Ne pas confondre comme je l’ai longtemps fait Henri Jeanson le dialoguiste avec Francis Jeanson, figure de proue des "porteurs de valises" du FLN ICI
Collaboration « chaude » ou collaboration « froide » ? Le cas d'Henri Jeanson (1938-1947)
Laurent Martin dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire 2005/2 (no 86), pages 91 à 106
Réévaluer la place exacte que Henri Jeanson, journaliste et homme de cinéma, tint sous l’Occupation : tel est le défi relevé ici. L’itinéraire de cet intellectuel pacifiste et anticonformiste est passé au crible afin de cerner son degré de compromission avec le régime de Vichy et avec l’ennemi. Plus largement, c’est à une réflexion sur le sens de la collaboration, entre collaborationnisme acharné et petits accommodements, qu’est convié le lecteur de l’article.
Voilà déjà quelques mois, un ouvrage dirigé par Marc Olivier Baruch faisait le point sur l’état de la recherche historique en matière de collaboration et d’épuration dans la France des années 1940 ; recueil d’études passionnantes et neuves, il passe en revue divers professions et milieux en s’efforçant d’en replacer le comportement collectif – et, parfois, les écarts individuels à la moyenne – dans le contexte national.
Une poignée de misérables.…. Les lacunes, selon cette logique même, étaient inévitables ; en particulier, les spécialistes de l’histoire de la presse ont pu regretter l’absence d’articles concernant ce champ de recherche, un champ il est vrai déjà largement défriché dans les années qui ont précédé la parution de cet ouvrage.
« L’épuration…. Nous voudrions ici apporter notre contribution à cette entreprise collective en examinant le cas d’un homme de presse et de cinéma, dont le parcours singulier à la fois reflète et s’écarte du destin de la communauté nationale : Henri Jeanson. Sur cet intellectuel pacifiste et anticonformiste, né en 1900 et mort en 1970, nous disposons d’assez peu d’études, hormis celle, savante mais qui tient davantage de la recension des sources disponibles que d’une biographie raisonnée, de Christophe Moussé la découverte et à l’exploitation des archives Jeanson, nous sommes en mesure de renouveler substantiellement ce travail qui reste cependant très précieux
La suite ICI
Aujourd’hui c’est « Entrée des Artistes » (1938)
Pourquoi ce film ?
Ciné papy a envoyé plus de cinquante-deux fiches à son metteur en images préféré. À raison d’une par semaine cela va donc faire un peu plus d’un an que ce vieux graphomane s’est mis à la tâche.
Un an déjà ! Il y a donc, semble-t-il, un anniversaire à fêter.
Au commencement (in illo tempore…) dans sa fraiche naïveté Ciné papy a présenté des films chers à son cœur dont deux très grands films « La Rose et la flèche » 1976 et « Un homme pour l’éternité » 1966 qui fut qualifié de chef d’œuvre tout comme « Quai des Orfèvres » 1947.
Tout au long de ses fiches Ciné papy s’est attaché à montrer sa passion pour les acteurs. Aujourd’hui, pour marquer cette année de production nous passons à la catégorie chef d’œuvre hors compétition avec un des plus grands acteurs français, déjà croisé dans « Quai des Orfèvres », Mesdames Messieurs voici, sous vos applaudissements : Monsieur Louis Jouvet
Quelle est l’histoire ?
François, Cœcilia et Isabelle sont élèves de la classe d'art dramatique du conservatoire que dirige le professeur Lambertin. François est amoureux d'Isabelle qui l'aime également, mais il est poursuivi par Cœcilia, son ancienne maîtresse. C’est une nouvelle illustration de la pièce de Musset dont le titre est devenu adage « On ne badine pas avec l’amour ». S’y mêle également une mince affaire policière qui permet de maintenir l’intérêt du spectateur et de trouver une fin à ce qui apparaît parfois comme un marivaudage.
Réalisation
Marc Allégret
68 films en 43 ans de carrière ! Ce cinéaste prolifique a été un réel découvreur de talents. Fernandel, Raimu, Jean-Louis Barrault, Joséphine Baker ont débuté au cinéma dans un film de Marc Allégret. Il est le premier à avoir confié des rôles importants à Simone Simon et à Michèle Morgan, qu'il a révélées. Il a fait jouer dans ses films des acteurs alors en devenir, tels que Bernard Blier, Louis Jourdan, Danièle Delorme, Gérard Philipe, Daniel Gélin, Brigitte Bardot, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Patrick Dewaere ou encore Johnny Hallyday. Roger Vadim a été son assistant.
Il a également fait tourner Micheline Presle, Odette Joyeux et Fernandel Il dirige notamment Jeanne Moreau avec Jean Marais, Danielle Darrieux, mais aussi Annie Girardot et Robert Lamoureux mais encore Bourvil et Catherine Deneuve. Cette longue liste illustre son importance dans le paysage cinématographique français de cette époque qui s’acheva avec « La nouvelle vague » de Truffaut poursuivant « La qualité française » de sa vindicte.
à la ville Marc Allégret est le frère aîné du cinéaste Yves Allégret et l'oncle de Catherine Allégret, la fille de Simone Signoret et d'Yves Allégret. * C’est dire son milieu naturel. * On sait tous le couple quelle formait avec Yves Montand qu’elle appelait « Montand » pour bien savoir, de qui on parlait.
Qui fait quoi ?
Claude Dauphin : François Polti
C’est un de ses premiers rôles. Bilingue il eut une activité non négligeable au sein des forces de la France Libre. Acteur doué donnant l’impression de jouer avec une facilité déconcertante il sut conquérir l’Amérique grâce à ce bilinguisme. Il va ainsi tourner pour Joseph L.Mankiewicz, Peter Ustinov, John Frankenheimer, Otto Preminger, Roman Polanski ou Stanley Donen. Sa carrière française n’en fut pas oubliée pour autant. Un de ses rôles les plus célèbres est le maquereau de Casque d'or de Jacques Becker aux côtés Simone Signoret. Il joue également la même année dans le classique Le Plaisir de Max Ophuls.
Janine Darcey : Isabelle Didier
« Entrée des artistes » est pratiquement son premier film avec un rôle de premier plan. Jusqu’à cette date elle tenait des petits rôles de figuration. Une carrière discrète avec un palmarès cependant de 60 films
Odette Joyeux : Cœcilia Prieur
Actrice de cinéma, comédienne de théâtre elle débute avec Louis Jouvet dans « Intermezzo » Elle écrit abondamment notamment des romans et un roman en forme de biographie : « Entrée d'une artiste » aux Éditions Payot couronné par l’Académie française. Wikipédia mentionne qu’une rose porte son nom la variété « Odette Joyeux »
Louis Jouvet : Lambertin, professeur au Conservatoire
En roue libre ! Tout le monde s’accorde à penser qu’il tient là son propre rôle de professeur de théâtre du Conservatoire et qui est presque un reportage sur l'art de Jouvet. Alors silence on savoure les cours du Maître !
André Brunot : M. Grenaison, l'oncle d'Isabelle
Je ne connais pas particulièrement cet acteur. Il mérite cependant de retenir notre attention tant il est remarquable dans les scènes qui l’oppose à Jouvet. Avoir autant de présence juste, sans emphase, il faut le faire. Bravo l’artiste « Soyez léger, vous serez lourd »
Julien Carette : Lurette
Il a joué dans plus d'une centaine de films qu'il a marqués par sa forte personnalité et son accent parisien. C’est idéalement un « second rôle » essentiel
Je me souviens de lui dans les films de Jean Renoir. Il est un titi parisien dans « La Grande Illusion »1937, un volontaire dans « La Marseillaise », 1938 Pecqueux, le chauffeur du mécanicien Lantier dans « La Bête humaine » 1938, et surtout Marceau, le braconnier magnifique, qui se joue du garde-chasse Schumacher, dans « La Règle du jeu » 1939. Il devient aussi un acteur fétiche pour il devient le comédien fétiche de Claude Autant-Lara. On se souvient bien sûr de « L'Auberge rouge » 1951, aux côtés de Fernandel et Françoise Rosay, il campe avec conviction l'inquiétant patron assassin de l'auberge de Peyrebeille.
Marcel Dalio : Le juge d’instruction
Un Sale Juif ! * Ses origines vont lui ouvrir, puisqu’il est contraint de s’exiler les portes d’Hollywood. Il est à présent inscrit, pour l’éternité au génériques de film devenus cultes. Ainsi « Casablanca » 1942 de Michael Curtiz avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman. Marcel Dalio y joue Émile, un croupier mais aussi « Le Port de l'angoisse » 1944 d'Howard Hawks, ou encore « Les Neiges du Kilimandjaro » 1952 d’Henry King ou « Les hommes préfèrent les blondes » 1953 d’Howard Hawks. Tout cela ne l’a pas empêché de jouer pour Jean Renoir les chefs d’œuvres que sont « La Grande Illusion » 1937 et « La Règle du jeu » 1939.
Ici, il campe un juge d’instruction avec des inventions qui en font un grand numéro d’acteur.
* Sa carrière française prometteuse est cependant interrompue lorsque l’Allemagne envahit la Pologne le 1er septembre 1939. D’origine juive, Marcel Dalio s’enfuit avec sa femme. Après moult péripéties ils gagnent Montréal. Pendant ce temps, l’Allemagne a envahi la France où s'est installé le gouvernement de Vichy La propagande antisémite tire de quelques photos publicitaires de Dalio une série d’affiches où il fait figure de « Juif typique ». Réalisé en 1938, le film « Entrée des artistes » ressort sur les écrans, en juillet 1944, après que l'on a pris soin de retourner avec un acteur non-juif, Alfred Pasquali, toutes les scènes où Dalio apparaissait, tout en gardant sa voix sur la bande-son. Bêtise que de crime on commet en ton nom !
Roger Blin : Dominique
Bernard Blier : Pescani
Ciné papy va finir par détester cet acteur au 200 films. Marre de le rencontrer à chaque coin d’un générique des attachants films auquel il a participé. Fidèles lecteurs à vos fiches si vous voulez en savoir un tout petit peu plus.
André Roussin : Giflard
Oui, oui, c’est bien Le Célèbre André Roussin de l’Académie Française. Il est surtout auteur de pièce de théâtre à succès aussi bien comique que polémique. Il est plein de fantaisie et de drôlerie. Il est joué dans le monde entier
Michel Vitold : Gabriel
Acteur de cinéma et de théâtre ou il est parfois metteurs en scène. Sa carrière s’étend des années trente à quatre-vingt-dix. Il participa à la première aventure du Festival d’Avignon. Après avoir échoué deux fois au Conservatoire mais passionné par le théâtre, il fut un temps, pensionnaire de la Comédie Française.
Noël Roquevert : Pignolet, un vigile
Déjà rencontrée cette « gueule » typique avec sa moustache. On le retrouve toujours avec plaisir . Voir aussi la fiche sur « Marie Octobre » 1959
Dora Doll : Elève du conservatoire
Elle est la première épouse de l'acteur Raymond Pellegrin, avec qui elle se marie en 1949, ils ont une fille Danielle, l'année suivante. Ils divorcent en 1954, année où elle commence une liaison avec Jean Gabin qui dure deux ans. La rumeur lui prête également une relation avec Marlon Brando. Elle se marie ensuite avec François Deguelt
Voilà pour Dora Doll « à la ville »
On l’a déjà rencontré dans « Le quai des Orfèvres » 1947 dont la fiche, sauf erreur ne mentionne pas qu’elle a tourné dans près de 170 films dont quelques-uns aux Etats Unis. N’oublions pas que c’est Louis Jouvet qui lui mit le pied à l’étrier.
Monique Mélinand : Une élève du conservatoire
Même chose que ci-dessus. Elle fut l’élève de Louis Jouvet puis à la défection de Madeleine Ozeray, elle la remplace dans ses rôles et dans le cœur de Jouvet. Elle a fait surtout une grande carrière au théâtre.
Roland Piétri : un élève du Conservatoire
Essentiellement acteur et metteur en scène de théâtre il n’a que deux films à son actif Il compte parmi le monde du théâtre pour avoir été le metteur en scène de Jean Anouilh
Sans oublier le dialoguiste Henri Jeanson qui est également le scénario avec André Cayatte.
Il fit parler les acteurs dans près de quatre-vingt-cinq films dont il fut parfois également le scénariste. Il se démarque d’un autre dialoguiste célèbre, Michel Audiard, car Jeanson adapte ses répliques aux personnages et aux situations. Ils restent pourtant, chacun dans leurs genres, auteurs de répliques cultes dans « Les tontons flingueurs » pour l’un et « Atmosphère… atmosphère… est ce que j’ai une gueule d’atmosphère dit par Arletty dans « Hôtel du Nord » 1938 ou « Moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est étrange. - Je vous assure mon cher cousin que vous avez dit bizarre bizarre. - J’ai dit bizarre ? comme c’est bizarre » Dialogue entre Louis Jouvet et Michel Simon dans « Drôle de Drame » 1937
Dialoguiste préféré de Louis Jouvet ils étaient aussi de grands amis.
Voir aussi la fiche sur « Marie Octobre » 1959
N’oublions pas non plus les décors Alexandre Trauner et Jacques Krauss.
En cette fin de fiche, l’épuisement et la flemme aidant, j’m’en va faire un thé et vous laisse avec Wikipédia.
Bons Moments
Les scènes d’enseignement au Conservatoire
La scène dans la blanchisserie. Venu défendre la cause d’une de ses élèves particulièrement douée mais contrariée par un oncle et une tante blanchisseur, Jouvet croit l’affaire entendue alors qu’il s’est laissé emporté par ses souvenirs et a tout gâché.
La scène où il quitte la blanchisserie en dévisageant chacune des jeunes blanchisseuses et leurs attribut un emploi au théâtre : « Coquette…amoureuse…soubrette…intrigante… » et une chute dont, pour l’instant, je en me souviens pas.
Quelques belles tirades.
Jouvet quittant « La boutique »
« Laver le linge des autre, en famille ! pouah, comment peut-on être blanchisseur ? »
Jouvet terminant le récit de sa visite chez les blanchisseurs seule famille d’Isabelle « Voilà à peu près ce que j’aurai du dire à mes parents quand j’avais dix-sept ans mais je n’au plus dix-sept ans parce que vous avez dix-sept ans et des dix-sept ans, il n’y en à pas pour tout le monde.»
« Soyez léger vous serez lourd » conseil aux élèves qui en font trop
« Quand le rideau se lève votre vie commence » faites qu’elle continue quand il se baisse »
Pax
Prochainement « Volpone »