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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 09:43

Le 10 février avec « le sens de la formule choc que vous me connaissez » (ça enfle mais je me soigne) je commettais une chronique La position du tireur couché : cibles mouvantes et proposition décoiffante ! link au terme de laquelle, comme annoncé dans le titre, je déclinais la proposition suivante :

 

Ma proposition pour faire avancer les choses est simple : que nous nous retrouvions en Beaujolais dans quelque temps pour une journée de travail et de convivialité, un samedi par exemple, pour concrétiser notre plate-forme qui permettrait à un réseau de fonctionner et d’agir. Chacun y viendrait par ses propres moyens et moi je verrais avec mes amis du Beaujolais comment nous accueillir.

 

À ma grande surprise, je reçus des réponses positives. Fort bien mais eu égard à mes capacités d’organisateur limitées et le peu de temps dont je dispose j’ai laissé le temps filer. Bref, plutôt que de me mettre sur le dos un zinzin soumis aux aléas des uns et des autres : sous-entendu le Berthomeau y se décarcasse mais se retrouve en tête à tête avec le dernier carré de ses fidèles, je me suis dit Et si  nous profitions de la BEAUJOLOISE le lundi 11 avril pour nous retrouver ?

 

Qu’en pensez-vous lectrices et lecteurs ?

 

Dite-le moi par retour du courrier afin que je puisse voir avec les organisateurs comment nous pourrions trouver un petit carré pour bavasser !

 

Merci par avance de vos réponses enthousiastes et rapides.

 

Ci-dessous le programme de la :

 

DEGUSTATION BEAUJOLOISE LE 11 AVRIL 2011 EN BEAUJOLAIS

beaujoloise_2011_site_2.png

 

beaujoloise 2011 site listing

 

beaujoloise_2011_site_acces.png

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 00:09

Les sceptiques devaient m’attendre au virage : depuis que j’avais lancé l’idée d’une dégustation ludique avec Myriam Huet à l’Annexe link un silence radio pesait sur mon espace de liberté. Et pourtant dans le secret de la correspondance électronique un beau paquet de lecteurs se déclarait partant. Restait à concrétiser, à lancer une date, un horaire qui conviennent au plus grand nombre. Il me fallait choisir. Ce que je fis : ce serait le mercredi 9 mars à 19 heures pétantes. Je relançais donc les candidats potentiels. Les réponses au début arrivèrent au compte-gouttes et puis ce fut l’accélération : 25 personnes se déclaraient partantes. Dans ma petite tête je me disais qu’il y aurait des défections de dernière minute. Que nenni, à une exception près compensée par un candidat de dernière minute, je conservais tout mon petit monde.

 

Ils arrivaient tous avant l’heure dite et en profitaient pour découvrir le lieu. Dix femmes et quinze hommes, des couples, des groupes d’amis, des collègues du Ministère, une majorité de jeunes et pour moi beaucoup de visages inconnus. Myriam Huet, très concentrée, s’inquiétait un peu auprès de moi du nombre qui dépassait largement celui des groupes qu’elle anime habituellement mais je la sentais en train de prendre la mesure de cette situation nouvelle. Nous disposions les « apprentis dégustateurs » en demi-cercle. Derrière sa petite table ronde « haut perché », Myriam, telle une athlète sur sa piste d’élan, appréciait ses marques. Votre serviteur se fendait d’un petit mot de bienvenue, remerciait Corinne Richard-Saier d’avoir accepté de nous recevoir et donnait la parole à celle par qui la bonne parole allait venir.

formation_-_chef_d-orchestre.jpg

 

Comme me l’a écrit un participant « J’avais souvent entendu parler de Myriam Huet mais je ne l’avais vu en chair et en vin » et ce fut, souligne un autre, « finalement un plaisir toujours recommencé qu'une dégustation de (bons) vins expliqués par un orateur de talent. On se prend à regretter que ça ne dure pas plus longtemps, que le Tour de France soit trop réduit. Mais Myriam HUET est un modèle de didactisme et de simplicité : j'ai eu l'impression de tout comprendre et de retrouver en nez et en bouche ce qu'elle venait de nous expliquer... » L’enthousiasme était au rendez-vous ce que traduit bien l’une des participantes « De la vivacité dans le propos mais avec une rondeur subtile, traces d'années de maturations fructueuses. Pas un copeau de langue de bois ; une langue qu'on avait d'ailleurs voulu nous réduire à 4 étapes de saveurs ordonnées dans l'espace. Et, oh joie, nous découvrîmes avec ivresse que toute honte pouvait être bue de ne pas répondre au standard du bien déglutir. »  

 MYRIAM MODELE

Et Dieu que l’exercice proposé à Myriam Huet s’avérait périlleux car elle se retrouvait face à un groupe dont elle ignorait tout et qui, manifestement était composé à la fois de purs néophytes, d’amateurs débutants et de quelques dégustateurs plus chevronnés. Se mettre à la portée des premiers tout en intéressant les seconds et en étonnant les derniers tel fut l’extrême simplicité de Myriam. Que du talent fondé sur une solide expérience et un sens aigu de l’art oratoire. Comme le confie l’un des jeunes participants « J’ai beaucoup aimé le côté « tout le monde sent des choses différentes », et le fait d'insister sur l'influence du contexte et de l'opinion des voisins sur sa propre appréciation du vin... Car c'est vraiment quelque chose qui se vérifie presque à chaque gorgée de vin ! ». Myriam Huet touche au plus juste, domine si bien son sujet qu’elle permet aux néophytes de se sentir à l’aise, d’entrer de plain-pied dans le monde que l’on dit mystérieux du vin. Ceux-ci ont « apprécié le côté accessible de l'exposé, l'emploi d'un vocabulaire simple et compréhensible, loin des formes pompeuses qui font parfois peur à ceux qui font à peine la différence entre cépage et appellation. »

 

Quelques impressions de participants en vrac.

 

« Quelques intéressantes nouveautés (pour moi) concernant les explications sur les réactions des tanins avec les protéines de la salive (sensation de râpeux) ainsi que sur l'historique de la prise en compte de la maturation phénolique.

Quant aux produits, la typicité des 3 premiers (sauvignon, chardonnay, pinot noir) permettait de faire une bonne révision et mon manque de discernement sur la reconnaissance du haut-médoc m'a ramené à la nécessité de rester humble et de pratiquer régulièrement l'art de déguster entre amis. »

 

« Bien que possédant 1 certaine expérience dans le domaine de la dégustation, j'en apprends toujours et cette soirée fut instructive.

Je salue également l'idée de notre animatrice d'avoir proposé quelques bons fromages en accompagnement. »

 

« Dans un superbe local,  Madame Huet a su trouver les mots justes pour nous guider durant cette dégustation, démontrant brillamment que le bon vin et le plaisir ne sont pas affaire d'étiquette. »

 

« Ce qui m'a, je pense, le plus ravi, c'est de voir vos collègues du Ministère de l'Agriculture, qui étaient juste à côté de nous, réussir à identifier sans trop de mal les 3 premiers vins, mais se planter assez royalement en insistant sur le « ça ce n'est pas Bordeaux, ah non ! » du Médoc de fin... Comme quoi le vin invite toujours à une certaine forme de modestie ! »

 

Myriam sait à merveille « dire le vin », avec pertinence, de l’humour, un soupçon de légèreté teinté d’une pointe d’impertinence, elle n’a pas sa langue dans sa poche et ses mots touchent car elle va droit à l’essentiel. Ce fut donc, de l’avis général, un très bon moment et personne n’a vu le temps passer si ce n’est pour regretter que ça ne dure pas plus longtemps. Le seul bémol est lié à l’organisateur, moi en l’occurrence, qui en assemblant tout ce petit monde n’avait pas prévu, juste avant que Myriam n’officie, de permettre aux participants de se présenter pour mieux faire connaissance. Autant pour moi mais, à ma décharge, j’étais tellement concentré sur le bon déroulement de l’exercice que je n’y ai même pas songé. Je ferai mieux la prochaine fois si l’expérience se renouvelle. C’est le vœu de l’ensemble des participants mais n’oublions pas que Myriam, au terme d’une journée de travail, nous a accordé une belle heure et demie de son temps. Qu’elle en soit vivement remerciée. Elle fut applaudie chaleureusement. Le lieu a séduit, certains y reviendront pour leurs emplettes, Myriam nous a emballé, ce fut donc une très belle soirée avec, j’allais l’oublier, de très beaux plateaux de fromages pour accompagner la dégustation.

 

Certains vont me faire remarquer que j’aurais pu suivre le fil de la dégustation, rapporter en détail les propos de Myriam, narrer les réactions des dégustateurs, vous parler des 4 vins présentés, en un mot jouer au petit reporter. Si je ne l’ai pas fait c’est que, « malgré mon immense talent de plume » – ben oui, on n’est jamais si bien servi que par soi-même –, il m’eut été impossible de restituer la couleur et la saveur de cette belle dégustation. Si j’étais doué pour le maniement des nouveaux joujoux électroniques c’est une vidéo que j’aurais du tourner de la soirée pour la poster sur Dalymotion. Encore une fois je ferai mieux la prochaine fois. Enfin, au risque de paraître aux yeux des grands collecteurs de CVO l’insupportable mouche du coche, ma minuscule initiative démontre à l’évidence qu’avec peu de moyens mais une écoute de l’attente des « consommateurs de base », ceux qui veulent savoir sans pour autant se prendre la tête, il est très simple d’atteindre un objectif vital pour le secteur du vin : assurer la transmission et en cela étendre le domaine du vin.

 

Grand merci à Corinne Richard-Saier pour son hospitalité.

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 00:09

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Reconnaissez que 16 pages consacrées aux « nouveaux jouisseurs » dans le premier numéro d’un nouveau magazine avec un nom à rallonge Grand Seigneur by Technikart ça vaut la peine que le petit chroniqueur « dégustateur imposteur » que je suis s’y arrête. Le rédachef, Olivier Malnuit, dans son édito, énonce tout ce que ce new-magazine ne sera pas : « vous ne trouverez pas les poncifs habituels du journalisme culinaire », pas de recettes ou de bonnes adresses... pour nous affirmer, à propos du vin, « qu’on peut l’aimer sans en faire un sport savant » Fort bien me dis-je puisque ce Grand Seigneur se dit « un magazine qui ne se refuse rien » je vais le lire en appliquant le même principe.

 

Le chapeau de l’article sur les fadas du vin, signé par l’omniprésent Olivier Malnuit, assisté par Chloé Clor, Laure Michel, Sonia Desprez et Barbara Israël commence mal lorsqu’il qualifie The Wine Advocate du Bob Parker de « bible des œnologues du monde entier ». Désolé mais un œnologue c’est un gus ou une femme qui fait du vin, les lecteurs de Parker sont des oenophiles ou des amateurs ou de simples buveurs. Pas grave me rétorquer-t-on ! Ouais, ouais, passons aux dits fadas : pour les sieurs Didier Porte, Laurent Lèguevaque ( voir chronique link), Jay McInerney ou Gary Vaynerchuk (que j’ai vu officier en direct à la journée Web2.0 en fin d’année) sans contestation l’appellation leur va bien au teint. Pour Olivier Magny c’est moins évident : il se vit comme un mec qui ne chalute que dans l’exceptionnel « Paris Wine Bar Ô Château » c’est l’antidote des « petits trucs » servi dans un « petit verre dégeu » avec de la « charcuterie pourrie » dans un petit bar. C’est l’antichambre des châteaux – moi je préfère le château tout court – même si c’est « 260 mètres carrés dédiés à la dégustation, avec des caves du 17 e siècle où Louis XV faisait entreposer les vins de la cour » Très prout-prout ma chère même si le Magny ne dit pas que des conneries loin s’en faut. Reste la seule femme du lot, notre très sérieuse Marie-Christine Tarby-Maire présidente de Vin et Société qu’il me semble osé de classer dans les fadas du vin. Mais l’important c’est qu’elle fut là pour apporter sa modération. J’oubliais « les faiseurs de vin à domicile » de www.crushpadwine.fr avec disent-ils un « vignoble en colocation » soit en vieux français « achat de raisins » pour vinification. Pas très révolutionnaire mais éminemment lucratif (7 à 9000 euros pour faire son vin) et puis en terminant je signale à Chloé Clor assisté de Victor Eugène que Margot dégrafait son corsage mais que Margaux c’est une appellation. Je suis chiant mais bon un peu de rigueur journalistique ne nuit jamais.

 

Dans un vin une pointe d’acidité ne nuit jamais, ça l’empêche d’être mou alors j’espère que mes minuscules piques permettront à Olivier Malnuit et sa petite bande d’agitateurs de tendance de ne pas réinventer de nouveaux codes tout aussi chiants que les précédents. Pour leur prouver mon incommensurable légèreté je vais ici proposer un pot-pourri de fadas pour que mes chers lecteurs s’aventurent sur leurs lignes et les dégustent comme ils en ont envie. Avant de passer à l’exercice je conseille à ces très chers de tenter de sauter l’anneau du périphérique et d’aller, comme il m’arrive de le faire, poser leurs baskets dans la poussière de nos chers terroirs pour y rencontrer des gens tout à fait étonnant, des gens qui décoiffent tout autant que les surfeurs de tendance. Si vous avez besoin de noms je me tiens à votre disposition : va y avoir les primeurs 2010 à Bordeaux vous ne serez pas dépaysé ça se passe dans les châteaux.

 

Didier Porte (le co-viré avec Guillon de France-Inter qui classe un viognier « Cote-du-Forez en Languedoc-Roussillon et n’achète plus de vin à moins de 10 euros depuis des années)

Q : à quand remonte votre passion des vins ?

R : J’ai toujours bu du vin ? Adolescent, je vivais dans la Loire dans un patelin qui s’appelle Montbrisson. Les paysans et les jeunes buvaient du pinard. J’ai commencé par le gros rouge, alors que mes parents n’en buvaient pas. Ils n’y connaissaient rien. Et puis, j’ai commencé à m’intéresser aux grands vins en vieillissant, en même temps que j’ai pris goût à aller au restaurant. J’avais plus de 30 ans quand j’ai commencé à apprécier les vins. C’est une initiation qui dure des années. Maintenant, il y a des petits jeunes qui s’intéressent au pinard très tôt et deviennent sommelier à 24 ans. Mais ça m’épate toujours. Il faut vraiment du temps pour forger son goût. »

 

Olivier Magny www.o-chateau.com

À propos des vignerons « J’adore échanger avec eux, c’est des vrais mecs, des bonhommes, des machins quoi. C’est pas comme les sommeliers et les cavistes qui donnent envie de se tirer une balle, tellement ils ont le melon... »

Son projet « L’idée, c’était de faire un truc un peu original pour parler de terroirs et de cépages à des gens qui n’y connaissent rien. Parce que le monde du vin, tout le monde prétend être différent et convivial, mais quand on les écoute on n’a pas envie de se marrer. »

 

Cougar Town, saison 2 sur Orange Ciné Happy

« Aux jeunes filles qui ne veulent pas salir leur chemisier et sirotent un moelleux devant un poisson basse calorie, le blanc ? Aux cougars qui s’envoient les copains de leur fils dans la cuisine, le rouge ? Voilà une nouvelle étude scientifique qui va peut-être mettre tout le monde d’accord. Selon les chercheurs du Brigham and Women’s Hospital de Boston, les femmes qui ont le plus de chance de garder la ligne après 40 ans, sont celles qui boivent régulièrement mais avec modération (soit deux verres par jour) du vin rouge ou du vin blanc. »

 

Lloyd Cole (l’ex-chanteur culte des Commotions)

Q : vous êtes plutôt vins de Bourgogne ou vins de Bordeaux ?

R : Lorsque j’étais plus jeune, je préférais nettement les Bourgogne et, plus je vieillis, plus les Bordeaux me parlent... »

 

Marie-Christine Tarby-Maire :

Q : Vous voudriez que le CSA autorise la dégustation de vin sur les plateaux de télévision ?

R : Evidemment. Et je ne vois pas au nom de quoi on nous en empêche. La dégustation c’est ce qui a porté la compétition entre les vins, l’amélioration de la qualité, ce n’est pas une incitation à l’abus. La loi interdit de montrer des gens en train de boire, mais boire et déguster sont deux choses différentes, ça n’a rien à voir. Ça nous paraît injuste et totalement délirant qu’on n’est pas la possibilité d’exposer le vin et tout ce qu’il a d’exceptionnel dans les médias comme la TV. Aujourd’hui, on ne peut pas se passer de télévision. »

 

Jay McInerney écrivain étasunien « Bright Lights, Big City » 1984 Journal d’un oiseau de nuit et tout récemment La belle vie

Q : Est-ce que ça a changé votre rapport à l’alcool ? (sa découverte du vin)

R : J’ai toujours été hédoniste. Le vin possède ce plaisir hédoniste associé à toute boisson alcoolisée et je ne l’aimerais pas sans cela. Mais ça va beaucoup plus loin : j’aime les histoires qu’il raconte. Dans le temps, je buvais beaucoup de vodka. On alternait cocaïne, vodka, cocaïne, vodka etc. Le vin a aussi été une façon de contrôler mon hédonisme, en m’apprenant à modérer ma consommation d’alcool. Et puis j’ai découvert avec lui que chaque saveur peut être associée à une autre. Et j’ai également commencé à m’intéresser à la cuisine. »

 

Bien évidemment, Grand Seigneur by Technikart, ne se réduit pas à notre jaja alors si vous souhaitez consulter son Sommaire allez sur www.technikart.com Pour l’anecdote j’ai acheté le premier numéro parce qu’en ce moment j’ai le nez dans la bidoche et que les petits cochons de Technikart prenant le contre-pied des petits cons d’Inroks, suite au livre de Jonathan Safran Foer « Faut-il manger les animaux ? » on consacré 10 pages à la « Culture Bidoche »  avec une couverture un peu plus affriolante que celle du concurrent.

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 00:09

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Dans son éditorial du numéro de mars de la RVF Denis Saverot emporté par son élan de défenseur du vin français – je n’ose écrire de tous les vins français – établi un lien de causalité entre la chute de la consommation du vin en France et l’explosion de la vente des tranquillisants dans notre pays.

 

Sa charge contre les autorités sanitaires est lourde : après la mise en avant de l’affaire du Médiator il balance sa bombe à fragmentation « ce petit monde y trouve son compte. Les labos s’enrichissent tandis que nos gouvernants s’offrent la paix sociale en plaçant les citoyens sous tutelle chimique subventionnée. Les antidépresseurs, Ben Ali et Moubarak auraient du y songer pour leurs administrés. » Manque bien sûr le plus fou de la bande : Kadhafi mais bon libre à Denis Saverot de verser dans l’air du temps.

 

Mon combat sur ce terrain étant fort ancien pour preuve une lettre ouverte au directeur de l’ANPAA du 6 juillet 2006 « Des Mots plutôt que des Maux » link et une « Lettre ouverte à ceux qui nous terrorisent » link du 21 mars 2009 (voir biblio de mes chroniques sur ce sujet en bas de page),  je me sens donc très à l’aise pour affirmer que cette virulence extrême et ce type d’allusion au combat de peuples qui ont versé leur sang pour la liberté nuit à notre cause.

 

Mais comme Denis Saverot avec son gros marteau veut vraiment river le clou aux Diafoirus modernes il établit un lien de cause à effet entre la lutte contre l’alcoolisme, la chute de la consommation de vin et l’explosion de celle des tranquillisants. Je le cite :

« Officiellement, il s’agit de lutte contre l’alcoolisme. Le résultat, c’est l’explosion des ventes d’anxiolytiques et d’antidépresseurs, dont notre pays est devenu le premier client européen. »

« Depuis 1960, la consommation de vin a été divisée par plus de deux dans notre pays. Or, au cours de la même période, les ventes de tranquillisants ont bondi de zéro à plus de 60 millions de boîtes par an. C’est un fait, la France officielle a tourné le dos à son vin, le plus subtil, le plus civilisé des anxiolytiques, celui que le monde entier nous envie, pour gorger son peuple d’antidépresseurs. Avec quel succès ! Plus, ils en ingurgitent, plus nos concitoyens sombrent dans la morosité et le pessimisme, comme l’a souligné un récent sondage international. »

 

Mais de quel vin parlez-vous Denis Saverot ?

Celui de Roland Barthes dans Mythologies (1957) cette boisson totem qui se chiffrait en millions d’hl ou les vôtres, ceux qu’à juste titre vous défendez, qui se comptent en bouteilles ?

Ce passage du singulier au pluriel est capital car cette consommation dont vous regrettez la chute vertigineuse cachait d’énormes disparités : de très gros buveurs de Vin de Consommation Courante, des ouvriers, des marins-pêcheurs, des mineurs, des travailleurs de force qui gonflaient le chiffre de la consommation moyenne per capita et les buveurs réguliers ou occasionnels dont la dose journalière restait modeste. L’alcoolisme se nichait là Denis Saverot et le combat d’un Mendès-France député de Louviers en Normandie, raillé (Mendès lolo : distribution de lait dans les écoles), était légitime. Je suis natif de la Vendée, classée à l’époque de ma jeunesse second département alcoolisé de France après le Calvados et je puis témoigner du nombre impressionnant de mes compatriotes qui allaient régulièrement se faire désintoxiquer à la Grimaudière (aux fous disait-on en ce temps où le langage ne prenait guère de précaution).

 

Bien sûr tout ça est fort loin Denis Saverot mais le slogan de la RVF et de beaucoup « boire moins mais boire mieux », auquel je souscris bien évidemment, est tout autant responsable de cette chute vertigineuse que la loi Evin qui n’est intervenue qu’à la fin des années 80. De plus ayant mis en bouteille des millions de cols de Vin de Table à la SVF (voir photo en bas de la chronique), sous des marques dont vous vous moquiez, je sais d’expérience que tout a été fait pour que ces vins, pas tous exécrables, soient décrédibilisés, dépourvus de tout et qu’il a fallu attendre l’irruption des vins de cépages (accolés aux vins de pays) pour qu’ils retrouvent des couleurs et des clients. Que je sache la conversion de la RVF à ces vins roturiers qui soutiennent la consommation volumique est fort récente et votre capacité à mettre en avant les vins de coopératives s’apparente au ralliement des ouvriers de la vingt-cinquième heure. Entendez-moi bien, Denis Saverot, je ne vous reproche pas de défendre et de promouvoir l’excellence, mais simplement d’appeler en renfort de votre démonstration le gros des vins roturiers qui soutiennent la consommation nationale. Je ne vais pas vous mettre sous le nez les statistiques du prix moyen en GD des vins pour amener beaucoup plus d'eau à mon moulin.

 

Mon combat constant contre les prohibitionnistes de toute obédience me permet aussi de contester le lien que vous faites entre la chute de la consommation de vin et l’explosion de l’absorption de tranquillisants. Que ça vous plaise ou non, Denis Saverot, les causes de cette surconsommation sont de même nature que celles qui poussent nos compatriotes à boire avec excès, y compris du vin. Je ne vais pas avoir l’outrecuidance de vous rappeler que ces causes sont multiples : médicales, économiques, sociales, sociétales : stress, solitude, monoparentalité, modèles de consommation radicaux... etc. Que les prescripteurs de médicaments aient failli à leur mission je suis le premier à le reconnaître mais n’écartez pas d’un revers de main la forte demande des patients qui s’exercent sur eux : le Médiator a été prescrit comme coupe-faim car l’obsession de la ligne est aussi un fait de société. Que la consommation de vin soit un facteur de sociabilité ce n’est pas à celui qui a tenté, dans l’indifférence de la RVF, d’initier l’Amicale du Bien Vivre, que vous allez faire un dessin.

 

A trop vouloir prouver Denis Saverot le risque est grand de prendre un beau râteau dans la tronche, d’alimenter le camp d’en face qui s’appuie, comme le disait avec morgue le Pr Got sur une majorité de nos concitoyens. Certes ça fait plaisir à une partie de vos lecteurs, ça les confortent, eux qui ne boivent, que dis-je, ne dégustent, que des hauts nectars, dans leurs idées reçues. Ce type d’affrontement est vain et inutile car c’est celui des extrêmes qui ne débouche que sur de l’incompréhension et de l’immobilisme. Au risque d’être taxé de provocation j’affirme que ces dernières années le vin, les gens du vin, ont marqué des points dans l’opinion publique et qu’il suffirait pour transformer l’essai - les politiques sont des élus et ils sont fort sensibles au poids des bulletins de vote - de laisser au camp d’en face des arguments éculés du même type que ceux qu'ils utilisent pour nous discréditer. 

 

Ne rien céder sur l’essentiel, se mettre en capacité de peser efficacement dans les temps électifs, utiliser une argumentation précise et sereine, montrer ce que nous sommes vraiment, expliquer à nos concitoyens consommateurs la contribution essentielle des hommes et des femmes du vin (de tous, plébéiens ou aristocrates) à la vie de nos territoires ruraux, cesser de manier des chiffres globaux qui ne leurs parlent pas, ne pas mélanger le buiseness et la défense du bien commun, voilà ce que nous devons faire ensemble pour que les clichés maniés par les communicateurs d’en face laissent la place à des messages s’inscrivant dans la réalité de la consommation des boissons alcoolisées dans notre pays. Les postures ne mènent à rien sauf à se faire plaisir entre convaincus.

 

J’ai bien conscience, Denis Saverot, qu’en commettant ce billet je ne contribue guère à relever ma cote, je n’ose écrire ma note, auprès la RVF mais, vous qui citez Goethe en chute de votre édito, permettez-moi à mon tour de m’adossez à Beaumarchais « Sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur. »

 

En espérant qu’au nom de ce vin qui « réjouit le cœur de l’homme » vous accueillerez mes remarques impertinentes avec toute la légèreté qui sied au grand amateur que vous êtes et je vous prie d’agréer les salutations d’un contributeur constant et assidu à l'extension du domaine du vin

 

 

Jacques Berthomeau

 

 

Bibliographie : la Croix d’or, le père fondateur Sully Ledermann, ANPAA, Pr GOT et Sandrine Blanchard du Monde

 

- La Croix d’or le 26 novembre 2005 link

   

- Sully Ledermann le 11 octobre 2006 link 

 

- L’ANPAA harcèle les veuves 11 janvier 2008  link

- Dérèglements de Comptes 14 janvier 2008 link

- Une petite bordée de questions à nos amis de l’ANPAA 21 novembre 2008 link

- L’édito de l’ANPAA : à quel jeu joue-t-on ? 2 avril 2009, link

- Les dirigeants de l’ANPAA vus de profil 11 juin 2009 link

- Matricule 17044 au rapport : l’argent de l’ANPAA est aussi le vôtre 30 octobre 2009 link

- La Cour d’Appel de Paris passe une dégelée à l’ANPAA 6000 euros dans le buffet et des attendus meurtriers 3 mai 2010  link 

 

- La stratégie du go du Dr Got 31 mars 2008 link

- 3 questions à Claude Got 9 juillet 2008  link

 

- La complaisante Sandrine Blanchard du MONDE, « Le vin est un alcool, donc cancérigène», est-elle le double féminin de Gérard Blanchard ? 16 avril 2009 link

- Crédibilité zéro Sandrine Blanchard échotière de la vie moderne taille des costars au duo Coffe-Pitte le 16 mars 2010 link

- Fac à vin Sandrine Blanchard du Monde doit vraiment boire l’eau des nouilles le 16 avril 2010 link

  - Sandrine Blanchard du Monde organise une vente privée de vins et de champagnes du 6 au 12 décembre 2010 le 7 décembre 2010 link 

 

- Le dernier verre du Dr Olivier Ameisen un témoignage qui dérange  3 novembre 2008 link

 

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 02:00

Depuis mon départ du bureau de Poste comme une impression d’être suivi par un type en costume de lin marron coiffé d’un chapeau de paille. Ce qui avait attiré mon attention ce sont ses mocassins blancs qu’il portait pied-nus. À plusieurs carrefours, alors que je m’immobilisais avant de traverser, dans les glaces des vitrines le reflet de ces deux taches blanches captaient mon regard. Me suivait-il vraiment ? Il fallait que j’en aie le cœur net. Après tout ce pouvait n’être qu’un simple détrousseur de touristes qui avait repéré mon manège avec la postière et par l’odeur de mes dollars alléchés. Ma vieille expérience des filatures allait me permettre de lever très vite mes doutes. Surtout ne pas lui faire sentir que je l’avais repéré, je gardais mon rythme de marche mais je prêtais maintenant, comme un bon touriste, un grand intérêt aux échoppes d’artisans. Très vite j’acquérais la certitude que l’homme aux mocassins blancs n’était pas seul, ce qui commençait à m’inquiéter. Était-ce une bande de malfrats, des flics ou des barbouzes de l’armée, rien ne me permettait de choisir entre ces trois options. Dans tous les cas de figure l’urgence c’était de leur fausser compagnie. Mon principal handicap par rapport à eux, quels qu’ils fussent, étaient ma totale méconnaissance de la topographie. Il me fallait donc au plus vite quitter la rue et trouver un lieu où je pourrais facilement repérer l’arrivée de mes poursuivants tout en me laissant la possibilité de leur fausser compagnie sans qu’ils s’en aperçoivent. La quadrature du cercle certes mais envisageable si je trouvais une salle de cinéma ou une église. Des églises il y en avait à tous les coins de rue mais, sitôt ma stratégie de fuite déterminée, alors que je longeais le Parque Italia sur l’avenue Pedro Montt, l’entrée d’un cinéma permanent me tendait les bras.

 

En prenant mon billet je riais sous cape car mes poursuivants allaient hésiter un instant sur la conduite à tenir, se concerter donc me laisser le temps de repérer les lieux. Deux thèses allaient s’affronter chez eux : celle des routiniers qui seraient partisans de m’attendre pénardement à la sortie et celle des suspicieux qui jugeraient plus sage de continuer la surveillance à l’intérieur. Le débat aurait lieu car les premiers objecteraient que de me suivre c’était prendre le risque de se faire repérer car à cette heure-ci de la journée la salle serait sûrement presque vide alors que les seconds répliqueraient que mon entrée dans cette salle obscure cadrait assez mal avec l’emploi du temps d’un touriste normalement constitué et qu’il valait mieux ne pas me lâcher d’une semelle. La salle étant pourvue d’un bacon j’empruntai l’escalier qui le desservait. Comme je l’avais supposé l’accès à la cabine du projectionniste passait par la même voie. Au lieu de pousser la porte du balcon je continuai mon escalade jusqu’à un petit palier d’où j’entendais derrière un lourd rideau rouge grésiller l’arc électrique du projecteur. J’écartais avec précaution les pans du rideau. Il régnait dans la cabine une chaleur intense. Le projectionniste, un type sans âge, en maillot de corps, assis à califourchon sur une chaise, somnolait. Il me fallait agir vite mais sans l’effrayer. Je m’approchais de lui. Il sursautait, sortait de son demi-sommeil, se redressait en me contemplant d’un air surpris puis inquiet. Je plaçais mon index sur mes lèvres. De la salle montait des coups de feu. Le projectionniste s’épongeait le front avec un grand mouchoir à carreaux. J’esquissais un sourire et allait droit au but « Y-a-t-il une autre issue que cet escalier ? » lui demandais-je en lui tendant un billet de 100$. L’homme opinait du chef en pointant son index vers le plafond d’où une échelle métallique pendait de la gueule d’une trappe à demie-ouverte. « C’est l’issue de secours qui débouche sur toit. Ensuite vous pourrez prendre l’escalier de service. Faites vite car je ne pourrai cacher à vos poursuivants que vous êtes passé par là, vous comprenez... » a97b4a5ddb49748d5e50f9d4f3c15760.jpg

En cinq minutes je me retrouvais sur Chacabuco d’où je gagnais la cathédrale toute proche. Il me fallait réfléchir en toute tranquillité à la manière dont j’allais m’exfiltrer de ce traquenard. Je m’embusquai dans l’ombre du transept abritant les confessionnaux. Quelques bigotes y attendaient leur tour.  Ma montre indiquait 19 heures. Nul office ne semblait programmé donc la cathédrale allait fermer ses portes dans une petite poignée d’heures. La porte d’un des confessionnaux s’ouvrait et un jeune prêtre en surplis et étole violette en sortait pour se diriger vers ce qui devait être la sacristie. En prenant une allée parallèle je le suivais à distance. Qu’allais-je faire ? Méthode forte ou vol discret ? J’optais pour la seconde solution car je souhaitais laisser le moins de trace possible derrière moi. Dérober une soutane discrètement valait mieux qu’estourbir un type pour se l’approprier. Encore fallait-il que celui-ci ne me découvre pas. Je poussais la porte. Elle débouchait sur un long couloir percé de portes. De l’une d’elle émanait une lumière jaunasse. Le prêtre devait être en train de se défaire de ses ornements. Je me réfugiai dans la pièce la plus proche et attendis. Par bonheur le prêtre était chaussé de brodequins cloutés et j’entendis ses pas sonores dans le couloir puis très vite une porte claquer. La suite fut un jeu d’enfant. Je trouvai dans une vaste penderie une soutane à ma taille et un col dur. Avant de ressortir de la pièce je décidai d’emprunter aussi un bréviaire. Il ne fallait pas que je traîne car à tout moment un autre prêtre pouvait survenir. Je parcourais le même chemin que le jeune prêtre et découvrais une porte donnant sans doute sur la rue. Elle était munie d’un système d’ouverture intérieure. Je l’actionnais et me retrouvais dehors. Un coup d’œil circulaire pour m’assurer que la voie était libre et d’un pas élastique je remontais la rue Arturo Edwards jusqu’à l’avenue Errãzuriz où je prenais un bus. Je n’avais pas encore réfléchi au mode de locomotion que j’allais emprunter pour regagner Santiago sauf que j’excluais de reprendre le train. Tout comme la cathédrale le bus me semblait un refuge sûr. Je m’asseyais sur un strapontin et me plongeais dans la lecture de mon bréviaire.  

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 00:09

468_1000.jpg« L’humoriste est un homme de bonne mauvaise humeur » Isabelle von Allmen dites ZOUC, humoriste suisse, était le calque parfait de ce trait acéré de Jules Renard qui lui était tout sauf marrant. Cet imparfait accolé à Zouc réveille en vous, du moins ceux qui l’ont connue, le souvenir de son épaisse silhouette enveloppée dans une éternelle robe noire, de ses chausses noires elles aussi, de sa bouille de concierge avec sa raie au milieu et ses cheveux tirés, de ses yeux en perpétuel mouvement, de ses mimiques bougonnes, de son économie de mots. Jean-Michel Ribes estime que « Dès 1970, Zouc […] a inventé une nouvelle façon de faire rire, aux antipodes de la blague et de la vanne ». Elle occupait le haut de l’affiche puis plus rien, le trou noir. Cela fait près de quinze ans qu'on n'a pas revue Zouc. Pourquoi ?

 

« Et pour cause... depuis une opération d'une tumeur au sternum en 1997, à l'hôpital Marie-Lannelongue au Plessis-Robinson, durant laquelle elle a contracté une maladie nosocomiale (un staphylocoque doré multi-résistant), Zouc a connu le pire. Six interventions auraient été nécessaires pour la débarrasser de l'infection en question, révèle le site de l'Express.fr. C'est à cause de cette maladie nosocomiale, que le regretté Guillaume Depardieu s'est senti contraint e se faire couper la jambe, tant il souffrait... Sauvée de justesse par le professeur Mamoudy, à l'hôpital de la Croix-Saint-Simon à Paris, Zouc se verra affublée d'une insuffisance respiratoire à vie, l'obligeant à rester branchée en permanence à un respirateur artificiel. » Le compagnon d'Isabelle, Michel Rauch, ne cache pas son amertume. « L'équipe de l'hôpital Marie-Lannelongue n'a pas pris les bonnes décisions quand l'infection s'est déclarée, estime-t-il. Jugez un peu: l'état de Zouc est celui d'un soldat de la guerre de 14 qui aurait reçu un éclat d'obus en pleine poitrine. »

 

Sauvée mais handicapée à vie. « La nuit sous assistance respiratoire, le jour sous morphine, physiquement très diminuée, elle réapprend à vivre lentement » pour celle qui fut une très grand humoriste (Molière du meilleur spectacle comique en 1988) pour l’aider à vivre je vous propose de la revoir sur scène.

 

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 00:09

hiramatsu-portraitJ’avoue qu’il ne m’est pas facile ce matin de trouver les mots justes pour m’adresser à vous, frères japonais, frappés par les éléments et l’orgueil de l’Homme, vous qui êtes dans le malheur, l’angoisse et, pour les plus touchés d’entre vous par le dénuement. Tout d’abord, permettez-moi de m’incliner devant la dépouille mortelle de vos disparus, tous ces êtres chers emportés par la fureur de notre Terre. Je salue aussi avec respect votre grande dignité, votre extrême courage et votre vaillance face à l’étendue du désastre qui vous terrasse.

 

À Paris, comme dans nos vignobles ou nos territoires, je croise souvent ceux d’entre vous, passionnés, amoureux de notre pays qui, bien plus que beaucoup d’entre nous, connaissent et apprécient tout notre patrimoine gastronomique et culturel. Ces liens que nous avons su tisser entre nous, avec patience, attention, en respectant votre réserve, votre extrême politesse, votre culture, nous font un devoir d’être à vos côtés dans votre terrible épreuve. Nous le sommes, et de partout, jaillissent des initiatives, de réels désirs de traduire nos mots de compassion, notre empathie, par des actes à la hauteur de la chaleur de nos sentiments.

 

Le Japon est un grand pays, il se relèvera, nous n’en doutons pas, en mobilisant toutes ses énergies, toutes ses forces, tout son génie. Notre mobilisation à son côté, à vos côtés frères japonais, relève profondément de cette Fraternité que nous proclamons sur le fronton de notre République. Dans ce monde mondialisé le lointain nous est si proche et tous ces liens tissés au fil des dernières décennies, qu’ils soient commerciaux, culturels, sociaux, nous nous devons de les resserer dans ces temps d’absolue difficulté.

 

L’un de vos compatriotes, le grand chef de cuisine, francophile convaincu, Hiroyuki Hiramatsu, à la tête d'un groupe qui fait la part belle à la cuisine française, constatait qu’«  Il y a plus de passion au Japon pour la cuisine et le vin français qu’on en trouve en France. Les japonais sont maintenant très cultivés et informés de tout ce qui touche à la cuisine française et quand la nourriture est bonne, ils sont très enthousiastes. Les samedis et les dimanches, ils peuvent attendre deux ou trois heures pour obtenir une table ! Même ma mère attendra volontiers une heure et demi ». Alors, si vous me permettez ce raccourci, j’ose écrire que « vous êtes plus Français que les Français et que c’est à nous maintenant de faire, dans le respect de vos souhaits, le chemin inverse ».

 

Vous êtes trop pudiques pour nous le dire mais nos agitations nationales, nos postures, notre opportunisme, ne doivent pas vous faire accroire que votre malheur nous sert de prétexte pour raviver nos chamailleries. L’urgence c’est vous. Chez nous il sera toujours temps pour nos élites dirigeantes, nos grands corps techniques d’experts, de se mettre à la portée du peuple que l’on dit souverain. Le nucléaire est une chose trop importante pour ne la laisser qu’entre les mains des industriels du secteur. L’acceptation du risque par les citoyens passe par autre chose que de la communication formatée et fermée. Ce type d’autisme ne nourrit que les peurs, les intérêts des lobbies et des groupes d’activistes. Donnez-nous la parole et, contrairement à vous décideurs, nous vous la rendront.  

 

Pardonnez-moi cette digression, chers amis japonais, mais j’estimais que nous vous devions la plus grande clarté sur la nature de nos sentiments à votre égard. Nous sommes à votre disposition en tant citoyens du monde. Mon petit espace de liberté est là pour relayer, susciter, amplifier, et pourquoi pas aussi coordonner, dans la mesure de mes possibilités, l’élan de sympathie qui se lève dans la sphère des femmes et des hommes du vin français. Nos fameux réseaux sociaux se doivent de s’activer, de faire ! Et surtout, je ne manquerai pas de raviver nos énergies lorsque l’actualité s’éloignera quelques peu de vos décombres, de votre pays ravagé. Il n’y a pas, face au malheur, de grand et de petit pays, vous tendre la main, amis japonais, ce n’est pas la détourner du chaos de nos frères haïtiens.

 

Difficile aussi, au terme de cette chronique, de trouver la formule de politesse qui dépasse la pure convenance pour exprimer la force et la réalité de nos sentiments. Alors, reprenant le courageux député de Denain Patrick Roy permettez-moi, amis japonais, de vous dire « Nous vous aimons ».

 

Jacques Berthomeau

 

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 00:09

Derrière la maison familiale du Bourg-Pailler, passé le potager puis l’aire où se faisait les battages, en pente douce des herbages, où naissaient des petits rosés – des champignons bien sûr pas les grands nectars défendus becs et ongles par les Provençaux contre les hordes de barbares libéraux – descendaient vers la rivière : l’Auzance. En face, ce n’était plus La Mothe-Achard mais Saint-Georges de Pointindoux la commune où mon père, mon grand frère et ma grande sœur étaient nés au lieu-dit la Célinière métairie propriété du vicomte de la Lézardière.* Donc, sur l’autre rive, accessible par une simple planche jetée au-dessus du petit bras paresseux, c’était les Essais, un gros lieu-dit dont les habitants, du fait de sa proximité avec le bourg de la Mothe-Achard, se vivaient plus comme des mothais –vivre dans un bourg était plus chic – que comme des ploucs de Pointindoux.

 

Je suis donc né au bord d’un fleuve, certes petit mais, n’en déplaise aux rieurs, l’Auzance se jette dans l’Atlantique à l’estuaire la Gachère située sur la commune de Brem-sur-Mer. Même que le Conseil Général voudrait y ériger, à Vairé, un barrage pour palier une éventuelle pénurie d’eau « En 2025, il faudra pouvoir distribuer chaque année en Vendée près de 45 millions de mètres cubes d’eau potable, soit près de dix millions de plus qu’aujourd’hui. Les économies d’eau permettant de réduire d’1/3 la consommation supplémentaire. Les ressources du département sont tout juste suffisantes actuellement sur certains secteurs. L’eau pourrait en effet venir à manquer sur le littoral, dans le nord ouest du département en cas de sécheresse hivernale suivie d’un été chaud » assure le porteur du projet de  barrage sur l’Auzance en Vendée, Vendée Eau. Bien sûr les associations de défense de l’environnement sont vent debout contre. Mais comme mon propos de ce matin est plus mélancolique je ne vais pas mettre mon nez dans ce dossier.  091013153309527_23_001_apx_470_.jpg

La Gachère donc, est le point d’accroche d’une vaste zone humide, un marais environnant un affluent de mon Auzance : la Vertonne, qui s’étend jusqu’à l’Île d’Olonne et se dénomme donc le Marais d’Olonne. À la maison, le marais à la Gachère était synonyme de braconnage nocturne. En effet, l'anguille est un prédateur et un charognard qui se nourrit principalement la nuit (elle n'aime pas la lumière) et utilise pour cela son odorat, très développé. Comme toujours le braconnage est une survivance de pratiques anciennes : l’anguille, sous toutes ses formes : des civelles aux anguilles argentées, longtemps considérée comme « nuisible », a fait l'objet d'une pêche populaire. Je n’ai jamais pratiqué, je ne suis pas pêcheur réservant ma prédation à d’autres territoires. Moi, ce qui m’étonnait, ignorant que j’étais du destin sans retour de l’anguille, c’était l’expression « y avoir anguille sous roche » car des roches, à la Gachère y’en avait point.

 

Du côté, de la fourberie supposée de l’anguille, je vous livre la réponse de Pierre Guiraud, lexicographe contemporain, dans « Les locutions françaises », le sens de tromperie cachée viendrait du lien établi plus ou moins consciemment ou d'un jeu de mots entre l'anguille et les deux formes de l'ancien verbe « guiller ».

Le premier, venu du hollandais et signifiant normalement « fermenter » (à propos de la bière), avait aussi le sens de « éviter le combat, se faufiler », un peu comme l'anguille qui tente de s'échapper lorsque quelqu'un cherche à l'attraper (mais n'est-ce pas le cas de tout animal non domestique ?).

Le second « guiller » vient du francique « wigila » (ruse, astuce) et signifiait tromper, d'où également la dénomination de Guillaume pour suggérer la tromperie.

Enfin, l'anguille était souvent assimilée à un serpent, animal fourbe s'il en est (comme preuve absolument incontestable, il suffit de se rappeler du « Aie confiance ! » de Kaa dans le dessin animé « Le livre de la jungle »).

Voilà donc suffisamment d'ingrédients pour que notre pauvre anguille qui ne demandait rien à personne devienne ainsi le symbole de la perfidie, la tromperie, la fourberie.

 

Plus intéressant encore, c’est que l'anguille classée comme poisson d'eau douce, elle y passe en effet la plus grande part de sa vie, va migrer dans l’Océan. Tout le mystère de son voyage vers la mer des Sargasses qui est une histoire extraordinaire. En effet, lorsqu’elle atteint sa maturité sexuelle, entre 8 et 17 ans, l'anguille va subir une transformation préalable à sa migration : elle devient argenté, prend une tête plus fine avec des yeux qui grossissent. Quelques temps avant le grand départ elle fait en sorte de se constituer le stock de graisse qui lui sera utile pour son voyage qui peut durer 3 ans. De ce long et périlleux périple vers la mer des Sargasses elle ne reviendra car l’anguille meurt sitôt le frai passé. Et pourtant la vie se transmet et ses larves (de 7mm au moment de s'engager sur le retour) retrouveront les eaux où leurs géniteurs ont vécu. La civelle contre vents et marées fera ce long chemin du retour sur la terre de ses ancêtres en se jouant des obstacles humains : barrages, digues). Force au-dessus du commun que cette anguille injustement taxée d’une perfidie dont sont richement dotés les hommes qui la pêchent puis la mangent.

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Ha les grillades d’anguilles de la guinguette de la Gachère après la fin des battages ! Une fête avec l’oncle Antoine garagiste à Brétignolles et la tante Lily, des brassées de sarments qui rougeoient très vite, des anguilles pas trop charnues, filiformes, jetées sur le grill, monte la fumée bleue comme celle des paquets de Gitanes, grésillement, l’odeur particulière de l’anguille qui n’est pas celle du poisson grillée, pouvoir manger avec ses doigts, croquer dans la chair blanche ferme mais savoureuse, goût charbonné, et un petit coup de vin de Brem dans un verre Duralex pour se rincer la bouche. Ce n’est pas faire injure à nos amis vignerons du pays de Brem que d’écrire ici qu’en ce temps-là leurs vins avaient de la verdeur et jouaient à merveille leur rôle d’excitants des papilles. Depuis ces années de culotte courte beaucoup d’eau de l’Auzance a filé dans l’Atlantique et toute une génération de vignerons se sont employés à porter haut les couleurs du Fief de Brem devenu récemment comme ses cousins une AOC. Tel est le cas, à Vairé, du Domaine ALOHA  Le Petit Poiré, 85150 Vairé  06 31 29 55 05 www.domaine-aloha.com. Ça fait une éternité que je ne suis retourné du côté de la Gachère sans doute je n’y retrouverais mes repères et je serais déçu.  3381333anguille-jpg.jpg

Nom scientifique : Anguilla anguilla

Famille : Anguillidés

Autres noms : Sili, Franche, Morgain, Margagne, Mourguin, Ressort

Anglais : Eel - Espagnol :Anguila  - Allemand :  Aal

Poids maximum : 6-9 kg (moy. 250 g à 1 kg)

Taille maximale : 1 m

Durée de vie : jusqu'à 25 ans

Période de frai : Mer des Sargasses

Ponte : 800 000 à 1 500 000 env. par Kg

 

* http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_La_L%C3%A9zardi%C3%A8re

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 00:09

soie_mouche_mf01.jpgLe vieil adage « on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre » semble être une évidence alors que la mouche, à la différence de l’homme, sait distinguer le vin du vinaigre. J’exagère à peine pour l’homme qui, en dépit d’un autre vieil adage « l’habit ne fait pas le moine » est très sensible à l’étiquette d’une bouteille, à sa valeur réelle ou supposée, à sa capacité de projeter dans l’entourage par son acquisition une image valorisante. L’homme est surtout manipulable par la flatterie.

« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.

Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !

Sans mentir, si votre ramage

Se rapporte à votre plumage,

Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »

 

Alors « comme c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe » nos marqueteurs flanqués de communicants ne font qu’utiliser les vieilles recettes, en les badigeonnant parfois de mots plus tendance, avec une approche plus people, pour appâter le client. Rien de très nouveau donc, mais reste qu’il me semble toujours intéressant de porter à votre connaissance ce qui me passe sous le nez. Je le fais sans commentaire car ce n’est pas au petit chroniqueur que je suis de porter un regard critique sur l’art et la manière de vendre mais au consommateur de le faire. Libre à lui d’apprécier, en fonction de ses critères personnels, ce qui est mis en avant pour le convaincre, le séduire.

 

Le court extrait qui suit est tiré d’un texte signé Corinne Vilder « La saga Pommery » publié dans le n° avril/mai de Régal.

 

« Résister à la lumière, à l’aventure du champagne Pommery, Yannick Alléno n’a même pas essayé : « Cette maison fabuleuse m’a permis d’aller au fond des choses. » Depuis deux ans, le chef étoilé des cuisines du Meurice retrouve régulièrement toute l’équipe de la célèbre maison. Ils ont composé ensemble la cuvée Blue Time. « J’aime travailler avec les meilleurs. S’impliquer dans un assemblage fait mieux connaître les choses... donc progresser ! Ce n’est pas « mon » champagne, mais cette collaboration est passionnante », confie le séduisant cuisinier.

 

 

Ce reportage est suivi d’une dégustation au Meurice de 4 des cuvées de Pommery dont le Blue Time en accord avec un dessert du chef pâtissier Camille Lesecq. La sommelière Estelle Touzet et Yannick Alléno « ambassadeur de la haute gastronomie française » mettent avec lui en scène les desserts et les bulles.

 

Sur le Blue Time je vous livre le commentaire de dégustation « un nez crémeux avec des notes de vanille, une bouche ronde avec des arômes de chocolat, de café, de fève de Tonka et d’amande qui viennent parfaire ce champagne riche et plus dosé. Les bulles toniques apportent la fraîcheur et la vivacité nécessaires pour se désaltérer sur les jolies textures du dessert (Billes fondantes aux marrons, crème anglaise, baguettes de marron).

 

Enfin pour revenir aux bonnes vieilles méthodes au courrier d'hier matin, dans la rubrique « vive la VPC », j’ai reçu une enveloppe de la maison Bouchard Père&Fils contenant :

 

- la traditionnelle lettre Chère Madame, Chère Monsieur signée Christophe Bouchard

- le non moins traditionnel chèque de réduction de 35€ si je passe ma commande avant le 15 avril (soit 299€ au lieu de 334€ de la caisse bois « à la découverte des grandes appellations de Bourgogne » Gevrey-Chambertin 2008 Rouge, Pommard 1ier Cru 2007 rouge, Chambolle-Musigny 1ier Cru 2008 rouge, Beaune du Château 1ier Cru 2007, rouge, Meursault 2008 blanc, Beaune du Château 1ier Cru 2007 blanc.

- la carte des vins décrivant le contenu de la caisse bois avec en encart la cotation de la maison par Gault Millau, la RVF et Bettane&Desseauve et commentaire qui sont naturellement élogieux car c’est une bonne maison mais ils ne concernent pas spécifiquement les vins présentés.

- la traditionnelle petite enveloppe contenant les étiquettes des 6 vins présentés.

- et bien sûr le bon de commande et son enveloppe affranchie.

 

Pour ceux qui souhaiteraient savoir à qui appartient la maison Bouchard Père&Fils ils peuvent se reporter à une précédente chronique. link 

 

De : tvnarbonne | Créé le : 11 août 2009

 

Pierre MIRAMONT est un pêcheur à la mouche un peu poète et un peu anthropologiste. Papy fait mouche, un film documentaire de Aymeric JONARD et Stéphane KOWALCZYK.

 

Coproduction

SEASONS - SPRINT VIDEO PRODUCTION

 

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 00:09

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Chers lecteurs,

 

Ce reproche, que souvent je me fais à moi-même, que sans doute certains me font sans forcément me le dire, je ne le réfute pas, je l’assume. N’étant détenteur d’aucune part de vérité, n’étant investi d’aucune mission particulière, si j’écris, depuis près de six années, sur cet espace de liberté, une poignée de mots chaque matin, rien qu’un petit conglomérat de phrases, c’est que tout simplement, tout au fond de moi, je suis en colère. Contre moi-même d’abord et surtout, « pourquoi cherches-tu tout le temps à expliquer, à convaincre ? » me dis-je, « boucle-là, laisse tambouriner les gros tambours, tu radotes, l’heure et le temps n’est plus au doute, au questionnement, mais à la communication formatée reprise en boucles, aux éléments de langage délivrés par des bouches autorisées ayant seules l’accès aux haut-parleurs médiatiques » Mes chroniques sont souvent des bondes que je pose sur ma colère. Elles me permettent de la contenir lorsqu’elle est attisée par le regard que je porte sur la France, le monde et sur le bal des faux-culs, des poseurs, des fausses gloires, des je suis connu donc je délivre un message universel pour le plus grand bénéfice de mes lourds investissements.

 

Nulle aigreur dans ma colère, elle est comme une vague d’apparence paisible dont je m’efforce de contenir la force. Nulle envie aussi, j’ai eu et j’ai une très belle vie. J’aime les créateurs de toute obédience, les artistes et les écrivains : j’achète leurs tableaux et leurs livres. J’aime tout court. Je suis d’un orgueil incommensurable. J’ai mis les mains dans le cambouis. Je ne suis pas un enfant de chœur. Je n’ai jamais caché mon ambition. La compétition, la réussite et sa part matérielle ne tiennent aucune place dans ma colère. D’ailleurs, très récemment j’ai écris un papier Bonheur premier et « Prière Rogue » : Gardez-nous la révolte et la primevère ! link que les 100% vin ont du mettre à la poubelle sans même y jeter un regard – c’est leur droit – et que je vous ressers tout en bas de cette chronique sans aucune gène. Impudeur sans doute, exhibitionnisme, mais ça m’évite de dire des gros mots, de me laisser-aller à la froide lame de la méchanceté. Comme je n’ai aucun compte à régler je laisse le soin à ma plume, chaque matin, d’établir avec vous un peu de lien. Se causer, s’écouter, s’entendre (au sens auditif), prendre le temps, vivre ensemble quoi.  

 

Prêchi-prêcha me direz-vous et « vous Berthomeau, écoutez-vous ? Nous écoutez-vous ?» Au risque de surprendre certains, la réponse est oui, même si j’ouvre parfois bien trop ma gueule, oui j’ai passé la plus grande part de ma vie à écouter, et souvent à écouter des insanités sans avoir le droit d’y répondre bille en tête, et je suis frappé dans beaucoup de mes rencontres de notre haute capacité à engager des dialogues de sourds. Chacun est dans son monde, sa tribu, ses convictions, ses tunnels... et le résultat n’est même pas la cacophonie mais un haut niveau de bruit qui semble satisfaire tout le monde ou plus exactement qui permet au plus grand nombre de se réfugier dans le troupeau et de cultiver un pessimisme inoxydable. L’analyse de la nature et le ton des questions d'auditeurs aux « gens qui comptent » est la meilleure symptomatique de cet enfermement. Ils les assènent. Que voulez-vous moi j’aime les fenêtres ouvertes sûr aussi bien le lointain que la cour de mon immeuble. J’adore débattre mais dans un débat ouvert, respectueux de la diversité, qui assume par le langage la dureté des temps sans réécrire ou travestir l’histoire ou cette foutue réalité qui nous colle aux godasses, qui débouche sur du faire, toujours insatisfaisant, réducteur, plutôt que sur des bordées de promesses, de lendemains qui ne chantent jamais.


Je vais en rester là, car j’ai déjà beaucoup trop abusé de votre temps, et je risquerais de m’aventurer sur un terrain que je m’interdis de fouler. Vous êtes tous des citoyens et  je ne vois pas au nom de quoi, en venant chaque matin sur cet espace de liberté, je vous imposerais la lecture de mes convictions personnelles.

 

Un dernier point, sachez que dans la solitude du chroniqueur de fond que je suis, de temps à autre, et contrairement à moi : sans forcément vous étendre, un petit mot déposé en commentaire, en contact ou dans ma boîte e-mail, je l’avoue me fait du bien.

 

Bonne journée et je l’espère à demain sur mes lignes.

 

 

Jacques Berthomeau

 

 

Bonheur premier

 

Il est des jours comme ça où, sans prévenir, du bonheur me tombe dessus, m’inonde, m’envahit, m’emporte en des territoires de haute félicité. Soucieux d’y rester le plus longtemps possible je n’en laisse rien paraître. D’apparence sur mon lisse tout glisse mais tout au fond c’est jour de tempête. Force 4, mon fracas intérieur en vagues successives brise toutes mes chaînes, me délie, donne un goût fort à ma vie. Et pourtant ce soudain bonheur n’est qu’un bonheur simple, celui des petites choses de la vie, des riens, un sourire, une complicité naissante, un accord qui se dessine et je retrouve mon cœur d’enfant. Ce bonheur-là est toujours un bonheur premier, natif, toujours renouvelé, car à ce bonheur-là je ne m’y ferai jamais. Mon petit jardin d’intérieur donne sur une grande maison ouverte, accueillante au bonheur, le mien et celui des autres.

 

Par bonheur le bonheur n’est qu’un état sinon il s’affadirait. Reste qu’en ce moment lorsque je sors du bonheur j’ai honte de mon bonheur. Le siècle où je suis né n’a pas été avare d’horreurs, de monstruosités et de Malheur. Le Nouveau, opulent, flamboyant, sans frontières, voit se côtoyer des « bonheurs indécents » et des « malheurs ordinaires », au plus près de nous comme dans des petits morceaux de notre pays ou en de vastes pans du monde. Je suis donc colère contre mon bonheur. Le seul antidote à ce feu intérieur impuissant : le cri du poète !

 

« Prière Rogue » 

 

« Gardez-nous la révolte, l’éclair, l’accord illusoire, un rire pour le trophée glissé des mains, même l’entier et long fardeau qui succède, dont la difficulté nous mène à une révolte nouvelle. Gardez-nous la primevère et le destin. »

 

René Char 1948 Recherche de la base au sommet

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