Les magnolias du parc de Cantemerle embaument, je suis en Médoc ce vendredi, invité, ici tout respire une opulence contenue, nette, même le chef de culture à sa plaque, le corps de bâtiment sous le soleil m'impressionne, visite et dégustation du millésime puis nous nous rendons à l'orangerie où Vincent Fabre, le président du Syndicat Médoc et Haut-Médoc, l'homme par qui je suis en ce lieu, va nous exposer le travail entrepris pour mettre en place un système d'agrément qui met le consommateur final au centre des préoccupations de ceux qui font le vin.
Sa modestie dusse-t-elle en souffrir, Vincent Fabre, que je ne connaissais pas avant cette visite, est de ces hommes de conviction qui font bouger les lignes, un de ces rares présidents qui ne brossent pas leurs mandants dans le sens du poils, il aime expliquer, convaincre et agir. Moi ça me plaît et je l'écris. Il parle de la grande mutation de notre viticulture, ce formidable défi, d'un marché en expansion et d'une part de notre production inadaptée aux attentes des consommateurs, que nous devrons relever. Pour ce faire, commencer par le commencement, revenir à la source, à la rigueur d'une production qui respecte son client. Voilà une voix qui devrait être écoutée dans les hautes sphères. Elle rafraîchit et, surtout, elle pousse à revenir à ce qui est pour moi l'essentiel : l'esprit de responsabilité.
Nous sommes allé ensuite au château Lanessan, chez mon contradicteur favori, au temps où il siégeait au Comité National de l'INAO : Hubert Bouteiller. Nous faisons un tour de la propriété dans une belle carriole tirée par deux beaux Mérens. Notre conversation à bâtons rompus nous mène sur des chemins qui m'enchantent. Sans trahir la confidentialité de cet exercice je puis vous dire que, loin des jeux de rôles propres aux enceintes publiques, les hommes retrouvent lucidité et des blocages qui semblaient irrémédiables se fluidifient. Le temps est venu de sortir des estrades. La grande mutation de notre viticulture vaut bien une messe comme le disait Henri IV.
Et puis ce fut la Fête de la Fleur au Jardin Public de Bordeaux, de la belle ouvrage où j'aurais aimé voir instiller un supplément d'âme, le goût de la fête, mais je ne suis qu'un mécréant qui aime le rock, les bulles et le bout de la nuit. A cette réception j'ai serré des mains, conversé avec les uns et les autres, le préfet de région entre autre et je pensais à toutes ces pancartes, hostiles au contournement de Bordeaux, croisées tout au long de cette belle journée. Nos petits génies de la DDE ayant balancé dans la nature un projet avec 6 variantes, un plat de spaghettis dit-on, sans concertation, avec toute la hauteur que confère la supériorité de ceux qui pensent. Désenclavement nécessaire face à la coalition des non. Quel beau chantier pour un médiateur. J'aime dénouer les sacs de noeuds !
Merci encore à Vincent Fabre et à tous ceux avec qui j'ai enrichi ma pelotte au cours de cette belle journée médocaine où le vin était bon et les hommes chaleureux.