Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 00:06

 

Chez nous, dans notre doulce France, Charles Trenet a chanté la Nationale 7, la route des vacances, aujourd’hui rangée au rang des vieilleries depuis que le froid ruban de l’autoroute A6, dites du Soleil, charroie moyennant finance, les addicts de la bronzette déboulant du Nord de l’Europe.

Aux Etats-Unis, l’histoire de la route 66, est comme toujours dans ce pays immense, un véritable mythe. Depuis le jour de sa construction elle est le symbole d’un pays en marche vers un autre monde. C’est une voie sacrée que John Steinbeck surnommera « la mère des routes ». Une grande diagonale qui part de Chicago pour venir s’échouer sur les rivages du Pacifique. Les fermiers de l’Oklahoma chassés de leur terre par la Grande Dépression l’emprunteront et, dans les Raisins de la Colère, en 1939, la route 66, fait son entrée dans la littérature avant d’être immortalisé sur la pellicule en 1940 par John Ford The Grapes of Wrath, avec Henry Fonda incarnant Tom Joad le chef de famille.


À l’origine, un homme d’affaire de l’Oklahoma, Syrus Avery qui, dans les années 20, est de ceux qui pensent, avec l’irruption de la voiture et du camion, qu’il faut doter le pays d’un réseau routier moderne. Le chemin fer est trop rigide. Il faut désenclaver les terres perdues au milieu du continent. Soutenu par des associations et des syndicats, Syrus Avery, fait adopter un tracé qui va à l’encontre des traditions car, depuis un siècle, la célèbre compagnie de chemin de fer la Santa Fe Trail ouvrait les portes de l’Ouest. Les nouveaux pionniers passeront par le sud : une route de géants qui passera par les mornes plaines du Middle West, traversera les vastes déserts du Sud-Ouest, longera le grandiose Grand Canyon et se terminera à Los Angeles sur les plages de Santa Monica. Elle traversera les États
de l’Illinois, du Missouri et du Kansas. En Oklahoma, elle tournera vers l’Ouest jusqu'au Nord du Texas, pour avaler le Nouveau Mexique et l’Arizona avant d’atteindre la Californie.

Cette route qui s’étale sur 2,400 miles (4,000 km) de long, reliant des villes assez importantes du Middle-Ouest et du Sud-Ouest telles que Springfield en Illinois, St. Louis au Missouri, Oklahoma City, Amarillo au Texas, Albuquerque au Nouveau Mexique et Flagstaff en Arizona, portée sur toutes les cartes à partir de 1926, reste pendant longtemps, sur de nombreuses portions, qu’un médiocre chemin de terre que le moindre orage transforme en bourbier. Le revêtement en dur sera terminé en 1936.

Outre les fermiers exilés de la Grande dépression, la route 66 sera mythifiée comme un vecteur de l’histoire lorsque, lors du 2d conflit mondial, elle drainera les ouvriers civils et militaires rejoignant en masse les usines d’armement installées pour des raisons de sécurité sur la côte Pacifique. La paix venue c’est la route des vacances, celle qui conduit aux plages de sable doré de Santa Monica, en passant par les réserves d’Indiens et les parcs nationaux. Les mobil-homes et les caravanes se bousculent aux portes des drive-in. Nationale 7 et route 66 même combat ! Même destin aussi puisque la « mère des routes » va petit à petit s’effacer derrière le monstre autoroutier : l’Interstate, 5 autoroutes qui se relaient pour parcourir la même distance. Que reste-t-il de la route 66 ? Pas grand-chose, des stigmates, car la mise à mort s’est faite sans regrets ni scrupules, on détruit tout avant de pleurer ses racines. Dans les années 95, Jean-Louis André, témoigne dans le Monde « Il faut aujourd‘hui beaucoup d’attention pour parvenir à quitter l’Interstate 40, au bord du Nouveau Mexique, afin de traverser Grants par ce qu’il reste de la 66. Comme frappée par une catastrophe brutale, toute une partie de la ville s’est figée en un musée grandeur nature des années 60. Une enfilade de motels en ruine, des vitres cassées, des garages, des épaves de Pontiac qui sont restées sur place, prises par la rouille. La poussière a terni les enseignes qui rivalisaient d’éclat pour arrêter l’automobiliste pressé. À la sortie de la ville, on n’a même pas pris le temps de démonter les pompes à essence, et le prix du dernier plein est resté affiché. »

La 66 est morte c’est un mythe réincarné dans le buiseness touristique : plaque émaillée frappé du chiffre magique, livres et produits dérivés pour boutiques souvenirs. La légende continue, dans nos têtes…

Partager cet article
Repost0
30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 00:00


Comme la plupart d'entre vous le savent je suis un inconditionnel de Pierre Desproges et comme celui-ci était l'ami de Guy Bedos, vous comprendrez aisément que j'ai un faible aussi pour ce dernier. Ce matin je vous offre un grand moment d'humour grinçant : Desproges faisant l'éloge funèbre de Guy Bedos.

http://www.youtube.com/watch?v=Wz-Fe5bGeoo

Et, pour faire bonne mesure, je vous transcris aussi quelques "Mauvaises pensées" de Bedos qu'il confiait au journal Libération à l'époque de la cohabitation Mitterrand-Balladur. Vous en serez sans doute étonné.

" J'ai beaucoup de sympathie pour Jean-François Deniau. Je l'entendais à la radio ce matin, parler de l'ex-Yougoslavie. Il n'avait pas réponse à tout mais ce qu'il disait était sincère, intelligent et émouvant. on sait bien que lui, quand il va faire un tour à Sajarevo, ce n'est pas seulement pour se faire filmer ou photographier. Je ne l'ai jamais rencontré, cet homme là, mais il déclenche en moi un sentiment de respect affectueux. Il est de droite à ce qu'on dit. Et moi je serais plutôt étiqueté de gauche. Ce n'est pas simple, en ce moment, la politique. Il va falloir s'habituer"

" A propos de tous ceux qui, critiques professionnels ou amateurs, vous assènent leurs contestables sentences, Bertrand Poirot-Delpech me raconte que Picasso - encore lui ! - lors du vernissage d'une de ses expositions, croise une dame qui lui dit d'un air sévère :
- Je n'aime pas du tout.
- Mais, madame, ça n'a aucune importance."

" Je repense au dessin de Plantu, l'autre semaine, qui faisait dire à ses snipers : " L'embêtant, avec les enfants, c'est qu'ils bougent tout le temps ! "

Partager cet article
Repost0
29 août 2008 5 29 /08 /août /2008 00:06

 

Dès que reviennent les beaux jours je suis un adepte des terrasses de café quand le soleil commence à disparaître au-dessus des toits. L’air devient tendre. La ville s’apaise. Les gens se posent. Après avoir accroché mon vélo à un réverbère je m’installe à une place bien exposée, face au soleil couchant. Et, très souvent, je commande un demi de bière. Pas n’importe quelle bière, la meilleure du monde, une tchèque : la Pilsner Urquell. Elle se distingue des autres bières par sa plénitude, sa belle amertume désaltérante. Fabriquée à Pilsen, le pays de naissance de la bière double, fermentée à basse température, cette fine mousse présente l’avantage de n’être servie que dans les bars et les brasseries de qualité : le café Florian à Venise ou le Sélect à Paris. Vous allez me dire que je suis snob. Non j’applique à la bière le même régime que pour le vin : je bois bon. Que voulez-vous quand je vais chez Hugo Desnoyer mon boucher, et que je lui demande de la hampe, je vois son œil pétiller. Il apprécie. La hampe c’est moche, on dirait une serpillère brunâtre effilochée, mais c’est un délice.

 

Mes vacances d’été sont corses. Là-bas je prends le maquis. Je plaisante bien sûr. Le soir sur le port d’Ajaccio ou chez le glacier de Sagone je m’offre une Pietra. C’est une bière ambrée à la châtaigne fabriquée dans l’île de Beauté. Belle réussite insulaire puisqu’on la trouve maintenant assez facilement à Paris. Elle aussi, comme ma Pilsner Urquell, est très désaltérante. Certes elle est plus rustique mais elle fleure bon le maquis. J’aime. Bref, j’abrège car je sens poindre chez les ardents défenseurs du vin servi en terrasse une pointe d’agacement : qu’est-ce qui vient nous chanter les mérites de la bière le gars Berthomeau là où seul le divin nectar a le droit de cité. Que nenni, ici, c’est écrit « espace de liberté » alors on n’est pas sectaire : la bonne bière ça désaltère et je l’écris. Et puis, comme certains le savent j’adore les mélanges. Adepte du blanc limé je ne crache pas aussi sur un vrai panaché fait avec une limonade traditionnelle et une bonne bière bock des familles. Que voulez-vous, quand j’étais en culotte courte, contre toutes les préconisations des blêmes de la santé publique, mémé Marie colorait mon eau fraîche avec un peu de vin rouge : pour étancher sa soif je n’ai jamais trouvé mieux.

Partager cet article
Repost0
28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 00:05

La Baltique ses harengs, ses bains et son soleil de minuit, ses vins… je plaisante à peine. Sur les îles d’Åland, un archipel boisé de la mer Baltique, entre la Finlande et la Suède, à 1600 km au NE du vignoble français « au printemps et en automne, lorsque les températures sont très variables, Frederik Slotte prend toujours soin d’arroser ses vignes. En gelant, l’eau enveloppe les ceps dans une fine pellicule de glace qui les protège contre des températures bien inférieures à 0°C. » John Tagliabu, dans le New York Times, précise que « Slotte, un médecin de 29 ans, fait partie d’un groupe de gens de plus en plus nombreux, en Finlande et dans d’autres pays voisins, qui, avec le réchauffement climatique, se tournent vers la viticulture. Il utilise des cépages robustes, résistants aux intempéries, notamment un hybride créé à partir de souches lettonnes et sibériennes. D’ici deux ans, Slotte espère produire quelque 110 bouteilles par an, pas de quoi inquiéter les producteurs français. »

J’adore nos amis journalistes américains qui savent si bien souligner que, par construction, les seuls viticulteurs inquiets en ce bas monde ne peuvent qu’être français. Par bonheur, et pour rassurer notre José Bové multicarte – désolé Pascal – « l’affreux descendant de l’oncle Sam » nous rassure « Membre de l’UE depuis 1995, celle-ci (la Finlande) n’est pas considérée comme un pays producteur de vin au regard des règles européennes, ce qui signifie que Slotte n’a pas le droit de vendre son vin. « Je l’offre à ma famille et à mes amis » explique-t-il ». Anecdotique certes, mais assez représentatif d’un phénomène dont, seuls nos élites et nos autoproclamés défenseurs de la Santé Publique, semblent ignorer que la civilisation de la vigne et du vin s’étend, plonge ses racines dans de nouvelles terres, gagne chaque jour des adeptes alors que dans notre beau pays, au nom d’une vision dépassée, hors la réalité de notre époque, elle est ravalée au triste rang de simple vecteur de l’alcoolisme. Erreur funeste, pure bêtise, exploitation médiatique par amalgame du fléau qu’est l’alcoolisme, entreprise de démoralisation stupide de ceux qui font et vendent du vin. Reproche-t-on au sémillant et médiatique Arnaud Lagardère d’être un vendeur d’armes ? Aucun média ne s’y risquerait, mais en revanche l’hypocrisie la plus crasse règne dans beaucoup de rédactions vis-à-vis du vin sous le couvert facile du respect de la loi Évin. Je n’ose pas croire que la position des prohibitionnistes rentrés sur l’accès à l’Internet va triompher : la protection de la jeunesse ne passe pas par une illusoire ligne Maginot.

Mais revenons à la Finlande. Dans ma jeunesse, certes je savais la situer sur une carte d’Europe, mais pour moi ce vaste et lointain pays n’était que la patrie d’inépuisables coureurs de demi-fond : Nurmi, Kolehmainen et d’excellents lanceurs de javelot dont j’ai oublié les noms imprononçables mais qui ont imposé depuis 1927 la technique du lancer. Depuis mes connaissances n’ont guère progressé et je dois avouer, qu’en dehors des forêts et de l’industrie papetière qui va avec (un reste du Ministère de l’Agriculture qui est aussi celui de la Forêt et du fameux dossier de la Chapelle-Darblay), la Finlande se résume pour moi en trois noms : Nokia, Hélène Schjerfbeck et Aki Kaurismäki.  

Nokia c’est mon premier téléphone portable. C’est Franck, mon chef du service informatique à la SIDO qui me l’a acheté : « le meilleur… » m’avait-il déclaré en me remettant ce drôle d’insecte tout gris et tout pataud. Il avait raison, Nokia est devenu le géant de la téléphonie mobile qui détient entre : 30 à 35 % de part de marché. Et dire que ce groupe, né de la fusion en 1966, de vieilles industries du XIXe : papeterie, caoutchouc et câbles, conglomérat touche à tout, au bord de la faillite, lorsqu'il jette par-dessus bord en 1992 toutes ses activités en dehors des télécoms ne semblait pas le mieux placé pour devenir leader d'un des marchés les plus extraordinaires de la fin du XIXe siècle. Bref, ce matin je ne vais vous rejouer ma petite musique habituelle sur la mondialisation.

 

Helene Schjerfbeck c’est pour moi l'un des plus grands peintres du début du 20ième siècle. Elle vient de faire l'objet d'une magnifique exposition rétrospective qui a fermé ses portes fin janvier 2008 au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Enfant prodige, elle complète sa formation académique à Paris, dans les rares ateliers libres ouverts aux femmes. Son naturalisme allié à une grande virtuosité technique lui vaut d’être rapidement reconnue. Au cours de cette période elle voyage, en Bretagne, en Angleterre, en Russie, en Italie. À l'extrême fin du XIXe siècle, dans une Finlande luttant pour l'indépendance, son refus du romantisme national, la marginalise. De santé fragile depuis son enfance elle s’éloigne d'Helsinki, s’isole, élabore une écriture picturale épurée, réaliste, ascétique : elle peint « son entourage, les ouvrières de l'usine locale ou plus tard les infirmières du sanatorium, des paysages et des natures mortes intimes qui sont comme autant de méditations faisant échos aux autoportraits où à la fin de sa vie elle traque les progrès de l'âge, de la maladie et de la mort s'approchant ». Femme étrange, étrange destin, une vie entièrement dédiée à la peinture dans la solitude et le plus grand dénuement.
 

Aki Kaurismäki un cinéaste finlandais, un déjanté total, dont le film le plus connu est L'Homme sans passé qui a reçu le Grand Prix au Festival de Cannes en 2002, à voir un soir où l'on n'a pas le spleen. En regardant ces images lugubres, glacées du Helsinki nocturne, d’alcoolisation violente et solitaire, l’envie me démange de proposer à notre médiatique et repentant Chabalier de s’y rendre, tel un missionnaire de notre enfance, porter sa bonne parole toute empreinte de son chemin de croix. Nos penseurs sanitaires devraient aller y méditer sur les rapports entre la solitude extrême et les pratiques d’alcoolisation expéditives qui gagnent du terrain en France, plus particulièrement chez les jeunes. Ensuite que tout ce beau monde ne vienne pas me chanter que le vin n’est pas l’un des meilleurs accoucheurs de convivialité.

Partager cet article
Repost0
27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 00:02

 

En France on divorce sec et on fabrique ainsi beaucoup d’ex. : ex-mari, ex-femme, ex-épouse, ultime trait d’union d’une désunion, après tout le mariage n’est qu’un contrat civil qui peut être rompu : le divorce règle l’intendance, le port ou non du nom par l’ex au féminin, bien sûr la dévolution des biens communautaires, une éventuelle pension dite alimentaire et enfin la garde des mouflons s’il y en a dans la corbeille. En politique, les EX, présidents, ministres 1ier ou autres, députés et sénateurs, même les secrétaires d’Etat gardent l’appellation à vie. Là où ça se corse c’est pour les EX des partis politiques, surtout ceux de la gauche extrême où l’appellation de renégat fut très longtemps en odeur de sainteté dans ces enceintes où l’on pratiquait la purge et l’exclusion comme l’Eglise en son temps l’Inquisition.

Alain Schiffres dans son Inventaire Curieux des Choses de la France chez Plon www.plon.fr nous livre 3 portraits d’ex qui devraient égayer vos vacances. Pour illustrer j’ai ajouté une petite liste d’ex connus de tous…

L’ancien trotskyste

«  Il va avec tout. C’est bien vu d’être un ancien trotskyste. On est heureux de le croiser dans les bois quand il est aux champignons, en parka avec plein de poches utiles. On le croise d’ailleurs partout. L’habitude de l’entrisme lui ouvre bien des portes. Il réussit dans le commerce parce qu’il est un agitateur d’idées. Dans la politique parce qu’il sait faire une salle. Dans le journalisme parce qu’il aime discuter dans les cuisines en lichant du pâté de tête. C’est dans les réunions qu’il est à son mieux. Il faut le voir soulever les points d’ordre. L’ancien trotskyste fait un excellent social-démocrate, parce qu’il a une éthique et qu’il est pour l’évolution permanente. Ce qu’il a de sympa pour un Français : il appartient au camp des vaincus. On ne peut oublier, le voyant, la douleur du coup de piolet*. L’ancien trotskyste est un éternel minoritaire qui a fini par se trouver seul à force de scissions. Un individu par défaut, en quelque sorte. Il a encore sur lui l’empreinte du groupuscule. Il a des copains, des réseaux, des souvenirs. »

* celui de Ramon Mercader agent de Staline assassinant Trostky à Mexico

Liste des ex-trotskystes : les créateurs de la FNAC  André Essel et Max Théret, les socialistes Lionel Jospin, Henri Weber et Jean-Christophe Cambadélis entre autres, l’ancien rédacteur en chef du Monde Edwy Plenel…

L’ancien communiste

« Une autre affaire. Il ne descend pas d’un pourchassé. Il s’oppose au trotskyste comme le sédentaire au nomade. Son idole a eu toutes ses aises. C’était un tyran en pantoufles. Qui tirait sur sa pipe les soirs d’été, en tricot e » peau absorbant sous sa chemise ouverte. L’ancien communiste a de beaux souvenirs, mais il porte les stigmates du défroqué. Chez certains sujets, le dévergondage est à la mesure de l’engagement. Ils s’ébattent dans la presse de droite comme des puceaux au bordel. C’est bien sûr de l’ancien stalinien que je parle, une espèce qui s’éteint. On ne va pas être un ancien refondateur, tout de même. »

Liste des ex-communistes : la majeure partie des intellectuels de l’après-guerre, la plupart des futurs maos, plein de compagnons de route avocats, grands mandarins de la médecine… Deux noms : une réussite, Marin Karmitz le fondateur de MK2 et une catastrophe, Maurice Leroy député du Nouveau Centre, ex Bayrou…

L’ancien maoïste

« C’est souvent un intellectuel, même un penseur. Cela étonne nos jeunes clients, à l’Inventaire, quand le hasard les a conduits à feuilleter La Cause du Peuple. Ils déshabillent la figurine de son blouson Perfecto et trouvent le normalien. Il faut leur expliquer la révolution culturelle. Que le mot « culture » fait rêver forcément. Que Mao était à la fois un poète et un paysan à dictons. Que, pour connaître le goût d’une poire, i faut y goûter, et qu’il n’y a rien de plus sain, de plus frais, que d’envoyer des professeurs arracher les navets. En compagnie de jolies filles nattées. (Elles dansent le soir en short. Avec des bandes molletières et un gros fusil. Elles sautent très haut.) Puis, selon la tradition française, un intellectuel est fait pour se tromper. L’ancien maoïste est volontiers shakespearien. Il s’éveille d’un sortilège. Il s’ébroue. Il se tâte le crâne. Bon Dieu, qu’est-ce ? Un cerveau ! Après une telle expérience, l’ancien maoïste devient un libertin sceptique ou une conscience malheureuse. Sa cure consiste pour un tiers à tomber sur les reins du soixante-huitard attardé, pour deux tiers à donner des leçons au monde entier. Sa grande affaire est de s’être arrêté au bord de l’action terroriste. Il en parle avec horreur et mélancolie. Cela lui passe et lui revient comme une migraine. On croirait qu’il se promène avec une balle dans la tête. Ses enfants en sont tout excités. »Oh, papa ! » disent-ils.

Liste des anciens maoïstes : liste non limitative, Serge July, Alain Geismar, Olivier Rollin, André Glucksmann, Philippe Sollers, Rolland Castro, Gérard Miller et l’emblématique Denis Kessler devenu le vice-président du MEDEF du baron Sellières.

 

Partager cet article
Repost0
26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 00:02

André Citroën, génial ingénieur, en 1934, va se ruiner en concevant et en lançant une voiture révolutionnaire : la Traction avant devenue par la suite, comme le sera la DS 19, une voiture culte. Les usines Citroën, dont l’emblématique quai de Javel, vont donc être reprises par l’entreprise à qui André Citroën doit le plus d’argent : Michelin. Les hommes de Michelin arrivent donc au quai de Javel, Pierre Michelin en tête flanqué de son ami Pierre-Jules Boulanger. André Citroën meurt en juillet 1935. PJB, c’est ainsi que Boulanger, qui a vécu quelques années aux USA, aime  se faire appeler, va diriger le bureau d’études où sont conçus les nouveaux modèles. C’est un autodidacte qui a la confiance du patriarche Edouard Michelin.

 

 

PJB possède une grande maison à Lempdes, un village proche de Clermont-Ferrand berceau des « bibendums », là sont fabriqués les fameux pneus Michelin : le cœur de l’empire de la famille Michelin. De sa fenêtre il voit passer, sur des vieilles charrettes, tirées par des bœufs ou des chevaux, des paysans, accompagnés de leurs femmes et de leurs filles, qui s’en vont au marché vendre leurs produits. Les garçons sont restés à la ferme pour travailler. Et le voilà qui pense que « si la femme pouvait venir seule au marché dans une voiture, le paysan pourrait consacrer ce temps gagné à travailler à la ferme… »

 

 

De retour à Paris PJB convoque, à son bureau du 48, rue du Théâtre, son adjoint Brogly et il lui dicte un surprenant cahier des charges : « vous et votre équipe allez travailler sur le projet d’une voiture pouvant transporter quatre paysans ou paysannes en sabots, cinquante kilos de pommes de terre ou un tonneau, rouler à 60 km/h, ne pas consommer plus de 3 l au 100km, être suffisamment confortable pour transporter un panier d’œufs dans un champ labouré sans en casser un seul. De plus elle devra être assez légère pour être conduite par une femme venant de passer son permis de conduire. Enfin ce devra être une voiture pas chère : 5000 F alors que la Traction 7 CV dépasse las 18000F… »

 

 

Légende sans doute car chez Citroën on sait très bien, qu’étant donné la situation économique, si l’on veut multiplier les possesseurs d’automobiles il faut fabriquer une voiture bon marché. Pour l’obtenir il faut selon leurs enquêtes :

 

 

1° créer un type de voiture qui soit un véritable outil de travail.

 


2° le fabriquer par quantité vingt fois plus fortes que les productions actuelles les plus élevées. »

 

 

Cette petite voiture économique sera cachée chez Citroën sous le nom de code « TPV » : très petite voiture. La folle histoire de celle que l’on appellera familièrement la deudeuche commence officiellement en 1939. L’ingénieur qui va être le père de la 2CV est André Lefèvre qui est un esprit novateur. De son passage dans l’aéronautique, chez André Voisin, il retiendra le dépouillement des tableaux de bord des premiers avions : le volant et le levier de la vitesse de la 2CV s’en inspireront ainsi que la capote, les sièges et la carrosserie en duralumin. Voiture spartiate, une vraie faucheuse de marguerites. Le premier prototype avec son phare unique a vraiment une sale gueule et il peine à tenir la route. La voiture définitive dispose de tout ce que le bureau d’étude a pu inventer pour simplifier et alléger la voiture. C’est ingénieux, intelligent et laid. 250 voitures sont produites fin août lorsque la guerre est déclarée. Elles seront stockées partiellement montées à Javel et Levallois avant d’être transférées à la Ferté-Vidame où elles rouilleront pendant dix ans avant d’être détruites, sauf quelques-unes sauvées par des employés.

 

 

 

 

Pendant l’Occupation la TPV entre dans la clandestinité car les allemands lorgnent sur le projet dont ils ont connaissance avant la guerre. Le père de la Volkswagen fait le siège du bureau de PJB, en vain. Peine perdue ni lui, ni aucun allemand ne verra la TPV. Pendant cette période de restrictions sous la houlette de Pierre Bercot – futur patron de Citroën – les ingénieurs vont chercher des astuces pour faire baisser le prix de revient. À la Libération, PJB pressent que la TPV devrait séduire une plus large clientèle car une partie des Français aisés a vue ses revenus fondre pendant l’Occupation. Au plan mécanique, c’est par hasard en observant la moto BMW de Flaminio Bertoni – le styliste maison – qu’André Lefèvre va imaginer le nouveau moteur bicylindre à plat refroidi par air. La TPV se voit aussi dotée d’un démarreur électrique, d’une quatrième vitesse dite « surmultipliée » et surtout de la fameuse suspension interactive à batteurs individuels qui sera l’un des charmes de la 2CV.

 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PJB (c'est lui qui tient le volent d'un protoyype sur la photo ci-dessus), fidèle à son caractère, ne se fie qu’à ses intuitions et un secret farouche a été maintenu autour de la TPV. Les premières voitures de présérie ont été assemblées pendant l’été 1948. Il faut hâter le pas car Renault a mis les bouchées doubles et sa nouvelle 4CV se vend comme des petits pains. La fabrication de la 2CV ne va pas être des plus simples car les matières premières manquent et l’Etat se croit, comme toujours, obligé de légiférer sur leur répartition. Chez Citroën on jongle en contournant la surveillance d’un obscur fonctionnaire du Gouvernement Provisoire chargé de l’application de l’absurde plan Pons planifiant la production automobile d’après-guerre. Dirigisme qui fera beaucoup de mal à nos industries pendant une longue période.

 

 

PJB hésite encore à présenter le nouveau modèle au Salon de l’automobile d’octobre car tout n’est pas encore finalisé. La presse s’impatiente. Pour ne pas laisser la part belle à Renault et Panhard, PJB décide de présenter sur le stand trois 2CV sans moteur. À l’ouverture les journalistes et le public sont pressés de découvrir la nouvelle « bombe » de la marque. La 2CV étonne, choque même, déclenche des lazzis mais ne laisse quiconque indifférent. Les Français, comme toujours, commentent et surtout adhèrent. Les commandes s’empilent. Elles émanent des ruraux, ceux que PJB voulait séduire dès l’origine : rappelez-vous les paysans en sabots. La partie n’est pas gagnée car la mécanique n’est pas encore au point. C’est le 21 juin 1949 que le type A de la 2CV est soumis au Service des Mines. Homologuée le 28 juin, elle sera de nouveau au Salon d’octobre 1949 et mise en fabrication en novembre.

 

 

 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le prix est de 228 000F alors qu’on l’annonçait à 185 000F au Salon de 1948. La différence est de taille mais la 2CV est bien moins chère que sa rivale la 4CV de Renault. Les commandes sont tellement nombreuses que Citroën doit instaurer un dossier de candidature. On croit rêver : il faut l’accord de la marque pour acquérir la 2CV. La sélection est très sérieuse. On va vérifier chez le demandeur le bien-fondé de l’achat, priorité est donnée au travail. Etonnant non, Citroën fait quasiment œuvre sociale en améliorant les conditions de travail des Français et participe au renouveau national. Agriculteurs, VRP, médecins, curés…sont prioritaires. Les cadences augmentent mais pas assez, les délais d’attente s’allongent : au pire moment il faudra attendre 7 ans pour obtenir sa 2CV. Inimaginable pour nos chères têtes blondes qui trépignent lorsque leur moteur de recherche pédale quelques secondes dans la choucroute et tarde à leur donner l’info qu’ils cherchent. Autre temps autres mœurs mais surtout une belle histoire…

Partager cet article
Repost0
25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 00:00

L’association de ce matin peut vous paraître étrange, elle ne relève pas du nième duel Bourgogne/Bordeaux mais du souvenir d’une affirmation, pur jus de mec qui veut faire l’intéressant, que j’ai proféré la première fois que j’ai rencontré Lalou Bize-Leroy lors de l’affaire dite des «  Japonais et du domaine de la Romanée-Conti » http://www.berthomeau.com/article-16819419.html: « les grands blancs sont en Bourgogne, les grands rouges à Bordeaux… ». Ça me valu une convocation matinale à venir déguster ses grands rouges à elle. Un grand moment, rare, exceptionnel, rite initiatique qui vous rend humble et heureux.

Alors ce matin avec mon esprit d’escalier en colimaçon j’ai fait le lien avec ma lecture du manga  Les Gouttes de Dieu et voilà le résultat.

 

1ier Tableau : Lalou Bize-Leroy

Shizuku et Miyabi (voir ma chronique) parlant de Sarah un top-modèle de 20 ans :

-         Miyabi : Wow ! 20 ans ? Sacrée fille… On dirait une madame Bize-Leroy dans sa jeunesse !

-        Shizuku : Qui c’est ?

-        Miyabi : Ah, là, là… comment toi qui vas être un élément important du département vins des bières Taiyo… peux-tu ne pas la connaître ? C’était l’une des directrices du DRC *… Une géniale viticultrice de Bourgogne.

On lui a passé du vin sur les lèvres à son baptême… et il paraît qu’à 5 ans elle jouait à déguster.

-         Shizuku : Ooh ! Ça existe des gens comme ça ?

-         Miyabi : On raconte aussi que lors d’une dégustation à l’aveugle… sur des dizaines de bouteilles, elle les a toutes identifiées.

-         Shizuku : y’en a des choses en ce monde…

 

 

2ième Tableau : Le Haut-Médoc de Giscours 2000

 

Dans la grande tradition du manga Les Gouttes de Dieu Shizuku, en goûtant, indique ce qu’il éprouve : « Un carrousel… J’étais dans un endroit doré, il y avait de la musique… c’était un voyage à la fois lent et court, mais assez agréable… J’ai ressenti la joie insouciante d’un tour de manège dans un parc d’attractions…

-         le patron du wines bar : Comme toujours tu t’exprimes… de manière intéressante. Oui… ce vin ne créé pas la peur d’une montagne russe et n’en impose pas comme une grande roue. Mais je crois moi aussi que son arôme emporte celui qui le boit… dans un joyeux petit voyage…

-         Miyabi : En effet l’attaque jeune d’orange pressée laisse la place à un arôme d’amande plus doux, qui disparaît aussitôt après… C’est un joli vin au petit goût de revenez-y… comme un manège dont on veut faire un autre tour.

-         le patron du wines bar : Mais le plus grand charme de ce vin… c’est son prix. Mi… 1760 yens * ? Mais comme vous l’avez vu en le goûtant, sa qualité atteint celle des vins à 3000 yens *. Bien sûr cela est en partie possible grâce à son millésime. 2000 étant une grande année…

-         Miyabi  Prenons celui-ci en premier prix ! Le Haut-Médoc de Giscours… C’est un vin de table de Bordeaux, du Haut-Médoc, fabriqué par le domaine viticole de château Giscours, près de Margaux…

 

* 1760 yens = 11,50 euros   3000 yens = 19,50 euros

 

Comme je l’écrivais dans une chronique récente notre bon vieux vin de table retrouve des couleurs : nos amis japonais l’utilisent pour un assemblage de prestige et ça n’a rien de péjoratif…

Partager cet article
Repost0
24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 00:04

Comme mon éveil fut bien tardif, en dépit de la même dextérité que Chloé mettait, à piloter sa Norton 750 Commando Fastback sur les départementales menant à Elisabethville, qu’à conduire à fond la caisse la TR4 de sa mère sur les Champs, nous sommes arrivés trop tard aux abords champ de bataille. Le repli, en dépit des ordres, se faisait dans la lenteur et le désordre. Nous ne pouvions que nous en tenir à observer et surtout à éviter de nous faire coincer dans la poche formée par la Seine au nord et la nationale 13 au sud. Deux hélicos tournaient dans le ciel permettant aux phalanges policières de manœuvrer pour couper la retraite à Gamelin, blessé au bras et au visage au cours de l’échauffourée, et à ses troupes elles aussi bien cabossées. Comme j’avais eu la bonne idée de transmettre un petit mémo à ma hiérarchie avant la réunion de « Base Grand » dans lequel je prévoyais l’imminence d’une action punitive à la mémoire de Gilles Tautin, ma crédibilité s’en trouvait renforcée à la condition que je les appelle au plus vite du théâtre des opérations pour justifier que je n’avais pu les prévenir en temps réel. Chloé, pleins gaz, nous sortait de la nasse et me déposait quelques minutes plus tard devant la poste de Bouafle. Le calme du village contrastait avec le charivari que nous venions de quitter. Dans son enclos grillagé la dame des postes m’accueillait, même si je n’étais pas un chevelu, sans aucune aménité. Pour hâter une procédure qu’elle se plaisait à faire traîner en longueur je lui propulsais ma carte de police sous son long nez pointu. Le sourire mauvais qu’elle m’allongea me plut. Pour le renforcer je lui balançai un méchant « bouge ton cul vieille chouette… »

 

Au téléphone mon correspondant se contenta de me donner un numéro, une ligne directe, que je devais appeler immédiatement. Ce que je fis par l’intermédiaire de ma nouvelle collaboratrice qui exécuta la manœuvre avec une hauteur méprisante qui se transforma en étonnement lorsqu’elle obtint mon correspondant. Elle ne put réprimer un « oui monsieur le Ministre… » emprunt de déférence. En regagnant la cabine j’étais moi-même abasourdi. Marcellin soi-même, je flippais un peu. Par bonheur je pus reprendre mes esprits pendant que ce cher homme me servait les paroles qu’on adresse aux types qui en prennent plein la gueule en première ligne. Je me contentais d’onomatopées vaguement approbatrices puis, profitant d’un moment où il reprenait son souffle, je passais en revue toutes les obsessions du bonhomme. Confirmant les liens des enragés de la GP avec l’Internationale terroriste, je revêtais Chloé, sans la citer, mais je me doutais bien que cette enflure devait avoir une fiche sur le SG de l’Elysée, du lourd manteau de grande-prêtresse de la branche italienne que je dépeins sous les traits les plus noirs. Le cher homme buvait du petit lait. Le temps était venu pour moi de porter l’estocade. Sans aucune précaution je lui indiquais que ma couverture prolétarienne d’OS chez Citroën m’entravait et que je serais bien plus efficace si je retrouvais ma liberté de manœuvres. Lourdement j’ajoutais que coucher avec ma belle italienne servait plus les intérêts de la France que de me coltiner des ailes de 2CV ou de faire le con à un poste de soudure à l’étain. Plus c’est gros, plus c’est lourd, plus ça passe. Il m’approuvait et donnait les instructions en ce sens. J’empochais sans remercier en lui signifiant que je devais retourner au front. Les oreilles et la queue, il se confondait en propos élogieux à mon égard.

 

Assise à même le sol Chloé tirait sur sa petite bouiffe et ses yeux pailletés d’or me souriaient l’air de dire : toi aussi mon beau légionnaire tu bouffes à beaucoup de râteliers. Pourquoi la détromper : « la mayonnaise prend ma grande, on va se payer une tranche de bordel intense qui va plaire au père Pompe. Foutre la trouille au bon peuple c’est niquer les cocos et les socialos. Mais pour cela il faut tenir les deux bouts des cordelettes des marionnettes. Bon, on y retourne ou on rentre à Paris ?

-         On peut se mettre des brassards de la Croix Rouge pendant que tu y es mon légionnaire. Laisse-les se démerder ces cons, ils n’ont que ce qu’ils aiment : jouer aux martyrs. Franchement, envahir une usine pour hisser le drapeau rouge, barbouiller le monument de Lefaucheux d’un truc du genre : « vengeons Gilles Tautin », donner des coups de pieds dans les couilles de la maîtrise, casser des dents, manier le manche de pioche sur le dos des permanents CGT, ça ressemble à quoi ? À que dalle ! Ça les fait bander ces cons. Un petit séjour dans les geôles du pouvoir leur fera du bien et, crois-moi, beaucoup d’entre eux commencent déjà à faire sous eux. Viens on va s’offrir du bon temps…

-         T’es sûre ?

-         Ne fais pas l’enfant chœur mon salaud. T’en as rien à cirer de ces branleurs.

Collée à elle sur le biplace de la Norton je me laissais aller à être heureux en me grisant de la morsure de l’air tiède de ce 17 juin 1969
Partager cet article
Repost0
23 août 2008 6 23 /08 /août /2008 00:09

Je pars en vacances. Je quitte la grisaille parisienne. Cette chronique s'imposait. Mais contrairement à certaines entreprises, la mienne poursuit son activité pendant les vacances. Tous les matins la petite chronique dans la boîte électronique.
Dans le très sérieux journal le Monde, Yves Eudes posait cette très grave question : «Le nu a-t-il de l'avenir en Occident ? Dans la villa Romana del Casale, en Sicile, construite au IIIe siècle, une mosaïque montre une dizaine de jeunes femmes en train de faire du sport et de s'amuser. Toutes portent un bikini, très semblable à celui des femmes occidentales contemporaines. Le grand combat du XXe siècle pour la libération de mœurs aura donc permis aux femmes... de revenir 1 700 ans en arrière. »

Avant de chroniquer sur le bikini quelques notations éparses. En ce temps de célébration du 40ième anniversaire d’un mois de mai 68 creuset de toutes dérives de notre beau pays : triomphe du relativisme, perte des repères, érosion de la valeur travail j’en passe et des meilleures, faire un retour en arrière sur l’hédonisme d’après-guerre qui accouchera des seins nus et d’une nouvelle religion celle du corps : salle de fitness, musculation, aquagym, massage… Tout serait donc parti des fameux congés payés jetant sur les plages les masses travailleuses. Le non-travail on y prend goût surtout sous la caresse des rayons du soleil et la trempette. On commence par se sécher et on finit par bronzer. Normal que petit à petit les aoûtiens et les juillettistes veuillent offrir un maximum de surface au Dieu Soleil. Pourtant, à l’origine, les chantres de « l’homme nouveau » n’y trouvait rien à redire : « Je rebronzerai une jeunesse veule et confinée, son corps et son caractère par le sport, ses risques et même ses excès. » Nos joggeurs, marathoniens de New-York, sauteurs à l’élastique, adeptes du canyonning, en sont les héritiers : faut bien qu’ils s’occupent pendant leur RTT ! Alors pourquoi diable sommes-nous devenus un « peuple d’amollis » ?

Pour les tenants de l’ordre moral, les émergés comme les planqués, la réponse est évidente : c’est la faute des femmes !

Alors que dans les années 20 le maillot de bain féminin ne découvrait que les bras celui du début des années 30 dénudait les épaules et remontait jusqu’à mi-cuisse alors qu’à la fin de celles-ci il poussait volontiers jusqu’au haut des cuisses et escamotait les bretelles. De jersey épais il évoluera vers le jersey de laine fin, puis de soie, épousant de plus en plus les formes. Moulant ! Le début de la fin. Le ver était dans le fruit : en 1932 le couturier parisien Jacques Heim présentait dans sa collection un maillot de bain deux-pièces baptisé « Atome » 

Le bikini moderne, en effet, fut officiellement inventé en 1946, modèle déposé par Louis Réard (ci-desssu) sous le nom de l’atoll où eut lieu le premier essai nucléaire américain, qui récidivera en 1964 en popularisant le  topless swimsuit : le monokini créé par le styliste allemand Rudi Gernreich. De nombreux pays, dont l'Italie, interdirent son port sur leurs plages : « les Siciliennes devront attendre une douzaine d'années avant d'avoir le droit de s'habiller comme leurs ancêtres. Dans l'euphorie de l'après-guerre, le bikini s'impose alors dans tout l'Occident, et au-delà. Arrive ensuite le monokini, sans soutien-gorge, puis le string à la brésilienne, pesant entre 5 et 9 grammes. » note Yves Eudes. Le nu intégral alors ? Non, on assiste même à un retour en arrière sous l’impact de la tyrannie des beaux seins. Alors comme le dit Valérie Delafosse, directrice artistique de la marque Eres, le bikini n’est pas mort "Trois petits triangles qui épousent parfaitement le corps de la femme, c'est souvent le plus simple qui dure le plus longtemps. En plus, le bikini est flatteur, il s'adapte à presque toutes les morphologies." L'innovation, selon elle, viendra des nouveaux tissus synthétiques : "des matières très douces, à l'élasticité ultra précise, qui vont sculpter le corps, un peu comme une gaine, mais sans comprimer ni alourdir".
















Triomphe des pères la pudeur ? J’en doute mais il me semble certain que, sous la pression du communautarisme religieux, des effets de la crise économique dans les sociétés développées, de l’irruption de 2 nouveaux grands : la Chine et l’Inde, l’on va assister à une forme de privatisation de l’exposition des corps pour mieux jeter au petit peuple « une nouvelle forme de puritanisme »…

Pour le monokini et pour de  rire - allez jusqu'au bout c'est court - une petite vidéo :


http://www.kewego.fr/video/iLyROoaftEqy.html

Partager cet article
Repost0
22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 00:04

Lorsque mémé Marie disait : « elle a eu des bessons ou des bessonnes » je croyais que c’était un mot de notre patois vendéen et tel ne fut pas mon étonnement de découvrir en lisant le superbe roman de Michel Tournier, le roi des Aulnes, que c’était du vieux français : « les bessons sortent l’un après l’autre, si semblables qu’on dirait que le même enfant par deux fois se courbe et saute sur le pavé ». Pour la prononciation du nom besson – dans ma Vendée natale – on dit be son alors que pour le patronyme Besson on dit bê son. Bref, ce détour par nos jumeaux et jumelles me permet de vous faire une petite chronique sur les Besson. J’en ai choisi 5, pas un compte rond, par pur esprit de contradiction : 2 paires de 2 : Éric et Luc, les Besson médiatiques ; Colette et Louis, les Besson sympathiques ; et pour faire bon poids, le dernier, Patrick, médiatique et sympathique à la fois (par pour tout le monde bien sûr).

 

Comme je suis un paresseux j’ai ce matin, pour 3 des Besson, appelé à la rescousse Bertrand de Saint Vincent qui, d’une plume acérée, vient de commettre  un revigorant « Fragments d’impertinence » : La France au crible chez Plon, très remake de La Bruyère. Il est journaliste, et même rédachef  au Figaro. J’adore les journalistes du Figaro car ils ne sont jamais aussi bons que lorsqu’ils écrivent ailleurs que dans leur canard. Au temps de 68 l’éditorialiste du Figaro se dénommait Louis-Gabriel Robinet et nous l’avions surnommé : Robinet d’eau tiède. Facile mais l’esprit de Beaumarchais a depuis fort longtemps déserté le Figaro.

 

Premier couple de Besson : les médiatiques par B de Saint Vincent

1)    Éric : Secrétaire national du PS, chargé de coordonner une virulente plaquette anti-Sarkozy, il fut nommé, quatre mois plus tard, secrétaire d’État par ce dernier ; c’est l’homme qui tire plus vite que son ombre. Mais sur elle.

2)   Luc : producteur réalisateur phare du cinéma français, Luc Besson compte beaucoup. Surtout les spectateurs et les millions d’euros. Pour le reste, son apport au septième art reste mince. Depuis Le Grand Bleu, sa pensée tient dans une bulle.

Pour le premier j’ajoute, sans le victimiser, qu’il est un pur dégât collatéral de Ségolène Royal ; pour le second, nous lui devons, sans doute, le non choix des membres du CIO de la candidature de Paris aux JO.

 

Second couple de Besson : les sympathiques par moi.

1)    Colette : elle avait des nœuds rouges dans ses cheveux longs et, dans la dernière ligne droite du 400 mètres olympique sur le stade Aztèque de Mexico, un soir d’octobre 1968, au nez et à la barbe – pas très galant comme expression – des favorites elle coupe le fil la première. Elle a pleuré sur la plus haute marche du podium, ça a ému le Général qui l’a reçu à l’Elysée. Celle qu’Antoine Blondin avait surnommé « la petite fiancée de la France » pour sa « dernière ligne droite triomphale, qui avait l’exubérance d’une révolution mexicaine » Une belle et grande championne, simple et sympathique qui nous a quitté en 2005, à 59 ans, mon âge lorsque j'ai écrit cette chronique.

2)   Louis : pour beaucoup c’est la loi Besson, avec des initiales SRU forts connues. C’est un savoyard, discret, dévoué, travailleur, que pas grand monde connaît. Pour moi une crème d’homme, de ceux qui donnent envie de faire de la politique. Rare donc.

 

Le dernier des Besson à nouveau par B de Saint Vincent puis moi.

1)    Patrick : polémiste, ce faux paresseux écrit tout le temps, partout sur tous les sujets : des romans, des essais, des récits, des souvenirs, des pamphlets, des portraits, des chroniques. Des dialogues de film. Des pièces pour la radio.

        Un vrai concierge de l’époque.

       Intronisé à vingt ans grand espoir de sa génération, chaque automne, depuis lors, il rate le Goncourt. C’est bon pour la rage. Ses victimes sont innombrables ; chanteurs, homonymes, écrivains, mannequins, philosophes, présentateurs de télévision, hommes politiques, il y en a pour tous les goûts. Elles le poursuivent.

       Les balles sifflent. Besson aussi. Quand ses ennemis le collent de trop près, il change d’éditeur, d’opinion, de journal, d’ami, de femme ; bref, il sacrifie l’un des siens.

        Sa cause est indéfendable, mais il la défend sacrément bien.

   2) le même par moi : adulé par les amateurs de notre nectar depuis sa chronique dans le Point : Sot d’eau à propos des écrits du repenti médiatique Hervé Chabalier.

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents