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2 septembre 2008 2 02 /09 /septembre /2008 00:01

 

Même si certains pensent que je suis le roi du baratin l’histoire qui suit est une histoire vraie. Pour vous prouver ma bonne foi je pourrais citer à la barre des témoins de haute volée qui sont par ailleurs les acteurs de cette histoire. Mais, pour ne pas compromettre leur réputation, je ne les appellerai pas à la rescousse et ne vous dévoilerai pas leur CV. Que du beau monde nous avions, en cette fin d’après-midi-là, invité sur les hauteurs d’Asnières, tout près de la gare de Bécon-les-Bruyères chère au cœur du grand Emmanuel Bove. Au 5ième et dernier étage, sur une splendide et vaste terrasse, notre hôte, homme du vin, compagnon gourmet de mon bref séjour sur le port de Gennevilliers, et son épouse, nous accueillaient pour ce que je voulais être – mégalo je suis – une grande et belle dégustation de rosés d’été. Le panorama nous dévoilait les joyaux de notre ville capitale. Nous nous extasions. Tout le monde était à l’heure, sauf notre Murielle du 15iem. Ça sentait la fin de cycle, tout ce petit monde fourbu aspirait aux vacances et je me disais que le natif d’Asnières avait eu raison de préciser sur l’invitation que la dégustation serait conviviale.

Dans le cercle des invités : 6 mecs et rien qu’une gonzesse, mais quelle gonzesse si je puis me permettre ce type de familiarité. Du caractère, juste ce qu’il faut de provocation de fille, une belle expérience dans le marketing du vin, un zeste de piment dans le monde plonplon des zonzons et un joli prénom qui a une histoire pour moi (lorsque ma sœur attendait son second enfant, persuadée d’avoir une nouvelle fille elle voulait la prénommer Valérie et moi de lui dire : si c’est un garçon ne change pas de prénom. C’est ainsi que mon neveu s’est retrouvé affublé du prénom de Valéry immortalisé par le déplumé de Chamalières). Sur la table, des verres alignés, et la première fournée des 28 bouteilles à déguster. Nous avons adopté une technique de dégustation très innovante, très débridée, speedée, dont bien évidemment je vous tairais les grands principes afin que les grands prêtres qui officient dans les lieux saints ne me vouent pas à la Géhenne et demandent mon excommunication par bulle du souverain professeur Pitte.

L’échantillon était-il représentatif ? La réponse est oui sans contestation. Pourquoi ? Parce que les 2 échantillonneurs sont 2 anciens acheteurs patentés, le premier, un vrai pro, notre hôte, 18 bouteilles, l’autre assez peu fiable, c’est moi, 10 bouteilles. Donc, silence dans les rangs, notre philosophie se résumait à tester des rosés populaires, pas trop chers, ceux que monsieur et madame tout le monde peut acheter au magasin du coin. Tout le contraire de ce que font nos chers confrères qui dégustent des vins qu’il faut aller chercher avec sa petite voiture : pour exemple Régal qui vantait 2 vins dans son dernier numéro et aucun n’était accessible dans la Région Parisienne faute d’être distribué (je n’incrimine pas le vigneron). Bref nous avions 2 vins de table, 18 vins de pays, 7 AOC et 1 espagnol. Au plan régional : Val de Loire 4, Oc 4, Var 4, Ile de Beauté  3, petites zones VdP 2, Bouches du Rhône 1, Bordeaux 2, Sud-ouest 2, Provence 1, 1 Languedoc et 1 Beaujolais. On pourrait nous reprocher la sous représentation des rosés de la Provence AOC par rapport au VdP du Var mais il s’agit d’une pure question de prix (les bons sont chers). Enfin 5 des vins étaient des AB.

Le top départ était donné pour la première série. Le plop des bouchons en cascade, peu de liège, une seule vis, le nectar est servi et les mecs se coltaient au taf dégustatif avec un bel enthousiasme et le professionnalisme qui sied à l’exercice. Et la gonzesse me direz-vous, que faisait-elle ? Elle attendait son heure avec l’air détaché de celle dont attendez une réponse favorable après une cour acharnée et qui va vous éconduire avec le sourire. Allait-elle nous prendre à contrepied ? Aimer les délaissés. Les garçons se délectaient de la lecture de certaines contre-étiquettes qui selon eux raviraient les amis de la CNAOC. Et puis, dans l’entre-deux il y eut un silence, et la sentence de notre « the nana » est tombée, tel un couperet acidulé, sans appel : « moi j’aime que les rosés de mec ! » Emballé c’est pesé. Le message d’une clarté limpide : lâchez-nous les baskets les mecs, cessez d’estampiller le rosé boisson pour filles, ne pensez pas à notre place, faites du vin, point ! Ses très chers collègues, tout en appréciant la beauté du geste, la charriait sur le thème : « tu ne sais pas quoi inventer pour te singulariser… » alors que moi, grand expert es-nana, blanchi sous le harnois, je pensais que l’irruption des femmes dans l’univers bien macho du vin allait vraiment faire bouger les lignes, secouer les certitudes et, comme diraient les mecs, « pas fini de nous en faire baver… »

 

Les séries 2 et 3 furent dégustées sur le même mode endiablé. Votre serviteur collationnait les notes de dégustation. Notre Murielle du 15ème arrivait en compagnie de son mari. Notre hôtesse nous régalait. L’heure était venue de savourer des bulles. J’avais bien sûr apporté du Préambulles. Je prévins notre hôte de son caractère éruptif. Ce fut un geyser qui épandit sa mousse sur le déboucheur qui, avec son humour bien connu, imbibé du nectar sauvage, lâchait « c’est ça les bios… on ne peut pas leur faire confiance… » À notre grand regret nous ne pûmes apprécier le Préambulles qui embaumait la vêture de notre hôte. Par bonheur restait la bouteille de champagne les Rachais de l’ami Boulard. Comme chat échaudé craint l’eau froide on me confiait le débouchage qui se déroulait sans incident. Nous n’étions plus en mode dégustation mais en mode réception : belle surprise, belle unanimité et, que Valérie me pardonne l’appellation un peu triviale que je lui ai collé pour les besoins du scénario, notre gonzesse qui n’aime que les rosés de mec appréciait. Finir en beauté une dégustation débridée me comblait de bonheur. Vacances pour tout le monde et compte-rendu pour la rentrée des classes…

 

PALMARÈS

 

1-     Les préférés (5citations) : Poussin Rose de Sacha Lichine VdP des Sables 2007, le Gamay 2007 de Claude Cogné VdP du Val de Loire, Pink Flamingo 2007 VdP des Sables, Domaine Montrose 2007 VdP des côtes de Thongue, Château Pénautier comte de Lorgeril Cabardès 2007.

2-    Les appréciés (4 citations) : Les Sablonnettes Ceci n’est pas un rosé VdT 2007 Val de Loire, le Grolleau de Joël Hérissé 2007 VdP du Val de Loire, Gris de Gris de Gérard Bertrand VdP d’Oc 2007, Tradition de Buzet 2007 et Château Cajus Bordeaux Clairet 2006.

3-    Les typés (3 citations) : Grenache Grains de cépage Nicolas VdP de l’île de Beauté 2007, En la Tradition Saint Mont 2007, Syrah Un 2007 Caves Commandeur VdP du Var et Domaine la Sauveuse 2007 Côtes de Provence.

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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 00:00

 

Ce matin je ne vais pas jouer à l'ancien, genre "parrain", celui qui un beau jour de juin 1988 accueillait dans son bureau le jeune et sémillant Alain Berger en provenance de l'INAO pour qu'il prenne en charge le portefeuille des productions végétales, donc la viticulture, au cabinet d'Henri Nallet. Le président de l'INAO m'en avait dit grand bien. Je connaissais le portefeuille puisqu'il avait été le mien avec Michel Rocard et je venais de passer presque trois années à la Société des Vins de France. Les accords de Dublin commençaient à produire leurs effets sur la viticulture languedocienne. Le dossier viticole n'était plus aussi chaud mais se profilait une présidence française à Bruxelles où nous avions l'intention de mettre le dossier de nos AOC en avant. Bref, le jeune homme se révéla plein d'allant et de punch. Il fit son trou avec brio. Son beau parcours le destinait tout naturellement à devenir le directeur de l'INAO. Avec la loi de 1990 nous fîmes le ménage dans nos différentes formes de reconnaissance de l'AOC et intégrions les produits laitiers à l'INAO, puis à Bruxelles les notions d'AOP et d'IGP étaient reconnues pour que nous puissions mettre le dossier sur la table du GATT devenu OMC. Nous avons été des précurseurs même si nos enfants n'ont pas toujours été traités comme nous l'aurions souhaité. Et puis un jour Alain osa dire sur nos AOC vins ce que certains ne voulaient pas entendre dire. On le pria d'aller s'occuper des poissons à l'OFIMER. Par la suite il fit le directeur de cabinet de Jean Glavany Ministre de l'Agriculture qui me passa commande du rapport. Puis ce fut l'Inspection Générale de l'Agriculture, l'Interprofession des Fruits et Légumes et récemment le voici devenu Directeur des Services du département de l'Indre-et-Loire. Beau parcours que voilà et la gentillesse de distraire un peu de son temps pour répondre à mes 3 Questions. Merci Alain.


1ière Question
:
Alain, sans te couvrir de fleurs, car certains m’accuseraient de connivence, tu es considéré, y compris par tes détracteurs, comme un Directeur de l’INAO qui a marqué son passage dans la « vieille maison ». Ta conception de l’AOC t’a value d’aller planter tes choux ailleurs – même si c’était des poissons – alors maintenant que tu fais dans les fruits et les légumes, avec le recul et la distance que ça te donne, livre-nous ton analyse de la dérive des AOC. Pourquoi et comment a-t-on pu en arriver là ?

 

Réponse d’Alain Berger :

J’ai toujours considéré l’AOC comme la plus belle façon de faire parler un territoire, ou, pour être plus techno, un « terroir », fait de son sol, son sous-sol, son climat et de ce savoir faire de générations d’hommes et de femmes qui ont trouvé la meilleure façon de faire vivre en symbiose l’homme et son territoire… La vigne avec ses cépages et ses pratiques viticoles et œnologiques, la production laitière avec ses races de vaches, et ses pratiques fromagères, etc.

 

Mais le respect des terroirs et de l’intégrité de leur expression au travers des produits qu’ils génèrent suppose diversité, hétérogénéité, aléas ; nous sommes trop loin des logiques dites modernes de rémunération qui demandent homogénéité, maîtrise et volume. Cette fameuse mondialisation supposée être l’avenir incontournable de l’humanité a substitué le modèle « Parker » au goût quasi monopolistique, à cette diversité faite d’humilité et d’aléas. Et pourtant, puisque nous sommes plus dans l’univers artistique qu’économique sensu stricto, que de modernité dans ce concept d’AOC. Quand on dit que le principe d’AOC est ringard, ou qu’il constitue un obstacle au développement économique, ce n’est que l’expression d’une profonde méconnaissance de sa réalité : on ne le regarde que selon des logiques « industrielles » de « prêt-à-porter » ! Je maintiens que ce concept reste aujourd’hui le meilleur outil de résistance des territoires à la délocalisation et à la banalisation ; il est le meilleur outil de préservation de la rémunération potentielle de nombreux terroirs.

 

Trop souvent, l’AOC a été décriée alors que son mode d’emploi  n’avait pas été respecté !Quand vous n’arrivez pas à faire fonctionner votre portable, vous ne le jetez pas à la poubelle : vous lisez la notice !

 

2ième Question :
D’après toi, à dire d’expert, de bon connaisseur des hommes et de nos clochers, que faut-il faire pour que notre grand vignoble généraliste puisse conjuguer tous ses atouts, éviter la délocalisation d’une part de la production, boxer à armes égales dans toutes les catégories : des petits aux grands et aux très grands, pour redonner à certaines de nos AOC leur crédibilité ? Les réformes internes engagées vont-elle dans le sens que tu souhaites ? La nouvelle OCM vins va-t-elle profondément bouleverser la donne ?

 

Réponse d’Alain Berger :

J’avoue très sincèrement m’être éloigné de la réalité viticole immédiate et de ses préoccupations du moment. Peut être parce qu’une partie significative de cet univers, comme tu l’as souligné tout à l’heure, m’a demandé de planter mes choux ailleurs. Pour moi, il n’y a pas de solutions universelles, seulement quelques principes de base à respecter : l’AOC n’est pas la solution unique ; elle est, par nature, faite d’exceptions. Le vin « œnologique » a autant de raisons d’être que le vin de terroir. Quand on est « petit », il faut savoir préserver et entretenir son identité sans chercher à vendre sur tous les marchés. La logique de volume doit nécessairement donner la préférence à la marque plutôt qu’au terroir…etc.

3ième Question :
Alain, tu as laissé dans notre petit monde du vin, le souvenir d’un amateur éclairé, d’un bon vivant, dis-nous ce que le vin représente pour toi ? Comment y es-tu venu ? Quels sont tes goûts ? Tes préférences ? Tes coups de cœurs ? Nous allons boire tes paroles. 

Réponse d’Alain Berger :

Comme je l’ai déjà dit, avant d’être un produit, le vin c’est d’abord un terroir, une histoire, des hommes avec leur passion, de la découverte. J’y suis venu par la Recherche, à l’INRA ; je voulais comprendre en quoi le concept d’AOC permettait à des régions de se développer. On me parlait de rente institutionnelle, et j’ai vite compris que c’était beaucoup plus subtil. Il suffisait que des hommes d’un terroir refusent de copier sur leurs voisins, en puisant chez eux leurs potentialités de développement.

 

 Et je suis allé à la découverte des terroirs... En fait, je vais souvent de coups de cœurs en coups de cœurs, même si je reste fidèle à quelques uns. Il s’agit toujours de vins dont je connais le vigneron, en Bourgogne, du coté de la Côte de Nuits, dans les Côtes du Roussillon, en Corse. Aujourd’hui, je découvre de superbes Bourgueil. En revanche, je fuis les vins dits « d’élite », peut être parce que je reste convaincu que la logique du modèle imposé à tous est incompatible avec le respect du concept d’AOC. Je considère que l’univers du vin devrait être une formidable école d’humilité : chacun peut trouver son plaisir, sans être l’amateur dit « éclairé ». 

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31 août 2008 7 31 /08 /août /2008 00:08

Chloé, après avoir traversé à vive allure la forêt de St Germain et effacé des contrées idylliques telles que Houilles, Bezons, Colombes, sans jamais enfreindre le code de la route, nous fit entrer dans Paris par la Porte d’Asnières. Moi qui l’avais pris de prime abord pour une évaporée déjantée elle se révélait organisée, pleine de sang-froid et surtout très consciente des limites du combat révolutionnaire de nos zozos de la GP. Ma nouvelle liberté, concédée par Marcellin, m’ouvrait des perspectives. Je ne savais pas encore lesquelles mais l’important était d’être disponible pour saisir les meilleures opportunités qui ne manqueraient pas de s’offrir à moi. Pour l’heure je me retrouvais dans ma position favorite : pris en main par une fille border line. Paris, en cette fin d’après-midi, commençait à déglutir ses banlieusards. Telles des fourmis tout ce petit monde des bureaux, en paquets serrés, front bas, regards fermés, se jetait dans les bouches de métro pour gagner les gares de triage. Sans vouloir jouer les sociologues de bazar, je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était eux qui comptaient, que c’était eux qui pesaient, que c’était sur eux que reposaient les contours flous d’une France qui n’avait plus rien à voir ni avec celle des paysans, ni avec celle des ouvriers. Le combat de Flins était aussi imbécile qu’inutile. Nous étions inaudibles, à côté de la plaque, les derniers rejetons dévoyés des grandes croyances du XXième siècle. Tous les angles, les aspérités, le dur se floutaient, les frontières s’effaçaient, le plus grand nombre n’aspirait plus qu’à la bagnole, au week-end, au confort d’un pavillon de banlieue.

 

Les beaux quartiers résidentiels semblent toujours hors la vie, lisses, indemnes du grouillement, de la promiscuité, vides de tout. Nous enfilions des rues paisibles et cossues du Triangle d’or et La Norton, à bas régime, crachotait des sons étouffés. Chloé m’amenait chez l’une de ses copines anglaises, Ossie, qui l’approvisionnait en denrées diverses : fringues et pompes de Carnaby Street et de King’s Road, fragrances exotiques, vinyles des Stones, substances illicites en provenance des States ou d’Amsterdam. Elle me l’avait dit à un feu rouge, place du Maréchal Juin, alors que nous regardions passer une colonne de camions de la gendarmerie mobile qui devait sans doute filer sur le théâtre des opérations. L’appartement d’Ossie, au dernier étage d’un superbe immeuble, immense, lumineux, adossé à une terrasse-jardin embrouillamini de plantes et d’arbres exubérants, donnait le sentiment, avec ses canapés en tout sens, d’être une suite de vastes salles d’attente d’un aéroport futuriste. Peu ou pas de meubles, pas de tables ni de chaises, mais des toiles aux murs, des toiles des plus grands : de Kooning, David Hockney, Jackson Pollock, Roy Lichtenstein, Andy Warhol, Jasper Johns… Ossie trimballait sa grande carcasse très pulpeuse pour une anglaise, dans un sari immaculé. Ses cheveux longs, très noirs, ramenés en une longue tresse qui lui battait le bas du dos, et un maquillage très élaboré, lui donnait un air de danseuse d’un temple dédié à la déesse Jivah. Des bougies et des lampes à huile posées à même le plancher ou sur les plateaux des cheminées, ainsi que des brûleurs d’huiles essentielles, et la musique Rabi Sankhar en boucle, achevaient de nous dépayser. 

 

Chloé me confiait à Ossie avant de se vautrer sur un canapé demi-circulaire pour s’offrir quelques lignes. Ossie affichait une sérénité souriante qui me rendait disponible. J’étais prévenu. Dans l’ascenseur Chloé m’avait gentiment demandé de jouer le jeu. Alors je le jouais avec un réel plaisir. Ossie me conduisit dans la salle de bain, une vaste pièce circulaire dont le centre était occupé par une grande vasque de marbre emplit d’une eau qui exhalait des vapeurs parfumées au bois de santal, et me défit de bas en haut avec beaucoup de délicatesse ce qui m’évita d’afficher une érection. Avec toujours la même grâce elle libérait son corps du sari et la vue de sa nudité charnue me précipitait cette fois-ci dans une vive bandaison. Bêtement je posais mes mains jointes sur mon sexe dressé. Ossie les écartait doucement et, d’une main douce et ferme, elle apaisait mes élancements sans pour autant m’amener à la libération. Nous n’avions échangé aucune parole. Étrangement, une fois que nous nous fûmes plongés dans la vasque émolliente, alors que nos corps étaient quasi enchâssés, je ne ressentais plus l’envie d’aller plus avant. Mon corps relâché se laissait aller à ses caresses et, au risque de vous paraître cuistre, la seule envie qui m’envahissait était celle de dormir. Fort heureusement l’arrivée d’une vraie indienne portant sur un plateau d’argent deux grands verres à orangeade, qui me semblaient emplis de lait, mais c’était du lassi aux pétales de rose, m’évita le ridicule de m’endormir dans les bras d’Ossie. 

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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 00:06

 

Chez nous, dans notre doulce France, Charles Trenet a chanté la Nationale 7, la route des vacances, aujourd’hui rangée au rang des vieilleries depuis que le froid ruban de l’autoroute A6, dites du Soleil, charroie moyennant finance, les addicts de la bronzette déboulant du Nord de l’Europe.

Aux Etats-Unis, l’histoire de la route 66, est comme toujours dans ce pays immense, un véritable mythe. Depuis le jour de sa construction elle est le symbole d’un pays en marche vers un autre monde. C’est une voie sacrée que John Steinbeck surnommera « la mère des routes ». Une grande diagonale qui part de Chicago pour venir s’échouer sur les rivages du Pacifique. Les fermiers de l’Oklahoma chassés de leur terre par la Grande Dépression l’emprunteront et, dans les Raisins de la Colère, en 1939, la route 66, fait son entrée dans la littérature avant d’être immortalisé sur la pellicule en 1940 par John Ford The Grapes of Wrath, avec Henry Fonda incarnant Tom Joad le chef de famille.


À l’origine, un homme d’affaire de l’Oklahoma, Syrus Avery qui, dans les années 20, est de ceux qui pensent, avec l’irruption de la voiture et du camion, qu’il faut doter le pays d’un réseau routier moderne. Le chemin fer est trop rigide. Il faut désenclaver les terres perdues au milieu du continent. Soutenu par des associations et des syndicats, Syrus Avery, fait adopter un tracé qui va à l’encontre des traditions car, depuis un siècle, la célèbre compagnie de chemin de fer la Santa Fe Trail ouvrait les portes de l’Ouest. Les nouveaux pionniers passeront par le sud : une route de géants qui passera par les mornes plaines du Middle West, traversera les vastes déserts du Sud-Ouest, longera le grandiose Grand Canyon et se terminera à Los Angeles sur les plages de Santa Monica. Elle traversera les États
de l’Illinois, du Missouri et du Kansas. En Oklahoma, elle tournera vers l’Ouest jusqu'au Nord du Texas, pour avaler le Nouveau Mexique et l’Arizona avant d’atteindre la Californie.

Cette route qui s’étale sur 2,400 miles (4,000 km) de long, reliant des villes assez importantes du Middle-Ouest et du Sud-Ouest telles que Springfield en Illinois, St. Louis au Missouri, Oklahoma City, Amarillo au Texas, Albuquerque au Nouveau Mexique et Flagstaff en Arizona, portée sur toutes les cartes à partir de 1926, reste pendant longtemps, sur de nombreuses portions, qu’un médiocre chemin de terre que le moindre orage transforme en bourbier. Le revêtement en dur sera terminé en 1936.

Outre les fermiers exilés de la Grande dépression, la route 66 sera mythifiée comme un vecteur de l’histoire lorsque, lors du 2d conflit mondial, elle drainera les ouvriers civils et militaires rejoignant en masse les usines d’armement installées pour des raisons de sécurité sur la côte Pacifique. La paix venue c’est la route des vacances, celle qui conduit aux plages de sable doré de Santa Monica, en passant par les réserves d’Indiens et les parcs nationaux. Les mobil-homes et les caravanes se bousculent aux portes des drive-in. Nationale 7 et route 66 même combat ! Même destin aussi puisque la « mère des routes » va petit à petit s’effacer derrière le monstre autoroutier : l’Interstate, 5 autoroutes qui se relaient pour parcourir la même distance. Que reste-t-il de la route 66 ? Pas grand-chose, des stigmates, car la mise à mort s’est faite sans regrets ni scrupules, on détruit tout avant de pleurer ses racines. Dans les années 95, Jean-Louis André, témoigne dans le Monde « Il faut aujourd‘hui beaucoup d’attention pour parvenir à quitter l’Interstate 40, au bord du Nouveau Mexique, afin de traverser Grants par ce qu’il reste de la 66. Comme frappée par une catastrophe brutale, toute une partie de la ville s’est figée en un musée grandeur nature des années 60. Une enfilade de motels en ruine, des vitres cassées, des garages, des épaves de Pontiac qui sont restées sur place, prises par la rouille. La poussière a terni les enseignes qui rivalisaient d’éclat pour arrêter l’automobiliste pressé. À la sortie de la ville, on n’a même pas pris le temps de démonter les pompes à essence, et le prix du dernier plein est resté affiché. »

La 66 est morte c’est un mythe réincarné dans le buiseness touristique : plaque émaillée frappé du chiffre magique, livres et produits dérivés pour boutiques souvenirs. La légende continue, dans nos têtes…

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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 00:00


Comme la plupart d'entre vous le savent je suis un inconditionnel de Pierre Desproges et comme celui-ci était l'ami de Guy Bedos, vous comprendrez aisément que j'ai un faible aussi pour ce dernier. Ce matin je vous offre un grand moment d'humour grinçant : Desproges faisant l'éloge funèbre de Guy Bedos.

http://www.youtube.com/watch?v=Wz-Fe5bGeoo

Et, pour faire bonne mesure, je vous transcris aussi quelques "Mauvaises pensées" de Bedos qu'il confiait au journal Libération à l'époque de la cohabitation Mitterrand-Balladur. Vous en serez sans doute étonné.

" J'ai beaucoup de sympathie pour Jean-François Deniau. Je l'entendais à la radio ce matin, parler de l'ex-Yougoslavie. Il n'avait pas réponse à tout mais ce qu'il disait était sincère, intelligent et émouvant. on sait bien que lui, quand il va faire un tour à Sajarevo, ce n'est pas seulement pour se faire filmer ou photographier. Je ne l'ai jamais rencontré, cet homme là, mais il déclenche en moi un sentiment de respect affectueux. Il est de droite à ce qu'on dit. Et moi je serais plutôt étiqueté de gauche. Ce n'est pas simple, en ce moment, la politique. Il va falloir s'habituer"

" A propos de tous ceux qui, critiques professionnels ou amateurs, vous assènent leurs contestables sentences, Bertrand Poirot-Delpech me raconte que Picasso - encore lui ! - lors du vernissage d'une de ses expositions, croise une dame qui lui dit d'un air sévère :
- Je n'aime pas du tout.
- Mais, madame, ça n'a aucune importance."

" Je repense au dessin de Plantu, l'autre semaine, qui faisait dire à ses snipers : " L'embêtant, avec les enfants, c'est qu'ils bougent tout le temps ! "

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29 août 2008 5 29 /08 /août /2008 00:06

 

Dès que reviennent les beaux jours je suis un adepte des terrasses de café quand le soleil commence à disparaître au-dessus des toits. L’air devient tendre. La ville s’apaise. Les gens se posent. Après avoir accroché mon vélo à un réverbère je m’installe à une place bien exposée, face au soleil couchant. Et, très souvent, je commande un demi de bière. Pas n’importe quelle bière, la meilleure du monde, une tchèque : la Pilsner Urquell. Elle se distingue des autres bières par sa plénitude, sa belle amertume désaltérante. Fabriquée à Pilsen, le pays de naissance de la bière double, fermentée à basse température, cette fine mousse présente l’avantage de n’être servie que dans les bars et les brasseries de qualité : le café Florian à Venise ou le Sélect à Paris. Vous allez me dire que je suis snob. Non j’applique à la bière le même régime que pour le vin : je bois bon. Que voulez-vous quand je vais chez Hugo Desnoyer mon boucher, et que je lui demande de la hampe, je vois son œil pétiller. Il apprécie. La hampe c’est moche, on dirait une serpillère brunâtre effilochée, mais c’est un délice.

 

Mes vacances d’été sont corses. Là-bas je prends le maquis. Je plaisante bien sûr. Le soir sur le port d’Ajaccio ou chez le glacier de Sagone je m’offre une Pietra. C’est une bière ambrée à la châtaigne fabriquée dans l’île de Beauté. Belle réussite insulaire puisqu’on la trouve maintenant assez facilement à Paris. Elle aussi, comme ma Pilsner Urquell, est très désaltérante. Certes elle est plus rustique mais elle fleure bon le maquis. J’aime. Bref, j’abrège car je sens poindre chez les ardents défenseurs du vin servi en terrasse une pointe d’agacement : qu’est-ce qui vient nous chanter les mérites de la bière le gars Berthomeau là où seul le divin nectar a le droit de cité. Que nenni, ici, c’est écrit « espace de liberté » alors on n’est pas sectaire : la bonne bière ça désaltère et je l’écris. Et puis, comme certains le savent j’adore les mélanges. Adepte du blanc limé je ne crache pas aussi sur un vrai panaché fait avec une limonade traditionnelle et une bonne bière bock des familles. Que voulez-vous, quand j’étais en culotte courte, contre toutes les préconisations des blêmes de la santé publique, mémé Marie colorait mon eau fraîche avec un peu de vin rouge : pour étancher sa soif je n’ai jamais trouvé mieux.

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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 00:05

La Baltique ses harengs, ses bains et son soleil de minuit, ses vins… je plaisante à peine. Sur les îles d’Åland, un archipel boisé de la mer Baltique, entre la Finlande et la Suède, à 1600 km au NE du vignoble français « au printemps et en automne, lorsque les températures sont très variables, Frederik Slotte prend toujours soin d’arroser ses vignes. En gelant, l’eau enveloppe les ceps dans une fine pellicule de glace qui les protège contre des températures bien inférieures à 0°C. » John Tagliabu, dans le New York Times, précise que « Slotte, un médecin de 29 ans, fait partie d’un groupe de gens de plus en plus nombreux, en Finlande et dans d’autres pays voisins, qui, avec le réchauffement climatique, se tournent vers la viticulture. Il utilise des cépages robustes, résistants aux intempéries, notamment un hybride créé à partir de souches lettonnes et sibériennes. D’ici deux ans, Slotte espère produire quelque 110 bouteilles par an, pas de quoi inquiéter les producteurs français. »

J’adore nos amis journalistes américains qui savent si bien souligner que, par construction, les seuls viticulteurs inquiets en ce bas monde ne peuvent qu’être français. Par bonheur, et pour rassurer notre José Bové multicarte – désolé Pascal – « l’affreux descendant de l’oncle Sam » nous rassure « Membre de l’UE depuis 1995, celle-ci (la Finlande) n’est pas considérée comme un pays producteur de vin au regard des règles européennes, ce qui signifie que Slotte n’a pas le droit de vendre son vin. « Je l’offre à ma famille et à mes amis » explique-t-il ». Anecdotique certes, mais assez représentatif d’un phénomène dont, seuls nos élites et nos autoproclamés défenseurs de la Santé Publique, semblent ignorer que la civilisation de la vigne et du vin s’étend, plonge ses racines dans de nouvelles terres, gagne chaque jour des adeptes alors que dans notre beau pays, au nom d’une vision dépassée, hors la réalité de notre époque, elle est ravalée au triste rang de simple vecteur de l’alcoolisme. Erreur funeste, pure bêtise, exploitation médiatique par amalgame du fléau qu’est l’alcoolisme, entreprise de démoralisation stupide de ceux qui font et vendent du vin. Reproche-t-on au sémillant et médiatique Arnaud Lagardère d’être un vendeur d’armes ? Aucun média ne s’y risquerait, mais en revanche l’hypocrisie la plus crasse règne dans beaucoup de rédactions vis-à-vis du vin sous le couvert facile du respect de la loi Évin. Je n’ose pas croire que la position des prohibitionnistes rentrés sur l’accès à l’Internet va triompher : la protection de la jeunesse ne passe pas par une illusoire ligne Maginot.

Mais revenons à la Finlande. Dans ma jeunesse, certes je savais la situer sur une carte d’Europe, mais pour moi ce vaste et lointain pays n’était que la patrie d’inépuisables coureurs de demi-fond : Nurmi, Kolehmainen et d’excellents lanceurs de javelot dont j’ai oublié les noms imprononçables mais qui ont imposé depuis 1927 la technique du lancer. Depuis mes connaissances n’ont guère progressé et je dois avouer, qu’en dehors des forêts et de l’industrie papetière qui va avec (un reste du Ministère de l’Agriculture qui est aussi celui de la Forêt et du fameux dossier de la Chapelle-Darblay), la Finlande se résume pour moi en trois noms : Nokia, Hélène Schjerfbeck et Aki Kaurismäki.  

Nokia c’est mon premier téléphone portable. C’est Franck, mon chef du service informatique à la SIDO qui me l’a acheté : « le meilleur… » m’avait-il déclaré en me remettant ce drôle d’insecte tout gris et tout pataud. Il avait raison, Nokia est devenu le géant de la téléphonie mobile qui détient entre : 30 à 35 % de part de marché. Et dire que ce groupe, né de la fusion en 1966, de vieilles industries du XIXe : papeterie, caoutchouc et câbles, conglomérat touche à tout, au bord de la faillite, lorsqu'il jette par-dessus bord en 1992 toutes ses activités en dehors des télécoms ne semblait pas le mieux placé pour devenir leader d'un des marchés les plus extraordinaires de la fin du XIXe siècle. Bref, ce matin je ne vais vous rejouer ma petite musique habituelle sur la mondialisation.

 

Helene Schjerfbeck c’est pour moi l'un des plus grands peintres du début du 20ième siècle. Elle vient de faire l'objet d'une magnifique exposition rétrospective qui a fermé ses portes fin janvier 2008 au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Enfant prodige, elle complète sa formation académique à Paris, dans les rares ateliers libres ouverts aux femmes. Son naturalisme allié à une grande virtuosité technique lui vaut d’être rapidement reconnue. Au cours de cette période elle voyage, en Bretagne, en Angleterre, en Russie, en Italie. À l'extrême fin du XIXe siècle, dans une Finlande luttant pour l'indépendance, son refus du romantisme national, la marginalise. De santé fragile depuis son enfance elle s’éloigne d'Helsinki, s’isole, élabore une écriture picturale épurée, réaliste, ascétique : elle peint « son entourage, les ouvrières de l'usine locale ou plus tard les infirmières du sanatorium, des paysages et des natures mortes intimes qui sont comme autant de méditations faisant échos aux autoportraits où à la fin de sa vie elle traque les progrès de l'âge, de la maladie et de la mort s'approchant ». Femme étrange, étrange destin, une vie entièrement dédiée à la peinture dans la solitude et le plus grand dénuement.
 

Aki Kaurismäki un cinéaste finlandais, un déjanté total, dont le film le plus connu est L'Homme sans passé qui a reçu le Grand Prix au Festival de Cannes en 2002, à voir un soir où l'on n'a pas le spleen. En regardant ces images lugubres, glacées du Helsinki nocturne, d’alcoolisation violente et solitaire, l’envie me démange de proposer à notre médiatique et repentant Chabalier de s’y rendre, tel un missionnaire de notre enfance, porter sa bonne parole toute empreinte de son chemin de croix. Nos penseurs sanitaires devraient aller y méditer sur les rapports entre la solitude extrême et les pratiques d’alcoolisation expéditives qui gagnent du terrain en France, plus particulièrement chez les jeunes. Ensuite que tout ce beau monde ne vienne pas me chanter que le vin n’est pas l’un des meilleurs accoucheurs de convivialité.

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27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 00:02

 

En France on divorce sec et on fabrique ainsi beaucoup d’ex. : ex-mari, ex-femme, ex-épouse, ultime trait d’union d’une désunion, après tout le mariage n’est qu’un contrat civil qui peut être rompu : le divorce règle l’intendance, le port ou non du nom par l’ex au féminin, bien sûr la dévolution des biens communautaires, une éventuelle pension dite alimentaire et enfin la garde des mouflons s’il y en a dans la corbeille. En politique, les EX, présidents, ministres 1ier ou autres, députés et sénateurs, même les secrétaires d’Etat gardent l’appellation à vie. Là où ça se corse c’est pour les EX des partis politiques, surtout ceux de la gauche extrême où l’appellation de renégat fut très longtemps en odeur de sainteté dans ces enceintes où l’on pratiquait la purge et l’exclusion comme l’Eglise en son temps l’Inquisition.

Alain Schiffres dans son Inventaire Curieux des Choses de la France chez Plon www.plon.fr nous livre 3 portraits d’ex qui devraient égayer vos vacances. Pour illustrer j’ai ajouté une petite liste d’ex connus de tous…

L’ancien trotskyste

«  Il va avec tout. C’est bien vu d’être un ancien trotskyste. On est heureux de le croiser dans les bois quand il est aux champignons, en parka avec plein de poches utiles. On le croise d’ailleurs partout. L’habitude de l’entrisme lui ouvre bien des portes. Il réussit dans le commerce parce qu’il est un agitateur d’idées. Dans la politique parce qu’il sait faire une salle. Dans le journalisme parce qu’il aime discuter dans les cuisines en lichant du pâté de tête. C’est dans les réunions qu’il est à son mieux. Il faut le voir soulever les points d’ordre. L’ancien trotskyste fait un excellent social-démocrate, parce qu’il a une éthique et qu’il est pour l’évolution permanente. Ce qu’il a de sympa pour un Français : il appartient au camp des vaincus. On ne peut oublier, le voyant, la douleur du coup de piolet*. L’ancien trotskyste est un éternel minoritaire qui a fini par se trouver seul à force de scissions. Un individu par défaut, en quelque sorte. Il a encore sur lui l’empreinte du groupuscule. Il a des copains, des réseaux, des souvenirs. »

* celui de Ramon Mercader agent de Staline assassinant Trostky à Mexico

Liste des ex-trotskystes : les créateurs de la FNAC  André Essel et Max Théret, les socialistes Lionel Jospin, Henri Weber et Jean-Christophe Cambadélis entre autres, l’ancien rédacteur en chef du Monde Edwy Plenel…

L’ancien communiste

« Une autre affaire. Il ne descend pas d’un pourchassé. Il s’oppose au trotskyste comme le sédentaire au nomade. Son idole a eu toutes ses aises. C’était un tyran en pantoufles. Qui tirait sur sa pipe les soirs d’été, en tricot e » peau absorbant sous sa chemise ouverte. L’ancien communiste a de beaux souvenirs, mais il porte les stigmates du défroqué. Chez certains sujets, le dévergondage est à la mesure de l’engagement. Ils s’ébattent dans la presse de droite comme des puceaux au bordel. C’est bien sûr de l’ancien stalinien que je parle, une espèce qui s’éteint. On ne va pas être un ancien refondateur, tout de même. »

Liste des ex-communistes : la majeure partie des intellectuels de l’après-guerre, la plupart des futurs maos, plein de compagnons de route avocats, grands mandarins de la médecine… Deux noms : une réussite, Marin Karmitz le fondateur de MK2 et une catastrophe, Maurice Leroy député du Nouveau Centre, ex Bayrou…

L’ancien maoïste

« C’est souvent un intellectuel, même un penseur. Cela étonne nos jeunes clients, à l’Inventaire, quand le hasard les a conduits à feuilleter La Cause du Peuple. Ils déshabillent la figurine de son blouson Perfecto et trouvent le normalien. Il faut leur expliquer la révolution culturelle. Que le mot « culture » fait rêver forcément. Que Mao était à la fois un poète et un paysan à dictons. Que, pour connaître le goût d’une poire, i faut y goûter, et qu’il n’y a rien de plus sain, de plus frais, que d’envoyer des professeurs arracher les navets. En compagnie de jolies filles nattées. (Elles dansent le soir en short. Avec des bandes molletières et un gros fusil. Elles sautent très haut.) Puis, selon la tradition française, un intellectuel est fait pour se tromper. L’ancien maoïste est volontiers shakespearien. Il s’éveille d’un sortilège. Il s’ébroue. Il se tâte le crâne. Bon Dieu, qu’est-ce ? Un cerveau ! Après une telle expérience, l’ancien maoïste devient un libertin sceptique ou une conscience malheureuse. Sa cure consiste pour un tiers à tomber sur les reins du soixante-huitard attardé, pour deux tiers à donner des leçons au monde entier. Sa grande affaire est de s’être arrêté au bord de l’action terroriste. Il en parle avec horreur et mélancolie. Cela lui passe et lui revient comme une migraine. On croirait qu’il se promène avec une balle dans la tête. Ses enfants en sont tout excités. »Oh, papa ! » disent-ils.

Liste des anciens maoïstes : liste non limitative, Serge July, Alain Geismar, Olivier Rollin, André Glucksmann, Philippe Sollers, Rolland Castro, Gérard Miller et l’emblématique Denis Kessler devenu le vice-président du MEDEF du baron Sellières.

 

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26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 00:02

André Citroën, génial ingénieur, en 1934, va se ruiner en concevant et en lançant une voiture révolutionnaire : la Traction avant devenue par la suite, comme le sera la DS 19, une voiture culte. Les usines Citroën, dont l’emblématique quai de Javel, vont donc être reprises par l’entreprise à qui André Citroën doit le plus d’argent : Michelin. Les hommes de Michelin arrivent donc au quai de Javel, Pierre Michelin en tête flanqué de son ami Pierre-Jules Boulanger. André Citroën meurt en juillet 1935. PJB, c’est ainsi que Boulanger, qui a vécu quelques années aux USA, aime  se faire appeler, va diriger le bureau d’études où sont conçus les nouveaux modèles. C’est un autodidacte qui a la confiance du patriarche Edouard Michelin.

 

 

PJB possède une grande maison à Lempdes, un village proche de Clermont-Ferrand berceau des « bibendums », là sont fabriqués les fameux pneus Michelin : le cœur de l’empire de la famille Michelin. De sa fenêtre il voit passer, sur des vieilles charrettes, tirées par des bœufs ou des chevaux, des paysans, accompagnés de leurs femmes et de leurs filles, qui s’en vont au marché vendre leurs produits. Les garçons sont restés à la ferme pour travailler. Et le voilà qui pense que « si la femme pouvait venir seule au marché dans une voiture, le paysan pourrait consacrer ce temps gagné à travailler à la ferme… »

 

 

De retour à Paris PJB convoque, à son bureau du 48, rue du Théâtre, son adjoint Brogly et il lui dicte un surprenant cahier des charges : « vous et votre équipe allez travailler sur le projet d’une voiture pouvant transporter quatre paysans ou paysannes en sabots, cinquante kilos de pommes de terre ou un tonneau, rouler à 60 km/h, ne pas consommer plus de 3 l au 100km, être suffisamment confortable pour transporter un panier d’œufs dans un champ labouré sans en casser un seul. De plus elle devra être assez légère pour être conduite par une femme venant de passer son permis de conduire. Enfin ce devra être une voiture pas chère : 5000 F alors que la Traction 7 CV dépasse las 18000F… »

 

 

Légende sans doute car chez Citroën on sait très bien, qu’étant donné la situation économique, si l’on veut multiplier les possesseurs d’automobiles il faut fabriquer une voiture bon marché. Pour l’obtenir il faut selon leurs enquêtes :

 

 

1° créer un type de voiture qui soit un véritable outil de travail.

 


2° le fabriquer par quantité vingt fois plus fortes que les productions actuelles les plus élevées. »

 

 

Cette petite voiture économique sera cachée chez Citroën sous le nom de code « TPV » : très petite voiture. La folle histoire de celle que l’on appellera familièrement la deudeuche commence officiellement en 1939. L’ingénieur qui va être le père de la 2CV est André Lefèvre qui est un esprit novateur. De son passage dans l’aéronautique, chez André Voisin, il retiendra le dépouillement des tableaux de bord des premiers avions : le volant et le levier de la vitesse de la 2CV s’en inspireront ainsi que la capote, les sièges et la carrosserie en duralumin. Voiture spartiate, une vraie faucheuse de marguerites. Le premier prototype avec son phare unique a vraiment une sale gueule et il peine à tenir la route. La voiture définitive dispose de tout ce que le bureau d’étude a pu inventer pour simplifier et alléger la voiture. C’est ingénieux, intelligent et laid. 250 voitures sont produites fin août lorsque la guerre est déclarée. Elles seront stockées partiellement montées à Javel et Levallois avant d’être transférées à la Ferté-Vidame où elles rouilleront pendant dix ans avant d’être détruites, sauf quelques-unes sauvées par des employés.

 

 

 

 

Pendant l’Occupation la TPV entre dans la clandestinité car les allemands lorgnent sur le projet dont ils ont connaissance avant la guerre. Le père de la Volkswagen fait le siège du bureau de PJB, en vain. Peine perdue ni lui, ni aucun allemand ne verra la TPV. Pendant cette période de restrictions sous la houlette de Pierre Bercot – futur patron de Citroën – les ingénieurs vont chercher des astuces pour faire baisser le prix de revient. À la Libération, PJB pressent que la TPV devrait séduire une plus large clientèle car une partie des Français aisés a vue ses revenus fondre pendant l’Occupation. Au plan mécanique, c’est par hasard en observant la moto BMW de Flaminio Bertoni – le styliste maison – qu’André Lefèvre va imaginer le nouveau moteur bicylindre à plat refroidi par air. La TPV se voit aussi dotée d’un démarreur électrique, d’une quatrième vitesse dite « surmultipliée » et surtout de la fameuse suspension interactive à batteurs individuels qui sera l’un des charmes de la 2CV.

 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PJB (c'est lui qui tient le volent d'un protoyype sur la photo ci-dessus), fidèle à son caractère, ne se fie qu’à ses intuitions et un secret farouche a été maintenu autour de la TPV. Les premières voitures de présérie ont été assemblées pendant l’été 1948. Il faut hâter le pas car Renault a mis les bouchées doubles et sa nouvelle 4CV se vend comme des petits pains. La fabrication de la 2CV ne va pas être des plus simples car les matières premières manquent et l’Etat se croit, comme toujours, obligé de légiférer sur leur répartition. Chez Citroën on jongle en contournant la surveillance d’un obscur fonctionnaire du Gouvernement Provisoire chargé de l’application de l’absurde plan Pons planifiant la production automobile d’après-guerre. Dirigisme qui fera beaucoup de mal à nos industries pendant une longue période.

 

 

PJB hésite encore à présenter le nouveau modèle au Salon de l’automobile d’octobre car tout n’est pas encore finalisé. La presse s’impatiente. Pour ne pas laisser la part belle à Renault et Panhard, PJB décide de présenter sur le stand trois 2CV sans moteur. À l’ouverture les journalistes et le public sont pressés de découvrir la nouvelle « bombe » de la marque. La 2CV étonne, choque même, déclenche des lazzis mais ne laisse quiconque indifférent. Les Français, comme toujours, commentent et surtout adhèrent. Les commandes s’empilent. Elles émanent des ruraux, ceux que PJB voulait séduire dès l’origine : rappelez-vous les paysans en sabots. La partie n’est pas gagnée car la mécanique n’est pas encore au point. C’est le 21 juin 1949 que le type A de la 2CV est soumis au Service des Mines. Homologuée le 28 juin, elle sera de nouveau au Salon d’octobre 1949 et mise en fabrication en novembre.

 

 

 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le prix est de 228 000F alors qu’on l’annonçait à 185 000F au Salon de 1948. La différence est de taille mais la 2CV est bien moins chère que sa rivale la 4CV de Renault. Les commandes sont tellement nombreuses que Citroën doit instaurer un dossier de candidature. On croit rêver : il faut l’accord de la marque pour acquérir la 2CV. La sélection est très sérieuse. On va vérifier chez le demandeur le bien-fondé de l’achat, priorité est donnée au travail. Etonnant non, Citroën fait quasiment œuvre sociale en améliorant les conditions de travail des Français et participe au renouveau national. Agriculteurs, VRP, médecins, curés…sont prioritaires. Les cadences augmentent mais pas assez, les délais d’attente s’allongent : au pire moment il faudra attendre 7 ans pour obtenir sa 2CV. Inimaginable pour nos chères têtes blondes qui trépignent lorsque leur moteur de recherche pédale quelques secondes dans la choucroute et tarde à leur donner l’info qu’ils cherchent. Autre temps autres mœurs mais surtout une belle histoire…

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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 00:00

L’association de ce matin peut vous paraître étrange, elle ne relève pas du nième duel Bourgogne/Bordeaux mais du souvenir d’une affirmation, pur jus de mec qui veut faire l’intéressant, que j’ai proféré la première fois que j’ai rencontré Lalou Bize-Leroy lors de l’affaire dite des «  Japonais et du domaine de la Romanée-Conti » http://www.berthomeau.com/article-16819419.html: « les grands blancs sont en Bourgogne, les grands rouges à Bordeaux… ». Ça me valu une convocation matinale à venir déguster ses grands rouges à elle. Un grand moment, rare, exceptionnel, rite initiatique qui vous rend humble et heureux.

Alors ce matin avec mon esprit d’escalier en colimaçon j’ai fait le lien avec ma lecture du manga  Les Gouttes de Dieu et voilà le résultat.

 

1ier Tableau : Lalou Bize-Leroy

Shizuku et Miyabi (voir ma chronique) parlant de Sarah un top-modèle de 20 ans :

-         Miyabi : Wow ! 20 ans ? Sacrée fille… On dirait une madame Bize-Leroy dans sa jeunesse !

-        Shizuku : Qui c’est ?

-        Miyabi : Ah, là, là… comment toi qui vas être un élément important du département vins des bières Taiyo… peux-tu ne pas la connaître ? C’était l’une des directrices du DRC *… Une géniale viticultrice de Bourgogne.

On lui a passé du vin sur les lèvres à son baptême… et il paraît qu’à 5 ans elle jouait à déguster.

-         Shizuku : Ooh ! Ça existe des gens comme ça ?

-         Miyabi : On raconte aussi que lors d’une dégustation à l’aveugle… sur des dizaines de bouteilles, elle les a toutes identifiées.

-         Shizuku : y’en a des choses en ce monde…

 

 

2ième Tableau : Le Haut-Médoc de Giscours 2000

 

Dans la grande tradition du manga Les Gouttes de Dieu Shizuku, en goûtant, indique ce qu’il éprouve : « Un carrousel… J’étais dans un endroit doré, il y avait de la musique… c’était un voyage à la fois lent et court, mais assez agréable… J’ai ressenti la joie insouciante d’un tour de manège dans un parc d’attractions…

-         le patron du wines bar : Comme toujours tu t’exprimes… de manière intéressante. Oui… ce vin ne créé pas la peur d’une montagne russe et n’en impose pas comme une grande roue. Mais je crois moi aussi que son arôme emporte celui qui le boit… dans un joyeux petit voyage…

-         Miyabi : En effet l’attaque jeune d’orange pressée laisse la place à un arôme d’amande plus doux, qui disparaît aussitôt après… C’est un joli vin au petit goût de revenez-y… comme un manège dont on veut faire un autre tour.

-         le patron du wines bar : Mais le plus grand charme de ce vin… c’est son prix. Mi… 1760 yens * ? Mais comme vous l’avez vu en le goûtant, sa qualité atteint celle des vins à 3000 yens *. Bien sûr cela est en partie possible grâce à son millésime. 2000 étant une grande année…

-         Miyabi  Prenons celui-ci en premier prix ! Le Haut-Médoc de Giscours… C’est un vin de table de Bordeaux, du Haut-Médoc, fabriqué par le domaine viticole de château Giscours, près de Margaux…

 

* 1760 yens = 11,50 euros   3000 yens = 19,50 euros

 

Comme je l’écrivais dans une chronique récente notre bon vieux vin de table retrouve des couleurs : nos amis japonais l’utilisent pour un assemblage de prestige et ça n’a rien de péjoratif…

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