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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 09:10

Moi c’est décidé, j’irai !

Homme de terrain, comme chacun le sait, je me rendrai le lundi 11 avril en Beaujolais à l’occasion de la Beaujoloise.

Celles et ceux qui veulent se joindre à ma descente (de Paris on descend toujours, et de toute façon ne dit-on pas « il a une bonne descente ») dans le Beaujolais profond, seront les bienvenus qu’ils vinssent comme moi de la ville capitale, de notre doulce France et, bien sûr, du terroir local.

 

Inscrivez-vous, la journée sera belle...

 

Comme vous vous en doutez à un moment donné de la journée je me tiendrai sous un chêne pour que nous puissions échanger en toute liberté.  images-St-Louis.jpg

Plus sérieusement, je vous livre le fil de mon séjour :

 

- j’arriverai le dimanche dans ma petite auto à une heure flottante : tout dépendra de celle de mon départ de Paris.

 

- donc flânerie dominicale : je suis preneur de suggestions de découvertes des bons produits du terroir, hormis le nectar bien sûr.

 

- lundi matin : Beaujoloise et Biojoloise (c’est touche à touche m’a précisé Isabelle Perraud)  dégustation et pour ceux qui le souhaitent papotage : le Dr que je suis reçoit sans rendez-vous, même debout.

 

- le lundi après-midi, mes amis d’« Expressions d’Origine » me proposent au Château des Jacques, autour d’un buffet, une belle dégustation, discussion avec quelques autres vignerons sur les terroirs et... si nous le souhaitons, et si le soleil est au rendez-vous, visite pour poudrer nos Richelieu du voile du terroir des crus dont les noms sonnent comme autant de promesses.

 

Voilà les amis, c’est simple et de bon goût.

 

Pour les inscriptions : berthomeau@gmail.com

 

Merci et à bientôt je l’espère

 

PS. la référence à Une journée particulière c'est pour le grand film d'Ettore Scola avec la superbe Sophia Loren et le grand Marcello Mastroianni... Un chef d'oeuvre, désolé c'est en VF.

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 00:09

 

Le petit monde du vin français bruit, s’ébroue, ricane, tempête parfois, même les plus anciens servants de la cérémonie pestent contre de quasi-délits d’initiés, les Primeurs de Bordeaux sont, selon l’obédience à laquelle on se rattache, le dernier lieu où il faut avoir été vu ou le seul lieu où il ne faut pas poser ses Richelieu bien astiquées. Moi, au risque de surprendre, ça m’étonne et ça m’enchante à la fois, car les défilés des grands couturiers ou les grandes foires d’Art Contemporain, qui sont du même tonneau : tout un petit monde, plein de cercles concentriques, qui s’agite, se congratule, se déteste, fait du buiseness, font les délices des grands médias et des consommateurs devant leur écran plat. Ce n’est que du bruit et, bien sûr, du commerce. Peu importe au grand public ce que les top-modèles faméliques portent sur leurs fesses fermes ou ce qu’un Jeff Koons expose à la FIAC ou à la Grande Foire de Bâle, jamais au grand jamais la mémère ou la bimbo se mettra ce bout de tissu sur son popotin, elles se contenteront d’acheter le dernier parfum ou un sac fabriqué en Chine siglé du grand couturier. Le masculin vaut aussi. Quand aux œuvres d’Art Contemporain il faut avoir le poids d’un Pinault ou d’un Arnault pour s’y frotter et les badauds de la FIAC eux se contenteront d’ersatz au prix fort (pour eux bien sûr).  

 

J’ai déjà commis quelques chroniques sur ce beau sujet :

- Haute couture, haute cuisine, haute vitiviniculture... sommes-nous en train de péter plus haut que notre cul? link 

- Post-scriptum à ma chronique de samedi : pour être respecté et admis parmi l’élite il faut avoir, et aimer avoir, des vins dans sa chambre forte link 

 

Cette antériorité critique me permet d’assumer les 2 jours que je vais passer aux Primeurs de Bordeaux. Pour moi, qui ne suis qu’un petit chroniqueur observateur, j’estime qu’un « correspondant de guerre » doit être sur le théâtre des opérations. Bien sûr je comprends certains anciens baroudeurs, qui n’aimaient rien tant que le privilège d’être reçu dans les châteaux, beaux discours, belle vaisselle, bonne chère et grands vins, le bonheur de se sentir happy few, s’irriter de se voir traiter maintenant comme les quasi dernières roues du carrosse. Dans le monde impitoyable des affaires, comme le souligne François Mauss, à propos de la place de Bordeaux, ce sont les notes de Parker qui comptent pour ceux qui font le buiseness. Tout le reste n’est que fioritures. Pourquoi s’étonner que si on ne fait pas la cote on n’a plus la cote. C’est ainsi, comme dans l’Art Contemporain où Paris place mondiale a été ravalée au rang de petite banlieue par New-York et les nouvelles places des pays émergents, les prescripteurs ne sont plus les experts mais les marchands au sens large (d’ailleurs les grands experts de nos musées nationaux l’ont fort bien compris, ils sont passés pour certains de l’autre côté de la barrière).

 

Ne voyez, dans mes propos, aucun cynisme mais simple volonté de dire, d’affronter une réalité que certains peuvent juger déplaisante ou contraire à leur éthique. Pour les illustrer, plutôt que de vous livrer à nouveau mes analyses, je vous propose un texte et une piste de réflexion sur ces Nouveaux Riches, en croissance exponentielle, qui jettent leur argent par les fenêtres pour le plus grand bénéfice de ceux qui le ramassent.

 

Le Messi* n’a pas de prix

 

« Les patrons de la Bank of China me reçoivent au sommet du gratte-ciel qui leur sert de siège mondial, la tour IM Pei. Nous sommes huit traders à attendre dans le salon adjacent à la salle de réunion. Huit concurrents, chacun à la tête des départements quantitative trading des grandes banques occidentales : des armées de matheux à la recherche de l’équation parfaite, celle qui permet de prendre des positions gagnantes au rythme de la nanoseconde. D’habitude, nos clients nous traitent comme des prix Nobel. Pour la première fois de ma vie, j’ai le sentiment d’être une poule de luxe guettant le client libidineux. J’attends mon tour. Ma passe.

Les Chinois nous font défiler avec chacun quinze minutes chrono pour les convaincre. Ils sont sept alignés derrière une table. Ils portent le même costume noir. Je lance ma présentation Power Point : une succession de diagrammes et d’équations stochastiques.

- Do you have questions ? dis-je, après le dernier slide.

Après un silence, l’un d’eux, siégeant au milieu de la rangée, opine du chef.

- How much ? dit-il.

Je tends le projet de Tern Sheet préparé par la banque et détaillant les modalités de l’augmentation de capital.

- No, no. How much for you, working for us ? demande-t-il en pointant un doigt vers moi.

Il aligne des chiffre sur sa carte de visite puis me la tend comme une offrande, des deux mains:

- Réfléchissez vite, Monsieur. Nous aimons travailler efficacement.

Et il me désigne la porte. Je sors en tenant de compter le nombre de zéros inscrits sous son nom pour me débaucher. »

 

Comment j’ai liquidé le siècle Flore Vasseur éditions des équateurs

 

* Lionel Messi joueur argentin du Barça, ballon d’or, joueur de football le mieux payé du monde ( le sportif le mieux payé étant Tiger Wood le golfeur noir américain)

 

Quelques pistes de réflexions :

 

Stephen Bertman désigne par les expressions « nowist culture » et « hurried culture » la façon, en français « culture du maintenant » et « culture de l’instant », dont nous vivons dans notre type de société où le consumérisme devient liquide, fluide, où le consommateur se transforme lui-même en marchandise, se dissous dans l’océan de marchandises. Dans la monotonie du gris, dans le flux de l’argent l’activité de consommation incessante est perçue comme le seul moyen de s’élever au-dessus de m’invisibilité et de l’insignifiance.

 

« Certes dans la vie « nowist » des citoyens de l’époque consumériste, les raisons de s’activer tiennent en partie à l’envie d’acquérir et de collecter. Mais le besoin le plus urgent, celui qui rend la précipitation impérative, est néanmoins la nécessité de jeter et remplacer. Quiconque s’encombre de lourds bagages, et en particulier de ceux que l’on hésite à abandonner pour des raisons d’attachement sentimental ou à cause d’un serment de fidélité prononcé imprudemment, n’a pour ainsi dire aucune chance de réussir. »

 

« Le premier album de Corinne Bailey Rae – chanteuse de 27 ans, originaire de Leeds et signée par EMI – est devenu disque de platine en à peine quatre mois. C’est un cas rarissime : accéder ainsi au vedettariat après un bref passage au sein d’un groupe de rock indépendant, et u poste de préposée au vestiaire dans un Soul Club. Une probabilité guère plus grande, si ce n’est encore moindre, que celle de remporter la cagnotte du loto (notons au passage que des millions de tickets de loto sont vendus chaque semaine). « Ma mère est institutrice, déclara Corinne dans une interview, et quand elle demande à ses élèves ce qu’ils veulent faire plus tard, ils répondent « être célèbre ». Alors elle leur demande pourquoi, et ils lui disent : « Je ne sais pas, pour être célèbre, c’est tout. »

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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 00:09

Chokolo-4562.JPG

Amis du vin bonjour, soyez sans crainte ce matin je vais chroniquer sur le vin et non sur le triste destin d'un petit rat de l'Opéra de Bordeaux – le Grand théâtre je sais - contraint de louer ses petits pieds en Repetto pour survivre dans notre monde cruel. Non je vais vous conter « la forte sensation » faite auprès de leurs amis d'un couple de Parisiens « Camille et Frédéric » lorsqu'ils leur servent « un vin qui provient tout droit... de leurs vignes bourguignonnes » Là je vous sens déjà un peu irrités : « des propriétaires de vignes qui habitent les beaux quartiers de PARIS ce n'est pas une nouveauté » me direz-vous. Certes le VIIe est riche en bailleurs mais dans le cas d'espèce nos parisiens, qui se la pètent un peu, vivent « une aventure œnologique » (sic) en « achetant une récolte sur pied en suivant chaque étape jusqu'à la mise en bouteille » Là vous esclaffez ! Attendez ce n'est pas terminé les railleurs ces « privilégiés » vont recevoir :

– un titre de propriété (normal ils ont acheté un chouïa de récolte sur pied)

– un « échantillon de votre terre » (le votre me semble un peu osé)

– un pied de vigne (je suppose qu'il vient tout droit de chez un pépiniériste)

 

De plus ils seront « conviés à tous les rendez-vous importants : taille, vendange, travail du chai » et ils auront « le plaisir de recevoir à domicile des bouteilles » à leur nom. Le journaliste de Capital.fr parle que ces braves gens s'adonnent « à la viticulture par procuration » Grand bien leur fasse, après tout c'est leur argent et moi ça ne me fait ni chaud ni froid. Ces néo-vignerons aux mains blanches sont à peu près 10 000 indique-t-il. Clients de www.mesvignes.com  ou de www.gourmetodyssey.fr  Quant à écrire qu'ils font « fructifier leurs rêves » il y a un pas que je ne franchirai pas. Ce qui m'intéresse dans ce service de soupe à la louche, si caractéristique de Capital, c'est la cote du pied de vignes en fonction de son implantation dans nos belles appellations que le monde entier nous envie. En effet, le prix est libellé en euros le pied (je n'ai pas écrit haut-le-pied). Certains font des prix de gros : si vous prenez 36 pieds que si vous vous contentez de 24 (est-ce normal car lorsqu'on prend son pied, la quantité prévaut-elle sur la qualité ? Je plaisante bien sûr) Bref, sur les 6 propriétés présentées j'ai établi une moyenne qui fait très prix de marchand de chaussures (normal, non) et j'ai pu ainsi les classer.

 

N°1 : Château Marquis de Terme Margaux : 99,16€ le pied www.chateaumarquisdeterme.com  c'est 1785€ pour 18 pieds comprenant dans le pack 3 stages (découverte, vendange, œnologie) avec le régisseur du Château ;

 

N°2 : Château Fougasse Bordeaux : 18,90€ le pied www.locationfougas.com  AB à partir de 630€ pour 25 pieds de cuvée Maldoror et 50 pieds de la cuvée Prestige.

 

N°3 : Domaine de la Queyssie Bergerac www.laqueyssie.com  : 17,43 le pied, à partir de 139 euros les 6 pieds et 280 euros les 24 pieds.

 

N°4 : Domaine Sylvie Spielmann Alsace www.sylviespielmann.com : 15,99€ euros le pied, à partir de 403€ les 24 pieds et 547€ les 36 pieds. Mais vous n'aurez pas un seul sabot du cheval qui laboure les vignes.

 

N°5 : Domaine Chapelle Santenay AB domainechapelle.com : 15,66€ le pied ; à partir de 303 euros les 18 pieds, 519 euros les 36 pieds.

 

N°6 : Domaine du Clos Roussely Touraine www.domaineduclos-roussely.fr  : 13,30€ le pied ; 307€ pour 24 pieds et 403€ pour 36 pieds.

 

Lisez-moi bien et entendez-moi bien, je sais combien il est difficile de vendre son vin et je ne jette nullement la première pierre à ce mode de commercialisation qui, après tout, en vaut un autre. Il a l'avantage de faire préfinancer quelques bouteilles par le consommateur (mesvignes.com indique que le paiement peut se faire en 3 fois mais n'étant pas client je ne sais à quelles conditions) et réponds à l'air du temps : nous vivons de plus en plus par procuration faute de pouvoir vivre vraiment des expériences fortes. Nous sommes si loin de la réalité du produit : nos enfants ont du mal à faire la relation entre son steak haché et la belle vache qu'il a vu au Salon de l'Agriculture, que nous nous raccrochons à des ersatz et j'ai personnellement du mal à croire, comme il est écrit sur le Site de Mesvignes.com que « Le vin que vous aurez dégusté ou élaboré auprès du vigneron aura un goût unique, le goût des moments partagés avec lui et avec les amateurs que vous aurez rencontrés chez lui. Et si vous choisissez de suivre l'élaboration d'une cuvée, vous obtiendrez en fin de parcours des bouteilles personnalisées. Bref, un vin pas comme les autres ! » Sans doute est-ce les séquelles de mon élevage vendéen. Pour moi le faire n'a rien à voir avec le faire faire et lorsque l'on donne la main chez moi ça voulait dire qu'on s'entraidait. Ça ne me choque ni me chagrine ça m'est étranger c'est tout. J'ai un sens de la propriété sous-développé et, même si j'avais des vignes et que je faisais du vin, j'aurais du mal à dire mon vin comme je crois n'avoir jamais dit ma femme. Je m'en tiens là et je ne vais faire tout un fromage pour quelques boutanches car si je fais le compte, en étant large, 30 bouteillesx10 000 acheteurs = 225 000 litres soit 2250 hectolitres pas de quoi assécher le marché.

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 00:09

photo-Taille-BOUR.jpg

Tailler la vigne ! Taille Guyot pour le pinot à Vinzelles, taille en gobelets pour le gamay du Moulin à Vent. « Courte taille, Bonne vinée. » Le sécateur et l’égohine, le calendrier accroché à un clou dans la cuisine :

- On est ben encore en jeune lune ?

- Oui, elle est pleine que le 5.

- Bon ! Alors je va dans mes pinots des Garennes. Y n’ont guère poussé depuis la grêle d’y a deux ans : y’a presque point de bois de taille. Si je veux que l’an prochain y en ait du meilleur, y faut que je les coupe en jeune lune : y aura de la végétation. Tant pis pour les raisins de cette année. Y faut penser à l’avenir... Du bon sarment déjà. Le fruit pousse pas sur des allumettes.

« Si on peut tailler le jour de la Saint-Aubin, Chaque grume n’a qu’un pépin. »

 

Et puis ramener un bouquet de violettes ou de coucous à la Julie...

 

Pour les vignes vigoureuses le bon moment c’est de tailler en vieille lune.

 

« Ce sarment-là a endossé pas plus de quatre, cinq feuilles, à la belle saison ; ça se cache dans trois fois rien : un vrai petiot dans sa robe de baptême ; c’est encore qu’à la veille de pousser vraiment.

Bon ! Je te recipe ça à vingt centimètres de terre.

Et le sécateur du Toine raccourcit le jeune pied de vigne.

« Quatre bourres au total. Y en viendra bien trois ou quatre de plus. Si on se fiait pas quelquefois au hasard dans notre sacré métier, y pisserait jamais trop de vin.

 

Le pied d’à côté, c’est un pied de deux ans. Il était déjà mieux habillé en feuilles que l’autre. Pour lui, le baptême a passé : la vigne a enfilé cette fois sa robe de communiante. Pourtant je la taille encore à l’œil borgne. Je laisse trois bourres sur ma baguette. Maintenant à la chance jouer ! »

 

Sur le soir, quand il est venu à bout du carré des tout jeunes plants, le Toine se trouve en face d’un cep de trois ans : il demeure perplexe. Au printemps dernier, cette vigne-là a revêtu les amples frondaisons de sa robe de mariée, déjà agitée par le vague espoir d’être bientôt mère : à sa quatrième feuille, elle doit porter des fruits.

«  Voyons ! se dit l’homme. Cette garce-là, elle a déjà poussé six sarments... Ben sûr, quand on est jeune, on a du sang : on se sent plus pisser. Mais de là à nourrir un régiment de grappes !...

C’est pas le tout ; qu’est-ce que je m’en vas ben garder comme baguette ? Voilà une ... deux... trois... quatre branches qui font le gros dos, presque jusqu’au milieu du rang. Allons ! sacrifie-moi ça !

Le Toine saisit son sécateur, la branche de la lame appuyée contre la base du pouce droit, tandis que les quatre autres doigts enserrent l’autre branche. Il dirige, obliquement, son outil, nez contre terre, et engage le sarment ras la souche, entre les pointes, contre-lame en haut. D’une forte pesée du pouce, il fait enfoncer la lame dans le bois tendre ; les quatre autres doigts maintiennent ferme la contre-lame à laquelle se heurte le sarment, qu’il ne peut échapper à son emprise. La lame rejoint la contre-lame : la branche est sectionnée.photo-tailleB.jpgFaut savoir orienter sa vigne, bien droite au long des fils de fer. Un souci qu’avaient pas les vieux ; avec leurs pioches, y tournaient facilement autour du cep, sans l’éborgner de ses plus beaux yeux...

Pour la baguette de taille, plus grand choix : deux sarments dans l’axe de la treille ; mais celui-là est chetignot comme une allumette, avec trois yeux seulement, et encore, qui ont pas trop bonne façon ; l’autre, par exemple va faire l’affaire : gros comme mon petit doigt, avec des bourres calées au nœud entre le sarment et le gourmand, là où y afflue toujours de la sève en réserve.

 

Si on surcharge, une jeune plante est vite crevée ; la vie d’une vigne repose toute entière sur les premières tailles.

Pourtant, y s’agit pas de perdre de la récolte, en raccourcissant les baguettes de trop...

On sait jamais bien ce qu’on veut faire, entre le trop et le trop peu. C’est ben la chance du vigneron, souvent assis entre deux chaises...

 

L’homme se repose quelques instants.

Le soleil lui gaillardement  et fait le fier, parmi le bleu du ciel, tempéré par le voile des brumes de la saison, du bleu tendre, le bleu des pervenches s’épanouissant, timides, à l’abri des prunelliers, tout scintillants de leur précoce floraison.

Sous la chaude caresse du Bourguignon, sous la chaude caresse du mateneau, le sarment commence à s’émouvoir ; par la blessure du sécateur, la sève s’échappe...

La vigne pleur, et le Toine l’œil humide, regarde pleurer la vigne.

 

Le Toine, ses fagots achevés, a ramassé parmi la vigne, le bois de taille, à pleine brassées, et l’a entassé, au bas de la pièce, sur le chemin.

Il y met le feu.

Le sarment craque et crépite, et crie sous l’atroce morsure de la flamme.

Le bucher se consume lentement et dégage un parfum de qui saisit le Toine aux narines, un subtil parfum de violettes, auquel se mêle, confusément, celui des fleurs modestes du hallier, le parfum du pinot de Vinzelles, qui a toujours fleuré bon la violette.

Machinalement, le Toine cueille, à côté de lui, une violette, la porte à sa bouche, et en mâchouille la queue entre les dents : faute de pinot, on se débrouille, comme on peut, pour s’illusionner...

 

Mars : Moi je suis Vigneron André Lagrange éditions du Cuvier

fond-ecran-champ-de-violettes.jpg

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 03:00

Il me fallait agir vite car je n’allais pas, au risque d’attirer l’attention du chauffeur, m’incruster dans ce bus. Dans mon bréviaire volé, que je feuilletais d’un air inspiré, l’une des images pieuses qui le peuplaient attirait mon attention car elle représentait l’apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous dans la grotte de Massabielle. Souvenir du pèlerinage de Lourdes que j’avais fait avec des garnements de mon patelin, tous enfants de chœur, sous la houlette du curé-doyen, et tout particulièrement de notre refus un soir de nous rendre à la procession aux flambeaux pour protester contre son refus de nous laisser sortir après 20 heures. La Vendée, mes jeunes années sauvageonnes, mes parents que je n’avais pas revus depuis un beau paquet d’années, et puis soudain le déclic, Marie-Amélie de Tanguy du Coët, telle une apparition, se propulsait dans ma tête. Elle seule pouvait me sortir de ce traquenard. Sans me précipiter j’attendais l’arrêt sur le Port pour descendre du Bus car, dans ce lieu, je trouverais sans problème une cabine téléphonique. La nuit me protégeait des regards indiscrets. Comme j’ignorais l’origine de mes poursuivants, et malgré mon déguisement, il me fallait rester sur mes gardes. La liaison téléphonique entre Valparaiso et Santiago ne passait pas par une liaison automatique mais par un standard régional qui reliait deux compagnies privées et je dus prendre mon mal en patience face à un service assuré avec un grand je-m’en-foutisme. D’attente en coupures mon stock de pièces s’épuisa rapidement et je dus quitter la cabine pour aller faire de la monnaie dans un bar du port.

 

L’irruption d’un jeune prêtre dans le bouge le plus proche de ma cabine téléphonique jetait un certain froid dans l’assistance composée essentiellement de dockers et leurs regards peu amènes me firent hésiter, balancer de rebrousser chemin, mais c’eut été leur mettre la puce à l’oreille me dis-je en avançant d’un pas décidé vers le bar. J’optai pour le français, en lançant un bonjour sonore, afin de tenter de dissiper leur hostilité. Je le fis avec une idée bien précise : leur faire accroire que j’avais le cœur qui penchait du côté de l’Union Populaire. En effet, à la suite de mai 68 un pan entier du jeune clergé français avait basculé dans un militantisme forcené et l’Amérique Latine en attirait beaucoup car la théologie de la libération y était née sous la plume Gustavo Gutierrez. La théorie de l'inégalité des termes de l'échange, développée et popularisée en France par Frantz Fanon dans son livre les Damnés de la Terre, rassemblait sous sa bannière toute une frange d’un jeune clergé mal à l’aise dans sa soutane. Le « Tiers-mondisme » naissant soutenait que les « pays sous-développés » de la périphérie mondiale, le fameux « Tiers-monde ») n'étaient pas, précisément, « arriérés », mais au contraire maintenus dans une telle situation économique et sociale par les pays riches. J’espérais donc que mes gros bras de Valparaiso en avaient vu quelques-uns trainer dans leurs sections syndicales ou lors des nombreuses assemblées des groupuscules de l’ultra-gauche qui fourmillaient et s’agitaient auprès des classes laborieuses chiliennes.   gustavo_gutierrez_130.jpg

                                                                © Gustavo Gutiérrez ph ciric international

 

En fait, très vite les gus replongèrent leur groin dans leurs bocks de bière et se contentèrent d’échanger des propos obscènes sur mes mœurs supposés de tripoteur de sexe d’angelot. Seul le patron me zieutait avec l’air sournois des indics tout en me refilant de la monnaie sur ma consommation. Il fallait vraiment que je me casse au plus vite car depuis ma filature je voyais du danger partout. « Du calme vieux, du calme, réfléchis une seconde, si ce sont les nervis de la police militaire que tu as au cul ce type n’a sûrement pas d’accointance avec eux... » me disais-je en ingurgitant un demi pisse d’âne. Ma sortie du bar ne provoquait aucun mouvement et je regagnais ma cabine téléphonique sans me retourner. La standardiste, cette fois-ci aimable et efficace, me basculait sur l’ambassade de France en un rien de temps. Le préposé de notre belle représentation diplomatique répugnait à déranger Madame qui veillait sur le dîner des filles. Je lui rétorquais que s’il s’en tenait à ce refus je veillerais à ce qu’il soit remercié dès mon retour à Santiago. J’entendais le grelotement de l’appel. On décrochait. C’était la voix flutée de Marie-Amélie. En m’entendant elle s’exclamait « Vous ! » Ma requête exprimée en un minimum de mots ne semblait nullement la troubler et son « je passe un jeans et j’arrive » me laissais sans voix. Très fille de militaire elle me fixait une feuille de route impérative « Ne restez pas sur le port c’est trop dangereux. Allez à la Congregación De los Sagrados Corazones, c’est près du Parque Italia. Allez-y à pied c’est plus sûr et ça vous fera passer le temps. Je les préviens. Les nonnes me connaissent j’y ai fait une retraite l’an dernier. Sonnez ! Elles vous hébergeront... » Mon objection « Mais je suis en soutane ! » me valait une volée de bois vert sarcastique « Tant mieux ça les rassurera sur vos intentions... Avec vous il faut s’attendre à tout... » et elle raccrochait.

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 00:09

« Ce message vous est envoyé par un visiteur grâce au formulaire de contact accessible en bas de page de votre blog: www.berthomeau.com » ainsi, hormis les commentaires, je reçois dans ma boîte à malices des messages tel que celui d’une autre Sophie,

 

« Faire part

Sophie

Bonjour,

J'aime beaucoup votre blog. Je vous invite à découvrir celui que je viens de créer : www.cheeeers.wordpress.com

Accepteriez-vous un échange de liens ?

Bien cordialement,

Sophie »

 

Moi, vous me connaissez, quand je reçois un message, très pro de chez pro, je clique et 9 sur 10 je tombe sur un site de marchand de zizigougous ou sur un gars ou une fille qui me prenne au mieux pour un couillon, au pire pour le corbeau de la flamme. Là, surprise, le texte est simple et de bon goût. Je vous le livre.  

 

« Si vous recherchez un endroit de rêve, hors du temps, pour passer quelques jours « off »… destination San Donatino, en Toscane, entre Florence et Sienne. C’est là, à environ 1 km du village de Castellina in Chianti et pas loin de San Gimignano, que vous trouverez l’agriturismo campolungo, au coeur même du Chianti Classico.

 

Vous entrez alors à San Donatino Di Sotto, sur les terres de  Léo Ferré et de sa famille. Là, tout n’est que beauté, calme, sérénité. Le domaine est composé de vignes et d’oliviers, d’une magnifique villa (où vous pouvez louer une chambre et profiter de la piscine) dominant la vallée de l’Elsa, de la maison principale et de la cave.

 

Vous êtes en général accueilli par Maria Cristina Diaz, la femme du chanteur-poète, dans un français presque parfait (si vous ne parlez pas l’italien) ou l’un de ses enfants. C’est sur la terrasse, autour d’une grande table, que vous dégustez, sur des tartines, l’huile d’olive du Domaine, et appréciez ses vins. Parmi nos coups de foudre, la cuvée San Donatino « Poggio Aï Mori », un excellent Chianti Classico reconnaissable à son étiquette ornée d’une chouette dessinée par… Pablo Picasso.

 

Buon viaggio ! »

 

Pour la fiche d’identité de la cuvée San Donatino « Poggio Aï Mori », si ça vous intéresse allez donc sur  www.cheeeers.wordpress.com la consulter. Pour ma part, comme c’est aujourd’hui le jour du Seigneur et que je ne devrais pas travailler de mes mains je vais me contenter de vous offrir 3 Vidéos de Léo Ferré.

 

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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 00:09

Bordeaux est synonyme de vin, Nantes est synonyme de rien. Les deux grands ports de l’Atlantique nichés tout au fond d’un estuaire, distant de quelques centaines de kilomètres, s’ignorent et ne s’aiment pas. Et pourtant ils pratiquèrent, Nantes à grande échelle puisque la ville fut le premier port négrier d’Europe, le commerce du bois d’ébène dénommé pudiquement « commerce triangulaire ». Bordeaux est à droite dans un département de gauche, et Nantes le contraire. Nantes a adopté très tôt le tramway, Bordeaux fort tard. Nantes avait son quai de la Fosse mal famé, Bordeaux celui des Chartrons très bien porté. Le bourgeois bordelais est snob, le nantais discret. Dans les temps anciens entre les Girondins de Bordeaux et les Canaris Nantais le derby se résumait dans l’opposition du jeu frustre, britannique des premiers et le jeu bien léché, à la française, des seconds. Nantes avec ses métallos des Chantiers de l’Atlantique fut un haut-lieu de mai 68 (La Commune de Nantes par Yannick Guin chez Maspero) alors que Bordeaux recueillit le gouvernement du Maréchal Pétain, le dernier de la IIIe République. Bordeaux a des Maires Premier Ministre au destin contrarié, Nantes espère que son maire sera un jour Ministre. Je pourrais ainsi m’amuser longtemps mais il est temps que je passe aux choses sérieuses : à la bouillie.

 

Eut égard à mon incompétence noire en chimie, comme d’ailleurs en de multiples domaines, je vais me contenter de vous livrer les définitions de Wikipédia en espérant que des «esprits éclairés » (je sens qu’ils piaffent déjà) prendront le relais. Si j’aborde le sujet c’est qu’il semblerait que la bouillie nantaise, aux dires des experts du Développement Durable, a une action plus curative que préventive, et qu’elle évite l’appauvrissement des sols contrairement à la bordelaise qui à la longue aurait tendance à les intoxiquer.

 

« La bouillie bordelaise est un pesticide (algicide et fongicide) fabriqué par neutralisation d'une solution de sulfate de cuivre par de la chaux éteinte.

Elle contient 20 % de cuivre (exprimé en cuivre métal). Pour garantir un meilleur effet mouillant on y ajoute un surfactant (du savon noir naturel en général).

 

Elle est souvent vendue sous forme de poudre micronisée mouillable (de couleur bleue), de masse volumique d'environ 045 g/ml (± 0,1g/ml), à ne pas confondre avec d'autres matières actives biocides à base de cuivre tels que l'oxychlorure de cuivre, l'oxyde cuivreux ou l'hydroxyde de cuivre).

 

En Europe, la réglementation a évolué en imposant une diminution des doses. »

 

« La bouillie nantaise ou bouillie sulfo-calcique (BSC) est un fongicide polyvalent avec effet insecticide et anti-acariens. Elle a été créée en 1860 pour lutter contre les cochenilles des arbres fruitiers.

 

La bouillie est obtenue par chauffage d'un mélange de lait de chaux et de soufre.

 

On peut l'utiliser du printemps à l'automne comme anticryptogamique en curatif. Elle permet de lutter contre la tavelure, la cloque du pêcher et l'oïdium et stimule la végétation »

 

Nantes, qui n’aime pas le Muscadet, prendrait-il une belle revanche sur Bordeaux qui longtemps ignora ses Châteaux ? En ces temps où beaucoup de nos décideurs, en nous prenant pour des veaux, se contentent de nous livrer de la bouillie pour chat, rajouter quelques louches de bouillie dans le débat, en mettant de l’huile sur le feu, me va bien au teint. Comme l’écrivait, feu Bernard Ginestet, en dédicace de son livre éponyme : « Je dédie cette bouillie bordelaise à mes parents... une cuillérée pour maman... Une cuillérée pour papa. »

 

À vous, je vous cède la louche... car moi je flippe pour ma vigne en cas d'attaque d'oïdium... aidez-moi vous qui savez !  

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 00:06

Si j’écris que les deux premiers cités ne peuvent se passer l’un de l’autre certains vont croire que je verse dans la gaudriole anticléricale en brocardant la soutane et la barrette du curé fripon qui s’intéresserait de trop près aux jupons. Certes les Nantaises ont de belles mamelles mais jusqu’à ces dernières années elles étaient en voie de disparition. À cet instant je sens poindre chez vous un brin d’exaspération : qu’est-ce-que c’est que cette chanson affirmer que les Nantaises étaient pas en voie de disparition relève de l’élucubration. Non ! 

  

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« Lorsque, en septembre 1979, nous sommes arrivé à la toute nouvelle Ecole Vétérinaire de Nantes, nous nous souvenions qu’il avait existé une race bovine nantaise, dont nous étions persuadé qu’elle avait disparu, absorbée dans l’ensemble Parthenais. Nous n’imaginions absolument pas qu’elle puisse encore exister. Pourtant, dans les semaines qui suivirent notre installation dans l’Ouest, nous recevions une lettre nous demandant d’aider à la sauvegarde de la Nantaise ! Ce fut le début de notre collaboration avec ceux qui, à un titre ou à un autre, se préoccupaient de l’avenir de cette race. » Bernard Denis Pr Honoraire de l’EV de Nantes dans sa préface au beau livre la Nantaise histoire et renaissance.

 

De belles vaches... « C’est ce qui ressort nettement de tous les témoignages même si l’on peine à avoir une description commune, la palette des couleurs est nuancée « la robe n’était pas uniforme, elle était foncée, blonde, froment moyen, un peu rouge ou encore tirait vers le gris ». Pour certains, les Nantaises étaient couleur froment et les Parthenaises un peu plus rouges, les croisements, voire les exigences des concours auraient semble-t-il modifié la robe. Celles qui étaient bien soignées restent dans les souvenirs avec une robe « pommelée, brillante » et les plus rouges étaient moins appréciées. Pour d’autres, ce sont les yeux qui font la différence avec la Parthenaise ! »

 

Le travail des femelles... « Beaucoup de petits agriculteurs, qui exploitent une surface insuffisante pour « tenir » une paire de bœufs mais qui ont plusieurs vaches, font travailler celles-ci. Dans certaines régions du département où cette pratique est très répandue, le fait pour une vache d’avoir été dressée au joug, ou seulement d’être bien charpentée pour le travail et d’avoir une belle cornure, constitue une très nette plus-value.

Les vaches de travail sont surtout des nantaises ou des métisses nantaises, ou parfois des normandes-maraîchines ; » Chaquin Monographie de la Loire-Inférieure 1929

 

Dans son ouvrage Les Meilleures Vaches Laitières 1943 Maurice Jouven cite les Races Parthenaises et analogues

 

- Rendement laitier satisfaisant : 2500 litres par an en moyenne

- Teneur du lait en matières grasses : 4,5% en moyenne. Indépendamment de son aptitude à la lactation, la race Parthenaise présente de grande qualités pour le travail ainsi que pour la production de la viande (53 à 56% de viande nette après engraissement).

- sous-race poitevine,

- sous-race vendéenne,

- sous-race maraîchine,

- sous-race nantaise.

Races analogues : la race d’Aubrac et la race d’Angles (Tarn).

 

Qui dit lait dans ma belle région dit beurre mais aussi, dans une moindre mesure fromage « À Plessé, Francis Blin se rappelle « avoir vu des étagères au mur du cellier des Jaunais pour mettre probablement des fromages. Mon père m’a raconté que quand ma mère a acheté cette maison dans l’entre-deux guerres, la cuisine était carrelée avec des tomettes rouges, une surface lavable. Ce fut sans doute la première laiterie de Plessé. Ensuite elle se déplaça dans le village de Barbotais, puis à la Prairie de la Haie, toujours à Plessé et pour finir elle est devenue la COLARENA sur la route du Coudray. Je me rappelle aussi de Clair Gauthier, ramasseur de lait, venant le dimanche matin après la messe de 11 h, au café Beaupérin, avec sa sacoche de cuir remplie de liasses de billets épinglés pour payer le lait livré. »


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Voilà je suis retombé sur mes pieds et je peux vous parler du Curé Nantais qui, vous vous en doutiez car vous me voyiez venir avec mes gros sabots plein de paille, est un fromage et c'est un fromage de vache à pâte molle à croûte lavée, à pâte pressée non cuite.


« L'histoire du Curé nantais débute en 1880 dans le village de Saint-Julien-de-Concelles sur les bords de Loire, dans le département de la Loire-Atlantique (dénommé alors Loire-Inférieure).


La rencontre entre un agriculteur du pays, Pierre Hivert, et un prêtre de passage (venant peut-être de la région nantaise, une légende dit qu'il venait de Savoie, d'autres sources affirment qu'il s'agit d'un prêtre vendéen fuyant pour sauver sa vie lors de la Révolution français) permet la naissance d'un fromage appelé « Régal des Gourmets ». Quelques années plus tard, en hommage à l'ecclésiastique, ce fromage devint le fromage du curé puis « le Curé nantais ». Certains ouvrages le référencent sous le nom de fromage nantais, et le désignent également sous le nom de fromage du pays nantais, dit du curé.


La famille Hivert a perpétué la tradition de père en filles pendant quatre générations. Après avoir connu son heure de gloire et son lot de médailles de concours, le produit a vu sa production diminuer. En 1987, la famille Hivert cède la marque à Georges Parola, fromager de Pornic descendant d'une lignée de crémiers. La production de Curé nantais a été multipliée par dix pour atteindre 150 tonnes en 2008. » source Wikipédia.

 

Pour plus de détail aller sur le blog http://curenantais.wordpress.com/ et www.lecurenantais.com . Le mien, celui de la photo, je l’ai acheté chez Philippe Alleosse 20 rue Clairaut 75017 Paris www.fromage-alleosse.com

 

« En fabrication, rien n’est compliqué mais tout est important. Il faut faire attention aux petits détails. Par exemple, une cuve mal lavée un soir et c’est la catastrophe le lendemain. » Georges Parola

 

« C’est en cave fraîche et humide, sur planches d’épicéa], qu'il est affiné. Ces planches sont naturellement aseptisées : une étude a tenté d'y inoculer des bactéries listeria mais elles ne se sont pas développées »  thèse menée par Claire Mariani. L'étude qui a duré 3 années a été financée par l’ACTIA (Association de Coordination Technique pour l’Industrie Agro-alimentaire), le CNAOL (Comité National des Appellations d’Origines Laitières), Entremont-Alliance et ACTILAIT. ».

 

En 2008, le Point, titrait Le curé nantais : un fromage culte, les journalistes adorent les titres ronflants, moi j’aurais titré : un fromage rare. 2000 fromages/jour, c’est peu. C’est de l’artisanat. Ce fromage, sous sa forme carrée, semble modeste et pourtant il a du caractère. Sous sa croûte rugueuse, percée de petits trous, sa pâte dorée et onctueuse. Comme tous les fromages qui sentent, le curé nantais est en bouche voluptueux, avec un petit goût fumé. Rien que pour embêter ceux qui adorent JP Coffe je vous propose de visionner la vidéo de l’émission de Drucker car on y voit la fabrication et l’affinage du curé nantais. Cerise sur le gâteau, rien que pour plaire à Saverot, l’invité du dimanche est Roselyne Bachelot à l’époque Ministre des Tranquillisants&Vaccins H5N1.

 

Reste, pour en finir avec cette chronique, à justifier l’étrange affirmation de mon titre : les Nantais n’aiment pas le Muscadet. Ce n’est pas moi qui le dit c’est un jeune et brillant géographe, Raphaël Schirmer, dans son livre « Muscadet. Histoire et Géographie du vignoble nantais » Editions Presses Universitaires de Bordeaux 2010, broché 536 p, 25 €. Même pas une maison des Vins à Nantes pensez-donc ! J’y reviendrai dans une prochaine chronique lorsque je me serai plongé dans cette épaisse somme. « L'ouvrage assez imposant de Raphaël Schirmer débute par l'histoire du vignoble nantais, qui a connu des périodes assez contrastées. Il est par exemple peu connu que la région était productrice d'eaux de vie de grande qualité aux XVIIe et XVIIIe siècles. L'auteur poursuit par l'analyse de tous les facteurs qui ont entrainé les producteurs dans une course à la productivité. Enfin, le dernier tiers du livre est consacré à l'étude de tous les éléments qui peuvent permettre l'amélioration de la qualité, que ce soit à la vigne, au chai ou dans l'environnement économique et social. L'étude est particulièrement exhaustive, résultat d'un impressionnant travail de recherche. »

 

Comme je ne puis terminer sur une fausse note pour déguster avec mon Curé Nantais de chez Alleosse je vous propose la gamme de Marie-Luce Métaireau au Grand Mouton www.muscadet-grandmoton.com et ce pour deux raisons : parce que ce sont des vins d’exception et pour taquiner Raphaël Schirmer car ses vins dans un article de Nantes Métropole Magazine 2010 sous le titre Trois Femmes dans un terroir. Qui c’est qu’a dit que Jean-Marc Ayrault n’aimait pas le Muscadet ?

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 07:00

  

Je sortais tout juste de ma cambrousse. Une deuxième année de droit un peu tristounette, comme l’écrivais Viansson-Ponté dans le Monde « La France s’ennuie ! » et mon cœur d’artichaut s’effeuillait dans l’indifférence générale. Pour moi l’avenir ne pouvait qu’être beau mais Dieu que le présent était chiant !

 

Alors, attendu qu'en vertu de la force de mes souvenirs, comme je ne peux réfréner ma plume, je confesse que la mort de Liz Taylor me touche au cœur. Ça tient à ma première rencontre avec elle. Rencontre visuelle, dans une salle obscure : en effet la première fois que j’ai vu Elizabeth Taylor à l’écran c’est dans le film de Mike Nichols Qui a peur de Virginia Woolf ? (Who’s Afraid of Virginia Woolf?) la reprise à l'écran de la pièce de théâtre éponyme d'Edward Albee sortie à Broadway, au Billy Rose Theater le 13 octobre 1962.

 

C’était en 1967, dans un cinéma de Tours. Je m’étais échoué dans cette ville sans âme pour une certaine Begoňia, une espagnole aux yeux de braise rencontrée au réveillon du Nouvel An. Il pleuvait des seaux, donc cinéma. Le choc absolu, George Richard Burton et Martha Elizabeth Taylor rentrant d’une soirée arrosée à la faculté où George enseigne et que dirige le père de Martha. Ils ont invité un couple de nouveaux venus à prendre un dernier verre. Mari et femme dans la vie – ils se marièrent même deux fois – entre Burton et Taylor, dans ce huis-clos, tout ce qu’un couple peut accumuler comme rancœur se déverse sans aucune retenue ou pudeur. Monstrueux ! Extraordinaire ! J’en sors bouleversé, chaviré par une Liz Taylor qui, pour interpréter le rôle de Martha, a pris quinze kilos et s’est vieilli de vingt ans. Que ma dulcinée du moment, elle, ressortisse de ce film totalement horrifiée eu l’avantage d’éteindre derechef un feu déjà bien mourant mais je lui étais au moins reconnaissant de m’avoir précipité dans les rets de deux monstres sacrés.

 

Comme la Liz Taylor de Qui a peur de Virginia Wolf ? valait absolument que je fisse Nantes-Tours-Nantes en 2 CV sous la pluie, celle qui vient de nous quitter valait que je lui consacre ce petit billet car, comme le raconte Peter Rainer, ancien président de la National Society of Film Critics aux Etats-Unis. «Elle avait cette présence de star fabuleuse, qui était aussi la cause et la conséquence de sa vie privée. C’était indissociable.» Il ajoutait «Elizabeth Taylor a été lancée par le cinéma, mais devint plus grande que le cinéma»

 

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 00:09

Chronique dédiée à Denis Saverot suite à ma chronique de lundi link

« Dès minuit, les percolateurs sont remplis de café et de lait et Chez Clovis, Françoise Cornut attend ses premiers clients : « Quand ils arrivaient, on leur servait le café dans de tout petits verres. On connaissait nos clients et on savait qui le prenait avec du lait, du calva, du kirch ou du cognac, comme la grand-mère de Lucienne Fabre qui commandait un p’tit ben raide. Après c’était le blanc cass’ vers cinq heures du matin, puis ils attaquaient la tête de veau ou les tripes. Mon beau-père préparait aussi de grosses marmites de pot-au-feu, de petit-salé ou de saucisses chaudes qu’il mettait dans des sandwiches avec de la moutarde. Ils mangeaient ça debout au comptoir rt repartaient finir de ranger et faire leur comptabilité. Ensuite, ils redescendaient vers deux heures de l’après-midi faire ce qui était pour eux un vrai repas, après quoi ils rentraient se coucher. Le samedi, comme les commerçants étaient contents de voir s’achever la semaine, c’était folklo, on n’en finissait pas. Tout le monde était heureux et buvait encore plus que d’habitude, c’était la fête ! »

Pour Claude Cornut, comme beaucoup de propriétaires de brasseries, la première boisson des Halles, c’est le champagne. C’est le quartier où l’on vend le plus de champagne en France, ce qui permet sans doute à l’un des représentants de Moët et Chandon de changer de voiture tous les ans.

Robert Meurice fréquente La Cloche, rue Mondétour : « Le patron, Nénès, était un gros savoyard qui avait une préférence marquée pour le champagne Pommery : il en voyait passer dix mille bouteilles par an et on raconte même que le jour de son enterrement, on a glissé un Mathusalem de Pommery dans son cercueil ! »

 

« Certains cafés font également office de vestiaire : ainsi, Chez Clovis, due mandataires viennent se changer tous les jours. A la Tour de Montlhéry, soixante-dix vestiaires sont à a disposition des tripiers qui, en échange, consomment sur place.

Bien que très mélangée, la clientèle des cafés réunit souvent des travailleurs d’un même secteur. Ainsi les volailleux fréquentent plus volontiers La Vallée, les poissonniers Le Grand Comptoir, les tripiers Le Bougnat Blanc ou La Tour de Monthléry, les bouchers de la rue de Montorgueil apprécient quant à eux Le Nid d’Aigle.

Odile Lavenarde et Fernand Devineau fréquentent ce bar-tabac très animé : « Ici les clients se faisaient parfois voler leur portefeuille et le matin, il y avait souvent une descente de police. Des couples louaient des chambres pour quelques heures, souvent des vendeurs qui venaient rencontrer leur maîtresse alors que leur femme était sous les pavillons. Ils disposaient également d’un grand dortoir avec une quarantaine de lits de camp qui permettaient aux transporteurs de se reposer une heure ou deux pour un franc. Il y avait souvent de la bagarre, mais il suffisait de sortir dans la rue en criant « aux bouchers », ils arrivaient avec leur couteau et les mecs se débinaient. Dans le coin, c’est les bouchers qui faisaient la police »

 

Je me souviens des Halles Josette Colin éditions Parigramme. 1998   

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