Mais, et c’est le Ribaut du Monde, qui le dit, le dernier cri, aujourd’hui c’est de druncher. Le drunch, encore un mot-valise, né de la fusion entre dinner et lunch c’est, écrit-il : « une nouvelle manière, dit-on, de se nourrir sinon de s'alimenter, au gré de son humeur, en famille ou entre amis, à la maison et, c'est nouveau, au restaurant. Le brunch est le plaisir des lève-tard ; le drunch est aujourd'hui l'affaire des couche-tôt ». Le mot est lâché : les couche-tôt, papy-boomers amortis, banquiers privés de bonis, bobos en quête d’amis, écolos qui veulent économiser l’énergie, tous « à partir de 18 heures, autour d'un buffet ou d'une table dressée en toute liberté » puis extinction des feux à 21 heures, charentaises, bonnet de nuit et, pourquoi pas à la bougie, avec la belle de vos nuits, que vous aurez séduit en drunchant (on dit aussi « slunch » : souper et lunch réunis). au Mini-Palais* , tout en picorant dans des verrines – c’est ultra tendance – vous pourrez soit effeuiller la marguerite, compter les moutons, jouer à les sauter ou dormir car, comme le disait un sage, « le lit est aussi fait pour dormir ».
Alors, quand j’entends monter le lamento des « ceuss » qui pourfendent le Big Mac ou le soda d’Atlanta, je préfère sourire qu’écrire. Qu’ils se rassurent, le poulet au Coca n’est pas au menu du drunch car c’est ringard. Out ! Dépassé. Sans avenir. La tendance ne naît pas dans les zinzins à CVO mais dans l'Upper East Side à New-York. Nos amis américains, comme le montre l’étude VINEXPO-IWSR, vont devenir les premiers consommateurs mondiaux de vin tranquilles. Moi, du haut de la rue St Jacques, berceau des vignes de Lutèce, j’ai l’extrême prétention d’être un vrai « humeur » de tendances et je trouve dérisoire nos prétentions à vouloir faire inscrire notre gastronomie au Patrimoine immatériel de l’Unesco. Nous ne sommes menacés par aucune barbarie mais par notre inertie, par notre goût à vouloir défendre nos exceptions. Vivons ! La vie, celle que je viens de décrire dans ce billet au masculin, mais que j’ai conjugué avec le féminin, en est la preuve. Le bien manger s’accompagne du bien boire. Les occasions de consommation se multiplient. Les femmes, comme je l’avais écrit en 2001, sont de la partie. Et pourtant ce sont toujours les mecs qui s’arrogent le droit de donner le la. Alors au lieu de me tomber sur le râble une nouvelle fois, de demander ma tête, accordez-moi tout le crédit que mon statut « d’homme qui aime les femmes » me confère. Croyez-moi, c’est du béton.