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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 00:09

Je suis très bon public, les jeux de mots à deux balles me font rire et une certaine de dérision gentille m’enchante. Tout ça pour dire que j’aime les gens, dépourvus de moyens mais pourvu de beaucoup d’imagination, qui montent des évènements avec des bouts de ficelles. Plutôt que de s’en remettre à de beaux esprits extérieurs dont c’est le job nos géotrouvetout réfléchissent, se posent les bonnes questions, fabriquent de l’intelligence, font ! Tel est le cas de l’opération « Changer l’Aude en Vin » dont la dernière édition vient de se dérouler dans la Cité de Carcassonne. En son temps j’avais assisté à sa première en 2009 link mais comme ma petite entreprise a elle aussi des moyens limités je n’ai pu me rendre aux deux dernières manifestations. Mais à toute chose malheur est bon car grâce à mon statut de coopérateur – pardon Jean-Baptiste – dans les 5 du Vin la maison Berthomeau a pu fourrer son nez dans l’Aude du Vin. Un beau nez en l’occurrence, un de pro, un vrai dégustateur : le régional de l’étape, j’ai nommé Michel Smith.(Lire sa chronique link photo-SMITH-23.jpg

Et moi, pendant que Michel se régalait dans les travées de Changer l’Aude en Vin, relancé par un « Save the date » je me portais en fin de journée sur les grands boulevards pour participer m’avait-on assuré à un truc d’enfer. Précautionneux j’avais pris le métro et sur ses murs j’admirais l’audace des fils de pub qui proclamait à propos du camembert Le Rustique : « le goût de l’authentique » fabriqué au bon lait de printemps. Very Good pour un besogneux calendos industriel fabriqué au lait pasteurisé qui doit avoir un goût de printemps fort ténu. Mais comme je voguais vers des rives prometteuses je n’allais pas faire tout un fromage des entourloupes de vendeurs d’illusion. Arrivé sur les lieux d’un temple djeunes, DJ et tout et tout, je me voyais propulsé sur une banquette en compagnie de Michel Dovaz qui sous ses longs sourcils de neige me lançait des regards désespérés. Il s’esbignait vite fait. Je souffrais : mais qu’est-ce qu’était venu faire ce brave Corbières dans cette galère ? Séduire les jeunes, les détourner d’autres breuvages industriels. Intention louable mais ma voisine me demandait « où se trouvent les Corbières ? » Dans notre îlot de quelques vieux nous survivions. Bien sûr autour de nous des tables buvaient du Corbières mais à 3€ le verre ça devenait très attrayant par rapport aux tarifs habituels de l’établissement. C’est la suite qui m’interroge ? Je concède que ces jeunes pourront se dirent « après tout, ce vin est sympathique, d’un bon rapport qualité-prix »  mais demain où le trouveront-ils ? Dans ce type de lieu : pour l’heure sûrement pas et pas à ce prix unitaire ; en faisant leurs courses : pourquoi pas mais je ne suis pas sûr qu’ils connecteront Corbières. J’avoue que je ne comprends pas bien le retour sur investissement pour le vin des Corbières de l’opération.

 

Le jeune vice-président chargé de la communication me posait la question de mon ressenti. Comme c’est un vigneron c’était du vin présenté dont il voulait parler. Que je sache tel n’était pas le but de notre invitation : nous étions là pour voir si la connexion avec les jeunes fonctionnait. Bien évidemment je n’ai aucun moyen de me prononcer au seul vu de ce que j’ai vu. Comme je l’ai écrit précédemment je reste dubitatif sur l’impact de cette opération sur la cible visée. Bien sûr je n’engage que moi mais l’image des Corbières me semble bien décalée par rapport à ce que cherchent les filles et les garçons qui fréquentent le Delaville Café sur le Boulevard Bonne Nouvelle. On ne se décrète pas tendance on le devient. Que l’AOC Corbières ait pour « ambition de sensibiliser et de séduire la génération des 20-35 ans » via l’Internet et les médias numériques me semble un défi intéressant mais, comme je l’ai écrit récemment, les Corbières se retrouvent ainsi en compétition dans un « Océan Rouge » où se pressent beaucoup de concurrents pourvus de moyens importants. Pour durer, pour se différencier, hameçonner durablement les jeunes consommateurs il est primordial de bien cerner ce que l’on est. En clair, la qualité du contenu du ou des messages prime sur la simple présence dans les tuyaux du Net. Le buzz ne se décrète pas, il se créé et encore faut-il avoir semé, être patient, pugnace et ne pas croire ou faire accroire que le nombre d’amis sur Facebook est le baromètre d’un retour commercial rapide.

 

Ma petite expérience de presque 6 années sur le Web du vin, sans autre moyen que le contenu de mes chroniques, ne me confère aucune supériorité d’un quelconque ordre mais me permet d’écrire qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, ne privilégier que la forme au détriment du fond – certes nécessaire mais nullement suffisante – et surtout avoir une approche trop générale : une tranche d’âge recouvre de fortes disparités sociales et économiques. Les jeunes, comme les seniors, ne sont pas des masses indifférenciées et qu’il y a des écarts énormes entre par exemple les jeunes du club de dégustation de Sciences-Po (ou d’autres grandes écoles) et la population qui fréquentait hier au soir le Delaville café. Même si ce que j’écris va hérisser les concepteurs, je n’en suis pas pour autant négatif. Je reste à ma modeste place de chroniqueur pour écrire que faire vaut mieux que subir mais de grâce « ne pensez pas à la place de ceux à qui vous vous adressez ». Comme j’aime à l’écrire mettez-vous dans la peau de John Malkovitch : les consommateurs, en fonction de leur âge, de leur statut, sont de drôle d’oiseaux pas toujours très faciles à cerner. Le Web, Facebook, Twitter où tout le monde s’agite, bouge pour, qu’au milieu du flux incessant, du trafic intense, ceux qui surfent vous remarquent. Y être, en être, ne suffit pas. L’important est de vraiment créer des liens qui démultiplient vos messages. Un réseau social ne sert à rien si le flux ne coule que dans un sens. (Lire ma chronique Réseaux sociaux : vous avez dit sociaux moi sur Facebook j’y retrouve la tyrannie du marché... link 

 

Et pendant ce temps-là le sieur Michel Smith écrivait – je lui laisse bien évidemment l’entière responsabilité de ses propos – « Les directeurs de syndicats viticoles et d’inter professions, les présidents de tout et les édiles qui n’ont encore rien compris mais qui croient savoir, les journalistes grincheux et auto suffisants, toutes les têtes pensantes et savantes qui gravitent dans la sphère viticole à coups de dizaines de milliers d’euros l’opération « de prestige », tout le monde un tant soit peu amoureux du vin devrait venir chaque année à Carcassonne pour prendre une magistrale leçon de communication. Une leçon simple que l’on doit aux cerveaux de quelques vignerons en mal de reconnaissance qui se mettent ensemble, qui se plient en quatre avec enthousiasme pour se faire connaître et faire goûter leurs vins sans pour autant débourser des sommes colossales. Comme dirait Valérie Diotte, fidèle lectrice de nos pages : mille bravos ! »

 

Un point qui n’est pas de détail le vin de Corbières qui nous a été servi était excellent il provenait du Domaine Prieuré Sainte Marie d’Albas à Moux 11700 www.saintemariedalbas.com Le propriétaire Vincent Licciardi était présent, ce fut un hôte prévenant et fort sympathique. Il en veut, il y croit alors puisqu’il vient de reprendre le domaine découvrir le fruit de son travail et l’apprécier c’est l’encourager. Enfin, comme Xavier de Volontat sait depuis longtemps que ma plume n’est guère complaisante il recevra ma chronique avec son flegme et sa distance habituelle.  

 

* Gérard Menbussa fut une cuvée culte Beaujolais-Villages de Cyril Alonso (une chronique à venir sur P.U.R.)

* Mozart est là est un souvenir de La cave mozza-maniaque de Yannig Samot, Mmmozza,  57, rue de Bretagne (3e)  

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 00:09

La maison tenant toujours ses promesses, il sera très fortement question de vin dans cette chronique pour vous permettre de faire une belle soupe de fraises au vin lorsque viendra la saison des fraises.

 

Qui sait encore quand commence chez nous la saison des fraises ? (Réponse ici via le site du sieur Hulot link) À Paris, comme partout d’ailleurs, elles déboulent sur les étals dès avril, grosses, moches, grenues, rouge brique, empilées, entassées, venues par camions entiers de la province de Huelva en Espagne. « L’Espagne exporte chaque année vers l’Hexagone, selon les douanes, 68000 tonnes de fraises (60% des importations françaises), soit un ballet de quelque 22000 camions par an, sur 2500 km. Un bilan carbone désastreux, selon le site Effets de terre www.effetsdeterre.frdu journaliste Denis Delbecq : l’émission d’une barquette de 500g vendue en Allemagne correspondrait à 442 grammes-équivalent-CO2, soit autant qu’une petite voiture roulant 3,5 km. Un goût amer ? » (Les Inrocks, oui Egmont je le lis !) 

 

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                   Marcelo dl Pozo/Reuters

Si un jour vous vous aventurez, comme moi, en Andalousie dans la province de Huelva vous découvrirez l’horreur de 6000 ha de films plastiques jetés sur des terres arrachées à la forêt du parc naturel de la Doňana sous lesquels pousse « l’or rouge » à 2,45€ la barquette de 500g chez les bienfaiteurs du pouvoir d’achat. Ponction d’eau monstrueuse, rejet de pesticides dans la nappe phréatique, main-d’œuvre de précaires, sans papiers Roms ou Marocains payée 5à6€ la journée. Tout ça pour des fraises sans goût qui vont se taper des milliers de kilomètres pour satisfaire quel besoin au juste ? Je n’ai pas de réponse à cette question mais je crois que le problème c’est que ceux qui les achètent ne se posent pas de question. Quand à ceux qui les proposent ils vous répondront qu’ils ne font que suivre la demande.

 

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Attention, ici, je ne mets en avant que l’aspect empreinte carbone, la culture hors-sol existe aussi dans notre beau pays et la gariguette de Plougastel pourrait voir le jour partout ailleurs car elle pousse, elle aussi, sous tunnel plastique avec les mêmes perfusions. Le savoir-faire technique et commercial de Saveol fait que cette fraise a au moins du goût et qu’elle est cultivée dans des conditions sociales normales. Libre à chacun ensuite de faire le choix de consommer ou non. Pour la transparence commerciale, hormis le label AB, il serait bon que soit systématiquement porté à la connaissance des consommateurs la mention de plein champ pour les fraises qui poussent à l’air libre. Tout le monde ne peut pas fréquenter le marché paysan de Velleron près de l’Isle sur Sorgue. Voilà pour ma contribution au sauvetage de la planète et il ne me reste plus qu’à vous livrer ma recette de fraises au vin. Je l’ai commise il y a quelques années et je l’avais baptisée : Soupe de fraises des Bois. Je vous la livre en vous demandant de vous livrer aussi au jeu de remplacer les points de suspension par le nom du flacon. Merci par avance. 

 

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« Avec le plus beau de ses sourires il demandait à son ex-dulcinée un grand saladier et un tablier. Ce qui fut fait d’un petit air pincé. La nuée des nanas faisait cercle. L’avantage des fraises des bois c’est qu’elles sont équeutées alors il n’eut qu’à les déverser au fond du saladier.


Ensuite en un geste ample, au pif, il les saupoudrait de sucre de canne roux non raffiné. Pour les novices, notez : 150 grammes de sucre pour 750 grammes de fraises. Puis, avec des mines de chanoine il pressait un citron vert, râpait un bâton de cannelle et parsemait le tout de clous de girofle.


Enfin, instant suprême, après avoir débouché un flacon de ..., il le versait avec doigté sur les fraises des bois émerveillées.


Avec une grande cuillère en bois d’olivier il touillait.


Les filles s’extasiaient.


Mais, il y avait un mais. Il réclamait à la chouette Ginette une passoire pour réserver les fruits puis il versait le vin aromatisé dans une belle casserole de cuivre. Portait le liquide à ébullition puis, à feu doux, pendant 10 mn, le laissait chanter. Toujours avec des gestes de maestro il plongeait le cul de la casserole dans un bac de glace pilée. Attendait.


Décidait qu’il fallait maintenant passer aux choses sérieuses : goûter le flacon de... »

 

Pour terminer sur une note so british, puisée dans le panier de JP Géné Mes chemins de table chez hoëbeke voici la Strawberry and cream une tradition qui a court à Wimbledon, pas sur les cours bien sûr, mais là où les élégantes donnent du plaisir aux yeux.

 

« Il* connaît moins une autre tradition étroitement associée à cet évènement sportif : strawberry and cream, la consommation de fraises à la crème dans les gradins et alentour. Selon la légende, ce serait le roi George V(1865-1936) qui aurait introduit cette pratique pour distraire les spectateurs, mais Audrey Sell, bibliothécaire au Wimbledon Lawn Tennis Museum, assure que les fraises sont apparues dès le premier tournoi (1877) qui correspondait à leur pleine saison, fin juin. Cultivées principalement dans le Kent, elles sont cueillies la veille et réceptionnées à Wimbledon dès 5h30 pour être inspectées et réparties en barquettes de 10 unités vendues la saison 2008, 2,25 livres (2,60€). L’elsanta est la fraise officielle de Wimbledon, une variété abondante en Europe, à chair ferme, au goût sucré légèrement acide et d’un rouge brique à maturité. Elle doit être accompagnée de crème double d’un minimum de 48% de matière grasse selon le règlement. En 2008, il s’en est consommé 7000 litres pour 28 tonnes de fraises avalées en quinze jours. Les fermiers du Kent sont ravis. » (13 Juin 2009)

 

* Il = le télespectateur.  

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 00:06

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Dans le jardin du pépé Louis au Bourg Pailler y’avait de tout : des arbres fruitiers, une treille et plein de légumes. Alors, jusqu’à mon arrivée à Paris je ne connaissais que les asperges blanches du pépé Louis que j’allais dénicher le soir à la fraîche dans leur buttée avec la mémé Marie. Opération délicate que celle d’aller trancher avec la gouge métallique le rhizome au-dessus du turion sans faire de dégâts. Nos asperges étaient « blanc de lait » un peu rosée  avec tout juste, à la pointe, de fines nervures violettes. (voir Edouard Manet ci-dessus) Elles étaient douces et, trempées dans une sauce blanche, faite avec le bouillon de cuisson et une lampée de crème fraîche maison, nous n’en laissions pas une miette tellement elles étaient tendres. Alors, lorsque Miss GlouGlou nous fait le coup de l’asperge qui « dégaine l’amertume comme James Coburn la dynamite dans Il était une fois la révolution » elle ignore la douce et noble blanche pour ne s’en tenir qu’aux roturières : la violette et la verte qui sont à la mode sur les tables parisiennes. Je m’insurge donc contre son appréciation générique « Les asperges, il vaut mieux les avoir en photo que dans son verre de vin » Mes asperges blanches sont de bonnes convives elles admettent tous les vins.

 

Comme je ne suis pas raciste, bien évidemment j’apprécie aussi les vertes et les violettes, plus fruitées, avec une pointe d’amertume pour les premières, mais ce n’est pas une raison pour en faire tout un plat et sacrifier à la nouvelle religion de leurs accordailles avec le vin. En mangeant, l’exercice dégustatif m’a toujours parut étrange car il cantonne la conversation autour du vin et, pour ma part, à table, mon plaisir va bien au-delà du nez dans le verre et des gloses sur la robe, l’attaque et la finale du nectar qui accompagne le plat. Pour moi le bien manger et le bien boire permettent de délier les langues, d’animer les échanges, de rire et pourquoi pas de chanter, mais rien n’est plus réfrigérant, comme le notait récemment Vincent Pousson, que ces repas autour du vin ou l’on ne parle que de vin. Bref, le vin chez soi, comme au restaurant on le choisit seul ou en concertation avec les autres convives et ensuite il vit sa vie au rythme de la conversation. C’est un bon compagnon, pas forcément ramenard, qui peut bien sûr se glisser dans la conversation, faire l’objet d’éloges, de critiques, mais j’ai du mal à m’imaginer un repas où, les mérites comparés de l’asperge épousant en troisième lit un Muscadet juste après avoir partagée la couche d’un Condrieu et longtemps vécue avec un Beaujolais blanc, meubleraient l’essentiel du temps passé à la table du Seigneur.

 

Reste l’essentiel qui rejoint la célèbre affirmation « Sitôt bu, sitôt pissé ! » : les fragrances du lendemain de l’asperge. Comme je suis un garçon délicat, à défaut d’être cultivé, j’en appelle à Marcel Proust, dans Du Côté de chez Swann, pour traiter ce délicat sujet.

 

« Mon ravissement était devant les asperges, trempée d’outre-mer et de rose et dont l’épi finement pignoché de mauve et d’azur, se dégrade insensiblement jusqu’au pied – encore souillé pourtant du sol de leur plant – par des irisations qui ne sont pas de la terre. Il me semblait que ces nuances célestes trahissaient les délicieuses créatures qui s’étaient amusées à se métamorphoser en légumes et qui, à travers le déguisement de leur chair comestible et ferme laissaient apercevoir en ces couleurs naissantes d’aurore, en ces ébauches d’arc-en-ciel, en cette extinction de soirs bleus, cette essence précieuse que je reconnaissais encore quand, toute la nuit qui suivait un dîner où j’en avais mangé, elles jouaient, dans leurs farces poétiques et grossières comme une féérie de Shakespeare, à changer mon pot de chambre en un vase à parfum. »

 

Précisions pour les néophytes de l’asperge :

1-     Il faut la peler de haut en bas avec un économe ou si l’on est adroit avec une lame fine.

2-    La cuisson : les maîtres disent : 9 mn pour le 1/3 du bas, 6mn pour celui du milieu et 3 mn pour la pointe. Grotesque ! Cuisez-les à la vapeur de 10 à 15 mn selon la grosseur et la qualité de l’épluchage.

 

Samedi dernier j’ai mangé en entrée des asperges vertes à L’Hédoniste rue Léopold Bellan www.lhedoniste.com et j’ai bu ça.

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 09:45

Le suspens fut tellement insoutenable que je viens de m’apercevoir qu’aucun d’entre vous n’a songé à me réclamer les résultats de l’élection de MISS Couverture de Cuisine&Vins de France. link Et pourtant 24 valeureux votants se sont exprimés pour cette élection.

Je les en remercie.

 

Les Résultats :

Votants : 24

Exprimés : 23

Blanc : 1 (Gus)

Abstention : 1 (Léon)

 

La photo n°1 : 6 voix

La photo n°2 : 5 voix

La photo n°3 : 11 voix élue 

 

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Le gagnant (le premier à avoir voté pour la photo n°3) est Michel PASTIS qui se verra remettre en mains propres dans le trou du cul du monde une belle bouteille de ma cave. Félicitations à l’heureux et fidèle lecteur.

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 00:09

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Hantise des « facteurs » de mets-vins – j’innove en me référant aux facteurs de piano qui les accordent – nos fromages, aux flaveurs et au goût parfois forts affirmés, ont quelques préventions vis-à-vis de certaines accordailles.

 

Faut-il exiger entre vin et fromage de longues fiançailles ou préconiser le concubinage ou se contenter de brefs 5 à 7 ? Je ne sais. En revanche, ce que je sais, c’est  que certains sont des saints, tels le saint-émilion et le saint-nectaire. Sans vouloir choquer mes paroissiens j’ose écrire qu’il sera possible au moins de les pacser même si sainteté rime avec chasteté dans notre sainte mère l’Eglise catholique et romaine. Les saintes, elles, sont rares : le sainte-foy (500hl) à Bordeaux vin liquoreux confidentiel et le sainte-maure-de-Touraine qui est un fromage de chèvre assez connu (1140 T) mais comme toujours le masculin l’emporte sur le féminin puisque j’ai écrit le vin de sainte-foy et le fromage de sainte-maure.

 

Plaisanterie mise à part, et même si après l’amphigouri je prends le risque de me voir taxé de pédanterie, permettez-moi de souligner que j’ai, pour une fois, parfaitement respecté l’antonomase des noms propres. Cette figure de style, la seule vraie antonomase pour beaucoup de théoriciens, consiste à employer un nom propre pour signifier un nom commun. Les antonomases du nom propre, contenant le mot «saint»  et qui, en se lexicalisant ont perdu leur majuscule : le saint-pierre poisson, le saint-nectaire fromage, le saint-émilion vin, la sainte-barbe cale à poudre, en sont la parfaite application. Ces antonomases sont parfois invariables : des saint-honoré, des saint-amour, des saint-marcellin.

 

Après cet amuse-bouche culturel destiné à relever le bas niveau de mes chroniques je reviens au sujet du jour où je souhaite utiliser la casuistique, surtout employée par les jésuites, qui consiste à résoudre les problèmes posés par l'action concrète au moyen de principes généraux et de l'étude des cas similaires, pour éclairer la lanterne de nos marieurs fromages-vins.


Ne vous effrayez donc point, ne faites donc pas tout un fromage de ma pseudo-érudition, restez sur mes lignes. En effet, je vais me contenter de mettre face à face deux frères canonisés à pâte molle fleurie pour que vous puissiez m’aider à résoudre leurs accordailles avec des vins eux-aussi touchés par la sainteté. L'idée n’est point si sotte et grenue qu’il n’y paraît car ces deux saints, si proches géographiquement, frères de lait – je n’ai pas osé fils de vache – nés dans des aires géographiques proches, sont caractéristiques de la belle complexité de nos beaux produits de terroir.

L1000848.JPG« Il vaut mieux s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints » dit-on, alors moi dès que j’écris fromage je m’adresse à Philippe Alléosse www.fromage-alleosse.com  . Michael Steinberger  le confirme « Alléosse, un homme manifestement amoureux de son métier, choisissait certains fromages et me les mettait sous le nez. »Sentez-moi ça », « touchez-moi celui-ci ». Tout cela finit par venir à bout de ma résistance lorsque nous nous retrouvâmes devant le chariot des saint-marcellin, ce fromage au lait vache, piquant et déraisonnablement coulant, produit dans la région lyonnaise. Je lui confiai à quel point j’aimais ce fromage-là, et immédiatement il m’en tendit un, que je m’empressai de dévorer : c’était sublime, la meilleure gratification matinale qu’on pût rêver. »

 

Mon projet matinal est le même, sauf qu’étant quelque peu plus vicieux que notre ami étasunien, je vous propose la même gratification matinale mais vous, vous aurez le choix entre un saint-marcellin et un saint-félicien pour accorder l’un ou l’autre de ces fromages, ou les deux si vous avez un fort appétit, avec un vin lui aussi sanctifié : saint-pourçain, saint-émilion, saint-joseph, saint-julien, saint-amour...

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Pour ceux qui l’ignoreraient le saint-félicien est le grand frère du saint-marcellin. Tous deux sont du Dauphiné, fabriqués avec du lait de vache, pâte molle à croûte fleurie, affinés de la même manière, à la lyonnaise (tout en crème), le premier est plus doux que le second.  À noter qu’il existe un saint-félicien ardéchois qui est un fromage de chèvre dit « caillé doux » du village de Saint-Félicien en Ardèche. Dans sa présentation (voir photos) le saint-félicien pèse 180g à 60% de MG et le saint-marcellin pèse 80g à 50% de MG.

 

Vous savez tout ou presque, à vous de jouer : mariez-les ! Pacsez-les ! Soyez inventif !

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 00:09

arton15790-28e81.jpgQue Michel Rocard en énerve plus d’un, je le conçois. Sa dernière interview dans Paris-Match témoigne, qu’à 80 ans passé, « Le plus prolixe des vétérans de la politique française, consulté par l’Elysée, chargé de mission aux antipodes, auteur compulsif de livres ou de préfaces, ancien scout toujours prêt à dégainer, dans sa prose inimitable — mi-ampoulée mi-bonhomme –, des propos cruellement lucides sur la crise ou l’«imbécillité» de son propre Parti socialiste» irrite. « L’ex-parangon du parler vrai s’est mué en imprécateur patenté, invétéré poil à gratter de son parti... »

 

Le bonhomme est ainsi, toujours en mouvement, toujours flanqué d’une énorme vache pleine de dossiers, autrefois environné du nuage bleu de sa Gitanes, capable, comme le note le journaliste de Paris-Match, de pondre « une tirade de quatre pages et demie, avec remontée à Philippe le Bel, pour expliquer le trop-plein d’Etat dans la France du XXIe siècle ! » dans le livre d’entretiens avec Alain Juppé mené par le chroniqueur de France Inter Bernard Guetta, et publié sous le titre impossible de « La politique, telle qu’elle meurt de ne pas être », théoricien en diable lui qui « n’a jamais trop aimé Marx » mais  « cite en revanche à tout bout de champ John Maynard Keynes » pourfend le capitalisme financier. Au 78 rue Varenne, il impressionnait même ses détracteurs par sa capacité d’écoute – prise de notes impeccables avec son Ball Pentel – et surtout par la maîtrise de ses réponses quel que soit le sujet. Avoir été conseiller technique dans son cabinet, chargé de la viticulture et des fruits et légumes, est une fierté pour moi.  (Lire la chronique C'était au temps où Michel Rocard s'éclatait au 78 rue de Varenne  link) Michel Rocard nous le rend bien puisqu’il déclarait «  il y avait aussi des spécialistes du monde agricole, et j’ai eu une chance de plus, celle d’avoir effectivement un cabinet fabuleux. Il y a des hasards de carrière partout. J’ai bénéficié, dans un cadre de carrière, de quelques unes des meilleures cervelles du monde agricole français et disponibles à ce moment-là. Je tiens à citer ici Bernard Vial, Bernard Candiard, Jean Nestor, Jacques Berthomeau et François Gouesse, parmi d’autres

 

Oui chers lecteurs il est des compliments qui vous vont droit au cœur sans forcément vous faire enfler la tête. Pour autant je ne suis, je ne l’ai jamais été – d’ailleurs ce n’était pas le genre de la maison – rocardolâtre, me contentant de partager avec lui une certaine vision du monde et surtout une manière d’être en politique. Je me suis engagé à ses côtés. Les Français, du moins dans un premier temps les hiérarques du PS, lui ont préféré « un prince venu de la droite », qui « n’avait pas le début du commencement des moyens de comprendre comment réformer des choses lourdes »… Des regrets, pas le moindre, c’est la vie, reste l’amitié et une admiration critique pour ce drôle de petit bonhomme avec qui j’ai partagé le pain et le sel, et du liquide qui va avec, les soirs de négociations à Bruxelles dans les petits restaurants qui entourent Bairlaymont. Je préfère ceux qui irritent à ceux qui nous anesthésient ou nous gavent de promesses. Les Français révèrent, après leur disparition, les hommes de conviction : PMF qui n’a gouverné que quelques mois en est le symbole.

 

Mais alors, me direz-vous, pourquoi cet accès de rocardisme en début de semaine ? L’écoute samedi matin de la revue de presse d’Ivan Levaï sur France-Inter citant l’interview de Michel à Paris-Match link  où, dans sa manière un peu claironnante « Il appelle aujourd’hui à l’instauration d’une société du « non-marchand » : « Il faut chanter, lire, jouer de la musique… Notre époque a perdu le sens de la fête. » Google m’a mis sous le nez l’interview et j’ai décidé de vous offrir ce passage à vous, gens du vin, parce qu’il nous va bien.

 

«Dans cinquante ans, la France sera le seul pays debout en Europe»

 

« Mais le père de la deuxième gauche balaie la question : « Sans aucune pertinence moins de six mois avant une élection ! Et cessez cette tentative de déstabilisation qui consiste à demander sans arrêt à Strauss-Kahn s’il va y aller ! La capacité de la France à s’en sortir dépend d’abord de celle qu’aura le FMI de contrer les envies suicidaires de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne de mettre de la récession chez eux. Leur excès de rigueur budgétaire risque de casser la croissance. » Et de pourfendre notre « peuple de râleurs », persuadé de son déclin depuis l’humiliation de juin 1940, alors qu’il détient la plus forte productivité horaire du monde, que « dans trois siècles il n’y aura plus d’Allemands » – pour cause de « suicide démographique », diantre –, et que « dans cinquante ans la France sera en Europe le seul pays debout ».

 

Debout, il l’est. Toujours à tempêter pour persuader ses concitoyens de se résoudre à une retraite effective à 66 ou 67 ans. « Comment ne peuvent-ils pas comprendre que travail et non-travail marchent ensemble ? L’allongement de la durée de vie nous condamne à travailler plus longtemps – on gagne un trimestre de plus chaque année – mais, en contrepartie, il faut réduire la durée hebdomadaire. » Et de citer encore une fois parole d’évangile, John Maynard Keynes : « Avant la fin du siècle, disait-il au début du XXe, il suffira de trois heures par jour ou quinze par semaine pour subvenir aux besoins de l’humanité. » Ce post-retraité paradoxal, suractif à 80 ans passés, réclame avec Paul Lafargue le « droit à la paresse ». Serait-il un flemmard contrarié ? « Même au plus chaud de mon action, j’ai toujours trouvé quinze jours pour naviguer l’été ou me livrer aux joies du planeur. » Il appelle aujourd’hui à l’instauration d’une société du « non-marchand » : « Il faut chanter, lire, jouer de la musique… Notre époque a perdu le sens de la fête. »

 

A la mairie du IIIe, le sentencieux Premier ministre a interloqué son auditoire en demandant « une minute de silence pour que chacun se remémore l’un des cinq plus beaux moments de sa vie »… « Vous voyez, triomphait-il, vous n’avez pensé que fiançailles, amour ou voyage… Pas une seconde à l’argent ! » Hédoniste, le Zébulon de la République ? « C’est juste le bonheur d’être vivant. »

 

À la tienne Michel ! Je lève mon verre à ta santé et à ta vitalité !

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 02:00

C’est à regret que je me défis de ma soutane pour revêtir une ample et chaude parka pourvue d’une capuche. Marie-Amélie, elle, du se contenter d’un manteau de fourrure en lapin aux poils fatigués et jaunis par le temps. Notre exfiltration se déroula sans incident sauf que le temps non parut interminable. Blottis l’un contre l’autre derrière une muraille de demi-carcasses de bœufs nous restâmes silencieux tout au long du trajet. Très vite Marie-Amélie frissonnait alors je la serrais fort en lui frictionnant le dos à intervalles réguliers. Moi c’est l’odeur suiffeuse de la viande morte qui m’indisposait, j’avais le sentiment que, comme elle, je mûrissais mal. Je faisandais. Étrange idée que de se pencher avec commisération sur sa vie dans une camionnette frigorifique qui se traînait dans les rues sinueuses de Valparaiso. Lorsque le chauffeur, un petit mapuche renfrogné, ouvrit la porte pour nous déposer, comme convenu, chez un garagiste de la périphérie, frère d’une des sœurs de la Congrégation, je fus à deux doigts de plonger dans un malaise vagal. Mon cœur s’envolait, comme une envie de lâcher prise, de me laisser réduire à un état gazeux, impalpable. La main ferme de Marie-Amélie serrant mon bras droit me raccrocha à la terre. Je lui souris. « Ça va vous ? » Une bouffée d’air chaud me happait et me rassérénait. Ma réponse « Vous êtes un peu barge mais je vous aime bien » lui rosissait les joues. Le chauffeur et le garagiste nous entraînèrent dans un hangar dans lequel un ramassis de vieilles bagnoles américaines poussiéreuses voisinait avec des moteurs suspendus à des palans, des piles de pneus lisses, des caisses de pièces détachées et de vieux bidons empilés. Avant de choisir un véhicule je sortis un nouveau rouleau de billets verts. À ma grande surprise, les deux hommes refusèrent mon bel argent américain. La comtesse s’extasia de cet altruisme avant de se rétracter « la mère supérieure a du leur graisser la patte » me fit-elle remarquer.

 

Mon choix se porta assez vite sur un pick-up Dodge qui me semblait plus vaillant que ses compagnons d’infortune et dont le prix se situait dans la limite du raisonnable. La comtesse, pendant que je faisais mes emplettes, furetait tout au fond du hangar. Je dois avouer qu’enserrée dans sa pelure de lapin défraîchie elle avait vraiment belle allure. Mon enthousiasme fut vite douché par sa voix haut perchée « Voilà très exactement ce qu’il me faut ! » Mes deux interlocuteurs, qui bien sûr n’entendaient pas un mot de français, ne prêtèrent aucune espèce d’attention à son interpellation et ils furent très étonnés de me voir les quitter pour aller la rejoindre. Je ne la voyais plus. Quand je la redécouvris elle se tenait à califourchon sur une grosse moto BMW de la Wehrmacht, toujours fraîche sous sa parure camouflée. Son regard décidé ne me laissait aucune illusion sur ma capacité à la faire changer d’avis. Je hélai le garagiste qui nous rejoignit d’un pas traînant. « Elle est en état de marche ? » Il opinait tout en se curant  les dents avec la pointe de son canif. « Combien ? » Dans ses petits yeux enchâssés un éclair de cupidité me fit penser que j’allais casquer. Refermant son canif, il grattait ses cheveux huileux puis, se plantant devant la comtesse, il empoignait ses cojones et les remontaient avec un air de défi dans les yeux. La comtesse ne se démontait pas, elle m’interrogeait quand même « Vous croyez que... » qui lui valait de ma part une confirmation sans appel « Le cul sur une pile de pneus si ça vous dit... » Elle soupirait « À la guerre comme à la guerre ! » Je me récriai « Vous êtes givré !

- Vous êtes jaloux

- Arrêtez votre cinéma...

- Il m’a l’air bien membré.

- Phantasme du camionneur madame la comtesse...

- Et alors, ce n’est pas demain la veille que l’occasion de représentera.

- Comme vous voulez, après tout c’est votre affaire.

- Oui mais très cher je ne le fais que si vous me tenez la main...

- Hors de question !

- C’est contraire à vos principes ?

- Non ça me dégoûte !

- Je rêve mais bon j’insiste : c’est à prendre ou à laisser.

 

L’irruption d’une matrone échevelée, trainant les pieds dans de vieilles savates mit fin à la séquence. Notre garagiste lubrique délaissa précipitamment ses cojones pour se consacrer à l’arrivante qui devait être son épouse. Elle agita sous son nez un papier graisseux rempli de tampons en éructant des injures où le porc occupait une place privilégiée. Face à des étrangers, son honneur de mâle étant en jeu, notre garagiste utilisait la manière forte : il balançait deux mandales en aller-retour à sa moitié qui s’en allait valdinguer sur son gros cul dans un bac d’huile de vidange. Avant qu’elle ne se relevât  il me marmonnait un prix que je m’empressais d’accepter. Je sentais bien que Marie-Amélie, face à ce spectacle qui la révulsait, se retenait. Pour faire diversion je m’enquérais auprès de la brute épaisse « Vous avez des casques ? » Derrière nous la matrone dégoulinante tentait une contre-attaque mais sa projection en avant se transformait, du fait de son oint d’huile, en une glissade sur le ventre qui se terminait par un heurt violent de sa tête dans une pile de pneus qui s’écroulait et la recouvrait. Le cri d’horreur de Marie-Amélie ne troublait pas notre homme qui nous faisait signe de le suivre. J’empoignais la comtesse par le gras du bras en lui intimant de ne pas s’interposer. Comme le livreur de bidoche entreprenait de libérer la bonne-femme de l’amas de pneus elle acceptait de me suivre en déclarant d’un ton pincé « j’adorerais lui frire ses cojones... » ce qui lui valait un passing-shot de revers de ma part qu’elle goûtait modérément « Comme c’est étrange à vous entendre vous sembliez préférer les consommer crues... »  

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 00:09

bv8a

« Un temps viendra comme dit l’autre où les chiens auront besoin de leur queue et tous les publics des chansons de Boris Vian »

Georges Brassens

 

« J’ai vu un grand garçon timide, réservé, un peu froid et, ce qui m‘a frappé, c’est qu’il était très pâle, nous avons parlé  musique, du métier, de la société... Très vite une complicité s’est établie.

Boris Vian était un homme charmant, blagueur, potache, il riait beaucoup, nous avions des fous rires pour tout et rien. Il était généreux, chaleureux, humain. Je me souviens d’un jour où j’avais quelques problèmes, j’étais un peu en déprime ; il est venu chez moi – j’habitais près de chez lui – il m’a tiré du lit, m’a emmené chez lui et m’a dit : »Tu restes-là ! et maintenant on travaille. »

Il pouvait être caustique mais jamais méchant, il avait des avis bien arrêtés  sur les individus. Quand nous allions à un rendez-vous, si cela ne se passait pas bien, il ne faisait pas de commentaires, il avait simplement l’habitude de dire : »Il y a les cons et les autres ». Ça m’est resté, je le dis toujours.

C’était un homme secret, à multiples facettes. Quand il travaillait avec quelqu’un, il ne parlait pas d’autre chose que de travail ; jamais il ne parlait de lui, ou de sa vie, il ne se plaignait jamais. »

Jimmy Walter le compositeur des musiques de Vian

 

Le souvenir du film « J’irai cracher sur vos tombes » au Katorza à Nantes juste avant mai 1968. Paul Guers, Antonella Lualdi...

 

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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 00:09

J'invite Bernard à ne pas lire ce texte.

Comme je ne suis qu’un mécréant, que mes doigts se couvrent d’ampoules à force de taper sur mon clavier, que ma vue baisse face à la neige de mon écran, que seul mon cœur garde de belles et vives pulsions, ce matin, comme trop souvent diront certains, je me laisse aller à décoconner. En un mot comme en 100 j’ai senti sourdre cette sève ardente à la lecture du supplément du N°100 d’une revue vinifiée par des amateurs : LeRouge&leBlanc. « Rien n’a changé Et pourtant tout a changé » constatent-ils, une façon élégante de dire que l’esprit est toujours au cœur de leur projet éditorial mais qu’avec presque trente de plus, la sérénité aidant, la focale est plus large, la porte est un peu plus ouverte « à nous donc de placer notre vision critique sur la bonne focale, autrement dit de ne pas nous laisser enfermer par exemple dans le pseudo-militantisme bio ou biodynamique, mais de faire partager à nos lecteurs l’idée que le vin que nous défendons est un projet global... » Longue vie au trentenaire, comme nous vivons de plus en plus vieux, LeRouge&leBlanc sera sans aucun doute un beau centenaire.

L1000862.JPGLes MOTS donc, ceux du VIN, sous la plume des rédacteurs de la revue ou celle des autres, voilà un beau projet : pour un ignare total comme moi c’est faire œuvre utile. En effet, la gourmandise, l’austérité, la finesse, la minéralité, la sapidité, l’émotion, l’énergie... et bien d’autres mots, tel la tension, ne parlent guère à ceux qui ne sont pas du cénacle. J’en suis et parfois l’aridité de certains propos me fait décrocher car je ne souhaite pas encombrer mes vieux neurones de mots qui n’évoquent rien pour moi. C’est de la stricte hygiène mentale et les pontifes du vin, que ne sont pas les amateurs du Rouge&Blanc, enfermés dans leur sabir, n’effleureront jamais, la merveilleuse alchimie de l’émotion esthétique. Le vin, quel qu’il fut, n’est que du vin, lui accoler des mots boursouflés, ne le hissera jamais au réel statut d’œuvre d’art. Moi je préfère la main de l’artisan, celle qui jour après jour, avec la ténacité et l’intelligence des gens de peu, fait.

 

Mais alors me direz-vous que vient faire Sartre dans cette galère ? Les Mots mon cher, son récit autobiographique qu’il publia dans Les Temps modernes en octobre et novembre 1963 et en volume chez Gallimard en 1964.  Conçu comme un « adieu à la littérature »  le livre rencontra un succès immédiat et contribua à l'attribution du Prix Nobel en octobre 1964, que Sartre refusa. Jean-Paul Sartre traversait un temps de sa vie ponctué d’évènements tragiques : l’accident de Camus, la disparition de Merleau-Ponty qui l’incitèrent à revisiter son enfance et à s’interroger : « que peut la littérature ? » Alors que les souvenirs d’enfance riment souvent avec complaisance, Sartre lui, au contraire, s’y livre avec un esprit critique acéré et beaucoup d’ironie. Nul attendrissement autour de cette époque de la vie : « J'étais un enfant, ce monstre [que les adultes] fabriquent avec leurs regrets. »

 

Reste notre DALIDA : « Des mots, encore des mots, toujours des mots, les même mots, rien que des mots, des mots faciles, des mots magiques, des mots fragiles, des mots tactiques qui sonnent faux... » Paroles, paroles... (voir en fin de chronique)

 

La transition avec mon chemin de traverse c’est Jean-Marc Gatteron qui me la donne en écrivant « le rédacteur devient en quelque sorte guetteur de mots tandis que le lecteur se cantonne – dans un premier temps – au rôle de goûteur de mots. » La suite est aussi de lui.

 

De l’art de trouver les mots

 

« Exprimer ses impressions gustatives, les imprimer, relève parfois du défi. En témoignent les périphrases et les contorsions verbales qui fleurissent ça et là. Les formules ésotériques foisonnent aussi, le recours à la brachylogie n’est pas un cas isolé comme le soulignait Voltaire : « Certains se font obscurs pour paraître plus profonds... ». De même certains commentaires font dans la démesure – l’hybris de la Grèce antique –, mais ils sont rapidement vilipendés car, selon la prédiction d’Hérodote, « Toujours le ciel rabaisse ce qui passe la mesure ».

Mais, peut-être, pour certains vins, faudrait-il avoir le courage ou la folie de laisser un « blanc » en guise de commentaire. On lirait la description du vin dans les blancs (...) ; d’ailleurs ne la lit-on pas entre les lignes ? Car lorsque, devant un vin, l’émotion est palpable, à quoi bon les mots ? Le silence suffit puisque « tout silence n’est fait que de paroles qu’on n’a pas dites ». Marguerite Yourcenar.

 

Reste François Morel, je lui laisserai les derniers mots, même s’il fut un temps où lui ne me les laissait guère. Pour moi, son texte reflète la fort belle évolution de la revue LeRouge&leBlanc, une forme de maturité apaisée et sereine, et, croyez-moi j’en suis bien aise. À noter sur le versant du dernier mot je suis un chieur patenté car je veux toujours convaincre, alors paroles, paroles...

 

Des vins libres et vivants

 

« Qu’est-ce parler d’Amour sans point faire l’amour,

Sinon voir le Soleil sans aimer sa lumière ?

Ronsard, Sonnets pour Hélène XVIII

 

Bien sûr, et avant tout, lorsque nous parlons vin, nous parlons de plaisir, avec ce que cela suppose de buvabilité et de digestibilité. Dans le même mouvement, nous ne pouvons pas ignorer ce qui peut restreindre ou annuler ce plaisir : il paraît impossible de séparer le plaisir du vin de la réflexion critique sur sa production. Parce que plaisir rime, pour les papilles et pour l’esprit, avec une certaine idée de liberté er de naturel, à l’opposé de l’idée de contrainte et d’artifice.

Souvent réunis sous l’étiquette « nature », les vins proches d’une telle idée de plaisir sont tout aussi souvent accusés de ne se définir que par un concept flou, et même de n’avoir aucune définition légale, ce qui est vrai. Sur quoi reposent-ils ? Pas de produits chimiques dans les vignes ? Bien sûr. Des vendanges manuelles ? Sans aucun doute. Pas de levures exogènes ? Evidemment. Pas de chaptalisation ni d’acidification ? Bien entendu. Pas d’intrants œnologiques, notamment pas de soufre en vinification ? Certes, en tout cas le moins possible. Alors ? Le « naturel », en l’occurrence, on le voit bien, n’a de signification qu’en regard des pratiques habituelles qui corrigent, compensent ou pallient les équilibres défectueux de la vigne et du raisin. Face aux techniques et adjuvants destinés à contraindre le vin à suivre une voie imposée, nous préfèrerons ici parler de vin « libre », c’est-à-dire sans autres impératifs que ceux du sol, de la topographie, du cépage et du climat, ou « vivant », c’est-à-dire sans traitements assassins. Il ne s’agit donc pas, pour les vignerons de vins dits « naturels », de développer une théorie générale de la Nature, mais plutôt de revendiquer plus simplement une certaine idée du rapport de l’homme – de l’agriculteur en l’occurrence – à la nature. Et, concomitamment, de respecter l’intégrité du corps et de l’esprit du buveur !

Bien entendu, notre approche suppose des vins que l’on peut boire et que nous buvons réellement, et pas simplement des objets de dégustation – aussi beaux soient-ils, tels Château Ausone, la Romanée-Conti ou l’amarone della Valpolicella de Quintarelli – réservés à des circonstances exceptionnelles, et la plupart du temps inaccessibles en raison de leur prix. »

 

Je dois vous avouer que ce texte m’interroge car si le buveur parfait, éthique, moine civil, croisait, au hasard de ses pas un flacon anonyme, donc sans signe extérieur d’identité, qu’il l’ouvrirait, l’apprécierait, prendrait avec lui beaucoup de plaisir, pour découvrir par la suite que ce vin tirait ses origines de pratiques, disons peu respectueuses de notre terre, est-ce que le plaisir pris en serait minoré ? Refoulé ! Caché ! Le plaisir n’est pas toujours pur, il peut plonger ses racines en des territoires secrets, innommés, alors autant je partage la démarche vers des femmes et des hommes soucieux de l’avenir de leur terre, de la Terre, autant je reste dubitatif sur le couple plaisir-éthique. Mettre ses actes en phase avec ses choix me va mais quand à tracer une ligne de démarcation rigide c’est faire fi de notre nature profonde, de nos faiblesses. Moi j’avoue que je prends du plaisir sans toujours me poser des questions existentielles mais comme je ne suis pas un amateur crédible mais rien qu’un buveur fantasque mes mots ne pèsent pas lourds...

 

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 00:09

Chapeau-BadenSur les 5 du Vin, dont je suis le co-créateur avec 4 autres Tontons Flingueurs, le sieur Lalau : HL à ne pas confondre, en dépit de la photo ci-dessus, avec col blanc dit BHL, face à une chronique, très perfide Albion sur notre terroir chéri, de David Cobbold à qui j’ai loué ma case du lundi a écrit «  L'avantage de partager ce blog avec deux Anglais, qui plus est pas trop bêtes, c'est qu'ils nous font réfléchir.

L'Anglais pas trop bête a de ces fulgurances... Bien sûr, il ne pense pas comme nous: parfois, ça agace, mais souvent, ça stimule. Ca nous évite en tout cas de tourner en rond dans les culs de sacs de la pensée que sont  nos sentiers battus et autres lieux communs (j'ai une promo sur les métaphores, ma p'tite dame; et avec ça, vous prendrez bien aut' chose?).

Suivait une chronique d’un très bon tonneau, pas de Bordeaux bien sûr, mais plutôt du terroir des Caillottes à Sancerre.

J’oubliais le titre, 100% Duras – pas l’AOC mes cocos, la Marguerite – Terroir, forcément Terroir

Bref, je me suis dit dans ma tête de petit chroniqueur branché sur 100 000 volts (les ampoules toujours) : « C’est le moment de tendre ton micro au Lalau sans que le Léon ne réponde en écho : Haili Hailo... pour faire barrage au terroirisme...»

 

 

État des lieux lapidaire réalisé par un petit rapporteur peu fiable

 

1-     Tous les vins proviennent d’un terroir (Annexe 1)

2-    « On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas non plus les trottoirs de Manille de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher » (Annexe 2)

3-    Jusqu’ici on se contentait de constater que l’andouillette à la ficelle, dont la ficelle est bien sûr consubstantielle à ce type d’andouillette, était bien pourvue d’une ficelle pour être dotée de la dénomination d’andouillette à la ficelle. (Annexe 3)

 

Face à la montée du terroirisme demande de protection rapprochée auprès du sieur Hervé Lalau dit HL(ne pas confondre avec BHL)

 

Bref, Hervé Lalau, face à la montée du terroirisme, vous qui aimez la castagne, je vous pose mes 3 Célèbres Questions :

 

Question 1 : C’est quoi le Terroir ?

Question 2 : Le Terroir c’est quoi ?

Question 3 : Pourquoi le Terroir ?  

Lalau-Herve-Bordeaux.jpg

Question 1 de J.B :

C’est quoi le Terroir ?

 

Réponse de H.L :

Reprenons, cher ami, si vous le voulez bien, les textes fondateurs. En l’occurrence, la déclaration des droits de l’homme et du terroir, alias Résolution OIV/Viti 333/2010 :

« Le terroir vitivinicole est un concept qui se réfère à un espace sur lequel se développe un savoir collectif des interactions entre un milieu physique et biologique identifiable et les pratiques vitivinicoles appliquées, qui confèrent des caractéristiques distinctives aux produits originaires de cet espace. »

Constatons avec soulagement l’OIV ne limite le terroir ni dans le temps, ni dans l’espace. Le terroir a donc quelque chose d’immuable, d’intemporel, osons le mot, d’éternel ;  et il peut s’appliquer aussi bien à une parcelle, à un climat, à un cru, classé ou non, une pente, une exposition, qu’au département de la Gironde dans son ensemble, moins les lacs et la forêt et les décharges publiques bien sûr, sauf classement contraire.

Comme les ailes des chasseurs embarqués, le terroir est donc à géométrie variable, ce qui lui confère une grande souplesse d’utilisation. Seuls peuvent véritablement le borner

1° les terroirs adjacents, déjà revendiqués,

2° les scrupules des vignerons, qui, quand même, doivent parfois savoir jusqu’où ne pas aller trop loin.

 

Question 2 de JB :

Le Terroir c’est quoi ?

 

Réponse de H.L :

C’est très beau. Je répugne à mettre d’emblée des étiquettes sur un concept qui est d’abord d’ordre esthétique.

Mais si vous me poussez dans mes derniers retranchements, je vous dirais que le terroir est d’abord plus belle conquête du communicateur viticole.

Quand c’est un sol, comme les Caillottes de Sancerre ou les galets des Costières, ça peut se toucher, se prendre en main, se sucer, si vous me passez l’expression. C’est physique.

Mais quand le génie français s’en mêle, quand le terroir s’extrapole, quand il est bien pris en main, il enfle pour atteindre la taille d’une commune, d’une appellation, d’une région, le mot abritant alors tous types de sols et de mésoclimats, tous types de vignerons aussi, les bons comme les autres, on touche au sublime – au sens gazeux du terme. La physique cède le pas à la métaphysique, le mot dépasse la chose, le terroir s’onanise, le terroir n’onirise.

Il faut quand même carburer au pastaga dès le chant du coq pour admettre, par exemple, que le Fitou, cette brave appellation séparée en deux entités distinctes, peut constituer un seul terroir. Mais cher Maître, laissez moi vous citer à ce propos un autre texte fondateur, le site www.lescheminsdufitou.com   , et son slogan : «Découvrir le Fitou et ses neuf villages. Un terroir, des hommes, des vins».

Et à propos de ce type de terroirisation élargie, qu’il me soit permis d’appeler en renfort notre Maître-soixante à tous, le regretté Pierre Dac : «Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites».

A l’inverse, constatons que quand certaines appellations revendiquent un terroir, certaines  propriétés, elles, s’avouent multi-terroirs. Comme Yquem, par exemple, à qui cette diversité de sols et d’expositions confère toute sa complexité.

 

 

Question 3 de JB :

Pourquoi le Terroir ?

 

Réponse de H.L :

Pourquoi la mer ? Pourquoi la beauté ? Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt. Le terroir est aussi insondable que la mer et aussi beau qu’une facture proforma acquittée par un nouveau client de Hong Kong séduit par l’exotisme d’un grand terroir. Comme me chantait mon ami Francis, un vigneron du Sud-Ouest nouvellement admis dans le cénacle de l’AOC : «Moi je n’étais rien et voilà qu’aujourd’hui, l’AOC, le terroir sont gardiens de mes nuits, j’les aime à mourir».

 

Mais vous souhaitez sans doute une réponse plus terre à terre, aussi vous réponds-je (synthétique) : parce que c’est français, Monsieur. Le terroir est une invention française, un mot bien de chez nous, qui ne veut sans doute plus dire grand chose, mais qui est à nous. Au départ, ce n’était qu’une simple altération du mot territoire. Notre génie en a fait une arme de conquête, l’ultima ratio du roi Bacchus : «à nous le terroir, à vous le pinard».

Je vous le dis tout net, Monsieur le Secrétaire Perpétuel de l’Amicale des Bons Vivants : il y a des choses avec lesquelles on ne rigole pas. Tout Français digne de ce nom devrait s’opposer avec la plus grande force à l’utilisation de ce concept par le parti de l’Etranger ; un parti qui, non content de menacer nos fils et nos compagnes, tente de s’accaparer nos idées, même les plus éculées. Et je défie tout Etranger de commencer seulement à comprendre la subtilité avec laquelle nous utilisons ce concept. L’Etranger, dans sa vision sordide, voudrait limiter le terroir, il voudrait l’enfermer dans une réalité tangible, le mesurer ; mais là je dis non, Monsieur Berthomeau, et je le dis solennellement. On ne mesure pas la liberté, on n’enferme pas le souffle du vent qui va porter la bonne nouvelle. 

 

Ouvrez, ouvrez la cage aux terroirs… Et ne m’en parlez plus pendant un mois au moins, bande d’escrocs!

 

J’en appelle aux mânes de  Grand Jacques, Brel :

 

Messieurs les Marketeurs, j’ai deux mots à vous rire,

Il y a trop longtemps, que vous me faites frire,

Avec votre terroir trempé à toutes les sauces,

Avec vos AOC aussi larges que l’ Cosmos

Et je vous interdis d’obliger nos journaux, qui ne vous ont rien fait

à recopier bêtement tous vos communiqués

Vos messages consensuels

De millésimes exceptionnels.

 

Une galéjade ça va, mais tous les ans et partout, bonjours les dégâts !

Annexe 1

Vu par monsieur tout le monde, donc moi, la vigne cultivée, c’est l’homme qui l’a implantée dans des lieux géographique précis qu’il a choisi en fonction de tout plein de critères : l’exposition, des qualités agronomiques du sol et de la capacité du cépage à bien y vivre (la notion de souffrance nécessaire de la vigne m’a toujours étonnée) pour y produire des raisins. Donc, une fois implantée la vigne, ses ceps plus précisément plongent, plus ou moins profond, leurs racines dans la terre et lancent leurs tiges à l’assaut du ciel et du soleil. Vive la photosynthèse ! Taillée, sculptée, cultivée, soignée la vigne porte des raisins qui ont donc une origine : ils proviennent d’une parcelle identifiée, cadastrée. Les raisins mûrs seront récoltés, vendangés, pour être pressés afin de produire du moût qui va fermenter pour faire du vin et ce vin aura donc la même origine que celle du raisin. Dit comme ça c’est simple. Pour l’heure, contrairement à certaines cultures hors-sol, la vigne est encore accrochée à la terre, donc tous les vins proviennent d’un terroir.

 

Annexe 2

Oui mais,  en parodiant la chanson de Maxime Leforestier « On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas non plus les trottoirs de Manille de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher. Etre né quelque part c'est toujours un hasard... ». Pour sûr qu’il y a une hiérarchie dans les origines ! Mais, alors pourquoi diable ne pas s’en tenir, comme l’a fait le baron Le Roy de Boiseaumarié à Châteauneuf-du-Pape, au simple constat de l’origine du raisin à l’intérieur d’une délimitation faites par des géographes et des juristes ? C’est ça l’identité du raisin, donc du vin, mais si j’ai bien compris en plus de son nom, de son âge, il lui faut aussi décliner sa qualité, je n’ose écrire ses origines, ses quartiers de noblesse ou sa roture ou son appartenance à une quelconque bourgeoisie.

 

 

Annexe 3

En effet, alors que jusqu’ici on se contentait de constater que l’andouillette à la ficelle, dont la ficelle est bien sûr consubstantielle à ce type d’andouillette, était bien pourvue d’une ficelle pour être dotée de la dénomination d’andouillette à la ficelle, je découvre avec un grand intérêt qu’il va falloir, en ce qui concerne certains vins qui viennent de quelque part (les plus nobles), s’ils veulent se voir décerner par la Commission de l’UE leur carte d’identité AOP, prouver l’existence d’un lien au terroir. Franchement, c’est un peu difficile à comprendre pour un esprit simple comme le mien car ce mot ne fait que traduire une réalité bien tangible, visible, constatable ? En cela Cobbold a raison il exprime un lieu comme le fumoir : lieu où l’on fume, le lavoir : lieu où l’on lave, le saloir : lieu où l’on sale... Bref, pour faire dans le style de notre Léon : y-aurait-il des petits malins qui fumeraient dans les cabinets ? En clair y aurait-il des appellations d’origine qui plongeraient leurs racines en des terroirs roturiers ? Ne serait-il pas plus simple de leur demander d’aller planter leurs choux ailleurs plutôt que d’emmerder les autres.

 

 

* en hommage à un célèbre slogan politique inventé par le publiciste auteur du non moins célèbre « Un verre ça va... »

 

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