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28 janvier 2022 5 28 /01 /janvier /2022 06:00

Historique de la pizza Margherita : une pizza au nom de la reine

C’est celle que je choisis lorsque je déjeune avec polpette la princesse de la trottinette !

 

Mais je lis aussi Antonio Scurati, le second volet de sa trilogie sur Mussolini  « L’homme de la providence »

 

 

Et qui lis-je page 107 ?

 

Le roi Victor-Emmanuel III avec sa mère et la princesse Yolande.

Le roi Victor-Emmanuel III avec sa mère et la princesse Yolande. La famille de Savoie retrouve espoir avec le jeune couple royal et la toute jeune princesse.

 

« La reine est morte

 

Marguerite de Savoie a été la première reine consort d’Italie et sa première reine mère. Amatrice raffinée des arts mais férocement réactionnaire, pionnière de l’automobilisme tout en étant secrètement dévouée au Vatican, elle a été populaire parmi ses sujets mais a toujours incité les généraux à ouvrir le feu sur leurs rebellions, elle a soutenu avec ardeur les fascistes dès la première heure, ce dont ils lui ont été reconnaissants. Alpiniste, salonnière, organisatrice de bals légendaires, chantée par les poètes, veuve d’un homme tué à coups de révolver (le roi Humbert Ier fut assassiné le 29 juillet 1900 à Monza par l’anarchiste Gaetano Bresci), elle a donné son nom à  un village situé dans la province de Barletta, à un lac d’Éthiopie et au meilleur plat du monde, la pizza garnie de mozzarella, de sauce tomate et d’une feuille de basilic, la pizza Margherita. »

 

Pizza Margherita - Recettes Italiennes

 

Marguerite de Savoie et son époux, le roi Umberto 1er d’Italie, étaient alors en visite à Naples le 11 juin 1889. La reine voulut goûter à la cuisine savoureuse et généreuse de Naples au Pietro e basta così, du pizzaiolo Raffaele Esposito qui eut l’honneur de démontrer son talent dans la cuisine royale. Il créa une pizza, le pays venant tout juste d’être unifié, aux couleurs du drapeau italien avec du basilic (vert), de la Mozzarella (blanc) et des tomates (rouge). La reine adora la pizza et Esposito la baptisa « Margherita» en son honneur.

La ville de Naples (sud de l'Italie) a célébré jeudi en fanfare les 120 ans de la pizza Margherita, créée en 1889 aux couleurs du drapeau italien, a constaté un photographe de l'AFP. ICI

Mis à jour le 11 juin 2009

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27 janvier 2022 4 27 /01 /janvier /2022 06:00

 

Après Hitler, Mussolini, j’ai acheté les 2 premiers tomes, le troisième est à venir.

 

C’est du lourd :

 

  • « M. L’enfant du siècle » 787-788 pages (terminé)

 

 

  • «  M, l’homme de la providence » 672 pages (entamé)

 

C’est plus facile à lire car c’est l’oeuvre d’un romancier, ce qui n’est pas du goût des historiens mais plébiscité par un large public en Italie.

 

Portrait (1933) de Benito Mussolini, par Gerardo Dottori. Ce peintre appartenait au mouvement futuriste, dont une partie des membres a soutenu activement le fascisme.

Portrait (1933) de Benito Mussolini, par Gerardo Dottori. Ce peintre appartenait au mouvement futuriste, dont une partie des membres a soutenu activement le fascisme. 

 

- « M. L’enfant du siècle », d’Antonio Scurati : Mussolini, la tyrannie du vide

Couronné par le prix Strega, le formidable et imposant « M. L’enfant du siècle » ouvre une trilogie romanesque sur le « Duce », en se concentrant sur son ascension.

 

Par Nicolas Weill

Publié le 02 septembre 2020

 

 

 « M. l’enfant du siècle » (M. Il figlio del secolo), d’Antonio Scurati, traduit de l’italien par Nathalie Bauer, Les Arènes, 864 p., 24,90 €.

 

Monumental ! Le mot n’est pas trop fort pour qualifier le projet d’Antonio Scurati. L’écrivain italien, qui a reçu le prix Strega 2019 – l’équivalent du ­Goncourt – pour M. L’enfant du siècle, campe le portrait de Mussolini en un triptyque romanesque d’une ampleur inédite. La première partie, qui paraît aujourd’hui en français, traite de la période 1919-1924 et comprend déjà plus de 800 pages. Elle dresse, pour des générations exposées à tous les révisionnismes, le paysage de l’Italie au sortir de la première guerre mondiale, frustrée des fruits territoriaux d’une victoire qui a coûté plus d’un million de morts civils et militaires, déchirée par des affrontements confinant à la guerre civile entre les militants révolutionnaires et la poignée de fascistes lancés à la conquête de Rome. Le défi était ­immense. Il est magnifiquement relevé et offre ce qu’il y a de meilleur dans le genre du roman historique.

 

Gourdins et huile de ricin

 

Le ton et le style sont ceux de la chronique. Les événements se trouvent relatés presque au jour le jour, dans une présentation arrangée des faits, certes, mais où toutes les figures sont réelles. Le discours indirect et les subtils glissements d’un point de vue à l’autre ouvrent au romancier le cerveau et la psychologie des ­acteurs. M. L’enfant du siècle fournit une brillante illustration de la puissance propre à la littérature, capable, comme le pensait le philosophe Paul Ricœur, d’articuler temps historique et temps humain. Organisé en saynètes qui portent à chaque fois un nom de protagoniste, une date et un lieu, le livre raconte l’ascension du fascisme sur le mode d’un scénario de film ou de série dont la fin ne ­serait jamais écrite d’avance. L’« effet de réel » est assuré, à la fin de chaque chapitre, par des documents du temps qui, en leur langage, attestent la réalité de ­l’action qui vient d’être racontée. Le récit en reçoit son rythme haletant et, surtout, l’histoire retrouve toute sa contingence.

 

« M. L’enfant du siècle » raconte l’ascension du fascisme sur le mode d’un scénario de film ou de série dont la fin ne serait jamais écrite d’avance

 

Et si le roi Victor-Emmanuel III avait ­signé le décret instaurant l’état d’urgence lors de la « marche sur Rome » de 1922, au lieu de jeter le coup de pied de l’âne à l’Etat libéral et de désigner Mussolini comme premier ministre ? Et si, en dépit de son goût soi-disant nietzschéen pour la guerre, Mussolini avait échoué à maîtriser ses troupes, qui ravageaient le nord de l’Italie armées de gourdins, d’huile de ricin mais aussi de revolvers et de fusils ? Et si, face au scandale provoqué par le meurtre de l’opposant socialiste Giacomo Matteotti (1885-1924), qu’Antonio Scurati érige en contretype ­positif de Mussolini, ce dernier s’était laissé pousser à la démission ? Et si la gauche, pourtant triomphante dans les urnes, n’avait pas été aussi divisée ?

 

 

Mussolini a profité de nombreux hasards et de beaucoup de lâcheté, suggère l’auteur. Et ce portrait n’a rien d’un monument à la gloire du personnage. Au ­contraire, il en propose une démythification systématique, annoncée par un titre qui, d’emblée, réduit le tyran à une initiale. Scurati se livre à une destruction de la légende mussolinienne d’autant plus nécessaire que, en comparaison avec son disciple Adolf Hitler, Mussolini bénéficie d’une indulgence relative. Au-delà des hagiographies ­parfois délirantes de l’ère fasciste, dont celle de la célèbre maîtresse du « Duce », Margherita Sarfatti (Dux, 1926), on a pu, après 1945, le considérer comme un fils simplement dévoyé du Risorgimento (l’unité italienne), un rempart contre le déferlement du bolchevisme, un intellectuel austère et moderniste passionné de futurisme ou de Pirandello, entraîné malgré lui dans la guerre, élève du philosophe socialiste français Georges Sorel, théoricien de la grève générale et de ­l’action directe, etc.

 

Mise en scène de soi

 

Qu’il ne fut rien de tout cela est le ­message du livre de Scurati. Ce dernier montre un Mussolini opportuniste et jouisseur. Surtout, il détaille la cruauté sadique avec laquelle ses fascistes, aux alentours de la plaine du Pô (la célèbre chemise noire faisait partie du costume du paysan de Romagne) ou en Polésine (au sud de la Vénétie), traitaient leurs ­adversaires. Pour Antonio Scurati, le ­fascisme et son leader sont avant tout des « enfants d’un siècle » marqué au fer rouge par la « brutalisation » du premier conflit mondial. Les scènes de violence pure scandent la progression du texte. Saisissantes, insoutenables, parce qu’elles eurent bien lieu : « L’homme aux ­lunettes de motard fait tournoyer sa massue ferrée au-dessus de sa propre tête et l’abat sur le crâne du chef de la ligue [des paysans socialistes]. Le visage couvert de sang, ce dernier tente de rejoindre ses filles, il marmonne des mots incompréhensibles en rampant sur le ventre, entre les jambes des squadristes qui le frappent de leurs bâtons. »

 

 

Derrière les poses, la rhétorique ronflante et la mise en scène de soi en « star » de cinéma, la véritable dimension de Mussolini et du fascisme se dévoile à travers la chronique romancée de sa prise de pouvoir : par-delà le mirage de la grandeur, le règne du gangstérisme, du chaos et du sang.

 

EXTRAIT

 

« La figure de Giacomo Matteotti est élevée à la gloire du saint. Son habitation, via Giuseppe Pisanelli, est déjà devenue une destination de pèlerinage, et sur les lieux du rapt s’accumulent des centaines de couronnes de fleurs en une sorte de mausolée à ciel ouvert. La police intervient pour disperser la procession des fidèles sur le quai du Tibre, les carabiniers montés ­balaient les fleurs et rompent le rassemblement. (…) Le Duce paraît abattu, abasourdi, paralysé par la ­déception. Giovanni Marinelli vient d’avouer qu’il possède encore, cinq jours après l’enlèvement, les ­reçus dûment contresignés des paiements versés aux assassins avant et après le crime. (…) Hébété, Mussolini fixe un regard vitreux sur un fantôme à l’horizon : il a toujours prôné la nécessité historique de la ­violence chirurgicale, la férocité précise, exacte, ­inexorable, et voilà qu’il a entre ses mains souillées d’excréments et de sang, un crime bestial. »

 

« M. L’enfant du siècle », pages 787-788

 

Nicolas Weill

 

Benito Mussolini dans les années 1930 avec sa famille (de gauche à droite) : sa femme Rachele tenant dans ses bras Anna Maria, son fils Romano, sa fille aînée Edda, ainsi que Bruno et Vittorio.

Benito Mussolini dans les années 1930 avec sa famille (de gauche à droite) : sa femme Rachele tenant dans ses bras Anna Maria, son fils Romano, sa fille aînée Edda, ainsi que Bruno et Vittorio. | ARCHIVES / OUEST-FRANCE ARCHIVES

 

- M, l’homme de la providence, le monumental roman vrai sur Benito Mussolini ICI

 

L’Italien Antonio Scurati livre un deuxième tome de sa magistrale histoire du dictateur et du fascisme. Tout est vrai, insiste-t-il, seule la forme est littéraire.

 

L’Italie n’a jamais vraiment soldé les comptes avec ses Chemises noires. « Je fais partie de la dernière génération élevée dans les valeurs antifascistes, constate Antonio Scurati, 52 ans, joint au téléphone. Il y a aujourd’hui une nostalgie explicite du fascisme et de Mussolini, qui lamine la démocratie. »

 

Auteur reconnu, professeur de littérature à l’université de Milan et créateur d’un groupe de recherche sur le langage de la guerre et de la violence, Antonio Scurati s’est lancé dans une monumentale entreprise : raconter le fascisme pas à pas, par ses acteurs et par les faits, avec la rigueur de l’historien et la langue du romancier.

 

La suprématie du vide

 

Le premier tome M, l’enfant du siècle (2020) contait en plus de 800 pages la transformation du militant socialiste en leader autocrate, de l’après-guerre aux lois « fascitissimes » de 1925. « Benito Mussolini est le père des leaders populistes, sans idéologie, prêt à toutes les volte-face pour accéder au pouvoir. Son absence de principe est ce qui fait sa force. C’est la suprématie du vide. Il sent les peurs des gens et les alimente. Bien des mouvements populistes d’aujourd’hui usent des mêmes mécanismes », juge Antonio Scurati.

 

Ce premier tome en tous points remarquable a reçu le Goncourt italien (le prix Strega) en 2019, a été traduit dans trente-huit pays et s’est déjà vendu à 500 000 exemplaires. C’est dire si le second tome était attendu.

 

Celui-ci retrace les années 1925-1932, le culte de la personnalité grandissant

 

(« Mussolini a fait de son corps le cœur de sa communication »), les failles et les maux intimes de « l’homme de la Providence », selon les mots du pape Pie X, les petites et grandes bassesses du régime, le grotesque disputant parfois au terrible, comme dans la guerre coloniale totale de Libye.

 

Antonio Scurati l’assure. Tout est vrai. Un de ses procédés particulièrement efficace est de citer des documents officiels, secrets ou intimes, dans le corps du récit. Puis de retranscrire des extraits bruts de ces documents à la fin de chaque chapitre. « On me demande parfois comment je coordonne mes assistants. Au début, il n’y avait que moi. Depuis, je reçois un peu d’aide de la part d’archivistes, de l’Institut d’études du mouvement de libération, de réseaux de bibliothécaires. »

 

Tout le monde croit connaître l’histoire

 

Scurati multiplie les formes littéraires et les points de vue pour faire de ces ouvrages chronologiques une lecture haletante : dialogues, lettres, récit chirurgicalement précis, chronique baroque… Et là, reconnaît-il, sa subjectivité joue : « Pendant que Mussolini cherchait son chemin, je cherchais le mien. Comment raconter cette réalité vénéneuse en restant au plus proche de la réalité, mais en évitant de susciter de l’empathie pour le personnage ? »

 

Antonio Scurati sait désormais qu’il lui faudra (au moins ?) quatre tomes pour aller au bout de l’histoire. Jusqu’à ce que le corps du dictateur déchu et celui de sa dernière maîtresse soient exposés à la colère de la foule, le 25 avril 1945 à Milan.

 

« En Italie, ce qui a déterminé le succès du livre est qu’il raconte une histoire que tout le monde connaît sans la connaitre réellement, estime l’auteur. Dans les pays étrangers, c’est ce que cette histoire raconte du pouvoir et de la soif de pouvoir. »

 

Un succès qui lui a valu des critiques. Des erreurs mineures ont donné lieu à des articles vengeurs.

 

Et certains historiens avalent mal qu’un romancier attire toute la lumière sur cette sombre mémoire. Francesco Filippi, par exemple, auteur d’un récent Y a-t-il de bons dictateurs ? démentant point par point (et en moins de 200 pages) les fantasmes sur le régime mussolinien, a eu quelques mots grinçants.

 

Antonio Scurati n’en a cure et poursuit son travail de romain. À l’ouvrage sur le troisième tome, il supervise également le scénario de l’adaptation en série de son grand œuvre : « Une grosse production avec des acteurs internationaux, déjà très engagée », assure-t-il.

 

M, l’homme de la providence, Les Arènes, 672 p. 24,90 € (suite de M, l’enfant du siècle).

 

 

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26 janvier 2022 3 26 /01 /janvier /2022 06:00

 

Au tout début de juillet 1981, le second tour des législatives ayant eu lieu le 21 juin 1981, à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République François Mitterrand le 22 mai 1981, 333 députés de la Majorité Présidentielle (PS, PCF, MRG, Divers gauche) sur un total de 491 sièges, concédant 158 députés à la Droite (RPR, UDF et divers droite).

 

Un vrai raz de marée rose : 266 députés PS, la majorité absolue, le RPR de Chirac n’avait que 85 sièges. La première alternance de gauche sous la Ve République et le 2e gouvernement Mauroy accueillait 4 Ministres communistes. Un véritable séisme pour le pays même si les chars russes s’étaient abstenus d’envahir la Place de la Concorde.

 

Votre serviteur, juché sur son destrier hollandais Grand Batavus, se pointait dès le matin au guichet du porche qui dessert l’Hôtel de Lassay, le 128 rue de l’Université, pour prendre ses fonctions de conseiller technique du Président de l’Assemblée Nationale, fraîchement élu le 02/07/1981. ICI 

 

Le premier acte de Louis Mermaz Président de l’Assemblée Nationale fut d’abandonner la jaquette et l’habit le soir.

 

La horde rose, majoritairement issues du vivier de l’Éducation Nationale, ne brillait pas par son dress code vestimentaire, du prêt-à-porter de province, chemise tergal et écrases-merde avachies, sur le banc des Ministres l’état des lieux étaient plus reluisant : l’imposant Pierre Mauroy sanglé dans un costume croisé, Robert Badinter élégance 7e arrondissement, Lolo Fabius avec ses gros nœuds de cravates en tricot fluo très jeune-vieux, les 4 Ministres communistes stricts, le Che bien mis très Chevènement, seuls Delors arquebouté sur les déficits et Rocard en pénitence au Plan, se rapprochaient de la masse socialistes.

 

Bref, la Droite, réduite à une peau de chagrin, contemplait avec dédain ces intrus mal vêtus, pariant sur le rapide effondrement des socialo-communistes entraînant avec lui dans sa chute un Mitterrand première version à gauche toute.

 

Tout ce petit monde du chaudron du Palais Bourbon je le côtoyais journellement, jour et nuit, dans l’hémicycle, dans la salle des Pas Perdus, à la bibliothèque, à la buvette, pour les socialistes dans la salle Colbert et lors des réceptions du Président. Très instructif sur les mœurs parlementaires, j’aurais pu écrire un traité d’anthropologie des députés de toutes les sensibilités.  

 

Et puis, il y avait Jack Lang le trublion de la Place de Valois, pas le genre à faire dans la nuance, frivole, favori du maître du château, s’en donnait à cœur joie ralliant à lui le petit monde de la culture et les jeunes aussi. Je n’ai fait que le  croiser en mes années d’Assemblée Nationale, ce n’est que sous Tonton 2 que j’eus avec lui un lien privilégié, ayant à la demande d’Henri Nallet accompagné le trublion et sa cour en Loir-et-Cher  lors de sa campagne électorale pour se faire élire à Blois. Pour Jack j’étais « le meilleur connaisseur de la paysannerie », il l’avait écrit à mon Ministre sur un bristol pendant le Conseil, il me téléphonait en direct pour que je lui explique la jachère cynégétique et que je l’aide à transférer l’école du paysage à Blois.

 

En 1985, j’étais alors au cabinet de Rocard Ministre de l’agriculture, le 17 avril, ça siffle sévère lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Les raisons de la colère ?

 

La veste à col Mao que porte ce jour-là Jack Lang, ministre de la Culture. Elle est signée d'un jeune créateur nommé Thierry Mugler.

 

 

 

Quand le col Mao de Jack Lang signé Mugler faisait siffler l’Assemblée nationale ICI

Par Sabrina Pons

 Le 24 janvier 2022

 

 

Dans les années 1980, Thierry Mugler est le couturier de la mise en scène, le roi des défilés spectacles. Mais de façon plus inattendue, il se fait aussi remarquer dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. C’était le 17 avril 1985, Jack Lang, ministre de la Culture depuis quatre ans, se présente à la tribune pour répondre à une question sur les travaux du Grand Louvre. Il porte un costume au col Mao, qui change du complet traditionnel porté par les députés et occulte la cravate, et directement inspiré de la tenue des officiels indiens. Au retour d’un voyage en Inde avec François Mitterrand, Jack Lang avait passé commande auprès du couturier français afin d’avoir une veste sur le même modèle.

 

"On dirait Khadafi"

 

Il n’a pas encore pris la parole au micro que ça gronde dans les travées du Palais Bourbon. La veste noire en énerve certains : elle a beau faire la promotion de la création française, elle ne laisse pas apparaître de cravate. Pour l’opposition, ça va trop loin. Si aucune disposition du règlement intérieur ne précise un quelconque dress code à destination des hommes, les conventions veulent toutefois qu’ils se présentent cravatés. Pendant plusieurs minutes, Jack Lang est la cible de sifflements et de quolibets. «On dirait Khadafi», «le carnaval est fini»… Les attaques fusent.

 

Une bronca qui aura eu raison de l’habit. Même si Jack Lang s’amuse de l’effet produit par sa veste, il ne la reportera plus lors de ses apparitions à l’Assemblée. L’affaire a marqué les esprits – le costume est actuellement exposé au musée des Arts décoratifs à Paris dans le cadre de l’exposition «Couturissime» - mais elle n’a pas tant modifié les habitudes culturelles. Trente-sept ans après, la cravate est toujours «exigée» au sein de l'Hémicycle.

Le vêtement en politique. Représentation, ressemblance et faux pas ICI 

Frédérique Matonti

Dans Travail, genre et sociétés 2019/1 (n° 41), pages 87 à 104

 

La présence accrue des femmes dans la sphère politique et la diffusion des études de genre ont permis la publication de nombreux travaux portant sur les représentations médiatiques des femmes (et des hommes) politiques[1]

 

Ces recherches ont, entre autres, souligné l’intérêt des journalistes pour leurs vêtements, la manière dont cette focalisation ramène plus particulièrement les professionnelles de la politique à leur identité genrée, et par conséquent dont elle contribue à mettre en doute leurs compétences (voir, entre autres, Marlène Coulomb-Gully [2012] ; Delphine Dulong et Frédérique Matonti [2005] ; Frédérique Matonti [2017] ; Aurélie Olivesi [2012]).

 

Mais penser le vêtement comme un vêtement de travail, ainsi que ce dossier y invite, permet de recentrer le regard sur le métier politique lui-même. Ce recentrement s’inscrit dans ce qu’a permis, depuis une quinzaine d’années, l’introduction des études de genre en science politique : repenser des objets classiques de cette discipline comme les logiques de la carrière, du recrutement ou de la professionnalisation [Achin et al., 2008]. Il est, en effet, a priori déroutant de supposer que les professionnels de la politique portent des vêtements de travail, tant ce type d’habillement paraît le plus souvent réservé aux catégories populaires (très peu présentes dans les assemblées parlementaires et à la tête des ministères), et que l’on parlera plutôt de costume pour les juges ou les avocats. De plus, ces mêmes politiques, y compris lorsqu’ils n’ont pas connu d’autres activités professionnelles, s’empressent de dénier qu’ils exercent un « métier », pour insister au contraire, sur leur « vocation », comme l’ont rappelé encore des travaux récents [Boelaert, Michon et Ollion, 2017]. Comment imaginer donc qu’ils puissent porter des vêtements de travail puisqu’ils n’en exercent pas un ? Pourtant, leurs vêtements sont scrutés, on l’a dit, par les observateurs, journalistes et communicants, ce qui laisse à penser qu’il en existe qui seraient plus ou moins bien adaptés au métier politique et à ses diverses scènes et exercices (à l’Assemblée, interviews, reportages, campagne, meeting, visite officielle, etc.). Enfin, eux-mêmes jouent sur leur style vestimentaire pour être identifiés. Tailleurs aux couleurs acidulées de Roselyne Bachelot, écharpe et chapeau de François Mitterrand, parka rouge de Laurent Wauquiez, les exemples sont légion.

 

La suite ICI

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25 janvier 2022 2 25 /01 /janvier /2022 06:00

La villa Cavrois retrouve ses meubles Photo © Jean-Luc Paillé - CMN

Il n’est pas interdit de rêver.

 

La Villa Cavrois de Mallet-Stevens : une leçon d’architecture ICI 

 

Chef-d’œuvre de l’architecte moderniste Robert Mallet-Stevens, la Villa Cavrois ouvrait ses portes en 2015 après 15 années de travaux. Retour sur ce projet aussi complexe que sophistiqué, inscrit dans tous les manuels d’architecture.

 

Le 12 juin 2015 dernier s’achevait, avec l’inauguration de la Villa Cavrois, l’un des grands chantiers menés par le Centre des Monuments nationaux ces dernières années. Construite en 1932 pour l’industriel Paul Cavrois et sa famille, le bâtiment, chef-d’œuvre de l’architecte moderniste Robert Mallet-Stevens, avait connu bien des vicissitudes. Occupée par la famille jusqu’en 1985 (hormis la parenthèse de la Seconde Guerre mondiale où elle fut réquisitionnée par les Allemands), la villa, passée en 1988 entre les mains d’un promoteur peu scrupuleux, avait subi d’affligeantes dégradations malgré la mesure de classement de 1990, censée la protéger. Suite au décès de Madame Cavrois en 1986, l’ensemble du mobilier avait également été dispersé.

 

La suite ICI 

Du lac Léman au lac de Côme : les plus belles demeures au bord de l'eau ICI

De la villa Ottagonal à la Casa 26 en passant par la propriété Peduzzi, tour d'horizon les plus belles villas avec vue imprenable sur les lacs d’Europe. 

Par Camille Corolleur

Villa PeduzziVilla Peduzzi ©Luxury Retreats

janvier 2022

Villa Peduzzi

 

Construite en 1909 sur le site d'une ancienne tour de guet médiévale, la villa Peduzzi a été entièrement modernisée. Surplombant le lac de Côme, troisième plus grand lac d'Italie, la villa dévoile à l'intérieur de ses murs une décoration épurée associée à un mobilier de designers. Avec son toit-terrasse et sa piscine à débordement, elle offre toutes les commodités.

 

Où : Pigra, Lombardie, Italie

 

Capacité : 14 voyageurs, 8 chambres, 13 lits, 6 salles de bains

 

La villa luxueuseLa villa luxueuse © Courtesy of Airbnb

 

La villa luxueuse

 

Face au lac d’Annecy, cette somptueuse villa a été entièrement rénovée pour accueillir une  famille ou des amis.  À l’intérieur, l’inspiration et les détails japonais sont à l’honneur. Avec un spa, une piscine intérieure, un jacuzzi, la maison dispose d’une variété d’activités auxquelles s'adonner pendant votre séjour.

 

Où : Sévrier, Haute-Savoie, France

 

La suite ICI

 

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24 janvier 2022 1 24 /01 /janvier /2022 06:00

 

Qu’est-ce que l’angle mort ?

 

« Dans une voiture, le conducteur dispose de plusieurs champs de vision naturels, complétés par les rétroviseurs du véhicule. Or, certaines zones sont invisibles, c’est ce qu’on appelle les angles morts. Dans ces espaces de non visibilité, l’automobiliste ne voit pas les autres usagers de la route, ce qui a pour conséquence d’augmenter considérablement le risque et la gravité de l’accident. »

 

Dans l’angle mort des sondages ou ce que voter veut (encore) dire ? 3 politistes livrent un point de vue intéressant.

 

Les sondages quasi-journaliers ne sont pas ma tasse de thé, à force d’avoir le nez dans le guidon on risque la gamelle. Ce qui est intéressant dans les sondages ce sont les tendances et non les micro-variations qui ne signifient rien en raison de la marge d’erreur.

 

À ce jour la gauche multiple est dans les choux et elle y restera.

 

Du côté droit et extrême-droit c’est plus compliqué, Pécresse louvoie dans un En Même Temps entre Ciotti et les tradis, à l’extrême l’irruption de Zemmour est difficile à traduire par les sondeurs, surestimation ou sous-estimation, pour la Marine le socle est plus solide.

 

Du côté Macron, son socle de premier tour semble solide, sauf à ce qu’il  se plante au cours de sa campagne il a de fortes chances d’être au second tour.

 

Les 3 politistes ont raison de souligner que la Présidentielle est et reste l’élection qui mobilise le plus les électeurs et que le clivage droite/gauche ne s’est pas évaporé, il a simplement du mal à se traduire par un choix faute de candidat ad-hoc.

 

Bref, mon analyse est sans doute simpliste, depuis le couplage Présidentielle-législatives, si l’on veut affaiblir la toute-puissance du futur président, féminin ou masculin, c’est aux Législatives que tout se jouera. Une belle et bonne cohabitation ébranlera les piliers de la Ve république. Macron l’a bien compris en tentant de mettre un  frein aux ambitions d’Édouard Philippe et de son nouveau parti. LREM sa traduction partisane est du chamallow qui risque de s’émietter dans le terroir des circonscriptions.

 

Je vous offre cette lecture car AOC m’offre 3 lectures gratuites, dont j’use avec parcimonie.  

 

Voter par temps de crise Portraits d'électrices et d'électeurs ordinaires -  broché - Philippe Aldrin, Eric Agrikoliansky, Sandrine Levêque - Achat  Livre ou ebook | fnac

 

lundi 17 janvier 2022

 

POLITIQUE

Dans l’angle mort des sondages ou ce que voter veut (encore) dire

Par Éric AgrikolianskyPhilippe Aldrin et Sandrine Lévêque

POLITISTE, POLITISTE, POLITISTE

Quel sens les citoyens donnent-ils aujourd’hui à leur condition d’électeurs ? L’abstention massive aux derniers rendez-vous électoraux invite à se demander ce que voter veut encore dire. Derrière cette question, apparaît l’urgence d’arrêter de commencer par se demander « qui passera au second tour ? » et de rompre avec le journalisme de commentaire hippique, saturé par des sondages en profond décalage avec la réalité sociale.

 

Quel est le sens aujourd’hui d’une séquence électorale comme celle dans laquelle la France est plongée depuis la fin de l’été ?

 

La question n’est pas inopportune quand « l’opinion » paraît ne plus être qu’une substance sondagière mesurée au jour le jour et commentée ad libitum par les médias, et quand l’abstention domine la plupart des rendez-vous électoraux.

 

L’excitation médiatique autour du scrutin du printemps prochain ne devrait pas nous faire oublier que la présidentielle est la dernière élection à encore mobiliser les électeurs. Lors des derniers scrutins, entre un tiers seulement (régionales de 2021) et la moitié (législatives de 2017 et européennes de 2019) des inscrits se sont déplacés aux urnes. Ce rappel devrait nous inviter à réfléchir au profond décalage qui existe entre l’emballement médiatique et la réalité du rapport au vote des Français.

 

Au fond, il semble urgent de s’extirper de la question obsédante « Qui va gagner ? » pour s’interroger sur ce que voter veut (encore) dire en se donnant les moyens de comprendre le sens que les citoyens donnent aujourd’hui à leur propre vote et à leur condition d’électeurs.

 

Sortir du prêt-à-penser sondagier

 

Pour regarder le moment électoral à hauteur de(s) citoyen(s), il faut d’abord s’extraire d’un prêt-à-penser imposé par l’omniprésence des sondages qui saturent tout à la fois l’espace médiatique et les analyses électorales. Ensuite, il faut rompre avec ce journalisme de « course de chevaux » dont toute l’attention est monopolisée par le jeu politique, au détriment des enjeux de l’élection. Il y a trente ans déjà, l’étude des informations diffusées par les chaînes de télévision lors des primaires américaines de 1988 révélait qu’un tiers du temps d’antenne consacré à l’élection commentait des résultats de sondages [1]. Quel chiffre édifiant mettrait au jour une telle étude en 2021 ?

 

Par la commande massive d’enquêtes d’opinion et le recours systématique aux spécialistes du commentaire politique – sondeurs, chroniqueurs et autres « politologues » –, les entreprises médiatiques ont progressivement élaboré et imposé un standard d’événementialisation continue des grandes compétitions électorales. Un modèle éditorial accaparé par les spéculations du verdict électoral à venir et hypnotisé par la courbe fluctuante des intentions de vote.

 

La présidentielle de 2022 bat même tous les records de publication de sondages, alors que la liste définitive des candidats n’est même pas encore arrêtée ! Le phénomène Zemmour illustre à l’envi cette mécanique. Puissamment aidée par l’empire médiatique d’un grand patron français, l’hypothèse Zemmour a agité durant tout l’automne le petit monde politico-médiatique avant même qu’il ne se déclare candidat. Comme si la seule préoccupation des citoyens était de juger la candidature d’un polémiste dont la grande majorité ignorait même jusque-là l’existence…

 

La multiplication des « surprises » électorales et les travaux de la sociologie critique ont largement démontré les biais de fabrication et la fragilité des prédictions des sondages d’intention de vote [2]. Que valent ces projections fondées sur des réponses obtenues auprès de personnes qui ne connaissent pas encore l’offre politique définitive, ni les programmes en balance et qui, souvent, ne savent même pas s’ils iront voter ? Et ce d’autant plus que seuls les citoyens les plus intéressés par la politique acceptent de répondre aux sollicitations des sondeurs (au contraire des jeunes, des classes populaires et des moins bien insérés socialement qui refusent majoritairement).

 

Mais le problème, au fond, n’est plus tant la fiabilité ou la représentativité des opinions produites par sondages que le fait qu’ils faussent notre compréhension des électeurs et des significations qu’ils donnent à l’acte de voter (ou de s’abstenir). Que l’on songe, pour s’en convaincre, à la rusticité des indicateurs utilisés par les sondeurs pour mesurer les appartenances de classe (catégorie supérieure, profession intermédiaire ou catégorie populaire), pour enregistrer les préférences politiques (oui/non, pour/contre) ou l’appréciation des questions de société (numéroter les « problèmes les plus importants à vos yeux »).

 

Vues par les sondages, les raisons du vote restent impénétrables, permettant d’ailleurs aux commentateurs d’y projeter leurs propres fantasmes. Et ce d’autant plus que les sondeurs classent et rangent les répondants par « électorat », figeant les préférences politiques sur la base d’un vote passé ou d’une intention déclarée. Les citoyens seraient « macronistes », « mélenchonistes », « lepénistes »… sans que l’on soit en mesure ni de percevoir les raisons (pourtant toujours multiples et complexes) de ce ralliement à une proposition politique, ni de saisir l’infinité des nuances derrière l’étiquette. Au fond, pour voir l’élection avec les yeux des électeurs, il faudrait pouvoir tout à la fois s’affranchir de l’obsession de la prédiction, des questionnaires fermés et anonymes mais aussi du prisme classificatoire des électorats.

 

C’est précisément le pari méthodologique qu’a entrepris de relever un collectif de politistes et de sociologues [3]. Dès l’automne 2016, ils se sont engagés dans une enquête au long cours qui visait à interroger de façon approfondie et répétée un même panel d’électrices et des électeurs appartenant à toutes les catégories sociales et vivant des Hauts-de-France à la Région Sud. À travers de longs entretiens menés avec leurs enquêtés, les chercheurs se sont attachés à recueillir minutieusement les éléments de leur trajectoire sociale, à écouter et questionner leurs points de vue, leurs positions, leurs justifications, leurs certitudes comme leurs doutes sur la chose politique. Détachés des enjeux immédiats de la campagne ou des personnalités engagées dans la course présidentielle, ces entretiens livrent des portraits d’électrices et d’électeurs dans lesquels se révèlent la richesse et la complexité des rapports ordinaires à la politique.

 

Des électeurs entre goûts et dégoûts face aux possibles électoraux

 

Le vote Macron du printemps 2017 a abondamment été analysé comme un vote « disruptif » traduisant le ras-le-bol des Françaises et des Français à l’égard de la politique traditionnelle. Le second tour opposant Macron à Le Pen aurait exprimé le rejet massif du clivage gauche/droite qui structurait la vie politique depuis les débuts de la Ve République et le désir de sortir des sentiers battus de la vieille politique.

 

Pourtant, lorsqu’on les interroge plus longuement, les motivations des électeurs sont plus hétérogènes qu’il n’y paraît. Il faut d’abord noter que, loin de rejeter la politique, les électeurs que nous avons rencontrés ont au contraire été captivés par une campagne qui, pour certains, s’est même révélée particulièrement anxiogène. Les rebondissements de l’affaire Fillon, l’irruption d’un nouveau venu (Emmanuel Macron) et la menace que représente pour beaucoup l’extrême droite y ont sans doute contribué.

 

En entretien, les électeurs disent leur méfiance, voire leur défiance, avouent l’absence d’illusion, mais affirment néanmoins majoritairement se « laisser prendre au jeu » de la campagne électorale. Cet intérêt pour la politique demeure cependant socialement très clivé : ce sont les plus pauvres, les moins diplômés, les moins insérés dans la vie active qui suivent le moins la campagne et votent le moins.

 

Si la montée de l’abstention est indiscutable, force est de constater qu’elle touche surtout les classes populaires et ce particulièrement lors des élections « intermédiaires » (européennes, régionales par exemple) dont les enjeux sont moins clairement perçus que ceux de l’élection présidentielle [4]. Cette dernière est devenue la seule, et dernière, occasion de participation civique d’une partie de la population… On mesure ainsi sa centralité, mais aussi les risques d’une telle focalisation sur un seul scrutin !

 

Les propos recueillis en entretiens permettent ensuite de percevoir la variété des raisons conduisant à un même suffrage. Les « électorats » ne constituent pas des blocs solides et homogènes, cristallisés par la magie de l’acte de vote. Ils sont davantage des mosaïques hétérogènes composées d’une pluralité des significations, aspirations et anticipations.

 

La conjoncture électorale de 2017, avec son offre politique inédite, constitue une illustration idéal-typique de la fluidité conjoncturelle des votes qui expriment autant de l’adhésion ou de la loyauté que du rejet d’un candidat ou du système politique en général. Les « conversions » au vote Macron en sont un excellent exemple : la majeure partie de ses soutiens proviennent en 2017 d’électeurs de gauche qui y voient la moins mauvaise incarnation d’une social-démocratie décomposée et, surtout, un vote susceptible de leur éviter le pire : ne pas à avoir à choisir au second tour « entre la peste et le choléra » (Fillon et Le Pen).

 

Pour les électeurs « de droite » qui s’y rallient dès le premier tour ou le rejoignent au second, Macron incarne un libéralisme économique plus light que celui proposé par François Fillon, mais auquel ils consentent faute de mieux… De même, le vote pour Marine Le Pen en 2017 est loin d’exprimer une seule voix. À défaut de signifier un soutien indéfectible à l’héritière du Front national ou l’irrésistible « extrême-droitisation » des électeurs français, le vote Le Pen recouvre en réalité une nébuleuse hétéroclite de motifs et de raisons. Dans les entretiens, ce vote exprime l’acte protestataire et antisystème de classes populaires se sentant abandonnées par l’État, mais aussi la méfiance à l’égard d’un Macron vu comme l’incarnation d’une élite économique et culturelle parisienne et comme méprisant à l’égard des petites classes moyennes de province. Pour d’autres enfin, il est la manifestation d’un sentiment ouvertement islamophobe qui émane autant des catégories intermédiaires se sentant menacées par des classes populaires racisées que d’une bourgeoisie réactionnaire et de longue date xénophobe.

 

La persistance des clivages sociaux et politiques comme boussole des choix électoraux

 

Surtout, les rencontres régulières avec les électeurs invitent à ne pas lire la volatilité du vote ou l’hétérogénéité de ses raisons comme une perte totale des repères politiques. Les citoyens, au vrai, n’ont pas perdu leur boussole politique. Contrairement à ce que les commentateurs ont trop rapidement conclu, le clivage droite/gauche est loin de s’être dissout – chez les électeurs tout au moins ! Héritée de la socialisation, entretenue dans des milieux sociaux homogames où les identifications possèdent encore une dimension politique, l’identification à la « droite » ou à la « gauche » est bien réelle et structure encore dans les entretiens le rapport au politique – même pour celles et ceux qui soutiennent des candidats rejetant ce clivage.

 

En ce sens, le désordre électoral qui semble caractériser la dernière présidentielle n’est qu’apparent : si désordre il y a, c’est surtout dans le champ politique et chez les candidats qui tentent de brouiller les frontières du jeu politique, alors que les loyautés électorales résistent chez les votants. Ces derniers sont cependant, et la nuance est de taille, contraints de bricoler avec une offre politique de plus en plus irréaliste, hyper-personnalisée et focalisée sur la volonté de se démarquer des autres. Ce constat suggère peut-être surtout que la démocratie telle que l’organise la Ve République ne peut durablement se réduire à une compétition électorale simpliste entre quelques candidats à une seule élection surexposée tous les cinq ans : la présidentielle.

 

La séquence électorale de 2017 a-t-elle pour autant rebattu les cartes des logiques sociales qui structurent encore le vote ? Loin d’être irrationnels, les choix électoraux s’inscrivent dans des trajectoires de vie. On ne vote jamais au hasard, ni simplement en fonction de facteurs de court-terme (campagne, enjeux du moment, candidat.es). Le vote est, au contraire, le produit d’une socialisation politique ancienne qui limite le champ des choix possibles en définissant des sortes d’habitus électoraux qui organisent les perceptions du politique et guident les choix.

 

Parmi les électeurs de gauche, ceux qui ont renoncé à voter Hamon ou Mélenchon et dont les voix se sont portées sur Macron dès le premier tour, sont aussi ceux qui se sont les plus embourgeoisés et qui étaient les plus satisfaits du tournant libéral du Parti socialiste. Au contraire, les fidèles au candidat socialiste ou à Mélenchon se recrutent plutôt parmi les petites classes moyennes attachées aux services publics (infirmières, assistantes sociales, enseignants) ou parmi celles et ceux – et en particulier celles – qui subissent de fortes discriminations (les femmes, les populations racisées).

 

En outre, voter Macron au premier tour est parfois le produit d’un habitus clivé, dans lequel attraction pour la droite et la gauche sont en tension, comme c’est le cas pour un avocat d’affaires interrogé, tiraillé entre ses origines bourgeoises, ses intérêts économiques de patron d’un grand cabinet et son mode de vie plus bohème qu’il a adopté en se mariant avec une avocate de gauche.

 

Pour d’autres enfin – et on pense aux électeurs de droite qui ont voté Macron –  ce sont bien des formes de socialisation inversée qui leur font abandonner cette droite « un peu moisie et tradi… et corrompue » que représente en 2017 Fillon, sous l’influence de leurs enfants qui se reconnaissent dans la « modernité » libérale qu’incarne Macron à leurs yeux.

 

Les électeurs, même pour les plus distants, ne manquent pas enfin d’exprimer très clairement des préoccupations concernant leurs conditions sociales d’existence. Les entretiens approfondis avec les électrices et les électeurs indiquent que la fin du vote de classe, annoncée depuis les années 1990, est sans doute une illusion d’optique. Notre enquête permet au contraire de saisir l’intensité des clivages qui structurent aujourd’hui encore la société française. Le politique ne se limite d’ailleurs pas au vote, mais renvoie aussi aux manières de percevoir le monde social, les groupes qui le composent et les frontières qui le divisent.

 

Parmi nos enquêtés, une partie appartient aux classes supérieures et moyennes supérieures (cadres, chefs d’entreprise, professions intellectuelles et libérales). Or, il est frappant de constater qu’ils convergent vers une vision très clivée et hiérarchisée de l’ordre social et des mondes qui le composent. Ils se pensent, par exemple, à part et différents de leurs subalternes. Certains manifestent une crainte, voire une franche hostilité, à l’égard des étrangers et des musulmans. La volonté de se distinguer des classes populaires apparaît par ailleurs structurante. Elle est particulièrement troublante dans les professions intellectuelles supérieures qui votaient à gauche, mais qui manifestent leur aversion pour le « populisme » et plus généralement pour un peuple qu’ils ne comprennent plus.

 

Une autre partie des portraits illustre les incertitudes et les situations de crise auxquels sont confrontés les électeurs des classes populaires. Marqués par l’instabilité et par la dureté des métiers subalternes avec de très faibles progressions de salaire, ils demeurent pourtant attachés au travail qui donne un statut, qui constitue une fierté et offre l’espoir de sortir de sa condition. Les conditions sociales d’existence de celles et ceux qui vivent en logement social sont marquées par le délabrement de leur environnement qui leur donne l’impression d’être abandonnés de tous et en premier lieu des pouvoirs publics.

 

L’État et les fonctionnaires n’apparaissent d’ailleurs plus comme des recours possibles, mais comme des privilégiés, dont l’aide se révèle intrusive et inutile. On retrouve dans leurs visions du monde l’empreinte d’une « conscience sociale triangulaire » qui construit celui-ci non comme un affrontement entre le peuple et les « riches » (patrons, capitalistes), mais comme une tripartition entre les élites, les « gens comme nous » et ceux qui sont tout en bas. Ces derniers constituent alors une figure d’identification négative, parce qu’ils sont vus comme une menace objective et subjective. Ce ressentiment à l’égard des plus faibles culmine lorsque ces derniers sont racisés.

 

On observe, ce faisant, une reconfiguration de la conflictualité sociale qui fait des plus faibles le point focal des craintes des classes supérieures ET des classes populaires ou des petites classes moyennes. Le clivage entre les puissants et les dominés sur lequel reposait le discours des partis de gauche semble en ce sens avoir perdu de son efficacité. S’y substitue un clivage de race qui distingue « les étrangers », les « non-blancs », les « musulmans » et ceux qui seraient de « vrais » Français et posséderaient davantage de droits. On le retrouve dans tous les groupes sociaux, y compris dans les beaux quartiers parisiens ou chez de gros agriculteurs pourtant peu exposés à la concurrence des migrants…

 

Symétriquement, les personnes interrogées issues de l’immigration disent très clairement le sentiment de se confronter à des discriminations, voire à un racisme systémique, qui obèrent leur parcours scolaire, leur carrière professionnelle : ils ressentent continûment dans leur vie quotidienne le stigmate de l’altérité.

 

L’élection de Macron a pu être interprétée comme le signe d’un consensus autour d’un candidat incarnant « en même temps » les aspirations des électeurs de droite et de gauche et qui aurait pu constituer le ferment d’une union nationale contre l’extrême-droite, le racisme et la xénophobie. Au terme de notre enquête, et au moment où il s’agit de revoter, ce consensus semble bien fragile, voire illusoire. Il masque de profonds clivages entre ceux « d’en haut » et les différentes fractions des classes populaires qui continuent de structurer la société française contemporaine.

 

Ces résultats nous renseignent sur les tiraillements et les tensions qui sont aux principes des choix électoraux que les sondages et les analyses agrégés ont tendance à écraser en leur donnant une signification univoque, qui est d’ailleurs souvent le produit des propres fantasmes des commentateurs de la vie politique. Réécouter les électeurs, plutôt que les sondages, ne pas céder à ses propres illusions et sortir d’un traitement de la campagne limité au seul commentaire de la course à la présidence permettraient sans aucun doute de mieux restituer à la fois la force des ancrages sociaux et les moments d’indétermination lorsque l’offre politique se recompose. Et ainsi de mieux comprendre ce que voter veut dire…

 

NDLR : Éric Agrikoliansky, Philippe Aldrin et Sandrine Lévêque viennent de publier aux Presses universitaires de France Voter par temps de crise. Portraits d’électrices et d’électeurs ordinaires.

Éric Agrikoliansky

POLITISTE, PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS À PARIS DAUPHINE-PSL ET MEMBRE DE L'IRISSO

Philippe Aldrin

POLITISTE, PROFESSEUR À SCIENCES PO AIX ET MEMBRE DE MESOPOLHIS (CNRS)

Sandrine Lévêque

POLITISTE, PROFESSEURE À SCIENCES PO LILLE ET CHERCHEUSE AU CERAPS

 

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23 janvier 2022 7 23 /01 /janvier /2022 06:00

Ouragan Katrina : le bilan, dix ans après le chaos - Le Point

J’aime les fenêtres du hasard : pour digérer la biographie d’Hitler, je l’ai lu en alternant avec un polar espagnol de Dolorès Redondo 674 pages tout de même, qui a pour toile de fond l’ouragan Katrina ICI  qui a ravagé la Nouvelle-Orléans en août 2005.

 

Dolores Redondo : « J'appartiens à une génération influencée par le film  noir américain »

 

Et puis, l’autre soir, par hasard je suis tombé sur le d’un film Dans la brume électrique de Bertrand Tavernier avec  Tommy Lee Jones et John Goodman, qui a pour cadre La Nouvelle-Orléans.

 

 

J’aime bien Tavernier.

 

Tommy Lee Jones et John Goodman, sont de grands acteurs, le premier est aussi un grand réalisateur. 2005 : Trois Enterrements (The Three Burials of Melquiades Estrada), 2014 : The Homesman (également scénariste). Je reviendrai sur ce dernier film que je viens aussi de visionner.

 

Comme je n’ai aucune vocation de critique aussi bien littéraire que cinématographique, je délègue.

La face nord du coeur

“La Face nord du cœur”, de Dolores Redondo : la nouvelle reine du polar ne vient pas du froid, mais du Pays basque

Michel Abescat

Publié le 05/02/21

 

Une vallée sombre des Pyrénées navarraises. Des habitants taiseux, tourmentés par une mythologie effrayante. Et une enquêtrice, enfant du pays à l’intuition hors normes. Révélée par sa trilogie du Baztán, l’autrice basque espagnole Dolores Redondo remonte dans le temps pour ce nouvel opus, remarquable.

 

Son nouveau roman, La Face nord du cœur, qui vient de paraître dans la Série noire, est un événement à la mesure du succès de la fameuse trilogie du Baztán qui l’a précédé. Qui aurait pu parier, pourtant, que cette petite vallée d’une quinzaine de villages, enclavée dans les Pyrénées navarraises, serait un jour connue des amateurs de polar du monde entier ? La raison en est simple : comme l’écrivain islandais Arnaldur Indridason l’a fait pour son pays, Dolores Redondo a su installer un nouveau territoire du polar, le Pays basque espagnol, dont elle est originaire.

 

Un pays qu’elle peint à la manière des fjords de l’Est chers à Indridason. Fascinants, mais aussi inquiétants. Sous le regard de Dolores Redondo, la vallée du Baztán apparaît sauvage, isolée, battue par des pluies incessantes, recouverte de sombres forêts, vastes à s’y perdre. La vie y est rude et ses habitants, plutôt taiseux, enfermés dans leur carapace. Avec un sens aigu des atmosphères, elle fait ainsi du paysage un personnage étrange, déprimant et angoissant.

 

Et peut-être a-t-elle déjà fait école. À la fin de l’année dernière en effet paraissait le premier roman d’un auteur basque, Ibon Martin, qui empruntait le même chemin. La Valse des tulipes se situait dans l’estuaire d’Urdabai, entre Guernica et les falaises de la mer cantabrique, et l’auteur en faisait ressortir la splendeur, mais aussi la rudesse et la mélancolie des jours de pluie. Racontant une série de meurtres de femmes, le roman accordait une large place à l’histoire et à la mythologie basques, qui devenaient ainsi le sujet principal du livre.

 

Anthropologue méticuleuse, Dolores Redondo se plaît également à extirper la mémoire de son pays, en particulier celle de ses plus vieilles croyances. La trilogie du Baztán est ainsi hantée par les figures de la mythologie basco-navarraise. Le tarttalo par exemple, cyclope gigantesque qui « se nourrit de brebis, de jeunes filles et de bergers », est au centre du deuxième volume, De chair et d’os. Le basajaun, étrange créature mi-ours, mi-homme, seigneur de la forêt, inspire le titre du premier épisode, Le Gardien invisible. Quant à Inguma, il ne faut guère de temps pour que ce démon de la nuit qui « boit l’âme des enfants pendant qu’ils dorment », soit soupçonné d’être à l’origine des morts subites de nourrissons qui endeuillent la vallée dans le troisième volet, Une offrande à la tempête.

 

Charme maléfique des traditions de sorcellerie

 

Dolores Redondo s’appuie sur ce monde mythologique qui a bercé son enfance et qui, dit-elle, « subsiste à Baztán comme dans peu d’endroits au monde ». Elle en fait sa pâte romanesque, et ravive de livre en livre le charme maléfique des traditions de sorcellerie qui ont marqué la vallée en imaginant des intrigues autour de meurtres rituels et de sectes sataniques façon Rosemary’s Baby.

 

Restait ensuite à créer un personnage profondément ancré dans ce territoire, éminemment sensible à sa culture et à ses traditions. De la même façon qu’Arnaldur Indridason a imaginé la figure d’Erlendur Sveinsson comme une incarnation de l’âme islandaise, homme de brume et de silences, hanté par la disparition de son petit frère dans une tempête quand ils étaient enfants, Dolores Redondo a façonné son personnage de femme enquêtrice, Amaia Salazar. Et c’est une magnifique réussite, sans doute l’atout maître de ses romans.

 

Inspectrice à la police forale de Navarre, Amaia Salazar est une guerrière, le genre de flic qui ne lâche jamais sa piste, remarquable analyste, douée d’un grand sens de la déduction. Mais elle est aussi une fille du pays, qu’elle a fui pendant des années pour se mettre à distance d’une enfance traumatisée par la haine que sa mère lui vouait jusqu’à tenter de la tuer. De cet enfer, Amaia est sortie armée d’une sorte de sixième sens, une intuition hors du commun, une sensibilité acérée au comportement criminel, un don singulier pour « discerner la trace du mal », dira un de ses collègues. Amaia avance ainsi, « l’ombre de sa mère penchée sur elle », et incarne une sorte de pont entre le monde réel et l’invisible si présent dans la tradition de son pays, où les morts et les démons ne sont jamais très loin.

 

Décor apocalyptique post-ouragan Katrina

 

À la différence des trois premiers, le nouveau volume de la série, La Face nord du cœur, se situe pour l’essentiel hors du Pays basque, et en amont de la trilogie. En août 2005, la jeune sous-inspectrice Salazar est venue en stage à Quantico, en Virginie, pour étudier le profilage des criminels à l’académie du FBI. Un de ses professeurs remarque ses dons exceptionnels et l’entraîne avec lui en Louisiane sur les traces d’un tueur en série qui s’attaque à des familles, toutes sur le même modèle, et selon un schéma fortement ritualisé. L’intrigue est haletante, remarquablement tenue, et très vite reviennent les souvenirs et les hantises d’Amaia confrontée à un être maléfique qui la renvoie à sa mère. Le passé, la vallée du Baztán envahissent ainsi le présent américain, dans une série d’allers et retours temporels, et ce quatrième volume est à nouveau au cœur des obsessions de l’autrice. D’autant plus que l’action se déroule au moment du passage de l’ouragan Katrina, dont Dolores Redondo utilise la puissance dramatique pour installer un décor d’apocalypse en phase avec son propos.

 

La mort et le mal dominent ainsi ce nouvel épisode, qui se révèle tout aussi troublant que les précédents. Les défunts semblent aussi présents que les vivants, ils se manifestent, réclament justice. Quant aux figures du mal, la mère d’Amaia par exemple ou le tueur en série, ils sont certes des psychopathes, mais ils incarnent aussi, à l’évidence pour l’autrice, l’existence d’une force obscure, maléfique, à l’œuvre parmi les humains. Comme le dit Amaia à propos du tueur en série qu’elle poursuit, « sa satisfaction et son pouvoir proviennent du fait que nous ne croyons pas à son existence. Comme le diable ».

 

Dolores Redondo joue ainsi, une nouvelle fois, avec une belle efficacité romanesque, de l’ambivalence entre légende et réalité, sciences criminelles et croyances millénaires, pour installer définitivement son pays comme territoire singulier du polar. Un pays on l’on pense comme la tante d’Amaia, qui aime à répéter : « il ne faut pas croire aux sorcières, mais il ne faut pas dire non plus qu’elles n’existent pas ».

 

La Face nord du cœur, de Dolores Redondo, traduit de l’espagnol par Anne Plantagenet, éd. Gallimard, coll. Série Noire, 688 p., 20 €.

 

Les volumes de la trilogie du Baztán sont disponibles en poche dans la collection Folio-Policier.

 

La Valse des tulipes, d’Ibon Martin, traduit de l’espagnol par Claude Bleton, éd. Actes Sud, coll. Actes Noirs, 480 p., 23 €.

 

 

Dans la brume électrique en Blu Ray : Dans la brume électrique - AlloCiné

Dans la brume électrique : les relations tendues entre Tavernier et Tommy Lee Jones... 4 autres anecdotes à découvrir ICI

De quoi ça parle ? New Iberia, Louisiane. Le détective Dave Robicheaux est sur les traces d'un tueur en série qui s'attaque à de très jeunes femmes. De retour chez lui après une investigation sur la scène d'un nouveau crime infâme, Dave fait la rencontre d'Elrod Sykes. La grande star hollywoodienne est venue en Louisiane tourner un film, produit avec le soutien de la fine fleur du crime local, Baby Feet Balboni. Elrod raconte à Dave qu'il a vu, gisant dans un marais, le corps décomposé d'un homme noir enchaîné. Cette découverte fait rapidement resurgir des souvenirs du passé de Dave. Mais à mesure que Dave se rapproche du meurtrier, le meurtrier se rapproche de la famille de Dave...

 

1. LES RELATIONS TENDUES ENTRE BERTRAND TAVERNIER ET TOMMY LEE

 

Dans la brume électrique sur OCS Choc : les relations tendues entre  Tavernier et Tommy Lee Jones... 4 autres anecdotes à découvrir - Actus Ciné  - AlloCiné

 

Interviewé au Festival de Berlin par AlloCiné, Bertrand Tavernier a confié que Tommy Lee Jones s'était montré très interventionniste pendant le tournage : "J'ai du faire 30 sessions de travail avec lui dans différents États. Je l'ai suivi au Nouveau-Mexique quand il tournait le film de Paul Haggis, en Floride quand il faisait des matchs de polo... Il coupait, il réécrivait... Un jour, il est venu avec une idée qui ne me plaisait pas. Je lui ai dit : " Je ne veux pas de ça, et si vous insistez je quitte le film." -"Bertrand, on n'en reparlera plus", m'a-t-il répondu." Ces relations tendues n'ont pas empêché le cinéaste de redire son admiration pour le comédien, ni de sourire avec tendresse en évoquant la raison pour laquelle celui-ci dit s'être senti proche de Robicheaux : "Le père du personnage meurt sur un puits de pétrole, or le père de Jones travaillait aussi sur un puits de pétrole. Il m'a confié : "J'ai passé toute mon enfance à attendre que mon père rentre du travail, dans la peur d'un accident." Au final, Tommy Lee Jones a apporté sa propre contribution en écrivant totalement certaines scènes, comme par exemple celle de la pêche.

 

La suite ICI

 
"Dans la brume électrique" : un conflit, deux films de Tavernier ICI

 

Les spectateurs français découvriront, mercredi 15 avril, la version voulue par le réalisateur. Les Américains en verront une autre, sur DVD.

Par Jean-Luc Douin et Thomas Sotinel

Publié le 11 avril 2009 

Interprété par Tommy Lee Jones, l'inspecteur Dave Robicheaux est assis dans un bar et se présente d'emblée comme un alcoolique. "Parfois, j'ai envie de boire un verre. Mais je résiste toujours à la tentation." Tel est le début de Dans la brume électrique, de Bertrand Tavernier... dans sa version américaine.

La version qui sort dans les salles françaises, mercredi 15 avril, commence autrement : par un long travelling sur les bayous de Louisiane couverts de brume, au son de la voix off de l'enquêteur : "Dans les temps anciens, les gens mettaient des pierres sur la tête des mourants..." Ce monologue, qui se poursuit lors de la découverte d'un cadavre, évoque encore le rêve d'"une louve au sommet d'un arbre qui mangeait ses petits", et plus tard la disparition des chauves-souris de la région, "bouffées par les moustiques". Autre exemple de cette différence de perception artistique, une scène où l'on découvre un camp de confédérés : son direct, avec bruits de crapauds-buffles et musique dans la version française ; soldats bruités, avec cris et scie dans celle américaine.

Ce film a donc une double personnalité. Après le tournage, au printemps 2007, un long face-à-face a opposé le cinéaste et son producteur américain, Michael Fitzgerald. Fin 2008, ils se sont mis d'accord : il existera deux versions du film. L'américaine n'existe pas en salles (hormis en Louisiane), elle est diffusée en DVD sous le titre In the Electric Mist. Le montage a été effectué par Roberto Silvi sous contrôle de Michael Fitzgerald. L'autre version, montrée dans le monde entier, hors Etats-Unis, est celle qu'a voulue Tavernier ; elle a été projetée pour la première fois en février, au Festival de Berlin.

UN AMOUREUX DES ETATS-UNIS

"Ensemble, nous sommes parvenus à la conclusion que ce que Bertrand envisageait convenait moins bien au public américain, qui a besoin d'un rythme plus rapide", explique Michael Fitzgerald. Ce dernier, dont la société s'appelle Ithaca Pictures, s'est fait connaître en écrivant le scénario du Malin, de John Huston, un film qu'il a coproduit. Il a aussi produit The Pledge et a accompagné les débuts de Tommy Lee Jones comme réalisateur avec Trois enterrements. Ces films, qui ont été plus des succès critiques que publics, placent Fitzgerald davantage dans le camp des auteurs que des financiers.

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22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 06:00

https://focus.telerama.fr/967x550/100/2021/03/28/51975f55-e01f-42b6-9334-35dee6d5b825.jpg

Le hasard toujours, après la grosse biographie d’Hitler, dure comme le sont les travaux d’historiens je suis tombé l’autre soir sur une chaîne à laquelle je suis abonné, sur un film inédit en salles, Quand Hitler S’empara Du Lapin Rose, est diffusé sur une chaîne sur laquelle je suis abonné.

 

https://freakingeek.com/wp-content/uploads/2021/01/QuandHitlerSempareDuLapinRose-Banniere.jpg

 

C’est l’adaptation du livre autobiographique Als Hitler Das Rosa Kaninchen Stahl, le premier tome d’une trilogie écrite par Judith Kerr publiée entre 1971 et 1978. Il s’agit du nouveau film de la réalisatrice allemande Caroline Link qui avait reçu l’Oscar du Meilleur Film Etranger en 2003 pour son long métrage Nowhere In Africa.

 

Quand Hitler S’Empara Du Lapin Rose raconte un pan de la vie d’une petite fille juive allemande, Anna Kemper, âgée à peine de neuf ans qui menait une vie insouciante et heureuse à Berlin jusqu’à ce qu’Adolf Hitler accède au pouvoir en 1933. Intuitive et sensible, elle pressent la catastrophe à venir en se réfugiant dans son univers d’enfant. Lorsqu’elle doit partir en Suisse rejoindre secrètement son père, auteur de théâtre inscrit sur la liste noire, elle comprend que sa vie ne sera plus jamais la même. Lors de son périple, elle apprend l’exil et la perte de ses racines.

 

Judith Kerrs „Als Hitler das rosa Kaninchen stahl“ im Kino

 

J’ai aimé ce film car il est à hauteur d’enfant, il faut pour l’apprécier le regarder avec un regard d’enfant, et il me semble que c’est un excellent film d’initiation pour les jeunes enfants (10 ans et plus) à ce que fut la chasse aux Juifs par Hitler et les nazis dès leur arrivée au pouvoir.

 

Als Hitler das rosa Kaninchen stahl • Deutscher Filmpreis

 

On peut aussi leur proposer de lire Quand Hitler s’empara du lapin rose (When Hitler Stole Pink Rabbit), de Judith Kerr, traduit de l’anglais par Boris Moissard, Albin Michel Jeunesse, 316 p., 14 €. Dès 11 ans

 

Quand Hitler s'empara du lapin rose | Éditions Albin Michel

 

« Anna a 9 ans en cette année 1933 quand, dans la précipitation à remplir sa valise, elle préfère emporter avec elle un chien en chiffon plutôt que ce lapin élimé. Adolf Hitler a accédé au pouvoir en Allemagne, il faut faire vite. Le père d’Anna, un écrivain juif dont les ouvrages seront bientôt brûlés en public, a pris les devants en quittant Berlin pour rejoindre la Suisse. Anna, son frère Max et sa mère s’apprêtent à sauter dans un train pour le retrouver.

 

Quand Hitler s'empara du lapin rose - Festival du Cinéma Allemand de Paris  du 29 septembre au 3 octobre 2021 % %

 

Commence un long exil qui se poursuivra en France puis à Londres, où Judith Kerr – Anna, dans ce roman autobiographique, a vécu jusqu’à sa mort le mercredi 22 mai 2019, à 95 ans.

 

« À l’origine, il y a la volonté de Judith Kerr de raconter à ses propres enfants ce que fut son enfance. Peintre de formation, elle se lance dans l’écriture, un travail qu’elle connaît peu, sauf à travers les scénarios pour la télévision de son mari Nigel Kneale. C’est lui qui va la pousser à prendre la plume, en lui recommandant notamment de « faire apparaître Hitler dès la première page » (la deuxième, en réalité). Lui, aussi, qui trouvera le titre du roman et encouragera la romancière débutante, alors âgée de 45 ans à ne pas abandonner au bout de trois chapitres (le livre parut au Royaume-Uni en 1971). « Je sais ce que je fais quand je dessine. Beaucoup moins quand j’écris », confie, dans un français sans accent, celle qui continue de publier régulièrement des albums pour la jeunesse.

 

La magie du roman réside pour beaucoup dans cette candeur de novice. Raconté à hauteur d’enfant, le récit de l’exil évite l’écueil du pathos naïf, Anna-Judith s’appliquant à relater les petits événements d’un quotidien bousculé par la grande histoire, sans rien éluder des angoisses endurées devant l’incertitude des lendemains. Manifeste en faveur du monde libre, le texte célèbre aussi l’amour familial à travers un style épuré, dépourvu de toute mièvrerie. » ICI 

 

L'enfance en fuite de Judith Kerr - L'Express

Quand Hitler s'empara du lapin rose - Judith Kerr - Babelio

Judith Kerr, la dame qui n’avait pas peur des tigres ICI

 

Marine Landrot

Publié le 24/05/19

Connue pour avoir pris le thé avec un tigre en 1968, Judith Kerr, l’immense illustratrice anglaise, s’est éteinte à l’âge de 95 ans.

 

Il a bien fait de sonner à la porte, ce tigre, avec ses yeux moqueurs et son estomac dans les talons. Elle a bien fait d’ouvrir, cette fillette, avec son air mutin et ses collants à carreaux. Car parfois, l’imprévu donne un cours intéressant aux existences endormies. En 1968, Judith Kerr jetait un pavé dans la mare de la littérature jeunesse. Grâce au titre de son album Le tigre qui s’invita pour le thé, une nouvelle expression venait détrôner « l’éléphant chez un marchand de porcelaine » dans la langue anglaise. Depuis, ce grain de folie ne s’est plus délogé de la tête des petits lecteurs d’outre-Manche, qui vouent un culte à cet album transmis de générations en générations. A première vue, le conformisme est pourtant de mise dans les pages : maman s’active à la maison pendant que papa carbure au bureau. Reflet de la situation de l’auteure, à l’époque où cette idée de livre lui jaillit à l’esprit. Seule chez elle avec sa fille de 3 ans, alors que son mari scénariste était en déplacement professionnel, elle tua le temps en racontant à son enfant ce qui lui passait par la tête : « Et si un tigre entrait tout à coup chez nous ? »  

 

Elle ne soupçonnait pas que cette image saugrenue était la métaphore de la gloire qui allait surgir dans sa vie de femme au foyer tranquille, entre les quatre murs jaunes de sa maison en briques londonienne. A vrai dire, Judith Kerr en connaissait déjà un rayon en soubresauts du destin et en bifurcations soudaines de l’existence. Petite fille, elle avait fui l’Allemagne nazie avec sa famille, dans les années 30, sans comprendre pourquoi ces affiches représentant un sosie de Chaplin faisaient peur à ses parents. Son histoire de tigre venant soudain chambouler la vie d’une famille insouciante raconte donc aussi l’incrédulité candide qui fut la sienne, lorsqu’un dictateur s’invita dans son quotidien d’enfant, et mit sa vie sens dessus dessous. L’exil de Judith Kerr fit l’objet d’un récit, Quand Hitler s’empara du lapin rose, qui figure depuis des années au programme des collégiens allemands, ce dont Judith Kerr s’excusa maintes fois, traumatisée par ses propres souvenirs de lectures obligatoires à l’école. Caché dans le titre français de cette autobiographie, le lapin rose se retrouve sur la couverture de son album Mog et Bunny, dans la gueule d’un chat tigré, le sien, auquel elle consacra toute une série d’albums malicieux, d’une simplicité enveloppante.

 

Judith Kerr n’aimait rien tant que dessiner, bien au chaud dans son atelier, où elle se laissa filmer maintes fois, dévoilant les innombrables croquis au crayon qui précédaient ses planches définitives, avec sa dégaine irrésistible de clone d’Agatha Christie et de la reine Elizabeth. Elle partait d’un personnage qu’elle dessinait sur plusieurs feuilles, l’insérant dans différents environnements, tantôt entouré d’autres êtres humains, tantôt d’un chat, et soudain, c’était ça, elle avait trouvé la combinaison parfaite, et le livre était né. En 2016, alors qu’elle participait à un festival de littérature à Berlin, une admiratrice lui demanda si elle pensait écrire un nouvel album. Judith Kerr s’exclama : « Bien-sûr ! Je n’ai que 93 ans, vous savez ! » Elle s’est éteinte mercredi 22 mai 2019, à 95 ans, sans avoir tenu cette promesse. Mais elle laisse derrière elle dix-sept histoires de Mog (dont seules quatres sont disponibles en français, aux éditions Albin Michel), et une invitation à vie pour prendre le thé avec un tigre, ce qui ne se refuse pas.

 

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 06:00

 

L’écosystème gourmand du rond-point, plat comme une galette, où se croisent la rue de Charenton et la rue Traversière, s’enrichit d’une nouvelle cave à manger, juste en face du restaurant Passerini, au 44 de la rue Traversière, c’est sans réservation du mardi au vendredi à partir de 18h et le samedi dès 16h.

 

 

Le passerina est un raisin robuste des Abruzzes, qui résiste très bien aux conditions climatiques ardues et aux maladies et garantit dès lors une bonne qualité constante et des rendements élevés. C'est précisément en raison de ses propriétés que ce passerina était aussi apprécié des viticulteurs, comme en attestent les nombreux synonymes éloquents dont il avait été affublé : Cacciadebiti, Scacciadebiti ou Pagadebiti qui signifient « apurer ses dettes », voire Uva d'Oro Raisin d'or.

 

La Passerina, c’est le territoire de Justine !

 

Et avec elle Henri le jurassien pour les flacons de vins nu... 

 

Pour les petites assiettes c'est Cristian qui est au piano.

 

Vendredi dernier, à 18 heures pétantes, je me suis installé au bar, juché sur un tabouret, la belle du 7 est venue me rejoindre à 19 heures. Nous nous sommes régalés.

 

Reportage en images.

 

 

 

 

 

 

 

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20 janvier 2022 4 20 /01 /janvier /2022 06:00

Aucune description de photo disponible.

Au temps de mes débuts de blogueur j’ai côtoyé le petit peloton des critiques de vin français, ce fut édifiant. C’était très franchouillard, des petits arrangements, des invitations, un peu de pub, des salons, le ruissellement du flouze restait contenu entre les berges des moyens limités du négoce français du vin. Mon « modèle économique », je gagnais bien ma vie par ailleurs, me permettait de me tenir loin de ces pratiques, je n’avais donc nul mérite à être indépendant, de plus vu, le faible niveau d’influence de la critique française auprès de la grande majorité des consommateurs français et plus encore mondiaux, ça n’avait guère d’importance.  

 

Seul, Robert Parker régnait dans une position, quasi-monopolistique, sur la critique mondiale du vin, il imposait ses codes, ses pratiques, flanqué de son compère Michel Rolland, il allait faire la fortune d’une poignée de GCC, et la sienne aussi par la même occasion. Le pauvre Michel B enrageait mais rien n’y faisait, on continuait de l’inviter dans les châteaux, je n’ose l’écrire par pitié.

 

Les temps ont changé avec l’irruption des réseaux sociaux, Bob a pris sa retraite, il est maintenant possible de toucher les amateurs, les consommateurs sans l’entremise des critiques du vin. C’est le déclin, le papier des guides ne rapporte plus rien, les clics sur les publications internet pas grand-chose, un peu de pub, alors reste plus qu’à se faire vendeur de vin En Même Temps.

 

Stéphane Montez, Saint-Joseph rouge 2020

« Ce saint-joseph 2020 témoigne avec une précision et une gourmandise magnifique le génie des grandes syrahs cultivées sur ces terroirs abrupts de granit. » Thierry Desseauve

De sa belle cave qui domine la vallée du Rhône, Stéphane Montez a réussi en une décennie à s’imposer comme l’une des références du nord de la vallée du Rhône.

Note Bettane+Desseauve : 92/100
 
Saisissez les dernières bouteilles disponibles

L’interview qui suit, est typiquement étasunienne, avec moi la critique du vin va laver plus blanc que blanc en revenant  aux valeurs fondamentales du Robert Parker Wine Advocate avec le Wine Independent ?

 

Elle ne me convainc guère, à vous de juger !

 

 

 

Les

Lisa Perrotti-Brown MW est basée dans la vallée de la Napa, en Californie. - crédit photo : DR

Les "conflits d'intérêts érodent la confiance des consommateurs dans les critiques de vin"

 

Ayant quitté fin 2021 le "Robert Parker's Wine Advocate", qu'elle dirigeait depuis 2013, la critique américaine Lisa Perrotti-Brown annonce créer une plateforme indépendante avec le photojournaliste suédois Johan Berglund : The Wine Independent. La Master of Wine fait le point en interview sur sa vision de son métier et de ses défis actuels.

 

Par Alexandre Abellan Le 17 janvier 2022

 

  • Votre projet éditorial évoque le besoin de critiques impartiaux en matière de vin : y a-t-il un vide dans la filière vin en ce moment ?

 

Lisa Perrotti-Brown : Je ne dirais pas qu'il y a un vide. Mais je pense qu'il y a aujourd'hui beaucoup d'ambiguïté sur ce qui constitue un business model "impartial" concernant la façon dont les revenus sont créés.

 

  • Parmi les exemples de conflits d'intérêts que vous avez vus dans votre carrière, diriez-vous qu'ils augmentent en quantité ou deviennent plus subtils en qualité ?

 

Ils deviennent plus subtils, c'est sûr. Il fut un temps où vous saviez exactement qui acceptait de l'argent des établissements vinicoles et des entreprises liées au vin, car c'était sous la forme d'une simple publicité. Par exemple, vous pouviez voir la publicité d'une winery dans un magazine sur le vin, qui comportait également des critiques de ce domaine. Vous pourriez décider vous-même si cela était acceptable. Aujourd'hui, de nombreux consommateurs ne savent tout simplement pas quel type d'offres se déroulent dans les coulisses de nombreuses critiques de vins.

 

Je ne veux pas pointer du doigt qui que ce soit ou juger les décisions commerciales d'autres publications, mais je sais qu'il y en a qui facturent leur dégustation des vins. D'autres prennent d'énormes sommes d'argent auprès de wineries pour qu’elles participent à leurs événements. Certains proposent même aux distributeurs un aperçu en avant-première des notes s'ils souscrivent à un abonnement secret et ultra cher. Tous ces conflits d'intérêts érodent la confiance que les consommateurs avaient l’habitude d’accorder aux critiques de vin.

 

La suite ICI

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 06:00

Bonne Année / Nouvel An - Page 3 - CPArama.comCarte Ancienne Bonne Année 2022 : Envoyer une vraie Carte De Voeux Ancienne  2022 dès 0,99€ - Merci FacteurBonne Année - Carte postale ancienne et vue d'Hier et Aujourd'hui - GeneanetLa maîtrise du temps qui passe | Musée de la Carte PostaleCPA Carte Postale Ancienne Cartophile Voeux Bonne Année Bretagne -  Antiquités du golfe

Même si mon « j’ai du mal avec les vœux en ce moment… » en réponse aux vœux de Jean-François n’a rien à voir avec la situation générale, le naufrage de la gauche, le virus et ses contraintes, la future présidentielle, mais a un vécu personnel douloureux sur lequel je ne vais pas m’étendre, je publie car moi aussi j’aime la tradition du gui l’an neuf « pas tapé machine » (2 janvier 2006 Des vœux "pas tapés machine" ICI)  afin de raviver les liens d’amitié.

 

J’aime la tradition des vœux de début d’année qui me donne l’occasion de faire un signe à tous  ceux que je ne vois pas assez et de leur redire mon affection. J’ai compris aux réponses reçues  cette année qu’il pouvait sembler incongru d’adresser des vœux : « malgré la situation terrible  dans laquelle nous vivons… », « comment souhaiter une bonne année dans une telle situation…  », « malgré tout et en espérant que les choses s’arrangent… », « j’ai du mal avec les vœux en ce moment… », etc.

 

Il n’était question que de la « situation générale » derrière laquelle disparaissent nos vies.  Troublé, je me suis interrogé sur ce qui lie la politique et nos vies et ce qui l’en sépare.

 

Je me suis demandé pourquoi ces proches qui vivent, comme moi, le plus souvent dans un  confort matériel à peu près assuré, sans vivre de drame personnel en raison du Covid, me répondaient comme si le virus les affectait personnellement, comme si la défaite annoncée de la gauche à la prochaine élection présidentielle allait modifier profondément leur situation propre, comme s’ils étouffaient déjà en raison du réchauffement de la planète, comme si la  précarité qui frappe une partie importante de nos concitoyens était la leur ?

 

Pourquoi ces proches qui pensent comme moi que la politique est devenue un cirque de bien  mauvaise qualité (le dernier dans lequel les bêtes ne sont pas interdites), qui ont constaté  l’incapacité des responsables politiques de gauche ou de droite à faire ce qu’ils ont promis, considèrent-ils que leur vie dépend du prochain scrutin présidentiel ?

 

Nous ne vivons pas que de politique et nous pourrions, comme beaucoup, vivre sans trop nous  soucier de ce qui se passe dans ce champ clos d’affrontements de partis politiques évanescents.  Nous pourrions faire sécession en quelque sorte, comme le fait déjà une bonne partie de la  société.

 

Les riches ont donné le signal dans les années quatre-vingt avec la contre-révolution libérale. 

 

Les jeunes générations ont suivi et se désintéressent de la politique partisane. La majorité des  jeunes ne vote pas et bien souvent ne prend même plus la peine de s’inscrire sur les listes  électorales. 

 

Quant à ceux qui comme moi ont vécu un fort engagement politique, si on leur demandait ce  qui dans leur vie est le plus important, ce à quoi ils tiennent par-dessus tout, ils ne répondraient certainement pas: « changer de président de la république », « modifier la  constitution », « reconstruire un parti véritablement socialiste » ; mais plutôt « l’amour d’une  femme ou d’un homme avec qui nous partageons notre existence » ; « le bonheur de nos  enfants » ; les promenades que nous pourrons faire avec ceux qui nous sont chers ; les moments  de complicité partagée ; l’émotion que nous ressentons devant tel paysage, tel quartier auquel  nous sommes attachés ou en écoutant telle œuvre musicale. 

 

Si la véritable hiérarchie de nos attachements est bien celle-là, pourquoi ne pas dire qu’en 2022  nous espérons tout simplement pouvoir vivre ces amours et partager ces moments de bonheur ?

 

Peut-être parce que nous avons raté quelque chose. Nous invoquons le collectif : « nous ne  pouvons pas être heureux parce que le monde est malheureux », en rêvant d’une destinée  individuelle, de notre propre accomplissement qui aurait permis celui de l’humanité tout entière. Cette forme d’accomplissement occupe sans doute plus souvent l’imaginaire masculin que  féminin. Les hommes occupent encore très majoritairement la scène politique. Ils s’arrangent  pour en écarter les femmes qui s’en approchent, même si cela commence à changer et s’il y a un nombre croissant de candidates à l’élection présidentielle, par exemple. Mais les femmes se  pressent beaucoup moins que les hommes, dans ce qui reste de partis et d’organisations  politiques, peut-être parce qu’elles sont moins dupes qu’eux du jeu politique et de sa vacuité.

Nous avons aussi du mal à parler du bonheur parce qu’il est vraiment difficile d’articuler la politique et les questions personnelles, nos aspirations individuelles et ce qu’impose la  généralité. 

 

La politique traite de l’organisation de la société, des institutions, des lois, de l’appareil d’État,  en bref de ce qui indispensable à la vie commune des individus imparfaits que nous sommes,  mais qui menace en même temps nos libertés individuelles, la possibilité de mener nos vies comme nous l’entendons, de vivre notre bonheur ou notre malheur comme nous le décidons. 

 

L’état de droit, expression employée souvent à contre-sens aujourd’hui, est la construction  juridique qui limite l’emprise de l’État sur nos vies, qui préserve nos libertés individuelles contre le pouvoir d’État, qui préserve notre autonomie.

 

Gardons-nous des responsables politiques qui veulent faire notre bonheur et soutenons ceux qui  n’aspirent qu’à ne pas nous empêcher de le faire nous-mêmes. Gardons comme préoccupation  principale celle de nous préserver autant que possible de l’intervention de l’État et de la loi dans  nos existences. Le programme politique d’un véritable démocrate pourrait être résumé par les  mots : « laissez-nous vivre, ne touchez pas à nos libertés individuelles ». Mais bien sûr, les  limites de ce programme apparaissent vite parce que les libertés individuelles sont antagoniques. Il faut les faire coexister, protéger leur exercice possible par chacun et ce besoin  de protection justifie la création d’institutions qui, malheureusement, ont tendance à agir pour  leur propre compte et avec leurs propres objectifs dès qu’elles existent.

 

J’appartiens à une génération qui sacralisait l’intérêt général, l’accomplissement dans un projet  collectif, la vision globale du monde à laquelle il était légitime de sacrifier les intérêts  individuels.

 

Les jeunes contemporains se méfient des grands projets collectifs de transformation sociale et  des organisations qui vont avec. 

 

Il faut dire que l’heure n’est plus aux projets mais à la fin du monde. Il n’est question que de  dernière chance avant que la planète brûle, de pandémie digne de la grande peste noire,  d’effondrement prochain. Si j’étais jeune je me dirais soit qu’il faut en profiter pendant le peu  de temps qui reste, car il n’y a rien à faire contre une catastrophe aussi certaine, soit que ceux  qui tiennent ces discours mentent pour nous effrayer. Je me dirais certainement que je n’ai rien  à attendre de tous ceux qui nous ont amené là et qui sont toujours au pouvoir. Si j’échappais au  désespoir, je me dirais que mon futur dépend plus de ce que je vais construire moi-même que  d’un engagement collectif.

 

La lutte politique classique « pour construire une société plus juste », pour la démocratie, pour  la justice ou l’égalité, bref pour ces grandes abstractions qui ont mobilisé des générations, ne  fait plus recette. Elle ne mobilise plus la jeunesse. Les moins jeunes, en particulier dans les  couches populaires, considèrent également que ça n’est plus leur affaire.

 

Bien sûr la trahison des partis de gauche y est pour quelque chose. La déception propre à l’action  politique, la fragilité des conquêtes toujours remises en cause, la dureté du monde politique, la  corruption, l’insincérité supposée de ceux qui font de la politique, tout cela écarte le commun  des mortels et, disons-le, les gens normaux de cette activité.

 

Mais on peut aussi faire l’hypothèse que les jeunes ne s’intéressent plus à la politique parce  qu’en dépit des progrès réalisés dans la construction d’un État social, leur vie personnelle n’est  pas substantiellement meilleure que celle de leurs parents. D’autant plus que leurs parents  pensent aussi que c’était mieux avant. 

 

Pourtant, lorsque l’on regarde vraiment cet « avant », il ne fait pas rêver. Le XXe siècle a été  saigné par deux atroces guerres mondiales et de très longues guerres coloniales. En France  l’exercice du pouvoir par De Gaulle n’était pas fait que de grandeur. Il était appuyé par ses  sbires du SAC et d’autres officines chargées des basses œuvres. La répression policière n’avait rien à envier à celle d’aujourd’hui. Des dictatures féroces faisaient souffrir une partie de  l’Europe (Portugal, Espagne, Grèce) et du monde (le stalinisme, le maoïsme, les dictatures  latino-américaines). Le patriarcat s’exerçait sans trop de retenue.

 

Est-ce vraiment ce que nous avons envie de retrouver ?

 

Des conquêtes et des progrès bien réels ont été réalisés depuis lors. Mais en dépit de ceux-ci,  nos jeunes contemporains ne trouvent pas plus le bonheur dans des entreprises soumises aux  impératifs du management moderne - à certains égards plus pernicieux encore que la loi des contremaîtres d’hier - que nous ne le trouvions dans la France gaullienne, pompidolienne ou  giscardienne. Ils ne trouvent pas non plus leur place dans des services publics dévalorisés, désorganisés, coincés entre les attentes toujours plus grandes de la population et les moyens  trop faibles pour y répondre. Ils ne trouvent pas toujours le bonheur dans leur vie sentimentale qui doit trouver une solution à la difficile équation de la préservation de l’autonomie de chacun  dans le partage de deux existences. Ce qui hier semblait aller de soi, se loger par exemple, est  devenu un casse-tête qui oblige les jeunes à prolonger la cohabitation avec leurs parents. La  domination masculine a pris d’autres formes mais n’a pas disparu et son expression est plus  intolérable aujourd’hui qu’elle ne l’était dans la deuxième moitié du XXe siècle. 

 

Nous vivons une crise des relations entre les individus, en même temps qu’une crise des  institutions politiques et de notre organisation économique fondée sur la consommation sans  limites, nécessaire à la réalisation du profit.

 

Aucun discours politique ne parvient à articuler ces trois dimensions pour proposer un projet.

 

Le discours politique « classique » essaie de donner des réponses institutionnelles, budgétaires, générales à nos difficultés. Il est tellement usé que plus personne ne l’écoute vraiment. Alors,  foin des projets et des discours ! Seules comptent, tous les cinq ans, la confrontation de personnalités : sont-elles charismatiques ? Incarnent-elles quelque chose ? La « rencontre avec  les Français a-t-elle lieu ? Ceux qui nous serinent ces âneries quotidiennement se rendent-ils compte de ce qu’ils disent et à quel point ils font l’apologie d’un système dans lequel la  démagogie a remplacé la démocratie ? 

 

A ce « vieux discours » s’oppose un discours politique centré sur la reconnaissance des discriminations dont sont victimes une infinité de sous-groupes de population, la protection des  droits des « minorités », la possibilité de choisir sa vie, d’entretenir les relations que l’on veut, de modifier son corps depuis la généralisation du tatouage jusqu’au changement de sexe, de  recourir à des procédés d’artificialisation croissante de la reproduction humaine, de mettre en  œuvre les rêves de transhumanisme qui permettraient enfin de nous libérer de notre triste  condition humaine.

 

L’impasse de la politique se trouve dans son incapacité à faire le pont entre ces deux régimes  de préoccupations et de revendications pour le moment antagoniques. 

 

Les tenants de la politique « classique », quand ils sont de gauche, ne voient dans l’autre camp  que des individualistes forcenés qui expriment en fait les intérêts du système capitaliste, sa  propension naturelle à segmenter la société en nouveaux marchés sur lesquels il pourra réaliser  de nouveaux profits. Quand ils sont de droite ils y voient des menaces pour l’ordre établi et la  civilisation.

 

Les féministes, les défenseurs des minorités « visibles » et invisibles, des LGBTQI, ne voient  dans les représentants de la « politique classique » que des enfumeurs qui camouflent la réalité  des oppressions derrière un discours universaliste mensonger.

 

La social-démocratie agonisante n’a pas été capable de produire de synthèse. Elle a couru  derrière les nouvelles formes de contestation sans réussir à en prendre la tête et en se coupant  de sa base sociale traditionnelle. Elle a tout perdu. 

 

Les partis de droite jouent le clivage, en rassemblant leurs troupes contre toutes ces nouvelles  revendications qui leur apparaissent comme autant de menaces existentielles. 

 

Les mouvements intersectionnels se fragmentent en chapelles qui jettent l’anathème sur celle  d’à côté parce qu’aucune oppression ne doit pas prendre le pas sur une autre. 

 

Nous manquons d’une synthèse qui dépasse ces deux régimes d’analyse politique en  rétablissant la compréhension de ce qui unit l’individuel et le collectif, sans faire comme si l’un  et l’autre étaient une seule et même chose, comme si l’individuel devait disparaître devant le  collectif ou comme si le collectif n’existait pas, comme s’il n’y avait pas de société, comme le  pensait Margaret Thatcher. 

 

Les tentatives de reprise à nouveaux frais de l’analyse de la société au travers du seul prisme  de la lutte des classes ne fonctionnent pas, pour des raisons objectives, l’éclatement des classes  sociales en sous-groupes multiples et la disparition des frontières qui permettaient de les  reconnaître, et des raisons subjectives, la substitution de la sociologie et de l’économisme à  l’économie politique. 

 

L’analyse du monde à la seule lumière des dominations et des identités multiples ne permet pas d’en comprendre l’organisation et le fonctionnement et ne débouche que sur la multiplication  des dénonciations, la recherche permanente de nouveaux coupables dont on attend confessions et autocritique.

 

Ceux qui veulent faire de la politique, et ne pas simplement participer à la comédie qui en tient lieu pour le moment, devront proposer des analyses qui permettent de sortir de cette impasse,  proposer de nouveaux concepts et sans doute un vocabulaire renouvelé qui permettent d’éviter  la fragmentation croissante de la société et la montée des antagonismes qui finiront par  s’exprimer de façon violente. 

 

Ma génération n’arrive plus à dire « bonne année » parce qu’elle est écrasée par l’échec de ses  tentatives de transformation sociale passées. Soit elle se tait, soit elle fait de sa mauvaise  conscience une politique. Ce n’en est pas une.

Les jeunes ont du mal également parce qu’on leur dit qu’ils sont arrivés dans ce monde trop  tard pour penser que leur avenir sera meilleur que leur présent. 

 

L’économie s’habille de vert pour mieux continuer à saccager la beauté du monde et le bonheur des échanges humains qui échappent au commerce, ce à quoi nous tenons le plus en réalité. Elle  nous offre le baume de la consommation pour soigner les bleus de nos âmes. 

 

Mon vœu pour cette nouvelle année est que nous parvenions à retrouver un langage commun  permettant de définir l’intérêt général non pas comme l’effacement des individus au nom d’une cause supérieure, mais comme le cadre permettant l’épanouissement de chacun. Que nous soyons capables de remettre l’État à sa juste place, ni instance dont nous devons tout attendre  pour nous protéger, ni parasite qu’il faut éliminer, mais institution humaine nécessaire qui doit  rester sous notre contrôle et dont nous devons protéger nos libertés individuelles. Que nous  soyons capables de délimiter le champ de l’économie et d’en exclure ce qui nous constitue comme êtres humains et ce qui met en jeu la survie des espèces, la nôtre et celles qui constituent  la biosphère.

 

Si nous nous y attelons, sans être tétanisés par une élection présidentielle qui ne changera rien,  nous passerons une bonne année.

 

JF Collin

17/01/22

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