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21 avril 2022 4 21 /04 /avril /2022 06:00

 

8 décembre 2018

C’est au milieu d’un océan de vignes roussies par l’automne que l’on retrouve Jean-Louis Trintignant, sur son domaine viticole Rouge Garance, entre Avignon et Uzès. ICI 

 

- Question : « Vous habitez depuis plus de trente ans près d’Uzès. Provincial, c’est vital ? »

 

 « Dans la famille, personne avant moi n’était monté jusqu’à Paris. C’était loin Paris ! J’y ai vécu vingt-cinq ans. Et puis je suis revenu dans ma campagne, où j’ai grandi et où je me sens beaucoup mieux. Petit-fils et fils de vigneron, je produis, moi aussi, du vin. Je m’y suis mis tard mais je suis content. Je bois toujours du vin. Je suis même un peu « alcoolo » ! Le vin ça m’a aidé à vaincre ma timidité, ça m’a désinhibé dans ma jeunesse. L’ivresse est souvent meilleure que la lucidité. En tout cas je me sentais davantage moi-même quand j’étais ivre… J’ai connu, aussi, les stupéfiants, pendant une dizaine d’années. Lorsque j’ai découvert cela, ce fut comme une religion. Je fumais du haschich et j’ai été jusqu’aux drogues dures, qui m’ont fait du bien, puis beaucoup de mal, à la fin. Mais je ne regrette pas toutes ces expériences.

 

Jean-Louis Trintignant a créé avec un couple de viticulteurs le domaine de Garance Rouge à Uzès (Gard).

Jean-Louis Trintignant a créé avec un couple de viticulteurs le domaine de Garance Rouge à Uzès (Gard). 

 

Jean-Louis Trintignant : « Le vin et la poésie sont toujours liés ICI » 

Quand il ne monte pas sur les planches, l’infatigable comédien est dans ses vignes du Gard, un domaine viticole que travaille et fait progresser un couple d’amis.

Propos recueillis par Laure Gasparotto

Publié le 27 février 2017

Été Violent – Ad Vitam

Aujourd’hui c’est « Été Violent » (2000)

 

Pourquoi ce film ?    

 

Pour répondre à la demande générale souhaitant que soit évoqué le cinéma italien et plus particulièrement du lad qui regrette qu’il n’y ai « jamais rien sur le cinéma italien qui volait quand même à des kilomètres au-dessus des bourrins (certes talentueux) anglo-saxons ? »

 

Mais pour qui prend-on ce pôvre Ciné papy ?

 

Qui est-il pour s’attaquer à des chefs d’œuvre comme « la Dolce Vita » 1960 ou « Huit et demi » 1963  et pourquoi pas « Citizen Kane »* 1941 pendant que vous y êtes ?

 

M’enfin, allons y. Une fois encore Ciné papy va livrer un autre secret tiré des films chers à son cœur.

 

* Qualifié de meilleur film de toute l’histoire du cinéma par une flopée de critiques, académies et autres, faisant profession d’amateurs éclairés de cinéma. (Par exemple, élu « Meilleur film de tous les temps » en 2002 par 108 réalisateurs et 144 critiques internationaux consultés par la revue britannique Sight and Sound du British Film Institute.)

 

 

Quelle est l’histoire ?

 

En Italie, plus précisément en Émilie Romagne, dans la ville côtière de Riccione, durant l'été 1943. Sans se préoccuper de la Seconde Guerre mondiale qui a épargné l'endroit jusqu'alors, des jeunes gens mènent une vie insouciante. Carlo, l'un d'eux, se lie d'amitié avec une jeune veuve de guerre, Roberta étroitement surveillée par sa belle-mère. Bientôt, la relation de Carla est de Roberta évolue vers une folle passion...

 

Réalisation

 

Valerio Zurlini est un scénariste et réalisateur italien d’une rare sensibilité. Elle lui permet, comme dans « Été violent » de peindre les émotions amoureuses et le désarroi existentiel qui accablent ceux qui prennent conscience de l’agitation incompréhensible du monde auxquels ils appartiennent.

 

Son œuvre la plus forte nous dit Wikipédia est peut-être la fidèle adaptation, écrite par André-Georges Brunelin, du roman de Dino Buzzati, « Le Désert des Tartares », en 1976, dans les décors remarquables de la citadelle de Bam (Iran) et avec une distribution internationale prestigieuse : Vittorio Gassman, Giuliano Gemma, Philippe Noiret, Jacques Perrin, Laurent Terzieff, Fernando Rey, Jean-Louis Trintignant, Max von Sydow, Helmut Griem, Francisco Rabal et, pour la musique, Ennio Morricone.

 

Quelques autre films connurent un succès critique et public tel « La Fille à la valise »1960, avec Claudia Cardinale et Jacques Perrin, et qui mériterait bien aussi que Cinépapy établisse un jour une fiche ou « Le Professeur » 1972 avec Alain Delon, Sonia Petrovna et Léa Massari.

 

ELEONORA ROSSI DRAGO Jean-Louis Trintignant "Un Ete Violent" Zurlini Photo  Cm EUR 17,00 - PicClick FR

Qui fait quoi ?

 

Eleonora Rossi Drago :                         Roberta Parmesan

 

Ciné papy est sans voix et sans voie pour parler de cette actrice. Les termes éculés du genre « superbe créature » n’ont rien à faire ici.

En outre, il n’a ni le talent ni la plume de Frédéric Schiffter *pour vous en parler. Ce philosophe a commis un petit traité avec comme sujet Claudia Cardinale **. C’est en amateur éclairé qu’il en parle. Il est en effet l’auteur d’un opuscule « La Beauté, une éducation esthétique » 2012 dans lequel il prend soin d’expliquer la différence entre une jolie jeune fille et la beauté qui n’appartient qu’aux femmes. Dans cet ouvrage il résume cela par une magistrale et si évocatrice maxime : « La beauté vient aux femmes en automne ».

 

Taisons-nous donc au lieu d’aligner des banalités. Vous n’en saurez pas plus d’Eleonora Rossi Drago sauf à aller sur Wikipédia.

 

Pour ma part je reste sous le charme, ravi, au sens propre du terme ravissement.

 

* Ce n’est pas la première fois que Ciné papy cite ce philosophe véritable dandy de la pensée. Une fois encore on ne peut que recommander de chercher à la fréquenter tans ses réflexions sont originales sans être inutilement provocatrices.

 

Le mot philosophe ne doit inquiéter personne. Ses ouvrages sont minces. Dans son blog du 7 mars il écrivait : « Si j’étais un législateur tout-puissant, je me contenterais d’édicter cette loi très simple: “La publication des livres ayant plus de cent pages est interdite.”». Il serait déraisonnable de ne pas approuver Henri Roorda. À cette loi, j’ajouterais un assortiment de peines en cas de contraventions — de lourdes amendes que devraient se partager auteurs et éditeurs. Seuls les dictionnaires garderaient toute liberté de dépasser mille pages, et encore, à condition de ne pas servir de poubelles aux mots qui traînent partout dans le journalisme, les entreprises, les vestiaires. »

 

** En 1958 à la grande époque de la Dolce Vita, dans un appartement modeste baigné de soleil, Claudia Cardinale tout juste 20 ans pose pour un de ces paparazzi d'agences spécialisées dans les magazines populaires dont on ne saura rien si ce n'est le talent qu'il mit à installer cette complicité, ce flirt photographique. Il s'agit d'instants magiques arrachés au quotidien dans un tourbillon joyeux où éclate toute la fraîcheur, la spontanéité, la sensualité et le talent de Claudia à peine arrivée en Italie après avoir gagné le titre de la plus belle Italienne de Tunis et alors qu'elle s'était mise en tête de ne pas faire de cinéma en manifestant son intérêt pour devenir institutrice.

 

Nous découvrons aujourd'hui cette série avec gourmandise tant Claudia y apparaît radieuse, espiègle et profondément humaine avant qu'elle ne devienne la star que nous connaissons.

 

Cette séance photo sera complétée par une série de photos prises la même année à Venise, à l'hôtel Cipriani.

 

En écho des photographies, le philosophe Frédéric Schiffter propose un petit traité de la starlette dans lequel il évoque de façon personnelle sa passion pour elles et l'audace dont elles firent preuve à leur époque.

 

L'ESTATE VIOLENTA - Festival de Cannes

 

Jean-Louis Trintignant :                      Carlo Caremoli

 

Quelle vie que celle de cet acteur protéiforme. Passant de la gloire « Et Dieu… créa la femme » 1956 de Roger Vadim à l’ombre pour revenir à la lumière « Un homme et une femme » 1966 de Claude Lelouch sans rien laisser paraître de ce que cela pouvait représenter pour lui.

 

Il rencontra à nouveau le succès avec des films d’auteurs, des films politiques mais aussi en jouant au théâtre. Il a beaucoup tourné en Italie avec les plus grands réalisateurs tel Dino Risi dans « Le Fanfaron » 1962 avec Vittorio Gassman et ce que lui-même considère comme son plus beau rôle « Le Conformiste », 1970 un film de Bernardo Bertolucci adaptant un roman de Alberto Moravia et considéré aujourd'hui comme un des meilleurs films du cinéaste.

 

Passionné de sport automobile de part un environnement familial il fit de la course automobile à une époque où cela voulait encore dire quelque chose comme aventure humaine.

 

En ajoutant qu’il est propriétaire exploitant un vignoble dans l’AOC Châteauneuf du Pape on aura presque tout dit de ce touche-à-tout des plus talentueux. Une vie extrêmement bien remplie avec les joies des succès et les peines comme seules vous en réserve les affaires de cœur et surtout la mort de ses filles Pauline et plus tard Marie.

 

Jacqueline Sassard :                               Rossana

 

16 films pour cette actrice française qui a beaucoup tourné en Italie ou elle passa une grande partie de son existence, notamment mariée à Gianni Lancia fils du fondateur de la marque automobile Vincenzo Lancia. Sa carrière n’a duré que treize ans et seul les 4 autres films suivants contribuent à maintenir sa mémoire : « Guendalina » 1957 d’Alberto Lattuada, « Faibles Femmes » 1959 de Michel Boisrond, le si britannique « Accident » 1967 de Joseph Losey dont il faudra bien que Cinépapy établisse un jour une fiche et enfin « Les Biches » 1968 de Claude Chabrol, son dernier rôle *. Elle enflammait mes séances d’adolescent adepte de la classe buissonnière. Ses rôles qui collaient parfaitement à son physique étaient celui d’une jeune femme qui perturbait l’ordre établi, du simple fait d’être là, en ne faisant rien de particulier pour ça.

 

* Dont une affiche ornait tout un pan de mur du Lapin Blanc à Ménilmontant établissement dont le Taulier, un temps, nous donnait des nouvelles par blog interposé.

 

Enrico Maria Salerno :                          Ettore Caremoli, le père de Carlo

 

Grand acteur de théâtre au même titre que Vittorio Gassman il a joué les plus grands auteurs : interprétant les œuvres de : Shakespeare, Pirandello, Vittorio Alfieri, Eduardo De Filippo, George Bernard Shaw, Molière, Carlo Goldoni et Jean Cocteau.

 

Au cinéma il fut un acteur spécialisé dans des rôles de policier dans des drames et le cinéma de l’engagement politique. « Été violent » a été son premier film.

 

Raf Mattioli :                                       Giorgio

 

Jeune acteur italien plein de promesse comme on dit mais mort à vingt-trois ans.

 

Il tourna, entre autre : « La loi » 1959 de Jules Dassin et il écrit le scénario de « Guendalina » 1957d’ Alberto Lattuada sur un scénario de Zurlini

 

 

Bons Moments

 

Il n’y a pas réellement de bons moments. On se laisse porter par la grâce de cette relation unique, hors du temps de deux êtres surpris par l’amour et on appréciera le talent tout particulier de Zurlini déjà évoqué plus haut : « Valerio Zurlini peint avec sensibilité l'effusion amoureuse et le désespoir existentiel d'être conscients des difficultés sociologico-politiques dans lesquelles ils évoluent. La force de Zurlini est de communiquer aux paysages et à l'espace le malaise intérieur de ses protagonistes. »

 

Cette qualité est éclatante quand on compare les douces images du début toutes concentrées sur les deux amants et celles de la fin les exposant au fracas des armes et de la guerre.

 

 

Pax

 

Prochainement « La vie de Château »

 

 

 

 

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20 avril 2022 3 20 /04 /avril /2022 06:00

 

Ce matin je m’aventure dans des « sables émouvants » (Love On The Beat Gainsbourg)  en posant la question : nous dirigeons-nous, sous les rets des défenseurs de la Santé Publique au nom du « bien-être » vers une société où le « bien manger » sera remplacé par une bouffe aseptisée soucieuse de nos artères et du budget de la sécurité sociale ?

 

Paradoxalement, le règne de la malbouffe porteur de nouveaux malheurs : listéria, escherichia coli, salmonellose, pizza Buitoni (Nestlé), Kinder de Ferrero, fromages de la GD produits par Lactalis... et bien sûr  du développement de l’obésité chez les plus pauvres, loin, en réaction, de susciter chez les gardiens de la Santé Publique, une promotion d’une alimentation plus naturelle, moins élaborée dans des usines, pousse à l’érection de barrières factices pour soi-disant protéger les consommateurs.

 

Sens interdits - Chantal Pelletier - Gallimard - Grand format - Librairie  Gallimard PARISLes Bouffeurs anonymes - Aline, Marie - Livres - Amazon.fr

Deux livres m’ont conduit à poser cette question ?

 

  • Les bouffeurs anonymes de Marie Aline (1)

 

  • Sens Interdits de Chantal Pelletier (2)

 

(1) Toma se rêvait détective privé. Il est devenu critique gastronomique. Dans un Paris vivant au rythme d’un État autocratique qui a poussé le culte du bien-être à son paroxysme, il cherche à exister. Sa fonction : dicter à ses semblables ce qu’ils sont censés manger. Et, s’il ne s’interdit pas quelques écarts, ce triste sire exécute avec zèle les desiderata du journal pour lequel il œuvre dans l’ombre d’un chef méprisant. Mais un soir, lors de sa promenade rituelle, une lueur attire son attention. Derrière la grille d’un snack du quartier, une réunion s’est organisée. Ils sont là, candidats à la honte, rassemblés autour d’un seul homme. Leur secret : une addiction féroce à la nourriture. Tel un Kessel des temps nouveaux, Toma va intégrer clandestinement ce petit cercle et trouver de quoi écrire le reportage de sa vie. En plus d’une source inépuisable d’inspiration, il découvrira, en auscultant ces repentis, sa véritable nature. Mêlant anthropologie et roman d’apprentissage, cette première œuvre dérangeante et facétieuse questionne notre part de sauvagerie et se révèle d’une incroyable acuité quand il s’agit de faire exploser carcans et tabous.

 

CITATION

 

« L’élément le plus polluant pout la planète était l’être humain. Il fallait réduire les naissances pour des raisons évidentes de protection de l’environnement et profiter des pandémies pour faire le ménage parmi les vivants. »

 

(2) 2046 en Provence.

Nous sommes en 2046, et la situation s’est aggravée. Les libertés ont fondu comme peau de chagrin au nom de la sécurité sanitaire. Le permis de table est plus que jamais d’actualité, les stages de récupération de points se sont multipliés pour les délinquants menacés de « devoirs d’intérêt général », voire de « centres de redressement ». Drones, caméras de surveillance, reconnaissance faciale, et au télé coaching punitif, fleurissent à tous les étages.

 

Des attentats alimentaires, quelques mois plus tôt, ont tué plusieurs fois en France, tandis que la faim taraude les plus démunis et que des milices veillent sur les ambitions économiques des investisseurs chinois. Dans ce monde affolant, les policiers alimentaires Anna Janvier et Ferdinand Pierraud doivent enquêter sur le meurtre d’une femme retrouvée ligotée nue à une chaise devant un festin à l’ancienne, gavée à mort. Ils ne se doutent ni l’un ni l’autre des répercussions que cette enquête va avoir sur leur vie et sur celle de leurs proches...

 

CITATION :

 

Cette MAISON DE REDRESSEMENT ALIMENTAIRE, j’ai regardé, c’est curetons et compagnie ! Nul ! Une religion sans bonnes choses à manger, ça n’existe pas ! Avec ses Buvez ceci est mon sang, mangez ceci est mon corps, Jésus a fait le plus bel éloge du banquet. Et les moines qui ont inventé les clos-vougeot, gaillac, châteauneuf-du-pape, chartreuse, bénédictine, kirsch, et j’en passe ! Ils avaient du gosier, les frangins !

 

(...)Fâchée avec son époque, la viande cultivée, les purées-repas et les fibres aromatisées, leur commodité, leur légèreté, leur EMPREINTE CARBONE raisonnable, elle aurait dû vivre un siècle plus tôt, s’en mettre plein la lampe de communions en baptêmes, de vendanges en moissons, de kermesses en fêtes votives.

— Époisses, maroilles, coulommiers… Là, oui, on peut croire en Dieu !

Mais comme ce blog en pleine déliquescence est censé participer à l’Extension du domaine du vin ...

 

Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour « un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... »

 

Je me dois de plonger dans mes archives pour évoquer le reportage de Joseph Kessel sur les Alcooliques anonymes de New-York en 1960 publié dans le quotidien France Soir. Ce reportage signe la naissance du premier groupe AA en France et déclenche le développement spectaculaire du mouvement. Il fut le premier président non-alcoolique d’Alcooliques anonymes France.

 

L’alcoolisme est l’impensé du buveur, du dégustateur, de l’amateur...

 

Et pourtant !

 

« Le problème majeur de l’alcoolique, c’est qu’il se ment. C’est là la première étape de cette spirale infernale qu’est l’alcoolisme : le déni. Oui, on boit, plus que les autres et plus que de raison, mais cela n’a pas d’importance car l’on est différent de ceux qui sont tombés dans la gnôle. On est plus puissant qu’eux, plus brillant, au final on est simplement plus. Dans cette logique, l’alcool rempli une place étrange, à la fois désinhibant social et tyran, nous montrant soit sublimé, soit telle une épave. Les alcooliques anonymes nomment ces deux aspects de l’alcool, l’alcool festif ou l’alcool tyran. Or, ce que montre très bien le livre de Joseph Kessel, par les témoignages qu’il recueille c’est que l’élément conduisant à basculer d’un état à l’autre est généralement l’ego de l’individu. Il s’agit du dialogue que tient l’alcoolique avec lui-même et qui se construit autour de sa fierté. Ainsi, voici ce que déclare Robert N, patron de presse au Herald Tribune, à Kessel afin d’expliquer comment il est tombé dans l’alcool » ICI

 

Avec les Alcooliques Anonymes

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19 avril 2022 2 19 /04 /avril /2022 06:00

 

Résignation face à la situation, ma votation ne sera pas d’adhésion, je ne retrouve pas dans Macron mes engagements politiques, c’est sans doute de mon âge, en m’abstenant j’aurais le sentiment de léguer, à mes petits-enfants, à ceux que j’aiment qui ne sont pas comme moi sur le dernier tronçon de leur vie, les clés du pouvoir à une candidate héritière d’une France rance, d’exclusion, de racisme.

 

J’avais foi pour sauver la mise dans le 3e tour : les Législatives, contrairement à Jean-François je suis très pessimiste quant à la capacité de Jean-Luc Mélenchon à dominer ce qu’il considère comme une victoire, une victoire qui n’est pas d’adhésion mais de raison, sa main tendue aux Verts et au PCF, excluant le PS ressemble plus à un garrot qu’à un lien de compromis. C’est son tempérament, sa nature, à 71 ans on ne change pas...

 

Pour la troisième fois en 20 ans, le second tour de l’élection présidentielle mettra en présence un candidat de droite et un candidat d’extrême droite. 

 

Une fois encore le même scénario : la litanie des appels à « faire barrage à l’extrême droite » entonnée par les candidats de droite et de gauche battus, tandis que les candidats d’extrême droite se rangent derrière Marine Le Pen.

 

Pour la troisième fois en 20 ans, les Français n’auront pas pu exprimer leur choix politique Qui est responsable de cette situation ?

 

Certains répondront Emmanuel Macron, lequel s’est employé à préparer la répétition de cette confrontation pendant tout son quinquennat, comme l’établit de façon argumentée « Le Figaro » du 12 avril. Son objectif était de liquider les partis dits « de gouvernement », les Républicains à droite et les Socialistes à gauche, afin de sortir du clivage archaïque entre la droite et à gauche, pour entrer dans l’air du « en même temps ». Il a réussi mais n’avait peut-être pas prévu qu’il ne serait pas le seul à profiter de cette restructuration de la scène politique : Il a siphonné l’électorat LR, une bonne partie  de celui du PS et des Verts, mais il a aussi favorisé la progression de La France Insoumise et du RN.

 

Le bloc dirigé par E Macron, qui se présente comme celui de la raison et de la compétence, ne représente qu’un peu plus du tiers des votants en y agrégeant ce qui reste du PS, des LR et de Verts.  LFI, le RN et les autres petits partis d’extrême droite et d’extrême gauche recueillent les deux tiers des suffrages exprimés. 

 

Il est d’ailleurs injustifié de mettre dans le même sac M Le Pen et JL Mélenchon. Ce dernier a dans un premier temps clairement appelé à ne pas voter pour Marine Le Pen, sans appeler explicitement à voter pour E Macron, pour ensuite préciser « l’un et l’autre ne sont pas équivalents. Marine Le Pen ajoute au projet de maltraitance sociale qu’elle partage avec Emmanuel Macron un ferment dangereux d’exclusion ethnique et religieuse… Nous savons toutes et tous qu’elle n’égale aucun autre maux ». Ce n’est pas encore un appel à voter Macron, mais pas non plus un appel à l’abstention. JL Mélenchon prend d’ailleurs soin d’écrire dans cette lettre adressée à ses supporters que le résultat de cette consultation « ne pourra pas être interprété comme une consigne de vote ».

 

Emmanuel Macron n’est pas seul responsable de la situation, les institutions de la Ve République en sont la véritable source.

 

Bien avant Emmanuel Macron, le général De Gaulle voulait en finir avec ce qu’il appelait le régime des partis. La constitution de la Ve République modifiée en 1962 pour faire du Président de la République l’autorité de laquelle toutes les autres procèdent (déclaration du général De Gaulle lors d’une fameuse  conférence de presse), devait lui permettre d’atteindre cet objectif. Ne voulant pas de partis, il constituait un jour un Rassemblement, celui du peuple français, un autre une Union pour la nouvelle république. Il s’agissait de rassembler largement, de dépasser les vieux clivages pour ne rien laisser entre les communistes et les gaullistes, comme l’avait résumé André Malraux. Ce programme n’a pas été complètement réalisé : l’affaiblissement puis la disparition du parti communiste ont permis l’émergence d’autres partis de gauche, le parti socialiste en particulier ; la droite a été plus difficile à  discipliner que De Gaulle ne l’espérait. Mais malgré tout, le Parlement a été muselé et les partis politiques ont été soit des rassemblements de « godillots » votant sans discuter les projets de l’exécutif au service duquel ils se trouvaient, soit des associations n’ayant d’autre pouvoir que de prêcher dans le désert, privées de toute possibilité d’influer sur les projets du gouvernement.

 

Cependant, la constitution de la Vème République ne garantit pas le pouvoir pour toujours. Elle permet au Président, appuyé sur son parti, de gouverner sans contre-pouvoir et elle dissimule l’affaiblissement  du président parce que celui qui gagne l’élection présidentielle gagne tout, mais elle n’empêche ni  l’usure du pouvoir, ni les transformations profondes de la société.

C’est ainsi que l’UDR, divisée entre les multiples prétendants à la succession de De Gaulle puis Pompidou, perdra l’élection présidentielle de 1974 au profit de V Giscard d’Estaing, notamment en raison de l’action de Jacques Chirac contre son propre parti. Giscard d’Estaing ne réussit cependant pas à rassembler la droite pendant son mandat et perdra ensuite l’élection de 1981 au profit de François Mitterrand, porteur d’immenses espoirs qu’il ruinera au long de deux septennats. Sa mémoire est invoquée avec nostalgie par les socialistes au milieu du désastre. Pourtant, il a inauguré une longue période de trahison et de discours de gauche habillant une politique de droite. On ne se souvient plus aujourd’hui de l’ambiance crépusculaire dans laquelle s’est achevé son second mandat et de la  cinglante subie par les socialistes à l’élection législative qui a précédé son départ du pouvoir, mais le Mitterrandisme explique largement le discrédit du parti socialiste et la dégradation de la considération  portée par nos concitoyens à la parole politique. François Hollande auquel les Français, magnanimes ont donné une nouvelle chance, sera encore plus prompt à oublier ce qu’il avait promis pour accéder  au pouvoir. Mais cette fois, le parti socialiste paie l’intégralité de la facture de ses reniements.

Parmi les promesses non tenues de la gauche au pouvoir, il y avait celle de démocratiser les institutions. Les socialistes ont rapidement considéré qu’il n’était pas très grave d’être de temps en temps remplacés par le parti adverse aux commandes de l’État, puisqu’il était possible, à l’élection suivante de reprendre le pouvoir et d’en jouir complètement. L’ennui, c’est que la gauche n’a pas seulement oublié en chemin ses promesses de réformes institutionnelles, elle a également oublié ses promesses de réformes sociales, se résignant à « faire le sale boulot » comme disait Laurent Fabius,  c’est-à-dire à liquider des secteurs entiers de l’industrie française, sidérurgie, électronique, une bonne  partie de la chimie, etc., au nom de l’adaptation au marché unique européen et à la mondialisation.  Elle s’est aperçue, mais un peu tard, qu’elle avait fait disparaître de la société ainsi modernisée ceux qui votaient pour elle. 

 

La Gauche a alors tenté une mue, théorisée par la fondation Terra Nova qui l’invitait à enterrer définitivement ces couches populaires « qui fument des clopes et roulent au diesel » comme le disait  l’ex-secrétaire d’Etat auprès d’Edouard Philippe, Benjamin Griveau, pour se tourner résolument vers  les couches nouvelles urbaines mondialisées qui représentent le futur du pays. Manque de chance, celles-ci se sont senties mieux représentées par Emmanuel Macron que par ce qui restait du parti  socialiste, tandis que les couches populaires, celles qui ont été redécouvertes à l’occasion du  mouvement des gilets jaunes et pendant la crise sanitaire, qui refusent obstinément de disparaître du  paysage politique et social, se sont tournées massivement vers l’abstention ou vers le Rassemblement  National, pour échapper à « l’alternance au service de la même politique ».

 

Les traits spécifiques du premier tour de l’élection présidentielle en 2022

 

L’élection de 2022 est un pas de plus dans la confiscation de l’expression démocratique par nos institutions. Cette fois nous avons été invités à voter utile dès le premier tour : les électeurs de droite ont été appelés à se ranger derrière Emmanuel Macron pour assurer sa position face à aux deux candidats d’extrême droite, Zemmour donné en tête il y a quelques semaines puis Marine Le Pen qui n’a cessé de grimper à l’approche du scrutin. Ils ont accepté massivement cette logique en provoquant une défaite historique du parti « Les Républicains ». La gauche émiettée a été victime encore plus durement du vote dit utile en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Les sondages montraient que la gauche était en position très minoritaire, représentant en additionnant toutes ses composantes environ 30 % de l’électorat. Dès lors, pour assurer sa présence au second tour, les électeurs de gauche ont été invités à faire bloc derrière Jean-Luc Mélenchon quoi qu’ils pensent de son programme et de ce qu’il  représente. Cet appel a fonctionné de manière inattendue, amenant la France Insoumise en troisième position, faisant presque jeu égal avec le Rassemblement National, entraînant au passage la disparition  des écologistes, des socialistes, des communistes et de toutes les composantes de la gauche qui  présentaient un candidat.

 

Il fut un temps où, sans être dupe de ce qu’était le régime présidentiel à la française, le premier tour de l’élection présidentielle permettait au moins, pendant un court moment, à la France de connaître  un véritable débat politique au cours duquel les principaux courants politiques pouvaient exposer aux  Français les orientations qu’ils leur proposaient. Cette parenthèse se refermait avec le premier tour, puis les élections législatives venaient conforter le résultat de l’élection présidentielle. On rappellera à cet égard que Lionel Jospin a renforcé les pires côtés de la Ve République en instaurant le quinquennat et en organisant des élections législatives au lendemain de l’élection présidentielle. Arroseur arrosé, il a dû quitter la vie politique après avoir échoué à conquérir le pouvoir dans les conditions qu’il avait préparées et dont son adversaire a pleinement bénéficié. 

 

Aujourd’hui, même cette parenthèse de véritable débat politique démocratique a disparu. L’élection présidentielle en 2022 est devenue une élection à un tour. Au premier tour on élimine et au second on fait barrage. Jusqu’à quand ?

 

On vote au premier tour non pas pour ce que l’on préfère, mais en fonction de ce que l’on redoute.  Dès lors, peu importe que l’on soit en désaccord sur à peu près tous les points avec JL Mélenchon (nucléaire, laïcité, l’union européenne fédérale, la monnaie unique etc.). La réflexion politique est réduite à un seul mot, vidé de son contenu, le mot « gauche », dont il faut assurer la  représentation au second tour. 

 

Parmi les rares audacieux à gauche qui n’ont pas accepté de se plier au « vote utile », certains regrettent rétrospectivement leur vote en se disant qu’à peu de choses près, Jean-Luc Mélenchon serait passé devant M Le Pen. En réalité, cela n’aurait rien changé. JL Mélenchon a réalisé dès le premier tour le rassemblement d’à peu près toutes les voix sur lesquelles il pouvait compter. Au second tour il aurait certainement été battu. 

 

Quant à l’extrême droite, son existence n’aurait pas été moins réelle dans le pays si M Le Pen n’avait rassemblé que 22 % des voix - auxquelles s’ajoutent celles d’É Zemmour et de Dupont-Aignan – et JL Mélenchon 24 %. Certes, nous aurions pu faire semblant de croire que le problème était réglé. Mais cette exclusion, obtenue par la conjugaison d’un système politique et non par l’adhésion des citoyens  à une majorité, qui est la règle depuis des années, loin d’avoir eu des effets bénéfiques sur notre vie  politique a contribué à la pourrir encore un peu plus nous amenant là où nous en sommes maintenant.

 

La représentation des partis dits « de gouvernement » dans les institutions, LREM, PS et LR, est sans rapport avec la part des suffrages qui leur est accordée par les citoyens. Les institutions ne peuvent pas durablement interdire la représentation d’une partie aussi importante de la population sans conséquences graves. 

 

La crise politique française résulte d’une crise économique et sociale mondiale

 

Bien sûr, les institutions de la Vème République fonctionnent d’autant plus mal que la structuration de la vie politique en partis représentant à peu près les principales forces sociales, s’est effondrée. 

 

L’atomisation de la société a été la réponse du capitalisme à sa crise de croissance des années 1970. À ce moment-là, la productivité du travail a cessé de progresser dans le monde et avec elle la rentabilité du capital. L’inflation a commencé à progresser de façon incontrôlée, grignotant le pouvoir d’achat des salariés. Les déséquilibres mondiaux ont entrainé la fin du système monétaire international de Bretton Woods. Deux chocs pétroliers ont durement stoppé la croissance des pays développés, en 1973 et 1979. La conflictualité sociale s’est partout développée.

 

Le capitalisme s’est réorganisé dans les années 1980, avec l’arrivée au pouvoir de Reagan et de  Thatcher et la complicité de la social-démocratie, tous unis dans le « néo-libéralisme », c’est-à-dire la  transformation des institutions publiques en instances d’affaiblissement des protections sociales et  nationales contre les effets du libre-échange : instauration d’un système mondialisé de libéralisation des échanges financiers et commerciaux, réorganisation des chaînes de production à l’échelle de la  planète s’affranchissant des réalités nationales. La délocalisation de la production dans les pays à bas coûts de main d’œuvre est devenue la règle, ainsi que la circulation sans contrôle du capital financier, ce dernier étant de plus en plus déconnecté de la production de biens et de services. 

 

La concurrence entre les salariés de toute la planète a remplacé la lutte entre les ouvriers et les patrons dans un cadre national et une part croissante de la plus-value a été captée par un nombre restreint de grands groupes multinationaux qui ont imposé leurs règles à la multitude des entreprises sous-traitantes.

 

Dans ce monde-là, il n’y a plus de place pour les vieilles solidarités qu’elles soient sociales (classe à laquelle on appartient, famille…), ou géographiques (village, ville, pays…). La mobilité au service de l’efficacité du capital est devenue la valeur cardinale et malheur aux nostalgiques qui préfèrent l’appartenance, la solidarité, la tradition, la lenteur. Cette ultra-moderne solitude a été mieux décrite par les chanteurs de variété que par les partis politiques. Mais ces derniers ont continué à exister en s’adaptant. La « réforme », la « modernisation » sont devenus les mantras des partis dits de gouvernement, de droite et de gauche. Ils ont continué à dominer la vie politique jusqu’au début des années 2000, avant que leur impuissance n’apparaisse à  toutes les victimes de cette machine mondiale à broyer les humains, de Washington à Londres, de  Paris à Madrid… La colère des peuples a trouvé des formes d’expression diverses et malheureusement  aussi peu efficaces que les partis en perdition : Podemos en Espagne, Die Linke en Allemagne, la France  Insoumise à Paris ; mais aussi des partis d’extrême droite un peu partout, le Brexit organisé à  l’instigation de partis de droite au Royaume-Uni, la victoire de Trump aux Etats-Unis, etc… 

 

Dans ce marasme, les dictatures se portent bien, en Chine, en Russie, en Corée du Nord ou en Birmanie, notamment et les démocraties qualifiées « illibérales » se développent en Europe.

Les vieux partis occupent encore le pouvoir mais ne représentent plus la majorité des citoyens.

 

La situation française n’est donc pas une exception ; qu’on se souvienne des conditions de l’arrivée au pourvoir de Joe Biden l’année passée, au milieu d’une insurrection soutenue par son prédécesseur.

 

Un second tour entre deux candidats qui suscitent plus de rejet que d’adhésion

 

E Macron et M Le Pen représentent-ils deux camps que tout sépare, celui du bien contre celui du mal, celui de la démocratie contre celui du fascisme ?

 

C’est ce combat qui est mis en scène, une fois encore. Mais cette mise en scène risque d’être inefficace car elle ne correspond pas à la réalité de ce qui oppose les deux protagonistes.

 

E Macron ne s’est pas distingué par sa défense de la démocratie, des valeurs morales ou de l’égalité entre les citoyens pendant son mandat. Plus qu’aucun de ses prédécesseurs il aura pratiqué l’exercice solitaire du pouvoir, le mépris du  Parlement et de tous les corps intermédiaires, syndicats, associations ou élus locaux. Il a fait mine de découvrir leur existence lorsque les gilets jaunes ont manifesté près du palais de l’Élysée. Plutôt que de répondre à leurs revendications qui portaient sur les salaires, en raison de la flambée du prix des  carburants amplifiée par une taxe carbone mal pensée (il faudrait aussi parler de la flambée des prix  de l’immobilier), la démocratie (demande d’instauration d’un referendum d’initiative citoyenne), la  suppression de la limitation de vitesse à 80 kilomètres heure, et une demande difficile à formuler d’être  enfin respectés, E Macron a organisé un grand débat sur la transition environnementale et s’est  empressé d’en ignorer les conclusions. 

 

Les ordonnances ont été érigées en mode normal de gouvernement, au nom de l’efficacité, renforçant encore l’inexistence du pouvoir législatif.

 

Le gouvernement a fait un usage disproportionné de la violence des forces de l’ordre, condamnée,  entre autres, par un groupe d’expert des droits de l’homme de l’ONU et par Amnesty international, en  faisant tirer sur la foule avec des lanceurs de balles de défense, qualifiées d’armes « sublétales » par  les experts, dont l’usage à l’occasion de manifestation a été déconseillé par de nombreux spécialistes  du maintien de l’ordre, tout autant que celui des grenades de désencerclement basées sur le principe  des bombes à fragmentation. Bilan 24 manifestants éborgnés, cinq ont eu la main arrachée, 2500 ont été blessés, tandis que 1800 policiers étaient également blessés, mais aucun avec ce niveau de gravité.  La justice s’est déchaînée, condamnant à tour de bras et de manière expéditive des milliers de gilets jaunes.

 

Autoritaire, son quinquennat a été également inégalitaire. L’institut des politiques publiques a calculé que le bilan des mesures fiscales décidées par E Macron (suppression de l’ISF, taxe forfaitaire sur les revenus du capital), avait permis à ceux qui constituent le 1% le plus riche de la population d’augmenter encore leur revenu net, tandis que les 1% les plus pauvres ont vu le leur baisser de 0,75%.  La France est devenue le paradis de ceux qui vivent de la perception de dividendes dont le montant n’a cessé de gonfler pendant ces cinq ans, avec ou sans Covid.

 

Au lieu d’unir les Français, E Macron les a dressés les uns contre les autres en stigmatisant une partie d’entre eux, un jour les Gaulois réfractaires au changement, le lendemain ceux qu’il voulait emmerder parce qu’ils refusaient sa politique vaccinale, un autre jour ceux qui n’étaient rien contre les premiers de cordée… 

 

On oppose souvent le partisan de l’ouverture, E Macron, à la nationaliste xénophobe M Le Pen. Mais on ne peut qu’être inquiet lorsque l’on entend G Darmanin, ministre de l’intérieur, dire à M Le Pen que  « dans sa stratégie de dédiabolisation, Mme Le Pen en vient à être quasiment un peu dans la mollesse,  il faut reprendre des vitamines. (…) Vous êtes prête à ne pas légiférer sur les cultes et vous dites que l’islam n’est même pas un problème. » Marine Le Pen s’offrait le plaisir de lui rappeler la distinction entre islam et islamisme : « Je n’entends pas m’attaquer à l’islam, qui est une religion comme une autre et, parce que je suis profondément attachée à nos valeurs françaises, je souhaite conserver sa liberté totale d’organisation et la liberté totale de culte. »

 

Tout cela ne veut pas dire que la M Le Pen soit une alternative acceptable

Je partage l’avis de Marcel Gauchet sur la caractérisation de M Le Pen. Sur l’arc de la politique française elle se situe bien à l’extrême droite, mais la politique qu’elle défend est plus proche de ce que disaient  la majorité des dirigeants de l’UNR des années 1960, qu’il s’agisse des sujets que l’on appelle  aujourd’hui de société, ou de la relation de la France avec les étrangers, que de Hitler ou Mussolini.  L’invocation permanente des années 1930 empêche de penser la situation plus qu’elle n’aide à la comprendre. Que les antifascistes d’aujourd’hui se replongent dans l’histoire de l’Italie de 1918 à 1922, ou de l’Allemagne de l’après première guerre mondiale et ils verront ce qu’était le fascisme en action, celui des bandes armées détruisant et incendiant tous les locaux de syndicats, partis, coopératives ouvrières, tuant les militants ouvriers, terrorisant les oppositions ; leurs organisations militaires ; l’antisémitisme des fascistes allemands et français, etc. Qu’ils comparent ensuite à la situation présente.

 

Au lieu d’appeler rituellement à « faire barrage à un fascisme » imaginaire, ce qui ne fait que renforcer la position du RN comme seule alternative « au système », les démocrates feraient mieux de décrire exactement ce qu’est le RN. La force de leur démonstration y gagnerait.

 

Le nationalisme du Rassemblement national relève de la xénophobie plutôt que de la défense de la République. M Le Pen veut interdire le regroupement familial, promet de reconduire tout émigré en situation irrégulière à la frontière, de supprimer le droit du sol - on suppose pour revenir au droit du sang - de rétablir la préférence nationale (qu’est-ce que cela signifie vraiment ?) et peut-être la peine de mort, par référendum. Ce n’est pas le recours au référendum qui est critiquable, c’est le projet.

 

Ces propositions, et beaucoup d’autres, sont incompatibles avec les conventions internationales signées par la France et avec l’appartenance à l’Union Européenne dont elle ne propose plus que nous sortions. Elles ne sont donc que de la poudre aux yeux envoyée à ceux qui ont envie d’en découdre, comme ses propositions soi-disant sociales qui ne remettent nullement en cause le capitalisme et ses lois.

 

M Le Pen a été adoubée par V Poutine (l’agence d’information contrôlée par le Kremlin « Ria Novasti » la donnait d’ailleurs en tête du premier tour, fidèle à sa vocation d’informer ses lecteurs des nouvelles du monde parallèle). 

 

Le parti de M Le Pen a été créé par son père avec des nostalgiques de la collaboration, des antigaullistes, des partisans de l’Algérie française. Il s’est adapté à l’évolution du monde, mais il n’est pas devenu pour autant le parti qui rétablira la démocratie en France ni qui défendra les opprimés contre leurs oppresseurs.

 

La République en Marche n’a d’autre histoire que celle de son fondateur et d’autre projet que de rester au pouvoir.

 

Choisir, malgré tout

 

J’ai beaucoup hésité. J’ai pensé que cette affaire ne me concernait plus et que je m’abstiendrai.  Pourtant, après avoir longtemps et douloureusement réfléchi, je me résous finalement à voter pour E Macron au second tour. 

Je le ferai non pas parce qu’il est le rempart de la démocratie contre le fascisme, mais parce qu’il y a des degrés dans ce que je refuse et en raison du contexte international.

 

E Macron est candidat de droite, qui a conduit une politique que je désapprouve et dont je n’attends pas qu’il se transforme par la grâce de sa réélection. Je ne poserai aucune condition, car penser que l’on peut transformer E Macron et les forces sociales qui constituent son socle politique relève de l’illusion. On nous a déjà fait croire à cela lorsqu’il s’est agi de voter pour J Chirac : « plus nous serons nombreux à voter pour lui, nous électeurs de gauche, et plus il devra infléchir a politique ». Je me souviens de ces propos consolateurs comme si c’était hier. On a vu ce qui est advenu.

 

Mais ce candidat de droite ne prétend pas fonder la nationalité sur le sang plutôt que sur le sol, rétablir la peine de mort, démonter toutes les éoliennes pour les remplacer par des réacteurs nucléaires,  cesser de participer activement aux négociations internationales sur le climat…

 

Je crains également qu’une victoire de M Le Pen, et peut-être de son parti aux élections législatives qui suivront, ne déclenche une chasse aux immigrés, aux étrangers et à tous ceux qui ne sont pas dans la norme. Et si je sais ce que je reproche à E Macron, je crains ce que ferait M Le Pen au pouvoir en partant de prémisses aussi négatives.

 

Enfin, la France n’est pas une île. 

 

La guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine est un événement majeur de la vie européenne.  Un des cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU a décidé d’envahir un pays dont il avait reconnu la souveraineté et d’y mener une guerre atroce dans l’objectif, selon Dmitri Medvedev, ex-président  de la Fédération de Russie, de « désukrainiser » le pays, c’est-à-dire de réduire à néant sa population  et sa volonté de faire respecter sa souveraineté. 

 

Ce conflit se déroule pour le moment à nos portes, peut-être les franchira-t-il un jour.

 

Il n’y a pas de question plus importante pour ceux qui considèrent que la démocratie est inséparable de la souveraineté, que celle de l’Ukraine ne pourra être restauré que par la défaite de la Russie.

 

La victoire de M Le Pen affaiblirait le fragile accord européen en faveur de la défense de l’Ukraine. Une victoire de Poutine ouvrirait une longue période de crise et d’insécurité en Europe dont les conséquences seront désastreuses pour nous tous.

 

Dans ce combat, Macron et Le Pen ne se valent pas.

 

Alors, la mort dans l’âme, je voterai pour E Macron le 24 avril, bien décidé à le combattre dès le 25 avril.

 

Certains refuseront le choix qui nous est imposé pour la troisième fois entre deux candidats avec lesquels nous ne partageons rien ou pas grand-chose et s’abstiendront. Je les comprends. Mais comme beaucoup d’électeurs ont voté en faveur de JL Mélenchon contre E Macron, malgré sa proximité avec Poutine, son soutien au Wokisme, aux animalistes, etc.

 

Ensuite, il faudra travailler pour ne pas en être réduit la prochaine fois au même choix, ou plutôt à la même absence de choix.

 

Union de la gauche sans conditions pour les élections législatives

 

Si ce qui reste de la gauche envisage d’agir et de ne pas se contenter de faire campagne pour la victoire d’E Macron, elle rassemblera ce qui lui reste de force pour présenter un candidat unique de la gauche dans toutes les circonscriptions législatives sur quelques propositions simples permettant de  rassembler des composantes aujourd’hui éclatées.

 

Il n’est impossible de mettre d’accord en quelques semaines sur un programme politique des formations aussi divisées. Il faudra du temps pour cela. Ce moment viendra.

 

Quelles pourraient être ces propositions ?

 

- Union pour la réforme des institutions de la Vème République

- Inversion du calendrier électoral : élection de l’assemblée nationale avant l’élection présidentielle

 

- Instauration du scrutin proportionnel

 

- Convocation d’une assemblée nationale constituante dans un délai d’un an après la prochaine élection législative 

 

- Campagne nationale appuyée par tous les députés uniques de la gauche pour faire signer une pétition dans ce sens par des millions de Français

 

- Engagement à s’opposer à toute proposition de loi entrainant une régression sociale.

 

La division du champ politique en trois camps offre la possibilité de faire élire des députés de gauche, s’il y a une candidature unique dans toutes les circonscriptions. LFI est la principale force de ce qui reste de la gauche, elle peut donc revendiquer une part significative des sièges gagnables. En revanche, elle ne doit pas profiter de sa position pour imposer son programme à tous ses possibles partenaires.  La gauche dont LFI sera de loin la principale composante, peut avoir un groupe parlementaire important à l’Assemblée nationale si elle organise l’unité de la gauche. A défaut, LFI risque de n’être pas beaucoup mieux représentée que dans la législature qui s’achève. Pourtant, c’est là que les choses se joueront, pas dans les paroles ambigües arrachées à E Macron pendant ce qui reste de campagne présidentielle, pour qu’il montre ses bonnes dispositions jusqu’au 24 avril.

 

Un groupe d’opposition capable de se faire entendre peut encore être élu. La condition est celle du rassemblement en vue d’une véritable transformation de nos institutions en laissant de côté les divergences qu’il sera possible de résoudre plus tard. 

 

Espérons que les responsables de la gauche n’amplifieront pas le désastre de l’élection présidentielle.

 

Le 16 avril 2022

Jean-François Collin

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18 avril 2022 1 18 /04 /avril /2022 06:00

Élections piège à cons » un slogan soixante-huitard éculé qui revient  d'actualité - Le blog de JACQUES BERTHOMEAU

Le titre exact de la chronique Clémentine Vergnaud – France info Radio France est : et si on limitait le vote des personnes âgées qui pèsent si lourd dans les urnes.

 

C’est du lourd en effet, je trouve la proposition bien modérée, pourquoi ne pas parquer les vieux dans des camps de regroupement façon Algérie française plutôt que de les confier à des EPHAD pourris qui coûtent la peau des fesses.

 

Rapports sur les camps de regroupement, Michel Rocard | Fayard

 

Bien sûr, en bon 68hard j’ai braillé « élections piège à cons » mais j’avais une excuse je n’avais pas le droit de vote à l’époque, il a fallu attendre l’arrivée du déplumé de Chamalières pour que ce soit 18 ans.

 

Les vieux chez moi, au Bourg-Pailler, vivaient sous le même toit que moi et je les respectais même si je n’avais pas les mêmes idées qu’eux.

 

Les jeunes, dit-on, comme si l’on pouvait tous les fourrer dans le même sac de patates, comme les vieux d’ailleurs, on « souffert » de subir un confinement destiné à protéger tous les vieux cons qui ne votent pas Mélenchon. Pauvres petits, des enfants gâtés, « gâtés » comme les dents, et mon pépé Louis, privé de sa jeunesse : 3 ans de service militaire, 4 ans de guerre, un privilégié bon pour la relégation.

 

Et dire que leur favori a 3 ans de moins que moi et se tapera ses 71 ans en août de cette année, c’est à pleurer.

 

Comment en est-on arrivé là, à un tel degré de stupidité, de bêtise ?

 

berthomeau - Le blog de JACQUES BERTHOMEAU

 

« Les jeunes se font voler leur élection ! » : et s'il y avait un âge limite pour le vote des seniors ? ICI 

 

Sur fond de surreprésentation des seniors et de jeunes qui se sentent "dépossédés" de l'élection, certains vont jusqu'à proposer la limitation ou la pondération du vote en fonction de l’âge. Une piste aussi radicale qu'iconoclaste, et qui n'est pas près d'être appliquée. 

 

« Les jeunes qui ont voté en masse Mélenchon pour leur avenir se font voler leur élection par des vieux retraités qui ont vécu leur meilleure vie et n’ont plus rien à perdre et des vieux bourgeois qui ont tous les privilèges de Macron », s’exaspérait par exemple un jeune sur Twitter au soir du premier tour. Un autre s’agace aussi, graphiques à l’appui : « Sans le vote des plus de 65 ans, Macron ne serait pas au deuxième tour et Mélenchon se qualifierait. Ce sont donc des vieux déjà à la retraite qui vont nous imposer de travailler cinq ans de plus. Merci à eux. » A tel point que certains vont jusqu'à se poser cette question : « Pourquoi diable laissons-nous les plus de 65 ans voter ? »

 

Simple citation, la tartine est lourdement tartinée : Temps de lecture : 11 min.

 

Y’a des propos de « logues » a foison, faut dire que la Sorbonne est grande fournisseuse de « logues », des enfants de la moyenne bourgeoisie « intellectuelle » qui se donne des frissons dans les amphis bien chauffés.

 

Poser la question d’une limitation du droit de vote c’est se disqualifier d’emblée.

 

C’est Pâques, j’en reste là, ma colère est immense, un seul rayon d’intelligence dans  un ciel pourtant bleu : François Ruffin votera Macron au 2d tour, ICI  encore un traître pour les pioupious rentrés chez papa-maman pour le repas du dimanche pascal.

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17 avril 2022 7 17 /04 /avril /2022 06:00

En Inde, seul le cricket peut permettre de s'extraire de la morosité"

Dimanche prochain second acte de la votation, le dénouement d’un « drame » à la française, choisir entre la « peste et le choléra » clament les insoumis, les « gâtés » de la Sorbonne, fracture, nous ne nous sortirons pas indemnes de ce choc entre populisme et universalisme, la social-démocratie est morte et enterrée avant même d’avoir pu vivre dans notre vieux pays.

 

Timbre : 1983 Pierre MENDÈS FRANCE 1907-1982 | WikiTimbres

 

Faire appel à Pierre Mendès-France peut paraître dérisoire à la cohorte des « en colère », étrange mélange de rouge et de brun, mais l’homme a su, en des moments décisifs, affronter ceux qui lui crachaient dessus pour solder une part de notre passé colonial.

 

Un sage... à qui l’on a souvent reproché son opposition têtue et obstiné au pouvoir personnel mis en place par la Constitution de la Ve République et l’élection du Président au suffrage universel.

 

« Je pensais m'abstenir ou voter blanc mais finalement je vais voter Macron car en fait le second tour c'était la semaine dernière. Et j'ai vu la peur d'ami.es racisées.es ou homo. Du coup je me suis dit, de toutes façons soit Macron est élu à 60 au lieu de 55 et je m'en fous, soit le Pen est élue et là je ne pourrai pas protéger mes ami.es des ratonnades et je m'en voudrais toujours. Donc je voterai Macron avec haine et j'attendrai les législatives qui seront j'espère des élections plus réjouissantes. J'ai vu aussi un ami qui a vécu 20 ans au Brésil. Ils n'ont pas cru que Bolsonaro allait passer et après en très peu de temps tous les réseaux militants ont été écrasés... »

En décembre 1921, à Calcutta, un certain Gandhi prône la désobéissance civile, les propos qui suivent sont tenus par le capitaine Wyndham de la police impériale, lors d’une manifestation des partisans du Congrès de Gandhi. C’est un roman

Avec la permission de Gandhi

« Comme toujours, tout cela ressemble à un jeu où les deux camps sont d’accord sur les règles à appliquer et celles dont on n’a pas à tenir compte. Après tout, les règles sont importantes. On ne peut pas jouer le jeu sans elles, et heureusement les Indiens semblent les aimer autant que nous. Autrement, comment expliquer l’amour des deux races pour le cricket, un jeu tellement insipide et aux règles tellement ésotériques qu’il faut cinq jours pleins pour y jouer correctement et qui, même alors, se solde le plus souvent par un match nul ? En fait, on a parfois l’impression que toute la lutte non-violente n’est qu’un long match international de cricket où nous maintenons obstinément notre position de batteur face aux Indiens qui nous lancent toutes sortes de balles sur un terrain inégal. »

 

L'INde championne du monde de cricket | La Foire de Nantes invite l'Inde

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16 avril 2022 6 16 /04 /avril /2022 06:00

 

Ce n’est pas moi qui l’écris mais Die West mais je suis en phase avec l'analyse, cependant pour équilibrer la balance je vous propose celle de The Economist qui ne la partage pas.

 

C’est la publication allemande de référence, une autorité outre-Rhin. Ce (très) grand journal d’information et d’analyse politique, pointu et exigeant, se distingue aussi par sa maquette et son iconographie très recherchées. Tolérant et libéral, il paraît tous les jeudis. Créé en 1946 par la force d’occupation britannique, basé à Hambourg, il appartient au groupe Holtzbrinck.

 

Installé à Berlin, le site Zeit Online possède sa propre rédaction.

 

Dans les dernières heures de la campagne, Emmanuel Macron s’est vu accusé de plagiat : il aurait volé la “planification écologique” des Insoumis, accusent les partisans de Jean-Luc Mélenchon, il aurait copié la devise historique de la “France unie”, dénoncent les socialistes, et Macron le libéral s’est même permis de prendre au chef de file ouvrier Philippe Poutou le slogan anticapitaliste “nos vies valent plus que leurs profits”. Une récupération qui témoigne de la fébrilité de Macron à quelques jours du premier tour de la présidentielle, le 10 avril : après un mandat marqué par une politique de droite, le voilà désormais contraint de convaincre les électeurs et électrices de gauche s’il veut s’imposer face à Marine Le Pen.

 

Voilà quinze jours encore, on avait l’impression que personne ne pourrait détrôner Macron. Depuis la guerre en Ukraine et les heures passées au téléphone avec Vladimir Poutine, le président de 44 ans avait parfois jusqu’à 15 points d’opinions favorables de plus que sa concurrente directe, Marine Le Pen, 53 ans, et son Rassemblement national (RN). Seulement, voilà, dans les enquêtes d’opinion sur le duel décisif du 24 avril, seuls deux ou trois points séparent désormais la chef de file du RN de la victoire.

 

C’est lorsque Macron a présenté son programme et qu’il est entré en campagne que sa cote de popularité a commencé à fléchir. “On a du mal à distinguer une stratégie dans sa campagne”, argumente l’historien Raphaël Llorca, auteur de La Marque Macron [Éditions de l’aube, 2021]. Jusqu’à présent, le fait de piocher des idées à droite et à gauche avait plutôt bien réussi à ce néophyte en politique – sauf qu’aujourd’hui Macron se retrouve à devoir défendre son propre bilan. “Qu’il copie des idées de la gauche, c’était cousu de fil blanc”, poursuit Raphaël Llorca. Cinq années durant, après tout, Macron a mené une politique de droite.

 

Un bilan qui penche à droite

 

Une de ses premières mesures, une fois arrivé aux responsabilités, a été de supprimer l’impôt sur la fortune. Il a ensuite revu à la baisse les indemnités de licenciement et lâché la bride de la répression policière face aux “gilets jaunes”, au point que plusieurs dizaines de personnes ont perdu une main ou un œil après des tirs de balles de défense. Sous son mandat, les dividendes des actionnaires ont grimpé en flèche, et les classes les plus défavorisées ont vu s’amoindrir leur pouvoir d’achat. Amnesty International a dénoncé des atteintes à la liberté d’expression et l’obligation d’une quarantaine discriminante pour les réfugiés. Le programme actuel de Macron rejoint, sur certains volets clés, celui des Républicains, ajoute l’historien, comme le report de l’âge de départ à la retraite à 65 ans ou encore le projet d’obliger les personnes sans emploi à effectuer entre 15 et 20 heures de travail hebdomadaire s’ils veulent continuer à toucher le chômage.

 

Le soir même de sa victoire en mai 2017, Macron avait promis sur l’esplanade du Louvre : “Je ferai tout, durant les cinq années qui viennent, pour que [les Français] n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes.” Une promesse qu’il n’a pas su tenir : jamais l’extrême droite n’a été plus vigoureuse en France qu’aujourd’hui, jusqu’à trouver en Éric Zemmour un candidat supplémentaire, qui plus est populaire, à côté duquel même Marine Le Pen semble inoffensive.

 

Macron a cependant contribué à l’ascension de cette dernière. Il a maintes fois usé de vocables et proposé des lois qui relevaient naguère de son répertoire, agitant, par exemple, la peur d’une “immigration clandestine de masse”. De son côté, Marine Le Pen se montre proche du peuple, qu’elle donne à manger à ses chats ou qu’elle élève seule ses trois enfants. Son programme n’impressionne pas, son entourage n’est pas connu et n’inspire pas nécessairement confiance, mais elle peut miser sur l’impopularité de Macron. En ce moment, on peut lire sur ses affiches le slogan “Sans lui. Avec Marine”. On y voit un Macron en noir et blanc et une Marine Le Pen rayonnante, en couleur.

 

Le Pen, Darmanin et la “mollesse” sur l’islam

 

“Macron espérait clairement se retrouver face à Le Pen – il estime depuis longtemps que c’est le duel qui lui serait le plus favorable”, analyse Kaoutar Harchi, sociologue et écrivaine parisienne. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a dénigré certaines convictions de gauche, comme la solidarité à l’égard des réfugiés, et adoubé l’idéologie d’extrême droite, en réclamant, par exemple, un durcissement du contrôle de l’État sur les mosquées et la dissolution de certaines associations. “En stigmatisant la minorité musulmane, jugée dangereuse, Macron a normalisé Marine Le Pen”, poursuit Kaoutar Harchi. Sa ministre de l’Enseignement supérieur a, par exemple, dénoncé les ravages de l’“islamo-gauchisme” dans les universités, une affirmation dont on attend toujours qu’elle soit étayée.

 

Ce type de déclarations a permis d’ouvrir la voie à des textes comme la loi dite “pour une sécurité globale” qui restreint la liberté de la presse – en autorisant, par exemple, la police à entraver le travail des journalistes pendant les manifestations ou en autorisant l’État à poursuivre en justice les journalistes d’investigation dans le cas où ceux-ci refuseraient de révéler leurs sources.

 

L’exécutif a souvent dédramatisé la menace que pouvait représenter Marine Le Pen. Dans un duel télévisé entre celle-ci et le ministre de l’Intérieur de Macron, Gérald Darmanin, elle a estimé que “l’islam [était] une religion comme une autre”. Darmanin a aussitôt reproché à une Marine Le Pen médusée d’être “bien trop molle sur l’islam”. Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs qualifié d’“ensauvagées” des banlieues caractérisées par la pauvreté et une forte population immigrée. À maintes reprises, Le Pen et Macron ont eu recours au même vocabulaire. Lorsque les talibans ont conquis l’Afghanistan en août 2021, la première réaction de Macron a ainsi été d’évoquer la menace de “flux migratoires irréguliers importants vers l’Europe”.

 

Cette semaine encore, Macron a répété que son objectif était de maintenir l’immigration à un niveau minimal. Il revendique le fait d’avoir déjà “réduit sérieusement” l’afflux de réfugiés en France et “relevé les frontières” mais confesse que les résultats restent “insuffisants”.

 

Bien peu pour la gauche

 

Le président en exercice se heurte ici à un dilemme. Car Macron est désormais tributaire des voix de la gauche. En 2017 déjà, c’est grâce à elles qu’il avait pu accéder aux responsabilités : la plupart des gens de gauche avaient voté pour lui pour faire barrage à Marine Le Pen – et non, comme le confirment les études, parce qu’ils approuvaient son programme. Or, sur le fond, il n’a rien eu à proposer à ces électeurs et électrices pendant cinq ans. Pendant son mandat, il a rejeté les principales propositions de la Convention citoyenne pour le climat, notamment la hausse des taxes sur les produits importés néfastes pour l’environnement ou la baisse du prix des billets de train. D’après un rapport du Haut Conseil pour le climat, la France reste très en deçà de ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre.

 

Il fut un temps où Macron avait également fait de l’égalité homme-femme une des priorités de son mandat – jusqu’à ce qu’il apparaisse sur des dizaines de photos entouré de conseillers exclusivement masculins. Dans sa campagne non plus, les femmes n’ont aucune place. Ce sont essentiellement le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, le président de La République en marche, Christophe Castaner, et le Premier ministre, Jean Castex, qui occupent le devant de la scène.

 

Le gouvernement a systématiquement fait la sourde oreille face à l’opposition, dont aucune des propositions ou presque n’a été reprise. Pendant la crise sanitaire, Macron a décrété seul, depuis un bunker souterrain, la mise en place de trois confinements, de couvre-feux de plusieurs mois et de restrictions de déplacement pour 60 millions de ses compatriotes. Il a pris seul ces décisions pourtant très lourdes de conséquences – sans débats au Parlement et sans réponses aux questions des journalistes. Aujourd’hui, c’est aussi à lui seul que s’adresse la grogne de l’opinion.

 

Annika Joeres

Dessin de Glez Burkina Faso

 

Vu du Royaume-Uni. 

Si si, les Français, Macron est de gauche, regardez mieux et vous verrez

Emmanuel Macron, l’ultralibéral qui grignote impitoyablement le modèle social chéri par les Français ? Détrompez-vous, alerte The Economist qui défait ici, point par point, les préjugés qui collent à la peau du président français.

 

Le ton est cinglant, les deux mains viennent frapper la table dans un geste d’irritation, faisant trembler le verre d’eau. “On met un pognon de dingue dans des minima sociaux”, s’emporte Emmanuel Macron devant ses conseillers, assis sur les chaises recouvertes de soie du palais de l’Élysée. La vidéo, publiée sans complexe par une proche du président [Sibeth NDiaye, sa conseillère en communication de l’époque], est devenue virale. C’était en 2018, un an à peine après l’élection, et ces images ont confirmé ce que beaucoup de Français soupçonnaient déjà. Leur nouveau président – un ancien banquier d’affaires qui a supprimé l’impôt sur la fortune et nommé successivement deux Premiers ministres de centre droit – est un libéral de droite, qui cherche secrètement à récompenser les riches et à détruire le modèle social* qui protège les Français de leur premier à leur dernier souffle.

 

Cette image colle à la peau d’Emmanuel Macron. Dans l’esprit des Français, le président est toujours associé à l’assouplissement du Code du travail, à la fin du régime spécifique de retraite des cheminots et aux plus longues grèves qu’a connues le pays depuis 1968. Ce mouvement de contestation déclenché par le projet de réforme des retraites (que le gouvernement a depuis mis entre parenthèses) avait semblé mettre le pays à l’arrêt, quelques semaines seulement avant que la pandémie ne le fasse pour de bon.

 

Plusieurs lois strictes sur la sécurité et l’islamisme radical paraissent confirmer le virage à droite de l’Élysée. Aujourd’hui, Emmanuel Macron évoque de nouveau son désir de durcir les règles du régime de retraite afin d’allonger la durée du travail. La France, où l’indignation arrive plus vite que la fin des repas, se prépare au pire. D’après Laurent Berger, un syndicaliste (modéré), relancer la réforme des retraites maintenant serait “politiquement totalement dingue et socialement explosif”.

 

Un socialiste refoulé

 

Et si les Français, qui aiment tant les concepts théoriques, oubliaient l’espace d’un instant les cases dans lesquelles ils sont si prompts à ranger leurs dirigeants, pour regarder l’ensemble des éléments? Les électeurs de gauche convaincus que le président a renié sans vergogne tous leurs idéaux pourraient être surpris par les faits. Car Emmanuel Macron a désormais tout d’un socialiste refoulé.

 

Le président a réveillé son Mitterrand intérieur, comme le montre clairement son nouveau rapport au portefeuille de l’État. Lorsque la pandémie est arrivée, Emmanuel Macron a juré de lutter contre la crise “quoi qu’il en coûte*”, reprenant ainsi la formule de [l’ancien président de la Banque centrale européenne et actuel Premier ministre] Mario Draghi. Depuis, il a, selon ses propres mots, “nationalisé” les salaires et les comptes d’exploitation des entreprises : pour maintenir à flot les entreprises et les salariés au chômage partiel, il a dépensé dix fois plus l’an dernier que ce que la France a jamais récolté en une année grâce à l’ancien impôt sur la fortune.

 

Les subventions macroniennes se multiplient : 300 euros de Pass Culture pour les jeunes de 18 ans, une aide supplémentaire de 150 euros pour les bénéficiaires des minima sociaux, jusqu’à 650 euros de revalorisation des salaires des aides-soignants, le repas à un euro dans les restaurants universitaires, des petits-déjeuners gratuits dans les écoles des zones d’éducation prioritaires, la mise à disposition de protections hygiéniques gratuites pour les étudiantes, ou encore la revalorisation de 100 euros des plus petites retraites [de conjoints] d’agriculteurs – une proposition qui, soit dit en passant, vient des communistes. “On catapulte des milliards” d’argent public un peu partout, a tweeté Adrien Quatennens, un député d’extrême gauche, visiblement incapable de choisir entre félicitations et désapprobation.

 

Macron a accentué la générosité française

 

Bien sûr, la France n’est pas la seule dans ce cas. Le plan de relance d’Emmanuel Macron fait pâle figure face à celui [du président américain] Joe Biden. Toutefois, avant la pandémie, la France était non seulement plus généreuse et plus performante dans la lutte contre les inégalités que les États-Unis (ce n’est pas difficile), mais elle consacrait également une plus grande part de son produit intérieur brut aux mesures sociales que les pays nordiques (ce qui s’avère bien plus complexe). En d’autres termes, Emmanuel Macron a réussi à accentuer la générosité d’une économie déjà très tournée vers le socialisme –propulsant, par là même, la dette française bien au-delà de la moyenne de l’Union européenne, pourtant élevée.

 

Le président français a également instauré un nombre croissant de réformes progressistes, bien que cela passe davantage inaperçu. Il a ainsi doublé la durée du congé paternité, qui est passé à quatre semaines, dont une obligatoire. Il a également créé une amende pour les entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, et ouvert la procréation médicalement assistée aux couples lesbiens, une première historique en France.

 

 

À l’étranger, Emmanuel Macron est souvent considéré comme un provocateur* qui se la joue perso et cherche à imposer les idées françaises tout en revendiquant un discours européen. On connaît moins ses antécédents de défenseur des causes multilatérales et progressistes, dignes de Gordon Brown. On lui doit notamment certaines initiatives, aujourd’hui attribuées à Joe Biden, comme le taux minimal mondial d’imposition sur les sociétés (un engagement pris par le Français en 2017), ou [l’envoi] de vaccins en Afrique. “Je viens de la gauche, affirme Clément Beaune, son secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, et je n’ai pas du tout le sentiment que [le président] ait trahi la ligne sociale-démocrate.”

 

Dissonance cognitive

 

Alors, si tout cela est vrai, pourquoi la politique macronienne est-elle toujours perçue de la même façon? Ce phénomène pourrait sexpliquer par ce que les psychologues nomment la dissonance cognitive. Le président français est un ancien banquier issu de l’élite, qui supprime des impôts et recrute dans les rangs de la droite, il ne peut donc pas aussi être de gauche. Les informations contradictoires sont déroutantes. Avec son costume bien coupé et ses chaussures en cuir impeccables, Emmanuel Macron n’a pas l’air d’un défenseur des opprimés. Lorsque, dans une vidéo à destination des jeunes diffusée sur Internet, il a évoqué, en costume cravate, la nécessité de lutter contre la précarité menstruelle chez les sans-abri, les Français ont été stupéfaits. Est-ce bien le même président qui rejette la culture “woke” [la traque des injustices sociales] et qui a un jour déclaré avec arrogance à un jardinier qu’il lui suffirait de “traverse [r] la rue” pour trouver du travail?

 

Peut-être Emmanuel Macron recherche-t-il précisément ce genre de contraste. En amont de l’élection présidentielle de 2022, le centre de gravité politique de la France a basculé vers la droite. C’est là, et non pas à gauche, que la concurrence sera la plus forte. Les mouvements vers la gauche esquissés par le président sont savamment tempérés au regard des normes de la gauche ouvrière, et coïncident avec ses inspirations intellectuelles. S’il suit les traces de quelqu’un, ce ne sont pas celles de Mitterrand, mais bien celles de Michel Rocard, l’ancien Premier ministre de centre gauche de l’ex-président socialiste, qui fut l’un des (nombreux) mentors du jeune Emmanuel Macron.

 

Si le président français n’est pas reconnu pour ses politiques progressistes, c’est peut-être également dû à la nature de son projet. Ayant fait le vœu de n’être “ni de droite ni de gauche”, il se retrouve sans cesse coincé entre les attentes excessives des deux camps et l’inévitable mécontentement suscité par les compromis qu’impose une politique pragmatique. C’est le lot des centristes radicaux. Pourtant, cette contradiction pourrait aller comme un gant à la France, qui pense valoriser la pureté théorique mais se satisfait souvent de vivre avec des compromis chaotiques. Progressiste incompris, libéral imparfait, peu crédible en conservateur, Emmanuel Macron pourrait réussir à faire fonctionner sa ligne politique en pratique, même si elle paraît bancale sur le papier. Vive la France!*

 

*en français dans le texte

 

The Economist

 

Londres Royaume-Uni Hebdomadaire en anglais

 

Grande institution de la presse britannique, The Economist, fondé en 1843 par un chapelier écossais, est la bible de tous ceux qui s’intéressent à l’actualité internationale. Ouvertement libéral, il défend généralement le libre-échange, la mondialisation, l’immigration et le libéralisme culturel. Il est imprimé dans six pays, et 85 % de ses ventes se font à l’extérieur du Royaume-Uni.

 

Aucun des articles n’est signé : une tradition de longue date que l’hebdomadaire soutient par l’idée que “la personnalité et la voix collective comptent plus que l’identité individuelle des journalistes”.

 

Sur le site de The Economist, outre les principaux articles du journal, on trouve d’excellents dossiers thématiques et géographiques faits par The Economist Intelligence Unit, ainsi que des contenus multimédias, des blogs et le calendrier des conférences organisées par le journal à travers le monde. En prime : la mise à jour régulière des principaux cours de la Bourse.

 

La couverture du magazine peut varier selon les éditions (Royaume-Uni, Europe, Amérique du Nord, Asie), mais le contenu est le même; au Royaume-Uni, cependant, quelques pages supplémentaires traitent de lactualité nationale.

 

The Economist appartient pour 43,4 % à la famille italienne Agnelli, le reste du capital étant réparti entre de grandes familles britanniques (Cadbury, Rothschild, Schroders…) et des membres de la rédaction.

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15 avril 2022 5 15 /04 /avril /2022 06:00

 

Souvenir du virage de Tonton, la pause dans les réformes en 1982, en réalité un virage à 180° vers une politique économique et sociale : « Le 9 juin 1982, le Président Mitterrand annonce dans une conférence de presse qu'il est nécessaire de faire une pause dans les réformes afin de les « digérer » et de stabiliser la situation budgétaire, qui a connu des bouleversements rapides du fait de l'augmentation rapide des dépenses publiques »

 

Ma pause à moi, c’est d’éloigner ma plume de l’actualité politique pour me consacrer, loin des regards pas toujours bienveillants de certains, à ce qui est le ressort de ma vieillesse : l’AMOUR.

 

Une pause pour réfléchir avec la revue « L’Amour »

REVUE

 

Par le texte et l’image, la deuxième édition de la revue lancée par Frédéric Pajak prend le temps de s’inscrire « contre l’actualité »

L’actualité est une matière inflammable qui se périme sans cesse. Frédéric Pajak s’inscrit contre cette valeur volatile pour y opposer le seul sentiment plus fort que le temps : l’amour – qui donne tout naturellement son titre à sa revue périodique dont la seconde édition vient de paraître. Dans son éditorial, Julie Bouvard note qu’en « ces temps de l’anti-lecture par excellence, […] du décryptage creux et de l’analyse jetable, nous voulons réunir les fils de nos pensées en un tissu vivant, donc solidaire ».

Pour témoigner du « désir de vivre qui nous anime », l’auteur du Manifeste incertain, qui se livre dans Là où il y aura des pleurs et des grincements de dents à un réquisitoire contre la dépression morale et culturelle de l’époque contemporaine, a réuni une nouvelle fois ses compagnons de route, écrivains, dessinateurs, peintres et sculpteurs. Dans un essai brillant, Michel Thévoz, historien de l’art, convoque Antigone et Rauschenberg pour analyser la ZAD du Mormont, tandis que Jacques Roman compose une ode à l’orange, rare « fruit du soleil en hiver » mué en géant des télécommunications…

Quant au visuel, splendide, il rassemble les vivants et les morts, les grands anciens et les petits nouveaux, Noyau côtoie Tomi Ungerer, Anna Sommer avoisine Siné, Micaël coudoie Folon… L’Amour est bon pour la tête, bon pour les yeux et, plus que tout, bon pour le cœur.


Revue « L’Amour No 2 – Contre l’actualité », sous la direction de Frédéric Pajak. Les Cahiers dessinés, 194 p.

 

 

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14 avril 2022 4 14 /04 /avril /2022 06:00

 

Les insoumis sont déçus, je les comprends mais pour autant agonir d’injures : salauds, de noms d’oiseaux : traîtres, étrons, ceux des candidats de gauche, qui ont déclaré voter Macron pour faire barrage à Le Pen, est bien dans la tradition des extrémistes.

 

Pour eux, pas de problème, être le challenger de Macron signifiait, sans l’ombre d’un doute, que leur favori gagnerait, foutrait Macron dehors de l’Elysée ouvrant ainsi les portes du paradis.

 

Sauf que, je fais deux hypothèses, tout à fait plausibles, de ce qui aurait pu placer Mélenchon en seconde position :

 

  • Celle que le petit Zemmour, au lieu de s’étendre comme une bouse à 7% se soit situer à 10% grignotant des voix à Le Pen qui se retrouvait troisième.

 

  • Celle que Mélenchon ait réussi à faire l’union des gauches de Jadot à Roussel en passant par Hidalgo.

 

Dans la 1er hypothèse son réservoir de voix pour espérer remonter son handicap est dans les résultats des « traîtres », ça ne fait pas un gros pactole, le gros réservoir est chez Le Pen et Zemmour.

 

Dans la 2e hypothèse le réservoir de voix est chez Le Pen et Zemmour.

 

« Objection votre honneur ! »

 

La dynamique Mélenchon réveille les abstentionnistes qui, en masse, volent au secours du sauveur.

 

Pourquoi pas, mais je pense que si Mélenchon avait choisi l’Union des gauches, au lieu d’une candidature en solitaire, cette lame de fond pouvait s’imaginer.

 

Voilà, j’ai posé ça mais l’heure n’est plus aux hypothèses mais à se poser la question : la position de Mélenchon « pas une voix à Le Pen », se traduit, dans les sondages par 30 % de ses électeurs s’en battent le coquillard et voteront Le Pen.

 

À chacun de réfléchir dans l’isoloir...

 

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13 avril 2022 3 13 /04 /avril /2022 06:00

Bette Davis Eyes est une chanson écrite par Donna Weiss (en) et Jackie DeShannon et rendue populaire par l'interprétation de Kim Carnes en 1981. La chanson reste 9 semaines numéro 1 du Billboard Hot 100 et se classe numéro 1 dans plusieurs autres tops nationaux.

 

Bette Davis eyes / Vinyl single : Kim Carnes: Amazon.fr: CD et Vinyles}Bette Davis'eyes" de Kim Carnes - Le blog de Du soleil sur la page

 

Après que cette chanson soit devenue un single à succès, Bette Davis a écrit des lettres à Kim Carnes et aux auteurs-compositeurs pour dire qu'elle était une fan de la chanson et les remercier de l'avoir « intégrée à l'histoire moderne ». L'une des raisons pour lesquelles l'actrice légendaire a aimé la chanson est que sa petite-fille pensait que sa grand-mère était « cool » d'avoir écrit une chanson à succès sur elle.

 

La voix rauque de Carnes a conduit de nombreux auditeurs à croire que Rod Stewart était le chanteur.

Aujourd’hui c’est « Ève » (1950)

Titre original « All about Ève »

All About Eve [DVD] [1950] by Bette Davis: Amazon.fr: DVD et Blu-rayEve en Blu Ray : All About Eve Blu-ray - AlloCiné

 

Pourquoi ce film ?

 

Parce que c’est un des chefs d’œuvre de Mankiewicz et qu’il a bien fallut en choisir un pour illustrer son talent.

 

Quelle est l’histoire ?

 

À son début le film nous fait assister à la remise d’un grand prix d’interprétation type « Molière pour l’ensemble de son œuvre» à Ève Harrington. Dans la salle Margo Channing, ancienne lauréate déchue n’applaudit pas. Commence alors un flashback * qui nous montre la soirée où c’était Margo Channing qui était couronnée. Lorsqu’elle rejoint sa loge elle y trouve Ève qui lui avoue qu’elle a vue chacune des représentations de la pièce qui vaut à Margo Channing le triomphe de ce soir. La pauvre enfant émeut Margo qui la prend à son service plus ou moins comme secrétaire/dame de compagnie. Ève se montre d’abord «au petit oignons» pour sa bienfaitrice. Elle est d’une prévenance stupéfiante. Elle apporte le thé juste avant qu’il ne soit demandé et à la bonne température. Même chose pour le taxi. Ève informe Margo qu’il est en route au moment même ou Margo exprime le désir d’avoir un taxi. Peu à peu Ève, qui a su se rend indispensable, imite Margo, attitude, vêtements, diction etc. Un soir que, par malchance les circonstances empêchent Margo d’entrer en scène, Ève se propose de la remplacer. Elle connaît parfaitement le rôle pour avoir fait répéter Margo. C’est un triomphe et la carrière d’Ève s’envole éclipsant au fur et à mesure, une Margo à qui on ne propose plus de rôle.

 

Une fois couronnée, Ève, regagnant sa loge et y trouve une jeune admiratrice…

 

C’est une autre façon de raconter, avec talent cependant, cette histoire qui se passe au Kremlin ou une révolution de palais amène l’ancien dirigeant sur le départ à avertir son successeur qu’il a préparé trois enveloppes à son intention ceci, en prévision des coups durs.

 

Arrive un premier coup dur et le dirigeant ouvre la première enveloppe. Il y trouve une note sur laquelle il peut lire : « Dit que c’est la faute à Lénine» et tout s’arrange.

 

Même chose quand le mécontentement gronde à nouveau. Il ouvre la deuxième enveloppe et lit : « Dit que c’est la faute à Staline » et le calme revient.

 

Plus tard, arrive un troisième fort mécontentement dû à une famine qui s’annonce tant les récoltes de blés ont été mauvaises.

Il recourt à la troisième enveloppe contenant la note habituelle mais où il peut lire : «Prépare trois enveloppes»

 

Eve (Joseph L. Mankiewicz, 1950) - La Cinémathèque française

 

Réalisation

 

Joseph L. Mankiewicz – On a presque tout dit ou au moins l’essentiel, pour se contenter de rappeler que c’est un cinéaste hors normes et surdoué. Pour le reste, on se reportera à la précédente fiche « Guêpier pour trois abeilles » 1967

 

Pour la petite histoire son frère, Herman « Man » est le coscénariste de « Citizen Kane » 1941avec Orson Welles lui même

 

* Le flashback, est une technique importée de la littérature, et employée pour la première fois au cinéma par le Français Ferdinand Zecca pour son film « Histoire d'un crime », réalisé en 1901. Il a été, par la suite, très couramment utilisé dans les films muets, Mais les producteurs s’inquiètent… On leur reproche d’interrompre le « flot narratif car le spectateur passe tout son temps à tenter de mettre de l’ordre dans les faits rapportés. Welles a trouvé la parade en faisant précéder les flashbacks de « bandes d’actualité » et/ou « des coupures de presse » relatant les faits dont il va être question dans le flashback.

 

LE FILM CULTE - « Ève » : Tant qu'il y aura des femmes - Maze.fr

 

Qui fait quoi ?

 

Bette Davis :                       Margo Channing

 

Véritable « Monstre sacré » du cinéma elle a longtemps détenu le record du plus grand nombre de nominations aux Oscars en tant que meilleure actrice (dix fois), avant d'être détrônée par Katharine Hepburn (douze fois) puis par Meryl Streep (16 fois).

 

Elle a obtenu deux Oscars : l’un pour « L'Intruse » 1935 d'Alfred E. Green et le second pour « L'Insoumise » 1938 de William Wyler. Elle n'a jamais réussi, malgré ses fréquentes nominations, à en décrocher un troisième, ni pour ce qui est considéré comme le rôle le plus abouti et le plus talentueux de sa carrière dans Ève de Joseph L. Mankiewicz, ni pour sa dernière grande interprétation marquante, dans « Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? » 1962 de Robert Aldrich.

 

Gena Rowlands, épouse de John Cassavetes et passionnée de toujours par Bette Davis :

La présente comme cela « Elle était dure, elle adorait les conflits, ils lui donnaient son énergie »

 

Elle même déclare à propos d’Ève : « Dès le premier tour de manivelle aucun film ne me donna autant de satisfaction… Ce fut un grand film, dirigé par un grand metteur en scène, avec une distribution idéale… Après la projection, je pus dire à Joe (Joseph Mankiewicz), qu’il m’avait ressuscitée. »

Tout sur Eve | Intrigue, distribution, récompenses et faits

 

Anne Baxter:                      Ève Harrington

 

46 films pour cette actrice. En 1947, elle obtient l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour sa composition dramatique dans « Le Fil du rasoir » (1946) réalisé par Edmund Goulding. Elle est connue pour avoir été une interprète de prédilection de Joseph Mankiewicz, Jean Renoir, Orson Welles, Billy Wilder, Ernst Lubitsch, Otto Preminger, Anthony Mann, Alfred Hitchcock ou Fritz Lang. Aucune autre actrice dans l'histoire du cinéma n'aura été dirigée par autant de metteurs en scène de renom.

 

En 1953, elle tourne coup sur coup « La Loi du silence » d'Hitchcock où elle forme un couple émouvant avec Montgomery Clift, et « La Femme au gardénia » de Fritz Lang, deux perles du film noir.

 

George Sanders:              Addison DeWitt

 

Cet acteur britannique qui a partagé sa carrière entre Angleterre et États Unis a remporté l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour sa composition de critique raffiné et sarcastique dans All About Ève de Joseph L. Mankiewicz.

 

Sanders, qui a si souvent incarné au cinéma les gentlemen au flegme tout britannique et à l’esprit cynique, se suicide le 25 avril 1972 en Catalogne dans sa chambre d'hôtel à pour abréger les souffrances d’une longue maladie. Il laisse ce mot pour expliquer son geste : « Je m’en vais parce que je m’ennuie. Je sens que j’ai vécu suffisamment longtemps. Je vous abandonne à vos soucis dans cette charmante fosse d’aisance. Bon courage » Cynique, vous avez dit cynique ?

 

Céleste Holm:           Karen Richards

 

Surtout actrice de théâtre et/ou de télévision (Téléfilms et série).

 

Comme Thelma Ritter, ci-dessous elle joua également dans cet autre chef d’œuvre de Mankiewicz « Chaines conjugales » 1949

 

Marilyn Monroe :            Miss Casswell

 

Remarquée par Joseph L. Mankiewicz, qui distingue en elle un « grand talent », elle est engagée par ce dernier dans « Ève » aux côtés de Bette Davis. Compte tenu du succès de ses derniers films, Marilyn négocie un contrat de sept ans avec la 20th Century Fox en décembre 1950. Cela ne l’empêcha pas d’être déçue par l’ensemble de sa carrière. Comme Ava Gardner elle est victime de « La machine à rêve » que constitue Hollywood.

 

Thelma Ritter :                 Birdie Coonan

 

Elle fut nominée 6 fois aux Oscars dans la catégorie meilleure actrice dans un second rôle, ce qui fait d'elle l'actrice la plus souvent nominée dans cette catégorie. Elle est notamment connue pour son rôle de Stella dans « Fenêtre sur cour » 1954, ou pour celui d'Isabelle Steers dans « Les Désaxés ».1961 de John Huston.

 

Elle joua également dans cet autre chef d’œuvre de Mankiewicz « Chaines conjugales » 1949

 

Walter Hampden :          le vieil acteur

 

Acteur, metteur en scène, producteur et directeur de théâtre américain il s’est essentiellement consacré au théâtre avec beaucoup de succès.

 

Outre « L'Affaire Cicéron » 1952, Joseph L. Mankiewicz l’employa encore dans « Ève ».

 

Il figure également au générique de deux films à succès « Quasimodo » 1939, aux côtés de Charles Laughton et Maureen O'Hara où il tient le rôle de l’Archevêque de Paris; et celui du patriarche Oliver Larrabee dans « Sabrina » 1954, avec Humphrey Bogart, William Holden et Audrey Hepburn. 

 

Solve ALL ABOUT EVE - 1950 - BETTE DAVIS, ANNE BAXTER,GEORGE SANDERS jigsaw  puzzle online with 70 pieces

 

Et si pour une fois on parlait musique

 

 Ici, il s’agit de Alfred Newman qui composa plus de 150 musiques de films et reçu 9 Oscars.

 

À ses débuts, il a travaillé à Broadway avec George Gershwin et Cole Porter. En 1930 il part pour Hollywood rejoindre Irving Berlin. Un moment il obtient le poste de directeur musical des studios United Artists. En 1931, il orchestre la musique écrite au piano par Charles Chaplin pour Les Lumières de la ville.

 

Pax

 

Prochainement « Été Violent »

 

 

 

 

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12 avril 2022 2 12 /04 /avril /2022 06:00

 

1 février 2022

Si Mélenchon était moins C… il proposerait à Jadot et Hidalgo, comme l’a fait Tonton, un Programme Commun de Gouvernement ICI 

 

Je le crois, mais si Mélenchon était moins crétin, il mettrait vite de l’eau dans son vin, proposerait à Jadot d’être son Premier Ministre et à Hidalgo de présider l’Assemblée Nationale, une assemblée où il aurait une majorité plurielle comme disait Jospin, où il pourrait même agréger les cocos de la nouvelle coqueluche des médias Fabien Roussel.

 

Je ne déconne pas, je suis persuadé qu’ainsi Mélenchon pourrait accéder au second tour, même si face à Macron comme à Pécresse il aurait peu de chance d’être élu Président de la République mais ouvrirait la porte à une cohabitation qui serait un caillou dans le pouvoir personnel de l’élu (e).

 

Accéder au second tour n’est pas une fin en soi, c’est pour gagner et pour gagner il ne faut pas mettre ses œufs dans le même panier. Vouloir gagner seul en appelant au vote utile Mélenchon a déclenché des réactions dans tous les camps :

 

  • Le vote utile des électeurs de Pécresse pour Macron

 

  • Le vote utile des électeurs de Zemmour pour Le Pen

 

 

  • Le vote utile des électeurs de Jadot, Roussel et Hidalgo pour lui-même
  •  

Sarah Knafo et Eric Zemmour : retour sur leur histoire d'amour - PHOTOS :  Femme Actuelle Le MAG

 

« Mais la vérité de la soirée est susurrée par la grande prêtresse de la campagne, Sarah Knafo. A l’abri des oreilles indiscrètes, au milieu d’un banquet où circulent des cuisses de poulet miniatures, elle discute avec un homme imposant. Il lui assure que ses amis flics, flippés d’un Mélenchon au deuxième tour, se sont tournés au dernier moment vers Macron ou Le Pen. Elle répond: « Ben, peut-être que cest pas plus mal. » L’homme n’a pas l’air de comprendre. Knafo poursuit: « Bah Eric avec 5% de plus… », c’était le candidat de gauche qui arrivait au deuxième tour, à la place de Marine Le Pen. Derrière les discours donnés à leurs électeurs et aux télés, les zemmouriens le savent: pour eux, le pire du pire a été évité. »

 

Jean-Luc Mélenchon, avec notamment à ses côtés Adrien Quatennens, député de La France insoumise, à Châteauneuf-sur-Isère, le 29 août 2021

Pour conclure en ouvrant la focale : le sortant n’a pas gagné d’avance, il lui faudra, pour une fois, bien écouter le message des urnes, mettre lui aussi de l’eau dans son vin, car sa réélection est en partie entre les mains des électeurs de Mélenchon. Enfin, je vous serine l’importance du 3e tour : les Législatives.

 

Le numéro deux de LFI Adrien Quatennens a affirmé lundi vouloir "imposer une cohabitation" à Emmanuel Macron lors des législatives prévues en juin, estimant qu'il revenait au président sortant de "prendre ses responsabilités" pour battre Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.

 

 

"Quand on voit la configuration d'hier, il s'agira aux élections législatives de faire le nécessaire parce qu'Emmanuel Macron peut ne pas avoir de majorité à l'Assemblée", a-t-il affirmé sur France Inter, en allusion au résultat de son candidat Jean-Luc Mélenchon au premier tour qui a obtenu près de 22% des voix.

 

"Il peut s'agir de lui imposer une cohabitation", a ajouté le député du Nord. "Si l'ensemble de celles et ceux qui ont voté Mélenchon hier renouvellent leur vote aux législatives, on est en mesure de lui imposer une autre majorité", a-t-il assuré.

 

Interrogé sur le second tour du 24 avril, M. Quatennens a réitéré que "le vote d'extrême droite n'est en aucun cas une option" et que "le peuple n'a rien à gagner à une victoire de Marine Le Pen".

 

 

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