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6 octobre 2022 4 06 /10 /octobre /2022 07:00

 

J’ai effectué une mission de conciliation à Châteauneuf-du-Pape « C’était Dallas, il y avait une fausse bataille entre les anciens et les modernes » Jérôme Quiot et Jean-Pierre Boisson, ICI  bien évidemment, j’ai rencontré à peu près tout le monde, c’est un village, sauf Jacques Raynaud, dit des Caves du Château Rayas

 

Ophélie Neiman

 

Au bout d’une route que personne n’a songé à ­goudronner à la sortie de Châteauneuf-du-Pape, alors qu’on se croit perdue, apparaît à travers le branchage sec une petite pancarte rouillée : Caves du Château Rayas. A perte de vue, tout est hors d’âge. La voiture fatiguée, la bâtisse qui n’a rien d’un château, les rares vignes, la forêt, le silence. Les chants des oiseaux se disputent au frottis des branches dans le vent. Et c’est tout.

 

Il est de ces endroits qui vous médusent. « Il y a un grand mystère qui s’en dégage, approuve Emmanuel Reynaud, le propriétaire des lieux. C’est pour la magie de cette lumière, au milieu des bois, que mon arrière-grand-père a acheté le ­domaine en 1880. » C’est la seule phrase qui aurait pu être soufflée pars une agence de communication que prononcera le vigneron. La communication, il n’y connaît rien, s’en moque, n’en a ­jamais eu – pas la peine, les clients viennent à lui. Rayas est un mythe. Le plus grand vin du Rhône assurément. Sans doute l’un des plus grands vins du monde.

 

Le vigneron de Châteauneuf-du-Pape a la ­réputation de ne pas être commode. Plus facile quand même que son oncle, Jacques Reynaud, qui s’est occupé du domaine de 1978 jusqu’à son décès en 1997. Lui retirait les panneaux ­indicateurs. Menaçait de sortir le fusil devant les visiteurs. Et faisait parfois passer un test de dégustation au client, en lui proposant sans rien dire du vin de la coopérative voisine. Si l’amateur faisait part de son désappointement, alors seulement il lui servait du Rayas. Au grand critique américain Robert Parker, qui lui demandait le secret d’un vin si exceptionnel, il aurait répondu : « C’est le vignoble et les petits rendements, imbécile ! »

 

Jacques Néauport

 

 

« Je me souviens qu’en 1989 au château Rayas, du temps de son ancien propriétaire, Jacques Raynaud, son œnologue voulait lui faire ajouter de l’acide tartrique au moment  de la cuvaison. J’étais à ce moment-là avec un spécialiste du microscope, Philippe Pacalet. On n’avait jamais vu dans le moût une population de levures aussi belle et aussi variée. Je crois que Philippe Pacalet a été obligé de diluer trois fois le prélèvement pour y voir quelque chose. On n’arrivait pas à compter les levures, tellement il y avait de monde ! On lui a dit de ne surtout pas tartriquer le vin ! Et maintenant château Rayas 1989, c’est magique ! Château Rayas, c’est un écosystème. Quand vous regardez tout autour, il y a plein de plantes, d’arbres, d’essences différentes et ça sent vraiment très bon ! C’est bien abrité, les vignes sont protégées des merdes des autres. Je crois qu’il y a même des plantes rares. Parce que, justement, Jacques Raynaud était passionné de plantes. Il avait un plein placard d’herbiers et était un admirateur d’un des plus grands entomologistes français, Jean-Henri Fabre. Inversement, dans des crus  prestigieux, si vous regardez au microscope les premiers jus naturels du raisin qui vient d’être vendangé, c’est le désert de Gobi. Il n’y a rien ! Et en général,, le peu de levures qu’il y a, ce sont des cochonneries. Des choses qui fermentent 4 ou 5° d’alcool, pas plus.

 

- Pourtant, le terroir de château Rayas, c’est du sable !

 

 

C’est pour ça qu’il ne faut pas être trop général. Jacques Raynaud disait : « Quand mon père a planté des vignes, c’étaient des terres à patates, ça faisait de très bonne pommes de terre ! » Les terroirs de sable sont très intéressants aussi. Dans les sables, il y a aussi des déclinaisons : sables fins, argileux, la gamme est infinie. Il y a même des sables que l’on appelle lœss. Les rares vins que je connaisse sur lœss font de grandes choses.

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6 octobre 2022 4 06 /10 /octobre /2022 06:00

CPSM FRANCE 73 " Aix les Bains, Hôtel Beau Site" | 73 savoie : aix les bains  (73) | Ref: 174380 | collection-jfm.fr

Aix 1943

 

Ils sont entrés à leur manière, frappant le sol de leurs semelles, alertant déjà tout le voisinage.

J’avais ouvert la porte craignant qu’ils ne la défoncent.

 

Qu’avais-je fait pour mériter cette visite ?

Le colonel s’est tourné vers sont subalterne :

 

« Du, Mathias, sag dem Franzozen dass er ab jetz für uns arbeiten wird! In der autowerbstatt, auf den zimmern, eben über all, wo etwas zu rearieren gibtUnd ich dulde keine wiederrede.

Dies ist ein Befehl!

 

Le colonel était rouge pivoine. Il avait craché sa phrase d’une traite. En final, il avait éructé dans un gargouillis baveux le « Heil Hitler » et s’était dispensé du salut.

L’autre, au garde-à-vous commença à me traduire d’une voix monocorde et saccadée.

Il dit :

-Je suis le sous-officier Von Wassy, responsable de l’intendance au niveau des grands hôtels où sont soignés nos hommes.

Le médecin-colonel Kiesel a dit :

À partir d’aujourd’hui vous travaillerez pour nous.

Au garage, dans les étages des divers établissements, partout où il faudra réparer quelque chose.

Il dit surtout : c’est un ordre et u ordre du médecin-colonel Kiesel ça ne se discute pas.

 

Vous comprenez ?

C’est net.

Surtout pas de bêtise.

Il faut obéir monsieur Melchior Seguin.

Nous savons que vous êtes mécanicien, plombier, électricien…

 

-Mais attendez, attendez, n’en rajoutez pas, tout ça fait beaucoup, m’exclamais-je.

-Ne soyez pas modeste, nous savons de source sûre que vous êtes tout cela à la fois.

- Comment pouvez-vous…

- Nous savons, j’ai dit.

- Je veux seulement dire, comment pouvez-vous parler français comme ça ?

- Je parle français c’est tout et ça suffit pour vous.

Vous êtes convoqué au travail à l’hôtel Mirabeau demain matin à 7 h 30 au bureau du colonel Kiesel.

N’oubliez pas de venir, monsieur Seguin, ce serait oublier de vivre.

 

Il eut un petit ricanement.

Ce petit sous-officier vert d gris, je ne pouvais déjà pas le haïr pour cette façon teutonne de s’exprimer en français.

Ce blondinet arraché à son lycée quelque part en bordure de la France pour couvrir la défaite et assurer la retraite !

Car il ne faisait plus guère de doute dans nos esprits que les jeux étaient faits.

À quoi bon alors jouer encore aux maîtres.

De plus, celui-là était d’une beauté suffocante.

L’aryen modèle pensais-je ;

Mais quoi ?

Il obéissait lui-même aux mêmes ordres, soumis au même chantage.

Je désirais le haïr, mais je sentais bien que dans mon for intérieur, que je ne haïrais bien, que ce que je pourrais pas posséder.

 

Vois-tu, Martha, dès notre premier entretien j’ai ressenti plus que de la curiosité pour cet Allemand qui parlait un si bon français.

 

On était en août quarante trois.

Un bel été, ils sont arrivés sans faire beaucoup de bruit.

Ils ont investis les grands hôtels comme l’avaient fait d’autres combattants d’un autre camp. Il y avait plus de blessés et de malades que d’hommes en état de combattre, mais nous le savions, la ville était hôpital depuis  longtemps.

 

En fait, ils n’avaient pas eu de mal à me mettre le grappin dessus.

Il suffisait de consulter les listes des employés des hôtels pour retrouver des hommes et des femmes encore aptes à servir.

De tout temps mon infirmité m’avait aiguillé vers des voies de garage, j’avais été l’homme d’entretien du Beau-Site.

Ma nouvelle tâche allait s’étendre aux autres hôtels.

 

Et puis ils sont partis.

 

Et j’étais là, pantois et effrayé, car je n’avais pas encore vraiment pris conscience de ce que serait la guerre.

A cause de ma jambe raide, j’étais toujours passé à côté de la tourmente.

J’avais vécu égoïstement.

J’avais fait de ma solitude un refuge que rien ne semblait devoir déranger.

Que rien jusqu’alors n’avait dérangé.

 

Fanfan était borgne, moi j’étais boiteux.

Et ce qui au début m’avait humilié, m’était vite apparu comme le salut que Dieu m’avait assuré pour traverser toutes les querelles et tous les désastres sans plus de dommage.

 

J’étais beau comme un ange, mais un ange qui n’aurait qu’une aile est-il encore un ange ?

Je songeais souvent à l’ange déchu, souvent j’imaginais cet ange maudit de la création qui tombait d’un ciel empli de chérubins vers des abîmes peiplés de gnomes et de goitreux nus comme des vers et tous plus laids que pouvaient l’être les personnages d’un tableau de Bosch ou un de ces jugements derniers de Torcello ou d’ailleurs.

 

Si tu savais, Martha, combien de fois je l’ai entendu ce :

-Alors gueule d’ange, on n’a pas le pied beau !

Les imbéciles qui pensaient faire de l’esprit.

Combien de fois j’ai ressenti cette haine profonde, cette amertume qui me gonflait le cœur.

Et quoi ? Pouvais-je courir pour me battre ?

Avec une jambe raide, une démarche plus que claudicante. J’ai pleuré en silence, lorsque déjà tout gosse à l’école…

C’est méchant, les gosses, mais, ça ne sait pas vraiment ce que ça fait.

Non, les petits ne pouvaient mesurer l’étendue du mal qu’ils faisaient en riant de mon infirmité.

Mais les grands, les vingt ans et plus.

Imagine la visite la visite du conseil de révision, c’est alors que tout a pris plus d’ampleur.

Il n’a même pas attendu que j’arrive jusqu’à lui l’adjudant :

-Où il va celui-là ? Il va faire la guerre avec une béquille !

Tous se sont esclaffés. Réformé d’office.

L’humiliation d’être brusquement un sous-homme.

Le handicapé à l’école, l’infirme dela campagne, était devenu un sous-homme.

Et quel que soit son cœur, le corps seul était jugé et condamnait l’ensemble.

Fanfan avec son œil en moins trompait son monde aisément.

Il n’a jamais souffert ce que moi, avec cette patte raide j’ai pu endurer.

 

Un jour, je me l’étais promis, je la couperai à la hache ! Mais je l’ai conservée et ce que j’ai pu faire de ma vie je crois que je l’ai fait à cause d’elle.

Elle, cette jambe que j’avais fini par considérer comme un boulet qui me retenait prisonnier, non pas en victime, mais en coupable, d’un crime dont j’ignorais la nature.

 

Je t’avoue que j’ai longtemps erré avant de me poser quelque temps sur l’aire complaisante de la foi.

J’ai crié ma colère face à Dieu pour cette injuste punition jusqu’au jour où j’ai compris que Dieu n’y était pour rien, que Dieu n’existe que pour celui qui croit, dans le temps qu’il vit.

 

Il est plus facile de s’y accrocher que de lutter seul.

 

Mathias qui était responsable de l’intendance me fit très tôt comprendre que dans un sens comme dans l’autre la voie hiérarchique passait par lui.

C’est fou ce qu’à vingt ans un uniforme et des galons peuvent endurcir le caractère et donner de l’aplomb même à un timide.

Plus tard, quand nous nous sommes mieux connus, il m’a dit en riant :

-La toque fait souvent le chef, mais pas toujours la bonne cuisine.

C’était un soir, à la maison où il était tenu à composer un repas allemand, avec spätzle choux rouge et jarret de porc.

 

Tu imagines aisément la suite. Trois jours à peine après cette entrevue, les autres ont débarqué chez nous.

-Alors Melchior, on travaille pour les boches maintenant ?

-Mais…J’étais obligé.

-Obligé ? Melchior, tu pouvais aussi bien venir avec nous, non ?

-C’était eux ou le poteau, alors.

-Alors maintenant, Melchior, c’est nous ou le mur !

-Mais…

-Plus de mais. C’est « tu marches ou tu crèves ! » T’es u héros ou un zéro, compris ?

- D’accord, mais quoi ? Qu’est-ce que vous me voulez ?

-Oh, pas un travail de Titan, non, seulement savoir ce qu’ils font, ce qu’ils disent, ce qu’ils transportent, quand is partiront, et puis enfin, où sont leurs archives.

Ils sont arrivés avec un tas d’archives et ça, ça nous intéresse en haut lieu.

C’est Jourdain qui fera la liaison une fois par semaine.

Tâche d’être précis et curieux, quand t’es chez eux.

On est d’accord ?

-Oui, oui, bien sûr, vous pouvez compter sur moi, c’est juré.

 

Je tremblais.

Je crevais de peur.

Je souhaitais les voir partir vite, vite.

Je savais que cela devait arriver un jour ou l’autre, mais aussi vite…

Je me sentais coupable soudain, doublement coupable.

Il ne fallait pas qu’on sache, que personne d’autres qu’eux sachent.

En refermant la porte derrière eux, je tremblais comme une feuille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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5 octobre 2022 3 05 /10 /octobre /2022 07:00

Les sentiers de la gloire (Stanley Kubrick, 1957) - Critique & Analyse

Comme je suis un être désordonné je n’avais pas noté que notre PAX, penché sur son grimoire, avait numéroté ses devoirs de vacances. J’implore donc son absolution, je la préfère à l’extrême-onction, je fais contrition, mea-culpa, mea maxima culpa, quelques  pater et deux ave, je suis donc essoré de ma faute que j’ose qualifier de vénielle.

 

Je remets donc l’église ou le temple ou la mosquée ou la synagogue au milieu du village.

 

Cartooning sans frontières | Fait d'images - le blog de françois forcadell  sur Iconovox.com

« Les devoirs de vacances de Cinépapy – été 2022 - I » Aujourd’hui c’est « Les films qui ont fait polémique » 

 

Avant-propos :

 

La vie d’un « p’tit vernis » n’est pas un long fleuve tranquille. Il ne suffit pas de vivre l’été à Collioure avec, en permanence, des petits coup de tramontane ou autres vents locaux qui  rendent un peu plus supportables les chaleurs qui accablent ce cher et vieux pays et même  toute l’Europe ce qui, avouons-le, n’est pas une consolation.

 

Encore faudrait-il ne pas avoir à s’exiler pour fuir Collioure et sa sinistre autant que grotesque St Vincent du 16 août. Du 13 au 18 août la ville est livrée aux soiffards et fêtards  de tous bords.

 

Encore faudrait-il, dans son exil, faire en sorte d’emporter tout son matériel, chargeur de  portable compris. Encore faudrait-il maitriser les connections internet des lieux d’accueil  comme Les Corbières et le département de l’Aude côté terre « p’tit vernis » peut-être « p’tit  futé » certainement pas.

 

Tout cela pour expliquer pourquoi le patient « Metteur en pages » des fiches de Ciné papy  s’est trouvé en rade et …le bec dans l’eau.

 

Sachant qu’il fallait préparer reprise et rentrée, il ne restait plus à Ciné papy qu’à rédiger  quelques devoirs de vacances grâce à la documentation qu’il ballade avec lui, dès qu’il s’agit  de déplacement de plusieurs jours.

 

En 1885, à Paris, les frères Lumière présente une série de courts métrages soit la première  projection de l’histoire du cinéma alors que pour Louis Lumière, il en s’agissait que d’un  passe-temps amusant.

 

Pendant les deux décennies suivantes ce passe-temps allait se transformer en une industrie prospère constituant la forme principale de divertissement .Les passionnés de technique,  d’idées, d’images et d’invention ont ainsi développé ce qui allait être qualifié de septième art.

 

Il est évident que dans ce foisonnement, la création artistique allait se heurter à l’esprit  bourgeois, conservateur voir réactionnaire d’autant qu’il est dans la nature même de l’art de  bousculer les idées reçues. La manière dont les « impressionnistes » les « fauves »  rencontrèrent leur public en est l’illustration même.

 

C’est ainsi que tout au long de l’histoire du cinéma, certains films firent scandales et/ou  générèrent d’ardentes polémiques.

 

N’attendez pas de Ciné papy qu’il soit exhaustif dans la rédaction de ses fiches. Ce n’est pas  dans sa nature et il n’a pas cette prétention.

Cependant c’est aussi l’illustration de l’avertissement de Ciné papy lors de sa première fiche, qu’en général, il n’est pas utile de se ruer dans les salles pour voir le dernier film dont on  parle. S’il vaut vraiment le coup, il sera toujours d’actualité, sédimentation aidant, dans le  futur.

 

Nous allons cependant donner quelques exemples illustrant cette sentence que l’on trouve  dans « La règle du jeu » 1939 de Jean Renoir : « Ce qui est terrible sur cette terre, c’est que  tout le monde a ses raisons. »

 

En quoi un film peut-il faire polémique ?

 

Dès qu’il exprime des idées apparemment  subversives alors qu’elles n’expriment que la pure réalité que refuse « l’ordre établi » Ainsi, se sentent menacées, l’armée, l’église, les institutions, les associations défendant  l’ordre moral, le monde politique.

 

Au jeu de la paille et de la poutre, choisissons la poutre dans nos yeux de Français bien-pensants. On n’est jamais si mal traité que par soi-même.

 

Les Sentiers de la Gloire - E-Pôle-Art

« Les sentiers de la gloire » * 1957 de Stanley Kubrick

 

Guillaume Evin dans son ouvrage « C’est un scandale » ** - Casa éditions, nous donne le  synopsis suivant :

 

« 1916. La guerre s'est enlisée dans les tranchées. Le Haut commandement français a besoin  d'une grande offensive de prestige, fut elle inutile et suicidaire. Le colonel Dax est chargé de  l'opération, bien qu'il l’a dénonce. L'attaque tourne au massacre. Constatant qu'une partie des  hommes n'ont pas participé à l'assaut, le général Mireau ordonne de faire tirer au canon sur  ses propres troupes. L'officier d'artillerie refuse d'obéir. L'état-major exige un procès pour «  lâcheté devant l'ennemi » avec fusillade exemple. »

 

Basé sur les faits historiques, la France et son armée ne sort pas grandie de cette affaire.  D’autant que c’est une affaire franco-française, des critiques faisant remarquer que durant tout le film on n’aperçoit jamais l’ombre d’un uniforme allemand.

 

Bien sûr, la France qui ne fait qu’une lecture au premier degré, ne voit pas qu’il s’agit avant  tout d’un film anti-guerre. Elle va déployer des trésors de diplomatie pour qu’il ne soit pas  diffusé en Europe. Censuré en France ce film de 1957 ne sera finalement programmé qu’au  printemps 1975. Pensant cette période bon nombre de journalistes ont perdu leur honneur et  leur crédibilité en croyant devoir justifier le boycott du film pour de dérisoires détails comme  les costumes, les largeurs des tranchées ou encore les rituels du peloton d’exécution !

Quelques autres films dénonçant la guerre, l’armée et/ou la violence ayant fait polémiques.

 

- « La Grande Guerre » 1959 de Mario Monicelli

- « La Bataille d’Alger » 1966 de Gillo Pontecorvo

- « La Horde sauvage » 1969 de Sam Peckinpah

- « Les Chiens de paille » 1971 de Sam Peckinpah

- « R.A.S. » 1973 d’Yves Boisset

- « Zéro Dark Thirty » 2012 de Kathryn Bigelow

 

* Le titre est emprunté à un vers d'un poète anglais du XVIIIe siècle, Thomas Gray : « les  sentiers de la gloire ne mènent qu'à la tombe »

 

« La règle du jeu » 1939 de Jean Renoir

 

Toujours de Guillaume Evin le synopsis :

 

«Peinture au vitriol de la haute bourgeoisie de 1939. Double marivaudage dans deux mondes  parallèles, celui des maîtres et celui des domestiques, à la faveur d'une grande fête donnée  dans un château solognot »

 

Il s’agit là d’un des plus grand film de toute l’histoire du cinéma. Il est proche de l’étalon en  la matière « Citizen Kane » 1941 d’Orson Welles. « La Règle du jeu » est un des films  préférés de Ciné papy si ce n’est le préféré. S’il n’a pas encore fait l’objet d’une fiche c’est qui  lui fout la trouille tant il est impressionnant et inspire le respect dû aux chefs-d’œuvre. Mais  cela est une autre histoire.

 

La règle du jeu c’est celle du c’est celle du rôle social, le masque que l’on revêt pour paraître  à défaut d’être.

 

Ce qui importe ici c’est toutes les raisons qui depuis sa sortie où précise Truffaut il fût « le  film le plus haï à sa sortie avant d’accéder au rang de film fétiche ». Pour Renoir c’est son chef d’œuvre absolu. L’accueil du public fut glacial. Il a été honni par la France antisémite. La  France ne s’y retrouvait pas, sauf peut-être, de manière anecdotique dans les chaines de chasses. Il a été amputé d’un quart d’heure pour pouvoir continuer à être exploité en salle.  Mais le film défiguré, quitte l’affiche au bout de trois semaines. Il est interdit à l’étranger qui  ne veut pas que la France soit montrée sous cet aspect. Puis vient ta censure de Vichy puis  celle anti-juif des nazis. Sans être remonté dans sa version originale il est encensé entre 1945  et 1958. Restauré en 1959, lors d’une conférence à Harward Renoir est ovationné. Il notera  dans sa biographie : « Ce qui semblait insultant en 1939 est devenu de la clairvoyance. »

 

« La Grande illusion » 1937, du même Renoir, fut victime de polémiques similaires dues aux  « va-t’en-guerre », aux anciens combattants se trouvant insultés, aux éternels antisémites. Il  est interdit au Japon, en Italie fasciste, en Hongrie et en Autriche. Après-guerre, lors de sa  deuxième sortie on lui reproche de montrer l’histoire d’amour entre Gabin, soldat français et Elsa , jeune paysanne allemande qui le cache, alors qu’on sort tout juste de la Wehrmacht, des  SS et des fours crématoires. Le sang est trop proche raconte-t-on.

 

Il faudra attendre 1958 et sa troisième sortie pour qu’il soit consacré meilleur film français et  l’un des douze meilleurs du monde.

 

Et ainsi de suite.

 

Quelques thèmes à ne pas évoquer pour éviter toute polémique.

 

L’église et/ou la religion

 

La Religieuse de Jacques Rivette (1967) - Unifrance

- « La Religieuse de Diderot » 1966 de Jacques Rivette

- « Théorème »1968 de Pasolini

- « Je vous salue, Marie » 1985 de Jean Luc Godard

- « La dernière tentation du Christ » 1985 de Martin Scorcese

- « Amen » 2002 de Costa-Gavras

- « Grâce à Dieu » 2019 de François Ozon

 

Le sexe

 

 Le dernier Tango à Paris (Ultimo tango a Parigi) de Bernardo Bertolucci -  1972 - Shangols

 

- « Et Dieu…créa la femme » 1956 de Roger Vadim

- « Baby Doll » 1956 d’Elia Kazan

- « Les Amants » 1956 de Louis Malle

- « Lolita » 1962 de Stanley Kubrick

- « Le Dernier Tango à Paris » 1972 de Bernardo Bertolucci

- « Larry Flint » 1996 de Milos Formaan

 

L’Histoire

 

https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/cdee6fdf-8d5a-4572-9c68-12268a436ac5_2.jpg

- « Nuit et brouillard » 1956 d’Alain Resnais

- « Le Chagrin et la Pitié » 1969 de Marcel Ophüls

- « Section spéciale » 1975 de Costa-Gavras

- « Le Pull-over rouge » 1979 de Michel Drach

 

Le CHAGRIN et la PITIE - 1940-1945

 

La Morale

 

- « Le Diable au corps » 1947 de Claude Autant-Lara

- « Le Blé en herbe» 1954 de Claude Autant-Lara

- « La Dolce Vita » 1960 de Federico Fellini

- « Le Souffle au cœur » 1971 de Louis Malle

- « La Maman et la Putain » 1973 de Jean Eustache

 

 LE SOUFFLE AU COEUR (BANDE ANNONCE 1971) de Louis MALLE avec Lea MASSARI  (Murmur Of The Heart) (HERZFLIMMERN) - A LA POURSUITE DU 7EME ART

 

Dans le célèbre dessin de Caran d’Ache relatif à l’Affaire Dreyfus on voit une table familiale  de bonne tenue opposée à la même table devenue foutoir ou chacun castagne l’autre à qui  mieux mieux avec pour légende, pour l’une « Ils n’en parleront pas » et pour l’autre : « Ils  en ont parlé »

 

De même, ici, ils n’avaient qu’à pas faire ce film et on n’en n’aurait pas parlé. Ils l’on fait  permettant à Ciné papy de rédiger un devoir de vacance.

 

** L’ouvrage est à la base de cette fiche. Il présente une sélection de quatre-vingt-trois film « qui ont choqué leur époque » est-il précisé en sous-titre.

pax

 

Livre: C'est un scandale !, Ces films qui ont choqué leur époque de 1915 à  nos jours, Guillaume Evin, Casa, 9782380582574 - Leslibraires.fr

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5 octobre 2022 3 05 /10 /octobre /2022 06:00

Julien Bouvier - Environs de Chambéry

Je ne sais pourquoi ce grand tableau d’une cafetière émaillée, beaucoup de roses sur fond bleu et pourvu de deux ailes d’ange m’avait fortement intrigué.

Martha avait ri :

Je l’ai toujours vu accroché là, plus qu’accroché d’ailleurs, puisque le cadre est vissé au mur.                  

Je te le laisse bien volontiers, il te donnera à réfléchir !

C’était vrai.

Il devait éveiller en moi le désir de savoir pourquoi Melchior avait ainsi peint un objet domestique affublé de deux ails, dominant de sa masse un violon, une guitare et une partition posée sur le sol.

 

 

 

//////////

 

 

 

Martha me proposa un co-voiturage pour rejoindre l’école où nous enseignions tous deux.

 
Nos classes étant voisines, la chose paraissait parfaitement raisonnable.

 

Ce que nous fîmes.

 
Au bout de trois mois, nous étions devenus les meilleurs amis du monde.

Chacun ayant essuyé quelques déceptions aux cours des années passées, nous étions deux quadras sans grandes illusions.

Mais cela, c’est ce que nous laissions paraître. Je crois qu’au fond, nous désirions, sans oser nous l’avouer, tenter une expérience commune un peu plus intime qu’un simple voisinage amical.

Je voulais résister au sentiment qui commençait à me tarauder le cœur et au désir à me troubler l’esprit.

Je comprenais malgré tout, que de son côté, Martha résistât à la même tentation.

 

 

 

//////////

 

 

 

Un jour, seul, inspectant de plus près le fameux tableau à la cafetière, je me rendis compte qu’en fait la toile était recouverte d’un papier calque soigneusement marouflé, ce qui donnait au fond, aux ailes et aux objets, un flou qui passait pour artistique mais qui pour se partie principale masquait grâce à la fameuse cafetière, un mystérieux personnage.

 

L’envie de retirer cette couche qui dissimulait la toile commença à e poursuivre.

De jour en jour, quand mes soirées s’étiraient solitaires, en l’absence de Martha, la question lancinante.

Qu’y avait-il derrière la cafetière bleue ?

Enfin, un jour, n’y tenant plus je me suis mis au travail.

Il ne s’agissait, pour ainsi dire, que d’ôter du papier peint d’une cloison et ça, je savais le faire, aussi bien que d’en coller.

Avec délicatesse, étalant une serviette éponge bien humide sur la surface de la toile, je m’appliquais à décoller cet épais repeint qui la recouvrait.

L’affaire n’était pas simple et je dus me décider à décrocher le tableau pour travailler à l’horizontale.

Il était bien fixé.

Vis après vis, je finis par le retirer du mur.

A ma demi-surprise, je découvris qu’il dissimulait un placard mural dont les deux étagères supportaient quatre cahiers d’écoliers.

Sur la couverture de chacun était écrit : « Pour Martha »

À côté trônait la fameuse et énigmatique cafetière et une boîte à biscuits LU où étaient tassées vingt enveloppes fermées, toutes portant une adresse en Allemagne.

Au bas du placard gisait une quantité de tubes de couleurs et de brosses, de pinceaux et de fusains.

Tout était si bien rangé, qu’il y avait dans cet étalage comme une décision d’un renoncement.

Et j’ai la conviction que cet étrange trésor était le dernier acte de la vie d’un homme qui avait épuisé toutes ses possibilités d’envisager un avenir.

Les contenaient le journal de Melchior. Était-ce de ma part indiscrétion ou désir intuitif de la protéger, que de souhaiter lire ce journal avant de le transmettre à Martha ?

 

Je restais cependant intrigué, par cette cafetière. J’ai mis toute ma dextérité et ma patience à retirer le calque humide sans pour autant en abîmer la peinture.

Et lentement m’est apparu dans toute sa nudité un jeune ado à la beauté un peu trop classique des académies d’hommes de Beaux-Arts.

Il était coiffé d’une casquette à visière de l’armée allemande et sa jambe gauche repliée reposait sur un drapeau nazi.

Après avoir contemplé cette œuvre étrange, je décidai de la recouvrir à nouveau de son cache avant de dévoiler à Martha, le contenu de ma trouvaille.

 

 

 

                                 ///////////

 

 

 

 

Ceci est mon journal…

« Io servico come un povero diavolo e non come un uomo di lettere. »

 

C’est ainsi que commençait le journal de Melchior Seguin et je n’éprouvais aucune gêne à en déchiffrer la fine écriture et à en pénétrer les secrets.

J’avais acquis la maison et j’étais dans l’esprit l’héritier de Melchior.

J’étais celui par qui ses murs allaient revivre.

J’étais le Bernard-l'hermite des lieux et je voulais de toute mon âme, emplir cette coquille abandonnée.

 

Non, pas vraiment abandonnée, laissée selon une volonté bien déterminée, telle qu’un autre puisse s’y introduire et s’y fondre.

Ce journal sans date, sans véritable chronologie, ce long assemblage de mots jetés en vrac sur les pages poreuses  d’un ancien cahier d’écolier était-il la première étape d’un jeu de piste ?

Le vieux Melchior avait-il eu la prémonition d’un héritier ?

Mais d’un héritier étranger à toute cette histoire sans liens affectifs avec sa vie, certainement.

 

Tournant les pages avec méfiance, je sentais naître en moi une réelle complicité.

Je devinais dans cette confidence silencieuse, une connivence telle que bientôt, Melchior prit visage et forme pour moi.

 

« Io servico come un povero diavolo...»

 

Dans cette citation de Montale, je devinais une fausse modestie au fur et à mesure de ma lecture.

Je découvrais l’aveu d’un désir avorté : « Non come un uomo di lettere. »

Melchior avait certainement nourri le désir de réussir dans une voie que les circonstances, la vie, ne lui avaient pas laissé prendre.

 

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4 octobre 2022 2 04 /10 /octobre /2022 07:00

 

C’est l’une des nombreuses exécrations du hallebardier de B&D : « Le sans sulfite ajouté », ça lui donne de l’urticaire, ça le grattouille, il souffre. Plus encore, oser aborder l'homéopathie va provoquer chez lui de l'acné sénile. 

 

Le SOUFRE !

 

Retour en arrière, au temps du soufre naturel ICI  dans les vignes, on sulfatait.

 

L'essentiel du soufre exploité est d'origine sédimentaire. En Sicile, sur le port de Vigàta cher à Andrea Camilleri un de mes auteurs préférés, le commerce du soufre extrait dans l’île est l’une des activités principales. Sa chronique malicieuse menée avec un suspens sans faille conte le complot ourdi par ses concurrents spoliés par lui du plus riche, du plus crapuleux, du plus haï des négociants de Vigàta : Totò Barbabianca. Comme toujours avec Camilleri c’est un bijou écrit dans une langue aux tournures dialectales siciliennes bien rendue par la traduction française. Si vous le souhaitez, vous pourrez  accéder à d’anciennes chroniques avec les liens répertoriés ci-dessous.

 

À Vigàta, comme partout ailleurs en Sicile, les notables passent beaucoup de temps à discuter, à se chamailler, à dire pis que pendre sur les uns et les autres… Le passage que je vous propose est leste, la fable est racontée par le père Imbornone un ecclésiastique paillard et voué aux feux de l’Enfer.  Elle résume de façon crue la situation qu’est en train de vivre Totò Barbabianca le négociant honnis. ICI

 

Encore le soufre mais là il rime avec souffrance : « soufre et eau de mer deux désinfectants qui n’ont pas leur pareil » ICI  

 

Le texte de Guy de Maupassant ouvrait une porte que je me devais de franchir : celle des conditions d’extraction du soufre. Je le fais encore une fois au travers du texte d’Andrea Camilleri car celui-ci se fonde lui aussi sur un témoignage d’époque. Petit rappel à l’attention de tous ceux qui ne se soucient guère de l’exploitation de la main d’œuvre qui perdure allègrement dans les pays dit émergents. Tout ça pour acheter à des prix bodybuildés par un marketing flamboyant des fringues, des godasses de sport, des ordinateurs, des téléphones portables…  La délocalisation permet dans beaucoup de cas  le surprofit pour une petite poignée de gens comme au bon vieux temps des débuts de la Révolution Industrielle. Camilleri est un grand écrivain car il sait en quelques paragraphes mettre à nu des plaies sans pour autant jouer de ce que nos sociétés raffolent : l’émotion…

 

Très NUPES ce texte de 2012 !

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4 octobre 2022 2 04 /10 /octobre /2022 06:00

peinture tableaux Savoie peintre savoyard

Même la réalité s’invente… B. Giraudeau

 

 

1984

 

« Hello, vous, bonjour ! Ça s’est bien passé ?

- Oui, relativement bien.

Mais vous connaissez l’histoire, n’est-ce pas, les débuts sont toujours difficiles.

Nouvelle école, nouveaux collègues, nouveaux élèves !

- Si vous voulez un coup de main pour mettre un peu d’ordre dans la maison, n’hésitez pas.

 

 

 

                                                     //////////

 

 

 

 

C’est une grande ferme à deux corps mitoyens avec pour chacun un escalier en façade, un palier qui fait balcon au premier étage.

Rien n’a bien changé depuis l’origine, sauf peut-être que…

 

Lorsque j’ai eu ce poste à Aix, j’ai aussitôt cherché une maison.

J’ai sans hésiter jeté mon dévolu sur celle-ci que m’avait présentée ma collègue Martha Seguin, une jeune et jolie jeune femme sans histoire.

Elle vendait ce corps de ferme qui en fait, ne faisait qu’un avec celui qu’elle occupait.

Son père y avait vécu.

Elle avait décidé de ne conserver que la part venant de sa mère.

 

J’étais intrigué par cette promiscuité de l’un et l’autre parent, mais elle m’expliqua qu’ils étaient cousins germains et que, bien sûr, leur vie commune n’avait pas été sans quelques rumeurs de gens bien-pensants, du genre  « d’unions consanguines ne naissent qu’idiots ou génies. »

Elle avait ri en précisant que, n’étant pas idiote, elle était forcément un génie.

Bravo Martha !

 

- Et vous Martha cette rentrée ?

Vous avez retrouvé tous vos petits amants du CE2 ?

Elle a ri.

Et son rire tintait comme le cristal d’un verre précieux.

Elle disparaissait à moitié derrière la rambarde du balcon de bois d’où s’épanchait, d’une jardinière, une cascde de géraniums en fleurs.

C’est ainsi que tout a commencé.

Je l’ai observée.

Elle était affairée à enlever les fleurs sèches de cette touffe de pétales rouges et roses.

- Vous verrez, Bruno, vous aurez vite séduit vos CP.

Mais je réitère  si vous avez besoin d’un coup de main, n’hésitez pas.

J’ai essayé de laisser les lieux propres, mais pour ce qui est de l’ensemble, il est évident que la déco est surchargée !

 

 

 

                                                          //////////

 

 

 

J’avais acquis la maison, contenant et contenu, sans avoir fait l’inventaire, séduit tout simplement par l’aspect extérieur de vieille ferme et sa situation au sommet du hameau, avec un petit jardin ombragé par un majestueux pommier.

Des reinettes, les meilleures pour cuire.

Je ne peux pas dire aujourd’hui si le fait d’un voisinage aussi agréable que celui de Martha avait joué dans cette acquisition.

 

 

Martha m’avait parlé de son père. Un spectateur disait-elle, jamais vraiment présent, donnant toujours l’impression d’avoir l’esprit ailleurs.

Il avait fini ses jours seul, dans cette partie de la maison, en peintre du dimanche et plus peut-être.

Il avait encombré les locaux de centaines de toiles qu’il n’avait jamais ni exposées ni vendues.

Elles étaient restées là comme abandonnées, accotées au bas des murs de son atelier qu’il avait installé dans la grande pièce du rez-de-jardin.

 

 

Martha m’avait laissé une dizaine de ces toiles par-dessus le marché et en particulier deux ou trois représentations du Mont Granier qu’il appelait modestement, sa Sainte Victoire. 

Je compris plus tard que cette dénomination avait un sens beaucoup plus profond qu’il n’y paraissait.

C’était, cette vocation tardive de peintre, une victoire sur un passé tourmenté qu’il avait peut-être en partie surmonté grâce à cette dévotion pour la peinture.

J’avais pour ma part, laissé au mur trois Granier de bonnes dimensions, un hiver, un printemps, un été.

Et au-dessus de la porte de l’atelier, un petit tableautin d’un Granier rougeoyant sous un soleil automnal, au couchant.

Et puis il y avait, dans un recoin de l’atelier, qui en tenait tout un pan de mur, un immense tableau grand comme une porte et qui représentait une cafetière émaillée, pourvue de deux ailes.

Je me suis assis devant la grande table de noyer. J’avais l’impression qu’en épiant son large plateau, en gardant le silence, elle sortirait d’elle-même de son mutisme pour me confier l’histoire de cette maison, de ses petits secrets, de ses murs longtemps désertés.

 

 

Immobile et silencieux, je me surpris à respirer en cherchant à le définir cet air renouvelé.

L’acidité atténuée devenait odeur de cendre humide, l’âcreté s’effaçait devant l’effluve résineux qui sourdait des solives.

Je percevais peu les échos de cette vie longtemps tenue au secret qui lentement reprenait ses droits.

J’éprouvais soudain la crainte de tromper cette maison qui mûrissait en silence dans l’attente de son maître et pour laquelle j’étais l’intrus, le curieux.

Je décidais de m’effacer encore dans mon recueillement afin d’apprivoiser ces murs, ces poutres et ces meubles d’un autre temps et d’un autre homme.

Le soleil jouait sur la table, animant tous ses ronds avinés, ses auréoles de chaleur, ses astres noirs nés du cul d’un poêlon brûlant.

 

Elle était telle qu’il l’avait laissée, endossant sans gémir jour après jour, les imprudences, l’indifférence et les négligences de l’homme seul qui partageait diots et polenta avec des compagnons de passage, des amis peintres aussi à leurs heures et qui savaient, à l’ombre du Granier, se laisser tenter par le gouleyant vin d’Apremont.

 

 

Dehors, le long du balcon, amorçant une tonnelle, une glycine emmêlée de bignone filtrait la lumière.

L’air avait cette douceur des voûtes cisterciennes et le ombres qui s’agitaient mollement sur les dalles du sol renvoyaient leurs vibrations jusqu’à l’intérieur en sobre reflets.

Je me prenais à penser que là était l’antre qui me convenait, la rusticité des pierres dorées, la douceur des vitres embuées d’un temps où seul importait la lumière, sans concession pour la vue troublée par ses imperfections.

Oui, j’avais fait un choix heureux.

J’en avais la conviction.

Et sans effort, je me glissais dans la peau du nouveau maître de cette maison.

 

 

 

 

                                               //////////

 

 

 

 

Il y fait bon rêver, c’est vrai, mais encore ? (Martha me guignait gentiment par la porte entrouverte) ce n’est pas en rêvant que vous allez remettre le navire à flots !

- Je devine que vos saurez sans peine aider le nouveau capitaine !

- Pourquoi pas ? Finalement, je suis aussi étrangère que vous ici.

Mon père et moi, avons vécu des  années à côté de la maison de ma mère.

Il préférait ça.

Et ça ne se commande pas.

Je le soupçonnais de considérer sa part comme un sanctuaire où il avait enfermé un passé douloureux.

Il n’a emménagé ici que sur la fin, quand il s’est jeté dans la peinture.

Alors, sans que je sache pourquoi, il s’est mis à vivre une autre vie.

Moi j’étais devenue grande ou raisonnable, il pouvait donc m’oublier un peu.

 

 

Je vais en profiter disait-il.

Mais profiter de quoi ? En fait, il ne recevait que des amis peintres du dimanche, ou guère plus. 

Et tous les mois, une soirée diots polenta ou tripes… Pour lui c’était le paradis.

Vraiment, il n’était pas allé le chercher bien loin son paradis…

C’était un sage, Martha.

Peut-être avait-il compris que de toute façon il faut un jour cesser de courir après l’utopie.

Peut-être avait-il découvert le paradis derrière cette porte.

Au fait, ne pensez-vous pas que ma présence ici risque de faire un peu jaser les autochtones ?

-Trop tard c’est déjà fait !

Elle se mit à rire.

-Après tout, dis-je, nous sommes faits pour vivre pas mal de temps sous le même toit, non ?

 Nous avons jeté l’ancre côte à côte. 

 Alors pourquoi se poser des questions sur nos voisins ? 

-D’accord avec vous, cher collègue. 

Et son sourire éclairait son visage d’une lumière limpide où se lissaient à la fois la confiance et une certaine ironie.

 

 

 

                                                               //////////

 

 

 

 

 

Je sentais un heureux bien-être m’envahir lentement.

Toute affectation, toute timidité s’avérant soudain inutiles, relation voisin-voisine s’annonçaient toute simple.

 

 

 

 

                                             //////////

 

 

 

 

 

En quinze jours, j’avais investi son antre et j’en avais vraiment fait ma demeure.

Martha y avait largement contribué en m’aidant avec patience et aussi une curiosité où l’étonnement n’était pas loin d’être égal au mien.

-Martha, tu me surprends.

Tu ne connais rien à ces murs et pourtant c’était la maison de ton père ;

Tu le connaissais donc si peu ?

-Qui connaît son père, Bruno ? Autrement que « papa » ? qui sait ce qu’un père a dans la tête quand justement il n’est plus que « papa. »

 

 

Je t’avoue que je le découvre aujourd’hui en même temps que toi.

C’est l’aveu qu’elle me fit quelque temps avant que, poussant mes investigations, je ne découvre le journal de Melchior.

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3 octobre 2022 1 03 /10 /octobre /2022 07:00

Un communiqué de notre ami Lefred-Thouron. | Glougueule

Ce type est exécrable, d’une prétention à la hauteur de sa fatuité, cireur de pompes patenté, pompeur de publicité pour le machin papier glacé de ses patrons, jamais en reste de donner des leçons, aboyeur, adorateur d’Hubert, un convenu, coq de basse-cour juché sur ses richelieu, je garde en garde-manger tous les qualificatifs peu amènes qui pourtant lui vont comme un gant.

 

Mais alors, pourquoi me direz-vous le mettre dans la lumière qu’il recherche désespérément ?

 

Tout bêtement parce que le EN MAGNUM de ses boss B&D tombe régulièrement dans ma messagerie et, comme je suis curieux, c’est l’âge, je jette un coup d’œil sur le sommaire.

 

Celui du 29/09 est un régal.

Le Rin de Rin adore les titres qui ronflent :

 

  • Saint-Émilion, le tunnel et la lumière

 

  • Équipe de France 2023, les fiertés d’un pays

 

  • Et bien sûr sa propre camelote :

 

 

Les mots qui fatiguent ICI 

 

 

Que les petites sangsues qui se goinfrent du désir immodéré de certains ou certaines vigneronnes/vignerons, négociants, coopérateurs… d’acquérir un zeste de notoriété, communicants petits bras touillant des vieilles recettes utilisant un langage éculé, ringard, j’en conviens parfaitement. L’intrusion des influenceuses, ça semble être un nouveau job féminin issue de la mode, pour qui, tu raboules le pognon et je te fais une dégustation aux petits ognons, est le dernier avatar de la pauvreté de l’imagination. Mais si y’a des cons qui désirent jeter leur pognon par les fenêtres, libre à eux…

 

 

Revenons à notre Nicolas qui, en l’occurrence, ne débite pas que des conneries, loin s’en faut, mais qui le fait avec sa misérable hauteur, d’un ton supérieur, suffisant, lui qui, au bilan, n’est guère plus qu’un petit manieur de mots.

 

 

En s’intéressant deux secondes au langage des haut-parleurs du vin (directeurs du marketing, attachés de presse de toutes natures, brand ambassadors, journalistes), on se rend compte que le vignoble est un débutant de la communication. C’est la règle, quand on commence, on reproduit ce qui s’est fait. Mettons qu’il n’y a nul besoin de repartir d’aussi loin en empruntant un langage des plus datés. Le meilleur exemple est l’infernal « cuvée de prestige ». Prestige ? Mais de quoi, de qui ? Ce mot usé jusqu’à la trame en devient transparent, c’est-à-dire invisible, inutile, bientôt laid. Ce n’est pas le seul.

 

 

PODIUM

 


1- « NATURE ». S’emploie toujours avec des guillemets, on voit bien pourquoi. Un vrai modèle de détournement sémantique. Heureusement qu’il y a des vignerons qui n’y croient pas du tout et qui travaillent pour chasser le naturel au galop. Ce qui nous évite le vinaigre, le cul du poney et la pomme blette. Merci à eux.
ADN, dans la phrase : « L’ADN de la maison, c’est le pinot noir (ou le chardonnay, etc.) ». Mais non, mon garçon, l’ADN de ta maison, c’est la marge nette, rien à voir. Un mot pour un autre, la mise en perspective d’univers qui ne se croisent pas, c’est une hérésie. Sauf chez les ampélographes.

 

 

2- IDENTITÉ. Le nouveau mot pour dire étiquette. En général, c’est raté. Les egos conjugués des uns et des autres (on leur a demandé un pur-sang, ils produisent un chameau), le “j’menfoutisme” des studios de création (ça ne changera rien à la facture), le mépris pour ce qui existe (on en voit même qui vire les particules des noms des marques. Pourquoi ? Pour faire peuple ?), tout ceci fait des ravages. Une identité, ça ne se construit pas comme ça, les gars. Il y faut du temps, de la constance, du talent, de l’argent.

 

3- RUCHE. Il arrive que tel domaine convoque la cour et la campagne pour annoncer qu’il a posé trois ruches en bout de rang. On peut aimer le miel tant qu’on veut, la vigne n’est pas une plante mellifère. C’est juste pour dire que les vignes ne sont pas traitées ? Même pas sûr que ce soit une preuve.

 

Le reste est à consulter ICI

 

Conclusion très ryounesque : Il va de soi que j’utilise parfois quelques-uns de ces mots qui fatiguent alignés plus haut. Nonchalance intellectuelle, faiblesse de vocabulaire ? Personne n’est parfait.

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3 octobre 2022 1 03 /10 /octobre /2022 06:00

 

J’ai enfin trouvé comment concilier, sur un blog officiellement consacré au vin, mon goût immodéré pour la lecture et celui, tout aussi immodéré, pour les vins nu : c’est LIVRESSE.

 

Je ne suis pas un modéré !

 

Je m’en explique après vous avoir indiqué pourquoi je rajoute à ma panoplie, déjà si variée, la profession d’éditeur.

 

J’étais à Aix, j’avais épuisé mon stock de livres, alors je suis allé piocher dans les piles de la maison du Grand Port, une maison où il y a, un peu partout, des piles de livres, est une bonne maison.

 

Dans l’une d’elle, coincée au milieu de gros volumes, je repérai une mince reliure noire. Vous connaissez mon goût immodéré pour les petits livres, ceux que je peux glisser dans ses poches pour en faire des compagnons des instants où, en tout lieu, me prend l’irrésistible envie de lire.

 

Blessure  de guerre Gérard Aimonier-Davat

 

Gérard Aimonier-Davat - Babelio

 

Enfoncé dans un fauteuil, les nanas avaient piscine, je l’ai lu d’une seule traite.

 

De Gérard Aimonier-Davat, dans une chronique ICI   à propos de son recueil de nouvelles : Les Galets du Chéran j’écrivais :

 

Je partage cette approche de la nouvelle et, Gérard Aimonier-Davat y excelle y excelle ; la nouvelle de lui que j’ai choisie : le cloppet m’a touché au cœur, j’y ai retrouvé ma part d’enfance, ce vécu dans sa simplicité dépouillée, sans afféteries ni fioritures. De la belle ouvrage, sincère, emprunte de vérité, qui aurait dû être reconnue par un éditeur de notre Paris où tout se joue...

 

Alors, je me suis dit je vais me faire éditeur.

 

En 11 tableaux, comme au temps où les auteurs publiaient dans les journaux, sous forme de feuilletons (1) vous allez à partir de lundi découvrir ce roman que j’ai beaucoup aimé.

 

(1)« Dans une affiche de l’automne 1849 engageant les lecteurs parisiens à s’abonner ou à se réabonner au journal dumasien Le Mois, trône, en majuscules grasses et comme premier argument de vente, Une Nouvelle Troie.

 

Ce roman-feuilleton du « si populaire Dumas[1] » narre les exploits garibaldiens lors des guerres dindépendance sud-américaines, contemporaines du Printemps des peuples européens.

 

Depuis ses premières apparitions sous forme de chroniques puis de fiction, et surtout après l’immense et retentissant succès des Mystères de Paris d’Eugène Sue – publié entre le 19 juin 1842 et le 15 octobre 1843 dans Le Journal des Débats –, le feuilleton, né de la rencontre entre un genre littéraire appelé à devenir dominant et un médium, le journal[2], a investi une grande partie de la presse, politique comme spécialisée. »

 

Je reviens sur mon immodération :

 

33 idées de Semaine presse | dessin de presse, liberté d'expression, presse

 

Prôner la modération c’est vouloir faire de nous des individus éloignés de tous les excès, but certes louable mais qui comporte sa part de risque : celui de l’affadissement de la vie.

 

En effet qu’est-ce donc qu’un « modéré » ?

 

Un individu qui, en permanence, préfère le un tout petit peu, se bride, se contraint, se retient, craint la spontanéité, calcule, arrondi les angles, fuit donc toute forme d’aspérités, compose en permanence, cherche toujours à se situer dans un inatteignable juste milieu, adore par-dessus tout le consensus mou. « Si le sel s’affadit avec quoi le salera-t-on ? »

Pour autant je ne prône pas l’excès, les excès de vitesse, de table, de langage, mais je souhaite que, dans nos sociétés soi-disant encadrées, la porte reste ouverte à l’expérience, à l’apprentissage de la vie, à l’enthousiasme de la jeunesse, aux échappées belles, aux coups de cœurs, aux passions…

 

Peut-on aimer avec modération ?

 

Non !

 

Vivre une passion, amoureuse ou non, être sur son petit nuage, c’est prendre le risque d’en tomber, mais c’est le charme de la vie, ses joies ses peines. Dans notre sphère privée, qui se rétrécit de jour en jour, assumer notre part de risque c’est rester en capacité de choisir sa ligne de vie personnelle. Ce choix individuel ne débouche en rien sur l’individualisme, bien au contraire, avoir main sur sa vie personnelle, la gouverner autant que faire ce peu, reste une bonne école de la citoyenneté.

 

L’excès est privatif de liberté, il débouche sur « la dictature » des purs et durs. La modération nous annihile alors, que faire ?

 

Faut-il comme le clamait Vergniaud, le girondin, à la tribune de la Convention en 1793, « si, sous prétexte de révolution, il faut, pour être patriote, se déclarer le protecteur du meurtre et du brigandage, je suis modéré ! » être un modéré ?

 

Je veux bien le concéder, mais sans grand enthousiasme, pour la bonne cause, face aux ayatollahs de l’hygiénisme et aux prohibitionnistes : « je suis un modéré ! » mais avec beaucoup de modération.

 

photoivresse2.JPG

L’acteur Jean-Luc Bideau

 

« Pourquoi la fête a-t-elle besoin d’alcool ?

Pourquoi l’alcool a-t-il besoin de la fête ?

Quel rôle joue l’alcool dans la société ?

D’où vient son importance dans les mœurs, dans nos vies, dans ma vie ?

Pourquoi marquer les passages, les victoires et les réussites avec de l’alcool ? »

 

L’Ivresse, un champ de bataille (extrait d'Ivresse page 23)

 

« Depuis l’industrialisation, la consommation de boissons alcoolisées est la cible de violentes controverses. Ces affrontements mettent en lumière les conceptions morales des protagonistes par rapport au fonctionnement de la société. Derrière les mots et les images de l’ivresse affleurent les représentations sociales et les fins économiques.

 

Les discours répressifs expriment le plus souvent une tentative de civiliser les buveurs, de discipliner la grande masse des amateurs de bières industrielles, d’infâmes schnaps, de petits vins pépères ou de gros rouges qui tachent. L’histoire des mouvements de tempérance est relativement facile à raconter. Il est bien plus difficile en revanche de relier ces discours à la réalité quotidienne, d’en mesurer les conséquences au plan individuel. On sait que la consommation d’alcool a chuté d manière constante et régulière durant tout le XXe siècle. Mais que sait-on de l’ivresse ? Comment la mesurer, d’ailleurs ? Étalonner l’ivresse est une gageure ; boire est toujours un acte solitaire. Même dans l’instant convivial et amical du « boire ensemble », il y a asymétrie entre les partenaires. Ils ne partagent pas la même expérience gustative, ils n’ont pas les mêmes références, ils n’ont pas le même plaisir. Le plaisir de l’ivresse constitue un aspect essentiel de la consommation de boissons fermentées, en même temps que son élément subversif. La cuite qui insulte le moraliste, est un affront pour l’esthète qui nie son existence. La répression de l’ivresse est telle que ce plaisir ne se communique plus, ou alors très indirectement. Il se dérobe au parler officiel, fuit la lumière du jour. La cuite, depuis de nombreuses années, emprunte les voies souterraines. »

 

 

 

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2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 07:00

François Pinault simple scieur de planches aime le bois dont on fait les  fûts du Clos de Tart. - Le blog de JACQUES BERTHOMEAU

Dans ma mémoire, avant même l’art contemporain puis les grands vins, François Pinault c’est d’abord la Chapelle Darblay. Homme du bois, la forêt c’est la Ministère de l’Agriculture, le 28 juin, 1988 à la faveur d'une augmentation de capital de 250 millions à 300 millions de francs, M. François Pinault, PDG du groupe du même nom, est devenu l'actionnaire majoritaire de la Franco-Canadienne de papiers, la holding de la Chapelle-Darblay. M. Pinault détient désormais un peu moins de 85% du capital, la filiale du Crédit lyonnais Clinvest en possédant 15%. Cascades n'est plus en possession que d'une part résiduelle du capital, de l'ordre de 100000 F. "Sous l'égide de la Franco-Canadienne de papiers, le redressement de la Chapelle-Darblay se poursuit dans le cadre du plan de reprise qui se déroule conformément aux objectifs ", indiquait mardi un communiqué de la direction.

 

A Chapelle Darblay, le vénérable fabricant de papier journal craint pour  son avenir | Les Echos

 

De Pinault à Frérot, la rocambolesque saga de la Chapelle Darblay

 

En rachetant la papeterie Chapelle Darblay pour la revendre immédiatement au groupe Veolia présidé par Antoine Frerot, la Métropole de Rouen écrit un nouveau chapitre de la saga mouvementée de cette usine née dans l’entre-deux guerres. Une histoire émaillée de conflits sociaux mémorables et d’interventionnisme d’Etat dans laquelle on retrouve les noms de Laurent Fabius, d’Alain Madelin, de feu Roland Leroy mais aussi de François Pinault qui doit à la « Chap Pap » une partie de sa fortune. Retour arrière. ICI 

 

30 octobre 2017

François Pinault simple scieur de planches aime le bois dont on fait les fûts du Clos de Tart. ICI 

 

Bouchard Pere et Fils, joyaux des vins de Bourgogne.

 

Un certain petit monde du vin s’esbaudit, les plumes n’y vont pas avec le dos de la cuillère en mettant en commun leurs domaines viticoles les familles Pinault et Henriot, propriétaires respectivement d’Artémis Domaines et de Maisons & Domaines Henriot, donnent naissance à un nouveau géant du vin.

 

À noter que, dans les faits, le nouvel ensemble, qui conserve le nom d’Artémis Domaines, est majoritairement détenu par la famille Pinault aux côtés de laquelle les familles propriétaires de Maisons & Domaines Henriot sont actionnaires minoritaires.

 

Ce rapprochement donne naissance à un ensemble unique dans le monde des vins d’exception.

 

Cette nouvelle entité, qui conserve le nom d’Artémis Domaines, est majoritairement détenue par la famille Pinault aux côtés de laquelle les familles propriétaires de Maisons & Domaines Henriot sont actionnaires minoritaires.

 

Les promoteurs de ce mariage sont plus modestes ils soulignent que  ce rapprochement donne naissance à un ensemble unique dans le monde des vins d’exception.

 

Créé en 1993 à la suite de l’acquisition de Château Latour, Artémis Domaines regroupe des vignobles d’exception, dont trois appellations en monopole sur les cinq que compte le territoire français. Réparties entre Bordeaux, la Bourgogne, les Côtes du Rhône, la Champagne et la Californie, les six propriétés d’Artémis Domaines allient la recherche permanente de l’excellence et le respect de l’environnement. La quasi-totalité d’entre elles sont certifiées en agriculture biologique et cultivent leurs parcelles en suivant les principes de la biodynamie et de l’agroforesterie.

 

Château Latour

Domaine d’Eugénie

Château-Grillet

Eisele Vineyard

Clos de Tart

Champagne Jacquesson

 

Artémis Domaines ARTEMIS DOMAINES, SA À CONSEIL D'ADMINISTRATION est active depuis 01/01/1955. Chiffres clés

 

Chiffre d'affaires

NC

-

Résultat Net

7.8 M€

2016

Trésorerie

5 M€

2016

Profitabilité

NC

 

On ne peut pas dire que la famille Pinault nous abreuve de chiffres récents.

 

Maisons & Domaines Henriot fédère aujourd’hui quatre Maisons emblématiques de leurs terroirs : Champagne Henriot (1808), Bouchard Père & Fils (1731), William Fèvre (1959) et Beaux Frères (1986). Chacune incarne la culture familiale et terrienne de ses fondateurs.

 

C’est une société par actions simplifiée, au capital social de 1 008 000,00 €, dont le siège social est situé au 65 rue d’Anjou, 75008Paris. Son effectif est compris entre 20 et 49 salariés. Sur l'année 2020 elle réalise un chiffre d'affaires de 27 271 700,00€.

 

Dans la réalité la famille Pinault poursuit sa moisson des vieux bijoux de famille de la France profonde des vignes, elle ne prend guère de risques, c’est une opération patrimoniale et non l’érection d’un grand groupe français du vin ayant vocation à dynamiser le secteur. Comme le souligne Frédéric Engerer, directeur général d’Artémis Domaines « Le rapprochement des propriétés de Maisons & Domaines Henriot et d’Artémis Domaines est une formidable opportunité pour rassembler sous une même bannière des trésors de notre patrimoine viticole. C’est la garantie qu’un groupe français assurera dans la durée la préservation de tels joyaux et poursuivra la quête de l’excellence qui a marqué leur prestigieuse histoire. »

 

 

Gilles de Larouzière Henriot, PDG de Maisons & Domaines Henriot, déclare : « Pour les propriétés de notre groupe familial, cette alliance est pleine de promesses. Avec Artémis Domaines, nous partageons un attachement profond pour le patrimoine viticole exceptionnel de la France et l’ambition de mettre pleinement en valeur l’ensemble incomparable que nous constituons par la réunion de nos domaines. Cette opération a vocation à s’inscrire sur plusieurs générations, à l’image du temps long qui fait les grands vins. »

 

Cocorico !

 

Cette opération est effective au 30 septembre 2022.

 

Jacques Dupont évoque lui le mariage de l’année

 

Bouchard, c'est le fleuron de la Bourgogne. Non pas que les vins y soient meilleurs que chez le voisin : la Bourgogne dispose de plusieurs, voire de nombreuses, grandes maisons qui marient les deux métiers : négociants et propriétaires. Latour, Chanson, Drouhin, Jadot, Bichot, désormais aussi Boisset et ses filiales qui, après avoir longtemps figuré en queue de peloton coté qualité, propose des vins de grande qualité. On en oublie. Mais Bouchard père et fils, c'est autre chose, une autre dimension, un patrimoine dont il est presque impossible de faire l'inventaire. Une des plus anciennes maisons de la Côte-d'Or, fondée en 1731, qui s'est beaucoup agrandie au lendemain de la Révolution en rachetant des Biens nationaux. Ce fut le cas, par exemple, de la célèbre « Vigne de l'Enfant Jésus », acquise en 1791, 3,92 ha dans le premier cru beaune grèves.

 

Pas moins de 12 grands crus ICI

 

Collection PINAULT, quand l'architecture rencontre l'art contemporain. -  Iandé

 

François Pinault, le parrain de l’art contemporain

 

Businessman ou collectionneur ?

 

Le milliardaire, propriétaire de la maison de vente aux enchères Christie’s et de près de 3.000 œuvres, allie savamment les deux. Son dernier temple : la Bourse du commerce, à Paris.

 

Le décor est féerique. Deux cloîtres d’un monastère bénédictin posé sur la lagune. La chanteuse Courtney Love, l’actrice Isabelle Huppert, la veuve du Shah d’Iran et tout le gotha de l’art ont traversé le Grand Canal de Venise pour rejoindre l’île San Giorgio Maggiore. Ce soir de mai 2017, tel un doge, François Pinault reçoit 1.500 VIP pour un dîner somptueux. Avec sa femme Maryvonne, le mécène pose tout sourire aux côtés de l’artiste Damien Hirst, dont le show démesuré éclipse totalement la Biennale. Jusqu’en décembre, les deux « musées » de Pinault ont mis en scène son trésor imaginaire, prétendument remonté des eaux : un colosse sans tête de 18 mètres de haut a envahi le hall du Palazzo Grassi, tandis que le bâtiment de la Pointe de la Douane exhibe de pseudo-artefacts antiques recouverts de corail multicolore. Dans ce barnum à mi-chemin entre le Louvre et le film Pirates des Caraïbes, toutes les œuvres sont à vendre. Hirst a assuré depuis avoir déjà récolté 270 millions d’euros. Info ou intox ? Peu importe, Pinault jubile et réconcilie ses deux passions, l’art et le business.

Le mécène et ses artistes

N'est pas mécène qui veut. François Pinault est avant tout un homme d'affaires : l'heureux propriétaire du groupe de luxe Kering qui possède, entre autres, les maisons Gucci, Saint Laurent et Balenciaga. Si sa fortune est estimée à 56 milliards de dollars (environ 47 milliards d'euros), sa collection d'art, débutée il y a plus de cinquante ans, est tout aussi vertigineuse –avec ses quelque 10.000 œuvres, elle est l'une des plus importantes au monde. Elle est aussi résolument tournée vers l'art contemporain: la plus vieille œuvre acquise par François Pinault date de 1960. ICI 

 

LE POINT DE VUE BOURGUIGNON (lire les commentaires)

Le domaine Bouchard Père et Fils désormais sous la houlette de la famille Pinault ICI

La famille Pinault et la famille Henriot, notamment propriétaire du domaine beaunois Bouchard Père et Fils, ont donné naissance ce vendredi à une nouvelle entité rassemblant leurs domaines respectifs. Un nouvel ensemble qui sera piloté par la famille du milliardaire français François Pinault.

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2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 06:40

"Cut it out" : Illustration de l’artiste italien Marco Melgrati.

L’équipe iranienne masculine de football pendant l’hymne national, lors du match contre le Sénégal, à Vienne, le 27 septembre 2022.

Une parka noire, sans drapeau ni signes distinctifs. Si les joueurs de l’équipe nationale de football d’Iran ont choisi de rester couverts, mardi 27 septembre, pendant les hymnes précédant la rencontre entre leur pays et le Sénégal, organisée dans la banlieue de Vienne, la météo automnale autrichienne n’était pas à incriminer.

 

Les coéquipiers de Sardar Azmoun, star du football iranien, ont masqué leur maillot national, en protestation contre le régime de leur pays, alors que les manifestations suite à la mort de Mahsa Amini, interpellée par la police des mœurs pour ne pas avoir « correctement » porté le voile, se poursuivent malgré la répression. Au moins 76 personnes ont été tuées en une dizaine de jours, selon l’ONG Iran Human Rights

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This cartoon is from 1982Image

Au péage d’une autoroute à …48 voies. Chine

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hibou des marais photographié au Canada par Jean-Simon Bégin !

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L’automne dans les forêts du Vermont. États-Unis.

Époustouflant.

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Street art. Une rue de Paris.

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