les réalités fluctuantes. « La ligne raconte à sa manière la France d’hier et d’aujourd’hui : bureaucratique, courageuse, inventive, apeurée », écrit-il.

Par ces reportages sur l’ancienne ligne de démarcation, Richard Werly réussit un joli tour de force. Il parvient à « réveiller les mémoires des gens ordinaires pour démontrer que ce qui lie les Français entre eux est plus important que ce qui les sépare ».

 

« La France contre elle-même », de Richard Werly, Grasset, 252 pages, 20,90 €.

 

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7 mai 2022 6 07 /05 /mai /2022 06:00

Le vin n'est pas fait pour être reniflé Génération Vignerons

ICI

Hier j’ai tartiné sur le pain, alors je me suis mon vieux faut aussi que liche des lignes sur le vin qui est ton fond de commerce.

 

Pour ce faire, sans me fouler, je me suis rabattu sur le Figaro-Vins qui se fouille le cervelet afin de trouver des sujets un peu plus juteux que les accords mets-vins.

 

Mon titre n’a rien d’ironique, il correspond à ce que je pense du baratin sur le vin, qui ravit Nicolas de Rien, on en fait des tonnes et, vraiment je ne suis pas désolé d’être un mécréant du vin.

 

« Quand je me regarde, je me désole ; quand je me compare, je me console. »

Charles Egerton Osgood

 

« Châtrez « désopilant”, et vous avez « désolant »

Pierre Dac

 

« La liberté c'est de ne jamais avoir à dire qu'on est désolé. »

Ambrose Bierce

Les nouvelles dégustations de vin...

Alexandre Schmitt, nez et consultant : « Pour bien décrire un vin, il faut savoir le trahir »

Reconnu comme l’un des plus grands nez au monde, consultant en assemblage de vins auprès de prestigieux châteaux bordelais, Alexandre Schmitt nous parle de la nécessité d’un « langage commun» en matière de vin.

Par Alicia Dorey

Publié le 01/05/2022

 

LE FIGARO. – Pourriez-vous revenir sur votre parcours, et m’expliquer comment est-ce que l’on passe de la parfumerie à l’œnologie ?

 

Alexandre SCHMITT. – Cela remonte à l’adolescence, lorsque mon père m’a imposé les sciences alors que j’avais plutôt un intérêt pour la musique et l’art en général. J’ai cherché une forme de compromis entre les deux, et j’ai trouvé cette école de parfumerie à Versailles (l’ISIPCA, fondée en 1970 par Jean-Jacques Guerlain, NDLR). J’ai tout fait pour y entrer, je me suis acheté des huiles essentielles afin de m’entraîner seul… J’étais très motivé ! J’ai réussi à intégrer cet établissement, en ayant en parallèle présenté un dossier auprès de la faculté d’œnologie. Lorsque je suis arrivé sur le marché de la parfumerie, j’ai réalisé que seulement 10 multinationales se partageaient le marché mondial, et que hormis quelques entreprises indépendantes, il était difficile de trouver un poste où être vraiment libre de créer des parfums. À l’époque, je connaissais déjà Jean-Claude Berrouet, chef de cave de Petrus, et les choses se sont faites naturellement. Petit à petit, je suis entré dans le monde du vin. Il y a beaucoup de lien entre le parfum, la littérature et le vin, mes trois passions, qui m’ont permis de développer un enseignement unique au monde.

 

  • Le vin était-il une passion antérieure à votre intérêt pour le parfum ?

 

À Bordeaux, il est impossible de ne pas avoir de connexion avec le milieu du vin. Mon grand-père était négociant, et avait stocké des caisses de Cheval Blanc et autres grands châteaux qui, s’il manquait une bouteille, était invendables. Nous en avons donc gardé, et durant toute mon enfance j’ai assisté à ce cérémonial très précis qui consistait à ouvrir une bouteille avec précaution, à la bougie, etc. Je pense que ma passion du vin est née là.

 

 

  • Les arômes sont-ils selon vous la pierre angulaire de l’équilibre d’un vin ?

 

Je ne pense pas. C’est une part congrue, dans la mesure où la beauté du vin se trouve dans l’harmonie, dans l’équilibre entre la bouche et le nez. La part tactile est importante et fait une grande différence. En ce sens, un grand vin n’est pas forcément aromatique. Un Médoc, par exemple, n’est pas forcément très aromatique, mais ce qui fait la différence, c’est le toucher en bouche. Au vieillissement, il pourra développer des arômes plus fins, plus délicats, mais pour un journaliste, il est parfois difficile de décrire ces vins-là. C’est bien le travail en bouche qui domine. La part aromatique des vins jouit d’une grande focalisation ces dernières années, mais ce n’est pas le plus probant.

 

  • Justement, entre le sommelier, l’œnologue, le journaliste ou l’amateur, comment prendre en considération la subjectivité de chacun dans son approche d’un vin ?

 

La suite ICI 

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6 mai 2022 5 06 /05 /mai /2022 06:00

Pain de Paris, pain de Gonesse - La boulangerie... de Jean-Pierre Blazy -  Grand Format - Livre - Decitre

La route du blé est-elle en danger avec la guerre déclarée par la Russie à l’Ukraine, deux greniers à blé. Certes le blé ne sert pas qu’à faire notre pain quotidien, il est la pitance des cochons et des poulets bodybuildés, mais, sans être un locavore, il serait intéressant de repenser notre approche de la sécurité alimentaire en s’inspirant de la sagesse du passé.

 

La fête de la boulange ICI

par Maïté Bouyssy

13 octobre 2021

« Je voudrais en avoir sans cesse, / On l’appelle pain de Gonesse » : ainsi s’exprimait un poème du XVIIe siècle, et c’est cette économie du blé et de la boulange que présente Jean-Pierre Blazy, dont le travail est parfaitement complémentaire des recherches de Steven Kaplan sur les boulangers de Paris au XVIIIe siècle. Blazy est à la recherche de la vie socio­économique qui a permis à la Franciade, le vrai « Pays de France », de fonctionner pour les marchés forains de Paris, alors que Kaplan s’est davantage consacré à la fabrique intra muros du « meilleur pain du monde ».

 

Jean-Pierre Blazy, Pain de Paris, pain de Gonesse. Préface de Jean-Marc Moriceau. Créaphis, 376 p., 28 €

 

Jean-Pierre Blazy montre l’écosystème que portèrent ces plaines à blé du nord de Paris, dont le cœur va de Bonneuil à Goussainville, Villiers-le-Bel, Arnouville et alentours. Elles nourrirent une précoce densité de population, et s’y établit un système de fermage qui permit à une moyenne bourgeoisie rurale de combiner les métiers de laboureur et de boulanger tandis que la bluterie se faisait dans les moulins de la petite vallée du Croult. Des dynasties, tels les Destors, s’adonnaient aux différents métiers du blé et finirent en boulangers et marchands parisiens, d’autres en robins, voire, pour le dernier, en notable élu politique et bienfaiteur de l’hôpital de Gonesse.

 

Ce système était fondé sur la location des terres des ordres religieux qui possédaient 40 % des sols alors que les paysans laboureurs, malgré leur aisance, ne passèrent que de 11 % à 18 % de la propriété au cours du XVIIIe siècle. On sait l’emprise qu’avaient les carmélites de Saint-Denis ou l’Hôtel-Dieu de Paris. C’est à partir de leurs contrats que s’établit la grande culture sur de vastes exploitations de plus de 100 hectares, et une cinquantaine de plus de 200 hectares. Les fermiers ne devaient pas seulement une rente matérielle à ces institutions mais leur position les protégeait directement ou indirectement en cas de trouble et de guerre au XVIIe siècle. Ce sont en revanche la paix, le démarrage et le libéralisme économique du XVIIIe siècle qui ruinèrent ce système au profit des marchands blatiers et de nouveaux blutages qui permirent le pain noir des pauvres. Au fil du siècle, Gonesse passa de 3 400 à 2 200 habitants. En 1790, il ne restait que sept boulangers laboureurs, même les chertés ne leur profitaient plus, car ils s’endettaient auprès des meuniers. Quand les initiatives de Turgot suscitèrent des oppositions en 1776, on parla de « guerre des farines » et non plus de la rareté du pain.

 

Le village de Gonesse fut néanmoins considéré comme un des plus beaux de France, fort de ses maisons à toit de chaume puis de brique qui s’ouvraient par une vaste porte charretière sur une cour avec dépendances tant pour les employés – car ces exploitations comprenaient un personnel varié — que pour le fournil, le bois nécessaire aux cuissons (la bourre), les greniers. Il fallait aussi des écuries et des étables : c’est en voiture à cheval que le pain était porté les mercredis et les samedis par la route des Flandres vers une douzaine de marchés de la rive droite à Paris. Les étables étaient tout aussi nécessaires, les moutons appartenant aussi au système de l’assolement céréalier (ils entretiennent les soles moissonnées et fument la terre qu’ils pacagent).

 

Ce livre toujours vivant et précis donne la synthèse des travaux de l’auteur et de tout ce qui a été étudié à la suite et sous la direction de Guy Fourquin (thèse de 1963) puis de Robert Muchembled à Paris X, outre les travaux de Jean-Marc Moriceau (1992). Il témoigne aussi de l’attachement de la communauté savante de ces lieux à leur histoire, non point conçue comme une déréliction mais comme une entité autonome qui peut témoigner de tous les événements économiques et politiques d’une vie rurale si proche, si déterminante et déterminée par la capitale, mais qui ne fut aucunement une relégation, ni la misère pour tous. Le pain de Gonesse rimait bien avec allégresse.

 

 

 

 

Pain de Paris, pain de Gonesse, de Jean-Pierre Blazy

Le pain de Gonesse à la fin du XVIIe siècle [article] ICI

Claude Gindin 

Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine Année 1972  19-3  pp. 414-433

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à suivre ICI

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5 mai 2022 4 05 /05 /mai /2022 06:00

 

Qui se souvient du juge Halphen ? (1)

 

Pas grand monde...

 

Et de Gaston de Pawlowski ? (2)

 

Personne sauf Lunettes Rouges alias mon ancien collègue de la SVF Marc Lenot

 

Et de L’Angélus et des Glaneuses de Jean-François MILLET ?

 

Le monde entier !

 

Et de Jean-Charles MILLET ?

 

Personne sauf Éric Halphen ...

 

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  1. (1) Magistrat connu pour son instruction de l’affaire des HLM de Paris au début des années 2000, Éric Halphen est aussi écrivain. Auteur de romans noirs et policiers, il s’attaque cette fois-ci au récit non-fictionnel, avec l’affaire dite « des faux Millet », qui défraya la chronique dans les années 1930. Dans Le faussaire de la famille, qui parut le 10 février 2022, il revient sur l’histoire de Jean-Charles, petit-fils du peintre Jean-François Millet, qui n’a pas hésité à vendre plusieurs œuvres faussement attribuées à son grand-père, bernant ainsi marchands d’arts et musées…

 

Des marchés attribués « aux copains du RPR »

 

« A l’époque, on parlait d’Etat RPR (Rassemblement pour la République), explique Éric Halphen. Les marchés de la ville de Paris se comptaient en dizaines et centaines de millions d’euros et ils étaient donné uniquement aux entreprises qui étaient dirigées par les copains du RPR et du maire de Paris ».

 

« Jacques Chirac n’aura pas laissé que de bons souvenirs. Surtout, il aura montré le mauvais côté de la politique, c’est-à-dire celui où l’on se sert des marchés publics pour enrichir un parti afin d'arriver au pouvoir. C’est triste quand quelqu’un meurt mais je retiendrai surtout le chef de l’Etat qui a abaissé la fonction présidentielle, car il est arrivé au pouvoir par de mauvais chemins »

 

 

PUBLIÉ LE 24 JANVIER 2013 PAR LUNETTES ROUGES ICI 

  1. (2) Hommage à Gaston de Pawlowski

 

Gaston de Pawlowski — Wikipédia

 

Que vient donc faire le fondateur du Canard Enchaîné et de l’Union Vélo-cyclopédique de France, l’inventeur de l’adorable appareil à sécher les larmes et du politiquement incorrect silencieux pour dames, le promoteur des tableaux remuants et l’inspirateur du Grand Verre, l’adepte du cri-cri pinçon pour faux appas et l’auteur du précurseur Voyage au pays de la quatrième dimension (réédité avec une préface de Jean Clair…) dans une respectable mais audacieuse galerie de la rue Saint-Claude ?

 

Le Faussaire de la famille : Halphen, Éric: Amazon.fr: Livres

L’ART DU FAUX

 

« Dans un article titré Il n’y a pas de faux tableaux paru peu après l’arrestation de Jean-Charles dans l’hebdomadaire satirique Cyrano, Gaston de Pawlowski, écrivain, critique littéraire et reporter sportif, ne comprend pas « en quoi un tableau ou une statue peuvent être assimilés à un billet de banque, si ce n’est par les marchands et les acheteurs mercantis qui ont transformé l’art en simple valeur de spéculation » alors qu’au « point de vue purement artistique, il n’y a pas de faux ou de vrais tableaux, mais des œuvres bonnes ou mauvaises, quel qu’en soit l’auteur ». Il considère qu’en revanche « les faux connaisseurs sont innombrables, je veux dire ceux qui achètent aujourd’hui une œuvre d’art, non point pour le plaisir qu’elle leur procure, mais pour les bénéfices futurs qu’ils espèrent en tirer (...) Faute de pouvoir juger de la valeur d’un œuvre au strict point de vue artistique, le public a pris l’habitude de ne l’estimer qu’en gros sous, et les Américains, sur ce point, sont passés maîtres. Du moment qu’on leur affirme qu’une chose vaut tant, ils achètent et l’admirent ».

 

Et le chroniqueur d’ajouter : « Pour un véritable amateur d’art, ce n’est point la valeur marchande d’une œuvre qui peut donner une indication quelconque, mais la manière du peintre, la trace évidente de son génie. Il peut fort bien arriver, du reste, qu’un peintre de grand talent fasse certain jour de très mauvaises choses, tandis qu’un humble copiste peut avoir, par contre, un jour, une inspiration de génie. Qu’importe la signature ou l’absence de signature ! si l’œuvre est belle, cela doit suffire amplement. »

 

Enfin, après avoir rappelé que, des « contrefacteurs officiels », « il n’y eut que cela dans les ateliers des grands maîtres d’autrefois », à savoir « les élèves du maître, chargés de terminer ses tableaux suivant la même technique et les mêmes procédés de métier », il écrit que « les contrefacteurs d’aujourd’hui, les faussaires comme on les appelle, en sont tout simplement des élèves à la manière d’autrefois, et ces élèves sont rares ».

 

Dans la même veine, Jean Cassou, écrivain, futur résistant et critique d’art, écrit dans Marianne durant le procès de 1935 que la contrefaçon, « quand elle est appliquée, quand elle est sincère, doit apparaître comme un hommage, fatal et peut-être nécessaire, rendu au génie ». Soutenant qu’un style, qu’il s’agisse de celui de Corot – lorsqu’on lui apportait des toiles douteuses à lui attribuées, il rangeait d’un côté celles qui lui semblaient intéressantes, de l’autres les médiocres, en concluant que seules les premières étaient de sa main – ou de celui de Millet, n’est « qu’une interprétation du monde, qui n’a aucune valeur absolue », il considère comme normal que « des esprits soumis et modestes, comme le sont les contrefacteurs, s’y arrêtent, l’exploitent, lui confèrent quelque durée », puisque dans la mesure où « tout le monde ne peut pas inventer ou créer », il faut aussi qu’il y ai des « vulgarisateurs ». Il finit son article sur une note d’espoir : « Il y a peut-être en Jean-Charles Millet l’étoffe d’un grand peintre et qui serait l’égal de son grand-père. »

 

Pages 209 à 211

 

Jean-Charles Millet peint lui aussi. Si sa technique n’est pas mauvaise, il manque d’originalité et se cantonne aux thématiques traitées par son grand-père. Les seules œuvres qu’il vend sont des croquis « à la manière de Jean-François Millet » proposées aux visiteurs du musée consacré à son aïeul à Barbizon, en Seine-et-Marne. (Crédit : Jean-Charles Millet / Wikicommons)

Le faussaire de la famille", d'Éric Halphen ou l'obsession de la contrefaçon ICI 

 

Coup de cœur lecture

Par Eve Charrin

Publié le 13/02/2022 

 

 

Chaque dimanche, « Marianne » isole parmi la foisonnante production littéraire un livre coup de cœur. Cette semaine : « Le faussaire de la famille », du magistrat Éric Halphen, enquête sur une usurpation familiale dans le milieu de la peinture.

 

Magistrat anticorruption puis antiterroriste, de surcroît auteur d’une demi-douzaine de polars, Éric Halphen aime l’enquête. Judiciaire ou littéraire, il la mène en professionnel chevronné, pas du genre à lâcher l’affaire. À moins que les affaires refusent de le lâcher : « On n’échappe pas à sa vie », écrit-il non sans mélancolie dès les premières pages du Faussaire de la famille.

 

La preuve ?

 

À ses heures perdues, le juge s’intéresse à la peinture impressionniste, il convoite sur eBay un dessin de Jean-François Millet (1814-1875), célèbre peintre des Glaneuses et de l’Angélus. Las, une rapide recherche sur Internet lui apprend que le cachet « JFM » a été usurpé par le propre petit-fils du maître, Jean-Charles Millet (1892-1944). Démasqué, le faussaire a été jugé et emprisonné à deux reprises dans les années 1930. Un sujet en or pour le magistrat-écrivain, ainsi arraché à la contemplation des « paysages de Barbizon » et brutalement ramené à l’enquête : « Ta mission ici-bas est de t’occuper des infractions, mon gars ».

 

UNE TRANSGRESSION MAJEURE la suite ICI

 

 

Le faussaire de la famille, d’Éric Halphen. Éd. Buchet-Chastel, 256 p., 19,90 €

 

Jean-François Millet (1814-1875), bien qu’artiste reconnu, ne connaîtra jamais la fortune. La cote de ses œuvres s’envolera seulement après sa mort, en 1875. (Photo : Nadar / Wikicommons / domaine public)

Le juge Éric Halphen raconte dans un nouveau livre la fascinante affaire des faux Millet ICI 

 

 

Amateur d’art à ses heures perdues, le juge Éric Halphen avoue chiner des tableaux du XIXe siècle sur le site d’enchères en lignes eBay. C’est ainsi que, par hasard, il découvre cette histoire incroyable, oubliée aujourd’hui, qui fit pourtant grand bruit à l’époque et passionna la presse et l’opinion publique : l’affaire des faux Millet. 27 février 1935 : Jean-Charles Millet est condamné à six mois de prison ferme et 500 francs d’amende confirmés, pour abus de confiance et apposition de fausse signature, par le tribunal correctionnel de Fontainebleau. Cinq ans auparavant, il a déjà été écopé d’un an de prison ferme pour escroquerie et émission de chèques sans provision. Rien de très original au premier abord. Mais c’est en regardant l’ascendance du personnage que ce fait divers prend une autre dimension…

 

Jean-Charles Millet n’est pas n’importe qui. Il est le petit-fils de Jean-François Millet (1814-1875), artiste internationalement reconnu, auteur de chefs-d’œuvre comme L’Angélus et Les Glaneuses. S’il n’a pas connu son grand-père, il ne peut échapper à la figure tutélaire de cet artiste, dont la mémoire est entretenue par toute la famille, notamment à Barbizon, le village de Seine-et-Marne où celui qu’on surnomme « le peintre paysan » avait posé ses valises, après avoir fui le tumulte de la vie parisienne.

 

C’est d’ailleurs ici que Jean-Charles passe une partie de son enfance, puisque ses propres parents se sont installés dans la commune. Le jeune homme côtoie donc nombre de peintres venus en pèlerinage sur les traces du fondateur de « l’école de Barbizon ». Lui aussi se rêve artiste, il s’inspire du style et des thèmes de son grand-père, restant dans le registre naturaliste, l’originalité et le génie de son aïeul en moins…

 

Seul André Douhin, un marchand d’art qui a transformé l’ancienne maison de Jean-François Millet en petit musée qui attire déjà les touristes, lui commande quelques œuvres « dans le genre de Millet » pour les vendre dans la boutique, plus attiré par le nom du créateur que par ses réels talents.

 

La naissance de l’arnaque

 

Ainsi, Jean-Charles se retrouve à reproduire, dans le style de son grand-père, des dessins représentant l’église du village, les fermes ou les champs des environs qui auraient inspiré l’illustre artiste. Entre le cadeau souvenir et le produit dérivé avant l’heure, en quelque sorte… Le tout pour quelques sous. « La conclusion est évidente. Si Jean-Charles ne peut être l’égal du maître, s’il ne peut à son tour exister en tant que peintre, il ne lui reste qu’une solution : s’effacer », écrit Éric Halphen.

 

La suite ICI 

 

 

 

Lors de ses procès (ici à Melun, en correctionnelle, en 1935), Jean-Charles Millet a évoqué sa volonté de venger son grand-père, exploité selon lui par les marchands d’art qui se sont enrichis sur son dos. (Crédit : Agence Rol / BNF / domaine public)

 

La une du Journal, daté du 8 mai 1930, met en scène l’arrestation de Jean-Charles Millet et de son complice. L’enquêteur à la tête des policiers qui interpellent les deux escrocs n’est pas n’importe qui. Il s’agit de Jules Belin, membre de la première « brigade du Tigre », qui a déjà appréhendé à l’époque le tueur en série Landru et le célèbre chef de la bande à Bonnot. (Crédit : Le Journal / BNF / domaine public)

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4 mai 2022 3 04 /05 /mai /2022 06:00

 

6 destinations desservies par le train de nuit

 

train de nuit wagon lit

Avec le train de nuit, endormez-vous à Paris et réveillez-vous à Nice sur la Promenade des Anglais ou au cœur des Alpes ! Voici notre sélection de 6 destinations à tester sur le mode train de nuit.

 

Le train de nuit n’a pas dit son dernier mot ! Au départ de Paris Austerlitz, partez vers le sud, dès 29 euros en couchette. On peut se rendre à Briançon, Ax les Thermes, Cannes ou Nice en une nuit...Un temps de trajet optimisé, la possibilité de privatiser un compartiment : les avantages du train de nuit sont nombreux. On vous dévoile 6 villes où profiter du voyage.

 

Argelès-sur-Mer (11H15 de trajet)

 

C'est un véritable voyage qui vous amène à Argelès-sur-Mer, tout simplement parce qu’on traverse l’authentique Carcassonne et la chaleureuse Perpignan, correspondance incontournable pour un bain de soleil ou un petit-déjeuner local.

 

Argelès-sur-Mer profite d’une situation géographique idéale, qui l’a fait rayonner dans toute l’Occitanie. Cette ville maritime, limitrophe à l’Espagne (35 min du Perthus), est un petit coin de paradis nichée entre les montagnes des Pyrénées Orientales et la mer Méditerranée…

 

 

À tout moment de l’année on profite simplement du joli paysage marin, les criques de Portells et de l'Ouille sont brutes et natives ! Argelès-sur-Mer déploie aussi une plage de sable fin sur sept kilomètres.

Train de nuit pour Munich - Film (1940) - SensCritique

Aujourd’hui c’est « Train de nuit pour Munich » (1940)

 

Train de nuit pour Munich, un film de 1940 - Télérama Vodkaster

 

Pourquoi ce film ?

 

Tout simplement pour remercier mon metteur en page préféré et lui faire plaisir puisqu’au détour d’une fiche il s’était laissé aller à une confidence avouant qu’il aimait les films qui se passent dans un train.

 

Night Train to Munich (1940) | Cinéma de rien

 

Quelle est l’histoire ?

 

Nous sommes à Prague, exactement le 3 septembre 1939. La guerre est sur le point d’éclater. Le professeur Axel Bomasch, inventeur d'un procédé de blindage, ne voulant pas que sa trouvaille tombe aux mains de l'Allemagne nazie, parvient à s'enfuir à Londres. Il laisse malheureusement sur place sa fille Anna, qui est arrêtée par la Gestapo et envoyée en camp de concentration. Là, elle rencontre Karl Marsen, prisonnier comme elle. Ils parviennent à s'évader et à gagner Londres à leur tour. Par l'intermédiaire d'un agent des services secrets britanniques, Gus Bennett, la jeune femme retrouve son père, mais Karl, en réalité un officier nazi, kidnappe les Bomasch qui sont transférés à Berlin. Gus qui parle couramment allemand se rend alors dans la capitale du Reich, sous l'identité d'un officier allemand du Génie. Il veut enlever Anna et le professeur à la Gestapo et de les ramener en Angleterre...

 

Les lecteurs fidèles des fiches trouveront des ressemblances avec le scénario du film d’Alfred Hitchcock « Une femme disparaît » 1938. Les deux films bénéficient du talent des mêmes scénaristes, Sidney Gilliat et Frank Launder. De plus, on retrouve, dans Train de nuit pour Munich, trois des acteurs du film d'Alfred Hitchcock : d'une part Margaret Lockwood ; d'autre part, Basil Radford et Naunton Wayne qui reprennent leur duo comique d'amateurs de cricket et de golf, Charters et Caldicott.

 

Night Train to Munich (1940) - IMDb

 

Réalisation

 

Carol Reed

 

Reed ne possède ni le génie ni l’aura d’Alfred Hitchcock. Il n’en demeure pas moins un réalisateur de qualité connu surtout pour « Le Troisième Homme » 1949 avec Alida Walli, Orson Welles, Joseph Cotten et Trevor Howard et la ville de Vienne (et ses égouts) superbement mise en scène. Film culte s’il en est, tout comme la musique d’Anton Karas.

 

A propos de ce film Wikipédia reconnait que cette réalisation de Carol Reed est une rareté de qualité qui rappel « Une femme disparaît »1938. Les « ingrédients » sont les mêmes : une partie des intrigues respectives se déroule dans un train, à l'étranger (d'un point de vue britannique) et dans le contexte d'une dictature.

 

Reed est également connu pour des films inspiré de Graham Greene comme : « Première Désillusion » 1948 ou « Notre agent à La Havane » 1959

 

RAREFILMSANDMORE.COM. NIGHT TRAIN TO MUNICH (1940)

Qui fait quoi ?

 

Margaret Lockwood :              Anna Bomasch

 

Nous l’avons déjà rencontré dans « Une femme disparaît » 1938 d’Alfred Hitchcock. Elle tient ici un rôle similaire. C’est une actrice fétiche de Carol Reed (6 films)

 

Rex Harrison :                    Gus Bennett

 

Lui c’est dans « Guêpier pour trois abeilles » 1967 de Mankiewicz qu’il figure pour la première fois dans les fiches de Ciné papy. A propos de sa prestation dans ce film on peut lire dans Wikipédia : « Par son flegme, son audace, son engagement physique et le charme qu'il déploie, Bennett n'est pas sans préfigurer le futur James Bond.

 

Paul Henreid                              Karl Marsen

 

C’est le méchant de l’histoire, fourbe, traitre, agent double, espion. Tout pour plaire quoi !

 

Pour éclairer tout un chacun il suffira à Ciné papy de rappeler son rôle dans « Casablanca » 1942 de Michael Curtiz. C’est lui qui tient le rôle de Viktor Laszlo chef de réseaux résistants tentant d’échapper aux nazis avec son épouse Ingrid Bergman qui n’a jamais été aussi radieuse et émouvante.

Amusons-nous un instant, le vrai nom de Heinreid est Paul Georg Julius Hernreid Ritter Von Wassel-Waldingau. Pas facile à caser sur une affiche non ?

 

Basil Radford :                    Charters

 

Et voici, le retours des « Dupont / Dupond » britanniques déjà présents à la même place dans le casting d’ « Une femme disparaît » et toujours aussi drôle en tant que passionnés de cricket et de golf

 

Naunton Wayne :                      Caldicott

 

Wikipédia précise que ces deux personnages ont toujours l'intellect parfois lent, le patriotisme indéfectible, et l'absolue certitude qu'un Britannique ne doit être traité qu'en gentleman, ce en quoi les nazis les décevront considérablement.

 

Et si pour une fois on parlait musique

 

Louis Lévy est connu pour sa collaboration à des films notables de l’histoire du cinéma. Il collabore notamment à plusieurs films réalisés par Alfred Hitchcock, comme « Les 39 Marches » 1935, « Jeune et Innocent » 1937, « Les Amants du Capricorne » 1949, et « Le Grand Alibi » 1950.

Autres films notables : « La Citadelle » 1938 de King Vidor « Capitaine sans peur » 1951de Raoul Walsh, « Moby Dick » 1956 de John Huston .

 

 Pax

 

Prochainement « Coup de Tête »

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3 mai 2022 2 03 /05 /mai /2022 06:00

 

Ce n’est pas moi qui le dis mais Richard Werly

journaliste pour Blick.

 

Il parle d'avenir

Avec Mélenchon, la gauche française a trouvé sa « marque»

 

 

Dans la vie que je vis les marques n’ont jamais été ma tasse de thé, ni pour l’alimentation, les vêtements, les autos, les vélos et tout ce que j’achète avec mes gros sous.

 

Je préfère choisir mes produits pour ce qu’ils sont réellement, leurs qualités, leurs origines, leur naturalité.

 

Bref, je me méfie d’une « union » bouclée vite fait mal fait sur le gaz de la rouste pour les uns : EELV, PS, PCF, et la « victoire autoproclamée » pour la nouvelle marque de la gauche.

 

Dans cette hâte les négociateurs poussent la poussière, les désaccords, dont certains sont de premiers ordres pour qui souhaite gouverner le pays, sous le tapis, afin de conclure un partage de circonscriptions gagnables. C’est de la bonne vieille cuisine électorale.

 

Reste que c’est bien beau de se partager le gâteau avant de l’avoir créé, encore faudra-t-il trouver des candidats locaux qui puissent séduire les électeurs avec un programme d’Union qui ne brille par sa clarté et sa sincérité.

 

Pour faire une blagounette, Mélenchon fait une OPA sur les confettis de l’ancienne gauche, des confettis eux-mêmes de couleurs mêlées, comme aurait dit mon pépé Louis, pour que les bœufs enjugués tirent le charroi en harmonie il leur faut un bon toucheur sachant manier l’aiguillon. C’était le cas de Tonton, le roi de l’ambiguïté, pas sûr que notre Mélenchon soit doté de cette « qualité ».

 

 

 

À l’heure où vous lirez ces lignes, l’affaire est entendue. Emballée. Pliée. En route pour les législatives françaises des 12 et 19 juin. Négocié ce week-end, l’accord entre la « France insoumise » et Europe Ecologie-Les Verts vient d’être bouclé dimanche soir. Une centaine de circonscriptions législatives promises aux Verts, alors que socialistes et communistes continuent de négocier avec la formation de Jean-Luc Mélenchon.

 

Car au fond, tout tourne autour du député de Marseille, 70 ans, fort de ses 22% des suffrages au premier tour de la présidentielle. Environ 400'000 voix d’écart avec Marine Le Pen, qualifiée de justesse pour le second tour puis battue par Emmanuel Macron. Beaucoup avaient ce mot-là aux lèvres ce dimanche 1er mai, dans le cortège syndical qui a traversé Paris pour la fête du travail, tandis que les « black blocs » cassaient des vitrines sur le passage des manifestants : « Mélenchon au second tour, cela aurait été un tout autre spectacle !»

 

Il est désormais la « marque » qui compte

 

Mais oublions un moment le contenu des négociations. Parlons audimat, empreinte médiatique, force de persuasion, nom en forme de slogan : Jean-Luc Mélenchon a franchi le pas au fond des urnes, le 10 avril. Il est désormais « la » marque qui compte.

 

On parle de Mélenchon. On reprend ses bons mots, comme cette accusation lancée contre Emmanuel Macron de vouloir « vendre le pays à la découpe » au capitalisme mondialisé. On sourit, admiratif, de ses onze hologrammes qui, le 5 avril, transformèrent son meeting de Lille en grand-messe politique de la contestation nationale par image électronique interposée.

 

La suite ICI 

 

 

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2 mai 2022 1 02 /05 /mai /2022 06:00

3074788-4385599 | Breizh Journal

La Mothe-Achard - Carte postale ancienne et vue d'Hier et Aujourd'hui -  Geneanet

Combien de fois ai-je du décliner sur des paperasses inutiles cette origine géographique, je ne sais. Certains lecteurs rencontrés me parlent de l’évocation fréquente de mes racines dans mes chroniques. Certes j’ai raciné pendant mes vertes années dans la glaise du bas-bocage mais depuis je vis ailleurs sans me sentir déraciné. La Vendée c’est le premier bout de ma vie, mon élevage de sauvageon, mes premières expériences, tout ce à quoi je me réfère lorsque j’évoque mes origines. Pour autant je ne tire d’elles aucun sentiment identitaire. Toute l’idéologie récupératrice autour du conflit entre les Vendéens et la République me hérisse le poil. Pire ceux qui me qualifient de Chouan. Comme le rappelle Louis Chaigne « il est superflu de rappeler que les Vendéens ne sauraient être confondus avec les Chouans. Le Chouannerie est essentiellement bretonne et normande. » Quand à la Vendée contemporaine elle ne se réduit pas au Puy-du-Fou et je n’en dirai pas plus ici.

 

« Qui connaît la Vendée, cette rivière modeste, serpentant sur 82,5 km, avant de se fondre dans la Sèvre niortaise, fleuve tout aussi nonchalant, qui se jette dans l’Atlantique, en face de l’île de Ré ? C’est pourtant la Vendée qui donne un nom au département créé en 1790 et dont le chef-lieu est alors Fontenay-le-Comte. La petite histoire veut que les députés de l’Assemblée constituante aient d’abord pensé appeler le département Les Deux-Lays, du nom de deux autres rivières, avant de craindre que deux députés du lieu, particulièrement désavantagés par la nature, n’en prennent ombrage.

Vraie ou fausse, la petite histoire dit en tout cas la création ex nihilo du département et de sa désignation. Jusque-là, les habitants du diocèse de La Rochelle dépendaient du Poitou, commandé par la ville de Poitiers, ils étaient séparés au nord par une quasi-frontière avec la Bretagne qui s’étendait jusqu’à Clisson et Machecoul, et n’avaient guère de relations avec les habitants des Mauges, dépendant du Maine, commandé par Angers. Les trois provinces avaient des régimes d’imposition différents les unes des autres, la Bretagne notamment profitait de taxes particulièrement basses sur le sel, ce qui entraînait une contrebande importante sur ses limites.

Personne n’aurait imaginé que le mot « Vendéens » puisse désigner d’autres populations que ces bas-poitevins coincés entre Nantes et La Rochelle, désunis entre eux, puisque les bocains, du Haut Bocage, les maraîchins de la côte, et les Plainauds du sud, vivaient selon des modes différentes, qu’elles soient agricoles, vestimentaires et religieuses ! Impossible d’imaginer que « Vendéens » allaient pouvoir s’appliquer aux gars du Pays de Retz (les paydrets), au sud de Nantes, autour de Machecoul, aux tisserands et éleveurs du Choletais ou aux métayers du Bressuirais, qui dépendaient de provinces différentes, tournées vers Nantes, Cholet, Angers, Poitiers !

Pourtant c’est ce qui se produit à partir de 1783 et c’est l’objectif de ce livre de raconter comment une région s’est formée dans la guerre et comment une identité inattendue s’est forgée. Tout changea ave l’évènement inattendu de mars 1793 déclenchant « la guerre de Vendée » et ses conséquences dramatiques. Sans qu’elle n’eût jamais de limites précises, une « région » imaginaire devint un acteur essentiel de la vie politique nationale, avant de se transformer en « région-mémoire » façonnant ses habitants, les individualisant vis-à-vis de leurs voisins, les édifiant en modèles, adulés ou contestés, pour l’opinion mondiale, finissant par créer une société inédite et durable.

Toutes les guerres sont dramatiques, et la guerre de Vendée n’est pas différentes des autres, à ceci près qu’elle est la dernière grande guerre civile que la France a connue. Mais peut-être faudrait-il préciser les choses. Les Vendéens, les insurgés du sud Loire qui se battaient contre la Révolution, avaient-ils bien conscience d’être Français ou ne voulaient-ils pas d’abord conserver leurs identités provinciales, protégées par la royauté depuis des siècles ? La véritable guerre civile, elle aussi terrible, ne s’est-elle pas menée au sein du camp républicain, entre révolutionnaires de tendances distinctes ? Celle-ci aggravant, nourrissant celle-là. Le résultat est que cette guerre vieille de plus de 200 ans, qui a entraîné la mort d’à peu près 200 000 personnes, entre 1793 et 1796, continue de marquer les esprits, à susciter des passions, et reste, point pour moi le plus important, une guerre dont nous n’avons pas fait le deuil. »

Jean-Clément Martin professeur émérite de l’Université Paris 1. Il a dirigé l’Institut d’Histoire de la Révolution française et a consacré sa carrière à l’étude de la Révolution, de la Contre-Révolution et de la guerre de Vendée.

Les Vendéens  192 pages PUF

Les vendéens

LA VENDÉE : UN PASSÉ QUI NE PASSE PAS ? ENTRETIEN AVEC JEAN-CLÉMENT MARTIN

Si la mémoire de la Révolution française constitue encore aujourd’hui un sujet de polémiques, la “Guerre de Vendée” (1793-1796) en est certainement l’épisode le plus sulfureux. Simple guerre civile, opération de défense de la République contre les monarchies coalisées ou génocide qui préfigure les pires heures du XXème siècle ? Nous avons posé la question à Jean-Clément Martin, historien, professeur émérite à l’université Paris 1, chercheur au CNRS, membre de la société des études robespierristes et auteur de nombreux ouvrages sur cet épisode (La Vendée et la France, La Vendée de la mémoire…), qui a accordé cet entretien à LVSL.

LVSL – Comment expliquer cette permanence de la mémoire de la guerre de Vendée ? Les conflits politiques autour de la guerre de Vendée ont-ils été nombreux depuis l’instauration de la Troisième République ?

 

Jean-Clément Martin – La présence de la guerre de Vendée dans la mémoire collective est une particularité française qui garde toute son actualité en 2018, comme en témoigne la publication récente du livre de Patrick Buisson parmi tant d’autres ouvrages qui sont à relier avec l’activité importante de Philippe de Villiers autour du Puy-du-Fou. D’une certaine façon, il s’agit là de la suite de deux cents ans de polémiques et de commémorations, mais alors que le souvenir de la Révolution se fait moins présent qu’il ne l’était dans les siècles précédents, celui de la Vendée continue au contraire de manifester un dynamisme dans la foulée de ce qui a été créé dans les années 1980.

Une raison parfaitement objective peut expliquer cette situation. Le souvenir est lié à un événement tout à fait important, puisqu’il s’agit de la dernière guerre civile importante que le pays ait connue et qui a laissé derrière elle au bas mot 200 000 morts. Cependant, la vraie raison est ailleurs. Se règle en ce moment une réinterprétation de l’histoire de France qui modifie les perspectives si bien que la mémoire collective peine encore à l’intégrer correctement. Il ne doit pas y avoir le moindre malentendu sur ce point, la Vendée a été depuis 1793 jusqu’à aujourd’hui une question essentielle, marquant les différentes époques des deux siècles précédents. La naissance du Comité de salut public lui est due, elle est l’objet d’innombrables discussions au sein des assemblées, elle est au cœur du règlement de comptes qui se met en place après l’exécution de Robespierre, devenant l’exemple par excellence de « la Terreur », elle est par la suite l’objet de l’attention de Louis XVIII et de Charles X et la bête noire des républicains de la IIIe République qui entretiennent une guerre des monuments, des symboles et des publications particulièrement fructueuse. Nous vivons encore largement sur les legs érudits et artistiques que ce moment a suscités et dont nous continuons encore à débattre. Devant la prolifération des traces et la force de leurs rappels, il est pour le moins paradoxal comme l’écrit régulièrement Reynald Sécher de dire qu’il y eut mémoricide de la Vendée. Les chouans bretons, les contre-révolutionnaires basques, les partisans de la « terreur blanche » du Midi, ou même les « enragés » sans-culottes hostiles à Robespierre et aux meneurs de la sans-culotterie auraient largement de quoi se plaindre davantage de leur disparition de l’espace mémoriel national.

 

Il est possible toutefois de penser que la vraie question est ailleurs. D’une part, ce succès mémoriel est resté d’abord polémique, si bien qu’il a fallu attendre les années 1980 pour que les calculs des pertes humaines soient faits sérieusement, attestant que l’histoire de la Révolution a toujours du mal à intégrer dans le récit qui en est fait la Contre-Révolution. Voilà près de trente ans que je souhaite que le rôle exact de la Contre-Révolution dans sa grande diversité soit pris en compte pour éviter que l’on juge de la Révolution comme si ses seuls adversaires avaient été les émigrés aux frontières et surtout les factions internes au camp révolutionnaire – lui aussi d’une grande diversité. Or, d’autre part, cette incapacité à penser la Révolution de façon complexe s’est aggravée depuis le bicentenaire qui a focalisé l’attention sur les totalitarismes et leurs victimes.

 

“La Vendée a été considérée comme prémonitoire du Goulag et comparable à des génocides”

 

La Vendée a été considérée comme prémonitoire du Goulag et comparable à des génocides, avant que, depuis une quinzaine d’années, la « terreur » devenue un nom commun soit amalgamée avec les terrorismes de tout poil, dont, évidemment le terrorisme « islamiste ». Le fait que notre mémoire nationale ait continuellement réalimenté les conflits idéologiques qui avaient été liés à la guerre de Vendée depuis 1793 nous a rendus incapables de faire, ensemble, le deuil de l’événement. Tant que le souvenir de la Révolution mobilisait des groupes et organisait un champ de pensée l’équilibre pouvait encore se faire ; en ce XXIème siècle, le principe même de révolution a été tellement mis en doute qu’il ne reste que son challenger, la Contre-Révolution, illustrée par la Vendée, promue victime exemplaire.

 

LVSL – Dans quel contexte commence la guerre de Vendée ?

 

Jean-Clément Martin – Devant cette situation il me semble qu’il convient de revenir encore et encore à un exposé précis des faits avérés, sans a priori. Un point essentiel est de savoir qui a parlé de guerre de Vendée et à quel moment, alors que ce genre d’appellation n’a jamais été en usage pour évoquer les années d’affrontements qui eurent lieu dans la vallée du Rhône ou dans le Midi, pas plus que pour la quinzaine d’années de « chouannerie » bretonne. Or, comme je l’ai montré il y a maintenant trente ans, la « guerre de Vendée » est une expression qui naît à Paris, à la Convention, quand les Montagnards accusent les Girondins de ne pas avoir de politique assez rigoureuse contre les contre-révolutionnaires et contre les insurgés qui se sont levés dans un gros quart du pays à l’occasion de la levée des 300 000 hommes. Il n’est pas utile de retracer l’histoire qui suit, mais il l’est de relever que cette désignation suffit à transformer un épisode modeste, une défaite d’une troupe républicaine le 13 mars 1793 dans le département de la Vendée, en événement capital témoignant que l’équivalent de Coblence existe dans le pays et que cet autre ennemi public numéro 1 est la Vendée. Cette désignation conduit à y envoyer des contingents depuis toutes les provinces et à créer une armée incohérente et divisée autour d’opinions politiques incompatibles, ce qui provoque une succession d’échecs militaires rendus d’autant plus graves que chaque camp rejette sur les autres la responsabilité. Rapidement, cela entraîne une montée continue des violences, déjà à un haut niveau partout dans le pays, et mène à la prise du pouvoir par les groupes sans-culottes au sein du ministère de la Guerre, transformant la guerre de Vendée en machine de guerre contre les Conventionnels !

 

Non seulement il n’existe pas d’identité vendéenne avant la guerre de 1793 mais surtout les mesures qui ont été prises n’ont pas créé un groupe précis

 

Les batailles qui se déroulent dans l’automne 1793 sont d’une très grande violence et donnent la victoire aux armées dirigées par les sans-culottes, les armées vendéennes doivent quitter la région et aller de Cholet jusqu’à Granville pour essayer de joindre les armées anglaises. Leur échec est suivi d’un retour vers la Loire jalonné de combats très meurtriers et de massacres. La répression qui suit, notamment à Nantes, avec les fameuses noyades, ou à Angers, est effroyable et concerne des milliers de personnes. Pourtant, l’épuisement des troupes sans-culottes et la reprise en main par le Comité de salut public, via le gouvernement révolutionnaire, de la direction politique du pays contribue à changer le cours de la guerre, sauf sur un point, l’envoi sous la conduite du général Turreau de colonnes incendiaires, vite renommées infernales, dans toute la région. Ces colonnes commettent surtout dans les Mauges et le Haut Bocage vendéen des atrocités sur toutes les populations rencontrées, qu’elles soient blanches ou bleues. A partir de mars, la mutation politique repérée dès décembre à la Convention se traduit par la fin de ces opérations de dévastation au bénéfice d’une pratique guerrière plus traditionnelle. Mais ces exactions ont eu pour effet de relancer les bandes armées, autour de Charette et de Stofflet, qui continueront d’être actives et dangereuses jusqu’en 1795.

 

LVSL – Quelle politique a eu le Comité de salut public vis-à-vis de la Vendée ? Cette politique a-t-elle mené à un génocide comme le pensent certains auteurs comme Patrick Buisson dernièrement ?

 

Jean-Clément Martin – Non seulement il n’existe pas d’identité vendéenne avant la guerre de 1793 mais surtout les mesures qui ont été prises n’ont pas créé un groupe précis. Des lois ont été faites pour « exterminer les brigands de la Vendée », comme d’autres entendaient tuer d’autres « brigands » d’autres régions – héritage dans le droit de la culture de la violence venue de l’Ancien Régime. Aucune limite territoriale n’a été fixée pour délimiter un espace dans lequel la répression devait s’abattre. Il y eut même l’attribution de sommes conséquentes au profit des « réfugiés de la Vendée », au bas mot plus de 20 000 personnes, pour leur permettre de vivre hors de la guerre, et il y eut aussi la recension des Vendéens patriotes afin que leurs biens soient protégés de toute réquisition. Le cadre de la loi est évidemment fragile dans de pareilles circonstances : non seulement des femmes et des enfants jugés complices des « brigands » ont été mis à mort, mais les populations « civiles », y compris patriotes, ont été livrées dans un certain nombre d’endroits à la violence des soldats pillant, volant, violant et brûlant. Cependant même les tribunaux d’exception ont souvent respecté les termes de la loi et c’est au nom des lois que quelques officiers, responsables d’exaction, ont été poursuivis et exécutés. Le silence de la Convention, du Comité de salut public et de Robespierre sont assurément à juger, mais outre leur ignorance de la réalité régionale ils ont été pris dans des jeux d’alliances qui les ont conduits à l’évidence à laisser les sans-culottes mener ce genre d’opérations pour supprimer la menace vendéenne qui était très réelle et aussi pour les épuiser. Les violences de guerre, incontestablement d’une grande ampleur, ne relèvent pas d’une politique génocidaire, mais s’apparentent à d’autres luttes qui existèrent dans l’histoire du monde entre Etat et paysanneries, celles-ci traitées comme des rebelles par celui-ci. A cet égard, il n’y a pas d’exception vendéenne, des violences identiques ont été commises ailleurs (notamment en Italie dans les années 1797-1815). Dit autrement, il y eut indiscutablement de nombreux crimes de guerre mais ni génocide ni populicide, terme inventé en 1794 dans un contexte de luttes politiques et remis au goût du jour au moment du bicentenaire.

 

Propos recueillis par Gauthier Boucly.

 

 

Jean-Clément Martin : à propos du « génocide vendéen ». - La Révolution  Française à Nogent le Rotrou

SUR LA GUERRE DE VENDÉE ET LE « CONCEPT DE GÉNOCIDE » ICIUNE MISE AU POINT HISTORIQUE

 mercredi 7 mars 2018 

Guerre de Vendée : "Il n'est pas possible de parler de 'génocide'"

A propos du "génocide vendéen". Du recours à la légitimité de l'historien ICI

[article]

Jean-Clément Martin

Sociétés Contemporaines  Année 2000  39  pp. 23-38

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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 06:00

Tous à poil !» le vin nu gagne du terrain, un amoureux témoigne ! - Le blog  de JACQUES BERTHOMEAU

Afin de complaire au sieur Pax qui geins lorsque le dimanche je torche une chronique du genre : « les derniers socialos, depuis leur cabine téléphonique, viennent de jeter Delors à la poubelle en se jetant dans les bras assassins de Mélenchon... » aujourd’hui je fais dans le radis.

 

Mais n’importe quel radis, le radis chinois « moins piquant, plus floral que son cousin d’été, cette variété de saison renferme un surprenant cœur marbré rose et blanc. »

 

Ça devrait plaire aussi à Pierre, esthète culinaire qui, et c’est son droit abhorre et conchie le docteur Destouches.

 

Tout ça grâce à nos amis suisses.

 

Emilie Veillon

 

Publié jeudi 28 avril 2022 ICI   et ICI 

 

« Très peu calorique, cette variété originaire d’Asie est riche en eau, en fibres et en minéraux (calcium, potassium, etc.). Délicieux cru, râpé ou tranché, il se révèle aussi intéressant cuit à la vapeur ou au wok. »

 

 « Je l’avais découvert lors d’un voyage en Chine il y a trente ans, explique Carlo Crisci. Le fait que la famille Hesse se mette à le cultiver a été une véritable aubaine. Il est toujours resté présent dans ma cuisine depuis. »

 

Ce qui a convaincu l’ancien chef du Cerf à Cossonay, c’est sa saveur moins piquante, moins forte que le radis rouge, plus goûtue et florale, avec une légère note de coriandre, entre le navet et le radis.

« Quelque chose d’élégant tant au niveau de la couleur que des impressions en bouche. Au départ, on en a mis un peu partout, parce que c’était nouveau et fun : sauté, en garniture de crustacés, ou en brunoise dans le tartare de bœuf », s’enthousiasme-t-il.

 

Sans chichi - 70 couleurs de légumes

 

Dans son dernier livre Sans chichi, il l’a mis en majesté sous la forme d’un carpaccio au sel, vin doux et éclats de Bleu de Saint-Gall. « Le côté floral et croquant du radis fonctionne bien avec la force du fromage à pâte persillé et le vin rouge doux. C’est un plat vivant, qui ressemble beaucoup à un carpaccio de viande. »

 

Carpaccio de radis chinois au sel, au vin doux et aux éclats de Bleu de Saint-Gall

 

Pour 4 personnes

 

•      2 radis chinois

•      fleur de sel

•      2 dl de La Grive 2018, Féchy ou autre vin rouge doux Suisse

•      1 cs d’huile d’olive

•      huile de noisette

•      poivre noir du moulin

•      100 g de Jersey Bleu de Saint-Gall

 

Jersey blue – Taka&Vermo

 

1.     Lavez et brossez les radis noirs.

2.    Coupez de fines rondelles à l’aide d’une mandoline.

3.    Salez-les avec de la fleur de sel. Couvrez et laissez tirer.

4.    Faites réduire le vin muté de moitié dans une petite casserole.

5.    Ajoutez 1 cuillère à soupe d’huile d’olive et quelques gouttes d’huile de noisette. Assaisonnez de fleur de sel et de poivre noir du moulin.

6.    Rincez et essuyez les tranches de radis. Disposez-les dans quatre assiettes et nappez du vin doux réduit, ainsi que de quelques éclats de Jersey Bleu.

Jersey blue – Taka&Vermo

Voici le fromage du jour, Le Jersey Bleu. Produit par un singulier personnage, Willi Schmid, installé à Lichtensteig dans le canton de Saint-Gall au coeur du Toggenburg. Très créatif, perfectionniste, les paysans qui lui apporte le lait prétendent qu’il est capable de savoir si les vaches ont changé de prairie juste en goûtant le lait. C’est en effet comme ça que, chaque matin, il choisit quel fromage il va produire en fonction des caractéristiques du lait du jour. La suite ICI 

La Colombe Réserve Rouge | Vivino

Colombe Rouge, Domaine La Colombe, 2019, Féchy

 

Cultivés en biodynamie les vignobles de Raymond, Violaine et Laura Paccot débouchent sur une belle gamme de «vins d’émotion» comme aime à le dire l’équipe familiale. Pour accompagner les saveurs du plat, le vigneron conseille la Colombe Rouge. Cet assemblage de merlot, gamaret et syrah, élevé en fût de chêne, a la puissance qu’il faut pour répondre au Jersey Bleu de Saint-Gall. Ses arômes poivrés et ensoleillés viennent porter la fraîcheur et la sucrosité du carpaccio de radis nappé de vin doux.

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