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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 00:09

Chère Françoise,

 

Si ce n’était vous jamais je ne me serais autorisé une telle liberté mais puisque viennent d’être publiées les « Mémoires d’un paysan », mémoires posthumes de Jean Pinchon, votre époux, le temps est venu pour moi d’écrire que vous êtes une grande amie. Bien sûr c’est par Jean que nous nous sommes connus. Il était Président de l’INAO et moi grouillot au cabinet de Michel Rocard 78 rue de Varenne. Très vite nous devînmes, chère Françoise, deux grands amis, complices, toujours alliés dans les discussions vives et passionnées qu’affectionnaient Jean, autour des grandes tables de votre maison d’Epaignes au Bosc-Carré, ou le soir chez Georges près de la Porte Maillot entre nous trois. Fine, cultivée, rebelle, non-conformiste, passionnée, curieuse de tout, je partageais avec vous de nombreux territoires et, à l’image de Montaigne et de La Boétie, si on me pressait de dire pourquoi cette immense amitié, je répondrais « je sens que cela ne peut s’exprimer » avant d’ajouter en marge, par deux fois « parce que c’était vous », puis d’une autre encre « parce que c’était moi ».

 

Rappelez-vous Françoise, dans nos discussions sur la religion, la Vendée, ma Vendée crottée et confite de religion, revenait souvent sur le tapis. Jean l’avait découverte en des circonstances dramatiques « À la mi-juin*, nous apprenons que les Allemands, et, 6 heures avant leur entrée dans Selles, nous partons affolés : à presque 15 ans, je dois conduire une voiture. Nous roulons sans nous arrêter jusqu’à la Guitardière de Nesmy, tout près de la Roche-sur-Yon ; là, nous observons, malgré le tragique de la situation, l’agriculture vendéenne, et nous nous rendons compte que bien des paysans français sont en retard par rapport à nous (...) À la Guitardière, nous sommes 17, toute la famille s’étant repliée là : même la gouvernante nous a suivis. L’armistice est signé et nous vivons les évènements au jour le jour. » Ce fossé entre deux mondes, si proches et si lointains, ne sera jamais réductible et il expliquera le sens de nos trajectoires et marquera nos constructions intimes. (* 1940)

 

Plus que tout la mort ferme à jamais les plis et replis de nos cœurs et de nos mémoires. Dans son livre Jean nous confie sa vérité et comme l’écrit dans sa préface Edgard Pisani « un homme est ce qu’il est. Un homme est ce qu’il fait. Il est accompli lorsque son action exprime son être. » De toutes les qualités reconnues à Jean, la plus indestructible était son indéfectible sens de l’amitié. C’est sur ce roc que nous nous sommes brisés. Nos personnalités ne pouvaient s’accommoder de demi-mesures et, quelle que fut la douleur de notre éloignement, je sais tout ce je lui dois et je n’ai jamais renié son affection. Par deux fois, Michel Rocard Premier Ministre a proposé à Jean de devenir Ministre de l’Agriculture : en mai 1998  lors de sa nomination par François Mitterrand réélu et c’est ainsi qu’il m’appela le soir même pour me dire « Jacques vous auriez été mon Directeur de Cabinet, maintenant il ne vous reste plus qu’à rejoindre Henri Nallet. » Ce que je fis. Puis, comme il l’écrit « Lorsqu’en octobre 1990, le Premier Ministre  Michel Rocard et son directeur de cabinet Jean-Paul Huchon me proposent de succéder à Henri Nallet qui quitte le Ministère de l’Agriculture et devient Garde des Sceaux, je refuse, car j’ai le sentiment que le monde rural a trop changé depuis l’époque où j’ai commencé de le servir, près de quarante ans auparavant, en entrant à la FNSEA ; et puis, je pense aussi en moi-même ce que je me disais enfant quand mes parents me conduisaient au cirque : « La musique est colorée et brillante, mais le trapèze est dangereux. » Je n’ai donc jamais été son Directeur de Cabinet mais je partage avec lui un grand privilège : avoir été Directeur de Cabinet d’un Ministre de la Ve République sans être fonctionnaire. Je me suis contenté, pour lui faire plaisir, de lui succéder au BNICE, Interprofession du Calvados, et ce ne fut pas ce que je fis de mieux dans ma vie.

 

Mais, chère Françoise, si j’ai pris la liberté, certains diront l’impudeur, d’écrire ce que je viens d’écrire, c’est que dans son livre Jean parle de vous. Il est rare que les grands chênes entrouvrent leur écorce. Jean le fait et son hommage est juste et plein d’une sincère admiration à votre endroit. Mes chers lecteurs me pardonneront j’en suis sûr de ne pas publier les pages où Jean parle de ses 21 années passées à la tête de l’INAO. Je joins à cet envoi une photo où je suis à votre gauche Françoise. Elle a été prise en décembre 1991 dans l’Aveyron, chez Germaine à Aubrac, la reine de l’aligot où nous partagions le pain et le sel avec André Valadier l’homme du renouveau du fromage Laguiole.

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Jean écrit à la dernière page de ses Mémoires « Me voici donc arrivé au terme de ma vie. Pendant un peu plus de 80 ans, j’ai été un homme heureux, parce que j’ai fait ce que j’ai voulu : élève à l’Agro, je ne voulais pas être un fonctionnaire carriériste, et effectivement, je ne le suis jamais devenu ; je n’ai jamais cessé d’apprendre, d’avancer. À 25 ans, j’ai eu la chance de rencontrer Françoise qui est devenue mon épouse et qui a vraiment partagé ma vie ; je regrette beaucoup de l’avoir sacrifiée, car, en lui demandant de quitter la librairie de Pierre Berès, je l’ai contraint à renoncer à une activité qui la passionnait pour élever nos trois enfants, Laure, Jean-Gustave, Alexis, si attachants dans la diversité de leurs caractères, leurs multiples qualités et leur affection pour moi malgré le peu de temps que j’ai pu leur consacrer et qui est un de mes profonds regrets. Grâce à Laure, j’ai un petit fils, Christopher, que j’aime beaucoup et qui, je l’espère, aura une belle vie.  »

 

Françoise, comme Jean j’ai eu la chance de vivre une belle vie. Lui comme vous, mais vous encore plus que lui, vous en avez fait partie. Recevez, chère Françoise, ma sincère amitié.

 

Jacques

 

 

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 09:06

  

Populaire, tout simplement populaire, oui Annie Girardot l’était sans solliciter de nous cette émotion de pacotille qui dégouline maintenant de nos écrans de télévision, elle touchait nos cœurs, tissait des liens de tendresse avec nous le public, elle nous ressemblait dans ses réussites comme dans ses échecs. Compagne de nos vies, jeune et belle dans Rocco et ses frères de Visconti en 1960, avec son timbre de voix reconnaissable entre tous, si frais où affleure la gouaille du peuple, émouvante dans Mourir d’aimer de Cayatte où elle incarnait en 1970 Gabrielle Russier, extraordinaire en 2002, en mère étouffante dans La Pianiste de Michael Haneke. Comédienne sincère, assumant le temps qui passe sans artifices, Annie Girardot nous t'avons tant aimé qu’en ce petit matin glacé c’est un fragment de notre cœur qui disparaît avec vous. Merci pour tout ce que vous nous avez donné.

 

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 00:03

C’est quasiment un sujet tabou. Dans l’imaginaire des buveurs authentiques le vin, qui ne peut-être qu’un vin de propriétaire, transite en ligne directe du tonneau, de la cuve du vigneron, à la bouteille. Le vrac ça fait tache, ça fait navire vraquier en port de Sète du genre Ampelos, péniches venant dépoter le liquide par pipe-line sur le quai 5 du Port de Gennevilliers, train entier de wagons-citernes sur un autre quai de Gennevilliers, litanie de camions citernes sur l’autoroute A62 (je n’indique pas le sens du transit). Tout ça c’est encore un coup des coopés se récrient les abonnés aux tables étoilées ! Désolé les biens embouchés le vrac vient aussi des particuliers : les VIF quoi. Comme j’ai la flemme de piocher dans les statistiques je conseille aux longs nez et aux becs fins d’aller vérifier mes dires dans les grandes crèmeries se shootant à la CVO : c’est leur boulot ! En plus, grâce à la mention « mis en bouteille à la propriété » et par le truchement de gros semi-remorques, tout équipés, prévus à cet effet, le vrac s’efface derrière la bouteille quand il ne se transforme pas en un embouteillage au château.

 

Le vrac c’est la ressource du négoce, je n’ose écrire le minerai, et même si certains mettent la main sur le raisin bien avant qu’il ne soit pressé, le vrac existe et je ne l’ai pas inventé. Oui, même si ça semble enfoncer une porte ouverte, lorsque le vin est fait il faut le vendre et comme un négociant achète pour revendre il n’achète que ce qui se vend. Bien sûr certains ne vendent que du prix pour les adorateurs du moins cher du moins cher : appel d’offres, bataille féroce au centime d’euro, ce sont les faiseurs de miracle qui sévissent, bradent, détruisent de la valeur. Des noms ! Non, ils sont connus de tous. Restent ceux qui exercent leur métier de marchands de vin en cherchant à mettre à la disposition de leur clientèle des vins qui les satisferont. Bref, je ne vais pas ici rabâcher ce que j’ai si souvent écrit sur ce sujet car ça énerve les grands amateurs qui ne lichent que du GCC ou des vins de propriétés. Cependant, permettez-moi de proférer une autre évidence : avant le vin il y a le raisin. Ne serait-il pas judicieux de se poser la question : ce raisin va-t-il faire un vin que je saurai vendre, moi-même ou par le truchement d’un négociant. Vin voulu ou vin subi, le couplet est connu donc je ne reviens pas dessus.

 

Dans une prochaine chronique je reviendrai sur le « renouveau » du vrac lié au développement de la consommation dans les pays émergents. Les assembleurs : le retour ! L’embouteillage de proximité avec des vins transportés sur les monstres des mers en des conditions techniques optimales. En Chine on parle de Domestic Wine c’est plus sexy que MVDPCE (Mélange de Vins de Différents Pays de la Communauté Européenne). J’entends déjà bramer le chœur des grands amateurs, vitupérer le professeur P, tempêter les gars de la Conf’Pé, mais moi je ne fais que mon métier : relater ce qui se passe sur les marchés de notre monde mondialisé. Ceci écrit je reviens à mon minerai, ce vrac dont il ne faut surtout pas causer. Si j’y reviens ce n’est pas pour vous faire le nième couplet sur les coopés du Languedoc qui, au cours de ces 15 dernières années ont réussi la performance d’être incapable de se regrouper en un pool de ventes pour peser face à la poignée des gros metteurs en marché faiseurs de prix. Chacun dans son coin, les directeurs se tirent la bourre, font joujou à la bouteille pour le caveau et ce pour le plus grand bénéfice des distributeurs.

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Non ce matin je vais de nouveau vous causer de Bordeaux. En début février l’ami César Compadre publiait dans SO un article «  Mercure doit éviter les prix à la casse sur le marché du vrac » link En effet, à l’initiative de Bernard Farges, Président de l’ODG Bordeaux et Bordeaux Supérieur, une plate-forme d'achat de vrac vient d’être créée sous forme de SAS dénommée Mercure. Elle ne concerne, dans un premier temps, que l'AOC Bordeaux rouge (millésime 2010), celle qui représente le plus de volume et qui impacte le revenu du plus grand nombre de viticulteurs. Action de court terme présentée comme la première mesure concrète mise en place dans le cadre du plan anticrise construit par la filière en 2010. Bernard Farges indique qu’« Elle achètera le tonneau de vrac (900 litres) aux vignerons à au moins 800 €, un prix en dessous duquel on estime que le marché ne doit plus descendre » Prix plancher donc qui exige qu’à un moment l’opération puisse se dénouer sans plomber le marché. Pari sur l’avenir pour arrêter la spirale baissière car c’est en janvier que commence la campagne des transactions sur le millésime 2010. Lors de la précédente campagne  en dépit des prix bas Bordeaux n’a pas  augmenté le volume de ses ventes.

 

Dans cette affaire, comme je l’écrivais dans le titre de ma chronique : quand le vin est fait il faut le vendre alors comme le dit justement César Compadre dans sa conclusion « Si la création de Mercure est louable - le bilan sera fait cet été -, c'est dans l'équilibre entre production et ventes que se trouve la sortie de crise. Et aujourd'hui la Gironde n'est plus capable de vendre ses récoltes, y compris si elles sont réduites en volume. Du coup, d'autres mesures sont dans les tuyaux, comme une possible sortie de volumes de vin de la famille des AOC. » Sans vouloir ramener ma science, n’était-ce pas là l’une des voies préconisées par un parisien, qualifié de HF par le driver du CIVB, lui qui osait déclarer dans Sud-Ouest en octobre 2003 « Ce qui est nouveau pour nous Français, c’est que nous allons subir la première crise des vins dit de qualité qui ne trouveront plus preneurs car ils ne correspondront plus à la demande du marché. » Tout ça me direz vous c’est du passé et comme le dirait notre Charlier du Sud « du passé faisons table rase ». J’en conviens aisément mais pour réguler, mot très tendance, il faut maîtriser la mécanique des fluides et la fameuse volatilité des prix n’est que la conséquence de l’absence de maîtrise, et des capacités de production ou/et des volumes mis sur le marché. À Bordeaux, comme dans tous les vignobles volumiques, les outils pour réguler le vrac sont à portée de mains encore faut-il que les faiseurs de vins, coopératifs ou individuels, sortent des schémas d’un autre âge.

 

Affaire à suivre sur mes lignes...

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 00:09

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Avec cette troisième chronique Sophie s’installe tranquillement sur mon espace de liberté. Elle s’y meut avec aisance car je crois qu’elle s’y sent bien pour y faire entendre sa différence, sa petite musique, et pour vous livrer son approche du vin loin des batailles stériles de chapelles. Sa quête patiente et précise de vigneronnes et des vignerons originaux qui occupent discrètement, mais avec passion, les plis et les replis de nos territoires participe bien sûr à la mise en avant, à la découverte de leurs vins mais surtout elle esquisse une approche plus attentive du quotidien de leur métier d’artisan, « de ce que fait la main », loin du tam-tam médiatique, dans cette solitude qu’évoquait ici-même Hervé Bizeul.   

(En bonus Sophie vous invite à une conférence-dégustation le 14 mars à Paris. C'est tout en bas de la chronique) 

                                                                ****************************************

 

Sur les conseils avisés et bienveillants de Michel Smith, après mon passage chez Thierry Rodriguez le chasseur de cru link  je reste à fureter dans le Languedoc.

 

Je dois l’avouer, je suis née à Bordeaux. J’ai fait du vélo à Léognan, bu mes premières lampées en Saint-Emilion et fait mon premier stage de vinification à Haut-Brion. Et si le nouveau monde était juste un peu plus à l’Est ? Nul besoin de franchir d’autres frontières que celles du chauvinisme viticole atavique que porte encore si bien ma grand-mère… Donc c’est vrai… je découvre le Languedoc après l’Afrique du Sud et il était temps.

 

Je m’arrête sur le vin de Costes-Cirgues pour plusieurs raisons. www.costes-cirgues.com

 

La première est qu’il est bon, la deuxième est qu’il est sans soufre, la troisième est qu’il est fait par une femme.

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Commençons par la troisième raison non pas que je crois en une opposition sexiste des modes de vinification (la virilité dans un chai peut engendrer des vins très féminins) mais parce qu’il s’agit tout simplement d’une femme atypique. Béatrice Althoff a cette douceur et cette discrétion qui dissimulent assez bien la ferme volonté qu’elle a dû exercer, tout d’abord comme dirigeante d’une entreprise de construction en Suisse, puis, en guise de conversion professionnelle, comme viticultrice suisse allemande exilée en Languedoc… sans parler des trois enfants qui se glisseront dans son parcours. « Etre une femme, étrangère et faire du bio il y a dix ans… » me dit-elle avec une moue modeste et amusée.

 

Ma perplexité s’accroît lorsqu’elle poursuit sur le thème du sulfitage. « Vous savez c’est une question d’habitude… dès le départ, j’ai travaillé sans soufre ». L’audace de la débutante? Et là j’en viens à ma deuxième raison. Je ne vous apprendrai rien sur l’utilité du sulfitage des vins, aussi bien à l’arrivée de la vendange que pendant l’élevage. Là n’est pas la question. Sur Costes-Cirgues 2007, pas d’altération, pas de note oxydative qui sont les risques inhérents (parfois recherchés) à toute vinification sans soufre.

 

Les dégustateurs d’Autrement Vin avaient salué un vin « bien fait ». Car Béatrice « fait » bien son vin. Non pas dans l’idéal confiant de laisser faire une nature bienfaisante, mais dans le réalisme d’une approche technique éclairée. Analyses microbiologiques, microscopie par épifluorescence pendant l’élevage et avant la mise en bouteille… l’absence de SO2 implique une vigilance extrême pour prévenir la foultitude de dangers microbiologiques qui guettent un vin en fermentation ou en élevage (brettanomyces, bactéries acétiques, …). La clé ne serait-elle pas avant tout dans l’action bien pensée de l’homme sur la nature ?

 

Mais écartons-nous d’un scientisme qui pourrait effrayer et revenons à la vigne. Car c’est là l’origine du vin. C’est là que se jouent les vrais enjeux de la viticulture. Le respect des équilibres, l’écoute de l’écosystème et la conduite en bio sont une règle d’évidence à Costes-Cirgues… et la biodynamie un corolaire, sans être une fin en soi. Les photos d’étiquettes nous rappellent que la vigne est une partie d’un tout, d’un monde végétal vivant et protecteur. C’est cette vibration que nous aimons retrouver dans le verre. Subtile et sans ostentation, il me semble l’avoir perçue dans Costes-Cirgues.

 

Sophie 

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INVITATION SOIRÉE CONFÉRENCE - DÉGUSTATION LE 14 MARS À 19h00 - PARIS SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS

  

STRATAGÈME : une balade géologique et sensorielle dans les vins du Languedoc.

 

Thierry Rodriguez, vigneron et chasseur de crus, Jean Natoli, œnologue-conseil et Philippe Combes, géologue, vous invitent à découvrir leur travail de recherche géologique et œnologique entrepris dans le cadre du projet Stratagème : 11 terroirs, 11 expressions minérales, 11 vins.

 

Programme de la conférence :

 

Philippe Combes :

Origine et histoire géologiques des terroirs du vignoble languedocien : de la mer à la terre.

Roche-mère et terroirs : comment s'est effectué le travail de sélection des terroirs.

 

Jean Natoli :

La vinification : accompagner l'expression des terroirs.

Dégustation commentée de quatre Stratagème : Poudingue, Calcaire, Marne et Basalte.

 

Détail de l'évènement

 

Lieu : Hôtel de l’Industrie, Salle Lumière, 4 place Saint-

Germain-des-Prés (face à l’église, à deux pas des « Deux

Magots »), 75006 Paris - métro Saint-Germain-des-Prés

 

RSVP : réponse rapide recommandée auprès de Victorine Crispel par mail à v.crispel@lagencevinifera.fr ou par téléphone au 05 34 55 88 06 ou 06 09 84 97 14.

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 02:09

Le matin du Nouvel An 72 je suis allé accueillir sur le tarmac de l’aéroport la sainte famille de Tanguy du Coët privée bien évidemment de sa nounou mapuche. Marie-Amélie profitant de l’échange traditionnel des vœux, et de l’attention détournée de son époux en grande conversation avec le Premier Secrétaire de l’ambassade, me sautait au cou et ses baisers dédaignaient mes joues pour mieux effleurer la commissure de mes lèvres et s’y attarder. La comtesse, née de Chabaud-Rohan, revivifiée par l’air du pays, me chuchotait à l’oreille « J’ai promis à Francesca de veiller sur vous. Entre femmes on se comprend. Venez demain pour l’heure du thé... » Elle réajustait son chignon avec élégance en me gratifiant d’un sourire plein de dents sans équivoque. Le côté androgyne des planches à pain m’a toujours ému, chez Marie-Amélie il se doublait d’un air résigné de plante en pot sage prêt, sous une soudaine poussée de sève vive, à se transformer en drosera carnivore. En lui éparpillant les cheveux sur ses épaules, en parcourant le galbe parfait de ses longues jambes, en attisant la braise qui couvait en elle, je me voyais bien jouer les boyards dans son boudoir. Mais l’heure n’était pas aux galipettes car si j’étais venu à la rencontre de l’ambassadeur c’est que la veille j’avais reçu la visite du représentant du « comité ad hoc » une jeune type tout frais émoulu de Harvard. Constitué au début de 1971 à Washington ce «comité ad hoc» où étaient représentés l'Anaconda Company (mines de cuivre), la Kennecott (cuivre), Ralston Purina (alimentation des bestiaux), Pfizer Chemical (médicaments), Grace and C° et Bank of America s’était donné pour objectif de maintenir la pression sur Henry Kissinger.

 

Ce charmant jeune homme, aux ongles manucurés, lisse comme une pomme, morgue en kit, un peu petit tout de même, venait s’enquérir auprès de ma petite personne de la vivacité des « petits vers du MIR» et de leur capacité à « véroler le vieux chancre » et à hâter « l’état de pourrissement du fruit ». Ses employeurs, drivés par Gerrity vice-président d'ITT, avait suggéré à Broe, le chef du service Amérique Latine de la CIA, un plan d’accompagnement afin de hâter la décomposition de l’économie chilienne. Rien de très violent, la méthode douce s’apparentant à l’euthanasie d’un patient en phase terminale. En d’autres circonstances je l’aurais rudoyé mais là, voulant moi-même m’extirper du bourbier, je graissai ma tartine de miel, je lui servis une description qui le ravit. Profitant de son état de faiblesse, sans vergogne, je sollicitai un chèque de 100 000 dollars pour mes bonnes œuvres en ajoutant que madame Harriman ne percevait pas toutes les subtilités de la volaille gauchiste et que sa pingrerie se révélait préjudiciable à la prolifération de la gangrène de l’ultra-gauche. Sous-entendu : ce bonus reste entre nous. Il opinait en signant un chèque de la Bank of America. Alors qu’il me tendait sa petite contribution à ma future désincarcération du merdier chilien je lui proposais, très baroudeur du Middle West, d’enfiler un treillis et de chausser des pataugas pour que nous puissions nous enfoncer dans les métastases occupées par le MIR dans la proximité de Santiago. Il se raidissait, malaxait ses belles mains tout en cherchant une voie de sortie honorable que je lui proposai avec componction « J’ai une meilleure idée. Vous devriez rendre une visite de courtoisie au général Juan Manuel Guillermo Contreras Sepúlveda. C’est un homme clé. Au détour de la conversation dites-lui que sa charmante épouse coule des jours heureux aux côtés d’Arnaldo Ochoa le terrible Cubain qui commande en sous-main la Grade Prétorienne d’Allende. Ça le mettra en condition ». Rasséréné, le jeune mandataire prenait congé en me serrant la main avec effusion.  

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Charles Enguerrand, en bon diplomate, jugeait mon procédé un peu toxique et il me conseillait de faire attention à mes abattis. Semelles de crêpe et cheveux brosse estimait, lui, qu’une bonne grenade dégoupillée avait toujours l’avantage de foutre le bordel là où il fallait le mettre. Bien entendu dans la conversation je n’avais fait aucune allusion à la petite avance du sémillant représentant du « comité ad hoc ». Avant même que je ne l’informe de sa visite l’ambassadeur m’avait confié avoir été ravi de faire la connaissance du Grand Homme et que Francesca était en de bonnes mains. Ramulaud goguenard nous suivait comme un vieux chien fourbu. Nous papotâmes sur Paris, sur le Monts des Alouettes, la messe de minuit dans le vieux Pouzauges, puis j’entrepris mon embobinage de diplomate. Tâche fort aisée au demeurant. Les salades pas très fraîches que je vendais au digne représentant du Quai d’Orsay ravissaient le capitaine car il savait que j’allais enfin décaniller, débarrasser le plancher. Mon projet s’apparentait au billard français à quatre bandes : petite excursion avec visa touristique pour Buenos-Aires par un vol régional régulier, puis, avec le faux passeport que Ramulaud m’avait bichonné, d’un coup d’aile je gagnerais Brasilia, là location d’une voiture pour me rendre à Belém d’où je m’embarquerais pour Cayenne. Et ainsi je me retrouverais sur le territoire national muni de mes vrais papiers d’où je pourrais m’envoler pour Paris-Orly aux bons soins d’Air France. Là-bas, un petit saut chez le grand homme puis cap sur Milan.

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 00:09

Jacques Canetti fut un génial inventeur au sens du code civil : « découvreur de trésor » la liste des artistes qu’il a imposé contre vents et marées, à rebrousse poil des modes, précédant et créant la tendance, est la plus belle affiche que puisse rêver la variété française (chanson&humour)

 

« De Polydor à Philips, jusqu'aux Productions et Éditions Jacques Canetti, en passant par Radio Cité et le Théâtre des trois Baudets, beaucoup d'artistes français ont un jour ou l'autre fait affaire avec lui et beaucoup lui doivent leurs premiers pas : d'Édith Piaf à Jacques Brel en passant par Serge Gainsbourg, de Georges Brassens à Jacques Higelin, de Charles Trenet à Félix Leclerc, de Guy Béart à Nougaro, de Jeanne Moreau à Serge Reggiani, de Fernand Raynaud à Raymond Devos, de Pierre Dac et Francis Blanche à Robert Lamoureux... » Wikipédia

 

En prenant mon petit déjeuner vendredi matin, j’écoutais France Inter et Didier Varraud lui a rendu hommage à l’occasion de la sortie d’un coffret 4 CD et d’un DVD link J’ai choisi de vous refaire entendre Serge Reggiani dans une chanson « Les Loups » qui, dans le contexte de 68, avec sa scansion rauque et un univers musical dramatique, m’avait vraiment marqué.

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Serge Reggiani

 

Serge Reggiani Ses chansons côté scène, côté cœur

 

Pour la première fois, 7 heures D’IMAGES INEDITES et un  CD  best of : sa vie, son œuvre, en chansons, sur scène, en coulisses, en reportages, en interviews… Découvrez

 

C’est en 1964, précisément après le film L'ENFER, que Serge abandonne pour un long moment le cinéma et démarre sa carrière dans la chanson, grâce au producteur Jacques Canetti.

 

Un clip inédit a été réalisé à partir des rushes du film L’enfer  et réunit  Serge et Romy, sur les plus belles chansons de Serge. Ce coffret ravira tous les amateurs de Serge Reggiani et aussi de Romy Schneider.

 

CD: 28 chanson-Les meilleurs enregistrements en public de 1969 à 1976

 

BONUS: Hommage à Romy

 

DVD 1 INEDIT: Pour la 1ère fois en images 49 CHANSONS : ses plus grandes interprétations à la télévision et sur scène  (Dim Dam dom, Télé Dimanche, Bobino, Numéro 1, Champs Elysées…) de 1967 à 1985 : émotion assurée !

 

DVD 2 INEDIT (2H30) :13 reportages de 1957 à 1969 - Voyage avec Serge au coeur de sa vie et de ses talents

 

1964: Le tournant de sa carrière: Après L'enfer de H.G.Clouzot avec Romy Schneider, il passe à la chanson

 

Avec un superbe hommage à Romy: reportages-interviews-tournages de 1955 à 1981

 

DVD 3 INEDIT (2H30): 13 reportages de 1970 à 1985 - De l'acteur maudit à son apogée dans la chanson - Serge raconte son étonnant parcours avec franchise et tendresse.

 

Prix : 35.00 €

 

Les Loups et des bonus, bon dimanche à vous sur mes lignes avec paroles&musique... 

 

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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 00:09

Comme pour les trains de la SNCF « un Rothschild peut en cacher un autre ». Ici il s’agit du baron Guy banquier de son état comme il se doit mais qui était surtout un grand propriétaire de chevaux de sang (il a présidé le Syndicat des éleveurs de chevaux de sang en France de 1975 à 1982) et les turfistes repéraient à tout coup les jockeys qui couraient sous ses couleurs : casaque bleue toque jaune car la « sainte casaque » alignait les victoires avec une régularité de métronome. L’écurie de Guy de Rothschild a notamment gagné une fois le Prix de l'Arc de Triomphe en 1963 avec Exbury, qui restera son cheval préféré, trois fois le prestigieux Prix de Diane (1957, 1960, 1961), trois fois le Prix Royal Oak (1949, 1964, 1973), deux fois le Prix Morny. .

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Ma « science » de la chose hippique je la tiens de mes travaux pratiques : pendant 5 années j’ai tenu le dossier des Courses au cabinet (le Ministère de l’Agriculture est cotuteur de ce secteur) et je connais bien le milieu. Présider les dîners de l’Arc au Meurice avec l’Aga Khan puis y faire le discours de clôture, les ventes de Deauville et le dîner du Syndicat des Eleveurs de chevaux de sang au Casino (on dîne beaucoup dans les courses), les bisbilles entre trotteurs et galopeurs, mes liens avec Georges Halphen mon délicieux propriétaire et l’ami Jacques Geliot grands amateurs de chevaux, socialistes, ça me changeait les idées. Donc ce Rothschild là, fils du baron Édouard de Rothschild (1868-1949) et de Germaine Halphen (1884-1975) et père d’Édouard propriétaire de Libération et Président de France-Galop, ne faisait pas dans les GCC. C’est chez lui que le futur Président Pompe fera ses armes de banquier.

 

L’anecdote qui suit met en scène le « milliardaire rouge » le truculent Jean Doumeng citoyen du monde et de Noé et, bien sûr, le baron Guy de Rothschild. D’URSS le JBD était capable de tout importer. Ainsi il fit le commerce lucratif de tortues de jardins vendues par les oiseliers des quais de Seine. Elles venaient des rives du fleuve Amour mais la SPA s’insurgea et le big Jean se rabattit sur les animaux de ménagerie : tigres de Sibérie pour Jean Richard, chevaux de l’Oural pour Joseph Bouglione, des chameaux du désert de Gobi pour Cheynau de Leyritz.

 

« Aussi à l’issue du déjeuner où ils venaient d’entrer en affaires, le baron Guy de Rothschild pouvait-il présenter à Jean cette requête : « Il paraît, cher ami, que vous importez, à l’occasion, des animaux sauvages, bêtes de cirque ou de zoo. »

Et, sur confirmation, il exprimait son désir de posséder un couple de mouflons pour le parc de son château de Ferrières. Jean promis de s’en occuper personnellement, si bien que, quelques semaines plus tard, le baron lui téléphonait : « Mille fois merci, cher ami. J’ai bien reçu les mouflons, et plus beaux même que je ne l’espérais. Mais, si j’ai trouvé votre carte de visite d’accompagnement, il n’y avait aucune facture jointe, à moins qu’ils ne l’aient broutée. Soyez donc gentil de me faire savoir combien je vous dois »Et Jean, superbe, de répliquer : « Figurez-vous, cher ami, que toute la fortune des Rothschild ne saurait me payer du plaisir que j’ai eu à vous être agréable. »

Il recevait, peu après, en remerciement, un somptueux envoi de Mouton-Rothschild de haut millésime. Et il l’avait goûté en l’honneur de l’ambassadeur soviétique Vorontsov, venu le voir à Noé. Mais, alors que le diplomate s’extasiait, il affectait de préférer un gros rouge en carafe, vin de la coopérative voisine de Longages. » Je ne déteste certes pas le Mouton-Rothschild, expliqua-t-il, mais ce cru de terroir est, à mes yeux, le meilleur du monde, le seul que j’aime vraiment. »

Intrigué, l’ambassadeur manifesta le désir d’y goûter. Alfred Nègre, présent au reps, l’en empêcha : « N’y touchez pas, Excellence. On vous a mal traduit les propos de Jean. Il n’a pas dit « le seul vin que j’aime », mais, exactement, « le vin que, seul, je peux boire. »

On s’esclaffa, et Jean, évoquant l’origine de ce Mouton-Rothschild, retombait, comme toujours sur des pattes : « Encore une affaire de troc des mouflons contre des « Mouton ».

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 00:09

Comme l’affirmait d’un air dégagé le capitaine Haddock à propos de sa boisson favorite : « Un soupçon, une larme... » le sujet qui fâche les modérateurs c’est la dose. En effet, depuis le célèbre slogan d’un fils de pub « Un verre ça va, trois verres bonjour les dégâts... » les messages dit sanitaires sont devenus des formes de barrière dont on ne sait trop si les transgresser entraîne des conséquences graves pour sa santé. Nous raffolons en notre beau pays, à l’image des grandes organisations internationales maniant mieux les statistiques que l’efficacité, des normes horizontales toisant tout le monde de la même manière en faisant fi de nos différences et des inégalités face à la vie. Pour les slogans c’est plus simple, simpliste, c’est censé frapper les esprits au travers de campagnes de communication aussi coûteuses qu’inefficaces. Dans le cas présent ce n’est pas le flacon qui fait l’alcoolisme et le combat sanitaire doit s’attaquer aux causes, aux racines profondes, non pas du mal mais de la souffrance sociale qu’exprime l’absorption régulière et excessive. Évidemment ce type de politique ne revêtirait pas le côté spectaculaire des spots télévisés mais elle aurait le mérite de s’inscrire dans la durée.

 

Mon petit couplet étant délivré revenons aux choses sérieuses : la mesure !

 

Aux temps anciens l’unité de départ pour le vin, tout comme l’huile d’olive, était la charge que pouvait transporter un mulet soit la quantité contenue dans deux outres. « Chez les Grecs et les Romains, la charge avait été divisée en 6 parts qui représentaient le contenu de l’amphore standard, soit un pied cube équivalent à 26,364 litres. Chez eux, lorsque le vin et l’huile étaient transportés en charrette, ils étaient conditionnés dans une outre en peau de bœuf, le culleus. La capacité de référence de celui-ci avait été fixée à 20 amphores, soit 527,28 litres. Une charrette transportait donc approximativement l’équivalent du contenu de 6 outres. Lorsque les Romains adoptèrent, pour le vin, le tonneau gaulois, ils en firent fabriquer à la même jauge que le culleus. L’unité de mesure devint ensuite le modius, ‘est-à-dire le fût contenant 527,28 litres. Le latin modius a donné « muid » en français, moggio en italien, moyo en espagnol et mueg en occitan. »

 

Oui mais une fois le vin transporté il devait être bu donc mesuré. Au Moyen Âge on distinguait donc :

- une ligne haute pour les ventes en gros ;

- une ligne basse pour les ventes au détail.

 

Pour la ligne haute l’unité de référence variait en fonction du réseau de voies de communication : « là où les charrettes circulent aisément, et là où on a facilement accès au transport par eau, le muid ou ses équivalents vont être la mesure de base. »

Si vous souhaitez entrer dans le raffinement des différentes mesures consultez le tableau ci-joint. J’en énumère les principaux.

Le demi-muid : tonneau dans l’Uzège et barrique dans le Castrais et l’Albigeois.

La charge : liée aux chemins muletiers prédominants dans certaines communautés des Cévennes, dans la Montagne Noire et le Velay. La charge variait de 126 litres à Langeac (Velay) à 220 litres à Pradelles (Vivarais)

Le semal : la moitié de la charge correspondait à la capacité d’une outre.

Le setier : très variable et manipulé 6, 5,4,3 setiers pour une charge.

L’émine : variait de 11,82 litres à 25,86 litres.

 

Pour la ligne basse il est important de signaler que « le principal débouché du vin était représenté au Moyen Âge par la vente dans les débits de boisson de toutes les catégories : hostelleries, auberges, cabarets... La deuxième ligne de mesures correspondait à cette consommation répétitive. Les échantillons de base se situaient donc dans une fourchette de capacité allant de 0,30 litre à 3,50 litres. »

 

Le pot ou pinte : qui variait entre 1,45 litre à 3,47 litres. « Lorsque l’on s’attablait à sept ou huit dans une taverne, on commandait un pot. De cette coutume, il nous est resté l’expression « aller prendre (ou boire) un pot ».

 

La miège ou piché : en occitan miège signifie moitié donc la miège était la moitié d’un pot. De toutes les sous-dénominations l’une d’elle vaut son pesant d’histoire « le justicial » c’est-à-dire le juste que l’on rencontrait dans le cartulaire d’Aniane où « le cellerier doit approvisionner chaque groupe de six moines, tous les jours ordinaires, de deux justiciales de vino de senioribus, « de vin des seigneurs » (grand cru). »

 

La feuillette : la moitié du miège.

 

La truquette : une demi-feuillette donc l’équivalent du verre soit 25 cl d’où le slogan de l’époque « Une truquette ça va, trois truquettes bonjour les dégâts. »

 

Pour finir quelques fraudes courantes :

- « L’une des fraudes les plus pratiquées consistait à introduire une vessie de porc par la bonde et à la remplir d’eau. Le subterfuge ne pouvait être découvert que lorsqu’on rinçait le tonneau. »

- « Quelques coups de marteau bien ajustés permettaient au tenancier de bosseler intérieurement le pichet ou la feuillette dont la capacité était ainsi diminuée de un ou deux centilitres. À la fin de la journée, le surprofit réalisé était loin d’être négligeable. »

Et une suggestion pour mes amis les marqueteurs du vin : dans le Rouergue le muid était dénommé aussi pipe et celle-ci variait en fonction de la période de l’année : une pour le vin novel ou moilh que l’on débitait entre les vendanges et la Saint-Martin et une pour le vin fact que l’on débitait entre la Saint Martin et les  futures vendanges.

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 00:09

Au cul des bouteilles, plus élégamment au dos, sur ce qui fut la contre-étiquette qui fait maintenant souvent fonction d’étiquette nous sommes gratifiés, en plus des mentions obligatoires, de laïus sur ce qu’il faut manger avec. Je n’ironiserai pas sur l’indigence qui caractérise en général les notices car c’est, du fait de l’extrême diversité de nos mets, mission impossible. Entre les minimalistes : viande rouge, poisson, charcuterie, fromage à pâte cuite, gâteaux secs... et les postmodernes : émincé de bœuf de Kobé en portefeuille de pâte feuilletée à la farine bise d’épeautre de Cucuron sur une fine couche de rutabagas bio rôtis de chez Alain Passard enrubannés d’un buisson de pissenlit blanc cueilli au flanc du Fuji-Yama parsemé de fleurs de violettes du pays de Cocagne saupoudrés de piment d’Espelette broyé à la meule chez Antonin Iommi-Amunategui in Euzkadi  du nord... s’étend le vaste champ où sévissent les petits génies du marketing qui, tels des chienchiens à sa mémère, s’échinent à courir derrière le dernier produit tendance : tapas, sushis, mini-légumes...

 

Trop d’uniformité créé l’ennui et ainsi plus personne ne lit. Alors, après avoir lu un drôle de petit bouquin d’un auteur québécois Dany Laferrière « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » aux éditions Le Serpent à plumes – pour les oreilles « politically correct » je signale que ce livre, publié en 1985, au Québec est une satire féroce des stéréotypes et des clichés racistes – je me suis dit un matin au saut du lit me remémorant un passage – que vous pourrez lire ci-dessous – pourquoi ne pas, au dos de nos belles bouteilles, conseiller aux buveurs d’être aussi lecteurs. En clair, un accord vin&bouquin. Très souvent en notre petit Landerneau nous parlons de vin d’auteur alors pourquoi ne pas marier deux inspirations, deux sensibilités, deux approches du monde, deux imaginaires. Le vigneron et l’écrivain y trouveraient leur compte pour le plus grand bénéfice de l’extension du des domaines du vin et des bouquins. Dis-moi ce que tu lis et je te dirais qui tu es : bien plus que les gloses des « longs nez et des becs fins » sur les origines d’un vin la mention d’un petit bouquin au dos d’une étiquette contiendrait beaucoup plus d’indices sur le moi profond du vigneron.  photolaf.jpg

« Faut lire HEMINGWAY debout, Basho en marchant, Proust dans un bain, Cervantès à l’hôpital, Simenon dans le train (Canadian Pacific), Dante au paradis, Dosto en enfer, Miller dans un bar enfumé avec hot dogs, frites et coke... Je lisais Mishima avec une bouteille de vin bon marché au pied du lit, complètement épuisé, et une fille à côté, sous la douche (...)

La bouteille gît encore au pied du lit. Je bois une bonne rasade avant de sombrer de nouveau dans la plus douce somnolence. Le vin descend, onctueux, chaud, dans ma gorge. Pas mal pour un vin de mauvaise qualité. Je me sens mou et comblé ».

 

Au-delà de votre lieu favori pour lire tel ou tel auteur je vous propose un exercice des plus sérieux :

1 – vous choisissez un vin d’auteur : nom, âge, qualité du vin bien sûr (si vous êtes vigneron choisissez l’un de vos vins bien sûr)

2 – si vous n’êtes pas vigneron vous imaginez en lieu et place du vigneron le bouquin : nom, âge, qualité du bouquin bien sûr qui pourrait être associé à ce vin.

3 – si vous êtes le vigneron du vin  c’est plus simple.

4 – vous écrivez une petite notice à l’attention d’un buveur-lecteur

5 – vous la transcrivez dans la case prévue à cet effet à la rubrique commentaire

6 – si vous êtes timides vous pouvez utiliser la rubrique contact en bas du blog qui permet de me transmettre un texte sans que celui-ci apparaisse aux yeux de tous.

7 – si le jeu en vaut la chandelle je publie un florilège de vos accords vin&bouquin.

8 – pour motiver les ramiers j'offre une tournée à tous les contributeurs à la Contre-étiquette bien sûr !

 

Bonne journée à tous et à bientôt sur mes lignes avec vos lignes...

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 07:41

L’idée d’écrire ces quelques lignes m’est venue suite à une  réunion initiée par les vignerons du Pallet qui ont invité les propriétaires viticoles à discuter avec eux.

 

La présentation du dispositif d’aides à la diminution de la surface en Muscadet et l’animation du débat était assurée par Alain Treton représentant la chambre d’agriculture.

 

Le conseiller général du canton René Baron est intervenu, ainsi que Pierre-André Perroin maire du Pallet.

 

Lors des nombreux échanges, les propriétaires (pour la plupart anciens vignerons) ont posé plusieurs questions :

 

-1-Comment l’administration a-t-elle pu pondre de pareilles mesures ?

 

Réponse : ce n’est pas l’administration, mais la profession viticole qui a mis en place ces mesures.

 

-2- Comment accepter d’arracher aujourd’hui une jeune vigne qui m’a coûté cher à planter et à installer sans véritable compensation financière ?

 

Réponse : c’est inacceptable.

 

-3- Qui va toucher le si peu d’argent promis dans ce dispositif ?

 

Réponse ; le fermier.

-

4- Puis-je l’obliger à m’en redonner tout ou partie ?

 

Réponse : non cela doit se faire à l’amiable et en bonne intelligence.

 

-5- A qui appartiennent les droits de plantation générés par l’arrachage ?

 

Réponse ; Si votre bail précise la dévolution des droits de plantation en fin de bail, c’est cette clause qui s’applique. Si votre bail ne comporte pas cette clause ou si vous êtes en bail verbal, vous devez le spécifier aux services de la viticulture (douanes) au moment de l’arrachage sinon les droits appartiennent  à celui qui arrache, en l’occurrence le fermier.

 

Cette réunion a été riche d’enseignements et mon sentiment personnel est que la viticulture n’a pas suffisamment analysé la situation avant de prendre des mesures unilatérales.

 

En effet, s’il est indiscutable que ce sont les producteurs de Muscadet qui sont les plus impactés par la crise économique et qu’il est mathématiquement impossible et professionnellement suicidaire de financer la récolte d’un vin que l’on ne vendra pas.

 

Il est flagrant que les plus impactés par les mesures d’arrachage sont les propriétaires qui pensaient légitimement, (après avoir pour la plupart mis en valeurs leurs vignes) avoir un complément de revenu pour leur petite retraite.

 

Comme l’a très bien dit René Baron, cela remet en cause le bien fondé de la retraite par capitalisation !

 

Ceci démontre au passage qu’il ne suffit pas d’avoir des vignes dans les meilleurs terroirs, mais qu’il est au moins aussi important de bien vendre le vin et ne s’occuper que du volet arrachage ne suffira pas à mieux vendre, contrairement à ce que l’on nous dit de manière simpliste.

 

Quoi qu’il en soit, il faut penser à l’avenir et construire de vraies zones viticoles dans les meilleurs terroirs et de vraies zones agricoles dans les bonnes terres de culture.

 

à suivre…

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