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1 mars 2008 6 01 /03 /mars /2008 00:02


Dans le cadre de notre nouvelle rubrique : "qui prête à rire n'est jamais sûr d'être remboursé" * ce matin je vous offre un morceau d'anthologie : " Arrête, arrête, ne me touche pas... Demain tu te maries..." de et par Patricia Carli en 1963 l'année de mes 15 ans. Même si ce n'est pas tout à fait une chanson à boire je suis sûr mesdames que si ce samedi vous l'entonniez pour le mariage de votre meilleur ami vous vous tailleriez un franc succès. Quand à ceux qui verrait dans le titre de cette bluette autrechose qu'une poignante chanson d'amour je leur trouverais l'esprit fort mal tourné. Mais qui puis-je ? 

* c'est emprunté à Raymond Devos

http://www.youtube.com/watch?v=TAHnWlXYY6s
 

2116.jpg

Demain tu te maries (Arrête, arrête ne me touche pas)

by Patricia Carli

 Arrête, arrête ne me touche pas Je t'en supplie ai pitié de moi Je ne peux plus supporter Avec une autre te partager D'ailleurs demain tu te maries Elle a de l'argent, elle est jolie Elle a toutes les qualités Mon grand défaut c'est de t'aimer Arrête, arrête ne me touche pas Je t'en supplie ai pitié de moi Dès que tes mains se posent sur moi Je suis prête à subir ta loi Mais tu as préféré les grands honneurs A la place de notre bonheur Et, et pour garder tes ambitions Tu as détruit mes illusions Je sais, je sais tu m'aimes encore L'orgueil pour toi est le plus fort Il a vécu le grand amour Pour garantir tes vieux jours Il faut, il faut nous quitter sans remords Tu es le maître de ton sort Laisse-moi, laisse moi te féliciter Demain, demain tu vas te marier Chez elle tu auras le confort Chez moi tu jouais avec mon corps Chez elle tu vas te distinguer Chez moi tu venais te griser Ce soir, ce soir c'est la dernière fois Que je te parle, que je te vois Puisque, puisque c'est elle qui aura ton nom Ce soir, ce soir moi je te dis non Non ! Non !
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29 février 2008 5 29 /02 /février /2008 19:20

Mon papier sur le riz au lait La Laitière de Nestlé tombait à pic. Un grand expert : MEL commente la performance sur son blog. Je vous livre le plat tout chaud sans commentaire...

 

Peter Brabeck (Nestlé) ne craint pas la hausse des prix

Posted: 29 Feb 2008 10:42 AM CST

img_blog_le_temps_290208.jpg

Peter Brabeck n’est pas un homme facile. Je parle de son caractère, de son tempérament. Je connais, je me suis frotté à lui lors d’une négociation récente. Mais la difficulté relationnelle n’exclut pas de saluer l’artiste professionnel. L’ancien alpiniste cède la barre du groupe Nestlé en ayant, cette année, franchi ses plus beaux sommets : 100 milliards de francs suisses de chiffre d’affaires et plus de 10 milliards de bénéfice net.

Sur un plan purement commercial, c’est un exploit ! Chapeau : superbe manager, entreprise bien gérée, stratégie confirmée !

Mais s’agissant pour nous, Français, de rechercher quelques indications sur l’évolution des prix pratiqués par nos amis industriels, il faut regarder derrière la vitrine et lire les comptes puisqu’on nous les livre pour illustrer l’exploit.

En pleine crise du lait, Nestlé a su faire son beurre.

« La force de Nestlé », dit un analyste helvétique, « c’est l’anticipation. Nestlé n’attend pas pour répercuter les hausses ». C’est ce que P. Brabeck lui-même appelle « les mesures préventives pour contrer la hausse des matières premières ».

Comme son éternel rival, Danone, Nestlé n’a pas attendu pour répercuter la hausse du cours du lait. Résultat : « Les produits laitiers frais ont amélioré de manière significative leur rentabilité ». La marge de cette catégorie de produits a progressé de 90 points de base (source Agra Alimentation) et atteint 11,1 %.

img_blog_graphique_prix_290208.jpg

Loin des profits réalisés sur les produits pharmaceutiques (33 %), mais supérieure aux marges sur les eaux en bouteilles et sur la confiserie. Pour un secteur en crise, ce n’est pas mal !
D’ici jeudi, François Fillon trouvera bien deux ou trois distributeurs à fustiger, histoire de dénoncer quelques dérapages de prix sur les produits laitiers.
Mais qu’on se rassure, 2008 s’annonce encore un très bon cru pour l’industrie de la transformation laitière.
 

Michel-Edouard Leclerc

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29 février 2008 5 29 /02 /février /2008 00:07

 

Ce fut l'équivalent de Charles Martel en 732 mais, au lieu d'être dans les livres d'histoire, seule les archives du journal Libération s'en souviennent. C'était le 2 septembre 1988, page 11 (une pleine page avec appel en une). Un évènement ? Non, un coup médiatique concocté par les communicants du Ministre. En ce temps, directeur-adjoint du cabinet, je ne suivais pas le dossier de la viticulture, la période était plon-plon dans le South of France. Je découvris donc le scoop dans Libé comme tout le monde. Fis grosse colère. J'ironisai sur le risque de voir la Romanée commercialisée en cubi dans les grandes surfaces japonaises. Je fis aussi remarquer que ce coup de menton, très politique de la canonnière, basé sur rien était du pire effet auprès du gouvernement japonais. On me prit de haut. Puis, face à l'évidence, ce cher Henri me dit, tout sourire "arrange-moi ça..." Ainsi, après une entrevue avec le conseil de Lalou Leroy-Bize, je fis sa connaissance et tout rentra dans l'ordre... mais c'est une autre histoire qu'un jour peut-être je vous conterai chers lecteurs. Pour l'heure je vous offre des extraits de ce veto historique.

Nallet.jpg"Henri Nallet a tranché : les Japonais n'entreront pas dans le domaine de la Romanée-Conti, le vignoble le plus prestigieux de Bourgogne. Le Ministre de l'Agriculture a annoncé hier matin, dans une conférence de presse, qu'il avait demandé au ministère de l'Economie de bloquer la transaction prévue entre la société de commercialisation de ce vin, considéré comme le "meilleur vin du monde" et le groupe japonais Takashimaya.

 

"La Romanée-Conti, c'est comme une cathédrale selon le Ministre. Il n'est pas question de laisser partir un élément du patrimoine culturel français." Ce veto du ministre de l'Agriculture pourrait être suivi par le Trésor, même si celui-ci est un peu gêné par les proportions prises par cette affaire. le ministère des finances doit en effet donner son accord pour toute prise de participation de plus de 20% dans une société française, lorsque l'offre émane d'un groupe domicilié dans un pays non-membre de la CEE.


Le groupe japonais Takashimaya, propriétaire d'une chaîne de grands magasins au Japon et importateur de vins français, avait demandé au mois d'août l'autorisation d'acheter 33,61% de la société Leroy SA pour 83,5 millions de francs. Cette société  ne possède aucune part de capital de la société civile du domaine de la Romanée Conti. Elle est seulement chargée de la commercialisation de ce grand cru en France, dans le monde à l'exception de la Grande-Bretagne et des USA. Les familles Villaine et Leroy, propriétaires à égalité du domaine de la Romanée Conti n'entendent pas vendre leur propriété.


Seulement, pour Henri Nallet, la Romanée Conti, "c'est un tout". Et ce tout qui fait autant parler de lui depuis quelques semaines est bien petit par la taille s'il est grand par la qualité. La superficie de la Romanée Conti n'est en effet que de 1,8 hectare. Une des plus petites propriétés parmi les grands crus français. Les familles Villaine et Leroy se rattrapent d'ailleurs en possédant juste à côté six des plus grands crus de Bourgogne : Richebourg, La Tache, Echezeaux, Grand Echezeaux, Montrachet et Romanée Saint Vivant. Au total 25 hectares, parmi les plus prestigieux du vignoble français (...)


Le Ministre a d'ailleurs annoncé hier, qu'il "avait demandé à ses collaborateurs et à l'INAO de réfléchir à des procédures et à des propositions pour que certaines merveilles de la viticulture française puissent être désormais considérées comme faisant partie du patrimoine culturel au même titre que certains tableaux".


Si Henri Nallet a mis un point d'honneur personnel à bloquer cette opération, c'est évidemment en raison de la spécificité du domaine de la Romanée Conti." J'ai choisi cette occasion pour prouver que des produits comme la Romanée Conti sont des oeuvres d'arts" a-t-il expliqué, en rappelant qu'il avait été élevé par des viticulteurs (...) 

 

Mais cette décision du ministre n'est peut-être pas exempte non plus de préoccupations commerciales. Un long contentieux porté devant l'instance commerciale internationale, le GATT, oppose la France et le Japon à propos des taxes que supporte l'importation de vins et spiritueux au Japon. Le gouvernement japonais s'était engagé à les abaisser au 1er janvier 1988, il a reporté les mesures au 1er juin 1989. Le veto d'Henri Nallet vise aussi à faire pression sur eux, pour qu'au Japon, selon un professionnel "on ne boive plus autant de taxes que de vins".

Thierry Philippon 

Deux détails, Henri Nallet était l'élu de Tonnerre dans l'Yonne, donc très intéressé au devenir de la Bourgogne viticole ; son conseiller technique en charge de la viticulture, était Alain Berger futur directeur de l'INAO.

 

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28 février 2008 4 28 /02 /février /2008 00:01

Rassurez-vous, je ne vous fais pas ce matin un remake de « La ferme des animaux » et de « 1984 » de George Orwell mais je profite de l’actualité du Salon de l’Agriculture pour aborder avec sérieux une question sérieuse : l’alimentation des humains sur notre belle planète.
 
« L’alimentation du bétail représente 65% des coûts de production. Nous n’avons jamais eu à faire à un tel écart entre le prix de l’alimentation animale et celui du porc. Nous perdons plus de 30 euros par bête. » Jean-Michel Serres Président de la Fédération Nationale Porcine.
 
« Nous observons un nouveau visage de la faim avec des gens qui n’ont plus les moyens d’accéder au marché de la nourriture. Pour remplir sa mission dans 78 pays, le PAM a besoin, pour 2008, de trouver 500 millions de dollars. »
Josette Sheeran directrice du Programme Alimentaire Mondial (PAM)
 
En 1990, lorsque nous avons accepté de réformer l’OCM grandes cultures, en cassant le soutien direct par les prix, nous l’avons fait pour 2 grandes raisons :
-         Redonner de l’attractivité aux céréales communautaires pour les filières transformatrices : porc-volailles qui jusqu’ici s’approvisionnaient sur le marché mondial sur la base PSC/soja ;
-         Casser la fuite en avant des subventions à l’exportation (restitutions) qui, en permettant de proposer des céréales à bas prix aux marchés des PVD, ruinaient les productions vivrières locales.
Pour amortir la chute de revenu des producteurs de céréales ont été instituées des aides compensatoires liées à la surface, celles qui sont depuis leur origine pointées du doigt par l’opinion publique et par les producteurs qui n’en bénéficient pas. L’emballement de la demande mondiale qui a fait tripler les prix des céréales rend la situation actuelle ubuesque : les céréaliers gagnent sur les 2 tableaux, prix et primes, alors que leurs « clients », les cochons et les humains, voient leur pouvoir d’achat se dégrader. Comment en est-on arrivé là ?
 
Par le triomphe de l’esprit de système des « eurocrates » qui ne savent que psalmodier leurs antiennes éculées : courons vite derrière le modèle US et nous le rattraperons ! Ainsi, l’élévation du « découplage » au rang d’un dogme, la mise en place d’un système de gestion des aides, que même une couvée de polytechniciens a du mal à comprendre, ont placé l’Union Européenne dans une situation de non anticipation et de non réactivité. Ces gens-là, ils l’ont de nouveau démontré lors de la réforme de l’OCM vins, ne savent gérer que l’œil rivé dans le rétroviseur avec, disent-ils, le souci de faire des économies budgétaires, alors qu’ils se contentent de gaspiller autrement. La France, principale bénéficiaire des aides directes, conjuguant la vision comptable de Bercy (taux de retour positif) et le corporatisme des grandes OPA, a participé à cette ossification de la PAC. Que faut-il faire ?
Donner de la souplesse au système :
-         En redonnant à la jachère sa fonction de variable d’ajustement entre les surfaces et les besoins du marché ; en ce domaine la réactivité de la Commission a été très au-dessous du seuil de crédibilité.
-         En instituant une clause de « retour à meilleure fortune » pour les aides directes, hormis les zakouskis environnementaux, qui verraient leur montant tendre vers zéro lorsque le prix du marché redevient rémunérateur. Les sommes ainsi récupérées iraient prioritairement à un fonds de compensation pour l’aide alimentaire et au soutien à des modèles de production plus soucieux des intrants.
 
En ce qui concerne le « modèle breton » d’élevage intensif, qui a prospéré sur la base d’une alimentation bon marché, l’heure des grands choix a sonné. Lui redonner de l’oxygène par des aides directes ne règlera rien. Comme le souligne Lucien Bourgeois, économiste de l’APCA, « Les plus fragiles ont disparu depuis longtemps, ceux qui restent feront tout pour subsister, donc produirons » et, pour ce qui concerne la filière volailles, le grand du secteur « Doux » s’est délocalisé pour partie, depuis quelques années, au Brésil. L’enjeu, ici, comme ailleurs, n’est pas d’inverser brutalement la tendance des choix alimentaires de nos concitoyens : la course au moins cher d’un côté, et l’alternative  « bio » cher de l’autre, mais d’amorcer avec détermination le virage pour produire une alimentation de qualité pour le plus grand nombre. Ce n’est pas simple parce que le pousseur de caddie, qui braille parce que son riz au lait La Laitière pète les plombs, qui s’inquiète des délocalisations, n’est pas en mesure de connecter les deux parties contradictoires de son cerveau. Une telle stratégie, pragmatique et citoyenne, nous permettrait aussi de sortir d’une approche purement émotionnelle face à la faim dans le monde. On ne peut vouloir une chose et son contraire avec en prime une bonne conscience inoxydable, type Arche de Zoé. Mais comme l’écrivait André Gide « Choisir n’est pas tant élire qu’éliminer » en l’occurrence ici abandonner les recettes éculées des "tout pour le marché" et des "corporatistes".   
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27 février 2008 3 27 /02 /février /2008 00:07
L'actualité est bonne fille et les grands médias moutonniers : « La liste noire des prix qui flambent » de 60 Millions de Consommateurs tombe comme un scoop. Va-t-on, comme au temps de François Missoffe : suivre le boeuf, en l'occurrence ici la vache au lait d'argent... Alerte à Matignon, les fins limiers de la DGCCRF sont lancés sur la piste broussailleuse des marges, le petit jeu « de ce n'est pas moi c'est l'autre»  : Buisson de l'ANIA d'un côté, l'omniprésent MEL de l'autre, fait fureur, au Salon de l'Agriculture c'est l'omerta du côté des producteurs... Certains vont même regretter le contrôle des prix. Pour ma part, déjà quelque peu agacé par l'hypocrisie ambiante, j'avais commis, voici une dizaine de jours cette petite chronique que je tenais au chaud, je vous la livre en pleine surchauffe médiatique.

«  Cherche pouvoir d’achat, désespérément ! »
Vaste programme !
Ma réponse simplette, même si elle ne satisfera ni les économistes distingués qui vont brocarder mon approche par l'infiniment petit, ni les politiques plus portés sur les grandes envolées que sur le riz au lait, a au moins le mérite de dégager, sans effet de manche, du pouvoir d’acheter sonnant et trébuchant.
 
En clair, faire pour moins cher soi-même vaut mieux qu’acheter le moins cher du moins cher de chez Leclerc qu'est déjà beaucoup trop cher. Economiser 2 euros par ci, 2 euros par là, tout en s’offrant un produit de qualité équivalente voire supérieure, n’a rien à voir avec se serrer la ceinture, piocher dans son épargne, mais relève d’un choix intelligent.
Je signale à mes détracteurs que ma proposition redonne du pouvoir au consommateur-citoyen. Et qu’on ne vienne pas me dire que mon fichu riz au lait si on ne le fait pas soi-même c'est par manque de temps : un petit quart d’heure pris sur les 5 heures en moyenne de la sacro-sainte téloche ce n’est pas le grand retour des corvées domestiques. Rassurez-vous mesdames, sous le flou de mon «on»  ne se cache aucune femme renvoyée devant ses fourneaux, la gente masculine peut, sans aucun problème technique, s'atteler à la fabrication du riz au lait. J'en suis le plus bel exemple. 

riz-au-lait.jpg
 
J’en viens maintenant à ma petite démonstration qui consiste à comparer :

- le prix au kg d’un riz au lait à la vanille de la marque la plus vendue sur le marché : La laitière du groupe Nestlé *
à 
- 1 kg de riz au lait à la vanille fabriqué par mes soins avec des ingrédients équivalents
 et à
- 1 kg de riz au lait à la vanille fabriqué toujours par mes soins mais avec des ingrédients de haute qualité.

* Le choix de La Laitière n'est pas innocent : cette marque créé par Chambourcy avant que cette entreprise ne tombe dans l'escarcelle de Nestlé, avec son identité «produit fait comme autrefois»  renforcé par la référence au tableau de Vermeer, joue sur des codes faux et passéistes, son leitmotiv, « le vrai bon goût des vraies bonnes choses », tout à fait en phase avec les nouvelles aspirations des consommateurs : caractère rassurant, terroir, qualité... Alors, je les prends au mot les marketeurs aux idées courtes : je fais la Laitière moi-même et j'y gagne...
 
RIZ au lait Saveur Vanille la Laitière NESTLE :
 
Prix au kg constaté : Carrefour-Leader Price entre 4,33 euros/kg et 4,46 euros/kg
 
INGREDIENTS : lait entier (61%), sirop de saccharose-glucose (eau, sucre, sirop de glucose), eau, riz (10%), crème (3%), sucre, amidon de riz, émulsifiant(E471), stabilisants (carragbénanes, gomme de xanthane, farine de graines de caroube), sel, arôme vanille, colorant (rocou).
 
RIZ au lait Maison avec ingrédients équivalents :
 
1 Litre de lait entier stérilisé Leader-Price : 0,76 euros/kg
250g de riz rond  ED : 0,17 euros
1 sachet de sucre vanillé Alsa : 0,26 euros
100 g de sucre blanc : 0,16 euros
20 cl de crème fraîche Carrefour : 0,50 euros
 
Total : 1,85 euros/kg
 
RIZ au lait cru de vache jersiaise dit Berthomeau :
 
1 Litre de lait cru de vaches jersiaises : 1,92 euros/l
250 g de riz rond blanc d’Italie : 0,43 euros
½ gousse de vanille bourbon : 1 euros
100 g de sucre roux Bio : 0,29 euros
 
Total : 3,64 euros/kg
 
Le compte est bon :
    - le pouvoir d’achat gagné est de l’ordre de 2,40 euros pour la première comparaison ;
      - pour la seconde, avec un produit de haute qualité gustative, on arrive encore à gratter de l’ordre de 0,60 euros ce qui donne une idée de l'ampleur des marges que se tassent les  «têtes d'oeuf » de Vevey.
 
Si j’écris de l’ordre c’est, qu’en effet, je ne suis pas en mesure de chiffrer le coût du gaz ou de l’électricité nécessaire à la cuisson de mon riz qui doit équivaloir à l’épaisseur du trait.
 
De plus, vous l'aurez constaté, dans mon riz il n’y a que du riz, du lait et un peu de sucre, les nombreuses « cochonneries », l’eau, le glucose et le sel sont éliminés et, au bout du compte, je propose plus de matière en poids résiduel que le produit manufacturé. Le delta de pouvoir d’achat dégagé par ma main à la pâte est donc légèrement supérieur aux chiffres affichés.
 
Enfin, je ne génère aucun déchet : mon riz je le sers dans des ramequins de verre alors que la Laitière est livrée en pots plastiques et suremballage. Pas de transport non plus, donc c’est bon pour la taxe carbone.
 
Attention, moi qu'on estampille «homme des marques» je ne suis pas en train de jeter aux orties tous les produits manufacturés et marketés, je me permets seulement de mettre en exergue que l’innovation produit, proche de zéro, sur le riz ou la semoule au lait ne justifie pas un tel surcoût et, qu’au-delà des grands débats consuméristes ou liés à une production plus respectueuse de l’environnement, des antiennes des chantres du soi-disant toujours moins cher que moins cher, des discours éculés des y’a ka augmenter le pouvoir d’achat, les consommateurs-citoyens ne peuvent se contenter de pures incantations, ils se doivent de modifier leurs comportements, de prendre pour la part d'autonomie qui leur reste leurs responsabilités, et adopter des pratiques où l’on réintroduit dans le quotidien de la valeur travail. Les choix micro-économiques, dans nos économies complexes, permettent aux grands acteurs économiques d’intégrer les nouvelles donnes : trop de marketing nuit à notre porte-monnaie. L'économie domestique, même si elle a régressé sous les coups de boutoir du prêt à consommer, reste la matrice de notre mode de vie. Bien sûr, mes histoires de riz au lait vont faire s'esclaffer les beaux esprits qui vont me mettre au piquet pour faute grave contre les grands modèles macro-économiques. Par avance je les en remercie mais sans faire de mauvais jeu de mots avec mes histoires de riz au lait : rira bien qui rira le dernier...
 
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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 00:06


François c'est un ami. " Parce que c'était lui ; parce que c'était moi " la phrase la plus célèbre de Montaigne à propos de l'amitié qui le lia à Etienne de la Boétie, sans vouloir nous hausser au niveau de ces beaux esprits, nous va bien. Dans la vie des politiques, plus encore que dans les nôtres, il y a des hauts et des bas, alors une amitié fidèle et solide amortit, relativise, les effets enivrants des cimes et l'ingratitude de ceux à qui on a beaucoup donné. Ministre il fut, du Commerce et l'Artisanat surtout, puis de l'Agriculture à la fin d'un cycle politique mais il est toujours resté le même, bon vivant, simple et chaleureux, près des gens, élu local dans l'âme. Maintenant Président de la Région Bourgogne, haut lieu de notre viticulture, tout normalement Vin&Cie est allé le solliciter. Merci François.
francois_patriat09-copie-1.jpg
 

1ière Question : Comment va la Bourgogne viticole ? Bien me dit-on ! Le président de la Région partage-t-il cet optimisme ? Au cours de la période récente, riche en débats mais pauvre en décision, qu’elle a été la contribution du Conseil Régional à l’évolution de la viticulture bourguignonne ?
 
Réponse de François Patriat

Elle va bien même si les aléas à venir ne manquent pas entre le marché concurrentiel et le climat ! Tout est possible mais cette année 2007 fait partie des grands crus car tous les clignotants sont au vert, plaçant aujourd’hui la viticulture bourguignonne au premier plan des achats avec un CA de 160 millions d’euros, soit 925 000 hectolitres. Cela représente 123 millions de bouteilles dans le monde et  une progression égale entre les appellations blanches du Mâconnais, certaines appellations de moyennes gammes Bourgogne et surtout une nette progression des grands crus qui témoignent de la dynamiques à l’export. Le Conseil régional soutient fortement la viticulture car elle est un acteur économique de premier plan, tant en terme d’aménagement du territoire et de développement touristique qu’en terme économiques et d’emplois parce qu’elle irrigue de nombreux secteurs directs et indirects avec ses 4000 domaines viticoles, ses 250 maisons de négoce et ses 23 caves coopératives.
 
 
2ième Question : François Patriat, que pense l’ancien ministre de l’Agriculture de la conduite de la négociation et du compromis final sur la réforme de l’OCM vitivinicole ? Ne s’est-on pas contenté de différer, de reculer pour mieux sauter le pas vers une complète dérégulation de la production ? Est-ce bon pour la France ? Est-ce bon pour la Bourgogne ?
 
Réponse de François Patriat

Nous avons engagé avec d’autres régions limitrophes, Centre, Franche-Comté, Pays-de-Loire, une réflexion commune sur l’avenir de nos viticultures et des discussions avec la commission européenne et le parlement ont eu lieu sur la base d’un mémorandum. Lors du débat parlementaire du 13 décembre 2007, en étroite collaboration avec nous, Pierre Pribetich, député européen de Bourgogne, a défendu des orientations majeures dont certaines ont été retenues. L’axe principal est celui du  refus de libéralisation des droits de plantation. Il est clair qu’à ce jour l’Europe ne devrait pas s’engager dans la dérégulation avant 2012. Au-delà, l’avenir reste à écrire… nous y veillerons collectivement, je l’espère !
 
3ième Question : François Patriat, passons aux « choses sérieuses », dites-nous ce qui fait que les grands vins de Bourgogne sont pour les amateurs du monde entier inimitables, incomparables, rares, qu’ils conservent leur part de rêve : leur histoire, celle des hommes et de leur terroir, une tradition millénaire sans cesse revisitée mais aussi une nouvelle génération de vignerons et de négociants en phase avec les goûts du village mondial ? 
 
Réponse de François Patriat

Rares sont, il est vrai, les vins à bénéficier d’une telle renommée… Rien que l’évocation des grands noms de Bourgogne réveille, partout de par le monde, les papilles gustatives. Cette civilisation du vin de Bourgogne, qui a modelé nos traditions, nos paysages, s’est bâtie au fil des siècles. La première trace vineuse remonte tout de même à 312 après JC avec Eumène qui se plaisait déjà à citer le vignoble bourguignon. Les communautés monastiques, tels les Cisterciens qui ont érigé le château du Clos de Vougeot, l’ont exporté, les Ducs de Bourgogne aimaient se proclamer « seigneurs des meilleurs vins de la Chrétienté ». Et nombre de grands écrivains, tel Alexandre Dumas – « le Montrachet se boit à genoux et à tête découverte » - s’en sont faits les ambassadeurs… Riche de cette histoire, notre terroir, fort aujourd’hui de 29500 hectares de vignes, s’étendant du Chablisien au Mâconnais, en passant par le Tonnerrois, le Vézelien, le Pouillyssois, les Côtes de Nuits, de Beaune, du Chalonnais, fait rêver.
Mais les bourgognes ne seraient rien sans le travail de celles et ceux qui cultivent, qui façonnent l’or blanc ou rouge cher à Bacchus. Le savoir-faire de nos vignerons, de nos viticulteurs, sans cesse renouvelé afin de s’adapter aux nouvelles demandes, aux nouveaux goûts, est un gage permanent de qualité. Et c’est cette qualité que la Région entend conserver… Pour que la Bourgogne et ses bourgognes continuent de rayonner encore des siècles durant !
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25 février 2008 1 25 /02 /février /2008 00:09


De mon temps l'inauguration du salon de l'Agriculture se faisait le dimanche matin par le Ministre de l'Agriculture. Le François de Jarnac lui le visitait parfois, à son rythme. Tout a changé avec le grand Jacques de Corrèze qui n'aimait rien tant que tâter le cul des vaches, serrer des manettes, embrasser les gamins et engoufrer tout ce que le terroir lui présentait. Paradoxalement, plus le poids politique des agriculteurs décline plus au plus haut niveau de l'Etat on semble leur témoigner de l'intérêt. Certains vont me rétorquer, et c'est une réalité, que le secteur agricole, dans la nouvelle donne mondiale, reste un secteur stratégique. La dépêche AFP ci-dessous en témoigne mais, comme le dirait ma crémière, ne mélangeons pas le blé fourrager avec les calendos et les nectars de terroir. Les céréales et les oléoprotéagineux, dont les prix s'envolent, sont des commodities largement subventionnées aussi bien aux USA que dans l'UE, alors que nos vins, champagne et spiritueux sont produits et exportés sans la manne communautaire.  

PARIS (AFP) — Deuxième puissance agroalimentaire mondiale, la France dispose, comme va le prouver le salon de l'agriculture de Paris à partir de samedi, de nombreux atouts grâce à ses céréales et ses vignobles, mais ses éleveurs craignent une nouvelle réforme de la PAC et un accord à l'OMC.

"Les échéances fixées par l'OMC (Organisation mondiale du commerce) ont au moins le mérite d'obliger la France à se réveiller. Et à trancher (car) la question qui se pose aujourd'hui peut se résumer ainsi: la France doit-elle rester une grande puissance agricole ?", se demande Christian Pèes dans son livre "l'arme alimentaire, les clés de l'indépendance" (Editions Le Cherche Midi).

Pourtant de nombreux clignotants sont revenus au "vert". L'excédent de la balance commerciale agroalimentaire s'est élevé en 2007 à 9,1 milliards d'euros, dont 2 milliards pour les produits agricoles bruts, soit le meilleur résultat depuis 2000, grâce principalement au champagne, aux vins, au cognac et aux céréales.

Le revenu des agriculteurs a progressé fortement en 2007 (+12%), notamment celui des céréaliers qui a quasiment doublé (+98%). Mais les éleveurs de bovins, de porcs et d'ovins, victimes des hausses des prix de l'alimentation animale et dont une partie des troupeaux est affectée par la fièvre catarrhale ovine (FCO), ont subi de fortes baisses.

Preuve de l'optimiste dans l'avenir : les immatriculations de tracteurs agricoles neufs ont augmenté de 7,6% en 2007 après deux années de baisse.

Mais des nuages noirs s'accumulent à l'horizon. Sur les 347.000 agriculteurs à temps plein --545.000 au total avec de nombreux retraités et des salariés trouvant là un petit revenu complémentaire-- que compte encore la France, un quart est âgé d'au moins 55 ans et devrait prendre sa retraite dans les 10 ans, selon Thierry Pouch, responsable du service éconmique de l'APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture).

Les soldes - pas celles d'été ou d'hiver - mais la balance import/export, masque la contribution écrasante de notre secteur. En effet, en 2007 nous avons exporté : 11 506 millions d'euros de boissons (contre 10 913 en 2006) et le solde de ce secteur : 9,063 millions d'euros équivaut au solde global. Celui du secteur des grandes cultures : 4,646 millions d'euros pèse lourd mais la performance doit beaucoup à la flambée des prix et peu à nos qualités commerciales. Et pourtant, dans les médias, au Salon de l'Agriculture, peu de cas sera fait des vins et spiritueux. L'affiche du Salon en est la preuve, chaque année, un beau spécimen d'une de nos races bovines y trône. Dans les médias, la plus grande ferme du monde va faire de beaux sujets. Imaginez, un instant, qu'un communicant huluberlu proposa qu'on mît sur l'affiche, une belle bouteille de notre beau nectar, il serait cloué illico au pilori mais ça me rappelle l'histoire d'un salon du Bourget post 81 où un président de la République fit masquer les missiles : cacher moi ce sein que je ne saurais voir. Quand à réaliser de vrais sujets sur nos réussites commerciales à l'exportation dans le secteur des vins et spiritueux, bien évidemment, il n'en est pas question ça pourrait inciter nos jeunes concitoyens qui adorent adopter tout ce qui vient d'outre-atlantique, à boire.

C'est cela qu'il faut changer, le regard porté sur nous. C'est un travail de fond qui nécessite bien plus que des pétitions épidermiques, que des gémissements sur notre statut de mal-aimés, que des gesticulations désordonnées face aux piques incessantes des hygiénistes... Nous devons nous comporter en grand secteur économique majeur. Nous qui aimons tant chiffrer nos performances en Airbus et en TGV prenons ou donnons-nous les moyens de nous exprimer d'une seule voix, hors nos incessantes querelles de clochers, de boutiques, loin de nos débats fumeux sur les petits vins de terroir et les affreux nés de la soi-disant alchimie industrielle. Dans mon rapport de 2001 j'avais osé la comparaison d'Azincourt où notre noblesse et notre chevalerie, si sûre d'elle-même, en ordre dispersé, avec une palanquée de chefs, se fit décimer par une poignée d'Anglais, bien commandés, solidaires et déterminés. Ce travail je le mène à ma petite échelle, loin des grosses machines incapables de dépasser leurs particularismes régionaux et de générer entre elles un discours commun, fédérateur et surtout compréhensible par une opinion publique qui, contrairement à ce qu'on raconte, ne nourrit aucune prévention de principe contre le vin. Mémé Marie me disait toujours que l'on a que ce qu'on mérite, alors ne nous plaignons pas de ce qui nous arrive nous en sommes les premiers responsables...  

En cadeau la version de We are the champions par Queen avec le regretté Freddy Mercury :
http://www.youtube.com/watch?v=sogKUx_q7ig

et pour ceux qui le sont une version déjantée :
http://www.youtube.com/watch?v=YCj-RyKCmHQ


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24 février 2008 7 24 /02 /février /2008 00:03


En contemplant l’état lamentable de Bouzeron, le bellâtre avait fait sûr lui, Gendron et Buchou, sans trop savoir pourquoi, sentaient flotter au-dessus de leurs képis un fumet d’emmerdements futurs. Ce détour par le pavillon d’honneur, sans enfreindre l’ordre de leur gommeux de chef, leur flanquait une affaire sur les bras. Pendant le désaucissonnage du garde, Gendron qui, sans être un esprit très agile, se situait dans la bonne moyenne française des démerdards, décidait que, selon une formule imagée d’un vieux routier de la politique, « dans la mesure où les merdes volent en escadrille… »  mieux valait ne pas s’embarrasser de celle-ci, et que la décision la plus sage consistait à neutraliser ce grand con de Bouzeron. À la grande surprise de son collègue Buchou, il toisait le garde : « Tu ne fais plus le fier, hein, Bouzeron ! Pour ta réputation vaudrait mieux qu’on soit discrets mon collègue et moi. Je ne sais pas si c’est un cornard qui t’a fait payer l’addition de son cocufiage mais tu vas me faire le plaisir d’aller te laver. Tu pues la trouille et le reste. Avant qu’on te fasse cette fleur tu vas nous faire des confidences sur Mont-Royal. Donnant-donnant : nous on la boucle, toi tu l’ouvres… » Bouzeron, obtempérait avec la veulerie des forts en gueule. Il entraînait les deux pandores à la cave qui avait des allures de bunker. Le sol, comme les murs, enduit de résine miaulait sous leurs semelles de crêpe. Des plafonniers épandaient une lumière crue dans une enfilade de pièces meublées, de façon rudimentaire, militaire, comme un appartement de surface. Au fond, tout le flanc droit d’une vaste cuisine était occupé par des frigos de bouchers. Bouzeron, sans hésiter, se dirigea vers la porte de l’un d’eux, grande ouverte. Buchou et Gendron se lançaient des regards interrogateurs. Ce qu’ils voyaient dépassait très largement leur capacité d’imagination.

 
«  Ces salauds ont tout pété… » Bouzeron, accablé, se laissait choir dans un fauteuil pivotant qui trônait au milieu de la petite pièce dévastée. Les deux gendarmes qui le suivaient, sans piper mot, se demandaient s’ils ne rêvaient pas. Lorsqu’ils étaient entrés dans le frigo, Bouzeron s’était glissé entre les carcasses suspendues, eux aussi, et ils avaient découvert un grand rideau de plastic couleur muraille qui masquait une ouverture. Gendron lâchait, fataliste, « on est vraiment dans la merde… » et lorsqu’il déboucha dans une sorte de salle de contrôle, ravagée à coup de masse, le spectacle qui s’offrit à ses yeux lui fit prendre conscience que c’était pire. « C’est quoi ce bordel Bouzeron ?
-         Je ne sais pas…
-         Tu me prends pour un con. Tout ce matos, je suppose qu’il ne te servait pas à surveiller tes gonzesses enflure.
-         Ben non mon adjudant c’est mon patron…
-         Qui c’est ton patron ?
-         Je n’en sais rien…
-         Arrête de te foutre de ma gueule !
-         Mais j’me fous pas de votre gueule, ici, je suis qu’un pion. Moi je fais ce qu’on me dit de faire.
-         Et qui te dit de faire ?
-         Le téléphone.
-        Bien, on continuera cette petite conversation plus tard, pour l’instant, Bouzeron, il faut que tu nous dises vite fait ce qui t’ai arrivé et que, dans la foulée, tu nous tuyautes sur ce putain de lieu qu'on nous cache. Avec tout ce tintouin électronique y’a sûrement de la grosse anguille dans le marigot.
-        Ça c’est sûr mon adjudant. Dans le petit Mont-Royal ça baise et ça chasse. Que du beau monde…                                     
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23 février 2008 6 23 /02 /février /2008 00:08

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Ce samedi Vin&Cie se glisserait-il avec délectation dans les plis soyeux de l'information people ? Ouvrez ! Un petit clin d'oeil avec ces extraits de l'excellente bande dessinée " de Gaulle à la plage" de Jean-Yves Ferri chez Dargaud www.dargaud.com offrez-là aux derniers gaullistes de votre entourage, c'est plein de tendresse et de saine dérision...

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22 février 2008 5 22 /02 /février /2008 00:09

michelrolland400.jpgNous ne nous sommes, Michel Rolland et moi, jamais rencontrés, mais j'avais l'intuition, qu'au-delà de son indéniable talent, l'homme avait du panache, de la classe et, suprême qualité pour moi, l'art de dire avec légèreté des choses importantes. Ses réponses sont à la hauteur de mes espérances. Je l'en remercie. Il a pris le temps, de son précieux temps, pour répondre à Vin&Cie, minuscule média de la Toile, c'est pour moi, qui me sens parfois un peu seul face à mon écran, un réel encouragement. Enfin, comme je ne recule plus devant aucun défi, écrire à 4 mains avec lui : la verticale et l'horizontale des critiques, serait, j'en suis sûr, jubilatoire...

Question 1 :
Michel Rolland, j'aime les gens qui dérangent, et vous êtes de ceux-ci, alors dites-moi comment on devient le plus "illustre concepteur de vins du monde" ? Racontez-nous votre parcours, vos maîtres si vous en avez eu, vos intuitions, vos choix, votre saga...

Réponse de Michel Rolland

Je n'étais certainement pas fait pour déranger, éducation de fils de viticulteur, sans château au nom prestigieux, on apprenait à écouter. J'ai écouté, longtemps, plus de 10 ans et forcément, avec un peu de mémoire et de curiosité, ça donne des idées. J'ai essayé de retenir celles qui m'intéressaient et peu à peu de les mettre en application, avec mes amis d'abord, puis sur un plan plus élargi. Et 20 ans après, on est confronté sans le chercher aux différentes écoles, il y a des courants qui se créent, avec les favorables, les enragés, les médisants, les agressifs et surtout les ignorants, ce sont les plus nombreux. Il est amusant ou attristant de voir que les principaux détracteurs souvent n'ont jamais cherché à comprendre, et n'ont jamais rencontré celui ou celle qu'ils vilipendent dans leur propos.

Depuis 1973, quand j'ai commencé à exercer l'oenologie, j'ai eu l'occasion d'élaborer beaucoup de vins : ceux qui font parler bien sûr, mais aussi un très grand nombre d'autres, et j'ai eu l'occasion de "faire" des vins vendus dans la fourchette de 1,5 euro à 500 euros. Ceux qui pourraient penser qu'ils sont tous pareils devraient y réfléchir.

Un métier comme le mien se pratique à l'inverse de "la recette", d'abord par la compréhension du produit à élaborer (du raisin à la bouteille) avec un objectif commercial, et au travers des rencontres que j'ai faites dans ma vie, depuis Mr Peynaud, mon génial professeur, à Mr Bill Harlan, génial homme d'affaires américain, en passant par beaucoup des plus grands noms du monde du vin, Mrs Antinori, Skalli, Forner, Magrez, etc... Une seule recette et un seul discours n'aurait pas suffit. Ce n'est que dans le temps, avec l'expérience et surtout beaucoup de travail que l'on se forge une personnalité qui répond aux attentes de chaque client. J'ai l'impressions d'avoir beaucoup à faire même si ma vie professionnelle a été des plus passionnantes que l'on puisse imaginer.

Question 2

Certains critiques - j'ai peu de goût pour la profession de critique - estiment que les vins élaborés sur vos conseils sont trop simples et monotones. Vous leur rétorquez " Je ne suis pas un intellectuel, donc je ne sais pas faire de vins intellectuels." et d'ajouter "Quand je bois, j'aime qu'il y ait une sensation de plaisir. J'aime les vins souples, issus de raisins mûrs, et c'est ce que recherche le consommateur."
Michel Rolland, c'est quoi "un vin intellectuel" ? et ce "consommateur", auquel vous faites référence, est-il unique, sans âge, sans CSP, hermaphrodite et habitant le village mondial ?

Réponse de Michel Rolland


J'ai un peu répondu dans le 1er paragraphe mais pour revenir aux vins intellectuels et les autres : ce n'est bien sûr qu'une façon de parler, il faut savoir qu'un oenologue-consultant comme moi a en face de lui tous les jours un "client" qui lui demande de participer à l'élaboration d'un vin, qui est destiné à être commercialisé. Ce n'est plus du rêve, mais de la réalité. Il y aura donc des critères à respecter, on ne fait pas un vin de propriété comme un vin de marque et même en propriété, un produit à 5 euros ou un produit à 100 euros. Nos "chers" critiques ne focalisent que sur quelques marques connues, célèbres et chères et s'imaginent un ayatollah prédicateur enfermé dans le chai avec ses amulettes, en  faisant des incantations... ou imposant une doctrine de façon totalitaire.

Il s'agit bien sûr de tout autre chose, beaucoup plus sérieux, dans lequel souvent il y a un enjeu économique non négligeable. Je m'efforce de concevoir le produit souhaité par mon client avec son terroir, son histoire, ses installations, ses objectifs... pour ses débouchés, donc ses consommateurs. alors je dirais que l'ennui, la pensée unique, le monolithisme viendraient plutôt de la critique, et si j'avais des talents d'écrivain, un jour j'aimerais bien faire la "dégustation" (figuré) des différents critiques, verticale et horizontale, en tout cas ce serait pour le moins amusant !!

Question 3 :

Conseiller le plus important de Bordeaux, éminence grise des plus grands, gourou, oenologue-star, homme pressé et ce petit Nossiter qui vous a taillé un costard, il n'empêche que vous ne laissez personne indifférent et, n'en déplaise à vos détracteurs, vous êtes un "génial innovateur" : les raisins mûrs, la fermentation malo-lactique en fût de chêne neuf, l'élaboration de vins de faible acidité, la souplesse des tanins... c'est vous. Alors, quoi de neuf sous le soleil, votre métier n'et-il pas, comme vous le craignez en débutant, redevenu "ennuyeux" ? Qu'est-ce qui fait encore "courir" Michel Rolland ?

NB. Les parenthèses sont des citations extraites du livre d'Andrew Jefford "Le nouveau visage du vignoble français chez Hachette octobre 2003 sauf génial innovateur qui est de moi.

Réponse de Michel Rolland

Pressé je l'ai toujours été, même jeune quand je n'avais pas grand chose à faire, je savais que la vie était courte et qu'il ne fallait pas perdre de temps. Au fur et à mesure que s'est installée une certaine notoriété, j'ai souvent rempli plus que de raison mon agenda, j'avais toujours l'impression que je pouvais en faire plus (découvrir, comprendre, voyager...)

Aujourd'hui je me calme un peu, mais l'agenda est toujours plein, et je vais où je veux - luxe suprême - ça n'a pas toujours été le cas, mais toujours avec la passion et l'enthousiasme de mes 30 ans.

Compte-tenu du nombre et de la diversité de mes consultations, l'ennui n'est pas pour demain. L'assemblage, qui reste la dernière étape de mon activité, demeure très important et passionnant. C'est comme la partie d'échec ou de golf, ou n'importe quel jeu ou sport, plus on s'entraîne, plus on est fort, il ne peut y avoir de lassitude dans le plaisir.

Alors j'ai bien l'intention de courir tant que les jambes et la tête le permettront, car à l'inverse de nos penseurs qui se prennent pour des intellectuels, je m'amuse !

Au-delà de ça bien sûr, chacun a son goût, que contrairement à certains, je ne critiquerai pas (on a le droit d'avoir mauvais goût ou de s'inventer un goût de contradiction) mais il est évident que ça peut influencer la façon d'approcher les choses.

Pour conclure, je voudrais citer une phrase lue dans un livre sur la réflexion d'une dame qui participait à une dégustation. Les vins de cette dégustation, d'après ce que j'ai compris, étaient divers et variés, et sur un vin en particulier, cette pauvre femme a déclaré "oh, celui-là c'est moderne... j'ai un peu honte, mais j'aime ça". Quand on en arrive là avec son propre plaisir, ça ne relève plus de l'oenologie !!!

 

 

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