J’adore cette Brève de comptoir de Jean-Marie Gourio.
Ayant reçu le sacrement du baptême dans les fonds baptismaux de l’église Saint-Jacques de la Mothe-Achard mon premier grand voisinage avec l’eau fut avec de « l’eau bénite ». Celle-ci m’a accompagnée pendant toute ma campagne d’enfant de chœur où j’étais souvent porteur du petit seau dans lequel trempait le fameux goupillon. "ASPERGES ME DOMINE"
Quitte à paraître un affreux impie, mais c’est la faute de mon père qui s’en moquait, et aussi de mon passé d’enfant de chœur jureur, « la grenouille de bénitier » représentait pour moi la quintessence de l’hypocrisie dévote.
Un peu plus tard il y eu, pour désigner les cathos de gauche, une autre expression qu’affectionnait la bourgeoisie rurale « des poissons rouges barbotant dans de l’eau bénite »
L’eau jusqu’à l’irruption de l’eau minérale en bouteille n’avait pas très bonne presse. Même que l’eau avait la réputation de rendre l’homme efféminé, tandis que le vin le viriliserait.
Ça ne vous rappelle rien ?
« Les femmes qui préfèrent le vin naturel ont probablement tendance à être plus créatives, que ce soit sexuellement ou intellectuellement » Alice Feiring.
Les plus belles plumes de ce temps n’y allaient pas à coup de périphrases.
Bref florilège :
« L’eau est un liquide si dangereux, qu’une goutte d’absinthe suffit à la troubler » Alfred Jarry.
« J’ai toujours remarqué que les gens faux sont sobres, et leur grande réserve de table annonce assez souvent des mœurs feintes et des âmes troubles » Jean-Jacques Rousseau dans la Nouvelle Héloïse.
Le divorce est total « Le buveur d’eau est souvent un militant antialcool. Son choix se porte sur le rejet des spiritueux ou celui de tous les alcools ; il devient abstinent ou tempérant, un peu comme dans le monde de l’alimentaire coexistent les végétariens et les végétaliens. » Didier Nourrisson.
Bien sûr pendant mes jeunes années j’ai connu dans ma vieille Vendée fortement alcoolisée cet affrontement larvé entre les deux camps alors qu’à la maison on me permettait de mettre beaucoup d’eau dans mon peu de vin. Les pochtrons faisaient partie du paysage et ma génération fut une génération ni-ni, ni sobre, ni grosse buveuse dans une forme d’esthétisme qui déboucherait dans les années 80 vers un goût prononcé pour le bon vin. Génération de jouisseurs dit-on que ces baby-boomers soixante-huitard faisait leur la maxime de Chamfort : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale. »
Revenons au temps présent avec Didier Nourrisson « Le buveur oscille désormais entre le cru et la cuite. À la suite d’une longue fréquentation des boissons, il est devenu gourmet ou glouton, amateur ou ivrogne. Le poète Paul Verlaine, dans Jadis et Naguère, avouait « je bois, non pour boire, mais pour me saouler. » Au XXIe siècle, cette pensée d’excès occupe encore sans doute bien des consciences. Mais le comportement individuel est aujourd’hui condamné pour déviance sociale. Lui succède une attitude collective d’enivrement que François Villon n’aurait peut-être pas désavouée : il faut bien que jeunesse se passe. »
Il est souvent reproché aux réseaux sociaux, à juste titre souvent, de se moquer de tout mais comme l’écrivait Érasme « Rire de tout ce qui se fait ou se dit est sot, ne rire de rien est imbécile. »
Alors ce matin puisque « L’humour renforce notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d’esprit. », c’est l’avis d’un expert Charlie Chaplin je vous offre deux grands classiques sur l’eau et le vin :
1- Bourvil « L'eau ferrugineuse »
2- « Je suis sous » dans la version d’Arno
Bourvil L'eau ferrugineuse - sketche par lemataf