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11 avril 2022 1 11 /04 /avril /2022 06:00

 

 

Un pays fracturé

 

Jean-Marcel Bouguereau

 

Édito de la République des Pyrénées

 

 

La crainte de voir Marine Le Pen arriver en tête du premier tour, la certitude que sa victoire éventuelle ne relevait plus de folles hypothèses a eu un effet mobilisateur : certes, l’affiche du second tour 2022 est la même que celle de 2017, mais avec cette différence qu’Emmanuel Macron a près de cinq points d’avance sur la candidate d’extrême-droite, là où il y a cinq ans, il n’en avait que trois. Pour autant, le président sortant ne doit pas se leurrer en croyant à un vote d’adhésion, au terme d’un mandat marqué par les crises - sociale avec les Gilets jaunes et sanitaire avec le Covid -.  D’autant plus que Marine Le Pen a attiré près d’un électeur sur quatre.

 

En faisant campagne sur le pouvoir d’achat, elle a réussi à faire oublier que son programme n’est guère différent de celui d’Éric Zemmour et que les réformes constitutionnelles qu’elle préconise visent à mettre en place un état autoritaire et anti-européen. Quant à Zemmour, il n’aura finalement réussi qu’à servir de marchepied à Le Pen.

 

La réédition de ce duel Macron-Le Pen met par ailleurs en lumière la décomposition des anciens partis de gouvernement, Les Républicains et le Parti Socialiste. Valérie Pécresse a divisé par quatre le score de Fillon. Mais c’est encore Byzance par rapport au crash d’Anne Hidalgo qui, elle, a divisé par trois le score déjà calamiteux de Benoit Hamon en 2017, au point d’être dépassée par le pittoresque Jean Lassalle ! La candidate socialiste incarne la perte de contact du PS avec les classes populaires. Yannick Jadot, qui concourrait pour l’écologie, n’a pas réussi à faire des enjeux climatiques un sujet de cette présidentielle. Et c’est sur Jean-Luc Mélenchon que se sont portés les suffrages des électeurs de gauche ne pouvant se résigner à voter Macron d’emblée.

 

Dès hier soir, contrairement à 2017, Mélenchon a appelé à voter Macron pour faire barrage à l’extrême-droite. Pécresse, Jadot, Roussel et Hidalgo ont fait de même. « Je sais que cela ne vaut pas soutien », a admis Emmanuel Macron hier soir, en posant les enjeux du 24 avril : « Je ne veux pas d’une France de la régression pour tous. Je veux une France qui s’inscrit dans une Europe forte, pas dans l’internationale des populistes et des xénophobes ».

 

Dernier enjeu, et non des moindres : un électeur sur quatre n’est pas allé aux urnes hier. Sortiront-ils de l’abstention le 24 avril ? En faveur de qui ? « Ne nous trompons pas, rien n’est joué », a souligné Macron hier soir. Espérons qu’il ne cédera pas à sa pente naturelle, celle de l’arrogance, alors que ce premier tour montre un pays fracturé comme jamais et que son quinquennat a vu l’extrême-droite portée à un niveau sans précédent.

 

Jean-Marcel Bouguereau

Le site Internet du ministère affiche pour l’instant des « résultats incomplets calculés sur la base de 90 % des électeurs inscrits ». Sur cette base – qui n’est donc pas définitive –, Emmanuel Macron rassemble 27,40 % des voix, Marine Le Pen est à 24,58 % et Jean-Luc Mélenchon est à 20,96 %. Il faut désormais attendre le dépouillement définitif, qui devrait être dans la nuit, pour officialiser le nom des candidats qualifiés pour le second tour.

Selon la dernière estimation Ipsos et Sopra-Steria, Emmanuel Macron est à 27,6 %, Marine Le Pen 23 % et Jean-Luc Mélenchon à 22,20 %.

les résultats du premier tour dans le 14ème arrondissement 

  • Emmanuel Macron, 35,05%
  • Jean-Luc Mélenchon, 30,07%
  • Yannick Jadot, 8,55%
  • Éric Zemmour, 6,67%
  • Valérie Pécresse, 6,21%
  • Marine Le Pen, 5,74%
  • Anne Hidalgo, 2,51%
  • Fabien Roussel, 1,97%
  • Jean Lassalle, 1,30%
  • Nicolas Dupont-Aignan, 1,02%
  • Philippe Poutou, 0,57%
  • Nathalie Arthaud, 0,32%

Sur 85 742 inscrits, l’arrondissement compte 67 577 votants.  

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10 avril 2022 7 10 /04 /avril /2022 06:00

Sur les réseaux sociaux ça pleut comme à Gravelotte :

 

« Si tu es vraiment de gauche tu dois voter Mélenchon au premier tour sinon tu n’es qu’un valet de Macron ! »

 

Des listes de soutien d’artistes, d’intellectuels, de syndicalistes s’épandent et se répandent...

 

Voter utile disent-il ?

 

En fait, propulser Mélenchon sur le podium qualificatif, mais question naïve : qu’a-t-il fait pour me convaincre qu’il est le bon choix de la gauche, ne me demande-t-il pas un chèque en blanc ? Qu’a-t-il fait pour donner des gages à une autre partie de la gauche qu’il conchie ?

 

Rien, alors comme Fabien Roussel le dit « un vote utile, c'est quoi ? C'est voter pour un candidat contre un autre, c'est pas utile ça ! Non, le vote, c'est pour des convictions ».

 

Les communistes qui se sont fait plumés par le Mitterrand de Mélenchon sont experts en la matière de vote utile.

 

Donc, vous l’aurez compris, en dépit des braiements de certains cavistes naturistes, soi-disant de la vraie gauche, je ne serai pas l’idiot utile de Mélenchon.

 

L’idiot utile c'est le dernier nom d’oiseau à la mode.

 

À gauche, à droite, en même temps, aux extrêmes, ni crapule, ni cynique, sincère, bref les idiots utiles seraient partout. Il faut reconnaître que pour déstabiliser, voire humilier un adversaire, la formule est efficace. Personne n’aime se faire traiter d’idiot –même utile.

 

Excluons d’emblée de notre champ ceux qui servent sans y croire une idéologie ou une cause dans leur propre intérêt –pour l’argent, la notoriété ou le pouvoir, les cyniques. L’idiot utile est sincère, il croit à la cause dont il se fait l’avocat, cde fut le cas d’André Gide qui défendait la révolution de 1917 au début des années 1930 jusqu’au Retour de l’URSS écrit en 1936, où il fait part de son désenchantement.

 

L’Idiot utile pense servir une cause juste.

 

« Mais, par manque de jugement ou d’information, il sert en fait, involontairement, une cause qu’il ignore, et qui peut contredire ses convictions profondes. Il est naïf, n’ayant pas su percevoir la réalité de cette cause, ou trop pressé, n’ayant pas encore les éléments qui lui permettraient de bien analyser les conséquences de la voie qu’il soutient. »

 

La seconde jeunesse des « idiots utiles »

 

On attribue l’expression à Lénine, qui appelait ainsi cyniquement les intellectuels occidentaux avec lesquels il voulait s’allier, ceux qu’il voulait manipuler parce qu’ils n’avaient pas compris la réalité de la cause défendue, tout en se félicitant de leur « utilité », par le soutien qu’ils apportaient aux communistes. Mais nul n’en a trouvé trace dans ses écrits. « La formule « idiots utiles » ne se trouve pas dans les œuvres de Lénine, ni dans un propos qu’on aurait rapporté de lui », assure Dominique Colas, professeur émérite à Sciences Po et auteur de Lénine (Fayard, 2017). Pour autant, selon lui, les cibles auraient existé dès cette époque. Ainsi « l’écrivain anglais H.G. Wells, qui fut invité en Russie soviétique en 1920 ». « Gorki le reçut et il eut pour interprète une femme avec qui il eut une liaison qui se poursuivit en Angleterre, où elle émigra », indique M. Colas, qui souligne qu’à la suite de son voyage, l’écrivain rédigea « des articles et un livre mis en avant dans la presse communiste ».

 

« Historien spécialiste de l’URSS, Jean-Jacques Marie considère pour sa part que ce profil n’est apparu et ne s’est vraiment développé qu’« à partir de 1929 », lors des « voyages de propagande » organisés sous Staline. Il cite Edouard Herriot, figure du Parti radical, qui en 1933 visite l’Ukraine et en « revient en disant qu’il n’y a vu que des gens bien nourris ». « Lui est vraiment un “idiot utile” », souligne M. Marie.

 

Pas plus qu’elle n’a marqué la fin de l’histoire, la chute du mur de Berlin n’a eu raison des « idiots utiles ». Ces derniers ont même tendance à se multiplier, tout au moins si l’on en croit ceux qui les dénoncent à tour de bras. La violence du débat public, décuplée sur les réseaux sociaux, où foisonnent les justiciers en herbe, a donné une seconde jeunesse à cette expression, qui figure en bonne place dans la rhétorique du discrédit. Les éditorialistes raffolent de cette arme qui peut faire coup double, en touchant un individu ainsi que la cause que ce dernier – à tort ou à raison – croit servir.

 

 

L’idiot utile est-il toujours manipulé ?

 

Ce serait accréditer qu’on y trouve ceux qui militent dans des courants minoritaires, qui s’engagent dans des combats dont ils acceptent les risques : les porteurs de valise du FLN, les Israéliens partisans de deux états indépendants, les sud-africains anti-apartheid... Être minoritaire ne signifie pas qu’on a tort par rapport au courant dominant, même si parfois la cause qu’ils soutiennent n’est pas aussi limpide qu’ils le croient.

 

 

Finalement, le terme d’idiot utile, stricto sensu, ne devrait s’appliquer qu’à ceux qui sont manipulés, consciemment ou inconsciemment.

 

 Aux yeux de qui le dénonce, l’idiot utile, le vrai, le pur, incarne la quintessence de la stupidité. Refusant de laisser ses congénères plus affûtés gérer ce qui le dépasse, il agit et s’agite de telle façon que tout progresse… dans la direction opposée à celle qu’il croit suivre. À servir, fût-ce de bonne foi, des desseins qui contredisent ses propres aspirations, il n’est « utile », in fine, qu’à ses adversaires. Son « utilité » est même sa pire bêtise, qui écrase toutes traces d’intelligence dont il pourrait disposer par ailleurs.

Pour moi le vote utile ce sera au Troisième Tour : les législatives, refaire des députés un contre-pouvoir au Président élu, je ne mets pas de e, ce serait une novation capitale que le couplage présidentielle-législatives, œuvre du Jospin de Mélenchon, accouche d'une renaissance de la démocratie représentative et ne laisse au Président que son domaine réservé. ICI

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9 avril 2022 6 09 /04 /avril /2022 06:00

 

Désolé François-Régis mais là je suis 100% Lucky, j’aime les voyous et les bucatini ! ICI

 

Bucatini Is the Best Long Pasta There Ever Was or Will Be | Bon Appétit

Luciano, de son vrai nom Salvatore Lucania, expulsé des USA en 1946, après que sa peine fut de prison fut réduite à dix ans pour services rendus aux alliés en Sicile, vivait à Naples 11 via Tasso dans le quartier résidentiel du Vomero. Son appartement dominait la baie de Naples et le panorama qui s’étalait de la terrasse de 110 m2  était exactement celui que décrivait Virgile.

 

Luciano adorait les journalistes, il reçoit le 7 janvier 1962, l’un d’entre eux de l’hebdomadaire milanais Le Ore. Il était vêtu d’un costume croisé anthracite, sa chevelure grisonnante et ses lunettes dorées lui donnaient l’air respectable d’un expert-comptable de grande société, la poignée de main ferme et chaleureuse, la voix un peu sourde, teintée d’un léger accent new-yorkais.

 

Son équipe préférée était l’Inter de Milan qui tenait le haut du Calcio italien avec ses Buffon, Corso, Suarez, Fachetti et autres Mazzola.

 

 

Ha ! le catenaccio, “le verrou”, d’Helieno Herrera...

 

Le repas préparé par Lucky était simple et raffiné :

 

  • Caviar et saumon fumé

 

  • Pastasciutta con le sarde

 

  • Filet de bœuf à la Napolitaine accompagné d’asperges chaudes à la crème de brebis

 

  • Salade

 

  • Sabayon et biscuits aux amandes

 

Vins : champagne, Vittoria et Alcamo pour accompagner les pâtes et le bœuf, et Malvasia avec les biscuits aux amandes.

 

« Les pâtes aux sardines étaient pour Lucky Luciano sa madeleine de Combray. Quand il lui arrivait de cuisiner, le capo Lucky ne travaillait pas en amateur et respectait les traditions de la Terra Nostra. S’il était devenu un mafioso riche sans pudeur, il avait su rester humble aux fourneaux. Il avait toujours dans ses réserves les ingrédients, pour le moins insolites, nécessaires à la confection de ces étranges pâtes aux sardines à la saveur mâle, et ne se serait jamais mis à l’œuvre sans ces petits fenouils de montagne fortement aromatisés, dans lesquels Alexandre Dumas décelait « un irremplaçable goût sauvage » prodigué par le soleil, le vent et l’air… »

 

Le 27 janvier 1962, Lucky Luciano se rendit à Capodichino, l’aéroport de Naples, l’avion de Madrid devait atterrir vers 10 H 15, en avance il se dirigea vers l’un des bars et commanda un double café très fort. Il en buvait une quinzaine par jour. Au bar, 4 hommes, Luciano, 2 carabiniers et le barman. Soudain, Lucky s’affaissa au sol, et roula par terre, une légère bave à la commissure des lèvres. Deux minutes plus tard, il était mort. Il ne fut procédé à aucune autopsie du corps qui perdait, en même temps que la vie, son pseudonyme de « chanceux ».

 

Cet arrêt du cœur ne trompa pourtant personne et surtout pas le FBI, tous les symptômes notés pendant les deux minutes qui précédèrent la mort ne laissaient aucun doute sur la nature du décès : empoisonnement au cyanure.

L'enterrement de Vittorio Casamonica, le 21 août 2015. REUTERS/Stringer.

 

Les funérailles furent à la mesure de l’homme. Elles coûtèrent 72 millions de lires. Corbillard baroque noir et argent traîné par huit chevaux emplumés, soixante fourgons portant près de cinquante millions de fleurs et de couronnes, douze mille personnes. Et puis le banquet funéraire…

 

La Mafia perdait l’un  de ses plus importants capi ; la cuisine sicilienne, un de ses meilleurs chefs.

 

SOURCE

La mafia se met à table

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8 avril 2022 5 08 /04 /avril /2022 06:00

Par bonheur en Bourgogne on ne fait pas que des grands vins, on a aussi de beaux esprits. Les lire vaut mieux que de se gaver des baratins des logues sur les réseaux sociaux ou les médias en boucle.

 

Le conflit ukrainien : "une situation de tension entre sphères  d'influence", selon Alexandra Goujon - Touteleurope.eu

 

Alexandra Goujon est politiste et spécialiste de l'Ukraine et de la Biélorussie. Elle est maîtresse de conférences en science politique à l'université de Bourgogne et enseigne sur le campus de Sciences Po Paris à Dijon. Elle a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles scientifiques sur les transformations politiques et identitaires en Ukraine et en Biélorussie.

 

Compte tenu de l’actualité, nous vous offrons à lire en avant-première cette recension, par Anne de Tinguy, de l’ouvrage d‘Alexandra Goujon, L’Ukraine : de l’indépendance à la guerre (Le Cavalier bleu, 2021, 176 pages). Cette recension sera publiée dans le numéro de printemps 2022 de Politique étrangère (n° 1/2022) qui paraîtra le 8 mars prochain.

 

L'Ukraine de l'indépendance à la guerre de Alexandra Goujon

 

Alexandra Goujon consacre son dernier ouvrage aux nombreuses « idées reçues » qui circulent sur l’Ukraine. L’ouvrage met en évidence l’instrumentalisation politique de « narratifs » répandus pour la plupart par la Russie, puis repris par des médias et des responsables politiques occidentaux.

 

L’histoire de l’Ukraine est la première concernée. Elle s’inscrit traditionnellement dans une historiographie développée en Russie et largement relayée en Occident, qui a eu pour effet de « discréditer la spécificité de l’identité ukrainienne » et d’imposer l’idée que ce pays

est une simple variante régionale de la nation russe. S’appuyant sur des historiens qui font autorité (dont Andreas Kappeler), Alexandra Goujon montre ainsi que l’expression « Kiev, mère des villes russes », utilisée en Russie pour établir une continuité historique entre la Rous de Kiev (IXe siècle), la principauté de Moscou (XIIe siècle) et l’État russe contemporain, « s’apparente à un abus de langage, l’homophonie entre Rous et Russe (participant) à la confusion ». Déclarer que « l’Ukraine n’existe pas en tant qu’État avant 1991 » – elle « n’est même pas un État », aurait affirmé Vladimir Poutine à George Bush en 2008 – est tout aussi tendancieux.

 

La suite ICI 

 

Dans cette stimulante synthèse, Alexandra Goujon retrace la trajectoire historique de l’Ukraine dans le but de tordre le cou à grand nombre d’idées reçues et relayées par les médias au sujet de ce grand pays d’Europe en état de guerre non déclarée avec la Russie. Aux yeux de l’auteure, Moscou a intérêt à présenter le conflit en cours comme une guerre civile. Cela permet de masquer l’annexion de territoires ukrainiens et de délégitimer l’idée d’une nation indépendante et affranchie de la tutelle du grand frère russe, avec lequel elle serait organiquement liée par l’ethnie, la langue et la foi orthodoxe. L’image que nous avons de l’Ukraine reste marquée à la fois par les séquelles effroyables de la Seconde Guerre mondiale et la guerre des mémoires qui s’est ensuivie. Une représentation négative alimentée par l’instabilité chronique du pays qui, en l’espace d’une décennie, a été ébranlé par les révolutions orange et de Maïdan. Par sa démarche déconstructiviste, l’auteure propose une relecture dépassionnée de l’histoire du pays, sans nier l’importance des fractures multiples qui déchirent l’Ukraine. Et de rappeler les vulnérabilités structurelles qui fragilisent Kiev au plan socio-économique (inégalités, corruption des élites, intégration des marges, etc.) et géopolitique (dépendance énergétique, non-adhésion à l’Union européenne et à l’Otan, etc.). Rappelant que l’Ukraine n’a rien d’une création artificielle, Alexandra Goujon évoque les racines du conflit dans le Donbass et combien la présence russe dans les enclaves autoproclamées de l’Est ukrainien constitue un défi géostratégique pour l’Europe. On ne trouvera pas néanmoins de vision sur ce que devrait être la politique russe de l’Union européenne et sur l’avenir d’une Ukraine à la souveraineté limitée et appelée à rester un État tampon.

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7 avril 2022 4 07 /04 /avril /2022 06:00

Ma supplique pour être enterré dans le cimetière sur les hauts de Monticello…

- C’est où Monticello papy ?

 

- Depuis huit ans, ceux qui aiment Jacques Dutronc prennent l'avion pour la Corse. Puis la voiture pour Monticello, petit village perché au-dessus de L'Ile-Rousse (Haute-Corse).

 

 Monticello (Haute-Corse), lundi 11 février. Jacques DutroncMonticello (Haute-Corse), lundi 11 février. Jacques Dutronc LP/Eric Bureau

 

- C’est là où tu vas au cimetière papy ?

 

- Oui !

 

- Tu me racontes…

 

- Tu lis ICI 

 

  • D’accord mais encore ?

 

 

Comme lui je n’ai pas l’habitude de crier sur les toits mon vote mais là lorsque j’entends les appels au vote utile au premier tour pour le Merluchon je sors de mes gonds, faut arrêter de me prendre pour un con, t’avais qu’à mettre de l’eau dans ton vin pour rassembler la gauche, laisser de côté ton ego, tes obsessions, tes rancœurs, et comme au temps de Mitterrand même sans grand enthousiasme, j’aurais voté utile.

 

Point final !

 

Jacques Dutronc, sur scène en 2010.

 

Dutronc donc, ses cigares, sa fausse décontraction, ses chansons concoctés par Jacques Lanzmann ICI , ses chats, son fils Thomas, Françoise Hardy, l’acteur aussi…

 

 

« J'ai fait une procuration mais je connais bien les gens là-bas et ils ne vont pas voter ce que j'ai demandé, c'est-à-dire le Roussellement, a-t-il expliqué avec sourire au micro de RTL. Ils vont mettre je sais qui... Si sur la procuration tu pouvais mettre pour qui tu votes ! Mais qui va vérifier comme c'est secret ? Je l'ai fait aussi, on m'a demandé de voter pour quelqu'un et... », a-t-il conclut dans un rire laissant penser qu'il n'a pas, lui aussi, honoré sa parole à l'époque.

 

Je ne sais pas si je vais mettre mes pas dans les pas de l’ermite de Monticello mais contrairement à lui puisque j’ai une procuration je respecterai le choix de mon mandataire.

 

 

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6 avril 2022 3 06 /04 /avril /2022 06:00

Slalom (2020) - IMDbSlalom (2020) - IMDbSlalom (2020) - IMDb

Mille et une productions c’est Édouard Mauriat et Anne-Cécile Berthomeau

 

https://cdn-s-www.leprogres.fr/images/E2A3D503-4C4E-452C-8AC3-E1D8C31228E1/NW_raw/noee-abita-charlene-favier-et-edouard-mauriat-au-festival-de-deauville-ou-le-film-a-recu-le-prix-d-ornano-photo-jacques-basile-1601829608.jpg

 

Une petite entreprise qui connaît la crise.

 

C’est tourné en Savoie.

 

C’est orné de plein de médailles*

 

Donc plein de raisons pour acheter le DVD

 

Slalom - Film (2020) - SensCritique

 

* Récompenses

  • Festival du film francophone d'Angoulême 2020 : prix Magélis des étudiants francophones

 

  • Festival du cinéma américain de Deauville 2020 : prix d'Ornano-Valenti

 

 

  • Festival Film by the Sea de Flessingue 2020 : prix de la jeunesse

 

  • Festival international du film francophone de Namur 20206 : prix Bayard de la Meilleure Photographie

 

 

Nominations

 

  • César 2022 :

 

Meilleur espoir féminin pour Noée Abita

 

Meilleur premier film

 

  • Magritte 2022 : meilleur acteur pour Jérémie Renier

 

Sélections

  • Festival de Cannes 2020 : sélection officielle

 

  • Festival Lumière 20207 : sélection officielle Cannes 2020
  •  

Charlène Favier, réalisatrice de “Slalom” : “J'ai fait ce film pour ouvrir  le dialogue”

 

Télérama aime bien Critique par Marie Sauvion ICI

Publié le 11/01/2022

 

 

Lyz (Noée Abita), 15 ans, nouvelle élève d’une classe de sport-études à Bourg-Saint-Maurice, se rêve future championne de ski. « Il va falloir que tu t’affûtes », balance Fred (Jérémie Renier), son coach, lorsqu’il l’examine pour la première fois. Il palpe la jeune fille en culotte, sans affect apparent, uniquement préoccupé de savoir si ces 50 kilos de chair et de muscles lui apporteront bientôt une victoire. Main froide et dent dure, Fred aime la gagne, les podiums, les médailles. Et l’adolescente veut satisfaire son entraîneur. Le glissement progressif qui la voit passer de bizut à chouchoute, Slalom le décrit de manière organique. Soumis à l’obsession de la performance, le corps de Lyz cesse de s’appartenir. Elle respire désormais au rythme des humeurs de l’homme, de ses accès de colère ou de joie. Et de ses pulsions.

 

Jamais Charlène Favier ne lâche le point de vue de Lyz, qu’elle descende une piste ou qu’elle subisse un viol qui la laisse hébétée. Les séquences d’agression sidèrent par ce qu’elles captent du visage, du regard de la jeune fille trahie, qui semble soudain s’absenter à elle-même et ne revenir au présent que pour se découvrir souillée, littéralement, de fluides à nettoyer d’urgence.

 

La réalisatrice ne s’en cache pas, le scénario est nourri de son expérience personnelle. Sa mise en scène, maîtrisée, s’appuie sur un tandem d’acteurs impeccables, à commencer par Noée Abita, la révélation d’Ava en 2017. Face à un Jérémie Renier soufflant le chaud et le froid, manipulateur charismatique mais aussi pathétique, prédateur insoupçonnable, la jeune actrice de 22 ans compose un personnage à la fois fragile et indestructible. Qui ne dit mot ne consent pas et Slalom le donne à ressentir avec force et intelligence.

 

Synopsis

 

À 15 ans, du haut de son 1m60, Lyz a été sélectionnée en section ski-études au lycée de Bourg-Saint-Maurice et rejoint une petite équipe coachée par Fred, un entraîneur qui veut emmener ses athlètes au sommet. La jeune fille accepte les nombreux entraînements sur les pistes, les séances de piscine, footing, électro-musculation, prise de compléments alimentaires pour augmenter la masse musculaire, séances vidéo, fartage. Et ça paie, elle enchaîne des victoires. Mais plus la jeune fille gagne, plus la pression augmente. Et un soir, dans l'ivresse du succès, l'entraîneur l'agresse sexuellement. Pour Lyz, c'est le début d'une spirale infernale face à un pervers narcissique...

 

Slalom - Film (2020) - SensCritique

Une critique moins favorable mais intéressante : Slalom

Par Jean-Jacques Corrio -18 mai 20210 ICI

 

Fred (Jérémie Renier) et Lyz (Noée Abita) dans « Slalom », de Charlène Favier.

L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER

Les faits à l’origine du film ne sont plus un secret pour personne, tant le bouche-à-oreille a eu le temps de fonctionner depuis que Slalom a été dévoilé au Festival du film francophone d’Angoulême, à la fin de l’été 2020. Le premier long-métrage de Charlène Favier raconte la relation toxique entre une jeune championne de ski, Lyz (Noée Abita), et son entraîneur, Fred (Jérémie Renier).

 

Ancienne sportive de haut niveau, dans une discipline différente, la réalisatrice a elle-même été victime d’agressions sexuelles, se décidant bien plus tard, en 2014, à écrire sur le sujet dans le cadre d’un atelier scénario à la Fémis. A l’époque, les agressions dans le milieu du sport n’étaient pas encore massivement dénoncées dans la sphère médiatique.

 

En 2020, les témoignages de l’ancienne patineuse sur glace Sarah Abitbol et d’autres championnes ont déferlé, dans le sillage de la vague #metoo, et voilà que Slalom se trouve pris dans une glaçante actualité. Si le film sort accompagné d’un dossier pédagogique sur les violences sexuelles à l’attention des adolescents, il serait pourtant injuste de le réduire à une œuvre à thèse.

                 

Lire aussi  Article réservé à nos abonnés La cinéaste Charlène Favier, entre zone grise et manteau blanc

La réalisatrice ne fait pas de Fred un simple prédateur – ce qui peut être le cas en milieu sportif, à en croire les experts. Elle préfère explorer les ressorts psychologiques qui conduisent l’entraîneur et son élève dans le tourbillon d’une relation toxique. Lyz, 15 ans, vient d’intégrer la section ski-études du lycée de Bourg-Saint-Maurice (Savoie). L’ancien champion devenu entraîneur, Fred, prépare le groupe d’adolescents aux championnats de France et d’Europe, et rêve pour certains d’entre eux des Jeux olympiques. La compagne de Fred (Marie Denarnaud) supervise les études des sportifs, et jusque-là tout se passe à peu près normalement.

 

Lyz est une guerrière et veut gagner. « Elle a faim », comme dit Fred, qui, tout à la fois, lui mène la vie dure et lui apporte un soutien moral et matériel, la jeune fille étant livrée à elle-même – avec un père absent et une mère absorbée par sa nouvelle vie. Le film commence plutôt sous une bonne étoile, Lyz connaissant ses premiers succès sportifs et s’attachant à ce coach si généreux. On sent bien une attirance chez elle, mais qui reste à l’état de fantasme et d’admiration. Fred lui-même ne semble pas animé par de sombres calculs. Ayant raté sa carrière à la suite d’un accident, il voit sans doute en Lyz une future championne capable de lui redonner une visibilité.

 

Subtile transformation physique

 

Pourtant les choses dérapent. Charlène Favier montre comment, de fait, le coach prend l’ascendant sur la jeune fille. C’est lui qui la pèse, connaît la date de ses règles, pose ses mains sur ce corps en mutation, qui doit prendre de l’épaisseur et des muscles. A cette proximité physique s’ajoute une dépendance psychique, avec l’idée que la victoire passe forcément par l’entraîneur. Fred devient la planche de salut de Lyz, laquelle lui fait entièrement confiance. Les temps d’entraînement privilégié qu’il lui accorde deviennent des moments d’intimité.

 

Dans l’esprit brouillé de l’adolescente, il y a bien le rêve d’une histoire d’amour avec cet homme proche de la quarantaine, mais elle n’en maîtrise pas les termes. Elle ne dit pas non, il lui impose ses pulsions sexuelles. Cela s’appelle un viol. Elle se trouve réduite à un état de passivité et attend que ça passe. Fred semble miné par sa propre attitude, comme impuissant à garder la bonne distance. Les deux protagonistes portent leur fardeau sous la neige.

 

 

Révélée dans Ava (2017), de Léa Mysius, Noée Abita irradie le film de sa troublante candeur, mêlée à une ténacité hors norme. Agée de 22 ans, même si elle en paraît 16, l’actrice réussit une subtile transformation physique qui l’endurcit tout en laissant intacts les restes de l’enfance. Charlène Favier ne la filme pas comme une lolita, de même qu’elle ne réduit pas Fred à un cynique. Jérémie Renier incarne très justement un homme fort en surface, mais frustré à l’intérieur, n’ayant pas réglé ses comptes avec son passé et son échec sportif. Slalom emprunte un chemin étroit, périlleux, et porte le débat avec la subtilité requise.

 

Le slalom ne se résume pas à l’épreuve sportive, il décrit aussi la descente psychologique d’une jeune athlète qui tente de se frayer un chemin, de sortir indemne du piège sans perdre de vue l’objectif initial : gagner la course et devenir une championne. Le film interroge l’esprit de groupe au sein d’un collectif de champions, car il est surtout question ici de solitude.

 

Slalom quitte peu à peu la pâleur des cimes enneigées et son tempo chronométré, pour se teinter de couleurs vives et irréelles : un bleu glacé, un rouge incandescent. Un instant, Lyz, avec son gilet à capuche, devient le Chaperon rouge guetté par le loup. Une échappée vers le conte pour dire l’innocence retrouvée. Slalom est un film de sensations, et non pas « à sensation ».

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5 avril 2022 2 05 /04 /avril /2022 06:00
Dimanche prochain comme le dimanche 7 mai 2007 je vais voter deux fois

Sur les réseaux sociaux, qui sont les nouveaux rings électoraux, entre les coups bas, les invectives, les fake-new, les foutages de gueules, les buzz, le refrain le plus chanté par les électeurs est : « y’a pas eu de campagne ! »

 

Au risque de me faire avoiner je pense que c’est une bonne chose car faire campagne pour les candidats, surtout ceux qui ferraillent pour se qualifier pour le deuxième tour, c’est aligner des promesses qu’ils ne tiendront jamais. Chirac qui n’en ratait aucune et qui adorait les campagnes électorales, le disait crûment : « Les promesses n’engagent que ceux qui les entendent. »

 

Comme une ritournelle angoissée  une seule question m’est posée : « pour qui vas-tu voter ? »

 

Ma réponse tombe sèche comme un coup de trique : « Ch’es pas ! »

 

Ce n’est pas faux sans être totalement vrai mais ça m’évite de m’expliquer, comme disent les sondeurs : « je suis un électeur au vote caché. »

 

Mon problème c’est que je vais voter deux fois comme en 2007

 

J'ai voté deux fois ICI

 

Dimanche presque ordinaire : ma petite séance de gym, pour m'y rendre je passe devant le Sélect, pas un chat en terrasse. Les courses, faut bien manger. J'achète le dernier Douglas Kennedy à l'Arbre à Lettres : La Femme du Ve, ça se passe à Paris. Un petit tour chez Truffaut pour acheter du terreau de plantation, c'est le problème du béton faut l'engraisser pour qu'il soit accueillant pour les plantes.

 

À midi, ça vote dur. Au retour, j'ai croisé dans la contre-allée de chez moi une Saint-Cyrienne en uniforme : casoar et jupe-culotte. J'ai confié ce que mon petit doigt n'arrête pas de me dire depuis hier à une enveloppe cachetée. Déjeuner tardif pour cause de jardinage intensif. Départ pour le XVIe arrondissement, 50 rue des Belles Feuilles, près de l'avenue Victor Hugo que je connais bien puisque j'y avais mon bureau du temps de la SIDO. Je croise trois Cayenne. Je vote pour la première fois pour quelqu'un d'autre. A voté, je signe. Même si ça me démange j'évite de faire des commentaires sur les indigènes du XVe. De retour à la maison je range des papiers. Un petit tour sur le net : la Tribune de Genève annonce à 18 h 30  que le PS vient de confirmer à l'agence suisse ATS la défaite de Ségolène Royal 46%. Bon faut y aller, ça fait drôle d'aller déposer son bulletin dans l'urne. A voté ! C'est la deuxième fois de la journée.

 

Vous allez me dire que vous n’en avez rien à cirer de ma double votation, j’en conviens mais si je vous tartine une chronique c’est que j’ai de bonnes raisons :

 

  • La première c’est qu’en mai 2007 je suis allé voter à  reculons pour la Ségolène, c’est pour cela que j’ai attendu la dernière minute alors que d’ordinaire je vote tôt le matin. Il se peut que dimanche prochain je fasse la même chose pour le premier tour.

 

  • La seconde c’est que cette fois-ci, le tête-à-tête classique annoncé par les sondages renvoie les autres candidats à une stratégie d’engranger un max de voix pour aborder le 3e tour, les législatives, en position de force. Cette analyse peut influencer mon choix de premier tour.

 

  • La troisième c’est que cette fois-ci je vais voter deux fois dans le même bureau de vote. Je ne sais si je devrai voter pour deux candidat(e)s différents. Mystère !

 

  • La quatrième c’est que j’irai consulter nos voisins suisses et belges pour avoir les résultats de ce premier tour avant que nos médias aient le droit de les afficher à 20 h.

 

 

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4 avril 2022 1 04 /04 /avril /2022 06:00

dessin / McKinsey : le camp Macron embarrassé - l'Opinion

Nul besoin de s’offrir les services fort onéreux de Mc Kinsey quand on a un Jean-François chez soi.

La guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine nous a brutalement a rappelé la fragilité de notre système alimentaire, en raison de la place de l’Ukraine et de la Russie dans le commerce mondial des céréales. À l’occasion de la réunion du G7 du 25 mars, Emmanuel Macron a alerté sur les risques qui pèsent sur la sécurité alimentaire mondiale et a adopté avec ses collègues un plan d’urgence, l’initiative « farm », pour prévenir le risque de famine dans certains pays, en particulier d’Afrique du nord.

 

En quelques mois, le prix de la tonne de blé est passé de 200 € à 400 €. Pourtant, le blé est majoritairement semé à l’automne dans toute l’Europe de l’Ouest, et maintenant même en Ukraine et en Russie en raison du changement climatique. Le blé consommé actuellement dans le monde a donc été moissonné au cours de l’été 2021 dans tous les pays de l’hémisphère Nord, principaux pourvoyeurs du marché mondial. Il est vrai que la Russie et l’Ukraine sont depuis quelques semaines sorties du marché mondial, mais des stocks existent en dehors de ces deux pays qui permettent de faire face à la demande et la flambée actuelle des prix résulte de phénomènes spéculatifs dont profitent pleinement les grandes entreprises de négoce de blé. Il faut également indiquer que l’augmentation du prix du blé a commencé plusieurs mois avant la guerre en Ukraine, en raison d’achats massifs de blé par la Chine.

 

Dans ce contexte, quelle est donc la pertinence des décisions du G7 ?

 

Les céréales ne servent pas qu’à nourrir les hommes : la concurrence entre les différents usages de la production céréalière

 

La part des terres arables et de la surface toujours en herbe n’a pas varié significativement depuis 1970. Sur les 13 milliards de terres émergées du globe terrestre, 4,9 milliards sont des terres agricoles, dont seulement 1,4 milliard de terres arables susceptibles de produire des céréales notamment (le reste étant occupé essentiellement par des prairies permanentes). Le reste de la surface du globe est occupé par les forêts (4 Mds hectares), des villes, des déserts et d’autres terres non cultivables.

 

 

Nous ne disposons donc que de 10% de la surface du globe pour cultiver des plantes de toute nature.

 

Ces 10% de la surface du globe sont soumis à une forte concurrence : la population urbaine augmente et avec elle la taille des villes qui fait disparaître de milliers d’hectares de terres arables. Il y a également concurrence entre les productions qui seront consacrées à l’alimentation des hommes, à celle des animaux, et celles qui seront utilisées comme matières premières pour des productions industrielles.

 

Ainsi, de 1973 à 2011, la production céréalière mondiale a augmenté de 1,1 milliard de tonnes (passant de 1,5 à 2,6 milliards de tonnes), soit une progression de 73 %. Dans le même temps, la population mondiale est passée de 3,9 milliards d’habitants à 6,9 milliards, soit une croissance de 76 %.

 

La croissance de la production céréalière peut sembler presque alignée sur celle de la population mondiale à la lecture de ces deux chiffres, mais la réalité est un peu plus complexe.

 

Le maïs a contribué à 52 % de l’augmentation de la production de céréales au cours de ces 50 années. Le maïs entre peu dans l’alimentation humaine. En revanche, associé au soja, il est devenu une composante essentielle de l’alimentation des animaux et la croissance de sa production a permis d’augmenter la disponibilité de protéines animales pour les habitants de la planète. Comme la consommation de viande a plutôt stagné ou diminué dans les pays développés, elle a augmenté dans les pays en développement.

 

L’augmentation très importante de la production céréalière mondiale a été affectée pour 43 % directement à l’alimentation humaine, principalement le blé et le riz.

 

Mais le fait notable est l’augmentation considérable des usages industriels de la production céréalière mondiale pendant cette période, notamment la production d’éthanol : 30 % de l’augmentation de la production mondiale des cinquante dernières années ont été consacrés au développement des usages industriels des céréales. Cela concerne principalement le maïs mais également le blé. L’augmentation de la consommation de céréales pour l’alimentation animale a progressé moins vite que les usages industriels non alimentaires de ces céréales. L’alimentation animale utilisait 42 % de la production mondiale de céréales en 1973, elle n’en utilise plus que 35 % aujourd’hui.

 

Environ 200 millions de tonnes de maïs américains sont transformées chaque année en éthanol incorporé dans le carburant des véhicules automobiles. 10 % des céréales produites dans le monde servent aujourd’hui de carburant. On pourrait ajouter les surfaces consacrées à d’autres plantes qui ne sont pas des céréales, comme le colza, le soja ou l’huile de palme avec lesquels on produit du diester également utilisé comme carburant. Ce sont autant de surfaces qui ne sont pas consacrées à la production de blé ou de riz susceptible d’alimenter directement des humains.

 

En France, 11% seulement de la production céréalière sont consacrés à l’alimentation humaine. La moitié de la production est exportée sous forme de graines ou de produits transformés, de façon à peu près équivalente vers le reste de l’union européenne et vers les pays tiers. 17 % sont consacrés à l’alimentation animale. Près de 4 % (soit plus de 2 millions de tonnes de céréales) servent à produire de l’éthanol, moyennant quoi la France représente le quart de la production de bio éthanol de l’union européenne. Nous utilisons aussi environ 3 millions de tonnes de blé pour produire de l’amidon utilisé pour produire des sirops de glucose, des caramels colorants et beaucoup d’autres produits très appréciés des industries agroalimentaires et participant à la production de tous ces produits ultra transformés dont les effets sur la santé sont régulièrement dénoncés

 

La diversité des usages des céréales permet de penser qu’un arbitrage est possible entre eux. Nous pourrions choisir de modifier la réglementation européenne qui impose l’incorporation d’éthanol dans le carburant automobile, pour réorienter une partie des céréales utilisées à cette fin vers la consommation humaine des populations qui en ont besoin. Les autres usages industriels pourraient également être reconsidérés.

 

Le commerce mondial des céréales est dominé par un oligopole

14% des céréales produites sont échangées sur le marché mondial. Les céréales sont d’abord produites pour répondre à la demande intérieure des pays qui les produisent et non pour être échangées sur le marché mondial, à la différence des produits industriels.

 

Le commerce mondial des céréales est dominé par un petit nombre de pays.

 

Les ventes mondiales de maïs qui représentent le plus gros volume d’échanges, sont réalisées essentiellement par cinq pays : les Etats-Unis (21% des exportations), devant le Brésil, l’Argentine, l’Ukraine et la Russie.

 

Pour le blé, la Russie domine, suivie des Etats-Unis, du Canada, de la France, de l’Australie et de l’Ukraine.

 

Le marché des céréales est également concentré d’une autre manière. Il est dominé par un très petit nombre de négociants internationaux : Archer Daniels Midland, De Bunge, Cargill et Louis Dreyfus, souvent désignés par le sigle ABCD, dominent ce marché depuis des décennies. Les trois premières sociétés sont américaines, la dernière est une société alsacienne à l’origine dont le siège social est maintenant localisé aux Pays-Bas, pour bénéficier du régime fiscal favorable aux groupes multinationaux offert par ce pays fondateur de la construction européenne. On aura une idée de la taille de ces sociétés de courtage en indiquant que Cargill est la plus grande firme américaine non cotée en Bourse ; elle emploie 143 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires estimées à 150 milliards de dollars.

 

D’autres intervenants sont apparus récemment, mais peu nombreux et pour le moment ils sont de taille bien inférieure c’est le cas de Glencore, une société anglo-suisse de courtage, de négoce et d’extraction de matières premières, ou bien en France du groupe coopératif InVivo qui vient de racheter le négociant privé Soufflet. D’autres entreprises asiatiques apparaissent.

La domination des quatre gros négociants historiques reste incontestable. Le négoce n’est qu’un aspect de leur activité. Ces entreprises investissent dans tous les secteurs liés à la transformation des céréales, notamment dans les agro-carburants ou la production d’amidon.

 

Un rapport « d’Oxfam international » du mois d’août 2012, intitulé « Cereal secrets », analysait l’évolution des marchés céréaliers et démontrait le rôle de ces courtiers dans la volatilité des marchés céréaliers mondiaux qu’ils organisent et dont ils profitent en étant à la fois les acteurs du commerce mondial et de la couverture des options qu’ils prennent sur les achats et les ventes de céréales à terme.

 

Le marché mondial des céréales est donc tout sauf un marché répondant aux critères de la concurrence pure et parfaite. C’est un marché oligopolistique dans lequel les intérêts géopolitiques mélangés aux intérêts privés de quelques intervenants disposant du pouvoir de « faire le marché » jouent un rôle déterminant.

 

La guerre entre deux intervenants importants sur ce marché a bien sûr des conséquences sur les prix mondiaux, mais elle ne suffit pas à expliquer à elle seule leur évolution, puisque les Etats-Unis et l’UE jouent un rôle prépondérant dans l’équilibre global du marché mondial des céréales.

 

Les marchés agroalimentaires sont spécifiques

 

La volatilité des prix des produits alimentaires est connue depuis très longtemps puisque Grégory King qui vécut de 1648 à 1712 et fut un des premiers statisticiens de l’économie, avait constaté que les variations de prix des céréales n’étaient pas proportionnelles aux variations de l’offre sur le marché. Une réduction de 10 % de l’offre pouvait entraîner une augmentation de 30 % des prix, et plus la réduction des quantités disponibles était importante, plus le multiplicateur d’augmentation du prix était élevé.

 

Il n’y a pas de mystère là-dedans, il s’agit de produits pour lesquels la demande n’est pas élastique. Une fois que l’on a resserré d’un certain nombre de crans sa ceinture, il faut se nourrir ou mourir.

 

Dès lors en absence de régulation des marchés, la spéculation joue à plein et entraîne rapidement des flambées de prix des denrées alimentaires qui peuvent être suivies par des baisses tout aussi spectaculaires.

 

Malheureusement, les responsables politiques européens ont oublié cette réalité élémentaire.

 

Ils avaient eu l’intelligence de construire dans les années 1960 une politique agricole commune qui reposait sur une protection du marché de la communauté économique européenne, grâce à des tarifs douaniers permettant de pratiquer des prix sur le marché européen rémunérateurs pour les agriculteurs, les incitant à produire ce qui était nécessaire pour assurer l’indépendance alimentaire des Européens. Des mécanismes d’achats publics, de stockage puis de mise sur le marché permettaient de stabiliser le prix des denrées alimentaires des pays européens. C’est ainsi qu’en 1972/1973, l’Union soviétique acheta en toute discrétion plusieurs millions de tonnes de céréales sur le marché mondial pour faire face à une grave pénurie chez elle. Lorsque ces achats ont été connus, les prix mondiaux ont flambé tandis qu’ils restaient assez stables au sein de la CEE grâce aux mécanismes de marché qu’elle avait instaurés.

 

Ceux-ci n’ont malheureusement pas résisté à la pression américaine qui a imposé dans les négociations du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), commencées au milieu des années 80 et conclues en 1995 par la création de l’Organisation Mondiale du Commerce, la destruction de la politique agricole commune, enjeu majeur de ces négociations commerciales multilatérales. Les États-Unis ont exigé la suppression des mécanismes de marché européen en même temps que le démantèlement de sa protection douanière. Ils étaient secondés par l’Australie le Canada. Ils ont obtenu ce qu’ils voulaient d’une Union Européenne aussi faible à l’époque qu’aujourd’hui. Après avoir capitulé, elle accepta de remplacer le système qui avait permis le développement de l’agriculture européenne, notamment de l’agriculture française, par un système d’aide à l’hectare accordé aux paysans en contrepartie de leur mise en situation de concurrence avec le marché mondial. Les paysans européens savent ce que cela leur a coûté.

 

La dernière étape de ce démantèlement de la seule politique commune européenne véritable a été la suppression des quotas laitiers en 2015, dans l’euphorie d’une montée temporaire du prix des produits laitiers sur les marchés mondiaux. La FNSEA a appuyé cet abandon en faisant croire aux producteurs laitiers français qu’ils allaient profiter de la hausse du prix du lait et des produits laitiers sur le marché mondial. Il ne fallut pas attendre très longtemps pour que les producteurs laitiers n’aient plus que leurs yeux pour pleurer et que l’on assiste à nouveau à des « grèves du lait » et au déversement de camions de lait dans les caniveaux ou devant les préfectures pour protester contre la vente de leur lait à un prix inférieur aux coûts de production.

 

Le G7 a perdu sa boussole stratégique

Le G7 appelle les pays producteurs à produire plus de céréales pour se substituer à l’Ukraine et à la Russie. Un mécanisme de répartition des volumes additionnels serait instauré pour répondre à la demande des pays importateurs. L’Inde et la Chine sont invitées à déstocker les céréales qu’elles détiennent actuellement pour assurer leur propre sécurité alimentaire. Enfin des investissements agricoles contribuant à la sécurité alimentaire en Afrique sont espérés, plus tard et sans plus de précisions.

 

Cette réponse correspond parfaitement aux attentes des pays producteurs d’Europe et d’Amérique du Nord qui ont perdu du terrain dans le commerce mondial des céréales au profit de l’Ukraine et de la Russie dans les 15 dernières années. Mais nous avons vu que si une crise alimentaire devait advenir, elle ne serait pas d’abord le résultat d’un déséquilibre entre l’offre et la demande de céréales permettant de nourrir les êtres humains, mais le résultat de l’utilisation croissante des céréales, donc des terres arables, à d’autres fins que la production pour l’alimentation humaine d’une part, et de l’organisation d’un marché oligopolistique des produits agricoles et agroalimentaires qui combine la position dominante de quelque pays et le rôle de quelques grands courtiers.

 

La sécurité alimentaire des pays africains ne sera pas garantie durablement par l’augmentation de la production des pays qui dominent depuis des décennies le commerce céréalier mondial. Elle ne le sera que par une protection des marchés agricoles des pays africains permettant aux agriculteurs de vivre de leur travail et de nourrir les populations locales. Au lieu de cela, l’ouverture de leurs marchés a contribué à la ruine de leurs économies agricoles, à la concentration de la population dans les villes qui génère mécaniquement une augmentation des importations de produits agricoles et agroalimentaires.

 

Ce qui constitue en réalité la cause de l’insécurité alimentaire d’une partie des pays de la planète est présenté par le G7 comme sa solution.

 

Structurellement erronée, cette réponse n’est pas adaptée à la situation du moment.

 

Quelle que soit la détermination des pays du G7, on ne fait qu’une récolte de blé par an.

 

Même si un peu plus de blé de printemps était semé maintenant, l’essentiel du blé qui sera récolté à l’été 2022 a été semé à l’automne 2021, il est en train de pousser et ses rendements n’augmenteront pas parce qu’une résolution du G7 l’a souhaité.

 

Aussi, si les responsables politiques veulent véritablement limiter l’augmentation des prix des céréales au cours de l’année 2022 et jusqu’à la moisson de 2023, ils doivent réfléchir et proposer des mécanismes limitant la spéculation sur le prix des céréales. Une taxation des profits exceptionnels des courtiers intervenant sur le marché du blé permettrait peut-être de calmer un peu la fièvre du marché, même si cela n’est pas suffisant.

 

Ils devraient aussi réfléchir à la répartition des céréales entre leurs différentes destinations : usage alimentaires et usages industriels pour l’adapter à la nouvelle situation créée par la guerre en Ukraine.

 

Un changement de cap irréfléchi de la politique de l’Union européenne

 

L’union européenne vient d’adopter une nouvelle politique agricole baptisée « de la fourche à la fourchette ». Elle n’est pas exempte d’incohérences et de contradictions. Son objectif principal n’est pas avoué, il s’agit de réduire les moyens consacrés à l’agriculture. Mais elle se présente comme une politique agricole plus favorable à l’environnement, bien qu’elle supprime une partie des aides accordées jusque-là à l’agriculture biologique. Elle affiche la volonté de parvenir à une agriculture plus respectueuse de l’environnement grâce notamment à une réduction de l’usage des pesticides, des fongicides et du nitrate.

 

Difficile de croire à l’authenticité de cette volonté, puisque l’encre de cette nouvelle politique agricole européenne n’est pas sèche que l’orientation en est condamnée par notre Président au nom de la nécessaire mobilisation dans la guerre alimentaire contre la Russie.

 

Toujours prompt à adopter un discours martial, E Macron déclare qu’il ne faut pas désarmer l’agriculture face à l’offensive russe et qu’il faut abandonner les objectifs de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires et des engrais chimiques qui viennent d’être fixés par l’union européenne, pour augmenter la production.

 

Les dégâts de l’agriculture dite productiviste sont pourtant bien connus : dégâts économiques parce que ce modèle a fragilisé les exploitations agricoles en les spécialisant sur des productions dont les prix de vente ne sont plus garantis. Dégâts pour l’environnement : les nitrates épandus en quantité beaucoup trop importante, pour assurer des rendements élevés, ne sont pas utilisés entièrement par les plantes et se retrouvent dans l’air sous forme de protoxyde d’azote (265 fois plus efficace que le CO2 du point de vue de l’effet de serre), ainsi que d’ammoniac qui contribue à la production de particules fines et aux pics de pollution. Le nitrate excédentaire se retrouve dans les nappes d’eau souterraine et dans les rivières, ainsi que les pesticides dont l’impact désastreux pour la santé est maintenant parfaitement documenté.

 

L’élevage industriel est aussi mauvais pour les paysans qu’il l’est pour les animaux. Il concentre dans certaines régions les excès de lisier qui contribuent à l’excédent d’azote dans les sols, tandis qu’ailleurs la disparition de l’élevage ne permet plus d’enrichir les sols qu’en recourant à des engrais chimiques fabriqués avec les hydrocarbures que nous importons notamment de Russie.

 

Il y a un paradoxe dans cet appel à augmenter la production de céréales alors que l’on demande aux pays de l’union européenne d’arrêter les importations de gaz russe.

 

En effet, pour augmenter la production de céréales dans les pays agricoles exportateurs, il n’y a pas 36 solutions.

 

La première serait d’augmenter la surface cultivée en céréales, mais les marges de manœuvre sont faibles de ce côté-là, nous l’avons vu. La plupart des terres susceptibles d’être cultivées en céréales dans des conditions économiques et écologiques raisonnables le sont déjà. D’ailleurs, la nouvelle politique agricole commune prévoyait la mise en jachère de 4 % des terres agricoles en raison de la contribution des terres en jachère à la préservation de la biodiversité.

 

Si l’on ne peut pas augmenter la surface cultivée, il faut augmenter la productivité des hectares mis en culture, c’est-à-dire le nombre de tonnes de blé récoltées sur la même surface. L’ennui c’est qu’en France, depuis une dizaine d’années, les rendements ont cessé de croître. Au mieux ils stagnent, au pire ils diminuent. Cela n’est pas dû à la conversion massive des agriculteurs à l’écologie, la consommation de produits phytosanitaires en France n’a pas cessé d’augmenter au cours des dernières années et celle des engrais ne s’est pas réduite non plus. Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, les rendements à l’hectare non plus.

 

Pour améliorer la fertilité des sols, on peut recourir soit aux engrais organiques (fumier, lisier, boues de stations d’épuration…) soit à des engrais chimiques.

 

Les engrais chimiques dominent largement le marché et la situation ne s’améliorera pas si l’on réduit la part de l’élevage dans l’agriculture au nom de la lutte contre l’effet de serre.

 

Les engrais azotés qui ont permis d’augmenter les rendements de la production de céréales sont produits par un vieux procédé inventé par le chimiste Fritz Haber (1868-1934) consistant à combiner l’azote de l’air avec l’hydrogène du gaz naturel, pour produire de l’ammoniac, lequel sera transformé ensuite en ammonitrate pour être utilisé comme engrais. C’est la raison pour laquelle la Russie, gros producteur de gaz, est devenue un gros pays producteur et exportateurs d’engrais azotés. Le reste des engrais azotés produits en Europe occidentale l’est en utilisant du gaz importé de Russie. Deux tiers des engrais utilisés en France sont importés. Augmenter la production de blé en France ne pourra pas se faire sans augmenter la consommation d’engrais azotés, donc les importations de gaz russe ou d’engrais russes fabriqués avec leur gaz naturel. Il faut ajouter que le prix des engrais a été multiplié par quatre depuis le début de la guerre en Ukraine et que l’approvisionnement des paysans d’Europe de l’Ouest est très incertain en raison des sanctions économiques prises contre la Russie.

 

Enfin, ce n’est pas la proposition d’abandonner la mise en jachère de 4 % des terres agricoles européennes figurant dans la nouvelle PAC qui permettra d’augmenter substantiellement la production de blé. Une part des terres en question n’est pas en jachère pour le moment ; elles sont donc déjà productives. D’autre part, cette idée de mettre des terres en jachère n’est pas une novation de la politique agricole européenne, la réforme de 1992 prévoyait une mise en jachère pouvant aller jusqu’à 15 % des terres agricoles et les agriculteurs ont toujours mis en jachère les terres les moins productives, les petites parcelles difficiles d’accès et dont la mise en culture rapporte peu. Bref ce n’est pas avec cela que la pénurie de céréales redoutées sera évitée.

 

Conclusion

 

Il est regrettable que la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine soit utilisée pour remettre en avant un modèle agricole sans avenir. Les propositions du G7 sont complètement incohérentes avec tous les efforts déployés par ailleurs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de la convention de lutte contre le changement climatique de l’organisation des Nations unies, aussi bien que pour réduire les achats d’hydrocarbures à la Russie.

 

Pour répondre aux besoins alimentaires de l’humanité et à la crise née de la guerre, il faut réduire les usages non alimentaires des céréales, prendre des mesures internationales de lutte contre la spéculation sur les prix des denrées alimentaires, protéger les marchés agricoles des pays africains et réorienter en profondeur les pratiques agricoles pour nous émanciper de l’autre vecteur de dépendance aux hydrocarbures que représente l’agriculture intensive.

 

Le G7, l’Union européenne et la France devraient consacrer leurs efforts à cela, plutôt qu’à reprendre à leur compte, sans discernement, les positions des lobbys de la production céréalière dont la mise en œuvre pendant plusieurs décennies nous a conduit à l’impasse dans laquelle nous nous trouvons

 

Le 26 mars 2022

Jean-François Collin

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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 06:00

Guêpier pour trois abeillesGuêpier pour trois abeilles

Critique : Guêpier pour trois abeilles, de Joseph L. Mankiewicz - Critikat

Capucine, une ombre est passée
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SOUVENIRS

Blaise Hofmann consacre un livre à Capucine, mannequin et actrice tombée dans l’oubli

 

Rappelant que la lumière parvient d’étoiles éteintes depuis longtemps, l’exergue relève de la poésie et de l’astronomie. Elle donne la juste tonalité de Capucine. Porté par une nostalgie antérieure à sa naissance et un sentiment d’empathie pour une icône oubliée, Blaise Hofmann, la pâtre d’Estive, le voyageur de Marquises, accomplit le devoir de mémoire en dédiant un livre à Capucine, étoile filante du mannequinat et de Hollywood.

 

Le «Héron hautain

 

Née en 1928, à Saint-Raphaël, Germaine Lefebvre grandit à Saumur et s’ennuie vite dans une vie trop étriquée pour ses rêves. Elle monte à Paris mener la vie de bohème. Un jeune couturier, Hubert de Givenchy, repère sa silhouette élancée. Celle que la presse surnomme le «Héron hautain» fait la une des magazines. Sur les traces de Marlene Dietrich, elle embarque pour l’Amérique. À Hollywood, cornaquée par le producteur Charles Feldman, elle tourne des films qui connaissent de grands succès comme Le Bal des adieuxLe Grand Sam et naturellement La Panthère rose dans lequel elle incarne l’épouse de l’inspecteur Clouseau. Incarnation de l'«élégance parisienne» participe aussi à Quoi de neuf Pussycat, le premier scénario de Woody Allen porté à l’écran. De retour sur le vieux continent, elle joue dans le Satyricon de Fellini. Et puis plus rien, ou si peu…

 

Capucine passe les trente dernières années de sa vie à Lausanne, au chemin de Primerose. Fait de la figuration, voit sa grande amie Audrey Hepburn, et d’autres vedettes hollywoodiennes vieillissant sur les bords du Léman – Yul Brynner, David Niven, Peter Ustinov… Dépressive, redoutant la vieillesse, elle se jette du huitième étage de son immeuble le 17 mars 1990.

 

Traces furtives

 

Pour rendre vie à cette étoile sortie des mémoires, Blaise Hofmann mène l’enquête. Il revient sur les traces de Capucine à Saumur. Il retrouve la maison de son enfance et le bistrot de quartier où elle avait ses habitudes. Il enregistre des témoignages souvent ténus («J’arrosais ses pétunias…») auprès de célébrités (Givenchy) ou d’inconnus (voisins), visionne des films oubliés, lit des coupures de presse. «Mon héroïne manque d’épaisseur, c’est un fait», note l’écrivain. Et sa biographie peine à tenir ses promesses. Elle n’atteint pas au niveau du Limonov de Carrère ou du Dora Bruder de Modiano, ces sublimes portraits fantasmatiques intégrant la subjectivité de l’auteur. La pâte de la littérature ne monte pas. Merci toutefois pour cette anamnèse élégiaque.

 

Capucine, de Blaise Hofmann, Zoé, 216p

Guêpier pour trois abeilles, une étincelante comédie de J.L. Mankiewicz en  version restaurée ・ La Filmothèque du Quartier Latin

Aujourd’hui c’est « Guêpier pour trois abeilles » (1967)

 

Pourquoi ce film ?

 

Pour voir que l’on peut faire une autre adaptation de la pièce Volpone de Ben Jonson que celle de Jules Romain et Stephan Zweig portée à l’écran par Maurice Tourneur avec Louis Jouvet et Harry Baur. Mais aussi pour une introduction à l’œuvre de Joseph L. Mankiewicz, un des plus grands et fins réalisateurs, scénaristes et producteurs du cinéma américain.

 

Régalons nous.

 

Quelle est l’histoire ?

 

Comme pour le Volpone de Ben Johnson l’histoire de passe à Venise.

 

Le richissime Cecil Fox regarde un soir, à la Fenice, la pièce Volpone qu'il s'est fait représenter pour lui tout seul. Cela semble lui donner des idées.

 

Le lendemain, il embauche William McFly, en qualité de secrétaire particulier, et le charge de faire venir, dans son palais vénitien, trois anciennes maîtresses, en leur faisant miroiter qu'il est mourant et pourrait léguer sa fortune à l'une d'elles.

 

Celles-ci arrivent bientôt : Mrs Sheridan - avec sa dame de compagnie Sarah Watkins -, la princesse Dominique et Merle McGill.

 

L'affrontement psychologique commence avec elles, aussi avides et hypocrites l'une que l'autre. Mais un matin, Mrs Sheridan est retrouvée morte...

 

 

Réalisation

 

Voici professionnel exceptionnel de l’univers du cinéma plusieurs fois Oscarisé alors qu’il ne réalisa que 22 films de 1946 à 1972. Films dont il fut souvent le scénariste voir le producteur.

Aucun de ses films ne passa inaperçu alors que, comme dit Wikipédia : « ses films se caractérisent par une quasi absence d’action, au sens hollywoodien du terme, et l’importance prépondérante des flashbacks, des dialogues et des rapports entre les personnages. »

 

Ses têtes d’affiches couvrent le gotha de l’époque (Marlon Brando, Elizabeth Taylor, Bette Davis, Ava Gardner *, Humphrey Bogart, Montgomery Clift, Gene Tierney, Vincent Price) avec une prépondérance d’acteurs britanniques : George Sanders, Rex Harrison, Cary Grant, Richard Burton, Laurence Olivier, Michael Caine, James Mason Maggie Smith… »

 

C‘est avec « Chaînes conjugales » 1949, qui remporte les Oscars du scénario et de mise en scène qu’i rencontre le succès. L’année suivante il réitère la performance, obtenant exactement les mêmes prix pour « Ève », 1950 qui remporte également l’Oscar du meilleur film.

 

En 1951, après avoir tourné « L’Affaire Cicéron » avec James Mason. Puis il quitte Los Angeles pour aller s’installer au calme sur la côte Est. En 1952, il adapte le « Jules César » de Shakespeare avec Marlon Brando en vedette.

 

Réalisateur et scénariste surdoué, aborda tous les genres, comme un western, le savoureux

 

« Le Reptile » 1972 avec, entre autre, Kirk Douglas Henry Fonda. En 1972, il tourne son dernier film, l’intrigant « Le Limier », dont la distribution se limite à deux acteurs (Laurence Olivier et Michael Caine) sans pour autant que cela ressemble à du théâtre filmé.

 

* Ce qui nous permet d’évoquer son chef d’œuvre le fascinant « La Comtesse aux pieds nus » avec Ava Gardner et Humphrey Bogart dont Mankiewicz dira lui-même :  « « J’ai essayé de faire un conte de fées qui corresponde à la vie d’aujourd’hui, une version amère de Cendrillon. Le prince charmant aurait dû, à la fin, se révéler homosexuel, mais je ne voulais pas aller aussi loin. » Et qui s’attira des critiques comme celle de Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier « On n’oubliera pas de sitôt (…) le chant passionné de La Comtesse aux pieds nus, éblouissant film sphinx aux mille facettes, combat désespéré d’une héroïne à l’inutile splendeur contre un monde sordide… »

 

Ce cinéaste de premier ordre était aussi un Monsieur.

 

« En 1950 alors qu’il est président de la Screen Director Guild, Cecil B. DeMille profite d’une période où Mankiewicz est absent pour tenter une offensive pro-maccarthysme. À son retour, Mankiewicz s’oppose à la manœuvre et, soutenu par John Ford, repousse l’attaque»

(Wikipédia)

 

Pour la petite histoire il obtient son étoile sur le Hollywood Walk of Fame le 8 février 1960

 

Guêpier pour trois abeilles - Manifestations

 

Qui fait quoi ?

 

Rex Harrison :           Cecil Fox

 

Acteur britannique à la vie privée mouvementée ce qui ne l’empêchera pas d’être anobli par la Reine Élisabeth II  en 1989.

 

On se souviendra de lui dans « My Fair Lady » 1960 et du rôle du Professeur Henry Higgins qu'il joua dans la comédie musicale, inspirée de la pièce de théâtre Pygmalion, de George Bernard Shaw auprès de Audrey Hepburn. Son rôle dans l'adaptation cinématographique lui valut de remporter l'Oscar du meilleur acteur.

 

Humoriste par prédilection il s’illustra aussi dans des films historiques ainsi il tint le rôle de Jules César dans « Cléopâtre » de Mankiewicz en 1963, face à Elizabeth Taylor, ou celui du pape Jules II dans « L'Extase et l'Agonie » de Reed en 1965, face à Charlton Heston dans le rôle de Michel-Ange. Harrison retrouvera Mankiewicz dans  « L'Aventure de madame Muir » 1947 avec Gene Tierney. Sa stature, son flegme font de lui l’exemple type de l’Anglais distingué, tout comme David Niven

 

 

Cliff Robertson:         William McFly

 

Une quarantaine de film et non des moindres pour cet acteur américain qui obtint l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle tout en finesse avec beaucoup de sensibilité dans le film « Charly » 1969 de Ralph Nelson.

 

Maggie Smith:            Sarah Watkins

 

Elle est considérée comme l'une des plus grandes actrices britanniques du XXe siècle en raison de la variété de ses rôles et de la longévité de sa carrière, elle est aussi l'une des plus récompensées, ayant reçu deux , entre autre deux Oscars, et je ne sais plus combien de Golden Globes, BAFTA, Elly Awards et Tony Award.

 

Elle est tout simplement, une fois de plus admirable dans le passionnant « Gosford Park » 2001 de Robert Altman qu’il n’est pas exclu de trouver prochainement en fiche. Plus récemment on a pu l’apprécier dans la série «Dowton Abbey » où elle est Lady Violet Crawley comtesse douairière de Grantham, mère de Lord Grantham

Ne ratez pas : "Guêpier pour trois abeilles"

Susan Hayward:               Mrs Sheridan

 

Cette superbe actrice a été une habituée des films de Joseph Mankiewicz, Henry King, Edward Dmytryk et surtout Henry Hathaway. Elle tourne avec Gregory Peck dans « David et Bethsabée » 1951 et « Les Neiges du Kilimandjaro » 1952 de Henry King. Elle est complimentée pour des rôles difficiles. Elle joue ainsi la femme dépressive du président Andrew Jackson dans « The President's Lady » 1953. Son interprétation de l'actrice alcoolique Lillian Roth dans « Une femme en enfer » 1955 lui vaut le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes en 1956. Elle reçoit l'Oscar de la meilleure actrice en 1959 pour son rôle de la meurtrière Barbara Graham dans « Je veux vivre ! ».

 

Capucine :                    La princesse Dominique

 

Tout aussi superbe est cette actrice française qui est aussi mannequin.

 

Son rôle le plus marquant de cette période, demeure celui de Simone Clouseau, épouse du célèbre inspecteur interprété par Peter Sellers dans La Panthère rose de Blake Edwards en 1963 (et deux de ses suites, vingt ans plus tard).

 

Mais on oubliera pas « Le Grand Sam » où la critique américaine remarque que « Capucine, la svelte actrice française engagée pour jouer « Ange », apporte au film une heureuse touche de classe » auprès de son partenaire John Wayne et que « Capucine met beaucoup plus d’intensité dans son interprétation de fille de dancing terreux qu’elle ne l’a fait précédemment dans son rôle larmoyant du « Bal des adieux » » 1960 selon The New York Times » Faut le faire ! Bravo Madame !

The Honey Pot (1967)

Edie Adams:                Merle McGill

 

Une dizaine de films ( beaucoup, beaucoup plus de télévision et de téléfilm) pour cette curieuse femme d'affaires américaine, chanteuse et humoriste, comédienne à Broadway et actrice à la télévision et au cinéma.

 

Adolfo Celi:                 L'inspecteur Rizzi

 

Tout le monde mettra rapidement un visage sur cette acteur italien quand on saura qu’il joua le méchant dans « Opération Tonnerre » 1965 ou il joue le milliardaire borgne Emilio Largo.

 

Avant cela il fut un important metteur en scène de théâtre en Amérique Latine.

 

Par la suite on le retrouve en officier britannique dans « Le Roi de cœur »1966 de Philippe de Broca. (voir fiche)

 

Hugh Manning:         Volpone

 

Acteur de théâtre et un peu de cinéma avec seulement 9 films à son actif. Non des moindres cependant puisqu’on y trouve : « Les Briseurs de barrages » 1955de Michael Anderson, 1959  « Notre agent à La Havane » de Carol Reed, 1973  « Le Piège de John Huston » 1973 « Elephant Man » 1980 de David Lynch, excusez du peu.

 

Pax

 

Prochainement «  Ève »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 avril 2022 6 02 /04 /avril /2022 06:00

Peut être une image de 1 personne et texte qui dit ’Du vin dans les voiles bon vent à Vincent! Vincent eHouëzec, 65 ans, capitaine bar vin dans es voiles. l'heure laretraite affaire. Un emplacement deux oas des futures halles... Glaciè- rendez-vous i'aime générations. restau- a parkings quartier retraite, VincentL barre cuistot, était particulier voiles.. toujours aventure. 'O l'Aigle, bosseur, QUEST-FRANCE resto, Palais Gourmand, monté fd l'aéro-clu fans, S”ng Renault objets dérivés Coupe Jean-Marc PINSON.’

Vincent est un ami sur Face de Bouc, nous ne nous sommes jamais rencontrés, Quimper c’est dans le Finistère-sud, le bout de la terre. Par le passé j’y suis allé au temps où le député-maire était rocardien du premier cercle. Il a mal tourné, nul n’est parfait, il s’est mis à parler dans l’oreille du capitaine de pédalo. C’était un grand seigneur, un jour il me fit parvenir au 78 rue de Varenne un superbe kouign-amann.

 

Il quitte la barre de son bateau joliment baptisé du Du vin dans les voiles, je lui souhaite bon vent en lui offrant un de mes petits textes au temps où j’écrivais sur les nappes en papier des bistros, il y ait question de Quimper et, cerise sur le gâteau, les filles du bord de mer d’Arno.

 

Encalminé ICI 

 

 

Elle ne cessait de lui dire

 

Chéri fait moi rire !

 

 

 

 Et lui planté au bout du bout

 

Du grand bassin de radoub

 

Du terminus Montparnasse

 

Ivre d’embruns

 

Venus des grands espaces

 

Marins

 

Répondait je suis noir de fumée

 

Des cigarettes grillées

 

Au pied d’un bar à putes

 

 

 

Drôle de chute

 

De reins

 

Parfum

 

De femmes communes

 

À la hune

 

D’un gros cargo en cale sèche

 

Ressassant sa dèche

 

Je ne vais pas gagner ma vie

 

Je l’ai…

 

 

 

Voûte bétonnée

 

Incarcéré à perpétuité

 

Pour solitude nocturne.

 

 

 

 

Elle de lui dire

 

Vire

 

De bord mon bel ami

 

Sort du rade

 

Gagne la haute mer.

 

 

 

 

Et lui contemplait sa complaisance

 

Évoquant les rives de l’Auzance

 

De son enfance

 

Aux berges ombragées

 

Odeur d’herbe fraîchement coupée.

 

 

 

 

Elle têtue

 

Femme d’un marin sans navire

 

L’accotait

 

À l’arche de ses hanches.

 

 

 

 

Lui tombait de son piédestal

 

Cul par terre

 

Embarquait dans le Paris-Quimper

 

Pour le Finistère

 

Qui est le bout de la terre

 

En disant qu’il était Charles Denner

 

Qui aimait les filles du bord de mer…

 

 

 

 Elle de rire

 

En bord de bar

 

Alsa-Glace au dessert

 

C'est un régal que l'on sert...

 

 

 

 Drôle de chute !

est question de Quim

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