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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 00:05

Chère Tatie Danièle,

 

Comme tu le sais, toi qui est experte en la matière, je suis un incorrigible garnement qui n’aime rien tant que papoter sous la tonnelle avec ses copains et ses copines, en sirotant un blanc limé ou un verre d’eau fraîche coupée d’une petite rasade de rouge (Rouge de Plaisir http://www.berthomeau.com/article-21565135.html),  en taillant au passage quelques costards, plus ou moins bien coupés, sur le dos de ceux qui passent leur temps à nous donner des conseils, à nous dire qui faut manger-ci avec ça et boire-ça avec ci. On s’en donne à cœur joie, des vraies langues de putes qu’on est, cancaniers et cancanières, rien que des commères, mais, comme nos bavardages restent entre nous, ça ne fait de mal à personne et surtout ça n’empêche pas nos conseilleurs ou dégusteurs point com, de déguster et de conseiller à l’envi envers et contre tout.

 

Ginette, tu sais celle qui n’a pas sa langue dans sa poche, oui celle qui carbure essentiellement au vin doux et au champagne et qui fait des orgies de Nutella, nous a dit tout à trac l’autre soir, comme ses voisins de palier se shootaient à la sardine grillée et ceux du dessous à la merguez carbonisée, qu’elle avait décidé de lancer un nouveau concept de naturothérapie : le fumage, avec des déclinaisons diverses, à l’ancienne arome feu de cheminée avec bûches de chêne, méditerranéenne arome merguez, vigneronne arome sarments de vigne, orientale arome bois de cèdre, alpine arome raclette, ch’timi arome Maroilles ou boulette d’Avesnes, port de pêche arome maquereaux grillés… liste non limitative bien sûr. Comme c’est une inventive la Ginette et qu’elle fréquente la fine fleur des conseillères gastronomiques, pendant ses séances de fumage elle proposera de déguster des vins de cépages en mini Tétra Pack avec une paille bien sûr. Comme tu le vois Tatie Danièle voilà qu’on se met à faire de la concurrence à nos amis de conseiller point com. C’est dire qu’on n’a vraiment pas grand-chose à faire de notre temps.

 

Mais y’a un sujet qui nous divise, c’est une histoire de Q. Rassure-toi il ne s’agit pas de celui de l’INAO mais de celui du BBQ : diminutif usité sur conseiller point com pour désigner les étranges machines, icones des résidences secondaires et des pavillons de banlieues,  fonctionnant au charbon de bois : les barbecues. Dans cette affaire les clans sont divers et inconciliables. D’abord y’a les végétariens allergiques à la côte de bœuf genre Renaud déguisé en mineur de fond : foulard rouge et taches noires ; mais y’a pire, les végétaliens qui tournent de l’œil à la vue d’un rouget barbet grillé façon martyr chrétien ou qui sont révulsés face à la souffrance de la moule de bouchot dans la braise rougeoyante ; ceux-là y vaut mieux pas les inviter a dit finement Armando qu’est un peu pingre. Ensuite y’a ceux qu'ont peur de tout, qui disent que tout ça c’est cancérigène et que le professeur Dupont a dit que… ; Philippe qui fume comme un pompier, mais des Gitanes filtre à la place du papier maïs, a fait remarquer qu’il ne voyait pas où était le problème. Moins grave y’a les antis bi : ceux qui ne supportent pas la mixité viande-poisson ; c’est un problème culturel a péroré Laetitia la chichiteuse des garrigues qui ne sait pas que le colin est un poisson et le merlan un coiffeur. Reste, les autres, les silencieux, ceux qui souffrent en silence, ceux qui se font royalement « chier » au barbecue du voisin ou à la Garden party de leur belle-mère, ceux qui en ont marre de se consteller de taches de gras ou d’avoir les doigts qui empestent la poiscaille ; c’est pour eux que Ginette à eu ce trait de génie : on devrait lancer SOS-BBQ sur dégustons point com !

 

Vraiment, tels des paysans éclairés, ces vignerons qui contemplent la queue de leur jument qui tire la charrue, nous labourons vraiment profond Tatie Danièle. Avec nous l’humanité avance. Non, pas le journal des cocos Tatie, mais les larges masses à qui il faut, chaque jour que Dieu fait, montrer le chemin, cohorte d’ignares patentés qui pensent que le Sidi Brahim est une appellation d’origine contrôlée et que la Romanée-Conti une baronne italienne jouée par Sophia Loren dans un film produit par Carlo Ponti. Reste que du côté des breuvages y’a aussi du carnage. En effet, au royaume de l’apéro la bataille fait rage entre les pastisguistes et les antipastaguistes, et dans le clan des adorateurs du pastis les factions rivales : les ricardiens – pas les rocardiens Tatie, les partisans de l’anis de Paul – les pastisciens 51, les pernod 45 iens – pas le Jean-Pierre de TF1 Tatie, celui de Pontarlier – les casaniciens fidèles à la Corse annexée par la Bourgogne, les pastisciens à l’ancienne type Bardouin, et toute la cohorte des anisciens m’ddéistes. Bref, c’est la mêlée et on était à se demander si on ne devrait pas solliciter les dégustateurs point com anonymes pour nous faire une horizontale ou une verticale de vrai Pastis de Marseille. Qu’en penses-tu Tatie Danièle toi qui aime tant les cornichons ?

 

Je vais m’en tenir là pour aujourd’hui ma chère tante – je sais que tu détestes cette appellation ambiguë – en te demandant instamment de ne pas lire cette belle lettre à tes copines qui vont à la messe et qui disent plein de mal de leur prochain et surtout d’éviter de la publier sur ton blog www.jesuisune-langue-de-vipère.com ça m’éviterait de me faire traiter de ramenard ou de grande gueule par ceux de la corporation des conseils point com. À titre préventif, connaissant ton goût pour l’embrouille Tatie Danièle, je confesse humblement que je consulte les conseils de certains pour choisir mes restaurants, que je ne dédaigne pas de me référer aux avis de vrais dégustateurs pour choisir un millésime, mais que jamais au grand jamais je n’ai besoin qu’on me dise qu’un d’Yquem va avec ceci : genre gras sur gras, ou qu’un La Tâche va avec cela : un grand cru sur du cuit, ou que ce j’aime ne se fait pas. Enfin, chère Tatie, en ce monde qui se dit si policé, si propre sur lui, alors qu’il ne l’est guère dans la réalité, un soupçon d’insolence ne saurait nuire à la notoriété de notre cher nectar. Rien n’est pire pour un amateur de vin que l’eau tiède. Faute avouée étant à demie pardonnée je vais de ce pas relire les "Confessions d'un Anglais mangeur d'opium" de Thomas de Quincey, en 1827, même dans l’Angleterre prévictorienne, on pouvait se permettre de publier un bijou d'humour noir: "De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts"; où des érudits devisaient d'affaires criminelles comme s'il s'agissait de chefs d'œuvres et élaboraient les critères "esthétiques" d'un "bon" assassinat.

 

Reçois, chère Tatie Danièle, une bordée de baisers acidulés.

 

Ton neveu-fougueux.com  

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13 août 2008 3 13 /08 /août /2008 00:06

 

L’état pigmentaire de nos élites ne laisse aucun doute sur la véracité de mon affirmation, sur les écrans de la télévision : politiques, patrons, peoples arborent tout au long de l’année un hâle plus ou moins prononcé. Signe de puissance, de différenciation sociale : le bronzage accompagné du port ostensible de son accessoire obligé, les lunettes de soleil – dont le format est de plus en plus voyant – est un phénomène social qui mérite qu’on s’y arrête un petit instant en une période de l’année où l’activité principale de beaucoup de nos concitoyens va consister à se dorer au soleil. Pour ma part étant un mauricaud, je prends le soleil sur mon vélo ce qui me vaut de me faire chambrer par ceux d’entre vous que je croise. Je le prends très bien eu égard à ma position si éloignée des lieux de pouvoir

 

Commençons sur ce sujet d’apparence léger et fort éloigné de notre idolâtrie pour le divin nectar – la suite de ma chronique vous prouvera le contraire – par la grosse déconnade : le film culte de Patrice Leconte « Les Bronzés ». L’extrait http://www.youtube.com/watch?v=VmibMalA3Pw est un hymne aux produits du terroir et nous offre, comme dans les « Tontons Flingueurs » une séquence avec des commentaires bien sentis sur la boisson : «  ça déboucherait un chiotte ! » « c’est goûtu » « ça du retour »

Continuons par du sérieux : « Ce qu’il y a de plus profond dans l’homme, c’est la peau » écrit Paul Valéry dans l’Idée Fixe en 1931.


Pour Pascal Ory, très sérieux historien,  dans « L’invention du bronzage » c’est l’une des grandes révolutions culturelles du XXe siècle que « celle qui a conduit le canon de beauté pigmentaire occidentale de l’ordre du marbre à celui du bronze… » La révolution du bronzage, originellement « action de recouvrir un objet imitant l’aspect du bronze » va toujours consister à se « recouvrir d’une couche et de soigner son apparence. »

Mais le pire pour nous, les mâles dominants, c’est que cette révolution « impliquera d’abord les femmes, même si la différence avec les périodes antérieures – avec toutes les périodes antérieures, ce qui est capital – tiendra dans le fait que, cette fois, un mouvement culturel mis en image et, en quelque sorte, en scène à partir du sexe féminin va, du même mouvement, impliquer les hommes. »


De grâce ne me jetez pas à vos chiens parce que j’ose écrire que l’irruption des femmes dans l’univers du vin pourrait, elle aussi, produire des effets sur des siècles et des siècles de conception exclusivement « mâle » du vin. Ce n’est ni un avertissement, ni même une hypothèse, mais une simple remarque.


Pascal Ory souligne que dans les sociétés méditerranéennes antiques, Sénèque, « mâle dominant d’une société dominé par les mâles », dans ses lettres à Lucilius, écrit à propos des thermes, lieu réservé aux hommes, « il faut qu’on se hâle en même temps qu’on se baigne » et qu’il est démontré que « la valorisation du teint pâle vaut pour les femmes des dites élites, considérées ici comme de précieux trésors, signes extérieurs de richesse, de supériorité et, à cet effet, gardées à l’abri des regards des autres mâles en même temps qu’à l’abri du soleil. » L’Ancien Régime épidermique qui semblait établi pour les siècles des siècles, résistant, jamais remis en cause jusqu’aux abords de la Première Guerre mondiale où encore « les métaphores multiplieront les imageries jouant avec les épiphanies du blanc, en empruntant à tous les ordres – minéral, végétal et animal – Aristocratique ou populaire, lys dans la vallée ou Blanche Neige, la carnation de la femme belle aura à voir avec le lys, l’ivoire, l’albâtre, le marbre ou la neige (...) A contrario, le suspect, le vicieux, le Mal seront associés aux teints « mat », « basané », « cuivré » et autres « olivâtre ».


Mais alors me direz-vous comment est-ce arrivé ce grand basculement ? Le format de ma chronique ne permet pas de vous apporter toute la lumière mais, pour les plus courageux, la lecture du livre de Pascal Ory – hors un vocabulaire parfois rébarbatif – les éclairera. Je puis seulement vous dire que les 2 réponses faciles : Coco Chanel et les congés payés sont écartées au profit d’un constat « que toute cette affaire, c’est le mot, se ramène à une question commerciale ». En clair ça pourrait se résumer en : « Et l’oréal vint » avec son produit phare Ambre Solaire crème solaire lancée en 1935 par Eugène Schueller. Certes il faudrait rendre à Jean Patou et son huile de Chaldée la paternité de celle-ci, mais la partie décisive s’est jouée à la radio avec l’irruption du plus grand publicitaire de sa génération : Marcel Bleustein-Blanchet. L’Oréal, Publicis, les rouleurs compresseurs de la société de consommation ont eu un allié de choix dans la gain de cette bataille : le produit sent les vacances…


Pour terminer, et sans conclure, dans l’univers des produits culturels, qui ne sont pas de première nécessité, le goût est toujours daté. Rien n’est jamais inscrit dans le bronze. Il faut savoir anticiper les grands virages, tenter de satisfaire un désir qui change. À titre d’exemple, en France, en un demi-siècle, l’hégémonie absolue du tabac brun, mâle, a cédé la place à une hégémonie absolue du tabac blond, féminine. Comparaison n’est pas raison mais se faire observateur attentif des tendances lourdes de nos sociétés ne nuit pas.

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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 00:00

L’île de Ré, ses bobos, ses vélos, ses intellos, ses peoples discréto, ses socialos chicos et son grand Yoyo, extrême refuge, relié par pont à péage au continent, des ceuss qui déclarent vouloir ne pas bronzer idiots.










Revenons à des propos plus sérieux, l’île de Ré en la belle région délimitée du Cognac souffre d’un double handicap : être un confetti charentais maritime séparé du continent par un petit bras d’océan et être affligée d’une vraie cave coopérative. Vous qui n’avez jamais vécu en ces contrées, maintenant sous férule Royale, vous ne pouvez saisir la pertinence de mes propos. À mon arrivée à Cognac, un courtier, en son opulente demeure, après dîner, me confiait en réchauffant son Cognac dans les paumes de ses mains : « vous savez les Borderies, la petite et la grande Champagne, les fins, les bons Bois et les Bois ordinaires c’est une invention du négoce pour s'approvisionner au plus près de Cognac et tenir les viticulteurs… » Coquand du se retourner dans sa tombe mais le propos ne manquait pas totalement de pertinence. Au temps de ma mission le chef de la famille  de la production était Michel Pelletier, homme sage et pondéré, président de la cave coopérative des vignerons de l’île de Ré. Vraiment il fallait que ça aille mal pour qu’il en fût ainsi mais ça valait mieux aux yeux des purs charentais que les Confédérés ou les excités du Modef. Bref, je suis allé jusqu’à l’île de Ré visiter Michel Pelletier.


Belle coopérative, modeste certes, mais entreprenante puisque c’est elle qui a mené la reconnaissance en AOC de la pomme de terre de l’île de Ré. Ce matin, puisque le temps est à la plage, j’y reviens par la pensée en vous proposant de découvrir le nouveau né de la cave : « Soif d’Evasion » un vin de pays charentais 100% merlot. Je ne l’ai pas goûté bien sûr mais si vous allez sur le site de la cave  
www.vigneronsiledere.com vous aurez droit à une petite vidéo de lancement fort sympathique à défaut d’être très originale. La Journée Vinicole écrit que la cave a le désir de faire oublier l’image un peu « vieillotte » que donnaient les vins de l’île il y a plus de 20 ans. J’avoue que le côté on relooke la vieille, on rafraîchit la grand-mère me chagrine un peu car, n’en déplaise aux concepteurs de ce vin « souple, fruité, croquant et désaltérant », les vins de la cave dans les années 2000 n’avaient rien de ringards et la cotriade des bobos, intellos et autres en O le considérait comme un must. Ce jeunisme et ce langage formaté m’énerve un peu mais ça n’est pas grave : quand les filles se font faire un lifting ou refaire le nez elles ont la coquetterie d’en garder le secret. Il faut que tout change pour que rien ne change. Alors je préfère leur rosé des Dunes avec sa belle rose trémière si caractéristique de l'île. 

Les gars de la coop d’Embre et Castelmaure, en Aude profonde, dans le cadre de leur campagne : « cet été on affiche la couleur » on lancé : « Interdit aux snobs » alors moi j’aurais bien vu le nouvel enfant des rhétais baptisé sous l’appellation « Conseillé aux snobs » Bien sûr je rigole, je fais de la petite provoc mais à trop vouloir rejoindre le peloton des vins conformes à l’air du temps des communicants on se fond dans la masse. Ré est un must alors à fond le must ! Allez foin des critiques, je ne suis pas un type convenable, mon vieil ami Pelletier m’écoutait toujours sortir mes incongruités sur la région délimitée de Cognac avec un petit sourire, alors je le salue au travers de la toile en souhaitant longue et belle vie à « Soif d’évasion » qui je l'espère montera jusqu'à Paris en même temps que les migrants des beaux arrondissements.

Pour les très courageux lire l'interview de Jérôme Despey président du Conseil de Direction de Viniflhor les solutions pour résoudre la crise viticole : il faut regrouper l'offre pour affronter les marchés mondiaux à lire à la rubrique : PAGES en haut à droite du Blog sous le N°23 et pour les encore plus courageux écrire un commentaire...

 

 


 

 

 


 

 


 

 

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11 août 2008 1 11 /08 /août /2008 00:08

Partir de Paris sous un ciel essoré par les fureurs d’un orage monstrueux, partir plein Sud, le TGV, l’autoroute, arriver au pied de la Clape, monter vers l’Hospitalet ce 7 août. On s’y affaire. C’est l’effervescence. On m’accueille dans la fraîcheur du caveau. L’endroit est beau, magnifie le vin, fait le lien entre la tradition et la modernité. On s’y presse. La noria des clients. Je maraude dans cette enclave de flacons nimbés d’une lumière tamisée. J’aime ce spectacle muet. Au-dehors, dans l’amphithéâtre des vignes enserrant l’Hospitalet, au cœur des bâtiments, une scène avec son incroyable capharnaüm de matériel : amplis, spots, baffles monstrueuses suspendues, un piano à queue, une batterie Yamaha, des guitares… Normal, ce soir est jour de première chez Gérard Bertrand, l’ouverture du 5ième Festival de Jazz de l’Hospitalet. Installation dans la fraîcheur de la chambre, quelques longueurs dans la piscine, puis reportage sur la répétition de la vedette du soir : Michel Jonasz. Les photos parlent mieux que j’écrirais.

 













La météo suspend ses facéties, nous n’aurons pas de pluie, le vent se charge du nettoyage. Sur la pelouse, autour des tables, le ballet du service et les grappes de convives composent une vaste toile chamarrée, douceur et paix de fin du jour, plénitude, beauté brute d’une nature sculptée par la main de Dieu et celle de l’homme.  La garden-party est bien ordonnancée : 800 convives à servir en à peine deux petites heures. À la table d’Ingrid et de Gérard Bertrand, je retrouve avec plaisir Patrick Collomb mon complice avec qui j’ai dénoué « l’affaire de la Romanée-Conti », Alain Marty l’homme d’In Vino sur BFM et je converse avec des invités belges de Gérard. Tout est impeccable et succulent. Au café Xavier de Volontat vient me saluer. En me rendant au spectacle je titille le député-maire de Narbonne, Jacques Bascou, sur ses ouailles vigneronnes. Que le spectacle commence !

 

Michel Jonasz, costume gris argenté, attaque sa visite à la chanson française, celle qui l’a nourri, par « fils de sultan, fils de fakir, tous les enfants ont un empire… » de Jacques Brel. Revisitée, retaillée à son phrasé si particulier, sa patte, comme dans ses chansons Michel Jonasz ajuste chaque mot, ne laisse aucune syllabe errer, chaque souffle est pensé : les Bancs publics de Brassens, la Javanaise de Gainsbourg, la Foule de la môme Piaf… La magie s’installe. Avec Jonasz le spectacle ne se résume pas à une simple succession de morceaux : « la musique est un partage » confie-t-il et le prouve en mettant en scène ses compagnons de scène : rayonnant, il parcourt la scène micro en main, allant du public vers ses musiciens, tels  Jean-Marc Jafet avec ses dreadlocks  atteignant le manche de sa basse qui nous délivre un solos aiguisé, servi par un son irréprochable ou Jean-Christophe Maillard à la guitare avec ses faux airs de Florent Pagny. Le public, sollicité, timidement d’abord, s’enhardit : « il reprend les paroles : couleur café, que j’aime ta couleur café… » Mais le grand moment d’émotion nous le devons à l’alchimie des mots de Léo Ferré, pure poésie, coulée dans le creuset de Jonasz : « Avec le temps…Avec le temps, va, tout s'en va. On oublie le visage et l'on oublie la voix. Le cœur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller. Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien… » Moi je l’avoue, je fonds, le cœur prend le dessus.

 

Ce spectacle est une dernière d’une longue tournée, le groupe va s’égailler, alors Jonasz nous offre un moment rock made in Golf Drouot : notre jeunesse, lui né à Drancy en 47, moi dans la Vendée profonde, en 48. Il plaisante sur le Général, rare. Qui se souvient des Lemons, premier groupe de Jonasz ?  Personne, les Chaussettes Noires passe encore, mais le chanteur Vigon n’est pas entré sans l’histoire. C’est pourtant lui qui avait demandé à Michel Jonasz de chanter en première partie. Il avait alors repris Hoochie Coochie Man de Muddy Waters. C’est vraiment d’être le cul sur sa chaise : envie folle de danser. Je n’ai jamais pu résister à l’attrait d’un bon vieux rock and roll où du bout d’une main ferme on transforme sa partenaire en une volute légère. C’est grand. Après la fausse sortie traditionnelle, Jonasz et ses musiciens nous offrent un pot pourri du répertoire de Mister Swing. Le public est au ciel, aux anges, paroles aux lèvres. Je vous offre : « je voulais te dire que je t’attends » http://www.youtube.com/watch?v=eKRPzbPN0nw pour plein de raisons tout à fait inavouables sur ce blog. Comme l’écrivais Eluard « comprenne qui voudra ».

 

Mais la soirée n’était pas finie aux alentours de minuit. Le H club ouvrait ses portes avec Guy Robert Quartet et la nuit ne faisait que commencer. Le contrebassiste, comme toujours, semblait ne faire qu’un avec son instrument et le trompettiste, à l’inépuisable souffle, faisait s’extasier Catherine Villar venue du haut plateau de Roissy. Les conversations allaient bon train. Demain serait demain. Le temps pour moi de d’écrire que Gérard Bertrand a gagné son pari : ce festival n’est pas un festival parmi d’autres, plaqué dans le calendrier, mais une vraie rencontre entre un lieu, avec ses hommes, sa terre, son histoire, et bien sûr le vin qui en est issu, et les moments rares que sait procurer la musique. Ici la musique c’est le jazz, que Duke Ellington préférait appeler « Negro music », melting pot de musiques : des works songs des esclaves afro-américains aux chants religieux : negro spirituals et gospel en passant par le blues du delta du Missipi, le ragtime, le stride et le boogie-woogie. Multiforme et coloré, le jazz est à la source, au carrefour de beaucoup des rythmes modernes qui vont éclore au 20ième siècle. Passerelle donc, tout un symbole pour nous gens du vin qui nous devons d’assumer le passage de la tradition à la modernité par le partage de nos valeurs. À l’Hospitalet, Gérard Bertrand est dans le bon rythme, il orchestre avec beaucoup de talent l’art de vivre, de bien vivre et la joie de la fête. Homme du vin, homme de son pays, homme de défi, il avance. Ça fait du bien dans ce Languedoc vigneron, si prompt à cultiver la division, de sentir élan et enthousiasme, foi en l’avenir. Un grand merci Gérard !

Ce dimanche suis allé au cinéma à St Germain des Prés pour voir la reprise de  «Let’s Get Lost», de Bruce Weber, réalisé il y a vingt ans, qui retrace l’itinéraire d’ombre et de lumière du trompettiste américain Chet Baker jusqu’à sa mort.

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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 00:09

La voiture de la maman, me dit-elle, était garée rue de Cluny. Pour faire la conversation je demandais « c’est quoi comme caisse ? »

-         Une anglaise…

-         Pas une Mini j’espère…

-         Non, non, maman trouve que l’Austin fait garçon coiffeur.

-         Assez bien vu. Elle branle quoi ta mère ?

-         Des garçons coiffeurs…

-         Très drôle…

-         Je t’assure, comme elle ne fout rien, elle passe son temps dans les salons de coiffure. Ils la briquent comme les cuivres d’un yacht. Je suis sûre que tu vas lui plaire mon beau Légionnaire…

Au milieu des caisses miteuses de monsieur et madame tout le monde on ne voyait qu’elle : une TR4, vert anglais métallisé, roues à rayon, décapotée, sièges en cuir fauve, volant et tableau de bord en loupe de noyer. Je jurais : « Putain de salope de belle bagnole ! » Chloé ôtait ses sandales et se glissait derrière le volant. Je posais mes fesses sur le siège passager avec les précautions d’un prélat du Saint Office. Le cuir crissait sous la caresse de mon jeans. « Passe-moi les clés qui sont dans la boîte à gants !

-         Tu laisses les clés de cette merveille dans la boîte à gants…

-         Oui mon beau Légionnaire. Je n’ai pas de sac donc c’est la seule solution.

-         Au fait on n’a pas payé nos bières…

-         Normal comme je n’ai pas de sac je n’ai jamais d’argent sur moi…

-         Mais qui paye ?

-         Mon père.

-         Comment ?

-         Mes créanciers lui envoient les factures…

-         Comme ça, sur ta bonne gueule…

-         Ouais. Disons, pour être franche, plutôt sur la gueule de la carte de visite de mon père.

-         Connu le monsieur je suppose…

-         Mouais. Pas de tout le monde mais ce qui les impressionne c’est son titre et son numéro de téléphone.

-         Allonge le titre !

-         Secrétaire-Général de la Présidence de la République…

-         Non !

-         Mais si mon Légionnaire… Passe-moi ces putains de clés que je démarre cette putain de bagnole qui te fait bander. Tous les mêmes les mecs…

-         Tu conduis pieds nus ?

-         Mouais, je suis comme Sandie Shaw…

-         Je ne vois pas le rapport...

-         Y’en a pas sauf les pieds nus…

 

Le moulin de la TR4, les 4 cylindres Vanguard ronronnaient comme de gros chartreux sur un sofa douillet. Je m’attendais au pire mais, heureuse surprise, Chloé conduisait en souplesse, sans à coups. Elle jouait avec l’étagement des vitesses pour donner à la voiture un élan fluide sur les pavés de Paris. Jusqu’à la Concorde, sur le quai rive gauche nous tenions un petit 80 très familial qui permettait à Chloé de m’expliquer sa technique. Elle pointait la carte de visite sous le nez des commerçants. « Téléphonez ! » Ils s’exécutaient. Au bout du fil il tombait sur l’une des standardistes de l’Elysée. « Demandez mademoiselle Stricker ! » Ils demandaient mademoiselle Stricker. On leur passait mademoiselle Stricker. « Dites-lui que c’est Chloé ». Il lui disait que c’était Chloé et ils avaient droit au petit speech comme quoi il leur suffirait d’envoyer la facture au Secrétariat général de l’Elysée et qu’ils seraient payé,s par retour du courrier, par chèque personnel de monsieur le Secrétaire-Général. Tout ce que je trouvais à dire c'est : « Merde la fille du SG du gros Pompe de Montboudif fraye avec les fondus de la GP… 

-         Presque mon beau légionnaire…

-         Ça veut dire quoi ce presque ?

-         Je ne suis pas la fille du Secrétaire-Général de Pompe…

-         T’es la fille de qui alors ?

-         De ma mère…

-         Ça c’est un scoop ma grande !

-         Ma mère, la comtesse Rainieri di Garofallo, présentement et durablement la maîtresse de monsieur le Secrétaire-Général de Pompe.

-         Very simple et le vieux crabe marche dans la combine !

-         Il n’a pas le choix mon beau légionnaire, ma mère, qui est une mante religieuse, le tien par où il faut tenir les mecs…

-         C'est lassant le sexe mène le monde. Vive les alcôves de la République !

-         Moraliste le gaucho, tu me plais de plus en plus beau légionnaire, je te sens ouvert à tous les débordements…

 

Entre les chevaux de Marly Chloé lâchait les 100 CV du petit bolide dans le faux plat qui précède la montée des Champs Elysées. « On va se faire tous les feux verts mon légionnaire ! » Comme les anglaises – les voitures bien sûr – ne brillent pas par la souplesse de leur suspension, l’exercice s’apparentait à une spéciale de Rallye sur une piste tôle ondulée du Sahara, tape cul garanti. La gueuse gagna son pari, en bouffant certes quelques feux oranges mais sans jamais se faire un rouge, en ne déviant pas un seul instant de sa trajectoire. Elle ne décélérerait qu’à la hauteur de la rue de Presbourg, sans freiner, par le seul jeu du frein moteur et d’une rétrogradation des vitesses bien maîtrisée. Du grand art ! J’applaudissais. Chloé, tel un winner de Grand Prix, s’offrait  en quasi roue libre deux boucles de la place de l’Étoile avant d’aller ranger la TR4 au bord du terre-plein de l’Arc de Triomphe côté avenue Foch et, alors que je pensais que nous venions d’effacer en quelques minutes le ruban de la revanche de la vieille garde gaulliste en juin 68, la grande Chloé, les lanières de ses sandales autour du cou, me lançait : « Viens mon beau légionnaire on va faire une petite visite … »      

 

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9 août 2008 6 09 /08 /août /2008 00:09

1- Serge July : l'ex-gros timonier de Libé

 

« Pour le gouvernement des hommes, le maoïsme est un machiavélisme au nom du prolétariat ; son modèle, celui de la Révolution culturelle, consiste, comme Mao le fit en son temps, à faire tuer les uns (la vieille garde, le « Quartier Général ») par les autres (les Gardes Rouges) dans une révolte instrumentalisée ; car le timonier secret tire les marrons du feu de ces révolutions manipulées. Tu as toujours fonctionné ainsi.

Autrefois, du temps du gauchisme, tu flottais entre l’anarchisme du « Mouvement du 22 mars » fondé par Cohn-Bendit et le stalinisme maoïste, ne sachant plus duquel tu étais l’agent double au sein de l’autre. À Libération, tu n’as jamais imposé une « ligne » ; en ce sens tu n’es pas un sectaire ni un dogmatique. Plus exactement, les problèmes de ligne, de fond, t’indiffèrent. Tu cherches surtout le pouvoir ; mais pas le pouvoir qu’on acquiert par la conviction ou l’énergie mise à exprimer des idées, le pouvoir qui demeure quand toutes les idées se sont envolées. Tu n’as pas vocation de dictateur ou de chef, mais tu sais te rendre aussi nécessaire que la souche aux grenouilles qui veulent un roi ; et c’est l’exacte histoire de ta montée en puissance au sein de Libé.

Tu es une souche, plus qu’un capitaine ; tu as compté, plus que sur ton énergie, sur la fatigue des autres. Après avoir poussé les clans les uns contre les autres, les avoir éliminés l’un par l’autre, la souche s’est révélée crocodile. À force de démissionner, il n’est resté que toi. Ta durabilité, c’est d’abord de compter sur la lassitude des passions ; tu as su faire l’œil du cyclone. Et c’est ainsi que le pouvoir t’es revenu, plus que tu ne l’as conquis »

 

Guy Hocquenghem « Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary » publié en 1986 – l’auteur est mort 2 ans après du SIDA

 

2- Mao Zedong ou Mao Tsé-toung ( Máo Zédōng) : l'ex-grand timonier de la Chine-rouge-pour-l'éternité

 

«Les maîtres de la Chine-rouge-pour l’éternité n’aimaient pas La Cause* (ou plutôt les bureaucrates qui s’occupaient de ces affaires subalternes dans un recoin de la Cité interdite) : ils y voyaient non sans raison un ramassis d’irresponsables anarchisants susceptibles de gêner leurs négoces avec la France du président Pompe. Et ce n’était pas l’ambassade d’Angelo* qui risquait de les faire changer d’avis. Ils avaient commencé par l’expédier d’autorité chez le coiffeur, ils lui trouvaient les cheveux trop longs. Angelo avait eu beau protester, il avait dû se laisser détourer les oreilles. Puis devant le maréchal Lin Piao, le dauphin de l’époque, il avait détaillé son plan qu’il avait conçu d’établir dans le périmètre Saint-Jacques-Soufflot-Sainte-Geneviève-Saint-Germain une Commune insurrectionnelle étudiante et lycéenne défendue par les armes. Cela fait beaucoup de saints avait juste observé ce maréchal à tête de valet de comédie qui allait quelques années plus tard se désintégrer dans le ciel mongol. On avait finalement introduit Angelo, au sein d’une délégation « d’amis occidentaux», devant le Soleil rouge incarné : boudiné dans la toile kaki, ses petits pieds chaussés de vernis noirs croisés entre les dragons de bois-de-fer de son trône, le despote verruqueux portait à sa bouche, de cette petite main rose et comme bouillie qui avait si fort impressionné Malraux, d’incessantes cigarettes blondes. De l’autre il se tripotait nonchalamment la braguette. Le vieux Minotaure venait sans doute d’honorer une des lycéennes qu’il se faisait livrer »

 

Olivier Rolin « Tigre en papier »

 

* Angelo pseudo d’un mao de la GP délégué à Pékin lors d’un Congrès quelconque pour représenter les peuples soutenant la ligne chinoise contre la ligne soviétique

 

3- Curnonsky : le prince de la gastronomie patauge dans la gauloiserie

 

«  Si le potage avait été aussi chaud que le vin, le vin aussi vieux que la poularde et la poularde aussi grasse que la maîtresse de maison, cela aurait été presque convenable. »

 

Selon la tradition du bistro philo vous boirez en discutant ces beaux textes de la bière Marx : introuvable même si Marx revient à la mode dans les universités américaines.

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8 août 2008 5 08 /08 /août /2008 00:07

Dessin daté de 1985 :

À Pékin ce jour on va faire dans le grandiose de la Chine impériale et immémoriale lors de la cérémonie d’ouverture. Mao était un grand admirateur de Qin Shi Huang le premier empereur, l’unificateur de la Chine en 221 avant JC. L’affront fait au XIXe par l’Occident avec ses « traités inégaux », ses enclaves : Hongkong, Macao, sa volonté d’imposer sa civilisation, va être en parti effacé par la venue du monde entier dans ce nouvel empire du capitalisme débridé sous férule d’un parti omniprésent.

La Chine est-elle dangereuse ? Loin du « péril jaune » cher à nos grand-père, nier que la déferlante des produits made in China ne constitue pas une menace pour les économies des pays développées ou même des autres pays émergeants, serait pratiquer la politique de l’autruche. S’en tenir aussi au raisonnement simpliste en vertu duquel, s’ils exportent beaucoup, les chinois sont aussi de bons clients pour nos pays, l’agro-alimentaire en particulier, relève de la méthode Coué. L’examen des évolutions chiffrées de ces quinze dernières années parlent mieux que tous les discours des docteurs « ne vous inquiétez pas, nous tenons la situation sous contrôle ». La crise dite des subprimes est là pour nous démontrer que leur accorder notre confiance équivaut à se placer sous la protection de pilotes bourrés. Venons-en aux chiffres.

 

   

Depuis 2002, les exportations chinoises croissent plus vite que le commerce mondial, preuve que la Chine gagne des parts de marché. En 2007, + 26 % contre + 8% pour le commerce mondial (en termes réels).

 

De 1994 à 2007 : la production industrielle chinoise x par 5,5, par 2,8 pour les PECO, par 2,2 pour les autres émergents d’Asie, par 1,5 aux USA, par 1,4 dans la zone euro, 1,2 au Japon. Ce montre sans contestation un déplacement des capacités de production industrielles mondiales vers la Chine et, dans une moindre mesure vers les PECO et les autres émergents asiatiques.

 

Ce n’est pas un phénomène nouveau, comme dans les années 60 le Japon, et les années 80 pour la Corée, c’est le couple exportations-investissements qui tire la croissance et non la consommation intérieure des ménages. C’est une stratégie qui risque de durée dans la mesure où le pouvoir d’achat est et restera trop faible pour que la consommation intérieure prenne le relais.

Pour l’heure ce sont les USA et le Japon qui subissent les plus fortes prises de part de marché par les produits chinois : en effet les premiers la part des produits chinois dans leurs importations est passée de 1994 à 2007 de 5 à 8 % au détriment du Japon et des autres émergents asiatiques ; de plus comme au Japon cette part est passée de 9 à 22% au détriment des USA et comme dans la zone euro cette part est passée de 2 à 6 % au détriment des USA.

 

Cette industrialisation à marche forcée fait gonfler les agglomérations urbaines : la population urbaine est passée de 350 millions en 1994 à 680 millions en 2006. Ce mouvement peut s’amplifier encore dans la mesure où la population rurale sous-employée est considérable : de l’ordre de 200 millions de personnes. Ces migrations contribuent à peser sur les coûts salariaux déjà très bas de la Chine, ce qui maintient son avantage compétitif.

 

En effet, même si l’Inde 0,3 $/heure, le Vietnam 0,47 $/heure sont dans la même zone de coût horaire moyen dans l’industrie que la Chine, le Brésil à des coûts 5 fois plus élevé, les PECO 10 fois plus, les USA et le Japon 35 fois plus et la zone euro 5à fois plus (l’Allemagne et la France avec 37,6 $ et 35 $/h se situent au-dessus de la moyenne de la zone euro). Compte-tenu des écarts de productivité et des coûts de transports les experts estiment qu’au total, le prix des produits chinois reste 5 fois plus faible que celui de produits de l’Europe de l’Ouest.

 

Oui la Chine casse des emplois industriels : en 10 ans l’emploi manufacturier a baissé de 20 % au Japon, de 15% aux USA, de 8 % dans la zone euro, mais aussi dans les autres pays d’Asie – 13% et le Mexique : - 12%.

 

Oui la Chine pèse sur les pays à salaires élevés : le coût salarial baisse au Japon et n’augmente que de 1% en moyenne en Europe et aux USA.

Bond des salaires chinois (Le Monde du 28 juillet 2008)

Les salaires dans les grandes villes chinoises ont progressé de 18 % en glissement annuel au 1er  semestre, pour atteindre près de 12 964 yuans (environ 1 212 euros) par personne. Ils ont davantage augmenté au sein des entreprises privées (+ 19,2 %) que publiques (+ 17 %), mais les revenus restent légèrement inférieurs dans le secteur privé (12 610 yuans, contre 13 800 yuans). Le Bureau national des statistiques précise que la progression après inflation est de 10,3 %.
Adidas, jugeant le niveau des salaires en Chine trop élevé, va transférer une partie de sa production vers  l'Inde,  le  Laos, le Cambodge, le Vietnam et l'Europe de l'Est. 

 

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7 août 2008 4 07 /08 /août /2008 00:08

 

Rassurez-vous le texte que je vous propose ce matin ne va pas vous prendre la tête mais vous réjouir le cœur : notre nectar a des vertus millénaires qui touchent et bonifient les petits humains que nous sommes.

  • Le Givry : Les vins de Givry sont produits autour du petit village de Givry (entre Mercurey et Montagny) et sur les trois hameaux de Poncey, Cortiambles et Russilly. Les sols bruns calcaires ou calciques issus de l'altération des calcaires du jurassique  donnent naissance à une appellation souvent comparée à Volnay. La Côte Chalonnaise est située dans la continuité de la Côte de Beaune, au Sud de Santenay. Il y a cinq appellations en Côte Chalonnaise : Aligoté de Bouzeron, Rully, Mercurey, Givry et Montagny.
  • 224 hectares de vins rouges
  • 41 hectares de vins blancs.

Pour la proportion appellation "Villages/1er Cru" :

  • 1er Cru : 110 hectares dont 100 hectares de vins rouges et 10 hectares de vins blancs
  • Villages : 155 hectares dont 120 hectares de vins rouges et 35 hectares de vins blancs.

Le chèvrefeuille : c’est une liane volubile et odoriférante qui pousse même sur mon balcon et son parfum entêtant s’exhale surtout la nuit où il attire les papillons nocturnes qui féconderont ses fleurs. Est utilisé en parfumerie car la fleur de chèvrefeuille a une senteur suave. Elle est subtilement transformée par la tige, qui apporte une note verte, fraîche et herbacée.

Jean-Pierre Le Dantec : Ingénieur de l’Ecole Centrale de Paris, maoïste, ex-dirigeant de la GP, inculpé en tant que directeur de publication de La Cause du Peuple en 1970 et condamné à un an de prison.

« Longtemps je me suis trompé de bonheur. Elevé dans les ferveurs ardentes de la Résistance, je me le représentais stable, collectif, inscrit dans la logique de l’Histoire, difficile à forger sans doute mais à portée de main ou plutôt de fusil. L’avenir, l’avenir, l’AVENIR ! Aucun présent sinistre ne pouvait cacher l’horizon. « Allons au devant de la vie. Allons au devant du bonheur », le sens de toute existence était contenu dans cette chanson. Le communisme n’était-il pas, en dépit des ordures qui l’avaient souillé, l’autre nom du bonheur annoncé par St Just ?

C’était trop beau bien sûr. Rêver de « casser en deux l’histoire du monde », de « changer l’homme dans ce qu‘il a de plus profond » est une sinistre plaisanterie. Pire, c’est une abomination. Si navrante qu’à la fameuse question d’Emmanuel Kant – que nous est-il permis d’espérer ? –, ma réponse actuelle est rien, malheureusement.

Malheureusement le mot m’est venu comme ça, sans prévenir. Comme si l’un n’allait pas sans l’autre, comme si bonheur et malheur n’étaient pas exclusifs mais liés au contraire, indiscutablement. Nonobstant l’immense respect que je porte au sage de Königsberg, il me semble en effet qu’il confond bonheur et béatitude, état stupide pour lequel, n’étant ni saint (j’en suis sûr) ni idiot (je l’espère), je n’éprouve aucune fascination. L’ « état où l’on se trouve » devient inévitablement ennuyeux et rien n’est plus prudhommesque qu’un « bonheur » sans inquiétude, un « bonheur » non tenu par la crainte – ou le désir – de sa fin possible, à tout instant.

De là ma conviction présente, opposée à celle de mes vingt ans, qu’on ne saurait parler de bonheur, puisque seuls des bonheurs existent. Epars, fragmentés, fragiles, individuels, égoïstes parfois. Qu’une telle acceptation ne soit pas sans risque, à commencer par celui d’engendrer de nouvelles confusions (celle de dissoudre, par exemple, les nuances entre bonheur, plaisir ou joie) ne m’échappe pas. Et qu’elle puisse servir d’abri au sybaritisme* le plus obscène dans un monde dégoûtant de misère, de laideur et de cruauté ne m’est pas étranger non plus. Qu’importe. J’accepte avec bonheur (plaisir, joie) de payer ce prix-là. Si bien que, au bout du compte, je ne puis mieux répondre à la question posée par un inventaire de mes bonheurs récents.

18-04-93 : J’ai été heureux de découvrir, dans la Côte chalonnaise, un Givry rouge exceptionnel. N’étant qu’un amateur modeste, je ne vous parlerai ni de son nez, ni de sa cuisse, ni de sa robe – mais ils sont superbes, je vous le jure.

11-05-93 : J’ai été heureux de me retrouver, chez Dédé et Anna, mes complices du Comité Vel d’Hiv. Quand nous nous sommes réunis pour la première fois, un an plus tôt, afin d’exiger de la République qu’elle reconnaisse et condamne publiquement les crimes antisémites commis au nom de la France (et non de la République, bien sûr) par l’Etat français de Vichy, nous avions peu d’espoir de réussir. Mais l’élan, a été si fort que quelque chose, cette fois, a craqué. Une victoire pareille valait bien de renouer quelques mois, avec le militantisme.

6-06-93 : J’ai été heureux de passer une longue soirée dans le jardin à boire avec mes amis Henri, Olivier et Jean-Christophe. La nuit embaumait le chèvrefeuille et, tout en nous enivrant du Givry sus-mentionné, voluptueusement puis véhémentement, nous avons vitupéré l’époque, ça soulage agréablement. »

Les autres petits bonheurs évoqués par Le Dantec, trois, sont plus persos et, je m’en excuse auprès de lui, n’apportent rien de plus à sa démonstration… Pour me faire pardonner je suis prêt à lui offrir un verre de l’Excellent Givry rouge Premier Cru Clos Les Grandes Vignes 2005 Gérard et Laurent PARIZE (GIVRY) 18, rue des Faussillons 71640 Givry Téléphone :03 85 44 38 60 et 06 72 93 36 31 e-mail : laurent.parize@wanadoo.fr

Extrait de « Penser au bonheur » in Libération du 1ier septembre 1993

* sybarite : personne qui recherche les plaisirs de la vie dans une atmosphère de luxe et de raffinement.

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6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 00:00

Ce garçon, Pierre-Louis Colin, pourrait être mon fils : 34 ans, « normalien défroqué » selon la quatrième de couverture – y’a des jours où je me demande dans ma candeur à quoi sert Normale Sup : à formater des Ministres, des écrivains ou des énarques plutôt qu’à former l’élite de nos professeurs de lycées – et, comme il vient de pondre le Guide des jolies femmes de Paris, vous vous doutez aisément que, ne pouvant revendiquer une paternité biologique, je me contenterai d’en faire mon fils spirituel. L’écriture est aérienne, légère, jamais vulgaire même lorsque cet adepte de la contemplation des jolies femmes aborde, je devrais écrire effleure, des sujets que le « politiquement correct » juge scabreux. Ce petit opus se goûte, se savoure à la terrasse d’un café et, je puis vous assurer, je l’ai vérifié, dès que les belles du voisinage, l’air de rien, zieutent sur le titre, vous avez droit à des sourires ravis, et même parfois, forme de « sésame ouvre-toi », à l’accroche d’une conversation.

 

 

 

 

Si je m’estime, à l’image du jeune Colin – et non le petit Colin qui est l’appellation d’origine contrôlée du baigneur, rose et poupin, de nos sœurs –  fin connaisseur de la gente féminine, je vous connais bien aussi, alors, afin de tuer dans l’œuf les accusations de parisianisme éhonté, je me permets de vous faire remarquer que l’étude précise de la géographie et de la sociologie des belles de Paris, nouvelles consommatrices de vin en diable, fait parti de vos devoirs de vacances. Pour les séduire, les attirer dans vos rets du terroir profond, je l’affirme, toute honte bue, il vous faut mettre au rebut la prose obscure et prétentieuse de vos experts es-œnologie, réinventer la volupté de la poésie du vin, trouver les mots qui les feront rire. Entre la jeunesse branchée, la trentaine épanouie, la jeunesse studieuse ou dorée, la bourgeoisie active ou oisive, la jeunesse salariée, la maturité cochonne, la jeunesse marginale et la vieillesse souriante et la maternité innocente et j’en passe, l’étude de cette taxinomie des belles parisiennes, utile et pertinente, devrait motiver vos commerciaux fourbus de leur triste tête à tête avec les tristes acheteurs de la grande distribution.

 

En amuse-bouche, pour vous faire saliver, je vais vous livrer des extraits des toutes premières pages de ce guide, qui n’en est pas un d’ailleurs, que l'auteur à juste raison qualifie de « carte routière raisonnée »

 

 

        « Les plus grandes merveilles de Paris ne sont pas au Louvre.

 

Les plus grandes merveilles de Paris sont rue Montorgueil. Là, dans une ambiance étourdissante de feu d’artifice et de jardin d’Éden, les jeunes femmes les plus belles arborent les tenues les plus indécentes et font admirer au rythme de leurs pas pressés des jambes nues et des poitrines hautes. Là, les fesses rebondissent en souriant, les teints hâlés distillent des promesses de luxure et des voilages légers laissent deviner jusqu’à l’extase des petits tétons sautillants.

 

           La règle du jeu est simple, rue Montorgueil : le mouvement compense l’impudeur. Le rythme urbain donne en effet à cet étonnant spectacle une furtivité permanente et lui impose une tension inouïe. À peine entr’aperçues, les filles disparaissent à jamais, laissant au spectateur haletant le sentiment d’un holocauste perpétuel. Dans chaque silhouette qui s’éloigne résonne ainsi tout le tragique de l’humaine condition : la finitude de l’expérience et l’irrémédiable cruauté du temps.

 

            Si les beautés du Louvre, celles du moins qui ornent les murs, ont parfois des grâces supérieures à celles de la rue Montorgueil, elles pâtissent avant tout de leur permanence. Rien n’est plus éloigné de la violence de la beauté que la molle certitude d’être là à jamais, velléité bourgeoise des musées qui tentent de capitaliser jusqu’aux émotions les plus pures.

 

           L’esthète incandescent n’a pas le temps d’aller au Louvre, qui n’aura pas bougé dans dix ans, quand chaque minute passée loin des terrasses de la rue Montorgueil est une insulte au génie de la race humaine.

 

           Car il faut bien l’avouer, nulle part et en nul autre temps les femmes n’ont été aussi belle qu’ici et maintenant. »

 

Propos attribué par l’auteur à un Parisien raffiné.

 

Cependant, pour que certains d’entre vous ne fantasmiez pas trop, ce guide n’est en rien un guide de la drague. L’auteur est très clair à ce sujet : il s’agit de pure contemplation et celle-ci « n’est pas la rencontre » et « n’est pas la séduction » prévient-il.

 

« Là est sans doute la profonde originalité du contemplateur en ces temps consuméristes : sa quête n’est pas de possession. Elle se nourrit de l’instant, elle sait la vanité des choses et c’est dans la certitude du destin contraire qu’elle trouve sa plus sûre motivation. Le contemplateur verse de l’eau sur le sable sans espoir d’y créer une flaque, juste pour la voir scintiller avant de disparaître. Il est semblable à ces rares amateurs qui parcourent les musées sans se sentir obligés d’en ressortir les bras chargés de guides ou de cartes postales. Il sait que l’on ne thésaurise pas ses émotions, pas plus que l’on ne possède la beauté qui passait. »

 

Dernière grande interrogation – plus subtile que celle d’Ardisson à Michel Rocard – « contempler, est-ce tromper ? »

 

La réponse interrogative de Pierre-Louis Colin me va bien «  Y-a-t-il plus belle preuve d’amour qu’un amateur conscient de toutes les beautés de la rue et décidé, à la lumière de cette enivrante multitude, à en adorer une seule ? »

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5 août 2008 2 05 /08 /août /2008 00:09

 

Chez moi, à la Mothe-Achard, l'entrepreneur de maçonnerie, se nommait Cocu et, sa femme Ginette, la coiffeuse de maman, qui venait chercher son lait à la maison à des heures indues ne s'offusquait pas que je la salue d'un : " bonjour madame Cocu..." Les Cocu changèrent de nom, pour des raisons que j'ai oubliées, mais pas parce que le port de leur nom les indisposait, pour s'appeler bêtement Dubreuil. Vous comprendrez donc que ma relation avec l'appellation cocu est empreinte d'une nostalgie particulière. En revanche, Alors, quand au temps de mes culottes courtes Brassens chantait le Cocu, je ne pouvais m'empêcher de penser en voyant le jeune brigadier de gendarmerie pédaler comme un fou pour aller rejoindre la jeune épouse du gros Arnaud, que le cocuage touchait toutes les corporations et ne s'appliquait pas qu'au sexe dit fort. Nous sommes tous des cocus en puissance et réciproquement : en clair trompeur-trompé comme le bien et le mal, le bonheur et le malheur, sont les deux faces d'un même état.
Vous comprendrai donc aisément que la réthorique du sieur Amalric me laisse de marbre, si je puis m'exprimer ainsi, et si j'ai décidé de la publier c'est qu'elle me semble représentative d'une forme bien française d'impuissance. C'est toujours la faute de l'autre car dans le cocuage c'est l'autre qui est pointé du doigt alors que bien souvent le dit cocu pourrait d'abord s'en prendre d'abord à lui-même. Pas vrai Pomponnette...

Comme elle n'aime pas beaucoup la solitude
Cependant que je pêche et que je m'ennoblis
Ma femme sacrifie à sa vieille habitude
De faire, à tout venant, les honneurs de mon lit

Eh ! oui, je suis cocu, j'ai du cerf sur la tête
On fait force de trous dans ma lune de miel
Ma bien-aimée ne m'invite plus à la fête
Quand ell' va faire un tour jusqu'au septième ciel

Au péril de mon cœur, la malheureuse écorne
Le pacte conjugal et me le déprécie
Que je ne sache plus où donner de la corne
Semble bien être le cadet de ses soucis (...)
 
Bien content qu'en partant ces mufles ne s'égarent
Pas à mettre le comble à leur ignominie
En sifflotant " Il est cocu, le chef de gare... "
Parc' que, le chef de gar', c'est mon meilleur ami



"La nouvelle OCM
s’installe peu à peu sans bruit. La profession navigue en admirant la partie émergée du système (la gouvernance régionalisée, la restructuration, les aides, la recherche et la communication). Par contre, la partie immergée, qui va couler la plus grande partie de la viticulture française, n’est pas évoquée.
La profession a-t-elle pris la mesure des effets pervers de la forte libéralisation de la production, de la diminution des contraintes, ou de la clarification de la segmentation de l’offre ?

Pour les vins de pays, l’option, d’accepter la cohabitation d’une viticulture à deux vitesses, tuera à terme l’ensemble de la production, en rabaissant dans un premier temps les IGP au niveau des prix des sans IG. Juste le temps, que les sans IG soient contrés et mis à mal à leur tour, par la concurrence de nouveaux vins produits en Chine, au Brésil ou en Inde. C’est une évolution inéluctable. A vouloir satisfaire les demandes d’un certain négoce qui ne travaille que sur le prix, en croyant que la libération des cépages, des rendements, et la suppression des contraintes de production vont résoudre les problèmes, la France va brader une partie de son vignoble compétitif des vins de cépages, au profit de vins de table sans positionnement marketing et sans aucune espérance de rentabilité. On reste dans une approche d’avant guerre, privilégiant le profit immédiat, menée par un négoce dépassé, incapable de s’aligner sur la concurrence mondiale. On se trompe une nouvelle fois de combat. La solution n’est pas dans le prix payé à la production, ni dans l’approvisionnement, mais dans la spécificité française d’une politique de terroirs.
Après les cocus producteurs de vins de pays, un autre pan de la viticulture française constitué des « petites AOC »va subir un sort similaire. Le Languedoc en premier, une grande partie du Sud Ouest, mais aussi la Provence et les Bordeaux génériques, pour ne citer que les principaux, vont se retrouver avec les vins à IGP simple. Ne nous leurrons pas; ce n’est pas le contenu des cahiers des charges en cours d’élaboration qui pourront les sauver. Autrement dit, avec une image amoindrie, ils devront faire face à la nouvelle concurrence des vins de pays, dont ils auront à supporter le positionnement et le prix sans avoir les armes pour y faire face.
Triste avenir en perspective, pour la mise en place d’une politique malthusienne, qui va brader une part importante de notre viticulture. A rapprocher du fiasco, il y a quelques années, de notre industrie textile. Pour reprendre cet exemple, nous allons saborder la confection, pour garder le privilège de la grande couture...
Indispensable, la nouvelle OCM, malheureusement sur les bases où la France l’envisage, risque d’offrir à beaucoup, un billet de sortie avec des primes d’arrachage. Les jeunes, notamment dans le Sud, auront peut être pour perspective l’entretien du territoire. Car, tous ces hectares de vignes n’auront plus pour remplaçants que garrigues et forêts. Un patrimoine, dont l’entretien et la mise à l’abri des incendies va nécessiter des sommes très supérieures à celle actuellement déployées pour la viticulture. Une nouvelle paupérisation en vue, avec en guise de consolation, pour les générations futures, un espace naturel au bilan carbone satisfaisant.
Quand on est cocu, il faut savoir se consoler de ce qui reste..."
R. Amalric

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