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18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 09:20

Lettre d'un «émigré» de la «patrie du vin» au POINT qui l'a poussé à une  telle extrémité - Le blog de JACQUES BERTHOMEAU

C’était au temps où je battais les estrades même à Bordeaux, l’oiseau de mauvais augure que j’étais n’était plus blacklisté, cette vidéo est intéressante à voir car en ce temps-là le classement décennal des vins de Saint-Émilion faisait partie du paysage mais celui de 2006 va donner lieu à un long imbroglio judiciaire qui ouvrira la porte à une nouvelle procédure où notre Hubert sera à la manœuvre avec le succès que l’on sait.

 

Celui de 2012 verra l’Angelus atteindre le graal : classé A et l’ami Jean-Luc et son château Valandraud accède au B.

 

Les historiques A : Ausone et Cheval Blanc ne concourent pas pour 2022, Hubert vu ses ennuis judiciaires vient de se retirer. Pour Jean-Luc, pourquoi pas le A ?

 

En 2005-2006 c’est la CRISE

La crise viticole n'est pas une fatalité !

 

 Éditorial de Mgr Ricard

 

Mgr Ricard nommé parmi 15 nouveaux cardinaux

 

Très présente dans la presse à certains jours, plus discrète à d’autres, la crise viticole est bien toujours là. Contrairement à une série de crises rencontrées par la viticulture depuis plus d’un siècle, la crise actuelle n’est pas conjoncturelle mais structurelle. Il serait vain d’attendre que « ça passe » en rêvant au retour des années fastes pour les vins de Bordeaux.

 

La sortie de cette crise est un vrai problème régional pour ne pas dire national. Certaines régions sont peut-être encore plus touchées que la nôtre. Le 4 février dernier, les évêques du Languedoc-Roussillon ont fait part de leurs préoccupations devant l’inquiétude et la souffrance de beaucoup de viticulteurs. Mais notre région, longtemps épargnée, est touchée elle aussi.

 

Certes, la crise viticole ne touche pas toutes les propriétés de la même façon. Certains châteaux, des crus renommés, s’en sortent plutôt bien et n’ont pas de mal à commercialiser leur vin. D’autres sont frappés de plein fouet et on peut dire que c’est toute une partie de la profession qui ressent les contrecoups de la crise. Au cours de mes visites pastorales et des rencontres que j’ai pu avoir, j’ai été témoin du drame vécu par un certain nombre de viticulteurs qui se sont endettés au moment des années fastes et qui, aujourd’hui, devant la difficulté à vendre leur vin, se sentent étranglés par les remboursements auxquels ils doivent faire face. Cette réelle angoisse du lendemain a chez eux des conséquences sur leur moral, parfois sur leur vie conjugale et familiale. Certains enfants ne voient pas comment prendre en charge après leurs parents la propriété familiale. Cette crise a fatalement aussi des répercussions sur la situation des ouvriers agricoles, des saisonniers et des artisans. Ces viticulteurs sont guettés par le désespoir et la désespérance n’est jamais bonne conseillère. On peut redouter qu’elle provoque parfois des réactions de violence ou pousse à des extrémités.

 

Devant cette crise, certains sont tentés de baisser les bras et de se laisser gagner par un sentiment de fatalisme. D’autres cherchent un bouc émissaire qu’ils chargent alors de tous les maux (les organisations professionnelles, le négoce, les pouvoirs publics, les campagnes antialcooliques, la mondialisation…) L’heure n’est pourtant pas au découragement. D’ailleurs, au cours des deux siècles précédents, les viticulteurs ont toujours fait preuve de courage et d’ingéniosité pour surmonter les crises rencontrées. Une telle ténacité continue. Il nous faut saluer ici les efforts de ceux qui courageusement veulent relever le défi d’aujourd’hui. Ils savent qu’il leur faut compter avec des facteurs nouveaux qui ne disparaîtront pas dans les années qui viennent : la baisse en France de la consommation du vin, la concurrence des vins européens et des vins du nouveau monde et la politique commerciale des grandes surfaces. Ils sont convaincus également qu’il faut veiller à la qualité du vin produit, à sa commercialisation et donc à des campagnes de promotion de leur vin en France, en Europe et dans d’autres pays du monde. En effet, produire, malgré tout le savoir-faire que cela met en jeu, aujourd’hui ne suffit pas. Il faut commercialiser, tenir compte de la demande, et gagner de nouveaux marchés.

 

Cette crise ne peut être surmontée qu’ensemble, solidairement, qu’en s’appuyant les uns sur les autres, qu’en s’entraidant les uns les autres. Or, la viticulture a été une profession qui a favorisé jusque-là l’investissement individuel et la recherche personnelle du profit. L’argent gagné était le secret de chacun et on se méfiait de l’autre qui pouvait toujours devenir un concurrent possible. D’où la difficulté qu’ont eu beaucoup de viticulteurs, même voisins, à se parler quand la crise a commencé. Or, la solidarité et l’entraide sont aujourd’hui des conditions sine qua non pour surmonter la crise.

 

Devant cette crise qui marque profondément notre région, les communautés chrétiennes ne peuvent pas ne pas se sentir concernées. Il est important qu’elles partagent les préoccupations des viticulteurs, soutiennent ceux qui sont dans une passe difficile, encouragent ceux qui se battent pour relever le défi. Je les invite à lire le document de réflexion ci-joint sur « La crise viticole » et à manifester à tous les viticulteurs leur solidarité.

 

Dans ce temps pascal, le Christ vient à nous, vainqueur du fatalisme et de la résignation. Sa résurrection ouvre une brèche, déploie un avenir nouveau. Elle crée du neuf. Que cette espérance soutienne tous ceux qui se battent aujourd’hui pour ouvrir des voies d’avenir à la viticulture dans notre région.

 

Bordeaux, le 5 mai 2006

 

+ Cardinal Jean-Pierre RICARD

 

Archevêque de Bordeaux

 

Evêque de Bazas

Essai géographique sur la crise du Bordeaux - Chapitre 6. Une image  incertaine - Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine

Le vin de Bordeaux voit la fin de la crise

Par Marie-Josée Cougard

Publié le 14 mars 2008

 

Les Bordelais se gardent de toute fanfaronnade. Néanmoins, ils veulent croire à la fin de la crise. « Les améliorations sont incontestables, même si beaucoup reste à faire », résumait hier à Paris, Alain Vironeau, président du CIVB (Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux).

 

Après avoir souffert d'une surproduction chronique, les producteurs sont enfin parvenus à rétablir un équilibre entre l'offre et la demande et à faire remonter les prix. Si bien que la région a commercialisé 5,7 millions d'hectolitres de vin en 2007 (+1,3 %) pour un chiffre d'affaires de 3,4 milliards d'euros (+4 %).

 

Plan d'arrachage


« L'excédent de stock a été résorbé », selon le CIVB, les ventes ont repris et les prix du tonneau ont bondi de 26 % entre 2005 et 2007. Les volumes qui encombraient le marché ont été distillés à hauteur de 160.000 hectolitres en 2005 et un peu plus en 2006. Le plan d'arrachage de 10.000 hectares sur trois ans, annoncé en 2005, a été exécuté grâce à une aide substantielle de 12.000 à 13.000 euros l'hectare, mais pour moitié seulement. Une démarche contre nature dans la région. En fait, moins de 1 % des vignerons ont été contraints de cesser leur activité pour des raisons économiques. Alain Vironeau souligne d'ailleurs que, depuis quarante ans, le Bordelais perd en moyenne 500 producteurs par an, dans le cadre de la restructuration des propriétés.

 

Restaurer la confiance


Tous les producteurs ont fait un effort pour réduire les rendements, uniformément ramenés à 50 quintaux par hectare. L'interprofession a réalisé un gros travail de pédagogie pour convaincre les viticulteurs qu'ils devaient désormais produire ce qui se vend. Les méthodes de marketing ont été profondément revues, complétant l'aggiornamento du vignoble le plus célèbre dans le monde.

Mais les Bordelais savent qu'il leur reste un long chemin à parcourir pour regagner la confiance des consommateurs, notamment étrangers. Ils comptent beaucoup sur le renforcement des contrôles de qualité et des droits à produire sous AOC pour y parvenir. « L'exportation ne concerne qu'un tiers des volumes produits. Si on restaure l'image de nos vins, on en exportera 70 % », explique Alain Sichel, vice-président du CIVB et directeur du syndicat des négociants. D'autant que la consommation mondiale de vin augmente et que la concurrence du Nouveau Monde s'est allégée. La production australienne est tombée de 14 à 11 millions d'hectolitres entre 2006 et 2007 en raison de la sécheresse.

 

MARIE-JOSÉE COUGARD

 

 

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 06:00

 

C’est dans Itinéraire d'un enfant très gâté.

 

Lelouch ce n’est pas vraiment ma came au ciné, ce n’est pas une opinion mais mon goût, en revanche je suis fou de Pierre Barouh parolier, la musique est de Francis Lai, de la cultissime chanson d'Un homme et une femme.

 

« Dans le film culte, l'histoire retiendra que tout ressemblait alors à une folle passion. Sous son habit d'acteur, il tenait le rôle du mari disparu d'Anouk Aimée qui deviendra son épouse à la ville. Francis Lai composa un de ses plus beaux airs. Trintignant, encore une fois, jouait magnifiquement un amoureux romantique. »

 

Des années plus tard, Pierre Barouh racontera les coulisses du thème musical du film: «Au milieu du tournage, Lelouch n'a plus eu d'argent pour continuer. Alors, comme j'avais déjà un petit nom comme chanteur et auteur de chansons, je suis allé faire le tour des éditeurs de musique pour leur proposer les chansons du film et toucher une avance. Tous ont dit non. Alors, par réflexe ludique, j'ai dit que je les éditerai moi-même. Lelouch a trouvé de l'argent par ailleurs, a terminé le film et, six mois plus tard, j'étais à Cannes. C'est un raz de marée, un succès pareil. On me proposait quinze films par semaine, je bouffais avec Paul Newman, mais je retrouvais Higelin, que j'avais connu quand j'étais gosse, je découvrais Brigitte Fontaine. Et comme moi j'héritais, je leur ai dit: «Je vous produis un album chacun.»

 

Dans l’abondante filmographie de Lelouch, hormis le premier,  seule La Bonne Année trouve grâce à mes yeux, Claude Lelouch, on aime ou on déteste. Le réalisateur n’a jamais laissé indifférent le grand public comme la critique. Dans La bonne année, il y a cette surréaliste scène où des prisonniers, au cinéma, sifflent Un homme et une femme… d’un certain Lelouch. Simon, Lino Ventura justement, sort de prison. Pour la Saint-Sylvestre, il rentre chez lui mais découvre que sa femme l’a remplacé.

 

« Claude Lelouch raconte une histoire subtilement fantaisiste et parfaitement construite. Il confronte un type aux épaules et à l’esprit carrés à une femme libérée mais fragile. Dès que Lino Ventura et Françoise Fabian se regardent, la magie opère. Pour l’élégante chatte, le gorille se dégrossit.

 

La scène où il est jugé par les amis snobs de la délicate antiquaire est un bel exemple de la manière Lelouch. Quand l’un d’eux lui demande comment il peut aller voir un film sans en avoir lu la moindre critique, le faux rustre répond, superbe, en fixant sa dulcinée : « Exactement comme quand je choisis une femme. En prenant des risques ! » —

 

Lelouch se moque gentiment des critiques et des intellectuels et met en lumière l’amour et l’amitié, avec un Charles Gérard épatant. Quant à l’escroquerie, c’est une autre histoire bien ficelée !

 

« Tu sais ce qu'il y a de dramatique avec toi Charlot ? T’es con et t’es méfiant. Parce que tu ne me crois pas quand je te dis que t’es con, tu ne crois pas »

La Bonne année en Blu Ray : La Bonne année - Version remasterisée - AlloCiné

Aujourd’hui c’est « La Bonne Année » (1973)

 

Lino Ventura sur le tournage du film "La bonne année" - Photo et Tableau -  Editions Limitées - Achat / Vente

 

Pourquoi ce film ?

 

Par ce qu’il est encore temps pour Ciné papy de présenter ses vœux aux fidèles lecteurs des fiches et qui, me dit-on, êtes de plus en plus nombreux. C’est aussi une introduction à l’œuvre de Claude Lelouch qui comprend, de « Un homme et une femme » 1966 à « Itinéraire d’un enfant gâté » 1988 en passant par « La Bonne Années » des films de grande classe.

 

Quelle est l’histoire ?

 

Le gangster Simon prépare, avec son complice Charlot ce qu'il qualifie de « premier hold-up psychologique de l'histoire du banditisme ». Juste à côté de la bijouterie Van Cleef & Arpels, sur la Croisette, à Cannes, se trouve la boutique d'une belle antiquaire, qui attire le regard du malfrat.

 

Le cambrioleur et l'antiquaire s'éprennent l'un de l'autre. Il est sympathique mais sans raffinement, elle est cultivée et indépendante mais découvre au contact de Simon que la vanité de son milieu lui pèse, et qu'elle désire une histoire d'amour simple et franche. Le plan du braquage que prépare longuement le cambrioleur est beaucoup plus sophistiqué que ses manœuvres de séduction. Mais réussira moins bien.

 

La bonne année (1973) - Peut être vous préférez l'accordéon ? - YouTube

 

Réalisation

 

Enfant terrible du cinéma français (après le succès de « Un homme et une femme » 1966  qui fut oscarisé il résista aux sirènes d’Hollywood) il est l’auteur de quelque cinquante films de qualité tellement inégale que sa carrière ressemble aux célèbres montagnes russes. Aucun, cependant, ne laisse indifférent.  Il a une façon bien à lui de tourner.

 

Les acteurs ne connaissent pas le scénario. Leurs scènes ne leur sont révélées qu’au moment de tourner. La plus part du temps il est planqué, tout près de l’acteur mais hors champ, et dicte ce que devrait être le texte. Il est attentif à tout ce qui peut être spontané afin de cerner la vie au plus près.

 

Dans le même ordre d’idée le prénom des rôles est souvent celui des acteurs au civil. Un autre exemple L'année d'après, il fera tourner Michèle Morgan, l'actrice dont il rêvait, dans Le Chat et la Souris avec Serge Reggiani. Ensemble, ils tournent une scène d'anthologie dans laquelle Michèle Morgan se prend d'un fou rire après avoir trouvé un clou dans un gâteau.

 

 

Qui fait quoi ?

 

Lino Ventura :                Simon

 

« La Bonne Année » est l’un des films dont Lino était le plus fier. Pour le dernier plan, il ne savait pas de quel côté aller. Il était très emmerdé car il ne pouvait pas admettre qu’un homme puisse pardonner à une femme qui l’avait trompé. Lino n’était pas au courant de l’épilogue. Et il ne savait pas qu’il s’agissait du dernier plan. Je lui ai dit : « Je vais te filmer et tu vas te poser la question de savoir si tu lui pardonnes ou pas. Maintenant que tu sais ce dont parle le film, laisse-toi porter ! » J’ai filmé un vrai Ventura dira Lelouch. Ventura est passé par toutes les phases. On se dit qu’il pardonne quand même, mais du bout des lèvres. Et qu’il le fera payer… C’était le plan préféré de Stanley Kubrick

 

Françoise Fabian :                Françoise

 

Une actrice vraiment à part dans le paysage cinématographique français comme seules peuvent l’être les actrices aimées de certains cinéastes comme ici Éric Rohmer. Les autres ne s’y sont pas trompés en lui donnant des rôles à sa mesure.  Elle ne va cesser de tourner et bâtir une filmographie importante, avec notamment Jacques Rivette, Claude Lelouch, Mauro Bolognini, André Delvaux, Jean-Claude Guiguet, Jacques Demy, Jerry Schatzberg, Nelly Kaplan, Manoel de Oliveira, François Ozon...

 

N’oublions pas non plus, une riche carrière au théâtre menée parallèlement. Elle travaille alors pour des metteurs en scène tels que Jean Marais, Marcel Maréchal, Pierre Mondy, Yasmina Reza, Claude Santelli ou Jacques Weber.

 

Une actrice séduisante, au charme fou. Elle a eu une vie privée difficile connaissant, dans un laps de temps assez court la mort de ses maris. Jacques Becker et Marcel Bozzufi.

 

Femme libre et engagée, militante entre autre pour le droit à l’avortement à l’époque où les culs bénis faisaient des pieds et de mains pour maintenir la condamnation des « salopes »

 

Cerise sur le gâteau elle à l’élégance d’afficher son âge en se présentant sans artifice ni botox ni autre plasturgie. Quelle femme, quelle actrice ! Un bonheur à ne pas manquer sur les écrans

 

Charles Gérard :           Charlot

 

Ami indéfectible de Jean Paul Belmondo c’est un des acteurs fétiches de Claude Lelouch qui lui trouve un emploi dans la majorité de ses films

 

Une soixantaine de film à son actif 1945 à 2015 ou il affiche sobrement un jeu de rigolo qui apparemment n’en a rien à foutre alors qu’il nous laisse entrevoir qu’il n’en pense pas moins.

 

André Falcon :               le bijoutier

 

Une quarantaine de films pour ce sociétaire de la Comédie Française. Beaucoup de seconds rôles essentiels ou non. Il est toujours bien habillé, élégants à la limite de l’obséquiosité comme ici. Si ce n’est pas le cas c’est qu’il s’agit d’une situation comique dont il est la victime. Bien sûr, en parallèle la poursuite d’une belle carrière au théâtre à la Comédie Française et/ou hors Comédie. Beaucoup de téléfilms également avec, là, des rôles plus étoffés qu’au cinéma. Une vie d’acteur bien remplie quoi.

 

 

Gérard Sire :                             le directeur de la prison / la voix du commentaire TV

 

C’est d’abord une voix que tous reconnaissent qu’ils soient auditeurs de France Inter, RTL ou Europe I. il a beaucoup travaillé avec Jean Yanne dont il fut le scénariste. Une collaboration mérite d’être soulignée. Elle est rapportée par Wikipédia. En 1969, il réalise avec lui un film de neuf minutes dont le destin sera singulier : centré sur le personnage de Roland Moreno (futur inventeur de la carte à puce), il présente pendant de longues minutes les créations les plus loufoques de Roland Moreno (dont la machine à tirer à pile ou face) et l'interroge au sixième degré sur l'existence, le sens du destin, et les « traumatismes de l'enfance ». L'essentiel de ce film ("Tirade de l'oiseau") sera entièrement repris, mot pour mot, par Claude Sautet dans Les Choses de la vie où le comédien Gérard Lartigau joue le rôle de Roland Moreno, fils de Michel Piccoli.

 

Pour la petite histoire c’est Gérard Sire qui mit le pied à l’étrier en lui faisant réaliser des « Scopitones » l’ancêtre du clip. Il en réalisa quelques centaines lui permettant de réunir suffisamment d’argent pour tourner un film et lui appris à travailler vite, à résumer par l’image au lieu de faire du texte et avec peu de moyen.

 

Bettina Rheims :           Nicole

 

Seule rôle très secondaire de cette célèbre photographe qui a tiré le portrait à beaucoup de célébrité telles que : Madonna, Catherine Deneuve, Charlotte Rampling, Carole Bouquet, Marianne Faithfull, Barbara, Mylène Farmer, Kylie Minogue, Claudia Schiffer, Asia Argento, etc. Elle travailla aussi beaucoup pour la publicité des grandes marques comme Chanel ou Lancôme. Travail très original qui n’a rien à voir avec le travail de grande qualité mais trop classique du Studio Harcourt autre photographe de célébrités.

 

Élie Chouraqui :            Michel Barbier

 

C’est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma franco-israélien. Il a été assistant metteur en scène de Lelouch. C’est un clin d’œil dont Lelouch nous régale que ce « mélange » des genres et ce tout petit rôle.

 

Michou :                            lui-même

 

Cette participation est un truc habile de Lelouch, moins mauvaise langue on pourrait dire c’est tout l’art de Lelouch d’intégrer des moments de réalité dans ses fictions pour mieux nous en faire accroire.

 

Mireille Mathieu :                  elle-même

 

Comme ci-dessus et là, Lelouch se moque carrément de ses spectateurs, qui film en parallèle, presque en surimpression Mireille et son travesti.

 

 

Remarque :

 

En 1974, Lino Ventura et Françoise Fabian ont reçu les « David di Donatello » équivalent italiens des « Césars »

 

Le  réalisateur Stanley Kubrick * était un grand fan du film. Il le montrait régulièrement à ses acteurs avant un tournage.

 

* Ses films comptent comme autant de monuments dans l’histoire du cinéma mondial. Ils ne peuvent pas laisser indifférent. Pour fixer les esprits nous allons presque tous les citer soulignant ainsi ce que la considération d’un tel cinéaste peut avoir de glorieux pour Claude Lelouch tellement décrié par « les professionnels de la profession ».

        

« Les Sentiers de la gloire »1957 avec Kirk Douglas  - « Spartacus » 1960 avec Kirk Douglas encore  - « Lolita » 1962 d’après le roman de Vladimir Nabokov - « Docteur Folamour » 1964 avec Peter Sellers - « 2001, l'Odyssée de l'espace » 1968 - « Orange mécanique » 1961 -« Barry Lyndon » 1975 - « Shining » 1980 avec Jack Nicholson - « Full Metal Jacket » 1987 sur la guerre du Vietnam

 

Jean Louis Trintignant qui n’est pas n’importe qui dans le monde du cinéma (près de quatre-vingt films en soixante-dix ans de carrière) considérait Claude Lelouch comme le meilleur directeur d’acteur avec qui il a pu travailler

 

Et si pour une fois on parlait musique

 

Francis Lai 

 

C’est l’heureux musicien de « Un homme et un femme » 1966 avec le chanteur, ami commun de Lelouch, Pierre Barouh. Il a fait près de 31 musiques pour les films de Lelouch.

 

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16 janvier 2022 7 16 /01 /janvier /2022 06:00

Raymond Roussel à Carlsbad.

Raymond Roussel à Carlsbad.

Suis chez Gallimard, je moissonne, et puis je tombe sur Jean-Bernard Pouy, « l’écrivain libertaire adepte de l’Oulipo, qui refuse l’esprit de sérieux et remue joyeusement le shaker du polar. »

 

Toujours border line, parfois il verse dans la facilité mais on lui pardonne « son humour potache ses pastiches et ses jeux littéraires façon Queneau ou Raymond Roussel parce que, sans contraintes, y a pas de plaisir. »

 

En attendant Dogo

 

Et puis, son nouvel opus En attendant Dogo, estampillé Gallimard nrf , Dogo ça sonne comme le Drogo du Désert des Tartares de Dino Buzzati, ce jeune ambitieux pour qui « tous ces jours qui lui avaient parus odieux, étaient désormais finis pour toujours et formaient des mois et des années qui jamais plus ne reviendraient... »

 

J’achète !

 

Je le lis d’un trait.

 

C’est une réussite.

 

Ça ferait un super bon scénar de film…

 

Et puis Pouy aime licher du vin, même du vin nu...

 

Page 196 « Le plat du jour : panais aux champignons. Parfait. Solidaire. J’ai même commandé un bon vin naturel du coin. »

 

Pour une fois je suis 100% d’accord avec la critique de Télérama de Christine Ferniot publiée le 07/01/22 ICI 

 

« Littérature : on a lu « En attendant Dogo », le nouveau roman de Jean-Bernard Pouy

 

Depuis le début des années 1980, Jean-Bernard Pouy remue joyeusement le shaker du polar, préférant y glisser de l’humour potache, des pastiches et des jeux littéraires façon Queneau ou Raymond Roussel * parce que, sans contraintes, y a pas de plaisir. Son nouvel opus, En attendant Dogo, est bien de cette veine-là, clin d’œil espiègle à la littérature, truffé d’exercices de style, de références plus ou moins exactes, de critique sociale, mais également de grand bazar comique pour ne pas prendre le lecteur de haut.

 

Le roman s’ouvre sur une absence. Celle d’Étienne, un homme sans histoire mais plutôt cachottier, parti depuis six mois dans sa vieille Dacia pourrie, en laissant sa famille dans l’inquiétude et le désarroi. « Un coup de poignard dans le cœur et dans le bide », confirment-ils.

 

[…]

 

À retenir en particulier, dans En attendant Dogo, l’extrait de polar nordique intitulé Le Permafrost de l’angoisse, qui vaut son pesant de mauvais esprit. Et Jean-Bernard Pouy de confirmer aussitôt, en précisant : « Ah ! la Suède, le seul pays où même les pierres tombales sont hypocondriaques. »

 

Souvenirs de jeunesse

 

L’écrivain se nourrit de tout ce qu’il rencontre. Il nous emmène à Lübeck manger des pâtes d’amande, dans le sud de l’Italie, du côté de Trani, boire un vin qui mérite le détour, tout comme à Castillon, dans le sud de la France, pour évoquer ses propres souvenirs de jeunesse et jouer les touristes nostalgiques. Et tandis qu’il promène son héroïne dans tous les coins de l’Europe, l’Hexagone n’est pas au mieux, et l’écrivain libertaire s’en donne à cœur joie sur les politiques, les actions « proto-individuelles », dans un théâtre d’opération « inattendu, angoissant et passablement mortifère, une vraie pièce de Shakespeare interprétée par des punks no future »

 

[…]

 

Mais revenons à ce cher Dogo qu’on attendra – tel Beckett revu par un anarchiste, tout au long de ce nouveau roman. Particulièrement réussi, parfois mélancolique avant la pirouette salvatrice, En attendant Dogo n’est pas seulement un « feelgood polar », comme Pouy rigole à le définir, il réunit toutes les passions de cet écrivain prolixe. Un peu de poésie, de la musique punk, du cinéma expérimental, des pastiches à tire-larigot, quelques marionnettes, de vraies citations, un brin de nostalgie et un talent pour l’improvisation qui l’empêche de se prendre au sérieux, lorsqu’il s’agit de faire rimer amour avec topinambour, gros lourd ou Rocamadour.

Trois raisons de (re)lire Raymond Roussel, hurluberlu aux mots vagabonds ICI

 

Hubert Prolongeau

Publié le 20/10/19 mis à jour le 07/12/20

 

Excentrique célébré par les surréalistes, l’écrivain Raymond Roussel, mort en 1933, a laissé une œuvre unique, sans personnages ni intrigue, basée uniquement sur le jeu avec les mots. Il est réédité chez Robert Laffont, et bientôt chez Pauvert.

 

Raymond Roussel : De l'alchimie des mots à l'art hermétique - Toutelaculture

1. Parce que sa vie est aussi mystérieuse que son œuvre

Raymond Roussel (1877-1933) est de ces écrivains qu’on appelle excentriques. Né dans un milieu cultivé, mais loin des cénacles littéraires, extrêmement riche, il multiplie toute sa vie durant les extravagances, voyageant en roulotte de luxe, regroupant tous ses repas quotidiens en un seul qui lui prend plusieurs heures et se termine par une soupe au chocolat…

Il souffre aussi d’une homosexualité encore clandestine, passe des heures chez son psychiatre après l’échec de son premier roman – échec relatif, car la presse s’y intéressa : il n’est même pas (hélas, estime-t-il) un artiste maudit… –, adapte ses délirants essais au theâtre, y provoque le scandale en déroutant le public, goûte à l’opium, devient champion d’échecs et meurt d’une overdose médicamenteuse dans un riche hôtel de Palerme.

ROUSSEL (Raymond). - Ensemble de 6 ouvrages de Raymond Roussel. Ens. 7 vol.  - [...] | lot 252 | Arts Moderne et Contemporain, Affiches, Photographies,  Militaria… at LHOMME | Auction.fr | English

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15 janvier 2022 6 15 /01 /janvier /2022 06:00

Amazon.fr - Superdupont - Tome 01 - Gotlib, Lob, Jacques, Alexis - Livres

La baguette emblème de « la vraie France de Zemmour » va-t-elle survivre face au  martyre que lui font subir chaque jour que Dieu fait les adeptes du vite fait, mal fait, de la GD et autres soi-disant boulangeries qui se font livrer en loucedé des pâtons prêt à cuire ?

 

La baguette composée de farine, d’eau, de sel et de levure, qui mesure 65 cm de long n’est plus avec eux qu’une sorte de « bite molle » à la croûte jaunasse, à la mie blanchâtre, digne des sandwiches de nos gares.

 

C’est de la merde !

 

Jean-Pierre Coffe a ses débuts, comme notre jeune Président, homme de l’année pour la vieille permanentée : la RVF de Saverot accroc du people ICI , sur France-Inter et Canal+, maniait avec gourmandise la langue verte.

 

 

Ce temps est passé, maintenant le sémillant François-Régis Gaudry et sa petite bande de bobos fait dans la mignardise, plus question de choquer le chaland. Il n’est question que de la bonne baguette à plus de 1 euros.

 

Edouard Leclerc, le fondateur du leader français de la distribution, est  mort - Challenges

 

Celle du va-de-la-gueule MEL, le fils d’Édouard de Landernau vaut 29 centimes d’euros, c’est son prix de revient car il n’a plus le droit de vendre à perte. ICI 

 

À son crédit, lui, à la différence de ses concurrents, il ne s’en fout pas plein les fouilles en vendant sa merde.

 

Les coûts de la baguette de pain :

 

22 % pour les ingrédients

 

Farine, eau, sel et levure suffisent pour confectionner une baguette. Le prix de la farine suit le cours du blé.

 

48 % pour les salaires

 

5 % pour l’énergie dépensée pour la cuisson

 

6 % pour les taxes

 

5 % pour le matériel

 

6 % pour le loyer et les charges.

 

8 % pour le résultat net de l’entreprise

 

Quel est le prix d'une baguette en 2021 en France ?

 

« En 20 ans, la baguette a pris 23 centimes, par rapport au prix du paquet de cigarettes qui a été multiplié par trois, ce n'est pas la même chanson. Là, tous les feux sont au rouge : prix du blé, farine, énergie, plus les salaires, plus les produits d'emballage. Au niveau des coûts de revient, chaque boulanger est responsable des tarifs qu'il met, mais cela serait logique qu'il y ait une augmentation » analyse Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie pâtisserie française. En moyenne le prix d'une baguette en France est de 89 centimes.

 

Quel est le prix moyen mensuel de vente au détail de la baguette (1kg) ?

 

L'Insee a réalisé une étude sur le prix moyens mensuels de vente au détail du pain baguette (au kg). Selon ses statistiques, l'augmentation est constante depuis 30 ans. Il a augmenté (selon des chiffres arrêtés au mois d'octobre) de 3 centimes depuis le mois de janvier 2021 passant de 3,56 à 3,59. Ce dernier était de 3,52 en janvier 2020.

La baguette de pain à 0,29 € chez E.Leclerc fait polémique

La baguette de pain à 0,29 € chez E.Leclerc fait polémique ICI

Illustration d'un boulanger à Versailles.

La baguette de pain à 29 centimes d’euro de Leclerc déclenche la colère des boulangers et agriculteurs ICI

CONSOMMATION Alors que le prix de la farine s’envole, le groupe Leclerc va proposer une baguette de pain à 29 centimes, ce qui n’a pas manqué d’agacer toute la filière du blé

20 Minutes avec AFP
 
 
 
 
 
 
 
 

Une campagne « démagogique et destructrice de valeurs ». Alors que le prix du blé s'envole, l’ensemble de la filière du blé s’est indignée mercredi du lancement par le groupe Leclerc d’une baguette de pain à 0,29 euro.

 

29 centimes d’euros la baguette pour quatre mois

 

Michel-Edouard Leclerc a annoncé mardi qu’il bloquait le prix de la baguette de pain dans les magasins du groupe à 29 centimes d’euro – voire jusqu’à 23 centimes – pendant au moins quatre mois, au nom de la défense du pouvoir d’achat des Français dans un contexte inflationniste.

 

Une déclaration de guerre pour l’ensemble de la filière blé. Céréaliers, meuniers et boulangers, ainsi que la FNSEA, premier syndicat agricole, ont dénoncé dans un communiqué commun « des prix volontairement destructeurs de valeurs ».

 
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14 janvier 2022 5 14 /01 /janvier /2022 06:00

 

Qui se souvient du vin de comptoir ? ICI 

 

Au temps des classes laborieuses les patrons de bistrots derrière leur bar versaient dans des verres ballon, à l’aide de bouteilles 6 étoiles capsulées, des vins de comptoir.

 

Les négociants-embouteilleurs de place, nichés au plus près des grandes villes, les fournissaient, La Société des Vins de France (SVF) où j’ai bossé avait ses installations d’embouteillages sur le port de Gennevilliers, ce qui lui permettait avec sa flotte de 120 camions de livraison d’alimenter les bistrotiers.

 

 

Pour s’approvisionner en volumes suffisants les négociants-embouteilleurs de place devaient aller puiser dans les grosses appellations  offrant des prix attrayants : en l’occurrence les côtes-du-rhône et les corbières, une AOC et un VDQS.

 

Les vins arrivaient à Gennevilliers à la grande époque en barges remontant la Seine et train complet. Ça va sans doute choquer les petites louves et les petits loups qui pensent que le vin a toujours voyagé en bouteilles, pour autant, contrairement à une idée reçu, les vins de comptoir n’étaient pas d’affreuses daubes qui faisaient des trous dans l’estomac. Loin de là, nous recevions des échantillons des caves coopératives et j’ai souvent participé à leur dégustation.

 

En effet, à mon arrivée à la SVF on m’affecta aux services des achats de Jean Chatras ICI , un languedocien, en compagnie de Michel-Laurent Pinat. Terra incognita, je pataugeais grave, mais petit à petit j’ai appris ce qu’était un « sourcing » sécurisé en quantité et en qualité. Le vin de comptoir avait un profil qu’il fallait respecter, Jean Chatras et Michel-Laurent m’ont appris l’humilité et montré que la dégustation professionnelle est l’art du négociant, savoir acheter en fonction des goûts de la clientèle. à leur manière ils ont été le creuset de mon fichu rapport et je leur en sais gré.

 

Après quelques mois au service des achats, j’ai postulé à la direction de l’unité de Gennevilliers et, à mon grand étonnement, et à celui des syndicats et des cadres, on me la confia. Je me retrouvai donc à la tête de 800 salariés et à présider le Comité d’entreprise du site où se trouvait aussi la direction. Embouteiller, stocker, livrer, un défi journalier qui remet les pieds sur terre.

 

Bref, ce moment de ma vie fut fondateur de mon parcours dans le monde du vin, aussi bien d’un point de vue humain que technique. Livrer en casier rouge syndical des litres étoilés les épiciers de quartier n’était pas une sinécure. Du côté des vins de comptoir, je dois à la vérité historique, qu’ils étaient du ressort de la filiale CHR de la SVF, Bedhet-Vallette, basée à quelques encablures de notre établissement qui s’approvisionnait en camions citernes et livrait les bars. Michel-Laurent, issu de Compagnons Gourmets, ancêtre de Bedhet-Vallette, me mit au parfum. A l’époque Castel, notre concurrent était absent du CHR, notre rival était Richard qui fit fortune dans le café et la distribution de vins dans les cafés et restaurants.

 

CASTEL Familial et international

 

Bref, faute avouée est à demi pardonnée, je peux maintenant vous brancher sur Le Rouge&leBlanc :

 

Corbières (AOC Corbières) Languedoc

 

4e appellation française, les Corbières, « cette vaste appellation de 10 000 ha en production a dû se défaire d’une mauvaise réputation de région viticole produisant des millions de cols sans intérêt majeur, « rustiques » et « alcooleux ». L’importance d’un important tissu de grandes coopératives a probablement contribué à donner le sentiment (trompeur) d’une appellation tournée vers la production de masse. Or, les coopératives ont, du moins depuis les années quatre-vingt – et malgré des tâtonnements et des échecs – cherché à maîtriser les rendements, à être précis et rigoureux dans la vinification, à soigner les élevages et à valoriser les vins. En outre, leur nombre a diminué de manière significative, de cinquante-sept caves coopératives à la fin des années quatre-vingt, elles ne sont plus qu’une vingtaine en 2021. L’appellation a de plus bénéficié, au début des années 2000, de l’arrivée de nouveaux vignerons qui ont d’emblée pratiqué des méthodes culturales « bio », défendu une approche « terroir » et obtenu la reconnaissance d’un large public de professionnels et d’amateurs.

 

REMARQUES :

 

- Pas sûr que le rédacteur de ces lignes ait liché beaucoup de ballons de Corbières de comptoir. La notion de mauvaise réputation est bien relative pour les Corbières.

 

- Les coopératives de l’Aude étaient des outils politiques pesant lourds face au pouvoir, le Président national des coopératives vinicoles  Antoine Verdale, était audois, de Trèbes, a régné pendant des décennies sur le mouvement. La diminution de leur nombre n’est pas un bon indice pour jauger l’appellation.

 

C'était au temps où Michel Rocard s'éclatait au 78 rue de Varenne - Le blog  de JACQUES BERTHOMEAU

 

- Il existait aussi  des grosses caves particulières qui créèrent le mouvement, en réaction contre les coopératives,  des vignerons en caves particulières devenu aujourd’hui les VIF.

 

- L’Aude était la patrie avec l’Hérault des Comités d’Action Viticoles adeptes de la mèche lente.

 

- Les Corbières restent encore une production de masse.

 

- LeRouge&leBlanc ignore la coopérative d’Embres&Castelmaure tout comme les vins nus mais aime le grand Gégé. Ce type de ségrégation m’irrite.

 

- J’aime bien Jacques Fanet mais son approche est celle d’un vieux routier de l’INAO.

 

- « Introduite par les marchands grecs dès le IIe siècle av. JC, la vigne ne se développa réellement qu’avec l’occupation romaine. Les conditions étaient si favorables que la viticulture de la Narbonnaise fit ombrage aux propriétaires « italiens » incitant l’empereur à une limitation de la production. Cette prospérité dura jusqu’à la fin de la Pax Romana avant que le long défilé des envahisseurs venus de l’est, du nord ou du sud, ne laisse désolation et friches. » c’est du copié-collé de l’appellation. Je pinaille.

 

 

« Après le déclin dû aux invasions barbares, la vigne reprit son rang grâce aux moines au IXe et Xe siècles. L’arrivée du chemin de fer au XIXe siècle  assura son expansion rapide : de 2000 ha en 1800, le vignoble passa à 50 000 ha en 1890. Cependant, les abondantes récoltes viticoles en France entre 104 et 1907, conjuguées avec l’autorisation de la chaptalisation en 1903 et aux pratiques de « coupages » des vins par le négoce (à cause de l’importation massive de vins d’Algérie) ndlr l’Algérie étant française il ne s’agissait pas d’importations), aboutirent à une crise sociale et économique majeure culminant avec les grandes manifestations populaires de 1907 violemment réprimées et endeuillées par sept morts. Le 26 juin 1907, le Parlement vota une loi protégeant les « vins naturels » contre les vins trafiqués (« mouillés »,  coups, chaptalisés).

 

Texte de l’appellation

 

« Dès 1908, les vignerons des Corbières s'organisèrent en syndicat de défense. En 1923, l'aire de production fut délimitée, et en 1951, leur vin obtint le label VDQS récompensant pour la première fois les efforts accomplis.

 

En 1985, le 24 décembre, les Corbières entrèrent dans la famille des appellations d’origine contrôlées. Depuis, le syndicat de l’Appellation a lancé un programme ambitieux de développement avec notamment la mise en place de la hiérarchisation de la production.

 

En 2005, naissance de l’AOC Corbières Boutenac, seule appellation communale en Corbières, qui réunit aujourd’hui 28 producteurs sur 10 communes autour du massif du Pinada.

 

Aujourd’hui c’est, en superficie, la première AOC du Languedoc et la quatrième de France. »

 

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13 janvier 2022 4 13 /01 /janvier /2022 06:00

 

Aucune description de photo disponible.

« La bataille culturelle et politique se joue avant tout à l’école, puisqu’elle est le creuset où se façonnent les futurs Français quelles que soient leurs origines »

 

«Il n’y a pas de nation prospère sans une école qui transmet les savoirs et sans une école qui permet de viser l’excellence»,

 

  • fin du collège unique,  
  • création d’un certificat d’études à la fin du primaire sanctionnant les savoirs fondamentaux: lire, écrire, compter,
  • revenir à la blouse, «symbole d’égalité»,
  • rebaptiser symboliquement le ministère de l’Éducation nationale «ministère de l’Instruction publique».

 

Signé Z 

 

La suite ICI 

 

 

Très portée avant 1968, la blouse n'est plus aujourd'hui qu'un souvenir d'écolier.

Publié le 6 septembre 2018

 

La blouse a marqué des générations de petits Français. Pourtant, elle n'a jamais été obligatoire à l'école. Bleu, beige ou noire, celle-ci protège les vêtements des taches de stylos plume, de la peinture ou même de l'argile. Cependant, l'opposition à l'uniforme apparaît dès 1960. A l'époque, des lycéens de l'École alsacienne se rebellent. Restant très fréquente aux Antilles ou à la Réunion, la blouse a disparu des salles de classe en France métropolitaine vers 1968.

 

« Avant la seconde guerre mondiale, ce sont surtout les écoliers des milieux ruraux qui portaient une blouse, puisqu'il s'agissait de leur tenue de tous les jours, à la maison comme à l'école. Plus tard, dans les années 1950 les blouses grises pour les garçons et de couleurs pour les filles les remplacent. » suite ICI

 

 

« L'Histoire raconte que c'est en Angleterre que sont apparus pour la première fois les uniformes dit "scolaires". Avant d'être mis en place dans les écoles d'élites, l'uniforme fit son apparition dans des écoles caritatives, comme la Christ's Hospital School, qui avaient pour vocation d'éduquer les enfants les plus pauvres. Les écoliers portaient une redingote bleue.

 

Pour la petite anecdote : en 2011, les élèves de la Christ's Hospital School ont voté à 95% pour le maintien de l'uniforme original de l'école.

 

Le Pépère - Qui a connu la blouse à l'école ? | Facebook

2016 - L'uniforme est présent dans les programmes présidentiels

 

François Fillon et Marine Le Pen, candidats à l'élection présidentielle de 2017, inscrivent le port de l'uniforme dans leur programme. Le candidat des républicains avait d'ailleurs soutenu lors de sa campagne que porter l'uniforme scolaire forçait le " respect de l'autorité et le sens de l'effort".

 

2017- Jean-Michel Blanquer se dit favorable aux uniformes scolaires

Lors d'une interview sur Paris Match à propos de l'uniforme : " Dès lors qu'il existe une adhésion locale, cela peut-être une des réponses au consumérisme qui caractérise notre société, et accentue les inégalités sociales jusque dans la cours de récréation. [...] L'école de la République forme des citoyens, pas des consommateurs".

 

Trois appellations : blouse/sarrau/tablier

 

Chez moi, la blouse noire était l’uniforme des marchands de bestiaux, les maquignons, ceux que pépé Louis injuriait, notre Président a des mots d’enfant de chœur à côté de la verdeur des siens, copieusement lorsqu’il discutait avec eux du prix de ses grands bœufs blancs.

 

Nos mères, indifféremment, parlaient de sarrau ou de tablier…

 

SARRAU, subst. masc.

 

  1. − Blouse de travail ample à manches longues, portée par-dessus les vêtements. Sarrau bleu, blanc; sarrau de toile bise, écrue ; sarrau de paysan, de peintre, de roulier.

 

« Bûcheron, chaussé de sabots, vêtu d'un pantalon et d'un sarrau de toile Victor Hugo, Les Misérables., t. 1, 1862

 

  1. − Tablier d'enfant, d'écolier, à manches longues et boutonné par derrière.

 

« Il avait laissé une galopine, une écolière en sarrau de toile, et il était en face d'une grande jeune fille » Émile Zola, Joie de vivre, 1884

 

TABLIER, subst. masc.

I. − Pièce qui sert à protéger.

Blouse boutonnée par-devant ou par-derrière, généralement à manches longues et qui se porte sur les vêtements pour les protéger. Tablier d'écolier; tablier noir.

 

« Cher enfant: joli sous tes vêtements si simples et si proprets, ce tablier blanc et bleu d'écolier que j'eus aussi Paul Verlaine, Souvenirs et fantaisies 1896

 

photosarrau.JPG

23 juin 2006

Le sarrau ICI 

 

J'ai ouï-dire que pour lutter contre la toute-puissance des marques dans les cours d'école le biographe d'Henri IV (ndlr un certain François Bayrou) préconisait la blouse obligatoire : le retour du sarrau !

 

Après tout, pourquoi pas,  s'il n'y a pas d'autres sujets d'importance à mettre en débat nous pouvons nous remobiliser comme lors du référendum : un face à face très chaud entre les ouiouistes et les nonistes du sarrau.

 

Pour en revenir, au sarrau, hier au soir je dînais aux Pipos face à l'Ecole Polytechnique : pour je ne sais quelle raison les Polytechniciens étaient de sortie, en uniforme, alors vive l'uniforme !

 

En fait, ça ne nous changerait pas beaucoup de ce que nous côtoyons tous les jours. " Dans notre société hypermoderne et "performeuse", la pure spontanéité est devenue rarissime. Tout le monde est plus ou moins factice, joue un rôle avec une gravité sans faille. Du PDG qui enfile chaque jour son costume sombre de tueur en col blanc au bad boy des cités qui arbore ostensiblement sa tenue ultra-codifiée de gangstarap, tout le monde fait l'acteur, endosse une panoplie permettant de s'identifier socialement.

 

L'uniforme pourrait-il faire son retour à l'école ?

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12 janvier 2022 3 12 /01 /janvier /2022 06:00

Une biographie révèle la fascination de Hitler pour le monde anglo-saxon

Par les temps qui courent je fais dans le lourd, 928 pages, avec Hitler. Le monde sinon rien, biographie de l’historien britannique professeur au centre d'études internationales de l'université de Cambridge Brendan Simms, qui a écrit une biographie qui retourne les interprétations de la vision du monde d'Hitler. Ce n'était pas le communisme qu'Hitler haïssait par-dessus tout, mais le capitalisme en général et les États-Unis en particulier : « Le capitalisme anglo-américain contre lequel Hitler se révolta structura toute sa carrière politique. » et fut la racine de son antisémitisme...

 

Je partage la critique ci-dessous de Fréderic le Moal, elle reflète parfaitement mon opinion sur cette biographie.

 

Caricature, par Clifford K. Berryman en 1939, du pacte germano-sovietique signe en aout 1939. Ici, le pacte est represente sous la forme du mariage entre Adolf Hitler et Joseph Staline.

© Rue des Archives / Granger NYC / © Granger NYC/Rue des Archive

 

Hitler l’anticapitaliste

 

C’est une véritable révolution copernicienne qu’opère l’historien britannique Brendan Simms dans sa biographie d’Hitler, traduite par les éditions Flammarion. Notons tout d’abord que l’ouvrage frappe par la densité de ses informations, la précision de ses analyses et la richesse des citations du Führer.

 

Se concentrant avant tout sur son projet de politique étrangère, il propose une thèse des plus ori­gi­nales et nous conduit à réviser en profondeur notre vision du dessein hitlérien.

 

Jugeons-en.

 

Reje­tant la thèse clas­sique et communément admise de la haine idéologique à l’encontre du judéo-bolchévisme, qui pousse Hitler dans son entreprise de destruction de l’URSS, du communisme et du judaïsme, Simms explique que ce qui, en réalité, structure la pensée du dictateur se situe dans son aversion pour le capitalisme anglo-saxon, répulsion qui constitue la matrice de son antisémitisme, Londres et Washington étant perçues comme soumises aux Juifs.

 

La suite ICI

 

Hitler Le monde sinon rien - broché - Brendan Simms, Séverine Weiss,  Johanna Blayac - Achat Livre ou ebook | fnac

Brendan Simms, Hitler. Le monde sinon rien, Flammarion, octobre 2021, 928 p. — 39,00 €.

Brendan Sims, professeur d'histoire des relations internationales à l'Université de Cambridge

Entretien de Books avec Brendan Simms : « Hitler ne considérait pas le principal ennemi de l'Allemagne comme le communisme soviétique, mais comme le capitalisme anglo-américain » ICI

Image

Adolf Hitler

Histoire nazie: les visions du monde d'Hitler réexaminées dans la biographie ICI

Avec "Hitler: A Global Biography", l'historien Brendan Simms met l'accent sur l'obsession du dictateur pour le capitalisme anglo-américain comme motivation de son régime destructeur.

Ordensverleihung 18. Juli 1941 (WK II; Ostfront)

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11 janvier 2022 2 11 /01 /janvier /2022 06:00

https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/president_1961_04_0.jpg?itok=DbiP5UZw

Notre jeune et sémillant Président, à nouveau disruptif, a versé dans le langage de charretier en déclarant qu’il souhaitait emmerder les non-vaccinés.

 

Vous me direz y’a plus de charretier mais y’a des gars dans leurs bagnoles qui ne se privent de l’utiliser, faut pas s’étonner c’est le langage du peuple, des gens comme dirait notre Merluchon.

 

Le Roi ne devrait pas dire ça !

 

Là, il descend de son trône ou du trône où nous sommes tous égaux, et les Français, selon un sondage, l’approuvent sur le fond mais désapprouve la forme, hypocrites qu’ils sont.

 

Moi « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre… »

 

Mais c’est un vrai casse-tête de la presse étrangère pour traduire le verbe « emmerder » d'Emmanuel Macron

 

La presse étrangère a largement repris les propos tenus par Emmanuel Macron qui veut « emmerder les non-vaccinés ». Un casse-tête pour trouver la traduction appropriée dans les langues respectives.

        

Les propos tenus par Emmanuel Macron dans un entretien au Parisien ont donné du fil à retordre à la presse étrangère qui a dû composer pour traduire le verbe « emmerder » dans leurs langues respectives, au plus proche du sens français.

 

En anglais, les médias anglo-saxons ont opté pour les verbes «annoy» comme sur la CNBC ou «hassle», deux traductions qui sont plus proches du verbe embêter, dans la langue de Shakespeare, que du sens grossier du verbe emmerder. D'autres, comme la BBC ou Le Guardian, ont voulu traduire au plus proche de la connotation vulgaire avec « piss off ».

 

« We need the merde »

 

L’agence Associated Press a, quant à elle, opté pour «to bug» qui se traduit également par « embêter » Le New York Times n'a pas repris le verbe dans sa titraille pour un changement complet de la tournure de l'expression : « En utilisant un langage dur, Macron lance un défi aux non vaccinés ». Piss off est utilisé dans le corps du texte. Pour la journaliste du New Yorker, Lauren Collins, « We need the merde » (Nous avons besoin de la merde), exprime-t-elle sur Twitter.

 

Laurence Haïm, ancienne correspondante de Canal + à Washington, la rejoint. Elle avait tweeté une proposition de traduction avec « I fuck them» avant d’opter, elle aussi, pour « piss of »

 

En Allemagne, les médias ont omis le caractère vulgaire du terme avec « nerven » (énerver) et « auf den Wecker zu fallen » (taper sur les nerfs). Die Welt choisit « Macron veut énerver les non-vaccinés » alors que le Das Bild a traduit « emmerder » par le verbe « schikanieren » qui présente une proximité étymologique avec « chicaner », recense 20 minutes.

 

En italien, on choisit «far arabbiare » (« énerver ») les non-vaccinés dans La Repubblica, mais aussi, plus directement, « Ho molta voglia di rompergli le p*** » (« J’ai très envie de leur casser les c*uilles ») dans Il Tiempo.

 

En espagnol, El Pais emploie le terme « fastidiar », mais aussi « joder » qui signifie « merde » et peut aussi s’entendre comme « faire chier ».

 

Au Japon, les journalistes ont hésité entre okoraseru (énerver), unzariseru (embêter, casser les pieds), mukatsukaseru (ça me rend en colère) ou plus kusokuraé (littéralement « Bouffe ta merde ! »)

 

Le correspondant du Asahi Shimbun a justifié son choix de traduction dans un article publié sur le site du quotidien qui expliquait la connotation vulgaire du mot utilisé par le président français.

 

« Je crois avoir été l'un des hommes le plus détesté de son époque, ce fût longtemps mon chagrin, c'est aujourd'hui mon orgueil. »

 

C’est de Jean Gabin Émile Beaufort, ancien président du Conseil.

 

Le Président, celui qui tenait les rênes, sous la Quatrième, c’était le Président du Conseil.

 

Le nôtre, préside la Conseil des Ministres, et le 1er d’entre-eux n’est qu’un collaborateur que le Président peut congédier.

 

Il préside aussi, pour les 6 prochains mois, l’Union Européenne, et la tirade d’adieu ( lire en fin de chronique) de Jean Gabin Émile Beaufort, ancien président du Conseil, évoque la construction européenne. C’est de l’Audiard pur sucre, je ne suis pas fan de l’homme Audiard qui fut un collabo impénitent ICI , mais il savait  manier les mots, qui, dans la bouche de Gabin tonnent dans l’hémicycle !

Le Président en DVD : Le Président DVD - AlloCiné

Aujourd’hui c’est « Le Président » (1961)

 

Pourquoi ce film ?

 

Parce qu’en bon pédagogue je me dois de coller à l’actualité. En ces périodes d’élections, il n’est pas étonnant que Ciné papy, conforme à ses principes, vous ressorte de la naphtaline un de ces films de derrière les fagots qui a marqué l’histoire du cinéma français

 

Quelle est l’histoire ?

 

D’après un roman de Simenon c’est l’affrontement feutré de deux hommes politiques disons plutôt un Homme d’Etat et un politicard qui n’a d’autre ambition que la sienne et celle de sa classe sociale. Le tout nous est conté à coup  flashback  à l’occasion des problèmes de santé du Président qui a pris sa retraite et de son point de vue sur la crise politique qui agite le pays.

 

Réalisation

 

Derrière la caméra le prolifique et hyperactif Henri Verneuil. C’est un cinéaste-scénariste et producteur sans génie, sauf celui des affaires, mais de grands et multiples talents. De 1951 à 1992 il réalisera 34 films dont « La vache et le Prisonnier » 1959 qui sans conteste, figurent au Top 10  des rediffusions du dimanche soir sur TF1. Il possède le «midas touch » et collectionne les grands succès au box-office. Pour se faire une recette à toutes épreuves. On mélange un bon scénario – souvent d’Henri Verneuil –  de grands acteurs populaires et un dialoguiste percutant : Michel Audiard (plus d’une dizaine de collaborations) La recette fonctionne quel que soit le type de cinéma : grand spectacle ou intimiste, aventure ou policier et cela, en France comme à l’étranger.

 

C’est dire si le bonhomme connaît son métier.*

 

Malgré les propos peu amènes ci-dessus Ciné papy doit reconnaître que plusieurs films de Verneuil figurent à son panthéon personnel et cela pour ne pas avoir dénaturé les auteurs respectifs des romans inspirant les films

 

         - « Un singe en hiver » 1962                        (Mon très cher Antoine Blondin)

 

         - « Le Corps de mon ennemi » 1976          (Le réjouissant Félicien Marceau)

 

 

* Selon les statistiques enregistrées depuis 1945, Henri Verneuil est le réalisateur français qui a rassemblé le plus de spectateurs au cours de sa carrière : avec ses trente-quatre films, il a atteint 91,58 millions d'entrées au total, et en moyenne il a réalisé 2,69 millions d'entrées par film9 indique Wikipédia

 

Qui fait quoi ?

 

Jean Gabin :                         Émile Beaufort, ancien président du Conseil

 

Que dire de ce monstre sacré ? Esquissons la stature de son personnage au travers des mots qu’Audiard lui prête. Puisons dans Wikipédia

 

         - À bien des égards, Émile Beaufort, qui est un concentré des présidents du Conseil des IIIe et IVe Républiques, rappelle, tant par sa fougue que par son bagout, Georges Clemenceau, et Aristide Briand par ses opinions pacifistes et son idéologie sociale.

 

         -le député Jussieu proteste contre la lecture par le Président, lors de son ultime apparition à l'Assemblée, d'une liste d'élus du peuple liés aux milieux d'affaires, et demande qu’elle ne soit pas publiée au Journal Officiel. Visiblement Beaufort attendait cette protestation venant "d'un élu sur une liste de gauche qui ne soutient que des projets de lois d’inspiration patronale ; à Jussieu qui objecte qu’il existe des patrons de Gauche, il rétorque : « Il y a aussi des poissons volants, mais qui ne constituent pas la majorité du genre »...d'où tollé dans les gradins.

 

         - Dans le film est également cité le nom du président Gaston Doumergue, que semble avoir côtoyé Beaufort, qui se vante d'avoir, en sa compagnie, fréquenté des maisons closes

 

         - à un député

 

— Il dit n’importe quoi ! (un député du haut des gradins)

 

— c’est l’apanage de l’Opposition. (Réponse du Président)

 

« — Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne soutenir à l'assemblée que des projets d’inspirations patronales

 

— Il y a des patrons de gauche, je tiens à vous l’apprendre

 

— il y a aussi les poissons volants mais qui ne constituent pas la majorité du genre. »

 

     Lumière 2013 : un Président comme on n'en fait plus |   

 

Bernard Blier :        Philippe Chalamont, député, ancien directeur de cabinet de Beaufort

 

Même traitement que pour le « monstre » précédent.

 

         Chalamont le faux derche : — Travailler avec vous est une telle joie

 

         Le président pas dupe         — Je vous remercie mais faut être plus ambitieux que ça !

 

   - Le Président du Conseil au sujet de son ex Chef de Cabinet devenu député

 

          — Il est plus modéré que je ne pensais

 

         — Oh s’il part doucement c’est qu’il a l’intention d’aller loin.

 

   - Le Président du Conseil à son Chef de Cabinet qui souhaite son soutien pour devenir à son tour Président du Conseil

 

         «  Pas plus mal qu’un autre !…

 

         Décidément vous êtes plus ambitieux pour vous que pour votre pays ! Voilà tout ce      que vous lui souhaitez : un homme "pas plus mal qu’un autre" ? Quand on a cette           ambition là on ouvre un bazar, on ne gouverne pas une nation ! »

 

- Le Président à son chef de Cabinet dont l’indiscrétion à fait perdre quelques milliards à la France par les spéculateurs

 

         « On ne dit rien à sa femme quand on a épousé une banque ça se paye la fortune c’est ce qui coûte le plus cher !

 

Alfred Adam :           François, chauffeur de Beaufort

Encore un acteur de second plan reconnaissable en raison de ses innombrables films et donc rôles dont l’un des derniers fut le Maréchal de Villeroi dans   « Que la fête commence »  1975 de Bertrand Tavernier. (81 Films et/ou téléfilms  en 57 ans de carrière mais aussi 36 rôles au théâtre pour lequel il écrivit 6 pièces ) Bravo l’artiste.

 

Henri Crémieux :             Antoine Monteil, ministre des Finances

Ciné papy a un faible pour cet acteur qu’il a appris jeunot quand il écoutait à  la TSF la « série » Les Maître du Mystère. Il a partagé sa vie professionnelle, comme beaucoup à cette époque entre cinéma, théâtre et télévision ou l’on reconnaissait son allure quelque peu dégingandée et affublé de lunette.

 

Louis Seigner :         Henri Lauzet-Duchet, gouverneur de la Banque de France

 

Cet acteur affiche au compteur 150 films et 200 rôles au théâtre – 1500 fois le Bourgeois gentilhomme et serait recordman pour le rôle du malade imaginaire et celui de Tartuffe à la Comédie Française qu’il quitta un temps pour y revenir dans les 10 dernières années de sa vie.

 

Le personnage qu’il incarne ici est caractéristique de ses rôles au cinéma. Une bonhomie empreinte de sérieux qui le fit ,par ailleurs, choisi par de Gaulle pour l’aider à acquérir la bonhomie qui n’est pas l’apanage des militaires. Enfin il est le grand père des actrices Emmanuelle Seigner, Mathilde Seigner et de la chanteuse auteur/compositeur/interprète – et merde à l’écriture inclusive – Marie-Amélie Seigner.

 

Pierre Larquey :      Augustin, vieil agriculteur et ami de Beaufort

 

Un de ces acteurs de second rôle essentiel des années 30 à 50 reconnaissable à sa voix grave un peu chevrotante. C’est entre autres, la voix l'allumeur de réverbères (« La consigneuh, c'est la consigne… ») sur le disque du « Petit Prince » enregistré en 1954, avec Gérard Philipe.

 

On vous épargnera ses 233 films de cinéma et 11 téléfilms.

 

Cependant il est impossible de passer sous silence ses participations aux films d’Henri Georges Clouzot lui offrant ses rôles les plus connus . Monsieur Colin dans « L'assassin habite au 21 » 1942 et du docteur Michel Vorzet dans « Le Corbeau » 1943.

 

Jacques Marin :      Gaston, chauffeur de car et « escroc » pour touristes

 

Il ne tourne pas moins de 18 films avec son ami Jean Gabin.

 

Physiquement proche du stéréotype français, avec sa rondeur bougonne et sa moustache en brosse, il a joué dans de nombreuses productions américaines. Il maîtrise en effet parfaitement l'anglais, grâce à son épouse Patricia Hutchinson.

 

Cela lui permettra d'approcher de nombreuses stars, telles que Marlon Brando, Audrey Hepburn, Cary Grant, Errol Flynn, Orson Welles, Burt Lancaster, Julie Andrews, Dustin Hoffman, Michael Caine, Anthony Quinn... Il doublera également de nombreux films américains en français, et notamment des dessins animés de Walt Disney.

 

Le temps imparti à Ciné papy ne lui permet pas d’être exhaustif (lol !) c’est ainsi qu’il a omis de cité Jacques Marin dans la fiche de « La Traversée de Paris »  1956 de Claude Autant-Lara où il joue le patron du restaurant.

 

Les cinéphiles voudront bien vouloir excuser l’omission de ce vieil homme déjà accablé par le poids des ans.

 

 

Sans oublier le scénariste          Henri Verneuil d’après un roman de Simenon

 

Ni le dialoguiste                 L’incontournable, à juste titre, Michel Audiard

 

Gabin et Blier face à Wagner

Durant une scène tournée au Théâtre des Champs Elysées à Paris, l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire dirigé par Richard Blareau, joue l’Ouverture du Vaisseau Fantôme de Richard Wagner.

 

Le président Emile Beaufort et ses ministres assistent au concert, mais tandis que l’Ouverture vient à peine de commencer, le président se retire dans une loge avec quelques conseillers, dont Bernard Blier, son directeur de cabinet de l’époque. ICI 

Le texte de la tirade d’adieu au complet

 

Voici en entier le texte du discours d’adieu de Gabin :

 

« – Messieurs, Monsieur le Député Chalamont vient d’évoquer en termes émouvants les victimes de la guerre. Je m’associe d’autant plus volontiers à cet hommage qu’il s’adresse à ceux qui furent les meilleurs de mes compagnons.

 

Au moment de Verdun, Monsieur Chalamont avait dix ans… Ce qui lui donne, par conséquent, le droit d’en parler. Étant présent sur le théâtre des opérations, je ne saurais prétendre à la même objectivité. On a, c’est bien connu, une mauvaise vue d’ensemble lorsqu’on voit les choses de trop près ! Monsieur Chalamont parle d’un million cinq cent mille morts, personnellement  je ne pourrais en citer qu’une poignée, tombés tout près de moi.

 

J’ai honte, Messieurs… Je voulais montrer à Monsieur Chalamont que je peux, moi aussi, faire voter les morts. Le procédé est assez méprisable, croyez-moi !

 

Monsieur Chalamont lui a passé une partie de sa vie dans une banque à y penser aussi… Nous ne parlons forcément pas de la même Europe.

 

Moi aussi j’ai un dossier complet. Trois cent pages ! Trois cents pages de bilans et de statistiques que j’avais préparées à votre intention. Mais en écoutant Monsieur Chalamont, je viens de m’apercevoir que le langage des chiffres a ceci de commun avec le langage des fleurs qu’on lui fait dire ce que l’on veut ! Les chiffres parlent mais ne crient jamais. C’est pourquoi ils n’empêchent pas les amis de Monsieur Chalamont de dormir. Remettez-moi messieurs de préférer le langage des hommes. Je le comprends mieux !

 

Durant toutes ces années de folie collective et d’autodestruction, je pense avoir vu tout ce qu’un homme peut voir: des populations jeté sur les routes, des enfants jetés dans la guerre, des vainqueurs et des vaincus finalement réconciliés dans les cimetières, que leur importance a élevé au rang de curiosité touristique !

 

La paix revenue, j’ai visité des mines. J’ai vu la police charger les grévistes, je l’ai vue aussi charger des chômeurs… J’ai vu la richesse de certaines contrées, et l’incroyable pauvreté de certaines autres. Et bien durant toutes ces années, je n’ai jamais cessé de penser à l’Europe. Monsieur Chalamont lui a passé une partie de sa vie dans une banque à y penser aussi… Nous ne parlons forcément pas de la même Europe.

 

Ce projet [NDLR: l’Europe de Mr Chalamont] je peux d’avance vous en énoncer d’avance le principe !

 

La constitution de trusts verticaux et horizontaux et de groupes de pressions qui maintiennent sous leur contrôle non seulement les produits du travail, mais les travailleurs eux-mêmes !

 

Tout le monde parle de l’Europe… mais c’est sur la manière de faire cette Europe que l’on ne s’entend plus. C’est sur les principes essentiels que l’on s’oppose…

 

Pourquoi croyez-vous, Messieurs, que l’on demande à mon gouvernement de retirer le projet de l’Union Douanière qui constitue le premier pas vers une Fédération future ?

 

Parce qu’il constitue une atteinte à la souveraineté nationale ? Non pas du tout ! Simplement parce qu’un autre projet est prêt… Un projet qui vous sera présenté par le prochain gouvernement. Ce projet je peux d’avance vous en énoncer d’avance le principe !

 

La constitution de trusts verticaux et horizontaux et de groupes de pressions qui maintiennent sous leur contrôle non seulement les produits du travail, mais les travailleurs eux-mêmes ! On ne vous demandera plus, Messieurs, de soutenir un ministère, mais d’appuyer un gigantesque conseil d’administration !

 

Si cette assemblée avait conscience de son rôle, elle repousserait cette Europe des maîtres de forges et des compagnies pétrolières. Cette Europe, qui a l’étrange particularité de vouloir se situer au-delà des mers, c’est-à-dire partout… sauf en Europe ! Car je les connais, moi, ces européens à têtes d’explorateurs !

 

– La France de 89 avait quelques actions à accomplir !

 

– Et quelques profits à en tirer !

 

– Il y avait des places à prendre ! Et le devoir de la France était de les occuper pour y trouver de nouveaux débouchés pour son industrie, un champ d’expérience pour ses armes…

 

– …et une école d’énergie pour ses soldats ! Je connais la formule ! Et bien personnellement je trouve cette mission sujette à caution et le profit dérisoire. Sauf évidemment pour quelques affairistes et quête de fortune et quelques missionnaire en mal de conversion. Or je comprends très bien que le passif de ses entreprises n’effraie pas une assemblée où les partis ne sont plus que des syndicats d’intérêt !

 

– Monsieur le président de l’Assemblée ! Je demande que les insinuations calomnieuses que le Président du Conseil vient de porter contre les Élus du Peuple ne soient pas publiées au Journal Officiel.

 

– J’attendais cette protestation… Et je ne suis pas surpris qu’elle vienne de vous, Monsieur Jussieu… Vous êtes, je crois, conseil juridique des aciéries Krenner ? Je ne vous le reproche pas.

 

– Vous êtes trop bon !

 

– Il y a des patrons de gauche, je tiens à vous l’apprendre !

 

– Il y a aussi des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité du genre !

 

– Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne soutenir à l’Assemblée que des projets d’inspiration patronale !

 

– Il y a des patrons de gauche, je tiens à vous l’apprendre !

 

– Il y a aussi des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité du genre ! J’ai parlé tout à l’heure de syndicats d’intérêt. Voulez-vous Messieurs que je fasse l’appel de cette assemblée ?

 

[…]

 

Je vous demande pardon. A l’énoncé de tous ces titres, je réalise la folie de mon entreprise. En vous présentant ce projet, je ne vous demandais pas seulement vos voix, je vous demandais d’oublier ce que vous êtes. Un instant d’optimisme… C’est sans doute à ce genre d’optimisme que Mr Chalamont faisait allusion tout à l’heure en évoquant mes bons sentiments et mes rêves périmés.

 

La politique, Messieurs, devrait être une vocation… Je suis sûr qu’elle l’est pour certains d’entre vous… Mais pour le plus grand nombre, elle est un métier. Un métier qui ne rapporte pas aussi vite que beaucoup le souhaiteraient, et qui nécessite de grosses mises de fonds car une campagne électorale coûte cher ! Mais pour certaines grosses sociétés, c’est un placement amortissable en quatre ans… Et pour peu que le protégé se hisse à la présidence du Conseil, alors là, le placement devient inespéré ! Les financiers d’autrefois achetaient des mines à Djelitzer ou à Zoa, et bien ceux d’aujourd’hui ont compris qu’il valait mieux régner à Matignon que dans l’Oubangui et que de fabriquer un député coûtait moins cher que de dédommager un Roi Nègre !

 

Vous allez faire avec les amis de Mr Chalamont, l’Europe de la fortune contre celle du travail. L’Europe de l’industrie lourde contre celle de la paix.

 

Vous voyez Messieurs, nous aurons enfin été d’accord une fois, je partirai au moins avec l’estime de mes adversaires. Et maintenant permettez-moi de conclure. Vous allez faire avec les amis de Mr Chalamont, l’Europe de la fortune contre celle du travail. L’Europe de l’industrie lourde contre celle de la paix. Et bien cette Europe-là vous la ferez sans moi, je vous laisse !

 

Ce gouvernement maintient son projet. La majorité lui refusera la confiance et il se retirera. J’y étais préparé en rentrant ici…

 

J’ajouterai simplement, pour quelques-uns d’entre vous. Réjouissez-vous, fêtez votre victoire. Vous n’entendrez plus jamais ma voix et vous n’aurez jamais plus à marcher derrière moi… Jusqu’au jour de mes funérailles. Funérailles Nationales, que vous voterez d’ailleurs à l’unanimité. Ce dont je vous remercie par anticipation… »

 

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10 janvier 2022 1 10 /01 /janvier /2022 06:00

Allocution radiodiffusée du Général de Gaulle du 26 octobre 1962

Acte de décès de la IIIe République :

 

Le 10 juillet 1940, les Chambres, réunies à Vichy, votaient à une écrasante majorité les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, mettant à bas la IIIe République et portant sur les fonts baptismaux un nouveau régime, l’État français.

 

Naissance de la IVe République :

 

La République est réinstallée dès la libération de Paris, en août 1944. De grandes réformes économiques et sociales sont aussitôt engagées. La Constitution de la Quatrième République, difficilement adoptée après deux référendums, se traduit finalement par l'établissement d'institutions très proches, dans leur esprit et plus encore dans leur pratique, de celles de la Troisième République.

 

L’assemblée  constituante  élue  le  21  octobre  1945communistes  et  socialistes  ont  la  majorité absolue  mais  les  socialistes  imposent  une  cohabitation  pluraliste  avec  le  nouveau  parti  qui regroupe  les  démocrates-chrétiens  issus  de  la  Résistance,  le  MRP

 

Le  général  de  Gaulle,  choisi  par  l'Assemblée  constituante comme  président  du  gouvernement  provisoire  de  la  République  française  en  novembre  1945, s'oppose  rapidement  aux  partis  sur  le  projet  de  constitution  et  démissionne  de  ses  fonctions  le 20  janvier  1946

 

Un  premier  projet  ayant  été  rejeté  le  5  mai  1946un  nouveau  texte  prévoit deux  chambres  (dont  le  Conseil  de  la  République  qui  joue  un  rôle  consultatif)  et  une  légère extension  des  pouvoirs  du  président.  Le  16  juin  1946,  dans  son  discours  de  Bayeuxle  général de  Gaulle  se  prononce  sans  succès  pour  un  exécutif  fort  dans  un  régime  de  caractère présidentiel

 

Le  second  référendum  13  octobre  1946,  permet  l'adoption  de  la  Constitution  de la  IVème  République.  Le  10  novembre,  l'Assemblée  nationale  est  élue  pour  cinq  ans  à  la proportionnelle  départementale.  Le  parti  communiste  est  le  groupe  le  plus  important  devant  le MRP et  la  SFIO  qui  recule. 

 

Le 16  janvier  1947  Vincent  Auriol  est  élu  à  la  présidence  de  la République  par les deux  chambres réunies  en  congrès  à  Versailles.  Le  nouveau  gouvernement  présidé  par  Ramadier  est  confronté aux  difficultés  de  ravitaillement  et  à  l'inflation  qui  crée  mécontentement  et  revendications salariales.  Interpellé  par  les  députés  sur  la  politique  des  salaires,  le  gouvernement  obtient  la confiance  le  4  mai.  Toutefois  l'opposition  du  parti  communiste  entraîne  le  départ  de  ses ministres  du  gouvernement.  Dans  le  même  temps  de  Gaulle  crée  le  14  avril  1947  le Rassemblement  du  Peuple  français,  instrument  de  reconquête  du  pouvoir.  Désormais  le gouvernement doit  faire  face  à  l’opposition des communistes et des gaullistes.

 

Acte de décès de la IVe République

 

Après une dernière et longue crise ministérielle, chute de Félix Gaillard, 15 avril 1958, la constitution du gouvernement Pierre Pflimlin 12 mai provoque l'émeute d'Alger, où s'installe, avec l'accord de l'armée, un Comité de salut public (crise du 13 mai 1958) présidé par le général Massu.

 

Ces événements favorisent le retour au pouvoir du général de Gaulle, qui apparaît alors comme seul capable de rétablir l'ordre. Après la démission de P. Pflimlin 28 mai, il devient président du Conseil, le 1er juin, constitue un gouvernement d'union nationale et obtient les pleins pouvoirs pour régler le problème algérien et préparer une nouvelle Constitution.

 

Naissance de la Ve République

 

La Constitution de 1958 est approuvée par le référendum du 28 septembre 1958. La IVe République prend officiellement fin le jour de la promulgation de cette Constitution 4 octobre 1958. Le 8 janvier 1959, le président Coty transmet ses pouvoirs au général de Gaulle, élu le 21 décembre 1958 à la présidence de Ve République.

 

Élection du président de la République au suffrage universel direct

 

Avec 82 % de « Oui », le référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel direct est approuvé par les Français, le 28 septembre 1962.

 

La continuité, la fermeté, l'efficacité

 

Deux jours plus tôt, le 26 septembre, le général de Gaulle les a exhortés à voter « Oui » dans une allocution radiotélévisée :

 

« Françaises, Français ! Après-demain, en toute clarté et en toute sérénité, vous allez par votre vote engager le sort du pays. La question, qu’en ma qualité de président de la République et m’appuyant sur la Constitution, je pose aux citoyens français, est aussi nette et simple que possible : "Voulez-vous, dorénavant, élire vous-mêmes votre Président au suffrage universel ?” La raison de cette proposition, c’est qu’à l’époque moderne, il faut une tête à un grand État […] la continuité, la fermeté, l’efficacité, instaurées au sommet de l’État, sont les conditions nécessaires de la rénovation que nous avons commencée […]. »

Le général de Gaulle et le président Coty à l'Elysée

En finir avec la Vème République !

 

Crise finale de la Vème République

 

Cette élection présidentielle traduit plus encore que celles qui l’ont précédée, l’épuisement des institutions de la Ve République, leur caractère délétère, le besoin urgent de notre pays d’en finir avec elles et de redéfinir un régime qui soit plus démocratique, dans lequel l’équilibre des pouvoirs serait respecté, dans lequel le peuple français pourrait exprimer sa volonté autrement qu’en dégageant tous les cinq ans celui qui a été à la fois tout-puissant et impuissant, ou par des émeutes qui ont leur vertu mais débouchent rarement sur une solution politique faisant prévaloir ses intérêts.

Quels sont les symptômes de cet effondrement de la Vème République dans laquelle l’élection du Président de la République au suffrage universel détermine l’ensemble de l’organisation politique ?

 

La multiplication des candidatures, d’abord, à gauche comme à droite et à l’extrême droite. La plupart des candidats ne proposent aucune politique clairement définie et beaucoup d’entre eux doutent à ce point d’eux-mêmes qu’ils ne présentent pas une candidature mais une « intention de candidature » (j’envisage de… j’ai envie de…) proposée aux sondages.

 

L’effondrement des partis politiques, ensuite. Beaucoup de candidats se présentent sans le soutien d’un parti politique. De Gaulle qui voulait la fin du « régime des partis » (mais qui n’a jamais oublié d’avoir le sien) serait satisfait. Les partis organisent de moins en moins la vie politique, mais la démocratie n’en sort pas renforcée, bien au contraire. JL Mélenchon ne dispose que d’un parti qu’il qualifie de « gazeux » ; Anne Hidalgo a été désignée par un parti sans militants, réduit à quelques milliers d’élus. Arnaud Montebourg et Christiane Taubira ne bénéficient du soutien d’aucun parti. Celui de Zemmour n’existe pas vraiment. On hésite à qualifier la République en marche de parti, tant ce rassemblement de personnes recrutées sur entretien professionnel montre chaque jour un peu plus son inconsistance ; le débat grotesque sur le passe-vaccinal en cours à l’Assemblée en est un bon exemple.

 

L’absence de véritable campagne électorale enfin. La disparition des partis politiques s’ajoutant à la poursuite de l’épidémie de Covid, utilisée par le pouvoir pour réduire au maximum les libertés publiques, réduisent la campagne électorale à l’occupation des « réseaux sociaux ». Mais la visibilité sur les réseaux sociaux doit plus au bon usage des robots et des trolls qu’à l’ancrage territorial des mouvements politiques censés s’exprimer par ce moyen. Qu’importe, candidats et journalistes se persuadent qu’il s’agit de la vraie vie car ils y retrouvent leur image et l’écho de leurs messages.

 

Les réseaux d’influence dans les médias écrits et audiovisuels font le reste. Il faut passer le plus souvent possible à la radio et à la télévision. Pourtant, certains habitués des plateaux de télévision devraient se demander pourquoi les intentions de vote en faveur de Philippe Poutou ou Nathalie Artaud ne sont très éloignées de celles dont sont crédités A Montebourg, Fabien Roussel, A Hidalgo ou Christiane Taubira, entre 1% et 4% selon les moments et les sondeurs.

 

Le défaut de légitimité démocratique et d’ancrage dans le pays du candidat ou de la candidate qui sera élu(e) quel qu’il soit ne fera qu’aggraver un peu plus la crise démocratique du pays.

 

Il n’y aura pas de miracle

 

La candidature de Christiane Taubira n’est, dans ce contexte, qu’une candidature de plus, bien qu’elle s’en défende.

 

D’abord parce qu’elle ne réglera pas le problème de la division de la gauche si l’on considère que c’est bien celui-là qu’il faut régler prioritairement.

 

Jean-Luc Mélenchon n’acceptera pas de participer à une primaire, populaire ou pas. Il en a toujours contesté le principe même.  Peut-être, d’ailleurs, a-t-il tort puisqu’il est le mieux placé dans les enquêtes d’opinion pour porter les couleurs de la Gauche dans cette élection. Mais ce n’est pas son tempérament et même s’il a abandonné son discours opposant le peuple à la gauche, pour se rapprocher d’un positionnement assez classique de rassemblement des oppositions au gouvernement Macron, il ne veut pas que sa candidature puisse être comparée à celle des rejetons du Parti socialiste, après avoir tant fait pour faire oublier qu’il en était lui-même un pur produit.

 

On voit mal Yannick Jadot qui s’est déjà effacé au profit de Benoît Hamon lors du précédent scrutin, avec le résultat que l’on connaît, accepter de remettre en jeu sa candidature durement acquise dans le cadre d’une élection primaire, après avoir proposé à toutes le formations politiques d’essayer de trouver un accord pour une candidature commune, ce qu’elles avaient refusé dans un bel ensemble. De plus, il sait trop bien que s’il ouvre la perspective d’une remise en cause de sa candidature au profit d’un éventuel rassemblement, Sandrine Rousseau relancera immédiatement l’offensive pour essayer de reprendre ce qu’elle n’a pas obtenu par la primaire d’EELV.

 

Fabien Roussel est un des rares candidat à gauche disposant d’un parti, des parrainages et du financement nécessaire pour aller au bout de ce qu’il a entrepris et il n’a aucune raison de se rallier à plus faibles que lui.

 

Dès lors, la candidature de Christiane Taubira ne peut pas être autre chose qu’une candidature s’ajoutant à celle des autres héritiers du « Hollandisme », après la déroute du parti socialiste dont est responsable l’avant-dernier Président de la République.

 

Les déclarations récentes de Christiane Taubira, celle qui annonce sa possible candidature à l’élection présidentielle puis ses vœux de nouvel an, pas plus que la tribune qu’elle a signée dans « Le Monde » ne donnent d’indications sur ce qu’elle pense des questions politiques essentielles auxquelles nous sommes confrontés : crise sociale et politique, peur du déclassement individuel et collectif, relation de la Nation avec l’Union européenne. Elle se borne à proposer l’union de la gauche derrière elle, en renvoyant à plus tard les questions qui la divisent, considérant que ce qui réunit les diverses tendances de la gauche est plus important que ce qui les divise. Mais c’est précisément parce que ces problèmes politiques majeurs n’ont jamais été tranchés depuis 1983, que la gauche se trouve dans cette situation désastreuse aujourd’hui.

 

La candidature d’Arnaud Montebourg était l’ultime tentative de reconstruire une gauche populaire en utilisant l’élection présidentielle

 

Sa candidature a été contestée par ceux qui y voyaient un facteur de division supplémentaire d’une gauche déjà divisée. Elle se distinguait pourtant de celle de Christiane Taubira sur plusieurs points, avant qu’il ne s’écarte de plus en plus nettement de son objectif initial. Il s’adressait prioritairement au bloc populaire constitué des ouvriers, des employés, de la masse des fonctionnaires qui font vivre les services publics malgré la prolifération des « managers publics » ; il parlait aux commerçants et aux artisans qui peinent à vivre de leur travail. Il s’adressait à ces couches populaires comme au cœur battant de la société française et non comme à des bandes de gens incultes acquis à la pensée de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour, comme le pensent la moyenne bourgeoisie urbaine, les médias, la fondation Terra nova et le parti socialiste qui a adopté ce point de vue avant d’en mourir.

 

Arnaud Montebourg mettait en avant par ailleurs la nécessaire réforme de la Ve République et la reconquête d’une partie de la souveraineté nationale en mettant un coup d’arrêt à la construction d’une Europe fédérale dont l’Allemagne a été à peu près le seul bénéficiaire, en particulier depuis la création de l’euro et l’élargissement à l’Europe centrale. Il prônait aussi la démondialisation, indispensable à toute politique écologique sérieuse.

 

Il n’a pas réussi à se faire entendre et a échoué en voulant rechausser les bottes de Jean-Pierre Chevènement (lequel avait déjà fait naufrage dans sa tentative « d’union des souverainistes des deux rives »), avant « d’offrir sa candidature » à la reconstitution de la traditionnelle « union de la gauche face au péril fasciste ».

 

Cet échec n’invalide pas pour autant les éléments principaux du diagnostic qu’il portait sur la situation politique du pays ni la pertinence des questions principales qu’il voulait poser au cours de cette campagne.

 

Ignorer l’élection présidentielle et préparer les élections législatives pour s’attaquer enfin aux vrais problèmes du pays

 

L’union de la gauche est impossible et d’un certain point de vue c’est tant mieux car elle ne pourrait se faire que sur un compromis laissant de côté tous les sujets auxquels il faut apporter une réponse.

 

Il ne sera pas possible de modifier nos institutions ou notre relation avec l’union européenne et l’organisation mondiale de l’économie, par surprise, après avoir introduit un président de la République par effraction.

 

Ce qui manque à notre pays, ce n’est pas une candidature de gauche supplémentaire, ce sont des femmes et des hommes décidés à construire une nouvelle formation politique authentiquement socialiste, capable de mener le combat pour une France républicaine, démocratique, sociale, laïque et souveraine dans une Europe confédérale.

 

Cette force politique devrait refuser le cadre même de l’élection présidentielle, contester la Vème République, proposer un chemin qui permette d’en modifier le fonctionnement, non par un grand soir démocratique qui surgirait de la convocation d’une assemblée constituante que nous risquons d’attendre longtemps, mais en proposant des amendements constitutionnels qui permettront de découpler l’élection du Président de la république de celle de l’assemblée nationale, d’instaurer un scrutin proportionnel, de redonner à l’assemblée nationale la maîtrise de son agenda, ce qui interdirait à M Macron de faire adopter un mercredi son projet de loi de passe-vaccinal et d’en imposer l’approbation par l’assemblée nationale le lundi suivant (il n’a pas tout à fait réussi en raison de l’amateurisme de ses députés).

 

Une candidature de gauche devrait décrire comment la France va imposer le respect de sa souveraineté, qui est l’autre nom de la démocratie, dans une Union européenne qui prendrait un tour confédéral, comme le souhaitent les peuples européens, et non fédéral comme le souhaitent les institutions européennes, les couches supérieures urbaines et le grand capital européen et mondial.

 

Une candidature de gauche oserait engager le débat sur l’euro qui fonctionne au bénéfice exclusif de l’Allemagne depuis sa création et au détriment, notamment, de la France, de l’Italie ou de l’Espagne. L’euro a accéléré le transfert de la production et des richesses de l’Europe du Sud vers le Nord. Il n’est pas incongru de demander une révision des règles de fonctionnement de cette union monétaire, inadaptées aux différences profondes des économies européennes. Certains économistes, comme Stiglitz, ont proposé une union monétaire plus souple, comprenant des sous-zones de solidarité monétaire plus homogènes économiquement, et non une monnaie unique imposée à des pays présentant des écarts de compétitivité et de niveaux de vie bien supérieurs à ceux que l’on trouve entre l’Europe et un grand nombre de ses partenaires. Au nom de quoi ce débat serait-il interdit et ceux qui posent des questions seraient-ils immédiatement désignés comme des populistes « frexiteurs » avec lesquels il ne faut pas parler ?

 

Il n’y aura décidément pas de sauveur ou de sauveuse suprême, pas de raccourci pour reconstruire le socialisme dévasté par le Mitterrandisme et ses héritiers.

 

L’élection présidentielle qui se présente comme la rencontre entre une personnalité et les Français est devenue un concours de beauté interdisant le débat démocratique. Il faudrait appeler à la boycotter jusqu’à ce qu’une réforme institutionnelle permettant un retour à la démocratie lui redonne sa juste place.

 

Dans cette perspective, le scrutin important est celui qui suivra pour élire les députés à l’Assemblée nationale.

 

Les deux candidats à l’élection présidentielle qui arriveront au second tour, auront réunis sur leur nom moins de 20% des électeurs inscrits au premier tour. Quelle est la légitimité d’une personne aussi mal élue pour rassembler derrière elle les Français une fois arrivée au pouvoir. Elle n’existe pas. C’est ce qu’a vécu E Macron, Jupiter tôt descendu de son olympe pour trembler devant les gilets jaunes et dont le principal objectif est maintenant « d’emmerder les non-vaccinés ». On conviendra que c’est un objectif politique limité pour un Président de la République.

 

Les mêmes causes produiront les mêmes effets. C’est pourquoi il faut mener campagne non pour tel ou tel candidat, mais contre l’élection présidentielle qui constitue un poison pour la démocratie et le fonctionnement de la société française.

 

Vivement la VIème République !

 

Jean-François Collin

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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 06:00

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Victoire d’une armée et surtout de son chef, comme le démontre la première photographie, où l’image du dictateur vient s’inscrire et masquer celle du monument, suggérant son importance historique et presque mythologique.

 

Mais cette visite recèle une dimension un peu différente. En posant avec Breker et Speer, deux « artistes », Hitler s’associe aussi à la Ville lumière, capitale de la culture. Il signale ainsi la maîtrise allemande d’un symbole culturel encore important en Europe, y compris parmi les élites allemandes.

 

Enfin, la brume peut symboliser la morosité d’un Paris occupé, loin de l’image de fête, de légèreté et de lumière qui lui est généralement associée. Tout en se pliant au parcours « touristique », Hitler y imprime la marque austère de son régime et montre qu’il prend « possession » de la ville.

Amazon.fr - Hitler: Le monde sinon rien - Simms, Brendan, Weiss, Severine,  Blayac, Johanna - Livres

« Quelques jours après la rencontre de Compiègne, Hitler se rendit à Paris. Il entra discrètement dans la ville à l’aube du 24 juin 1940 (c NDLR. C’est donc en territoire conquis qu’Hitler évolue quand il se rend à Paris au petit matin du 23 ou du 28 juin 1940 (la date reste aujourd’hui discutée) pour une visite éclair (« Blitz Besuch ») plus en touriste passionné par l’architecture qu’en conquérant. Le Führer était accompagné d’Hermann Giesler – satisfaisant ainsi à ses promesses fanfaronnes de la fin  de l’année précédente – de Speer, du sculpteur Arno Breker, et d’un Bormann de plus en plus  présent. Sa première destination fut l’Opéra Garnier, où il étonna l’ouvreuse par sa connaissance précise du plan originel de l’édifice. Puis on lui montra la Madeleine, la Place de la Concorde, le Louvre, les Champs-Élysées. Il s’arrêta plus longuement à l’Arc de triomphe pour étudier les inscriptions, qu’il connaissait déjà par cœur. Mais le point culminant de cette visite, cependant, fut son hommage aux Invalides, où il demeura silencieux et tête baissée aux côtés du sarcophage de Napoléon. C’était là un écho volontaire à la célèbre scène qui s’était déroulée à Postdam en 1806, quand Bonaparte avait fait un pèlerinage similaire sur la tombe de Frédéric le Grand. En quittant les lieux, il annonça à Bormann qu’il souhaitait que l’on transfère de Vienne à Paris la dépouille du duc de Reichstadt, fils de Napoléon et de l’archiduchesse d’Autriche Marie-Louise. Le symbole ne pouvait être plus clair : Hitler considérait qu’il poursuivait les traditions frédéricienne et napoléonienne, résolvant en sa personne l’antagonisme franco-allemand. »

Brendan SIMMS HITLER Le monde sinon rien biographie page 525

 

Napoléon méditant sur le cercueil de Frédéric II de Prusse dans la crypte  de la GarnisonKirche à Potsdam - napoleon.org

Gilles Mora | Le vent se lève

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La visite éclair d'Hitler à Paris ICI

 

 

Le marchand de journaux de la place de l'Opéra, qui ajuste son présentoir, s'arrête tout à coup, comme pétrifié. Pas de doute, c'est bien Hitler, l'homme qui vient de faire tomber la France ! Sanglé dans un long manteau de cuir boutonné jusqu'au col, le chef nazi est flanqué d'une escorte qui avance d'un pas raide. La casquette, trop grande, lui mange le visage, barré par son étrange ruban de moustache.

 

Ce petit tour au Palais Garnier a sorti Hitler de l'humeur maussade qui ne le quitte pas depuis que son Condor, un quadrimoteur beige, s'est posé au Bourget, à 5 h 30. La veille pourtant, il a tordu le bras à la France, en lui faisant signer à Rethondes un armistice humiliant. Et en cette aube du 23 juin 1940, le voici à Paris, la ville qu'il rêve de voir en vrai, et plus seulement dans les nombreux livres de sa bibliothèque personnelle. Alors quoi, puisque tout lui sourit ? Son escorte, une trentaine de dignitaires, sait à quoi s'en tenir quand leur Führer rumine ses pensées. A l'arrière de la Mercedes qui traverse la porte de la Villette, le sculpteur officiel du III e Reich, Arno Breker, et l'architecte Albert Speer s'en tiennent prudemment à quelques généralités. Son humeur est peut-être assombrie par l'atmosphère lugubre qui enveloppe la Ville Lumière, aux mains des nazis depuis déjà dix jours. Le bruit des bottes allemandes a fait décamper un tiers des habitants, et c'est une forêt de volets clos que traverse la file des cinq berlines allemandes.

 

Il est 6 heures dans ce Paris désert, quand le cortège se gare à l'Opéra. En levant les yeux sur sa façade néoclassique, ce fou de Wagner donne enfin le la : « Le plus beau théâtre du monde », s'extasie-t-il, affichant un air enfin détendu.

 

A l'intérieur, il grimpe l'escalier monumental jalonné de statues, s'arrête au foyer de la danse illustré par Degas, demande à voir la loge du président de la République... Sa connaissance parfaite des plans de Garnier bluffe sa petite suite de courtisans.

 

Direction la Madeleine, qui le laisse de marbre, puis la place de la Concorde qu'il trouve magnifique quoiqu'un peu trop ouverte. La décapotable de tête, où il a pris place, emprunte maintenant les Champs-Elysées vers l'Arc de Triomphe qui, selon Breker, le « transporte d'enthousiasme ».

 

Il veut le même à Berlin, mais en deux fois plus grand pour célébrer l'Allemagne victorieuse ! Il faut dire que Napoléon, qui a fait édifier le monument, inspire Hitler. Aux Invalides, il s'incline longuement devant le tombeau en quartz rouge abritant les cendres de l'empereur français. Pour l'occasion, il troque son manteau pour une gabardine blanche, ôte sa casquette, s'incline légèrement puis médite de longues minutes. Il confiera plus tard avoir vécu « le plus grand et le plus beau » moment de sa vie.

 

Entre-temps, il a sillonné l'ouest bourgeois vidé de ses résidents, posé pour la propagande avec la tour Eiffel en arrière-fond. Le Panthéon -- où il est gêné par l'odeur de moisi --, Notre-Dame, l'hôtel de ville, la place Vendôme, puis le Ventre de Paris. Aux Halles, un petit groupe de poissonnières s'approche. « La plus corpulente leva la main, montra Hitler et se mit à crier : c'est lui, c'est lui ! », se souviendra un accompagnateur.

La Blitz Besuch (« visite éclair ») se termine au Sacré-Cœur, qualifié d'« horreur ». Peu importe puisque du haut de la butte Montmartre, tout Paris est couché à ses pieds. « Je remercie le destin. Il m'a permis de voir cette grandiose cité qui m'a toujours fasciné ?, lâche-t-il à Breker.

 

A 8 h 30, le quadrimoteur orné d'une croix gammée redécolle du Bourget. Avant de s'évanouir dans l'horizon, il survole Paris une dernière fois, tournoyant comme un aigle surveillant sa proie.

Visite éclair de Hitler à Paris, en juin 1940.Hitler visite Paris - La Seconde Guerre Mondiale

IX - Adolf Hitler, le visiteur du matin (23 juin 1940) ICI 

 

Les Allemands sont à Paris. Dans le petit jour du 14 juin, les premiers motocyclistes avec side-cars pénètrent dans une capitale déserte, du fait du couvre-feu. Le 23 juin, dans la ville pavoisée de croix gammées, Hitler effectue une visite " culturelle " (l'Opéra, la Madeleine, la Concorde, les Invalides...). Les Français s'interrogent sur l'avenir que le chancelier du Reich réserve à leur pays vaincu.

Le Monde

Publié le 28 juillet 1989

 

« Préparez un décret dans lequel j'ordonne la pleine reprise des constructions de Berlin...N'est-ce pas que Paris était beau ? Mais, Berlin doit devenir beaucoup plus beau. Je me suis souvent demandé dans le passé s'il ne fallait pas détruire Paris. Mais, lorsque nous aurons terminé Berlin, Paris ne sera plus que son ombre. Alors, pourquoi la détruire ? »

 

Hitler tire là, froidement et calmement, au soir du 23 juin 1940, avec son architecte préféré, Albert Speer, la leçon du voyage-éclair qu'il avait accompli en sa compagnie, quasi incognito, le matin même dans Paris occupé.

 

Neuf jours auparavant, les avant-gardes du général Kurt von Briesen pénétraient dans la capitale, l'arme à la bretelle : comme le plus souvent dans cette fichue guerre, le haut-commandement français n'avait cessé de tergiverser sans décider si la capitale devait devenir un môle de résistance. Celui qui en était le gouverneur militaire depuis le 2 septembre 1939, le général Héring, un Alsacien énergique, était bien décidé à se battre devant et dans la capitale. Mais, ne disposant que de moyens réduits _ 10 000 hommes, 200 canons, 30 chars, _ il attendait des renforts qui ne vinrent jamais : Weygand ne disposait plus de réserves suffisantes. Et, quand il fut avéré que Rommel passait la Seine en amont, le généralissime, pour éviter des destructions préjudiciables et le massacre de population civile, tranchait : le 12 à midi, Paris était déclaré " ville ouverte "

 

A cette date, la ville s'était largement vidée de ses habitants à cause des nouvelles du front, et encore plus du bombardement : 200 bombardiers protégés par 150 chasseurs de la Luftwaffe visant les aérodromes et les nœuds ferroviaires, mais aussi des usines, Citroën par exemple, avaient fait plus de 250 victimes civiles dans les quinzième et seizième arrondissements. Pourtant, il en restait intra-muros un bon tiers, soit encore 1 100 000, et un peu moins de la moitié des banlieusards (soit 800 000). Une bonne partie de l'administration était encore à son poste, à commencer par le préfet de police Roger Langeron et le préfet de la Seine, Villey, avec le gros des policiers parisiens et des pompiers. Ils attendaient.

 

Les avant-gardes allemandes investissaient la proche banlieue nord dans la soirée du 13. En moins d'une heure, un protocole d'accord était conclu entre deux plénipotentiaires français et les Allemands : les Français s'engageaient à ne pas détruire les ponts, à assurer l'ordre contre les pillards, la population serait consignée chez elle pendant quarante-huit heures. Dans le petit jour du vendredi 14 juin, les premiers motocyclistes avec side-cars pénétraient dans Paris désert. Dans la journée, les vainqueurs contrôlaient toute la capitale, sans véritables incidents, même si une quinzaine de personnes en furent frappées au point de se suicider. Parmi elles, une personnalité du Tout-Paris, le fils de Gyp, cette femme écrivain des années 1900, Thierry de Martel, chirurgien-chef de l'Hôpital américain ; le 13 au soir, il écrivait à William Bullitt, l'ambassadeur des Etats-Unis, un de ses amis, à qui il avait assuré qu'il ne quitterait pas Paris : " En y restant vivant, c'est un chèque barré que je remets à mon adversaire. Si j'y reste mort, c'est un chèque sans provision. Adieu. "

 

Les services de Goebbels firent croire, en diffusant des reportages filmés où l'on voit des badauds en assez grand nombre assister aux parades des troupes allemandes ou entourant les soldats de la Wehrmacht, que les Parisiennes et les Parisiens s'étaient donnés dès le premier jour aux vainqueurs. En réalité, ces images sont postérieures, légèrement postérieures. Au contraire, lors de l'arrivée des Allemands, les habitants, qui, de surcroit, étaient tenus dans les premières heures de respecter le couvre-feu, s'étaient claquemurés. D'ailleurs, les Allemands ont été nombreux à témoigner qu'ils avaient traversé une " ville sans regard " (Die Stadt ohne Blick). Les badauds ne vinrent qu'ensuite aux nouvelles, avec le soulagement de voir qu'ils n'étaient pas investis par des hordes barbares. Car les consignes extrêmement strictes qu'avait reçues la troupe de se conduire de façon " korrect " ont été appliquées quasiment à la lettre. Il y a vraisemblablement du vrai dans la description que fit, postérieurement, Emmanuel d'Astier de la Vigerie de cette " Korrection " : " Ils paient, ne s'enivrent pas, se lèvent pour les femmes dans les transports en commun. Ce ne sont pas des soudards [...] C'est un viol tranquille, de belle tenue, devant des Français submergés. " Ce qui ne signifie pas pour autant que les Parisiens fussent prêts à une collaboration-réconciliation. Hitler en eut un aperçu en visitant l'Opéra ; il avait fallu réveiller un vieil ouvreur, à qui on demanda de mener la visite complète des lieux ; Hitler tint beaucoup à ce que lui fût donné un billet de 50 marks ; il refusa courtoisement, mais fermement.

 

Et, petit à petit, la vie reprit son cours, comme le souhaitaient d'ailleurs les autorités d'occupation, qui attachaient une grande importance à la relance de la vie culturelle ; le ravitaillement fut assuré ; les cafés ouvrirent bien vite leurs portes, le cinéma Pigalle reprenait ses projections dès le 15. Moyennant soumission à la censure allemande, la presse fut invitée à reparaitre, et, dès le 18, sortaient le Matin de Bunau-Varilla et la Victoire de Gustave Hervé, journaux, il est vrai, qui ne risquaient pas d'attaquer l'occupant. Evidemment, le drapeau français était dorénavant interdit, la croix gammée flottait sur la Chambre des députés, sur la tour Eiffel et sur bon nombre d'édifices publics et d'hôtels réquisitionnés (mais elle fut retirée, au bout de quelques heures, de l'Arc de triomphe, par respect pour le Soldat inconnu). Dès le 14, également, les horloges durent être avancées d'une heure : Paris vivrait désormais à l'heure allemande.

 

C'est cette ville pavoisée de croix gammées qu'Adolf Hitler décidait de visiter, pour la première fois de sa vie, le dimanche 23 juin, le lendemain de la signature à Rethondes des préliminaires franco-allemands d'armistice. Le Führer s'offrait un jour de détente, qui n'avait rien de militaire : il s'agissait, il l'avait annoncé à son entourage, d'un voyage culturel.

 

C'est pourquoi étaient de la fête à la fois Speer, l'architecte qui lui promettait monts et merveilles pour le nouveau Berlin, et son sculpteur préféré, Arno Brecker, celui qui savait modeler des athlètes et guerriers assez virils pour évoquer le modèle aryen. Trois Mercedes découvertes venaient le chercher, au petit jour _ 5 h 30 _ à l'aérodrome du Bourget. Assis, comme à son habitude, à l'avant, près du chauffeur, botté, ganté, sanglé dans un manteau de cuir, le Führer donnait l'ordre de mettre le cap sur l'Opéra. Il s'y attarda longuement, lui qui en avait une connaissance livresque quasi parfaite ; tout ou presque au palais Garnier l'impressionna fortement. Après quoi la Madeleine (un peu trop académique à son goût), la Concorde et les Champs-Elysées (qu'il admira), l'Arc de triomphe, le palais de Chaillot, la tour Eiffel (qui lui sembla allier heureusement la prouesse technique et la " mobilisation d'une idée artistique de base ", la chapelle des Invalides (avec méditation prolongée sur le sarcophage de l'Empereur), le Panthéon (dont les proportions l'impressionnèrent), la Sainte Chapelle, Notre-Dame, la place des Vosges, qui le laissa sans réaction, le Sacré-Cœur, enfin, qui ne lui plut pas.

 

La visite dans Paris à peine réveillé avait duré trois heures. Puis le touriste Hitler reprit son avion et survola une dernière fois à basse altitude la capitale avant de regagner son Q. G. Pas ou peu de politique pendant cette visite. En quittant l'Arc de triomphe, il avait fait seulement remarquer qu'il aurait pu offenser les Français en organisant des Champs-Elysées à la Concorde un grand défilé triomphal. Il est vrai que Goering ne pouvait garantir que la RAF ne viendrait pas perturber la parade. Ce qui l'incitait à ne rien entreprendre pour l'heure, si l'on en croit Speer, c'est le sentiment qu'il n'avait encore franchi qu'une étape : " Je n'ai pas envie d'assister à un défilé célébrant la victoire ; nous ne sommes pas encore au bout. "

 

Que savaient les Français de la place que pouvait bien réserver Hitler à la France vaincue ? Pas grand-chose, car ils l'avaient peu lu, comme tout ce qui venait de l'étranger, et n'avaient pu imaginer pareille issue à un conflit que, de surcroit, ils avaient cherché à éviter. Pourtant Hitler avait, lui, des idées relativement précises sur la place qu'occuperait la France dans une Europe qu'il voulait remodeler de fond en comble. L'annulation du traité de Versailles de 1919 n'était qu'une étape dans sa géopolitique, mélange singulier de Weltanschauung raciale (l'échelle de valeurs des peuples se faisant en fonction de leur pureté raciale supposée) et d'une Realpolitik des plus classiques.

Car la mission qui incombait à ses compatriotes était de dominer l'Europe continentale pour y conquérir pour la fin des siècles l'espace vital, le Lebensraum. Cet espace vital serait pris sur les Slaves, qui ne valaient pas grand-chose, à ses yeux, au plan racial. Mais il fallait éviter une guerre sur deux fronts, celle qui avait coûté si cher aux armées impériales, et isoler la France, qui demeurerait un adversaire irréductible : il songea à s'allier à l'Italie et à la Grande-Bretagne, dont, jusque vers le milieu des années 30, il avait escompté la neutralité bienveillante. Devenu chancelier, Hitler celait en public cet expansionnisme, et, à chaque annexion, se répandait au contraire en professions de foi pacifiques.

 

Mais nous disposons d'un document tout à fait explicite sur ses intentions : c'est le " protocole Hossbach ", du nom d'un colonel qui fut chargé d'établir un compte rendu de la réunion qui regroupa, le 5 novembre 1937, les ministres de la guerre et des affaires étrangères avec les commandants en chef des trois armes de la Wehrmacht. Il y est dit que le " but de la politique allemande " était d'" assurer la sécurité et la subsistance de la masse populaire, ainsi que son accroissement. " Par là même, il s'agissait du " problème de l'espace " ; comme celui du Reich est trop restreint, " l'unique remède, qui peut vous paraitre chimérique, consiste dans l'acquisition d'un plus grand espace vital ", un espace vital qui ne " peut être recherché qu'en Europe " et qui ne pourra " être réalisé qu'en brisant les résistances et en encourant des risques. "

 

Dans les années 20, pour Hitler, " l'ennemi mortel du peuple allemand est et reste la France " (édition de Mein Kampf parue en 1927), car " la France a besoin de la balkanisation de l'Allemagne pour parvenir à l'hégémonie en Europe. " Dans les années 30, il y a une relative évolution de la stratégie de celui qui est devenu le Führer : la France est avant tout pensée en fonction de ce qui est désormais le but prioritaire, la conquête à venir de la " Russie ". Le risque étant réduit de voir la France prétendre à une hégémonie en Europe, elle est surtout une menace permanente si l'Allemagne s'engage à l'est. Le 9 octobre 1939, il avait rédigé un long mémorandum on ne peut plus explicite : " Le but de guerre allemand doit nécessairement être la liquidation militaire définitive de l'Ouest, ce qui veut dire ôter aux nations occidentales la force et la possibilité de s'opposer une fois encore à la consolidation de l'Etat allemand et au développement du peuple allemand en Europe " ; le 23 novembre, il revenait à la charge : " Nous ne pouvons-nous engager contre la Russie que si nous avons les mains libres à l'ouest ".

 

La campagne de France avait vu non seulement la destruction ou la mise hors de combat de l'armée française, mais aussi l'effondrement de la France. L'occasion était trop belle pour ne pas en profiter. Dans les semaines qui ont suivi la conclusion de l'armistice apparaissent divers projets de redécoupage territorial de la France ; la plupart prenaient pour base les frontières antérieures au traité de Westphalie en 1648 ; le plus achevé, celui du secrétaire d'Etat au ministère de l'intérieur, Stuckart, traçait la nouvelle frontière franco-allemande : elle partait de la baie de Somme, épousait la limite nord du Bassin parisien et de la Champagne jusqu'à l'Argonne, s'infléchissait au sud-est en traversant la Bourgogne, passait à l'ouest de la Franche-Comté et rejoignait le lac de Genève. Un projet qui pouvait servir de base pour les futures négociations de paix.

 

Mais, dès juillet 1940, il n'était plus question de traité de paix, avant la reddition de la Grande-Bretagne, ou même la chute de l'URSS. Car Hitler, qui estimait la Wehrmacht invincible sur terre, prenait alors le risque de combattre sur deux fronts, la chute de Moscou devant obliger la Grande-Bretagne à négocier ; il pensait de surcroit que, si la paix était signée dans la foulée, il faudrait arbitrer entre tous ceux qui attendaient quelques reliefs des dépouilles françaises, et, d'abord, l'Italie et l'Espagne ; les Français pourraient cesser d'être dociles, et il faudrait de toute manière leur rendre le littoral atlantique et les côtes de la Manche, indispensables pour préparer l'invasion de la Grande-Bretagne. Toutes raisons qui militaient pour qu'on en reste à la convention d'armistice, suffisamment drastique pour obtenir ce qu'on désirait des Français vaincus.

 

Est-ce à dire que, si les Français se conduisaient bien et collaboraient avec leurs vainqueurs, il y avait lieu de faire de ces nouveaux rapports franco-allemands un pivot de la politique du Reich ? La réponse est négative si on se fie à la directive no 490 dictée par Hitler le 9 juillet 1940 : " L'Allemagne ne conclut pas avec la France une paix chevaleresque. L'Allemagne ne considère pas la France comme une alliée, mais comme un Etat avec lequel les comptes seront réglés lors du traité de paix. A l'avenir, la France jouera en Europe le rôle d'une Suisse agrandie et deviendra un pays de tourisme pouvant éventuellement assurer certaines productions dans le domaine de la mode. " Soutenir les efforts du gouvernement français pour établir un régime autoritaire n'aurait aucun sens. Toute forme de gouvernement paraissant propre à restaurer les forces de la France se heurtera à l'opposition de l'Allemagne. En Europe, seule l'Allemagne commande. Elle n'a, en dehors de l'Italie, qui dispose de son espace vital propre, aucun allié ni partenaire placé sur un pied d'égalité. " Hitler, à quelques variantes près, ne démordra pas de cette perspective. On conçoit alors ce qui attendait les Excellences vichyssoises qui investiront dans la collaboration politique avec le Reich. Les mêmes commettront un autre contresens lourd de conséquences pour les Français : ils ne verront pas que c'est l'URSS, et non pas la France, qui, plus que jamais, était au centre des préoccupations du Führer.

 

Le Monde

 

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