Né en 1936,
Chef de service d'anatomie pathologique à l'hôpital Ambroise Paré de Boulogne du 1.10.1985 au 1er septembre 1997
Professeur à la Faculté de Médecine de Paris-Ouest (Université René Descartes) du 1.10.1970.au 1er septembre 1997
Professeur honoraire à compter du 1er septembre 1997.
Président du Collège scientifique de l'Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT) (1999-2005)
Membre du Comité d'experts auprès du Conseil National de Sécurité Routière (CNSR)
Orientations professionnelles
- Activités de recherche dans le domaine de la biomécanique des chocs et de l'accidentologie, qui ont contribué à faire adopter des mesures de sécurité routière (port obligatoire de la ceinture, limitations de vitesse, normes de casques, contrôles préventifs de l'alcoolémie...). Cette activité se situe actuellement dans le cadre d’une structure associative réunissant les constructeurs automobiles Français et des chercheurs (Centre Européen d’Etudes sur la Sécurité et l’Analyse des Risques : CEESAR). La production de ce site internet est indépendante de ces fonctions.
- Conseiller technique dans le cabinet de Simone Veil en 1978/1979 (loi sur la réforme des études médicales, la formation des généralistes et des spécialistes, et le numerus clausus des médecins en formation pour adapter la démographie médicale aux besoins),
- Conseiller technique dans le cabinet de Jacques Barrot en 1979/1981 (textes d’application de la loi de 1979 sur les études médicales).
Cette activité professionnelle a provoqué sa participation à de nombreuses structures de conseil ou de commissions constituées pour répondre à une expertise spécifique :
· Haut comité d'études et d'information sur l'alcoolisme à partir de 1978,
· Commission qui a rédigé le rapport sur l’alcoolisme de 1980 à la demande du Président de la république (1 vol. documentation française 1980).
· Commission sur la démographie médicale présidée par le Pr Etienne (1980),
· Rédaction d’un rapport sur le sida en 1988 à la demande de Claude Evin, ministre de la santé (éditions Flammarion, 1 vol. 340 p.). Ce rapport était destiné à conseiller les pouvoirs publics dans leur organisation face à l’épidémie provoquée par le VIH. Il a été suivi de la création des trois organismes de conseil et de gestion assurant la liaison entre le gouvernement, l’administration d’une part, les structures associatives, les chercheurs, et la société d’autre part.
· Rédaction d’un rapport sur la santé publique en 1989 avec Gérard Dubois, François Grémy, Albert Hirsch et Maurice Tubiana. Ce rapport à fondé un ensemble de mesures de santé publique dont la loi Evin (janvier 1991) concernant la publicité pour le tabac ou l’alcool et la protection des non fumeurs.
· Commission Giraudet qui a rédigé en 1989 le livre blanc de la sécurité routière (1 vol. documentation française 1989).
· Haut comité de santé publique, de la création de cet organisme à juin 1992, démission à cette date, cet organisme n'ayant pas les moyens financiers ni l’indépendance indispensables à ses missions.
· Conseil d’orientation de l’observatoire national de sécurité routière depuis 1993.
· Expert auprès de l’OMS (renouvellement pour 4 ans en 1997).
· Intercommission « prévention et évaluation des soins » de l’INSERM (1992-1995).
· Commission rédigeant le livre blanc « Sécurité routière, drogues licites ou illicites et médicaments » (1 vol. documentation française 1996).
· Rapport sur l’autopsie médico-scientifique en France après le vote de la loi sur la bioéthique de 1994. (1 vol. 1997).
· Rapport sur les risques liés à l’amiante (décembre 1997-mars 1999) – Ce rapport est le produit d’une mission demandée par Martine Aubry et Bernard Kouchner (1 vol. 1998).
Les 3 Questions qui suivent, et les réponses, sont extraites d’un entretien avec Claude Got de Jean-Yves Nau et Franck Nouchi du Monde sous-titré « On ne peut privilégier la vie en profitant de l’argent de la mort » et aux inserts « j’essaye de créer une hiérarchie entre les libertés » et « la liberté de vivre passe avant la libre cupidité de ceux qui commercialisent des produits potentiellement dangereux » daté du 21 décembre 1993. Les réponses même quinze ans après sont très instructives.
1ière Question : Comment un contre-pouvoir d’experts peut-il fonctionner sans tomber dans les excès d’une forme de médiatisation qui, bien souvent, aggrave les passions et les conflits.
Réponse de Claude Got : Le débat social est impossible si les propositions des experts sont inaccessibles et notre groupe avait fait le choix d’une collaboration avec les médias qui le souhaitaient pour influer sur les pouvoirs publics. Nous savions que nous subirions les excès de la médiatisation-spectacle, mais il fallait choisir entre l’expert dans ses pantoufles attendant que le ministre lui pose une question et l’activiste qui pose un problème et défend ses propositions. Il risque d’être qualifié d’ayatollah, de vichyste sournois, d’hygiéniste rétrograde et liberticide, mais ces excès sont préférables à l’absence de débats d’idées. Les propositions des experts doivent être commentées par des généralistes de la pensée et de l’action sociale.
Le risque, ici, serait que le débat soit monopolisé par des groupes d’intérêt qui, bien souvent contribuent à rendre illisible l’évolution sociale en multipliant les informations et les interprétations contradictoires. Une communauté humaine en évolution rapide a besoin de maîtres à penser. Une société sans doctrines dans laquelle chaque individu doit construire toutes ses références s’atomise et s’autodétruit. Elle accentue les processus de sélection développant l’inégalité sociale, en particulier dans le domaine de la santé. L’échec du totalitarisme communiste renvoie le balancier vers un libéralisme extrême et l’aveuglement de ceux qui veulent situer toutes les responsabilités au niveau de l’individu est aussi dangereux que la tutelle dictatoriale.
2ième Question : Au fond, sur quelle doctrine repose votre utilisation du pouvoir médical pour faire prendre des décisions de « santé publique » ?
Réponse de Claude Got : j’essaye de créer une hiérarchie entre les libertés en utilisant des situations concrètes. Un enfant, un adulte vulnérables, n’ont pas à être piégés par le risque, et leur liberté de vivre passe avant la libre cupidité de ceux qui commercialisent des produits potentiellement dangereux. Je crois au rôle de l’Etat pour concrétiser une solidarité sans laquelle une société se déséquilibre. Je n’ai pas la prétention d’organiser le monde, mais je tente d’identifier et de neutraliser ceux qui le désorganisent. C’est un mélange d’égoïsme social, concevant mes intérêts particuliers comme dépendant de la prévention de certains risques, et de respect de la démocratie me faisant écarter les méthodes qui ne sont pas souhaités par une majorité de la population. Le port obligatoire de la ceinture, les limitations de vitesse, la suppression ou le contrôle de certaines publicités, le respect des non-fumeurs, sont des décisions souhaitées et acceptées par une large majorité des Français. Je tente d’identifier ce que je refuse, sans tenter de reconstruire un monde dont les finalités m’échappent.
3ième Question : Ces interventions au nom de la solidarité doivent-elles faire redouter la suppression des plaisirs liés à des risques au profit d’un idéal peu séduisant de société totalement sûre mais mortellement triste ?
Réponse de Claude Got : Vous formulez ici le choix classique entre la vie intense mais courte associée au risque et la vie longue et ennuyeuse qui serait le sous-produit de la prudence. C’est la représentation la plus perverse des actions de santé publique que l’on puisse faire. Elle méconnaît un fait essentiel : les risques les plus importants induits par notre société sont masqués et à faible plaisir ajouté. Une planche à voile procure une impression de vitesse, une émotion, plus importantes que celles produites par une voiture insonorisée et bien suspendue qui vous tuera sur un arbre à la sortie d’un virage pris trop rapidement, ou dans une collision en chaîne sur l’autoroute, sans excitation ni jouissance, uniquement par une anesthésie de la perception du risque. Je pouvais trouver un exemple comparable dans la première cigarette fumée sans plaisir, par conformisme social. Un des objectifs de la santé publique est de promouvoir le plaisir de vivre et de se livrer à des activités diverses et excitantes, éventuellement avec un risque ressenti élevé, mais avec un risque réel faible ou nul. Il faut apprendre à choisir ses plaisirs, à les raffiner, c’est un objectif de santé mentale individuelle bien différent de la chute dans un piège que l’on a pas vu.