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16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 09:30

Clin d’œil c'est dans un immeuble du 5, rue de Solférino que le Rassemblement du Peuple Français (R.P.F.), le mouvement lancé par le général de Gaulle, installa son siège à partir de juillet 1947.


De Gaulle pourfendeur des pratiques politiques de la Quatrième par une phrase cruelle : « des petits partis qui cuisent leur petite soupe au petit coin de leur feu » (discours de Vincennes, 5 octobre 1947) et qui en sera son fossoyeur puisqu’il sera le dernier président du conseil de la IVème république


Ses héritiers ne sont des pauvres caricatures qui ont depuis longtemps soldé l’esprit même des institutions de la Ve République en adoptant les thèses du « Coup d’État permanent » cher à Mitterrand.


C’est dit et voici la suite promise de ma chronique « L’histoire du fils d’un métayer de Teillé : un certain Bernard Lambert paysan et rebelle… » link


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« Après la chute de la IVe République, en 1958, de Gaulle convoqua le corps électoral pour désigner une nouvelle assemblée nationale. 4 candidats se présentèrent dans l’arrondissement : un aristocrate, un radical-socialiste, un poujadiste (c’était une nouveauté dans la région), et le traditionnel cheminot  communiste qui se présentait pour le principe. Le candidat radical sortant, André Morice, semblait imbattable : il y avait plus de dix ans qu’il siégeait au Parlement, avait été récemment ministre de la Défense nationale*, et était généralement considéré comme candidat possible au poste de Premier Ministre. Riche entrepreneur de Nantes, il avait l’assurance des suffrages bourgeois, de par sa position sociale et son étiquette radicale. Mais il avait également assuré ses arrières vers la droite, et avait récemment prouvé sa largeur d’esprit en soutenant les cléricaux sur un projet de loi  scolaire. Personne en France ne semblait aussi assuré d’une réélection.


Morice ne fit qu’une erreur ; il s’opposa au groupe local des jeunes agriculteurs. Quelques jours avant le début de la campagne, il dénonça publiquement les organisateurs de l’abattoir coopératif, les accusant non seulement de tendre vers le rouge, mais aussi de malhonnêteté financière. Les jeunes casse-cou qui tenaient maintenant sous leur contrôle le syndicat régional des agriculteurs en furent indignés ; Morice, déclarèrent-ils, devait  recevoir une bonne leçon. Mais comment s’y prendre ? À la fin d’une réunion qui dura toute la nuit, ils décidèrent de présenter un candidat paysan et de faire de Bernard Lambert leur champion.

 

Lambert lui-même n’avait pas pris part à cette discussion ; il revenait à peine d’Algérie où il avait servi comme sergent après un séjour de deux ans, y faisant une guerre à laquelle il ne croyait pas et où sa conduite lui avait valu d’être décoré. Lorsqu’une délégation alla le trouver le lendemain, il fut surpris et essaya de décliner cette offre : « Je reviens juste de la guerre, j’ai des dettes, je suis trop jeune et d’ailleurs je n’y connais rien en politique ? » Ils le convainquirent d’y réfléchir une semaine, recueillirent une pétition signée d’un millier de jeunes paysans de la région et, en fin de compte, obtinrent son accord.


L’histoire de cette campagne semble tirée d’Horatio Alger. Tous ceux qui comptaient se rangeaient soi derrière Morice, soit derrière le candidat aristocrate ; les gens bien nés, les milieux d’affaires, le préfet et le sous-préfet (dont Morice pouvait favoriser les carrières), les marchands de bestiaux comme un seul homme, tous les membres importants du clergé. Derrière Lambert il n’y avait personne, hormis une horde de jeunes paysans et un nombre considérable de jeunes prêtres qui abandonnèrent pratiquement leurs fermes et leurs ouailles pendant un mois pour se consacrer à la culture politique de l’arrondissement. À la fin du premier tour de scrutin, il y eut ballotage ; Lambert et Morice étaient à égalité ; les autres candidats étaient largement distancés. Le candidat aristocratique se désista aussitôt en faveur de Morice ; pour la première fois, de mémoire locale, le Bleu et le Noir s’unissait en un seul bloc. La phalange des jeunes paysans, point découragée, se jeta dans une action sans relâche de jour et de nuit pendant une semaine – et le miracle se réalisa. Lorsqu’on dépouilla le scrutin de ballotage, on compta 19.636 voix pour Lambert contre 19.229 en faveur de Morice.


Le mode d’élection de Lambert ne fut pas moins orthodoxe que son comportement politique à l’assemblée Nationale. Pendant ses premières années de député, il viola pratiquement tous les tabous de la politique française. Il provoqua les nationalistes en réclamant une paix négociée en Algérie. Il vota pour l’abolition de l’ancien privilège des bouilleurs de cru – acte de courage comme on en ont accompli peu de députés ruraux au cours de l’histoire. Il affirma tout à fait clairement que son propre parti, la catholique MRP, devrait être liquidé le plus tôt possible, les catholiques ne devant pas s’isoler dans un parti confessionnel. Il proposa la création d’un organisme d’État qui achèterait régulièrement toutes les terres mises en vente, en vue de les louer à de petits paysans qui les cultiveraient en coopérative. Il soutint que le mythe de la propriété de la terre par les paysans a été la cause de leur ruine et que, depuis 1789, ils ont déjà acheté au moins trois fois tout le sol français… »


Un tel trublion ne pouvait survivre dans le marigot politique, d’autant plus qu’en 1962 il vota la censure contre le Premier Ministre de de Gaulle à propos de la révision constitutionnelle. Un font anti-Lambert se constitua : les gaullistes qui ne lui pardonnèrent pas son crime de lèse-majesté et tous les conservateurs et les radicaux. Morice ne se représentera pas. Lambert fut défait 15.306 voix contre 18.512 à son adversaire (plus de 2310 suffrages s’étant égarés sur le candidat communiste, le PCF étant le meilleur allié de de Gaulle).


Wright s’interroge « accident spectaculaire ou signe précurseur de forces nouvelles à l’œuvre dans la société française ? »


Après mai 68, Bernard Lambert publiera au Seuil « Les Paysans dans la lutte des classes » avec une préface de Michel Rocard alors patron du PSU.


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à la surprise générale lors d’une élection législative partielle en juin 1969 dans la 4e circonscription des Yvelines, Michel Rocard bat le Premier ministre sortant Maurice Couve de Murville

 

 

C’est le début d’une histoire dont je serai un  petit acteur…


Les paysans ont fait mentir Tocqueville qui remarquait que « les paysans sont les derniers à se lever, mais qu’ils sont aussi les derniers à s’asseoir. »


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16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 00:09

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Fait maison, décret bidon décrète JP Géné dans le Monde link

 

« En voilà une idée qu'elle était bonne : distinguer les restaurants qui cuisinent chez eux des produits frais de ceux qui assemblent des plats en kit fournis par l'industrie agroalimentaire. »


L’idée était bonne mais la méthode inadéquate.


Pourquoi passer par la force publique ?


Pourquoi un décret ?


Quand arrêterons-nous de penser qu’on change  la société par décret ?

Michel Crozier 1979 On ne change pas la société par décret, Paris, Fayard, 1979 *

 

Paresse, refus  de prendre ses responsabilités, est-ce vraiment d’intérêt général ?

 

Le fait maison ne relève pas de la protection de la santé publique ou de la répression de fraudes sauf si le restaurateur trompe ses clients en affichant des informations inexactes.


C’est une question de nature contractuelle entre le restaurateur et son client.


J’ai du mal à comprendre que l’on puisse à la fois demander plus de liberté par rapport au système  des AOC, géré par les professionnels au sein de l’INAO, et revendiquer auprès de l’État la mise en œuvre d’une réglementation générale sur le fait maison ?


Pourquoi s’étonner que le bébé soit mal formé ?


Comment en aurait-il pu être autrement, pourquoi demander à l’État de règlementer sur un sujet qui relève de la liberté des intéressés.


On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.


Pourquoi les restaurateurs qui n’utilisent que des produits frais ne sont-ils pas pris par la main pour élaborer une charte, leur charte du fait maison ?


Ça ne relève pas de la mission impossible vu le nombre d’établissements en cause.


Sauf que dans notre pays tout le monde clame haut et fort qu’il veut moins d’État, moins d'impôts mais à la première occasion on revient quémander dans son giron et appeler à la rescousse ses fonctionnaires.


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Pourquoi ?


Parce que ça évite les confrontations d’intérêts contradictoires, les conflits et ça permet de bénéficier à l’œil  du bras armé de l’État pour faire respecter le décret.


Au risque de choquer certains j’estime que les fonctionnaires de la Répression des Fraudes ont mieux à faire.


Il faut arrêter dans ce pays de vouloir tout et son contraire, moins de règlementation appliquée par de fonctionnaires tatillons et plus de protection de confort.


Le « fait maison » en est une, en tant que consommateur je suis en droit d’exiger, en fonction de la hauteur de l’addition, du restaurateur qu’il s’engage lui-même sur ce qu’il met dans mon assiette.


C’est un contrat de confiance entre lui et moi, entre lui et ses clients.


Pas besoin pour cela d’un décret dont la rédaction est soumise au poids des lobbies et des intérêts contradictoires des organisations professionnelles dites représentatives.


C’est prendre un marteau-pilon pour écraser une mouche.


J’avoue que j’en ai soupé de cet assistanat, de cette forme de sécurité sociale pour professionnels majeurs et soi-disant responsables.


Quant aux clients, il faudrait aussi qu’ils se bougent le cul, qu’ils assument leur responsabilité de consommateur en étant exigeant. Mais est-ce possible pour une majorité d’entre-eux qui chez eux choisisse la bouffe déjà préparée ?


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Enfin un petit mot pour les grands chefs et leurs affidés qui se pavanent sur les estrades du SHIRA de Lyon pour vanter la haute gastronomie française alors que ce salon est la plus grande manifestation de  promotion de la bouffe industrielle. Qu’ils aillent donc se promener, comme je l’ai fait, dans le hall des Charal, Bonduelle and Co pour constater de visu ce que l’on nous concocte dans leurs laboratoires. C’est édifiant.


Nous sommes devenus des pleurnichards, des assistés pour qui il faut vérifier la becquée, notre responsabilité citoyenne est au abonné absent, nous râlons, nous revendiquons, nous sommes incapables de nous prendre en mains, nous demandons tout et le contraire de tout à un État impotent.


Pas la peine d’afficher au Baccalauréat un taux de réussite record à 87,9% si c’est pour un tel résultat, une telle démission.


Y’a des jours où je ne regrette pas d’être vieux, même un vieux con car « la différence essentielle  entre un jeune con et un vieux con réside dans le temps qu’il leur reste à vivre. »  Jean Dion chroniqueur québécois

 

* « Nous vivons dans une crise d’affolement devant la complexité d’un système que nous ne maîtrisons plus ». Ainsi, comme le citoyen n’a jamais été aussi libre de ses choix dans une société ou le nombre d’interrelations entre les Hommes a augmenté, les individus, qui ne supportent plus la contrainte, sont dépassés par un système qui ne paraît plus maîtrisable. Les systèmes ne reposent plus sur une forme d’autorité hiérarchique: tout le monde est dépendant de tout le monde, personne ne commande et tout le monde obéit. En outre, le nombre de participants à une décision augmente, d’où la complexification de la société et le ralentissement actuel de l’action. C’est pour cela que l’ « on ne change pas la société par décret » car le changement est long et se butte à la rigueur administrative ainsi qu’à l’immense jeu de réseaux autonomes ou les individus expriment leur liberté. L’innovation, l’initiative doivent donc se mettre en place sur le long terme afin de ne pas scléroser la société. »

 

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15 juillet 2014 2 15 /07 /juillet /2014 09:30

Le 12 juillet j’ai bien mangé, j’ai bien bu et j’ai remercié celles et ceux qui m’ont posté un petit message pour mon vieillissement annuel.


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J’en ai profité pour siffler aux Papilles, le restaurant, quelques verres d’un des vins de Frédéric Palacios du Mas de mon Père : Un brin de folie.

 

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Tout ça pour vous rappeler que pour ceux qui ont grêlé  joindre le geste à la parole est un acte d’une grande simplicité.


Pour  alors au-delà de cet acte simple de buvabilité je vous propose de participer à ma bourriche de l’été  dont le premier lot  est « en primeur 2014 » livrable en mai 2015 de Frédéric Palacios du mas de mon père en carton de 6, 60 euros.


Pour commander voici les coordonnées de Frédéric Palacios

 

Le mas de mon père Arzens

04 68 76 23 07    

fmpalacios@orange.fr

 

Je rappelle que ma bourriche de l’été est ouverte à tous les vignerons grêlés qui souhaiteraient qu’on leur donne un petit coup de main, de main à la poche, pour passer ce cap  difficile.


Faites-moi signe et je vous rajoute sur mes lignes.


Bonne journée à tous.

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15 juillet 2014 2 15 /07 /juillet /2014 00:09

Adolescent j’étais fascinée par les « planches à pain », bien plates, hautes sur pattes, ces compas qui arpentent le monde, androgynes aux cheveux courts, adeptes de la mini-jupe et des chaussures plates, sans fard, natures ! Mes copains me raillaient « il aime les maigres, les sacs d’os… » Je m’en foutais car mon amour était platonique, purement esthétique, un pied de nez à l’ancien monde que nous proclamerions être derrière nous en mai 68.


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Vanessa Redgrave dans Blow Up 1966

 

 

Mes amours de jeunesse, je les ai contées, romancés, « Chantal » link  et « Chantal m'avait dit « j'aime ta semence, elle a le goût du lait d'amande... » link


Digressions pour vous ferrer, vous amener jusqu’à la gardienne implacable du maigre, la tante Valentine. Le vendredi, à la maison, c’était poisson. Nous faisions maigre même si nous mangions rarement du maigre.


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Je vous embrouille à dessein car le Maigre ou Courbine est un poisson rare et cher. Sa chair est délicate et délicieuse. Le maigre (Argyrosomus regius), surnommé « grogneur » en raison des sons qu'il émet au moment du frai, est un poisson de mer, dont l'aire de répartition s'étend de la Norvège aux côtes congolaises, du détroit de Gibraltar aux rives septentrionales de la Mer noire. La population de l'Atlantique nord est indépendante, et se reproduit uniquement dans l'estuaire de la Gironde. Il est pêché principalement sur la façade atlantique de la Gironde au pertuis charentais*. Il ressemble beaucoup au bar, tant par sa forme que par ses qualités gustatives.


« À l'âge adulte, certains spécimens peuvent atteindre une taille de 2 m pour un poids de 60 kg. On trouve plus communément des individus de 50 cm à un mètre, pesant de 10 à 30 kg. Sa longévité ne dépasse pas la quinzaine d'années. Ses populations peuvent grandement fluctuer d'une année sur l'autre, en fonction de la température de l'eau, jusqu'à parfois laisser croire que l'espèce a disparu. En effet, pour favoriser sa reproduction, le maigre a besoin d'une eau à 20-21 °C.


Le maigre est un carnivore. À l'âge adulte, il se nourrit de seiches, de calmars, de poulpes mais ses faveurs vont aux sardines, soles, alosons, mulets et sprats.


Les pêcheurs de l'estuaire de la Gironde le capturent essentiellement en juin et juillet, en utilisant une technique très particulière : la pêche à l'écoute. Le pêcheur détecte les bancs en écoutant les grognements des poissons au fond de sa barque. Cela lui permet alors de poser son filet au plus juste. »


Moi je mange du maigre à une bonne table, chez Bruno Verjus à Table link

 

Le sieur Verjus un petit livre tout bleu « D’Yeu que c’est bon ! » aux éditions de l’Épure (en cours de réédition) link


À la page 56 il nous donne la recette du Maigre tranché aux agrumes.


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« Les agrumes, éloge de l’acide et du sucré, de l’amer et du salé, équilibrent subtilement ces saveurs en d’infinies combinaisons. Tout à la fois fraîcheur et plein soleil, ces agrumes me communiquent une vraie passion. Les voir, les toucher, les sentir égrène en moi joies et plaisirs… »


Pour la suite allez donc chez Bruno à Table il est intarissable sur les produits qu’il nous choisit…


Du côté du vin qui va avec le maigre j’ai sommé le sommelier de Ludo de nous resservir ce super blanc de l’Ardèche qu’il venait tout juste de toucher et dont j’ai oublié le nom…


Dernier détail, à la page 58 de l’opus de Bruno c’est le tour des Maquereaux de l’instant, comme quoi mon titre ne relevait pas de la pure provocation.


* « Le maigre passe l'essentiel de sa vie dans le Golfe de Gascogne qu'il remonte en longeant la façade atlantique.


En mars, il quitte les eaux côtières du pays basque, en bancs compacts, pour entamer sa migration de reproduction. Les maigres longent alors les fonds sablonneux des côtes landaises pour atteindre l'estuaire de la Gironde à partir du mois d'avril. Ils effectuent alors une remontée d'une trentaine de kilomètres qui les mène sur leurs zones de frai, entre Meschers-sur-Gironde et Mortagne-sur-Gironde. Ils y séjournent jusqu'en juillet. Un voyage qu'ils feront chaque année de leur vie. Fin juillet, marque la fin de la période de reproduction, quelques individus s'aventureront alors jusqu'en Seudre (Charente-Maritime) et dans les Pertuis charentais. »

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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 10:00

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Ce matin nos voisins allemands sont heureux, ils ont la tête dans les étoiles : 4 sur le maillot de la mannschaft et sur France Inter la question est posée : à quoi se mesure le bonheur ?


Anthony Gooch, directeur des relations extérieures et de la communication de l'OCDE, et Alexandre Jost, président-fondateur de la Fabrique Spinoza, étaient les invités du 7/9 de France Inter pour y répondre.


Alors je me suis dit je vais ressortir le paradoxe d’Easterlin pour les gens de chiffres :


« Les riches se déclarent souvent plus heureux que les autres. Pourtant, l'augmentation du revenu ne s'accompagne pas toujours d'un accroissement proportionnel du bonheur…

L'argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue… devrait-on ajouter.

Quand on demande en effet aux habitants d'un pays s'ils sont heureux, les plus riches se déclarent généralement plus heureux que les moins riches.

Mais au cours du temps comme entre les pays, argent et bonheur ne progressent pas au même rythme.

C'est ce paradoxe qu'avait observé Richard Easterlin dans une étude qui date de 1974.

Il montrait notamment que le revenu réel (c'est-à-dire corrigé de l'inflation) par habitant avait progressé aux Etats-Unis de plus de 60 % entre 1946 et 1970 sans que la part des Américains s'estimant « très heureux » augmente dans la même proportion au cours de cette période. »


Alternatives économiques.

 

Pour les littéraires :

 

« Le bonheur est comme la vérole ; pris trop tôt, il peut gâter complètement la constitution » Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet 1853

 

Pour les cinéphiles :

 

« La seule façon d’être heureux c’est d’aimer souffrir »

Woody Allen


Pour les réalistes :


« Qui a dit que l’argent ne faisait pas le bonheur ne savait pas où faire ses courses »


Gertrude Stein


Pour les misogynes :


« Seule la femme mariée peut vous apporter le bonheur… à condition qu’elle soit mariée avec un autre. »


Tobosco Dulcinée du personnage fictif de Don Quichotte

 

L'argent fait-il le bonheur? link

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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 00:09

 

« Des tripes & des lettres »pour commettre un tel opus il fallait réunir un triumvirat de choc : celui qui fait, celui qui écrit et celui qui croque, Camdeborde, Lapaque, Tolmer


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Les éditions de l’Épure l’ont fait.


Et moi, tel un pacha gâté, je l’ai reçu bien empaqueté dans le terrier haut perché des mains d’une fée dont l’œil pétille et brille à la seule évocation des modestes abats, ces couilles d’agneau, ces groins de cochon, ces yeux de veau… soudain ennoblis par la magie de la main qui frit.


Souvenir du cochon sacrifié dans l’aire, les soies grillées dans la paille, les deux quartiers fendus, les seaux de sang frais dont on fera le boudin et la fressure « Le sang a disparu des livres de cuisine : en Vendée la fressure résiste contre l’exsangue, alors parlons-en » link


Dans sa préface au petit opus Le Sang aux éditions de l’Epure, Francis Ricard, un toulousain, écrit « Mon arrière-grand-mère portait toujours un tablier sombre. Elle étouffait les pintades. Elle les pendait à une poignée de porte ou elles s’étranglaient dans un battement d’ailes. Elle étouffait les pigeons, un dans chacune de ses mains paysannes. Mais elle saignait les poulets et les lapins. Le sang coulait, généreux, puis finissait par goutter dans l’assiette en fer ; toujours la même. J’observais les bulles qui se formaient et l’irisation de ce liquide noirâtre. Je supposais qu’il était chaud mais j’ai toujours répugné à y tremper un doigt. »


J’écrivais :


Chez moi  c’est la mémé Marie qui tuait, on disait bien tuer, les volailles et les lapins. Elle le faisait simplement, normalement, car pour manger le poulet ou le lapin il fallait bien le tuer. J’ai donc vu couler leur sang dans une petite assiette en fer et je n’ai jamais trouvé cela sanguinaire. C’était la vie, le cycle normal de la prédation alimentaire. La mise à mort du cochon était une affaire d’hommes et beaucoup plus spectaculaire car l’animal braillait et se débattait lorsqu’on le conduisait au sacrifice. Mais là aussi aucune barbarie, aucune méchanceté, on se contentait de tuer le goret au petit matin. Pour les poulets comme pour le goret il y avait après le sacrifice les odeurs du grill et je n’ai jamais aimé ce parfum de crématoire. De nos jours tout cela est externalisé, dérobé à nos yeux, caché, occulté, confié à des professionnels, l’animal apparaît sous sa forme hygiénique sans aucune trace de sa mise à mort. Ainsi le vrai sang disparaît de notre quotidien pour laisser la place au sang humain virtuel qui éclabousse les jeux de nos enfants ou les écrans de télé et de cinéma. Tuer des animaux est un signe de notre barbarie alors que la mort donnée par les armes modernes ou même les plus sommaires fait partie d’une forme ultime du fait divers ou de la guerre lointaine. L’émotion est là, fugace, répétitive, brève. Comme nous n’assumons plus la réalité, il faut tout aseptiser afin que nous puissions supporter les images.


Alors vous comprendrez aisément que j’ai apprécié à sa juste valeur le pastiche de BHL par Lapaque tout comme l’excellent trait de Michel Tolmer  à propos de la sanguette de volaille.


Tous les ingrédients sont assemblés :


-         La barbarie à visage humain le best-seller de BHL

-         La chemise immaculée de BHL

-         Le sang qui coule, généreux, pour finir par goutter dans l’assiette en fer…


Comme je sais que Sabine ne me tirera pas les oreilles je vous propose en amuse-bouche, pour vous inciter à acquérir vite fait bien fait su le gaz de votre gazinière « Des tripes & des lettres », le pastiche de Sébastien Lapaque et l’illustration de Michel Tolmer.


« Retour en France avec un groupe de journalistes emmenés par le Ministre de l’Agriculture. Atmosphère étouffante, ambiance sinistre. Aux portes de la Xaintrie*, des hommes se délectant d’un plat douteux nommé sanguette. Une « spécialité » préparée avec du sang de poulets que l’on vient juste de tuer. Ce meurtre de volaille. Un passage à l’acte. »Un plat traditionnel », ai-je entendu. Traditionnel. L’exhalaison de cet adjectif puant dans la bouche de ces amoureux de la terre. Ce que ces enfants honteux de Maurice Barrès n’osaient pas dire devant moi : la cuisine, elle, ne ment pas. N’étant pas de la tribu des rustiques et n’ayant pas gardé les poules avec ces gens-là, j’ai mesuré le vent sauvage qui enveloppait leur table, une fois de plus, et comme souvent quand il s’agit du fameux terroir célébré par tous les prophètes de la décadence et tous les ennemis des Lumières. Du sang, de la volupté et de la mort. Rien de nouveau sous le soleil de l’idéologie française. Car enfin, les hommes que j’ai observés ce soir-là – il n’y avait parmi eux aucune femme, ce n’est pas l’effet du hasard – ne disaient pas seulement du pain, mais du bon pain et ce bon vin, bien de chez nous, bien français, que n’auront pas les coalisés américano-sionistes. Une façon de parler proprement insupportable. En les observant, je revoyais Barack Obama, dans son bureau de la Maison Blanche. Le Président évoquait pour moi la gastronomie française, ses aspects dévastateurs sur un peuple qui  se croit le plus instruit de la Terre. De la sanguette. Retenez ce nom. J’entrevois dès à présent l’heure sombre où il reviendra accompagné des relents fétides d’une sanglante cuisine. »


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Voilà mes chers lecteurs un opus indispensable aux bons vivants. Il est en vente chez les bons libraires ou ICI link


Pour accompagner ce mets goûteux link ma sommelière préférée, Claire, vous recommande : l’Analepse de Jean-Christophe  Comor.link


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J’adore !


* Analepse : figure de style dans laquelle on remonte le temps.

 

* La région est située au sud du Limousin, dans le département de la Corrèze, à la rencontre de l'Auvergne et du Quercy. 


On distingue deux régions en Xaintrie :


-         La Xaintrie Blanche au nord de la Maronne, plus agricole (canton de Saint-Privat)

-         La Xaintrie Noire au sud de la Maronne, plus pauvre et plus boisée (canton de Mercœur).

 

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13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 07:00

Dans le mitan du lit, avec ma chérie d’amour, nous avons vécu la Coupe du Monde sur grand écran, sans chemise, sans pantalon, en picorant et en buvant des canons, loin des fureurs des barons d’une UMP qui semble atteinte du syndrome « équipe de France 2010  ». En effet tous les ténors du parti semblent n’avoir qu’une seule idée en tête : trouver la « taupe » à l’origine des fuites dans la presse sur les notes de téléphone de Rachida Dati, les billets d’avion de la femme de Jean-François Copé ou encore certains salaires controversés au siège. Et pendant ce temps-là le très policé académicien Jean-Marie Rouart interviewait pour le compte de Paris-Match notre homme d’affaires à succursales multiples sur ses rapports avec la littérature et l’Histoire, un grand moment de cuistrerie ! link «  J’ai toujours été curieux des liens que les grands responsables politiques entretenaient avec la littérature, qui occupe une place un peu démesurée dans ma vie. Non pas pour mesurer leur niveau de culture, ce qui, entre nous, m’importe peu – on n’est plus en classe –, mais plutôt parce qu’à travers les livres qu’ils lisaient ils me livraient une vérité souvent plus large que leurs discours politiques. C’est ainsi que François Mitterrand, en février 1978, à un mois des élections législatives, avait souhaité s’entretenir avec moi. Là aussi c’était pour parler de littérature. Nous passâmes une délicieuse journée, à Château-Chinon et dans la campagne couverte de neige, en discussions sur les mérites respectifs du style de Drieu la Rochelle, de Chardonne et de Paul Morand. Publié dans « Le Quotidien de Paris » sous un titre un peu emphatique, « Un homme libre aux portes de la légende », puis dans mon livre « Mes fauves », cet entretien se poursuivit à plusieurs reprises au restaurant Dodin-Bouffant avant son élection. Puis à l’Elysée où une discussion sur André ­Malraux sonna le glas de notre idylle. »


Enchaînement étrange ce vendredi matin, Yann Andréa, le dernier compagnon de Marguerite Duras  vient de s'éteindre. « Confident, éditeur de ses dernières œuvres, veilleur et protecteur de ses dernières années, il était cette figure masculine frêle qui gardait la demeure de Duras. Après sa mort, il devint son exécuteur testamentaire et un écrivain discret. Cette relation singulière d'une femme vieillissante avec ce jeune homosexuel est éclairée par cette lettre hystérique où Duras oscille plus que jamais entre l'amour et la douleur. »


23 décembre 1980


Yann, C'est donc fini. Je t'aime encore. Je vais tout faire pour t'oublier. J'espère y parvenir. Je t'ai aimé follement. J'ai cru que tu m'aimais. Je l'ai cru. Le seul facteur positif, j'espère, me fera me détacher tout à fait de toi c'est celui-là, ce fait que j'ai construit l'histoire d'amour toute seule. Je crois que tu m'aimes toi aussi mais pas d'amour, je crois que tu ne peux pas contenir l'amour, il sort de toi, il s'écoule de toi comme d'un contenant percé. Ceux qui n'ont pas vécu avec toi ne peuvent pas le savoir. J'ai aperçu quelque chose de ça lors de la première scène à Deauville. - Je me suis dit : mais avec qui je suis ? Et puis tu as pleuré et ça a été colmaté. Mais je n'ai pas oublié cet effroi. Je voudrais que tu saches ceci ; ce n'est pas parce que tu dragues et que tu en passes par le cérémonial pitoyable des pédés que je te quitte.


Tout serait possible, tout si tu étais capable d'aimer. Je dis bien : capable d'aimer comme on dirait capable de marcher. Le fait que tu ne parles jamais, ce qui m'a tellement frappée, vient de ça aussi, de ce manque à dire, d'avoir à dire. Peut-être est-ce un retard seulement, je l'espère. Tu n'es même pas méchant. Je suis beaucoup plus méchante que toi. Mais j'ai en moi, dans le même temps, l'amour, cette disposition particulière irremplaçable de l'amour. Tu ne l'as pas. Tu es déserté de ça. Je vais essayer de te trouver un travail à Paris ou ailleurs, un travail qui te convient. Je veux bien te louer une chambre à Caen où tu as tes vrais amis, [...] ceux qui te connaissent depuis toujours, qui ne peuvent plus vivre ce leurre de l'été 80 à Trouville vécu par moi. Je ne te laisserai pas tomber. Je t'aiderai. Mais je veux me tenir à l'abri de cette aridité qui sort de toi et qui est carcérale, intolérable, épouvantable. Je ne sais pas de quoi elle procède, je ne peux pas la décrire, sauf en ceci : qu'elle est un creux, en manque, en vide à côté de quoi ma méchanceté par exemple, est une prairie, un printemps. Vivre avec toi, à côté de toi, non, c'est impossible.


Tu m'as écrit pendant des années justement parce que j'échappais à cette indécence d'exister. Je t'aime Yann. C'est terrible. Mais je préfère encore être à t'aimer qu'à ne pas t'aimer. Je voudrais que tu saches ce que c'est. Quel été, quelle illusion, que c'était merveilleux, ça ne pouvait pas continuer, ce n'était pas possible, seules les erreurs peuvent prendre cette plénitude. Je ne sais pas quoi faire de la vie qui me reste à vivre, très peu d'années. Le crime c'était ça : de me faire croire qu'on pouvait encore m'aimer. En retour de ce crime il n'y a rien. S'il arrive que j'aie le courage de me tuer je te le ferai savoir. Le seul empêchement est encore mon enfant.

Je t'aime


Marguerite.

 

Le dernier mot restant bien évidemment à notre ex-président «L’amour et l’art sont les deux seuls domaines où il n’y a pas de progrès.» Y’ a des jours où je me dis que le petit Nicolas devrait prendre exemple sur Jean-Louis Borloo : se reconvertir en président de club de football, le PSG lui tend les bras…

 

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13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 00:09

Paysan_et_rebelle.jpg

 

Pour ne rien vous cacher, l’acculturation historique conjugué à un individualisme forcené, qui règne sur les réseaux sociaux me fatigue, m’exaspère. Réflexion de vieux con m’objectera-t-on, j’assume, persiste et signe.


Rassurez-vous je ne vais ni me lamenter, ni m’affliger, ni ferrailler, mais me contenter de témoigner par plume interposée.


L’une de mes faiblesses c’est que pour aimer j’ai besoin d’admirer.


Bernard Lambert fait partie de ceux qui ont compté dans ma « fabrication » link


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Ce qui suit est de la plume de Gordon Wright, qui fut chef du département d’histoire de l’Université de Stanford en Californie. Un très grand historien qui pendant de longues années s’est penché sur l’histoire de la France contemporaine et a écrit un livre majeur « La Révolution rurale en France » en 1964, traduit et publié aux éditions de l’Épi en 1967. Ouvrage indispensable que les ruralistes de comptoir feraient bien de lire avant d’aligner comme des saucisses leurs hautes pensées sur la grande mutation qui a touché la France agricole et rurale au cours du XXe siècle.


Wright écrit « Ma première incursion sérieuse dans la campagne française eut lieu en 1950-51, alors que l’on pouvait déceler les tout premiers débuts de la mutation fondamentale. En réalité « déceler » est probablement un mot trop positif ; on pouvait conjecturer les signes de changement, les deviner, plutôt que les voir ou les démontrer.


Ma seconde visite, en 1960, m’amena dans bon nombre des villages déjà visités dix ans auparavant… D’autres ont été choisis parce qu’ils semblaient susceptibles d’apporter des lumières sur un phénomène différent – la montée d’une nouvelle élite dans les campagnes.


Élite, le gros mot est lâché… l’intelligence du fils d’un métayer de Teillé… loin des petits marquis d’aujourd’hui, du type Nossiter, qui pensent à la place de la piétaille, profitent d’une belle cause pour ne cultiver que l’ego…


Le texte de Wright est long. Je vais le tronçonner en 2 épisodes. Pas sûr que ça fasse le buzz mais j’aurais au moins le sentiment du devoir accompli.


Teillé : tradition féodale et révolution paysanne


« Le village de Teillé se trouve dans les marges méridionales de la Bretagne, dans l’agréable région de pâtures voisine de Nantes. Le receveur des P.T.T, avec un rien de fierté, montre le chemin de la ferme de Bernard Lambert, un des plus jeunes députés du Parlement français.


C’est une région où la féodalité, bien qu’officiellement morte en 1789, a survécu en esprit et dans les mœurs jusqu’à nos jours. Une grande partie des terres était exploitée en métayage jusqu’en 1945 ; les propriétaires pouvaient venir faire un tour sans prévenir pour surveiller la moisson, regarder ce qui se préparait en cuisine, prendre dans la basse-cour un poulet pour l’emporter. Certains parmi les plus vieux paysans continuent à saluer en se courbant lors d’une telle visite et s’adressent au propriétaire en l’appelant « Monsieur notr’maître ». Bernard Lambert rapporte qu’en 1938 son père, un métayer, avait gagné une radio dans une tombola – la première qu’on eût vue à Teillé, qui l’admiration et l’enchantement de tout le village. Deux jours après, le propriétaire se présentait : « Lambert, vous me devez de l’argent ; pas de luxe chez vous tant que vous avez des dettes. Je vais prendre la radio et je la créditerai à votre compte. » « Un bon moyen de faires des communistes », fait sèchement remarquer le jeune Lambert.


Au point de vue politique, les anciens aristocrates ont conservé une forte emprise sur la région ; les noms à particules sont nombreux au Conseil Général, et on les retrouve souvent aussi au Parlement. Au début du siècle, la vieille élite fut concurrencée par les bourgeois radicaux-socialistes, qui trouvèrent assez d’appuis dans les villes et les cités pour faire élire quelques députés. Ni la démocratie-chrétienne, ni le marxisme ne parvinrent à percer dans la région. C’était là un exemple classique de la vieille tradition rurale : d’un côté les aristocrates, l’église et la paysannerie ; de l’autre la bourgeoisie anticléricale.


Lambert se révolta très jeune contre cet état de choses ; il s’y opposa dès l’âge de 12 ans. Jusqu’alors il avait accepté son état de fils de métayer et de fidèle catholique ; le curé, rapporte-t-il, en avait fait un bon royaliste et même, pour un temps, « un petit pétainiste. Puis, quelque chose vint lui ouvrir les yeux (comme il le dit maintenant) ; en 1942, il cessa d’un coup d’aller à la messe – d’un coup, et définitivement. Pourtant la rupture ne fut jamais totale de part et d’autre ; après la guerre, lorsqu’un nouveau curé fonda une section locale de la JAC, Lambert y fut accueilli comme membre malgré son refus de revenir au bercail. C’est là qu’il eut pour la première fois l’occasion de discuter de questions d’agronomie ; d’économie et de politique, dans une ambiance de liberté remarquable. Il lut voracement, découvrit qu’il possédait une réelle facilité d’élocution naturelle, fut entraîné (comme Michel Debatisse) à des responsabilités régionales, puis nationales, dans la JAC. Pendant ce temps, quelques jeunes voisins et lui entreprirent de travailler conjointement les petites fermes qu’ils tenaient en métayage et fondèrent un petit abattoir coopératif pour damer le pion au puissant monopole des marchands de bestiaux. Bientôt, ils remplacèrent leurs aînés qui avaient jusque-là dirigé le syndicat des agriculteurs, et le prirent totalement en main. Au bout d’un an, l’âge moyen  des dirigeants du syndicat régional passa de 65 à 30 ans. Leur coopérative d’abattage, harcelée par les chevillards furieux qui contrôlaient tous les débouchés sur le marché dans des villes comme Nantes, où elle organisa des ventes directes à  des groupements organisés de consommateurs et à des syndicats… »


à suivre…

 

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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 10:52

 

Nous avons fêté mes 66 balais dès minuit au terrier de Ménilmontant où le noyau de mes amis avait organisé une surprise-partie. Mon vieux cœur a fondu comme un petit LU trempé dans autant de bonheur. Merci à ma petite bande d’apaches pour cette très belle et chaude soirée.


Au lever, des brassées de bon anniversaire sur face de Bouc et un beau score sur mon blog : 2137 visiteurs et 3396 pages lues…


Alors avec mon esprit folâtre je me suis souvenu du dernier livre lu : Enrico de Mouloudji, l’enfant de Belleville, publié en 1944 dans la collection blanche de Gallimard et qui a reçu le prix de la Pléiade.


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Il a été réédité par les soins de sa fille Annabelle  qui a imaginé aussi un CD pour les 20 ans de la mort du chanteur, dans lequel prend part, entre Chedid, Chamfort, et son frère.link


« Excellent écrivain, Mouloudji a raconté dans ses livres ses origines très modestes. Kabyle par son père, un maçon analphabète, Breton par sa mère qui, quand il a 12 ans, est internée chez les fous. Annabelle raconte : «Il ne nous en parlait jamais, nous étions convaincus qu’elle était morte. Et puis un jour de 1992, Grégory reçoit un appel de Bretagne : notre grand-mère venait de mourir, à 91 ans, après avoir passé cinquante-huit ans dans un hôpital psychiatrique.»


« L’humanité me dégoûte, pensai-je, mon père, ma mère, mes parents qui me battent, qui me font souffrir plus qu’ils ne pensent. Oh ! ces cours grises, cette vie, ces boucheries pour toutes denrées, cette danse macabre des ménagères hargneuses, toutes porteuses de germes maternels, qui traînent dans les marchés avec des sacs à main remplis de provisions pour leur fourmilière. Je sens la mastication familiale du midi de toutes les bouches humaines. Et pourtant, quand je vois un corps écrasé sur une charrette, je compatis niaisement avec la foule ; et même si ma mère était la dernière des putains et mon père le plus abruti des charretiers, je les aimerais toujours autant. Si quelqu’un disait quelque chose de mal sur ma mère, je le filerais par terre…»

 

Merci pour tout mes chers amis du bout de mes lignes, je vous aime...

 

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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 00:09

avoir-la-banane.jpg

 

Dans le langage courant, avoir la banane signifie avoir la pêche, du côté de l’argot c’est plus phallique.


Dans le jargon politique on parle de république bananière.


La banane est aussi le nom donné à une coupe de cheveux que portaient les rockers.


Le goût de banane a eu son heure de gloire au temps triomphant du Bojolo nouveau.


La banane est surtout un fruit qui détient le titre envié du fruit le plus consommé au monde.


Il en existe 400 variétés dont seule une poignée parvient sur nos tables : celles qui voyagent et se conservent le mieux.


Originaire de l’Inde, très cultivée dans les régions tropicales, « le bananier n’est qu’une herbe géante. Son faux tronc, composé de feuilles imbriquées, peut atteindre dix mètres de hauteur et soutenir un régime de cinquante à trois cents fruits… »


Il dégénère après sa fructification. C’est pourquoi pour les bouddhistes le bananier est « le symbole de la vanité et de l’instabilité des choses. »


Et pourtant la banane est la manne du pauvre, très énergétique, riche en glucides, en potassium et en vitamines C et K. 


Mais hormis le fait que j’adore les bananes flambées au rhum en beignets pourquoi soudain chroniquer sur la banane ?


La faute en est à la coupe du monde de football !


Le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, l'Equateur, le Guatemala, le Honduras et le Mexique ont peuplé mes nuits au 78 rue de Varenne où le dossier de la banane ACP était une sacrée patate chaude !


amerique centrale

 

En fait, depuis les accords de Lomé en 1975, ce fut une partie de bras de fer entre l’Union Européenne et les USA


Trois régimes différents avaient cours.


-          Le premier concernait l'Allemagne qui importait ses fruits d'Amérique latine, sur la base d'un marché libre, sans aucune restriction. En vertu d'un protocole spécial au Traité de Rome, ce pays grand consommateur de banane appliquait un tarif nul sur les importations, à l'intérieur d'un quota annuel qui était suffisant pour satisfaire les besoins de son marché intérieur.


-          Le second régime consistait en un accès préférentiel basé sur la protection de la production locale en provenance de régions, par exemple d'anciennes colonies, rattachées ou liées politiquement à certains pays européens. Cette dérogation était accordée à la France, pour ses départements antillais (Guadeloupe, Martinique) et des pays africains associés comme la Côte d'Ivoire et le Cameroun ; au Portugal (au bénéfice de l'île de Madère) ; au Royaume-Uni (préférence pour la Caraïbe anglophone : îles Windward, Jamaïque) ; Espagne (îles Canaries) ; et Italie (accords avec la Somalie).


-          Le troisième régime était applicable aux pays de la Communauté importateurs de banane principalement d'Amérique latine et pour lesquels, il n'existait aucune restriction d'ordre quantitatif. Le tarif douanier commun appliqué était de 20%.


Avec l’entrée en vigueur du marché unique ce fut la guerre.


« Depuis l'entrée en vigueur de l'Organisation commune des marchés de la banane (OCMB), le 2 février 1993, dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) et du marché unique, un différend politique et économique sérieux, en particulier commercial oppose, par gouvernement interposé, les producteurs et exportateurs de la zone dollar, et surtout les Etats-Unis d'Amérique à l'Union européenne. Ce qu'on a coutume d'appeler depuis, la Guerre de la banane est animée avant tout par les trois grandes transnationales étatsuniennes, Dole Fruit Corporated, Chiquita Brand International Corporated et Del Monte Fresh Produce. Elles dominent tout le marché américain, contrôlent plus de 40% des marchés européens et une bonne partie du marché japonais. Grâce à l'appui du gouvernement fédéral et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), elles sont parvenues, en une quinzaine d'années, à obliger l'Union européenne à changer son régime d'importation de banane, l'obligeant à remettre en cause le système préférentiel mis en place pour les anciennes colonies signataires des accords de Lomé en 1975. Leurs stratégies illustrent parfaitement le passage de l'internationalisation à la globalisation des marchés. La Guerre de la banane, en dopant les exportations de la banane dollar sur les marchés européens, pénalise aussi la production communautaire et oblige Bruxelles à revoir le volet banane de la politique agricole commune. La période 1993-2006 est très riche en rebondissements dans le différend opposant les exportateurs de banane dollar et l'Union européenne.


La guerre de la banane se termine le 15 décembre 2009 par un coup de théâtre. Au siège de l’OMC à Genève, l’Union européenne finit par céder aux pressions sud-américaines et conclut un accord avec les pays producteurs du continent. Elle s’engage à réduire ses tarifs d’importation progressivement à 114 €/t d’ici à 2017. En contrepartie, les Etats-Unis et quatre autres pays d’Amérique latine renoncent aux recours engagés contre l’Union européenne auprès de l’OMC.


« Cette libéralisation du marché n’est pas sans conséquence pour les pays de l’ACP. Leurs 900 000 tonnes de bananes exportées vers l’Union européenne se trouvent brutalement en concurrence de plain-pied avec les 4 millions de tonnes des multinationales, qui bénéficient d’économies d’échelle quant aux coûts de transports et de transactions. En 2008 déjà, les pays producteurs de bananes ACP s’étaient alarmés dans l’ « appel de Yaoundé », sur les conséquences néfastes de ce « libéralisme extravagant ». Un cri d’alerte relayé par un rapport de l’ICTSD (International Centre for Trade and Sustainable Development) (15) qui estime que les pays ACP vont perdre près de 15% de parts de marché et prédit la disparition de certains petits producteurs comme la Jamaïque ou le Surinam. Le Cameroun, la Côte d’Ivoire voire le Ghana se trouveront eux aussi en difficulté. »


L’accord a plus profité trois grandes transnationales étatsuniennes qu’au Brésil, à la Colombie, au Costa Rica, à l'Equateur, au Guatemala, au Honduras, et au Mexique. D’ailleurs Carla Veldhuysen, coordonnateur régional de Fairtrade International pour la Colombie, le Venezuela et le Panama s’en inquiétait « Pour nos producteurs, la décision d’abaisser les droits de douane devrait leur donner l’occasion d’accroître leurs revenus. Cependant, la grande question est de savoir qui va vraiment profiter de cet accord. La différence de prix sera-t-elle retournée au producteur? ».


 Vous voyez je suis pile poil dans l’actualité 5 des pays cités jouaient la Coupe du Monde.


Du côté gastronomique sachez que « certaines bananes deviennent jaunes en en mûrissant, d’autres restent toujours vertes. Il en existe de petites et parfumées, pas plus grosses qu’un doigt, comme la banane figue ou la banane « œuf de poule » : fondantes et mielleuses, elles se dégustent nature.


D’autres, âpres et farineuses,  révèlent leurs qualités une fois rôties, mijotées ou cuites à la vapeur ; c’est le cas des longues bananes plantains à la peau épaisse et verte  et à la chair ferme. »


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